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19.septembre.201919.9.2019 // Les Crises

Russie : L’atterrissage inespéré de Jupiter ! Par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 19-08-2018

En dépit de la pause estivale, le bulldozer à communication de la présidence de la République s’est mis en marche, mettant à contribution son clergé médiatique répétant ad nauseam les fameux éléments de langage concoctés par les excellents « spin doctors » de Jupiter. Après avoir fêté le 75èmeanniversaire du débarquement des troupes françaises en Provence le 15 août 2019 à Saint-Raphaël, Emmanuel Macron reçoit en son Fort de Brégançon, le 19 août 2019, le président russe, Vladimir Poutine. Il entend procéder avec lui à un tour d’horizon complet de la situation internationale à quelques jours du G7 de Biarritz dont il est la puissance organisatrice (cénacle dont la Russie a été exclue depuis l’invasion de la Crimée). Un indispensable retour en arrière s’impose pour comprendre les raisons qui poussent Emmanuel Macron à passer d’une phase des grimaces et d’ostracisme à l’égard du méchant Poutine à une phase de sourires à l’endroit du bon Poutine.

LE TEMPS DES GRIMACES : LE MÉCHANT POUTINE

La dernière visite du Tsar à Versailles, peu après la présidentielle de mai 2017, s’était mal passée. Jupiter avait publiquement humilié son hôte à Versailles, l’accusant explicitement d’être à l’origine des informations malveillantes le concernant diffusées sur les réseaux sociaux pendant la campagne électorale. Ni très fair play, ni très diplomatique comme façon de traiter ses invités. Une longue période de glaciation diplomatique s’en suivit. Toutes les occasions étaient bonnes pour déverser des tombereaux d’injures sur l’autocrate russe. Fort de sa relation privilégiée avec Donald Trump, de son rôle de leader autodésignée d’une Europe qu’il décidait de refonder à sa main (Cf. son discours de la Sorbonne), de ses excellentes relations avec Angela Merkel, il n’avait que faire de ce mal dégrossi qui occupe le Kremlin. Toutes les occasions étaient bonnes pour le punir de son invasion de la Crimée, de le vilipender pour sa façon de transformer la Russie en démocrature, de lui faire savoir qu’il ne jouait aucun rôle en Syrie. De minimis non curat praetor, pourrait résumer sa pensée et sa posture diplomatique. Lorsque l’on est le leader du monde du XXIe siècle, on ne s’abaisse pas à traiter avec une telle brute que Vladimir Poutine qui sent la barbouze à plein nez, l’autocrate de bas étage.

Mais, au fil des mois, les mouches ont changé d’âne comme le disait l’ex-commentateur de matchs de football, Thierry Roland. C’est que le nouveau leader du monde libre se voit contester dans son rôle. Donald Trump le considère comme quantité négligeable, multipliant les avanies à son endroit. Angela Merkel évoque une atmosphère de confrontation avec Jupiter. Xi Jinping s’adresse à la chancelière lorsqu’il veut parler Europe. Au sein de l’Union européenne, la voix de Jupiter est de plus en plus inaudible. En Syrie, c’est Vladimir Poutine qui mène le branle avec Iraniens et Turcs, Emmanuel Macron se contentant de regarder passer les trains. En Libye, la duplicité diplomatique française saute aux yeux. En Afrique, la Chine tisse ses routes de la soie et la Russie nous supplante en RCA. Et, l’on pourrait multiplier à l’envi toutes les déroutes du plus jeune président de la République sur la scène internationale au cours des derniers mois. Le roi est nu. Il n’amuse plus tant son arrogance indispose les dirigeants sérieux qui ont une stratégie claire. La diplomatie du perron, du mégaphone est inefficace en dépit des coups médiatiques à répétition mais à un coup que les communicants s’évertuent à mettre en scène. Mais, rien n’y fait. Pinocchio prêche dans le désert. La charrue avant les bœufs n’a pas creusé le sillon espéré. Conséquence, la moisson est maigre, pour ne pas dire inexistante.

LE TEMPS DES SOURIRES : LE BON POUTINE

Notre entreprenant mais très inexpérimenté président français semble découvrir, mais un peu tard, les vertus de la diplomatie coopérative (celle du dialogue) et les vices de la diplomatie coercitive (celle de l’exclusion). Que dit-on du côté du château à quelques jours de l’entretien Macron-Poutine ?

Emmanuel Macron recevra Vladimir Poutine lundi (19 août 2019) au fort de Brégançon (Var) avec l’objectif d’avancer vers une désescalade des crises ukrainienne et iranienne, cinq jours avant le sommet du G7 à Biarritz auquel le président russe n’est pas invité. Trois sujets sont mis en avant par la communication de l’Élysée.

Syrie. Les deux chefs d’Etat s’entretiendront également du conflit en Syrie, où la France demande l’arrêt des opérations militaires menées par les forces du président Bachar al Assad, soutenu par Moscou, dans la région d’Idlib, dernière enclave des rebelles. Le président français n’imagine pas dénouer ces crises lors de l’entretien en tête à tête suivi d’un diner élargi mais veut trouver des points d’entente autour d’intérêts communs. « Rien n’est simple, tout est compliqué », souligne-t-on à l’Elysée. « Ce n’est pas un entretien, quel qu’il soit, et quelle qu’en soit l’intensité, qui permet de régler des problèmes aussi compliqués que ceux de l’Iran, de la Syrie, de l’Ukraine ».

Ukraine. Paris espère que l’appel du président ukrainien, Volodimir Zelenski, à reprendre les négociations pour mettre fin au conflit dans le Donbass sera entendu par Vladimir Poutine. Elu en avril, Volodimir Zelenski a promis de mettre fin à cette crise. Il a offert de s’entretenir en tête à tête avec Vladimir Poutine et appelé à des discussions au format « Normandie », qui réunit Ukraine, Russie, France et Allemagne. « Le président Zelenski fait des offres auxquelles il nous semble que le président Poutine devrait répondre de manière encourageante », dit-on à l’Elysée.

Iran. Pour enrayer l’escalade entre Washington et Téhéran et sauver l’accord de 2015 encadrant le programme nucléaire iranien, dénoncé l’an dernier par le président américain Donald Trump, Emmanuel Macron veut que Vladimir Poutine presse à ses côtés l’Iran de renoncer à enfreindre ses obligations. « L’enjeu très immédiat est d’éviter que l’Iran se départisse d’un nombre supplémentaire de ses obligations », après les écarts décidés ces dernières semaines en réaction aux sanctions commerciales américaines, dit-on à l’Elysée. Il faut ensuite casser la situation actuelle, qui voit « les Iraniens opposer une politique de résistance maximale à la pression maximale exercée par les Etats-Unis », en ouvrant la voie à une négociation, ajoute-t-on. Alors que l’Iran, dont les exportations de pétrole se sont effondrées, enjoint les Européens de lui apporter le soutien économique que leur promettait l’accord de 2015, Paris souligne que le mécanisme Instex, conçu pour continuer à commercer malgré les sanctions, est prêt mais que le dispositif miroir nécessaire côté iranien ne l’est pas. Au-delà de ce mécanisme, convaincre les entreprises européennes d’investir et de commercer avec l’Iran supposera très certainement d’obtenir un desserrement des sanctions et menaces américaines, insiste-t-on.

De l’art consommé d’enfoncer des portes ouvertes tout en faisant croire que l’on fait preuve de créativité. Rappelons qu’Emmanuel Macron s’entretiendra lors du sommet des dirigeants du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada), qui se tiendra du 24 au 26 août à Biarritz.

Nous imaginons qu’Emmanuel Macron interrogera son homologue russe sur le mystère entourant l’accident nucléaire qui vient de se produire dans son pays1 ainsi que sur la situation explosive à Hongkong2.

MORALE DE L’HISTOIRE : LES BONNES VIEILLES RECETTES DE LA DIPLOMATIE D’HIER !

En faisant preuve de mauvais esprit, ou tout simplement de bon sens, nous pouvons nous livrer à quelques remarques qui relèvent de l’évidence sur la relation franco-russe durant ces deux années de quinquennat d’Emmanuel Macron. La première est qu’il aura fallu plus de deux ans à notre brillant inspecteur des Finances pour s’apercevoir qu’il n’y avait qu’inconvénient à ostraciser un pays comme la Russie lorsque l’on veut peser sur le cours des affaires du monde. La deuxième est qu’une telle diplomatie gaullo-mitterrandienne nous aurait évité de faire le grand écart pour obtenir la réintégration de la délégation russe à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe en juin dernier3. La troisième est qu’il serait plus simple de militer pour la réintégration de la Russie au sein du G7/G8 pour nous épargner cet exercice ridicule de diplomatie de gribouille qui ne conduit qu’à des impasses. La quatrième serait de savoir qu’est-il advenu de tous ceux (politiques, diplomates, universitaires-chercheurs russophobes primaires4, visiteurs du soir…) qui, depuis le début du quinquennat, ont conduit Emmanuel Macron dans une impasse dans la relation bilatérale franco-russe ? Ne mériteraient-ils pas critique publique, voire sanctions pour les fonctionnaires félons ? Nombreux diplomates ont été promus, décorés, récompensés par de superbes ambassades. Un tropisme bien français. In fine, il ne faut jamais désespérer, y compris du bien surtout lorsque nous assistons à l’atterrissage inespéré de Jupiter sur le dossier russe.

Guillaume Berlat
19 août 2019

1 Nicolas Ruisseau/Nabil Wakim, Mystères autour d’un accident nucléaire en Russie, Le Monde, 15 août 2019, p. 3.
2 Frédéric Lemaître, Scènes de chaos à l’aéroport de Hongkong, Le Monde, 15 août 2019, p. 5.
3 Guillaume Berlat, Moscou marque un point à Strasbourg, www.prochetmoyen-orient.ch , 1er juillet 2019.
4 Ali Baba, Russie : les chiennes de garde sortent les crocs, www.prochetmoyen-orient.ch , 12 août 2019.

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 19-08-2018

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Commentaire recommandé

Kokoba // 19.09.2019 à 08h48

Blabla et comm mais jamais rien de concret.

Si tout d’un coup la France décide de lever les sanctions envers la Russie, alors on pourra y croire.
Mais çà voudrait dire s’opposer aux US et à l’Union Européenne.
Donc çà n’arrivera pas.

32 réactions et commentaires

  • Kokoba // 19.09.2019 à 08h48

    Blabla et comm mais jamais rien de concret.

    Si tout d’un coup la France décide de lever les sanctions envers la Russie, alors on pourra y croire.
    Mais çà voudrait dire s’opposer aux US et à l’Union Européenne.
    Donc çà n’arrivera pas.

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    • Jean D // 19.09.2019 à 10h06

      @Kokoba

      Allons plus loin. Si Macron entame un rapprochement avec la Russie (et l’Iran au G7) c’est probablement parce que Trump le lui a demandé.

      Voir l’article sur le G7 diffusé hier (à mon avis plus instructif, plus lucide et plus récent que le présent article de M. Berlat), ainsi que le lien vers la vidéo de Thinkerview (Eric Dénécé) proposé dans ce commentaire : https://www.les-crises.fr/g7-de-biarritz-plus-de-jeux-que-denjeux-par-guillaume-berlat/#comment-596117

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    • Logique // 19.09.2019 à 13h33

      « La dernière visite du Tsar à Versailles »
      « l’autocrate russe Poutine »

      Il est dans quel camp Berlat? A deux occasions il insulte le président de la Fédération de Russie. Le contexte ici ne justifie pas un tel traitement.

      De plus cet article est en partie obsolète, car il a été écrit avant le discours devant la conférence des ambassadeurs, qu’il faut lire pour le croire.

      https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/08/27/discours-du-president-de-la-republique-a-la-conference-des-ambassadeurs-1

      Commentaires sur ce discours:

      https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-baquiast/blog/300819/le-discours-d-emmanuel-macron-la-conference-des-ambassadeurs-le-27-aout-2019

        +4

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      • Louis // 19.09.2019 à 17h55

        « Il est dans quel camp Berlat? A deux occasions il insulte le président de la Fédération de Russie. »
        A mon humble avis, il se moque des expressions employées à cette époque par les détracteurs de Poutine, tout simplement. C’est de l’ironie.

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    • septique pointe à l’ambassade US // 19.09.2019 à 21h07

      « cénacle dont la Russie a été exclue depuis l’invasion de la Crimée »… »La dernière visite du Tsar » à partir de là j’ai lu en diagonale, la propagande on la connait, pas de temps à perdre….
      Remarque: ces derniers temps le « Tsar »(le cruel autocrate asiate!) a fait moins de victimes parmi les manifestants (téléguidés!) chez lui que notre lumineux représentant des banques US en a fait ici parmi les gens du peuple(en jaune).
      Qant à l’auteur: qui le paye, qui le nourrit?

        +8

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      • EchoGmt7 // 25.09.2019 à 05h10

        Bonjour,
        Idem en ce qui me concerne.
        On ne lavera jamais blanc avec une lessive sale.

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  • Zevengeur // 19.09.2019 à 09h34

    Je rejoins assez Eric Denece dans son interview sur Thinkerview qui estime que les ouvertures macroniennes vers l’Iran et la Russie sont teleguidees par onc’Donald !
    En effet ce dernier etant en lutte permanente contre son etat profond, il a besoin d’un eclaireur pour appliquer enfin ses engagements electoraux.
    D’autant que macron est bien incapable de la moindre initiative personnelle.

      +27

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  • Patrick // 19.09.2019 à 09h34

    Résumons :
    Angela méprise Jupiter, le fameux couple franco-allemand n’est qu’un mythe
    Papa Trump méprise Jupiter et l’UE , c’est le drame , les USA renie leur créature ( bon d’accord les autres présidents US méprisaient aussi l’UE mais ils évitaient de trop le montrer )
    Jupiter veut se présenter comme le sauveur du monde et le maître de l’UE … les autres ricanent

    Alors forcément , Jupiter n’est pas content et il veut exister , il s’aperçoit que ce n’est pas rentable de se comporter en marionnette , mais comment s’en sortir ? …. on vire de bord et on va faire des calins au méchant Poutine qui doit être mort de rire. Surtout que Angela est en train de s’apercevoir qu’elle a besoin du gaz Russe et qu’elle est dans la même démarche.

      +18

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    • Matt // 19.09.2019 à 11h53

      C’est de la geo-psycho-politique ?
      Sur quoi reposent vos considérations sur l’état d’esprit des dirigeants ?
      Surtout, êtes-vous certain que la psychologie soit motrice en matière de géopolitique ?

        +2

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      • Psyché // 19.09.2019 à 17h44

        En géopolitique ce sont des humains à l’oeuvre, donc oui, la psychologie joue.

          +6

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      • Matt // 19.09.2019 à 21h07

        @Psyché

        Quelle puissante considération de votre part, le comte de Lapalisse en aurait dit autant 🙂

        Monsieur d’la Palisse est mort,
        Il est mort devant Pavie,
        Un quart d’heure avant sa mort,
        Il était encore en vie.

        Cela dit, dans le domaine des Relations entre Etats, je préfère m’en remettre à des sources à la fois plus spéculatives et plus heuristique. Une porte d’entrée : https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_internationales#Th%C3%A9ories

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    • RGT // 19.09.2019 à 18h26

      En parlant d’Angela, j’ai souri en lisant au début de l’article « son rôle de leader autodésignée »…

      L’emploi du féminin est-il un lapsus révélateur pour désigner qui porte la culotte de l’UE ?

      En tout cas, j’ai bien ri en lisant ceci, ce qui a été salvateur en ces « heures sombres ».

        +1

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  • Duracuir // 19.09.2019 à 09h44

    « autocrate »? Poutine? En Russie, il y a une opposition, il y a surtout des médias d’opposition, ce qui n’existe pas en France où les médias sont soit sous le contrôle direct de l’Elysée soit sponsorisés directement par l’Elysée ou appartiennent aux oligarques proches de l’Elysée.
    l’autocratie Poutine ne mutile pas les manifestants , ne leur arraché pas les mains ou les yeux. Et l’autocrate Poutine n’a pas été élu grâce a un putsch mediarico-judiciaire.
    Franchement, y en a marre de lire les platitudes de Berlat presque tous les jours. Si ce blog n’est plus celui d’Olivier, dites le, je ne viendrai plus. Raz le bol

      +29

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    • marc // 19.09.2019 à 10h03

      tu as mal compris, ce n’est pas son avis personnel
      quand l’auteur de l’article appelle poutine un autocrate, il s’est mis dans la peau de macron, qui se sent un des maitres du monde et s’aligne sur la russophobie politiquement correcte partagée par les hautes sphères politiques occidentales
      tu es trop radical, tu dois lire plus sérieusement

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      • Duracuir // 19.09.2019 à 16h08

        Alors il aurait dû mettre des guillemets.

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    • MASSON // 19.09.2019 à 10h09

      « Autocrate » est employé par Berlat comme « méchant » et d’autres termes plus ou moins insultants .
      Il s’agit clairement d’ironie et de second degré : il reprend des termes utilisés par la presse française à l’égard de Poutine .
      En tout cas , c’est comme ça que je le comprends

        +10

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      • Duracuir // 19.09.2019 à 10h39

        Berlat connaît la langue française, il aurait mis des guillemets.
        Je préférerais qu’il m’explique pourquoi MAacron laisse une Allemande à la présidence de la commission. Et surtout cette allemande là, russophobe, belliciste et atlantiste acharnée.

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        • basile // 19.09.2019 à 12h27

          mais non, mon brave. L’autocrate de bas étage, c’est pour singer la presse et les politiques français. Mettre des guillemets réduisait la moquerie envers les russophobes. Il est courant d’utiliser exactement le langage des *** pour renforcer la moquerie, que seul les initiés comprennent.

          d’ailleurs, le titre du paragraphe est « le méchant Poutine »

            +6

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    • Jean D // 19.09.2019 à 12h57

      Amusant ce débat 🙂

      On a l’impression que ce qui intéresse les commentateurs ici n’est pas ce que dit l’auteur de l’article mais ce qu’il sous-entendrait. Comme si l’intérêt du texte se situait moins dans les mots qu’entre les lignes et dans la ponctuation…

      Cela laisse songeur sur la motivation des commentateurs. Un concours de lucidité ?

      C’est une réflexion toute personnelle mais j’ai l’impression que cet échange reflète :
      • qu’on ne sait plus lire les textes
      • où alors qu’on les lit trop rapidement (pour savoir si c’est du second degré il suffit d’être attentif, de lire jusqu’au bout et en cas de doute de relire)
      • qu’il s’agit d’un des effets de l’addiction à l’image / la vidéo qui inonde nos rétines (dans une vidéo les contre-sens sont impossibles, par les multiples canaux d’expression non verbales on voit en direct si la personne fait de l’ironie, on ne se pose pas la question des sous-entendus)

      Bref, une lente érosion de notre capacité à la lecture …

        +7

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    • Jean D // 19.09.2019 à 13h18

      J’ajoute qu’il suffit pour minimiser le risque de contresens de passer ses lectures au tamis de la critique par quelques questions en apparence très simples :

      • qui :
      qui écrit ? par chance on a Google pour tout connaître du pédigrée de l’auteur et ses éventuelles prises de position antérieures

      • quand :
      à quel moment / dans quelles circonstances il s’exprime ?

      • pourquoi :
      qu’est-ce qui motive l’auteur, ici il s’agit de commenter l’actualité (un billet d’humeur comme indiqué sur le site de diffusion original) et non pas de faire un historique de la guerre de Crimée depuis Napoléon III

      • où :
      support web à audience limitée, lien fourni en pied d’article (cf Proche & Moyen-Orient), ça compte pour comprendre son auditoire « cible »

      • comment :
      texte brut sans images mais avec des liens de référence

      Et bien entendu, comme il s’agit d’une diffusion indirecte via les Crises, il faut retamiser une seconde fois…

      … évidemment cela demande un peu plus de temps que de mettre des pouces bleus 🙂

        +5

      Alerter
      • marc // 19.09.2019 à 14h09

        moi je préfère lire attentivement, les apparences du messager peuvent tromper, mais c’est le message qui compte

          +0

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      • Kiwixar // 19.09.2019 à 14h11

        « J’ajoute qu’il suffit pour minimiser le risque de contresens de passer ses lectures au tamis de la critique »

        Le problème c’est qu’on n’a pas 72h de libres dans la journée pour tout lire ce qui est intéressant et actuel sur internet, tout en lisant des trucs plus anciens pour rattraper son retard… alors lire 2 fois, ou tamiser, ou se gratter la tête pour estimer si l’auteur (ou le commentateur) est ironique, ou citant textuellement quelqu’un d’autre qui l’est, ou citant ironiquement quelqu’un qui ne l’est pas?

        Le temps de cerveau disponible se réduit, les auteurs feraient bien de résumer/synthétiser/raccourcir, et clarifier explicitement leurs propos.

          +10

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      • Duracuir // 19.09.2019 à 16h14

        Par ailleurs, pendant des années, plus de cinq ans, j’ai lu ici des articles TOUT LE TEMPS passionnants, quotidiennement, et détonnant, détonants aussi. Ce n’est plus aussi vrai depuis qqs mois. Une sorte de normalisation. Je suis inquiet. Et pas seulement pour le blog.

          +8

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  • Pepin Lecourt // 19.09.2019 à 09h53

    On imagine le crédit que le rusé et intelligent Poutine accorde à l’agité Macron, son opinion est faite, il s’en amuse !

    Réintégrer le G7, Poutine a clairement fait comprendre qu’il ne demande rien et n’en a rien à cirer, les choses se décidant désormais ailleurs, les occidentaux se sont suffisamment essuyé les pieds sur la Russie, pour que Poutine ne fasse le moindre pas vers eux sans de très solides et concrètes concessions, tout en sachant qu’en aucun cas il ne pourra leur faire confiance.

    Poutine a parfaitement compris que désormais les choses sérieuses se passent en Asie, cela tombe bien, la Russie en fait partie, alors si les occidentaux veulent fricoter à nouveau avec Moscou, il leur faudra payer cash !

      +13

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    • moshedayan // 19.09.2019 à 13h08

      Je ne sais pas si Poutine est si rusé que ça: il est prudent et observateur en premier. Effectivement, il n’a pas apprécié l’accueil à Versailles mais il l’a mis sur le compte de son petit faux-pas « l’invitation de Le Pen à Moscou » il avait reçu Fillon, l’équipe de Macron se garde bien de dire si elle avait souhaité voir son candidat se rendre à Moscou. Mais passons, la prochaine fois, je gage que Moscou affichera sa volonté de recevoir tous les candidats ou aucun. Pour ce qui est du G7, Poutine vient de faire comprendre que ce n’était plus le format adéquat et qu’il préférait le G 20, donc la Russie ne demandera pas sa réintégration au G7 ou la déclinera même (car c’est en partie un piège).
      Quant au dialogue franco-russe, la Russie semble s’être fait une raison et se montre de plus en plus indifférente. Seuls quelques hommes d’affaires y tiennent.*
      Moi, je serai russe, « considérant les bras d’honneur que la France a fait à la Russie par le passé », je serai d’avis de laisser tomber et de ne plus s’intéresser à la France que pour quelques affaires économiques intéressantes.
      ps. le passage de Berlat sur les russophobes en France est juste et utile

        +9

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      • basile // 19.09.2019 à 16h48

        je partage totalement votre point de vue. Quand on est viré d’une bande (le G7) ou même de la maison, on n’y remet plus les pieds, malgré les yeux doux. D’autant plus qu’entre temps on est parti voir ailleurs.

        quand aux visites à Moscou (Fillon et autres) heureusement que Poutine, dans l’euphorie, n’a pas invité Salvini; Qui aurait cru qu’il aurait sauté si rapidement ? Sinon, les dirigeants de l’UE qui déjà n’aiment pas trop Poutine, cette fois auraient fait une syncope. Mais je crois que Poutine est devenu très prudent avec les alliances éphémères.

        sinon, Macron va à Москва le 9 mai 2020. Ca va grincer des dents chez certains. A moins que par un tour de passe passe dont on a le secret, on invente un prétexte pour annuler,

          +3

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      • Jean-Pierre Georges-Pichot // 21.09.2019 à 10h53

        Le rapport du type ‘je t’aime – moi non-plus’ est une constante des relations entre la France et la Russie. C’est toute l’histoire du pacte germano-soviétique, intervenu parce que la France, et non pas l’URSS, s’était refusée à une entente pour faire face à Hitler. L’attitude constante des Russes envers l’Europe occidentale est un désir d’intégration et de rapprochement rendu logique par leur relative arriération. La Russie a toujours été à l’école de l’Europe, tandis que l’Europe a toujours été rendue méfiante et craintive par la taille et la puissance potentielle du monde russe. C’est sur ces données de base d’histoire longue qu’il faut encore comprendre les péripéties contemporaines.

          +1

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    • Louis Robert // 19.09.2019 à 15h59

      La Russie du président Poutine ne demande rien à l’Occident.

      « J’espère que le bon sens l’emportera enfin « , a-t-il dit au sujet des sanctions. « Nous ne demanderons certainement rien… S’il y a de l’intérêt, nous répondrons volontiers en conséquence et ferons tout pour changer la situation pour le mieux. » (deepl.com complété)

      “I hope common sense will finally prevail,” he said regarding sanctions. “We definitely won’t ask about anything… If there is interest, we will willingly respond in kind and will do everything to change the situation for the better.”

      https://www.rt.com/business/462989-putin-us-sanctions-lift/

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  • Louis Robert // 19.09.2019 à 13h36

    Je crois qu’il serait profitable d’inclure ceci dans le contexte de notre réflexion. Il me semble que, bizarrement, l’on en ait très peu parlé…

    DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE EMMANUEL MACRON À LA CONFÉRENCE DES AMBASSADEURS ET DES AMBASSADRICES DE 2019

    https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/08/27/discours-du-president-de-la-republique-a-la-conference-des-ambassadeurs-1

    « L’ordre international est bousculé… un grand bouleversement… se fait sans doute pour la première fois dans notre histoire… avec une magnitude profondément historique. C’est d’abord une transformation, une recomposition géopolitique et stratégique. Nous sommes sans doute en train de vivre la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde…

    Les choses changent… Et puis c’est aussi l’émergence de nouvelles puissances dont nous avons sans doute longtemps sous-estimé l’impact. La Chine au premier rang mais également la stratégie russe menée, il faut bien le dire, depuis quelques années avec plus de succès…

    Regardons l’Inde, la Russie et la Chine. Elles ont une inspiration politique beaucoup plus forte que les Européens aujourd’hui. Elles pensent le monde avec une vraie logique, une vraie philosophie, un imaginaire que nous avons un peu perdu…

    Nous devons être une puissance d’équilibre… Nous ne sommes pas une puissance alignée. Je le dis ici avec beaucoup de force. »

    Surprise, la France désormais en marche parmi les pays non-alignés… Intéressant, non? Elle ne cesse de nous étonner.

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  • Vercoquin // 20.09.2019 à 00h42

    « les mouches ont changé d’âne comme le disait l’ex-commentateur de matchs de football, Thierry Roland »

    A mon avis, si j’ai bonne mémoire, ce n’est pas Thierry Roland dont il s’agit, mais plutôt de Pierre Albaladéjo.
    Par la suite, Pierre Salviac reprenait certaines de ses expressions.

    Je ne souhaite pas porter atteinte à la crédibilité de l’auteur du texte, qui regarde trop le foot à la télé et pas assez le rugby, ou l’inverse.
    Il s’agit simplement de « remettre l’église au milieu du village ».

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  • Robert // 20.09.2019 à 09h11

    Macron n’est pas un homme d’ état. Il n’a pas de vision stratégique et réagit au « coup par coup ». C’est un produit « marketing » élu par des consommateurs, pardon des électeurs, désinformés.

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  • Jean-Pierre Georges-Pichot // 21.09.2019 à 10h39

    Macron est une marionnette des Etats-Unis. Il est vain d’analyser ses apparences d’initiatives en matière de politique internationale. Poutine l’a d’ailleurs dit sans détour : la France n’a pas de politique étrangère indépendante. Et même si c’était faux, il suffirait que Poutine le croie pour faire des conversations Poutine-Macron un non-sujet. On peut penser que la seule raison que Poutine a de venir en France est qu’il cherche à donner à la Russie l’image d’un pays moins isolé qu’il n’est en réalité. Ce n’est pas pour régler sérieusement des affaires sérieuses avec un pays comme la France, qui ne compte pas, mais pour se donner un peu plus de poids auprès de ses interlocuteurs sérieux et importants : la Turquie, l’Iran et les pays arabes, par exemple.

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