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10.mai.201910.5.2019 // Les Crises

Albert Jacquard : « On est en train de sélectionner les gens les plus dangereux »

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Une percutante intervention d’Albert Jacquard.

Source : Youtube, Albert Jacquard, 13-09-2013

Albert Jacquard 1994

Émission complète: https://www.youtube.com/watch?v=u7gY8…

Source : Youtube, Albert Jacquard, 13-09-2013

Rtbf : demain dépend de nous

AJ : eh oui, c’est une évidence, demain dépend de nous et nous le savons. Et par conséquent, nous n’avons pas le droit de laisser tomber. Il nous faut faire un projet pour demain. Il ne s’agit pas de prévoir ce qui sera, mais il s’agit de faire en fait le prophète. Le prophète ne disait pas « voilà ce qui va arriver » il disait « faites attention, si vous continuez dans telle direction, ça va mal tourner ». Or actuellement on a besoin d’un prophète, ou de plusieurs prophètes, qui nous disent ça. On est en train de courir le plus vite possible dans la pire des directions. La direction de la compétition, la direction de la destruction des uns par les autres et c’est une folie totale. Pourquoi est-ce que personne ne nous le dit ? Moi, ce qui me semble par exemple monstrueux, c’est de penser que l’on a pris comme moteur de notre société occidentale la compétition, faut être meilleur que l’autre, faut passer devant l’autre. Mais songeons à ce qu’on évoquait tout à l’heure, pour devenir moi j’ai besoin du regard de l’autre, j’ai besoin de tisser des liens avec lui. Dès que je suis en compétition avec lui, je ne tisse plus de liens, et par conséquent je suis en train de me suicider. C’est ça qu’on devrait nous dire : toute compétition est un suicide

Rtbf : c’est vrai mais est-ce qu’il y aurait eu un Albert Jacquard sans compétition ? (1:13)

AJ : ah oui, il y aurait pas eu de polytechnicien, mais j’y perdrais pas grand-chose. Bien sûr, pour entrer à Polytechnique, vous savez, on est 1500 candidats, il y a 300 places, bon, il faut donc être dans les meilleurs comme on dit. Mais qu’est-.ce que ça signifie meilleur ? Ça signifie être capable de consacrer toute son intelligence à étudier des choses qui vous intéressent pas mais qui sont au programme, et par conséquent, c’est faire vraiment acte de soumission, c’est faire preuve de conformisme. Et actuellement, le système des Grandes Ecoles, le système de la compétition ne fait que sélectionner les plus conformes. Or on a besoin d’un monde… on entre dans un monde qui va se renouveler et plus on est conformiste plus on est dangereux. Par conséquent, on est en train de sélectionner les gens les plus dangereux, ceux qui seront pas capables d’imagination. Non, ce qu’il y a de meilleur en Albert Jacquard, s’il y a quelque chose de bon, ce n’est pas venu de là, ça m’est venu des regards que j’ai acceptés, non pas des compétitions que j’aurais gagnées. Sûrement pas. Or là on est en train de se fourvoyer complètement. Je voyais ça quand j’étais prof en 1ère année de médecine, vous savez, en 1ère année de médecine, j’avais devant moi 400 élèves et on savait qu’il y en avait que 100 ou 120 qui auraient le droit de passer en 2ème année. Alors c’était la lutte à couteaux tirés, ils donnaient des faux renseignements, c’était abominable entre eux, on était en train d’en faire des tueurs. Et bien préparer des futurs médecins en leur donnant une mentalité de tueurs. Il y a quelque chose de pourri là-dedans. Non, c’est pas sérieux. Je crois qu’il nous faut extirper la notion de compétition de toute la société, et en particulier du système éducatif. Voilà, le pire de tout c’est d’avoir fait des écoles des lieux où on est en compétition les uns contre les autres.

Rtfb : c’est la fameuse phrase de Bachelard, en fait… (2:56)

AJ : la fameuse phrase de Bachelard que j’ai répétée à plusieurs reprises : « Il faut mettre la société au service de l’école et pas l’école au service de la société ». Et justement, c’est en mettant l’école au service de la société qu’on organise la sélection entre les enfants, et donc la compétition. C’est pas sérieux, il nous faut dire « on est au service d’intelligences qui sont en train de se construire » et par conséquent il faut les aider autant qu’on peut. Mais surtout pas en leur disant « tu vas être plus intelligent qu’un autre », c’est complètement absurde, ou « tu vas être… », non, « tu vas te construire grâce aux autres ».

[Merci aux lecteurs pour la transcription]

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Commentaire recommandé

RGT // 10.05.2019 à 10h24

L’université ne forme pas, elle formate les élèves à penser « correctement » en fonction des critères de l’élite dirigeante.

Nuance.

Si vous êtes un « esprit libre » vous vous ferez laminer et ne parviendrez jamais à obtenir les diplômes les plus prestigieux.

Et si par malheur (pour les « élites ») vous parveniez quand-même à les obtenir, la seconde lame du rasoir viendra durant votre vie professionnelle vous écarter de toute possibilité d’exprimer votre différence en vous enfermant dans un placard qui vous empêchera de « contaminer » votre entourage.

La compétition n’est pas basée sur les qualités réelles des compétiteurs, elle est basée sur leur servilité aux « élites » et à leurs capacités à porter des coups bas aux autres compétiteurs pour se hisser au dessus de la mêlée.

Ne vous étonnez donc pas si ces règles favorisent les types les plus égoïstes, les plus menteurs et les plus cupides, pour résumer les plus prédateurs, à tous les postes importants de toutes les structures sociales.

Nous ne vivons pas en « méritocratie », nous vivons en prédatocratie.

74 réactions et commentaires

  • Guadet // 10.05.2019 à 08h13

    En principe, ce que dit Albert Jacquard est une condamnation du système actuel. En pratique, les politiciens ont appris à tout récupérer. Ils ne sont pas gênés d’être dans la contradiction. La pensée dominante apprend aux gens qu’il n’y a plus jamais Une vérité et qu’il n’y a plus de logique. Ce qui veut dire que c’est toujours le plus fort, celui qui a le pouvoir, qui a raison contre les autres.

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  • la vieille gauloise // 10.05.2019 à 08h19

    L’ oligarchie est prête à tout pour GARDER LE POUVOIR !
    Ces  » tueurs » ne vont pas ils s’ entre tuer ? Quand la folie arrive à son paroxysme elle aboutit sur l’ Autre versant de la montagne ….
    Quelque chose d’ Autre va advenir ….le vide appelle le plein …
    Restons confiants , le pire n’ est pas certain

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    • Kokoba // 10.05.2019 à 11h24

      « Ces tueurs ne vont-ils pas s’entre-tuer ? »

      Ho oui, bien sur.
      Rappelez-vous l’ancienne aristocratie.
      Les grandes maisons européennes passaient leur temps à se faire la guerre et à se battre.
      Mais cela ne va évidemment pas nous aider tout comme les anciennes bisbilles des nobles d’autrefois n’ont jamais aidé le petit peuple.

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      • traroth // 10.05.2019 à 18h12

        Oui, quand la révolution française est arrivée, les guerres entre monarques européens se sont immédiatement arrêtées, d’ailleurs.

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  • calal // 10.05.2019 à 08h30

    1994…
    « je suis la voix qui crie dans le desert »….jean 1:23
    rien de nouveau sous le soleil…

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  • Toutatis // 10.05.2019 à 08h33

    Contre la compétition tout en ayant atteint le sommet dans sa profession. D’accord….

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    • Manuuk // 10.05.2019 à 09h14

      On est tous rempli de contradiction.

      Je pense qu’il voulait dire une compétition qui exclut, une competition qui ne prend pas en compte les inégalités…

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      • Toutatis // 10.05.2019 à 09h35

        Moi aussi je suis persuadé d’avoir atteint le niveau où je suis grâce à mes qualités et ma compétence, alors que les autres (surtout ceux qui ont atteint un niveau supérieur) sont de vulgaires arrivistes.

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        • Loxosceles // 10.05.2019 à 10h46

          Pouvez-vous saisir qu’il existe d’authentiques idéalistes qui refusent le cynisme ? Pouvez-vous voir qu’il existe réellement des gens qui se mettent au service d’autrui ? Un peu facile de plaquer ses raisonnements et ses représentations sur le reste du monde… Albert Jacquard a démontré par son existence qu’il incarnait réellement les valeurs qu’il défendait, bien sûr nul n’est parfait et il y a toujours matière à critique, mais précisément, la critique de la compétition à tout prix mérite d’être faite, à commencer par prendre en compte ce qu’il dit au lieu de tout écarter d’un revers de la main sous prétexte de vouloir demeurer désabusé sur les choses… ce qui est très clairement une orientation de pensée non neutre et plutôt délétère qui confine au fatalisme et bien sûr au cynisme.

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          • Sophia // 10.05.2019 à 11h24

            Et puis Albert Jacquard n’avait pas encore fait tout ce cheminement philosophique lorsqu’il a entamé ses études à Polytechnique. Regardez sa bio, il s’est « engagé » assez tard…
            On vit et on apprend…

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            • Toutatis // 10.05.2019 à 11h27

              S’engager quand on a accumulé tous les bénéfices du système, bon…
              A la limite je respecte plus l’engagement d’un Julian Branco.

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          • Toutatis // 10.05.2019 à 11h25

            Moi je me pose toujours la question quand j’entends quelqu’un : « d’où il parle ? ». ça ne veut pas dire que j’en tire forcément des conclusions définitives, mais ça compte.

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          • PapyDan // 10.05.2019 à 11h31

            Albert Jacquard ne dit nullement qu’il a atteint le niveau qui est le sien grâce à ses qualités intrinsèques, il dit très exactement le contraire, en reliant ce qu’il est aux regards qu’il a acceptés.

            Je dirais pour ma part que les qualités que j’ai peut-être, dans le domaine intellectuel, me viennent des maîtres que j’ai acceptés, voire recherchés, vivants ou livresques.

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    • Inox // 11.05.2019 à 08h30

      Contre la compétition, tout en ayant été contraint de l’utiliser dans cette société afin d’être entendu dans sa profession.
      Grosse nuance.

      Que ça fait du bien d’entendre ce genre de propos… Ça donne espoir.

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  • Le Belge // 10.05.2019 à 08h34

    Cet extrait est issu de l’émission « Noms de dieux » de la RTBF (télévision belge francophone) et était animée par Edmond Blatchen. Certainement l’une des plus intelligentes émissions qui soient. Ce que dit Albert Jacquard est plus que pertinent, c’est la vérité sur le système universitaire, qu’il soit français ou d’ailleurs. Oui le monde universitaire (d’où sont issus, pour leur écrasante majorité nos « représentants ») insiste sur la soumission à une pensée unique, inculque des comportements au-delà de toute décence (cela commence par les bizutages, souvent violents, des petits nouveaux) et, sournoisement, laisse penser les étudiants qu’ils font partie d’une supposée élite (alors que ce n’est pas vrai). Le monde universitaire apprend le mépris de classe à ses étudiants. Il ne rend pas les étudiants plus intelligents qu’ils ne l’étaient déjà, ni ne les rend plus humains. Au contraire.

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    • Graindesel // 10.05.2019 à 08h47

      L’université sert à reproduire le modèle social et économique et de domination.

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    • Sophia // 10.05.2019 à 11h29

      A cela près que l’université fait généralement passer des examens. Si vous avez le niveau, c’est OK, quel que soit le niveau des autres dans votre promo. Pas de compétition nécessaire. C’est très différent dans les grandes écoles, ou les filières à numerus clausus, où là, on passe des concours, et on est donc évalué relativement aux autres.
      De toutes façons, comme beaucoup d’autres problèmes, c’est lié à la démocratisation des études. A priori un bonne chose, sauf que, du coup, la fac devient une usine, les profs n’ont plus le temps nécessaire pour juger le mérite de chaque étudiant dans son originalité propre, alors on leur demande de se formater… Et il faut aussi le reconnaître: La grande majorité des étudiants sont simplement des « consommateurs de formation ».
      J’ajoute que, avec l’accumulation des connaissances, il est de plus en plus ardu d’atteindre un niveau d’excellence dans un sujet donné; c’est pour cela qu’on se concentre sur des sujets de plus en plus pointus… d’où une perte de la vision d’ensemble, hélas. Les exceptions sont des gens absolument brillants, qui peuvent se payer le luxe de devenir érudits dans plusieurs domaines complémentaires. ET qui ont le petit plus qui fait d’eux des sages… mais ils sont évidemment rares.

        +13

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      • Toutatis // 10.05.2019 à 11h56

        Non, l’université (celle qui vient en France, et est installée depuis longtemps en Amérique) sélectiopnne en fonction du chèque que vous apportez.

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        • Sophia // 10.05.2019 à 13h21

          Justement, ce n’est pas encore le cas en France. A nous de faire que ça n’arrive pas. Et si ça arrive un jour, il faudra qu’on soit, comme les USA, capables d’attirer en masse des profs, doctorants et post-docs formés ailleurs, parce que ce n’est pas l’infime proportion de fils-à-papa doués et intéressés par la vie universitaire qui suffira à faire tourner nos facs.

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    • Veloute // 12.05.2019 à 01h33

      … on va recadrer un peu les fantasmes et contrevérités.

      « Oui le monde universitaire (d’où sont issus, pour leur écrasante majorité nos “représentants”)  »

      Non, la majorité écrasante de nos « représentants » est issue des « Grandes Ecoles », pas des universités, qu’ils méprisent car… pas assez élitistes (l’université, c’est écrit dedans , est ouverte à tous). On poursuit.

      « insiste sur la soumission à une pensée unique, »

      Non. S’il est encore un lieu de pluralisme dans les études supérieures, c’est bien à l’université. La pensée unique, c’est dans les grandes écoles.
      .
      inculque des comportements au-delà de toute décence (cela commence par les bizutages, souvent violents, des petits nouveaux)

      Pour info, le bizutage n’a jamais été, en France, une pratique universitaire. Cette pratique est, par ailleurs inscrite au code pénal depuis plusieurs années.

      « et, sournoisement, laisse penser les étudiants qu’ils font partie d’une supposée élite (alors que ce n’est pas vrai). »

      Une fois encore, c’est contraire à l’essence même de l’université mais conforme à l’esprit desdites grandes écoles (fondée pour former l’élite supposée de la nation.

      Les mots ont un sens et nous permettent de penser correctement le monde et les gens. Autant partir dans le débat avec les bons.

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  • Bèbert le Fou // 10.05.2019 à 08h56

    Sans doute à quelques erreurs près :

    Q : demain dépend de nous
    R : Eh oui, c’est une évidence demain dépend de nous. Npus le savons et par conséquent, nous n’avons pas le droit de laisser tomber. Il nous faut faire un projet pour demain. Il ne s’agit pas de prévoir ce qui sera. Il s’agit de faire en fait le prophète. Le prohète, il ne disait pas : « voilà ce qui va arriver ». Il disait : « si vous continuez dans telles direction, ça va mal touner ». Or, actuellement on a besoin d’un prophète ou de plusieurs prophètes qui nous disent ça. On est en train de courir le plus vite possible dans la pire des directions, la direction de la compétition, la direction de la destruction des uns par les autres. C’est une folie totale ! Pourquoi est-ce que personne ne nous dit. Moi, ce qui me semble , par exemple monstrueux, c’est de penser que l’on a pris comme moteur de notre société occidentale la compétition. Il faut être meilleur que l’autre, il faut passer devant l’autre. Mais songeons à ce que l’on évoquait tout à l’heure : pour devenir moi, j’ai besoin du regard de l’autre, j’ai besoin de tisser des liens avec lui, dés que je suis en compétition avec lui, je ne tisse plus de lien. Par conséquent je suis en train de me suicider. C’est ça qu’on devrait nous dire, toute compétition est un suicide.

    Suite à venir. Un message du site m’indique que le texte est trop long pour le mettre en commentaire.

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  • Bèbert le Fou // 10.05.2019 à 08h57

    Q : C’est vrai, mais est-ce qu’il y aurait eu un Albert Jacquard sans compétition .
    R : Oh oui. Il n’uy aurait pas eu de polytechnicien mais je n’y perdrais pas grand-chose. Bien sur, pour rentrer à polytechnique, vous savez, on est1500 candidats, il y a 300 places. Il faut être donc dans les meilleurs comme on dit. Mais qu’est ce que ça signifie « meilleur » ? Ça signidie « être capable de consacrer toute son intelligence à étudier des choses qui ne vous intéressent pas mais qui sont au programme et par conséquent, c’est faire vraiment acte de soumission, c’est faire preuve de conformisme. Et actuellement le système des grandes écoles, le système de compétition, ne fait que sélectionner les plus conformes ; Or on entre dans un monde qui va se renouveler et plus on est conformist,e plus on est dangereux. Par conséquent, on est en train de sélectionner les gens les plus dangereux, ceux qui ne seront pas capables d’imagination. Non, ce qu’il y a de meilleur enAlbert Jacquard, s’il y a quelque chose de bon, ça ne m’est pas venu d’être là, c’est venu des regards que j’ai acceptés, non pas des compétitions que j’aurais gagnées. Là on est en train de se fourvoyer complètement.

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  • Bèbert le Fou // 10.05.2019 à 08h58

    e voyais ça quand j’étais prof en première année de mèdecine. J’avais devant moi 400 élèves dont on savait qu’il y en aurait que 100 ou 120 qui auraient le droit de passer en deuxième année. Alors, c’était la lutte à couteaux tirés, ils donnaient de faux renseignements, c’était abominable entre eux. On était en train d’en faire des tueurs. Préparer de futurs mèdecins en leur donnant une mentalité de tueur, il y a quelque chose de pourri la dedans. Non, ce n’est pas sérieux. Je crois qu’il nous faut extirper la notion de compétition de toute la société et en particulier du sysème éducatif. Le pire de tout, c’est d’avoir fait de l’école des lieux où l’on est en compétition les uns contre les autres.

    Q : C’est la fameuse phrase de Bachelard en fait
    R : La fameuse phrase de Bachelard, je l’ai répétée à plusieurs reprises, c’est : «  il faut mettre la société au service de l’école et pas l’école au service de la société ». Et justement, c’est en mettant l’école au service de la société qu’on organise la sélection entre les enfants et donc la compétiton. Ce n’est pas sérieux. Il nous faut dire :  « on est au service d’intelligences qui sont en train de se construire et par conséquent, il faut les aider autant qu’on peut mais surtout pas en leur disant « tu va être plus intelligent qu’un autre  – C’est complètement absurde – Non, tu vas te construire grâce aux autres ».

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  • Marie // 10.05.2019 à 09h01

    On serait tenté, connaissant A. Jacquard, de lui donner raison.A ceci près que un quart de siècle s’est écoulé depuis cette émission, modifiant les valeurs, le contexte, les façons de voir, de juger, les institutions…Bref la langue française s’est elle aussi modifiée, donc le premier moyen d’expression. L’Université forme ( en partie) des intellectuels, pas nécessairement des intelligents.Hier et aujourd’hui.

      +4

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    • RGT // 10.05.2019 à 10h24

      L’université ne forme pas, elle formate les élèves à penser « correctement » en fonction des critères de l’élite dirigeante.

      Nuance.

      Si vous êtes un « esprit libre » vous vous ferez laminer et ne parviendrez jamais à obtenir les diplômes les plus prestigieux.

      Et si par malheur (pour les « élites ») vous parveniez quand-même à les obtenir, la seconde lame du rasoir viendra durant votre vie professionnelle vous écarter de toute possibilité d’exprimer votre différence en vous enfermant dans un placard qui vous empêchera de « contaminer » votre entourage.

      La compétition n’est pas basée sur les qualités réelles des compétiteurs, elle est basée sur leur servilité aux « élites » et à leurs capacités à porter des coups bas aux autres compétiteurs pour se hisser au dessus de la mêlée.

      Ne vous étonnez donc pas si ces règles favorisent les types les plus égoïstes, les plus menteurs et les plus cupides, pour résumer les plus prédateurs, à tous les postes importants de toutes les structures sociales.

      Nous ne vivons pas en « méritocratie », nous vivons en prédatocratie.

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      • Theoltd // 10.05.2019 à 11h37

        Cela s’appelle la ponérologie. Faites des recherches, vous verrez, c’est édifiant, et tout a fait dans le sens de vos propos. En gros, la caste se reconnait entre elle, et laisse les personnes honnêtes sans défense.

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        • Alfred // 10.05.2019 à 13h11

          J’ai commencé « La ponérologie politique ; étude de la genèse du mal appliqué à des fins politiques » de Lobaczewski; ça m’est un peu tombé des mains. Vous l’avez lu? Qu’en avez vous retiré?

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          • Theoltd // 10.05.2019 à 14h05

            Bonjour! Non je ne l’ai pas lu, mais j’en ai lu les lignes principales, notamment sur un article intéressant du grand soir. En tous cas, j’ai trouvé dans cette « theorie » une confirmation de mes observations. Les hommes politiques ne sont pas plus intelligents que le reste de la population, (meme si certains sont intelligents et d’autres étonnement stupides) en revanche ils possèdent une faculté de défendre leurs propres intérêts contre les intérêts communs absolument stupéfiante. J’en ai côtoyé quelques uns, et tous m’ont conforte dans cette analyse. Ils ne sont pas forcement méchants ou demoniaques, mais leur interet passe avant celui des autres. De la meme façon, ils respectent profondément celui qui sait également faire passer ses intérêts en premier, quel que soit le moyen employé. Tous les coups sont permis. C’est en quelque sorte leur signe de ralliement. Je pense donc que quelqu’un d’altruiste même suprêmement intelligent n’aurait qu’une durée de vie limitée dans leur groupe. Il y a donc bien une sélection du pire dans notre système électoral et ce sont bien logiquement les plus hargneux qui arrivent au sommet! Et il est donc sans doute inéluctable que nous soyons gouvernes comme nous le sommes dans notre démocratie. Seul le RIC systématique nous permettrait de nous protéger de ces prédateurs. C’est a dire réellement opposer la masse, généralement moutonnière et bienveillante aux carnivores.

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            Alerter
            • Alfred // 10.05.2019 à 22h32

              Merci pour votre réponse; Effectivement on a parfois l’impression d’une reconnaissance des salauds entre eux qui leur permet de se coopter (alors qu’on aurait pu penser qu’ils se craindraient et se neutraliseraient). On a parfois l’impression que la compromission dans quelque magouille (pour faire large et rester soft) est la condition indispensable d’entrée dans certains cercles.
              Merci à Marie Pierre (vous me donnez envie de ressayer ce livre).

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              Alerter
          • Marie Pierre // 10.05.2019 à 18h28

            Bonjour. Le style de La ponérologie est assez lourd et rebutant. Il m’est aussi tombé des mains puis je l’ai repris peu à peu et il est devenu pour moi une référence. Notamment, son explication des étapes qui conduisent une société au pire, avec la confiscation du pouvoir par les personnes toxiques, est très pertinente.

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      • calahan // 10.05.2019 à 11h53

        question de prof aussi…J’avais un prof de droit public qui insistait sur le libre arbitre et l’analyse méticuleuse et documentée de l’information afin d’avoir la vision la plus large possible et la moins biaisée du sujet que l’on traite.D’ailleurs nous ne faisions pas que du droit public en travaux pratiques .ce qui rendait tout les cours beaucoup plus « riches » incitant l’échange entre les étudiants et la mise en confrontation de leurs propres convictions face aux réalités de l’actualité par exemple.

        Le vecteur du savoir reste le professeur et il bénéficie d’une large marge de manœuvre dans son enseignement et sa pédagogie si il le désire vraiment.
        Un programme n’est qu’une base , rien n’interdit de l’étoffer, de le triturer, de le personnaliser et de l’adapter.
        C’est d’ailleurs ce que l’on devrait trouver chez tout pédagogue, recul et discernement sur son propre travail sont des atouts non négligeables et devraient être non négociables.
        cela s’appelle l’indépendance d’esprit et c’est essentiel dans toute organisation « humaine », mais vraiment « humaine ».

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      • PapyDan // 10.05.2019 à 14h20

        Réponse à « RGT ». C’est une vision caricaturale (et je précise que je ne suis pas universitaire).

        D’abord, l’exemple de l’Université est assez mal choisi : on n’y passe pas de concours, mais des examens.
        Surtout, elle ne fait pas que »formater ». Elle « forme ». Elle transmet des savoirs, toutes les composantes de la culture intellectuelle. Elle nous permet de rencontrer les maîtres indispensables à notre formation intellectuelle, ou des professeurs qui nous donneront accès à des maîtres livresques. Elle nous permet aussi de rencontrer des camarades avec lesquels échanger, au besoin jusqu’au bout de la nuit ?, activité formatrice s’il en est.

        Bien sûr, il y a aussi une dimension de « formatage », comme dans toute forme d’éducation. Mais réduire l’Université, comme toute autre institution éducative, à cette dimension suppose que l’on puisse s’en passer. Dès lors, sous l’apparence d’une critique radicale, on est dans ce que certains psychanalystes nomment le fantasme d’auto-engendrement, si caractéristique des petits adolescents. Ce qui rejoint aussi le mythe du self made man, si typique de l’idéologie capitaliste la plus bornée.

        Maturité et liberté ne commencent qu’avec la reconnaissance de ce que l’on doit à ceux qui nous ont précédés et introduits à l’humanité.

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      • alain maronani // 10.05.2019 à 16h04

        C’est le genre de théorie que j’entends généralement des autodidactes et des gens qui ont été incapables d’obtenir des diplômes…c’est la faute des autres…la science n’est pas neutre mais un doctorat ou une maîtrise en mathématiques ca se mérite..Juan Branco a fait Normale Sup et Yale…esprit libre ne veut pas dire esprit vide…

        Pour Albert Jacquard c’est un grand bonhomme, un grand généticien, qui a passé une grande partie de sa vie a militer pour les plus pauvres, les sans-logis, les sans-papiers, les exclus, généreux de son temps, de son intelligence quand on lit ici que des gens lui reprochent d’avoir été diplômé de Poly..quelle pitié..Faites donc le dixième du quart de ce qu’il a réalisé..

        Le commissaire du peuple pendant la révolution française qui condamne Lavoisier (le créateur de la chimie moderne) lui dit….la révolution n’ a pas besoin de savants…le nivellement par le bas, toujours plus bas

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        • Serge F. // 11.05.2019 à 00h10

          « La République n’a pas besoin de savants ni de chimistes » est une phrase apocryphe. C’est un fait confirmé par Jean-Clément Martin dans son ouvrage « Violence et Révolution. Essai sur la naissance d’un mythe national ». Cette réplique est une invention d’Henri Grégoire et Antoine-François Fourcroy :

          http://www.antimythes.fr/individus/guillaume_james/gj_etudes_revolutionnaires_9.pdf

          Antoine-François Fourcroy avait peur d’être accusé d’avoir laissé froidement périr son maître ou même d’avoir demandé sa mort. Il a donc repris un récit inventé par Henri Grégoire dans son premier et troisième rapport sur le Vandalisme, en le grossissant, pour faire croire que tous les savants et les chimistes étaient menacés de mort. Quand Marie-Anne Paulze, la veuve de Lavoisier, put faire éditer, en 1805, les deux premiers volumes des Mémoires de chimie de Lavoisier, elle écrira une préface au vitriole dans laquelle elle dénonce tous ceux qui auraient dû aider son mari et n’ont pas eu le courage de le faire : Fourcroy, Guyton de Morveau, Monge, etc.

          L’Ecole polytechnique fut fondée le 11 mars 1794 par Gaspard Monge, avant la condamnation de Lavoisier.

          Ce furent les petits employés ou commis des Fermiers généraux qui hâtèrent la perte du grand chimiste en tant qu’un de ses anciens membres. L’un d’eux, dans un mémoire adressé à l’Assemblée nationale, déclarait que « les pensions et gratifications n’étaient accordées qu’à l’intrigue et à la protection et que les bons serviteurs languissaient par contre dans la misère, que particulièrement la caisse des retraites destinée à assurer des secours aux employés vétérans, avait été le théâtre des vols les plus éhontés ; que Messieurs de la Ferme y pillaient et dilapidaient comme dans un bois. »

          Il est dénoncé aux autorités par André Dupin de Beaumont, le député de l’Aisne responsable des exécutions, ancien employé de la Ferme. Dans son splendide hôtel, il célébrait, en compagnie de courtisanes en vogue, le triomphe de la sainte guillotine sur les aristocrates et les modérés. Possédé d’une haine implacable contre ses anciens chefs, depuis longtemps on le considérait comme ayant formé contre eux les projets les plus violents.

          https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9768612x

          La condamnation à mort de Lavoisier était une sale histoire de vengeance et non une chasse aux sorcières des savants.

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      • Détonateur // 10.05.2019 à 19h08

        Les mecs qui sortent ce genre de discours ,ce sont ceux incapables de penser sans qu’une structure leur disent comment faire.

        Une université n’est pas là pour former des  » intelligences  » ,mais pour donner un savoir théorique et pratique dans un domaine délimité.

        Rendre  » intelligente » une personne, ce n’est pas possible désolé.

        Et arrêter de caricaturer la compétition en médecine et en prépa, personne ne se tirent les pattes entre eux tout simplement parce que tout le monde est dans la même merde. Ce n’est pas une lutte à mort, les élèves ne doivent pas se battre entre eux pour passer et ils le savent pertinemment.
        Les temps ont changé à l’Université, le bizutage n’existe plus, des systèmes de tutorat par des élèves des années supérieures ont vu le jour.

        Les personnes les plus méprisantes sont en réalité les profs, particulièrement en prépa , où ils s’amusent à des procédés humiliants comme rendre les copies aux élèves de la plus mauvaise à la plus haute note ou moquer publiquement un élève qui ne sait pas répondre à un problème de maths posé.

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        • Serge F. // 11.05.2019 à 15h24

          « Le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours des hommes méchants. » John Emerich Dalberg

            +1

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        • vert-de-taire // 12.05.2019 à 10h31

          « Et arrêter de caricaturer la compétition en médecine et en prépa, personne ne se tirent les pattes entre eux tout simplement parce que tout le monde est dans la même merde. Ce n’est pas une lutte à mort, les élèves ne doivent pas se battre entre eux pour passer et ils le savent pertinemment. »

          ARCHI FAUX
          hélas

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      • Serge F. // 11.05.2019 à 15h18

        Ce n’est pas un hasard si la France reconnaît plus les compétences d’une personne par ses diplômes que par son expérience professionnelle. De plus, plus une personne est élevée dans la hiérarchie et plus on aura tendance à lui accorder une haute autorité intellectuelle, alors que le principe de Peter devrait venir anéantir cette croyance.

          +3

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        • Yannis // 13.05.2019 à 20h02

          Ce n’est absolument pas propre à la France. Si vous travaillez à l’étranger (et pas seulement aux USA ou en UK) vous constaterez que « les papiers parlent ». Par exemple essayez d’aller vous expatrier un temps en Chine ou plus largement en Asie sans tous les justificatifs et niveaux d’excellence exigés… Pareil désormais en Amérique latine, et de plus en plus dans le monde du XXIe siècle.

          On brûle nore système éducatif public, on laisse brûler notre patrimoine fautre de crédit – ici aussi, Certains s’en réjouissent d’autres attendent le Grand Soir qui changera tout, mais certaines traditions et valeurs ne se perdent pas hors de notre si incertain pays.

            +2

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  • PapyDan // 10.05.2019 à 09h19

    Dans le même esprit, lire par exemple ce texte d’un bon connaisseur de notre école : http://dcalin.fr/publications/carle48.html

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  • Marie P // 10.05.2019 à 09h40

    Bonjour,
    impossible d’envoyer la retranscription en « commentaire » – « on » me demande de résumer ma pensée :))

      +1

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    • vert-de-taire // 12.05.2019 à 10h33

      OUI un message ne doit pas dépasser 1500 signes d’après ce que j’ai expérimenté.
      Faire plusieurs messages à la suite permet de passer outre cette règle.

        +0

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  • pipo // 10.05.2019 à 10h36

    La compétition, si elle est respectueuse des autres (par exemple: ne pas fournir de fausse informations) est très bien acceptée par tous. Elle est même indispensable pour nous dépasser, mais ne doit pas nous faire sentir supérieur. C’est le fait de se sentir supérieur qui fait que l’on « s’autorise » à tricher, à se doper, à mentir etc…( parce que je le mérite).
    C’est cette fausse compétition qui est à proscrire et c’est plus l’éducation parentale que l’éducation nationale qui crée chez nos enfants ce sentiment de supériorité, les autres ne sont bon que pour servir. Ils en perdent leur empathie et ne voient les rapport humains que sous l’angle du conflit à gagner. Ils ne sont pas intéressés à gagner une compétition ils sont intéressés à vaincre. Ce sont des obsédés du pouvoir sur les autres ,les inégalités sont vitales pour eux.

      +7

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    • Loxosceles // 10.05.2019 à 11h01

      De fait, vous ne pouvez pas contrôler la probité de chacun dans une compétition, et la compétition sélectionne mécaniquement les plus égoïstes et malhonnêtes. Les plus malins, ceux qui savent jouer avec les règles, les contourner, s’en affranchir, dissimuler leurs compromissions et leurs manoeuvres, les meilleurs joueurs de pipeau, les plus menteurs, les plus habiles à trouver ce que la compétition cherche à faire émerger et à s’y conformer et donc par extension, également les plus conformistes, etc.

      Il ne peut exister de compétition « respectueuse des autres » que si, par miracle, tous les compétiteurs sont des gens honnêtes, quand bien même cette honnêteté n’est pas à leur avantage dans cette compétition… Bien sûr il arrive qu’une personne honnête et particulièrement douée parvienne malgré tout à se maintenir au sommet, ce qui fait qu’il n’y a pas que mes médiocres qui « gagnent », heureusement.

      D’un autre côté, la compétition est le meilleur mécanisme que la nature ait trouvé pour faire émerger les plus aptes donc on ne peut pas bêtement plaquer dessus un crible moral, seulement constater que, chez l’humain, la compétition produit tout un tas d’effets néfastes secondaires qui ne sont généralement pas contrôlés… Je pense que c’est plutôt ici qu’il faudrait concentrer notre attention, mais c’est déjà ce que l’on fait partout, toute compétition digne de ce nom ayant des protocoles anti-triche, certes imparfaits.

      Tout ceci n’est peut être que la condition humaine, au fond, n’empêche qu’il n’est pas bon d’accepter la compétition en l’état, on voit bien ce que cela produit.

        +5

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      • Détonateur // 10.05.2019 à 19h29

        Tu n’ as jamais fait ni de prépa , ni de PACES, ni toute autre formation exigeante, au vu de l’aspect très caricaturale que tu peins de ces élèves. Que tu décris comme des espèces de tricheurs manipulateurs et menteurs.

        Je serais ravi que l’on m’explique comment on contourne ou triche à un concours de PACES ou d’un examen de mathématiques à polytechnique.

        Un des principaux effets néfastes de la compétition, c’est ce qu’elle peut susciter chez certains personnes qui se mettent à haïr des personnes plus doués qu’eux même dans leur formation.

          +3

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        • Séraphim // 11.05.2019 à 06h07

          La jalousie et l’envie ont existé de tout temps. La haine et le ressentiment sont là, tapis dans l’ombre, que ce soit dans l’hostilité manifeste (comme Caïn vis à vis d’Abel) ou dans le consensus (les ‘amis’ de Job lui intimant de changer son comportement et de ne s’en prendre qu’à lui-même). C’est là où nous en sommes; l’hostilité franche est mal vue, quoiqu’elle ait le mérite de l’honnêteté, ne serait-ce que vis à vis de soi-même. Le consensus obligatoire, lui, tourne à plein régime. Quand le « système » ne vient pas assagir le génie, le complot reprend toutefois du service: lisez le destin d’Evariste Galois, insuffisamment contrarié par les professeurs et les titulaires, finalement assassiné.
          La vindicte contre les concours vient de cette détestation de toute tête qui dépasse. Détestation si répandue que l’on préfère quelqu’un qui gagne par hasard, concours de circonstances et copinages semi-mafieux (Macron=Benalla) à quelqu’un qui mériterait par la justesse et la profondeur de ses vues, de ses engagements. De Gaulle a su se faufiler entre les baïonnettes de ses « alliés », et leurs chaloupes du débarquement, pour finalement, décrocher le pompon, rafler la mise, contre toute attente. Il y fallut donc autant de chance que de talent. Notre civilisation a toujours et produit et torturé le génie. Il s’agit maintenant de faire plus simple: ne plus le produire. C’est cela « la fin de l’Histoire »!

            +2

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        • Loxosceles // 11.05.2019 à 10h31

          D’abord je ne dépeins pas spécifiquement les gens qui ont fait ces « concours exigeants », ceux que Macron a raté 3 ou 4 fois… jusqu’à les réussir quand même et d’exprimer aujourd’hui la même « persévérance » c’est à dire le même entêtement dans sa politique. Voilà ce qui est déploré, au fond, dans mon message (au delà de la critique générale de la compétition qui en était le fond et que vous détournez sur un point précis) : une fabrique d’aristocrates pompeux, conformistes et ambitieux au premier degré qui vont passer leur carrière à se tirer mutuellement dans les pattes et à pomper l’air au reste du monde. Si c’est le résultat de cette compétition qui sélectionne nos « élites », vous m’excuserez de ne pas en vouloir, et il n’y a aucune jalousie là-dedans. Si je n’ai jamais pris la direction de ces concours, c’est parce que je n’en ai avais aucune envie, et c’est aussi parce que je savais par avance ce qu’il y avait à y trouver, et donc à y éviter en n’y allant pas.

          Ces gens ne trichent pas forcément au sens primaire de la chose. Ils savent juste bien dans quel sens il faut caresser le poil, le poil de qui il faut savoir caresser et à quel moment. C’est un mécanisme élémentaire du conformisme, d’ailleurs (décrit par Franck Lepage, par exemple, dans sa première conférence gesticulée, mais que chacun peut comprendre s’il y met un minimum de bonne foi).

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    • ThylowZ // 10.05.2019 à 11h06

      Je partage votre avis.
      Je ne suis pas bien vieux, mais suffisamment pour avoir vécu plusieurs modèles de compétition différents : sportifs, scolaires, professionnels…

      Et il est vrai que la compétition engendre le mal, mais aussi le bien, il m’est arrivé de le constater.
      Un des problèmes à mon avis est que les différents concours scolaires/universitaires ne récompensent que le savoir.

      Je n’ai absolument pas la solution, mais de façon générale, il n’existe aucun modèle de récompense dans la société autre que l’argent, et il ne repose en général sur aucun autre critère que la performance ou le pathos généralisé (cf les récompenses posthumes dénuées de sens suite à des victimes d’attentat).

      La disparition du sens de l’honneur ou de la noblesse (pas la classe mais le comportement) ne tire pas notre société vers le haut à mon sens.

        +6

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      • pipo // 10.05.2019 à 11h48

        C’est l’empathie qui nous empêche de tricher, mentir etc… L’empathie ce sont des émotions, les scrupules, la honte, la joie de voir gagner un autre, la tristesse d’en voir perdre un autre etc…, si vous en avez, vaincre l’autre ne vous viendra même pas à l’esprit, vous chercherez à partager qq chose avec l’autre, une compétition entre « amis » par exemple. La nature (Dieu?) nous à créée avec, mais l’homme se veut supérieur à ce que la nature (Dieu) à créée, c’est la démesure, l’hybris, c’est un sentiment inspiré des passions négatives, l’orgueil, l’envie. Derrière il y a le manque d’amour transmit par l’éducation parental et la société. C’est un choix de société, dans quel direction voulons nous aller? vers un monde ou on sera tous psychopathe?

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    • raloul // 10.05.2019 à 11h18

      Bonjour!

      Il y a plusieurs problèmes de terminologie.
      Tout d’abord, depuis Darwin, l’idée de « compétition » comme l’un des moteurs de l’évolution des espèces, la « naturalisation » de l’idée de compétition en somme, est une sorte d’immense projection de certaines dérives mentales pathologiques de l’être humain sur la nature. Cela sert pourtant souvent de justification intellectuelle in fine aux comportements humains délétères (dans leurs relations à leurs semblables).
      Ensuite, faire une distinction entre bonne et mauvaise compétition est problématique. En plus de rappeler le « mythe du bon et du mauvais chasseur », cela introduit des notions morales qui restent très subjectives.

      Peut-être que pour dépasser le concept de compétition tel qu’il est défini actuellement, il est utile de chercher à:
      – comprendre que l’humain apprend très majoritairement et fondamentalement par l’imitation
      – reconnaître que la seule véritable « compétition » est « contre » soi-même
      – abandonner définitivement l’idée que qui que ce soit soit « supérieur » à quelqu’un d’autre

      Ce ne sont que quelques pistes pour esquisser une vision.
      Si on se concentre trop sur les problèmes et les tares de nos « zélites », on risque de désespérer et de ne plus avoir l’energie de passer à autre chose…

        +7

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      • Graindesel // 10.05.2019 à 12h21

        « abandonner définitivement l’idée que qui que ce soit soit “supérieur” à quelqu’un d’autre »

        Désolé, mais je considère plusieurs commentateurs ici même comme humainement et intellectuellement très supérieurs au squatter de l’élysée.

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      • pipo // 10.05.2019 à 14h02

        – comprendre que l’humain apprend très majoritairement et fondamentalement par l’imitation
        – reconnaître que la seule véritable “compétition” est “contre” soi-même
        – abandonner définitivement l’idée que qui que ce soit soit “supérieur” à quelqu’un d’autre

        Tout a fait, c’était le sens de mon propos.
        Imitation des parents principalement
        compétition, pas contre soi mais pour soi (différence entre bonne et mauvaise compétition)
        Supérieur? je dirais abandonner l’idée de mérite.
        La moral, c’est qq chose que l’on ne décide pas. Si nos émotions n’ont pas été dénaturées, la moral s’impose à nous. C’est encore la démesure qui nous fait croire que nous décidons de ce qui est moral ou pas. Les sociopathes se croit très moraux, c’est les autres qui sont mauvais.

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    • PapyDan // 10.05.2019 à 11h45

      Je doute fort que ce soit le fait de se sentir supérieur qui fait qu’on s’autorise à tricher. J’ai bien plus l’impression que c’est le manque de confiance en soi. Plus logique, non ?

      Quant à la distinction entre « fausse compétition » et, quoi au fait, la « vraie » ?, la « bonne », je ne comprends pas bien…

      La seule « compétition » moralement et humainement acceptable, c’est la « compétition » avec soi, le dépassement de soi, l’exigence vis-à-vis de soi. Mais ce n’est plus de la compétition à proprement parler.

      PS : je n’avais pas lu la contribution de « raloul » avant d’écrire, je le suis sur l’essentiel, bien sûr.

        +2

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      • pipo // 10.05.2019 à 14h22

        « J’ai bien plus l’impression que c’est le manque de confiance en soi. »
        C’est bien de le préciser, mais c’est quand le sentiment de supériorité sert à cacher ce manque de confiance en soi qu’il est dangereux. Le psychopathe est inconscient de ce manque (qui vient d’un manque d’attachement, un manque d’amour) il le transforme en « je vaux mieux » « je vaux plus que les autres ». Les psy parlent de « moi grandiose » C’est ainsi qu’il peut tout ce permettre.
        Je suis aussi assez d’accord avec Raloul, je lui ai répondu mais mon commentaire à disparu.

          +2

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    • calahan // 10.05.2019 à 19h30

      Mick goodrick, un musicien et prof de musique disait souvent à ses élèves :

      « si vous entrez en compétition avec l’un d’entre nous, gardez le pour vous ».

      Intéressant.
      La compétition en soi n’est pas une mauvaise chose, c’est quand elle est la condition et la forme de la sélection qu’elle est nuisible car elle n’est plus à sa place.
      La compétition entre les individus devraient en rester là ou elle devrait toujours être : source d’émulation.
      Si je joue aux échecs par exemple dans un village imaginaire ou il n’y a qu’un autre joueur d’échec, celui-ci est plus fort que moi car il me bat très régulièrement.Si je me fixe comme objectif de la battre plus souvent, je dois m’améliorer, Or aux échecs deux esprits qui élaborent des stratégies s’affrontent pour tirer profit de la situation.On est en pleine compétition intellectuelle !

      C’est parfait pour les échecs par exemple mais certainement pas quand il s’agit de partager des savoirs et des connaissances alors que l’on se construit : l’école (sous toutes ses formes).

      je suis bien d’accord là dessus.

        +1

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  • Eric83 // 10.05.2019 à 10h49

    3’27 » de pertinence, de lucidité, de discernement et de sagesse.

    Il y a 25 ans déjà, Albert Jacquard avertissait déjà sur le fait que ceux qui sont au pouvoir et qui nous gouvernent sont les plus conformistes, les plus soumis aux dogmes,…et de ce fait, les plus dangereux.

    En 2019, Etienne Chouard, lui, nous décrit ceux qui ont accédé au sommet du pouvoir comme les « meilleurs menteurs ».

    Avec ces dirigeants, la trajectoire que nous suivons depuis des décennies, et qui est très claire pour ceux qui s’attachent aux faits et non aux dires, est celle d’une dictature de plus en plus autoritaire, liberticide et répressive dans tous les domaines, à l’encontre des droits et des intérêts les plus fondamentaux du peuple.

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  • majufleur // 10.05.2019 à 10h54

    contre la compétition dans la classe à l’école, pour la coopération :
    http://marine.baro.free.fr/

      +2

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  • charles // 10.05.2019 à 10h57

    je connais trop peu cette personne pour ne faire autre chose que de n’y voir que mes propres désirs dans ces paroles, de bon sens au demeurant.

    « Il nous faut faire un projet pour demain. Il ne s’agit pas de prévoir ce qui sera, mais il s’agit de faire en fait le prophète. »

    De quel nous parle t’il ? Un nous collégiale composé d’expert ? Un nous démocratique ?

    Et puis ne critiquer la compétition qu’à l’école ne permet pas d’empêcher la société d’ériger la compétition comme la pierre angulaire de nomination, de prises de décision, de créativité ou même de choix de conception.

    Hors c’est bien cette compétition comme but ultime du tout qui détruit tout.

    Et, bon ce n’est qu’un extrait, mais loupé cela quand on est promotion polytechnique, c’est un peu comme oublié de mettre du beurre dans les croissants pour un boulanger…..

      +2

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  • Gérard // 10.05.2019 à 11h42

    La compétition est au fond le signe de l’immaturité humaine, c’est le symbole de l’égocentrisme, de la séparation entre les uns et les autres. A quoi sert de gagner lorsque le podium est construit avec la ruine des autres, au bout du compte, le dernier des gagnants exultera en levant les bras au ciel en signe de triomphe puis contemplant le champ de ruine à ses pieds s’effondrera en pleurant dans une totale solitude.
    Nos schémas de pensées sont complètement à revoir, cet article fait écho à celui de Nafeez Ahmed du 20 avril sur l’intelligence collective.
    Apprendre à nos enfants (et à nous mêmes) le sens du groupe et l’adaptabilité ainsi que les travers de la compétition est une nécessité.

      +10

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  • Duracuir // 10.05.2019 à 12h51

    Vaste programme.
    Ce ne serait pas mal de solliciter un groupe de sociologues, psychologues, anthropologue, historiens, archéologues et philosophes pour débattre de ça.
    La compétition est là, si elle n’est pas madarinale par le fait d’examens, de concours, elle est faite par le fric ou la violence physique, psychologique, sociale.
    Mettez 10 gaziers du même niveau intellectuel et social, faisant le même boulot et vous allez voir la compétition se mettre insidieusement à l’oeuvre, combats d’influences plus ou moins violents d’individus alphas(les femmes sont des hommes comme les autres) ralliement, ostracisme, exclusion, domination, hierarchisation.
    Allez dans un vestiaire(mâle ou femelle) de hand, de foot, de rugby, de basket, de golf même.
    Allez dans la plus minuscule association 1901, dans le plus infime groupuscule sectaire ou idéologique.
    La compétition est partout.
    Définitivement, l’homme n’est pas une meute, c’est un troupeau. Et c’est la compétition organisée de quelque nature que ce soit qui en dicerne les éléments de hierarchie qui transforme ce troupeau en meute.
    Brassens disait qu’à plus de quatre on est une bande de c…

      +2

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    • Sophia // 10.05.2019 à 13h52

      Ah, oui, mais changer ça suppose un changement profond de société. Jared Diamond, dans « le monde jusqu’à hier » (je crois) parle par exemple de la culture coopérative qui existe en Indonésie. Cette culture se traduit par des jeux d’enfants très différents de ceux qu’on pratique chez nous, où il y a des gagnants et des perdants. Dans les jeux qu’il décrit, l’objectif du groupe d’enfants peut être, par exemple, de trouver comment partager un tas de fruits en parts aussi égales que possible entre tous ses membres (un bon entraînement aux fractions! :)). Mais cet état d’esprit a aussi ses inconvénients. Diamond décrit par exemple comment il est impossible à quelqu’un de lancer sa petite entreprise sans finir par passer l’essentiel de son temps à travailler -à l’oeil, évidemment- pour les nombreux membres de la famille proche et éloignée, obligation morale à laquelle il serait impensable de vouloir se dérober… Or, l’individualisme, la liberté individuelle, notamment, est quelque chose à quoi nous tenons beaucoup en occident…

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  • Duracuir // 10.05.2019 à 12h55

    J’irai plus loin que Jacquard. En financiarisant à l’extrême on permet aux dynasties les plus avides et sans pitié de ploutocrate de diriger l’humanité, les voilà les plus dangereux.

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  • Génissel Samuel // 10.05.2019 à 12h56

    Le système Allemand est plus intéressant (ils ne font pas que des réformes des-déshumanisantes) on peut partir vers la 5 ème vers un métier manuel et puis revenir lycée technique et quand même finir à l’université, bien sur cela ne concerne que peu d’enfants, mais ils n’ont pas ce mépris des mains, du manuel.

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    • Marie Pierre // 10.05.2019 à 18h52

      « Tu veux finir coiffeuse ( ou plombier) » ne cessait de rabâcher mon harceleuse de prof latin.français aux moins performants…

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  • libvert.fr // 10.05.2019 à 14h17

    Les sociétés humaines font parti aussi de la nature, donc elle en partagent des propriétés relationnelles (compétition, coopération, symbiose, parasitisme, etc..)
    Il est donc normal que dans une société humaine, il y ait des écoles plus ou moins compétitives ou coopératives.
    La diversité des approches est importante (tant qu’il y a justice inter individuelle, et ouverture sur le monde)

    => Pour ma part, je préfère l’approche pédagogique de type 2 qui est équilibrée (ni trop autoritaire, ni trop laxiste)

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  • LBSSO // 10.05.2019 à 14h36

    « – Quelle distinction faites-vous entre com­pétition et émulation ?

    Albert Jacquard. – La compétition, c’est « je ». Je cours contre vous, vous courez plus vite que moi. Cela me désole. Comme je veux arriver premier, j’en prends tous les moyens, y compris la tricherie. C’est cela, la compétition. C’est vou­loir l’emporter sur l’autre, ce que fait presque sans y penser la société d’aujourd’hui.

    L’émulation, c’est je cours avec vous, vous arrivez plus vite que moi et loin d’en être désolé, j’en suis tout heureux car vous avez des leçons à me donner sur ma façon de courir. L’émulation, c’est être content d’être dépassé par l’autre dans l’espoir qu’il vous ouvre des possibilités nouvelles. C’est l’exact opposé de la compétition.

    Tout le reste découle de cette dis­tinction. Ce que je cherche, ce n’est pas d’être meilleur que l’autre, ce qui n’a aucun intérêt, mais d’être meilleur que moi-même, ce qui est merveilleux  »
    Albert Jacquard dans Sud Ouest en 2012

    La compétition élimine du groupe, l’émulation l’enrichit .

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  • redrock // 10.05.2019 à 15h47

    Il ne faut pas confondre compétition et couple réussite-échec ; par exemple le drame de l’enfant qui ne parvient pas à lire n’est pas lié à une éventuelle compétition ; c’est celui de l’échec relatif alors que beaucoup d’autres y parviennent.
    La gestion de l’échec est un autre problème beaucoup plus fondamental et complexe à traiter que de le réduire à un simple problème de compétition bien naïvement posé par Albert Jacquard.

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  • serge Clérissi // 10.05.2019 à 15h58

    Injustice => pénurie => compétition => sélection => barbarie

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  • Xavier // 10.05.2019 à 16h57

    Boire, manger, copuler.
    Les trois besoins fondamentaux qui, pour un système nerveux central, déterminent nos comportements et les luttes, fuites ou inhibitions issues de notre besoin de reproduire les expériences sensorielles positives pour notre physiologie.

    Ce que dit Jacquard c’est le tout début de ce qu’à dit Laborit 20 ans plus tôt…

    Parfois on croit progresser alors qu’on régresse dans la conscience.

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    • Xavier // 10.05.2019 à 17h09

      Car la compétition répond à la recherche de dominance elle-même visant à la stimulation du « faisceau de la récompense », MFB (medial forebrain bundle) : reproduire l’expérience sensorielle agréable.

      S’arrêter au regret de la compétition sans analyser ses causes, si nous en sommes encore là en 2019, c’est inquiétant.

      En réalité, on touche à quelque chose de très profond car la simplicité de cette explication est totale, alors que la complexité confère une autorité, au passage donc une dominance.
      Pour beaucoup de gens, il vaut mieux ignorer la biologie pour maintenir un inconscient autorisant, légitimement, par un discours langagier appris depuis notre jeunesse, la dominance que nous exerçons sociologiquement sur d’autres.

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    • Loxosceles // 11.05.2019 à 10h57

      D’accord avec vous, mais qui a lu Laborit ? Pas moi, par exemple, et bien que je le connaisse, j’aurais plutôt tendance à me référer à d’autres sources mais à en arriver aux mêmes conclusions… Il n’y a pas plus de progrès dans la conscience qu’ailleurs (malgré l’idéologie new age) et y croire reste un biais (la seule véritable manifestation du progrès étant aujourd’hui dans la technique et les effets qu’elle a sur les sociétés et les individus qui la composent). En ce sens, le mérite d’Albert Jacquard, en tant que personnalité médiatique, est sans doute d’avoir vulgarisé ce type d’idée au plus grand nombre en même temps que d’être une figure qui dénote avec la masse des BHL et consorts, pour tenir un discours opposé. Et cela, ce n’est pas rien… Car il y a ceux qui ont accès à des sources de savoir et ceux qui n’ont même pas idée qu’elles existent, d’où l’intérêt des grands vulgarisateurs et j’oserais même dire du rôle de gourou qu’ils peuvent être amenés à jouer, malgré tous les problèmes que cela pose aussi.

      Le problème de l’accès à la connaissance est un autre problème qui me semble d’ampleur anthropologique. Par conséquent toute forme de snobisme ne peut à mon avis que l’amplifier car cette attitude forme un obstacle supplémentaire pour la plupart, c’est comme ça… Ceci sans mentionner que tout le monde n’accède pas au savoir de la même façon, par les mêmes sources, etc. Heureusement, d’ailleurs, car s’il n’y avait que les scientifiques pour nous instruire…

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      • Xavier // 11.05.2019 à 11h52

        Dans les années 70-80, Laborit était extrêmement connu, populaire, médiatique (en partie grâce à Mon Oncle d’Amérique d’Alain Resnais).
        Son tord fut de ne pas se prendre au sérieux, ou plutôt de ne pas vouloir snober, comme vous le dites, les autres modes de pensée, se coupant de intelligentsia parisienne.
        La cerise fut quand il s’est intéressé à Jésus, non pour la religion mais pour le concept.
        Toute la gauche qui le pensait acquise aux thèses humaniste a eu du mal avec ce Vendéen extrêmement cultivé et au spectre de pensée inégalé.
        Il a enlevé à tous l’argument d’autorité en montrant, pas qu’avec des mots (en cela je le distingue des philosophes, psycho-s, soci-aux, etc.) mais avec des découvertes scientifiques incontestables quels sont nos déterminismes.

        Sauf que là on touche à 2 écueils :
        – l’un conceptuel : comprendre tout cela nécessite un peu de culture scientifique, d’où son discours sur une pédagogie novatrice pour créer des citoyens (« Conscience, connaissance, imagination ») : http://www.nouvellegrille.info/pdfrpe.html
        – l’autre anthropologique : il dépouille les techniciens mono-conceptuels (la règle dans une science aujourd’hui très cloisonnée) de leur gloire et remet tout le monde face à un déterminisme profond, celui hérité de l’habituation… (voir http://www.nouvellegrille.info/pdfLR2018-01.html)

        Personne ne s’en sort en « sauveur » avec lui… pas franchement in dans un monde d’hyper-médiatisatiuon qui glorifie des Villani, Dehaene, etc.

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    • Barbatruc // 12.05.2019 à 11h09

      Bonjour,

      J’avais lu René Girard, dont les concepts de rivalité mimétique et la question de la violence sont devenus un élément central dans ma vision du monde et de l’Homme, mais je ne connaissais pas Henri Laborit, et grâce à vous, je suis en train de lire « éloge la fuite ».
      Grand merci donc pour cette référence !

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  • serge Clérissi // 13.05.2019 à 08h24

    La compétition n’est que la conséquence du néolibéralisme et de son adulation du « marché » comme alpha et oméga de toute politique de tout partage, nouveau dieu incontournable arbitre suprême et universel, faiseur de rois et fossoyeur de l’humanité.

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