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25.mai.202025.5.2020 // Les Crises

Les limites de la croissance et l’épidémie de Covid-19 – par Dennis Meadows

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Source : Chelsea Green Publishing
Traduit par l’équipe Les-Crises

Il y a quarante-huit ans, j’ai dirigé une étude de 18 mois au MIT sur les causes et les conséquences de la croissance de la population et de la production matérielle sur la planète Terre jusqu’en 2100. « Si les tendances de croissance actuelles … restaient inchangées« , nous avions conclu que « les limites de la croissance sur cette planète seraient atteintes dans les cent prochaines années« .

Pour illustrer cette conclusion, nous avons publié un ensemble de 13 scénarios générés par World3, le modèle informatique construit par mon équipe. Dans ces scénarios, les principaux indices mondiaux, tels que la production industrielle par habitant, ont généralement cessé de croître et ont commencé à diminuer entre 2015 et 2050.

L’épidémie actuelle ne prouve pas que nous avions raison.

Lorsqu’on demande aux climatologues si une tempête particulière prouve leur théorie du changement climatique, ils soulignent qu’un modèle de changement continu à long terme ne peut pas prévoir, ni être corroboré par un événement discret à court terme. Il y a toujours eu des tempêtes catastrophiques. Mais, soulignent les climatologues, les tempêtes de plus en plus fréquentes et violentes sont conformes à la thèse du changement climatique.

World3 est un modèle d’interactions continues entre la population, les ressources et le capital sur le long terme. Dans le contexte de 200 ans, la pandémie de COVID-19 est un événement discret et de courte durée. Il y a toujours eu des fléaux, mais les épidémies de plus en plus fréquentes et violentes sont conformes à la thèse des limites de la croissance.

Il existe deux principaux liens de causalité.

Premièrement, la croissance explosive de la population et de l’économie de l’humanité a mis à rude épreuve les écosystèmes naturels, réduisant leur capacité d’autorégulation et rendant plus probables les pannes telles que les épidémies. Dans un passé récent, la société mondiale a été confrontée au MERS, à Ebola, au Zika, au SRAS et au H1N1, ainsi qu’à des épidémies majeures de rougeole et de choléra. Et maintenant, nous avons le COVID-19.

Deuxièmement, la croissance de la consommation nous a obligés à utiliser les ressources de manière plus efficace. L’efficacité est le rapport entre la production que nous voulons et les intrants nécessaires pour la produire. Les mesures courantes de l’efficacité sont, par exemple, les miles par gallon, les années de vie prévues par dollar de soins de santé, ou les boisseaux de blé par gallon d’eau. Augmenter l’efficacité d’un système permet d’utiliser moins d’intrants par unité de production. En soi, une efficacité accrue est généralement une bonne chose. Cependant, l’augmentation de l’efficacité réduit inévitablement la résilience.

La résilience est la capacité à subir une interruption de l’approvisionnement d’un intrant nécessaire sans subir une baisse grave et permanente du rendement souhaité.

L’humanité vit sur une planète finie qui a commencé avec une quantité fixe de chaque ressource. Pour soutenir la croissance démographique et économique, la consommation des ressources finies de la planète a augmenté. En conséquence, les ressources ont été continuellement épuisées et détériorées. La fertilité des terres agricoles, la concentration de minerais, la qualité des eaux de surface et les populations de poissons marins font partie des milliers d’indicateurs qui montrent que la qualité moyenne à long terme des ressources est en déclin.

La production toujours plus importante à partir d’intrants toujours plus réduits a obligé la production à devenir de plus en plus efficace. Cependant, même les énormes progrès technologiques n’ont pas modifié le fait que la consommation détériore les ressources. Il a simplement réduit le taux de détérioration en diminuant la vitesse à laquelle nous utilisons les ressources pour produire chaque unité de ce que nous voulons.

Chaque secteur de la société est confronté au compromis entre efficacité et résilience.

Les constructeurs automobiles sont passés à la fabrication en flux tendu. Cela réduit le coût par voiture du maintien des stocks mais oblige des usines automobiles entières à fermer lorsque l’unique usine hautement efficace produisant une pièce dont elles ont continuellement besoin est interrompue. La production agricole s’est déplacée vers de grandes plantations monocultures pour la nourriture, le bois et les fibres. Cela réduit le coût du travail et du capital par tonne de production, mais augmente la vulnérabilité des cultures à un seul parasite ou à une perturbation des conditions météorologiques normales.

L’incitation à accroître l’efficacité a été stimulée par le fait que ceux qui peuvent produire et vendre la même production avec moins d’intrants font généralement plus de profits.

En conséquence, au cours du siècle dernier, on a assisté à un abandon massif des systèmes résistants au profit de systèmes efficaces – plus grande échelle, moins de diversité, moins de redondance.

La recherche du profit a été une force majeure qui a façonné le système de santé américain. Des efforts incessants ont été déployés pour réduire les niveaux de personnel, éliminer les stocks « inutiles » de fournitures et transférer la production de médicaments à l’étranger – tout cela pour réduire les coûts, c’est-à-dire rendre le système plus efficace.

Beaucoup ont profité de l’optimisation du système de santé pour être extrêmement efficace dans son utilisation des intrants. Aujourd’hui, nous payons tous le prix de la perte de résilience qui en résulte. Le COVID-19 a montré comment l’interruption rapide de certains intrants, tels que les masques, peut entraîner des baisses drastiques de résultats essentiels, tels que la qualité des soins de santé.

Le ralentissement de la croissance démographique et de la consommation de matériaux et d’énergie ne permettra pas d’éliminer le problème. Mais il réduirait la pression pour augmenter l’efficacité et laisserait plus de possibilités pour augmenter la résilience.

* Dennis Meadows est professeur émérite de politique des systèmes et de recherche en sciences sociales à l’université du New Hampshire, où il a également été directeur de l’Institut de recherche sur les politiques et les sciences sociales. En 2009, il a reçu le prix du Japon pour ses contributions à la paix mondiale et au développement durable. Et le prix 2019 de la Fondation allemande pour la promotion de la culture. Il est l’auteur de dix livres et de nombreux jeux éducatifs, qui ont été traduits dans plus de 15 langues pour être utilisés dans le monde entier. Il a obtenu son doctorat en gestion au MIT, où il était auparavant membre de la faculté, et a reçu quatre doctorats honorifiques pour ses contributions à l’éducation environnementale.

Source : Chelsea Green Publishing
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Commentaire recommandé

Crapaud Rouge // 25.05.2020 à 08h11

Excellent ! Je note que Meadows est le premier à établir ce lien simple et fondamental entre efficacité et résilience. Tout le monde pouvait le pressentir vaguement, lui l’exprime de façon nette et précise. Désormais, il apparaît comme « évident » que le fait de produire à grande échelle diminue la résilience par diminution de la diversité et de la redondance : l’agriculture en offre un exemple spectaculaire.

69 réactions et commentaires

  • jean-pierre.georges-pichot // 25.05.2020 à 07h39

    Du grand tort d’avoir raison ! Il y a cinquante ans, le rapport Meadows avait soulevé une intense polémique. Donner raison à Malthus contre Marx ne pouvait plaire ni aux fous de croissance et de progrès matériel, ni aux profiteurs des mêmes. De l’Huma au Figaro, c’était haro sur le Club de Rome qui voulait nous faire revenir à la bougie. Aujourd’hui, le même s’exprimant dans les mêmes termes semble ne faire que répéter des banalités connues de tous.

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    • Rafa // 25.05.2020 à 08h53

      Marx n’était un prophète que pour ceux qui voulaient en voir un à travers sa personne et il lui est arrivé de se tromper. Oui, il n’a pas vu qu’une croissance infinie dans un monde fini, était une aberration mortifère . Et beaucoup de ceux qui s’en revendiquaient non plus jusqu’à une époque récente. La plus part des marxistes ont ignoré, voire raillé, le rapport du Club de Rome ou celui de Meadows. Grave erreur.
      Néanmoins, je n’ai rien trouvé de mieux pour comprendre le Monde que le matérialisme historique et la lutte des classes. C’est cette base conceptuelle qui me permet aussi de comprendre les désastres engendrés par le système capitalisme qui entraîne, et lui seul, notre Planète à sa perte.

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      • jp // 25.05.2020 à 10h22

        L’homme est un animal soit disant intelligent qui se conduit le plus souvent comme un crétin, c’est certain, mais il n’est qu’un animal comme les autres. Croire qu’il peut à lui tout seul gouverner l’Univers n’a pas de sens. Ce ridicule Covid19 très peu mortifère rapporté à des virus autrement plus redoutables vient de déclencher une panique à l’échelle planétaire. Cette réaction absurde montre bien, une fois de plus, ce que nous sommes: pas grand chose !
        La planète peut encore continuer de tourner.

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        • Anouchka // 25.05.2020 à 11h06

          Les virus ne sont pas mortifères ou inoffensifs en soi. Tout dépend des circonstances dans lesquelles ils rencontrent un autre organisme et des spécificités de cet organisme.
          Je tire de la crise du covid les conclusions diamétralement opposées aux votres : loin de montrer aux aux humains à quels point ils ne sont « pas grand chose », elle est une manifestation paroxystique de la volonté de puissance et de l’orgueil prométhéen de la civilisation technicienne moderne – ce qui constitue d’ailleurs son ADN depuis le début.

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          • lois-economiques // 25.05.2020 à 12h45

            « elle est une manifestation paroxystique de la volonté de puissance et de l’orgueil prométhéen de la civilisation technicienne moderne ».

            D’une partie de la population, mais cette population fait parti des décideurs qui influencent la marche du monde.
            C’est le principe de la kalistrocratie constituée de deux mots grecs « Kalistos » superlatif de mauvais et de « kratos » le pouvoir, l’ascension au pouvoir des pires individus, notre époque moderne n’en manque pas…
            Ce que Juan Branco a si bien résumé: « Ils ne sont pas corrompus, ils sont la corruption ».

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        • fanfan // 25.05.2020 à 16h34

          Ceci a été rendu possible avec la nouvelle définition de la pandémie que l’OMS a publié en avril 2009. L’ancienne définition parlait d’un virus nouveau, à propagation rapide, pour lequel l’immunité n’existe pas, et qui entraîne un taux élevé de malades et de décès. Dans la nouvelle formulation, ces deux derniers points sur les taux d’infection ont été supprimés, de sorte que la grippe A est entrée dans la catégorie des pandémies.

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      • Anfer // 25.05.2020 à 11h05

        Marx avait écrit que le capitalisme épuisait la terre et les hommes.

        Je pense qu’il avait compris cette non soutnabilité.

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        • Anouchka // 25.05.2020 à 11h24

          Bien plus que ça : il a écrit très clairement dans un texte (que malheureusement je ne retrouve pas) que l’exploitation de la terre était le modèle de l’exploitation des hommes et que la seconde découlait nécessairement de la première.
          Le productivisme soviétique est très largement issus du léninisme et du stalinisme qui avaient à faire face aux nécessités de la lutte avec des impérialismes extrêmement agressifs. Leur modèle de développement n’est pas exactement le marxisme, mais bien plutôt l’econmie de guerre.

          En outre, Meadows et le club de Rome sont bien gentils, mais leur réflexion est typique d’occidentaux repus et blasés par l’overdose de biens de consommation. Marx (et Engels) voyait la misère effroyable, les enfants dévorés par les usines et les infections liés à la malnutrition. Sa perspective n’est pas du tout la même… Marx n’a écrit nulle part qu’il était pour une croissance infinie. Il appelait de ses voeux le remplacement des esclaves humains par des machines mais pas dans une optique de consommation de toujours plus de luxe et de produits superflus.

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          • marc // 25.05.2020 à 18h19

            « Vous êtes membre de ce club occidental et le coût de votre ordinateur représente le revenu annuel de 3 travailleurs indiens… »
            Vous voulez dire que c’est de sa faute si en Inde on est le roi du pétrole avec 100 euros?
            Vous n’êtes pas sérieux.

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          • Jean-pierre.georges-pichot // 27.05.2020 à 16h15

            C’est une question de fond, et je ne suis, en toute modestie, n’étant pas un grand marxologue pas d’accord. Je crois que l’opposition Marx/Malthus est fondamentale et reste éclairante. Malthus, qui est très traditionaliste, voit l’homme comme une espèce naturelle avec des besoins élémentaires constants à satisfaire dans un rapport stable avec la nature. De nos jours, Lévy-Strauss et nos écologistes conséquents sont très proches. Marx, qui est imprégné de la pensée hégélienne croit que les contradictions se surmontent par la technique. Il pense que la sortie de crise se fait toujours par le haut, avec plus de science et de nouveaux dispositifs artificiels. Il est le père spirituel de nos post-humanistes. Il faudrait introduire comme troisième terme Darwin, qui met en avant le conflit, et qui lointainement est le père spirituel des fascismes : l’homme comme espèce naturelle prédatrice. A approfondir et détailler bien entendu.

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        • moshedayan // 25.05.2020 à 14h27

          Lorsqu’on regarde ce qui se passe dans l’Industrie automobile à l’instant et les intentions à l’instant T, on se dit que ce système effectivement marche sur la tête – tout est fait pour amener le consommateur à consommer plus et plus lourd…- grosses voitures ou petits modèles « gonflés » en petit suv… bien moches, gros pneus, etc…
          Si vous pensez que la Ploutocratie veut changer ! Tfuu, Chtuch !
          Si elle voulait le faire elle dirait dès maintenant : stop à cette production de ce type de véhicules…passons à… des véhicules plus légers avec une carrosserie garantie 30 ans et un moteur évolutif, standardisation des instruments intérieurs à 3 catégories maximum (indépendamment des marques, seules les couleurs changeront intérieur-extérieur) retour des phares en verre recyclable moins polluant (pas ce polycarbonate qui dépolit avec le temps et irrépérable…) interdiction de certaines largeurs de pneus suivant le chassis – ce qui éliminera les suv, etc… vous entendez cela… Non rien … nitchevo Bon courage et que dire d’autres efforts possibles immédiatement… et qui n’arriveront pas…

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          • Bouddha Vert // 26.05.2020 à 01h09

            Effectivement, c’est à cause des méchants législateurs et industriels que les gentils citoyens consomment comme des « abrutis »… (??!)
            Agir comme un citoyen responsable améliore les choses en tout cas certainement plus que de critiquer la route que le berger aurait fait emprunter au troupeau.
            Rien n’a changé depuis Bossuet et Dieu continue de rire.

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            • Totote // 26.05.2020 à 13h27

              les citoyens consomment ce qu’il est possible de consommer.
              Pour les phares en polycarbonates, ils se repolissent chez le carrossier et on peut les vernir pour qu’ils tiennent beaucoup plus longtemps. malgré tout ce sont des matières premières polluantes et non recyclables. Moi j’aurai bien acheter des phares en verre mais ça ne se fait plus !
              J’ai adhérer à un projet de machine à laver « l’increvable » entièrement conçue contre l’obsolescence programmée. Aller voir sur leur site internet.
              Eh bien 5 ans après ils n’ont trouvé aucun industriel prête à les financer.
              Pourtant ils ont fait une collecte et j’avais personnellement avancé 100 €.
              Qui m’ont été remboursé après l’échec du projet.
              Vous m’excuserez mais ce ne sont pas les consommateurs qui font la loi, ce sont les entreprises. Si l’on veut remettre de l’ordre et de la morale (écologie, économie, recyclabilité etc.) il faut LÉGIFÉRER !
              Parce que les entreprises, la seule chose qui les intéresse c’est le profit, toujours plus d’argent à gagner le reste, elles s’en foutent…
              Dans la même logique vous avez cet article édifiant :
              https://www.monde-diplomatique.fr/2019/02/CHAMAYOU/59563
              Stop à la mauvaise foi de la responsabilité individuelle. C’est faux.

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      • Blabla // 25.05.2020 à 14h12

        Marx a finement analysé les phénomènes en branle de son époque mais négligé des paramètres comme le renouvellement des ressources qui ne se faisait pas remarquer alors. La lutte des classes est réelle et importante dans son cadre, mais ne représente pas tout. J’ai déjà entendu parler de marxisme écologique, mais cela représentait une tentative de recyclage du marxisme sans intégration réelle de l’écologie. Je suppose que le chantier est encore ouvert.

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  • LibEgaFra // 25.05.2020 à 07h41

    Faire du système de santé une affaire profitable: tout est dit. Idem pour les retraites. Il faut sabrer dans tout ce qui coûte « un pognon de dingues ». Privatiser la santé, c’est faire un système pour les riches avec des travailleurs sous-payés, et que les pauvres se débrouillent pour ne pas tomber malades.

    Adieu égalité devant les traitements et adieu la fraternité!

      +18

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  • Crapaud Rouge // 25.05.2020 à 08h11

    Excellent ! Je note que Meadows est le premier à établir ce lien simple et fondamental entre efficacité et résilience. Tout le monde pouvait le pressentir vaguement, lui l’exprime de façon nette et précise. Désormais, il apparaît comme « évident » que le fait de produire à grande échelle diminue la résilience par diminution de la diversité et de la redondance : l’agriculture en offre un exemple spectaculaire.

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    • Patrick // 25.05.2020 à 11h54

      Lle lien avait été fait depuis par des gars sur le terrain.
      Pendant un conflit social ( sidérurgie , fin des années 80 ) , un syndicaliste m’avait dit : » avec le flux tendu , le patronat nous a fait un sacré cadeau  » .. blocage de l’usine qui avait entrainé le blocage de l’usine cliente .. y’avait plus qu’à attendre.
      Ce qui est étonnant c’est que les industriels ne se sont pas posé plus de questions .

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      • Loxosceles // 25.05.2020 à 12h07

        Ils ont sans doute trouvé la parade dans les délocalisations. Cadeau empoisonné, donc.

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        • calal // 25.05.2020 à 13h09

          et le « soutien financier » apporte a certains syndicalistes (ex caisse noire de l’UIMM)

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          • Patrick // 25.05.2020 à 14h56

            la caisse noire était juste là pour « fluidifier » les rapports sociaux.
            A noter que lors du procès , y’a bien un gars qui était accusé d’avoir détourné l’argent mais personne ne s’était demandé où était passé tout cet argent .. moi je trouve ça bizarre.

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      • Crapaud Rouge // 25.05.2020 à 12h18

        Si les industriels ne se sont pas posé plus de questions, c’est évidemment parce que les risques de blocages pesaient beaucoup moins lourd que les avantages des flux tendus. Le syndicaliste s’est un peu vanté : le « cadeau » était léger, sinon il faudrait expliquer pourquoi il n’a rien changé à la condition ouvrière.

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        • Patrick // 25.05.2020 à 13h04

          Le « cadeau » n’a été utilisé que de façon ponctuel, opportuniste.
          Mais il aurait du constitué un avertissement pour les industriels , puisqu’une grève n’est finalement que l’un des problèmes potentiels de la « supply chain » ( comme ils disaient tous ).
          La délocalisation n’a fait qu’accentuer le problème.
          Le problème principal étant l’absence de redondance du système, il faut toujours avoir plusieurs fournisseurs bien distincts et plusieurs voies d’approvisionnement.

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          • Barachin // 25.05.2020 à 15h21

            « il faut toujours avoir plusieurs fournisseurs bien distincts et plusieurs voies d’approvisionnement. »

            Certes, mais l’objectif d’une entreprise étant la maximisation des profits … si rien ne les oblige à sécuriser leurs approvisionnements, elles ne vont pas le faire spontanément.

            Voyez-vous où je veux en venir ? Les prétendues « lois du Marché » qui sont sensées allouées les ressources de manière optimale sont des constructions mentales totalement hors sol. Tout comme la concurrence libre et non faussée érigée en dogme des relations d’échange.

            Il faut remettre la loi, la vraie au-dessus de toutes ces croyances mythologiques datant du début du XIXe siècle.

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            • Patrick // 25.05.2020 à 16h09

              La crise en cours est une bonne leçon pour ça.
              Je me souviens de ceux qui voulaient des entreprises « Fab-less » et de ceux qui délocalisaient en me disant que de toute façon les chinois étaient trop c.. pour faire autre chose que de l’assemblage bas de gamme .
              Les états n’ont pas fait mieux en achetant toujours au moins cher , ils ont accéléré le mouvement ( ex : abandon de la fabrication des masques en France , parce que le plus gros acheteur , l’état, préférait acheter moins cher en Chine )

              Grosses erreurs d’appréciation, les lois du marché vont faire un sort à tous ces comportements.

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              Alerter
            • Barachin // 25.05.2020 à 17h47

              « vont faire un sort  »
              C’est bien ce que je vous répète … le libéralisme, c’est de la pensée magique.

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    • fanfan // 25.05.2020 à 16h46

      C’est pas près de changer ?
      Les GOPÉs 2020-2021 sont sorties : Le monde d’après sera comme le monde d’avant.
      Brussels, 20.5.2020 COM(2020) 510 final : COUNCIL RECOMMENDATION on the 2020 National Reform Programme of France and delivering a Council opinion on the 2020 Stability Programme of France.
      – Présentation par F Axxelineau : https://www.youtube.com/watch?v=d1lQxA73V-c
      > Le fichier à télécharger : https://ec.europa.eu/info/sites/info/files/2020-european-semester-csr-comm-recommendation-france_en.pdf

        +6

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  • jc // 25.05.2020 à 08h16

    Progrès, innovation. Peut-être faudra-t-il se souvenir un jour de ce que disait Aristote: c’est l’art (teknè en grec ancien) qui imite la nature, et non l’inverse (dans ces conditions à quoi riment la propriété intellectuelle et la prime à l’invention?).
    Flux et stocks. En Physique moderne-classique(!) il y a un principe de moindre action -plus précisément d’action extrémale-, dû à Maupertuis, qui dit qu’une variation d’énergie potentielle doit être compensée par une variation égale d’énergie cinétique. Peut-être y-a-t-il un principe analogue en économie entre les flux et les stocks, principe jusqu’à présent occulté (et peut-être y-a-t-il même un tel principe au niveau métaphysique entre puissance et acte, comme le propose le philosophe Stéphane Lupasco)?
    Pendant ce temps « nos » médias mainstream commencent à préparer l’opinion en nous expliquant doctement que l’évolution économique post-Covid qui s’annonce -la faillite d’un grand nombre d’entreprises- est inéluctable, loi social-darwinienne de la concurrence libre et non faussée oblige.

      +13

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    • TZYACK // 25.05.2020 à 16h03

      Il y a actuellement une opportunité unique et historique pour les salariés des entreprises privées qui sont ou seront mises en faillite à cause des conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19, de pouvoir en racheter (RES), à moindre prix, les actifs nets pour en devenir des cogestionnaires – ainsi que l’avait souhaité de Gaulle -, évitant ainsi des licenciements massifs, inutiles et coûteux.

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  • Gaby // 25.05.2020 à 09h18

    J’ai longtemps pris les théories de l’effondrement et en particulier le rapport meadows comme justes et inévitables. Mais je dois dire que cette épisode du coronavirus a provoqué chez moi une forte remise en question. En fait, avec ces modèles d’analyse, on ne prétend pas moins que d’être capable de prévoir l’avenir, en le conditionnant à une série complexe de paramètre interdépendants ,et c’est pareil pour les modèles climatiques. Or nous sommes face à des systèmes hyper complexes et je doute désormais de notre capacité à appréhender réellement l’ensemble de ces paramètres, de tous les identifier et de comprendre parfaitement leurs interaction. En d’autres termes, celui qui prétendrait savoir ce qui va se passer dans 30/40 à partir des données du présent, je lui réponds « Mon oeil ! ».
    Nous n’avons même pas été capable de modéliser correctement l’évolution d’une épidémie (voir les prévisions du « grand scientifique » Neil Ferguson) sur quelques semaines, et on prétend prévoir le climat sur une planète aussi complexe que la nôtre à plusieurs décennies ? Que des scientifiques travaillent sur des modèles ne me dérange pas, mais qu’on en terrifie littéralement des générations entières, qui ne savent plus à quoi se raccrocher tellement les promesses sont sombres, alors qu’on ne peut garantir la certitude de ce que l’on annonce, non !
    J’en ai marre de vivre sous la menace, il y a tant de choses à changer dans ce monde et ce n’est pas par la terreur qu’on y parviendra.

      +23

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    • Owen // 25.05.2020 à 10h10

      Pourtant, la prévision des stocks planétaires (ressources productives et réserves écosystemiques), sont bien plus simples à prévoir que le comportement d’un nouveau virus: un jour, il n’y en a plus.

      C’est bien pour cela que Meadows revient sur la résilience, la capacité à s’autogérer. J’écris « revient », car c’est le premier sens, complètement oublié, d’oiko-nomos: la gestion des ressources de la maison. Ladite maison étant devenue maintenant planétaire avec 7,5 milliards d’habitants.

      Ce n’est plus une question de capitalisme ou de communisme, mais de fin de productivisme, de relocalisation économique et de communautés en maximum d’autosuffisance.
      Ce n’est pas de comprendre qui est difficile, mais de l’admettre.

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      • Gaby // 25.05.2020 à 10h34

        Certaines ressources sont finies à notre échelle de temps, c’est en effet indiscutable. Et cela doit être pris en compte dès aujourd’hui. C’est pourquoi je prône aussi la sobriété, l’autonomie (toujours relative) et la relocalisation. Avant tout pour la vie qu’on y trouvera.

        Sauf que là on parle de modèles qui prévoient, quel que soit le scénario choisi, la mort de la moitié de l’humanité dans les prochaines décennies. Vous trouvez ça sain comme base pour prendre une autre direction ? J’ai baigné toute mon enfance dans des discours comme celui-ci « on va droit dans le mur »… tenus par des personnes qui pour certaines n’ont même pas hésité à voter Macron en 2017. J’ai passé une partie de ma vie de jeune adulte à être littéralement terrorisée par l’avenir que « les scientifiques », qui ne pouvaient pas se tromper, nous annonçaient. Et je crois que mon témoignage n’est qu’une goutte d’eau dans un océan d’angoisse.
        Aujourd’hui, je prends du recul et je vois partout autour de moi le pouvoir de la peur sur mes concitoyens, qui ne laissent même plus deux enfants s’approcher dans les parcs.
        On a pas besoin de la menace de l’apocalypse pour critiquer ce monde et construire une autre vie. Je dirai même : au contraire !

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        • Owen // 25.05.2020 à 11h17

          Bonjour Gaby,

          Le senior peut se dire « après moi le déluge » et mettre la peur de côté.
          Celui qui a moins de 20 ans, non.

          D’autre part, l’avenir est entre deux termes: la résilience ou la dystopie. La dystopie est déjà à l’oeuvre: le 1/99%, la caste et les gueux, avec le sourire médiatique permanent et la censure derrière pour faire avaler ça. Cette dystopie peut être capitaliste, communiste, écologique ou scientiste, c’est pareil: la bonne vieille gestion des gueux pour maintenir la caste.

          Ou la conscience monte du collapse à venir qui dégage la voie d’une nouvelle aventure vers la résilience. Avec les moyens scientifiques (low tech…), politiques, sociaux. Il y aura de la casse quand même. Mais avec un sens retrouvé à nos vies, une aventure humaine individuelle et collective, alors qu’on sait tous qu’on vit actuellement en absurdie.

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          • Anouchka // 25.05.2020 à 11h29

            Donc en clair, la motivation ultime de la révolution (low tech, …) que vous appelez de vos vœux est une question de sens que l’on donne à la vie – une motivation d’ordre spirituelle et religieuse, donc.

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            • Owen // 25.05.2020 à 12h27

              Peut importe, chacun sa manière.
              La différence est le rapport à la peur, si on ne sait pas quoi faire, ou bien si on sait qu’on peut faire quelque chose.

              Ma « came », c’est la théorie Gaïa, de Lovelock et Margulis:
              « La Terre est un être vivant ».
              Toute la biosphère est en interaction permanente avec un nombre insoupçonné de liens entre les milieux aquatique, terrestre, atmosphérique). Par exemple, les plantons servent de régulateurs pour entretenir les proportions nécessaires entre les gaz de l’atmosphère et même pour réguler l’ensoleillement.

              Mais encore une fois: chacun ses raisons et motivations à la prise de conscience. Pour que chacun ait conscience d’agir, plutôt que subir la névrose.

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          • Gaby // 25.05.2020 à 11h44

            Je dois être vieille avant l’heure alors puisque j’ai 28 ans (et un fils en bas âge, quelle folie dans ce monde !)

            Je vous rejoins sur beaucoup de point mais je persiste à penser que ces modèles prédictifs ne devraient en aucun cas constituer des bases de justification de privations de liberté et d’instauration de société de contrôle et de surveillance comme nous l’avons vu dans cette crise.

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            • Subotai // 26.05.2020 à 18h52

              « je persiste à penser que ces modèles prédictifs ne devraient en aucun cas constituer des bases de justification de privations de liberté et d’instauration de société de contrôle et de surveillance comme nous l’avons vu dans cette crise. »
              ————–
              M’enfin! Qui vous oblige à l’accepter?
              Soyez réaliste, tentez l’impossible; l’avenir n’est écrit nulle part.

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          • Patrick // 25.05.2020 à 13h07

            Dans une société traditionnelle, le senior a des enfants , donc « après moi le déluge » ça ne prend pas.
            Dans nos sociétés « modernes » dans lesquelles l’état vous promet de tout faire et de s’occuper de vous jusqu’au bout , certains qui ont cru à ces promesses n’ont pas d’enfants et peuvent parfaitement se dire « après moi le déluge » .. sauf qu’ils vont s’apercevoir que l’état ne pourra rien pour eux.

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            • Barachin // 25.05.2020 à 15h15

              Le Welfare state comme ferment de déresponsabilisation des citoyens … mais jusqu’où ira se nicher votre phobie de l’Etat ?

              Donc vos concitoyens seraient de grands enfants, des assistés. On reconnaît bien là la pensée du chacun pour soi bourgeois 🙁

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            • Patrick // 25.05.2020 à 16h14

              Welfare State ? une simple illusion bâtie sur des dettes et des promesses.
              Le fait de toujours compter sur l’état déresponsabilise les citoyens et les laissera dans le dénuement le plus complet, quand tout le monde n’a compté que sur l’état et que l’état est en faillite complète … il ne reste qu’un peuple de mendiants.
              Les solidarités les plus solides ont toujours été les solidarités familiales , ce sont celles qui ont traversé les siècles , elles n’excluent pas la solidarité avec les autres membres du groupe.

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        • Mat // 25.05.2020 à 11h26

          Je suis d’accord avec vous deux.Oui Gaby, il faut avancer vers un monde soutenable en prenant garde à rester heureux chaque jour. Oui Owen, l’étude du club de Rome nous indique où mène le productivisme et la poursuite de l’efficacité à tout crin dès qu’on considère la finitude des stocks de ressources : l’effondrement. Oui, c’est anxiogène et ça tétanise. Ce n’est pas en le niant que cette vérité disparaît. Il faut arriver à le dépasser et rechercher l’équilibre entre efficacité et résilience et le monde qui en découlerait pourrait être encore bien plus beau que celui dans lequel nous vivons, j’en suis convaincu.

          Maintenant, je voyais cet épisode du COVID-19 comme une opportunité d’infléchir le cours des choses, de tourner quelque peu la barre vers le un cap plus résilient. Mais j’ai l’impression, peut-être à tort, qu’on se dirige vers un « comme avant » mais en pire. C’est là que je rejoins Gaby dans ce ras-le-bol de l’angoisse. Aller vers cette résilience reste donc toujours et encore un acte personnel et militant. C’était déjà le cas et ça le reste malheureusement.

          Bon et ben allez !! On y va quand même et on n’oubliera pas de prendre l’apéro de temps à autre 🙂 Merci à vous deux pour vos partage, je me sens moins seul.

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          • Anouchka // 25.05.2020 à 11h42

             » je voyais cet épisode du COVID-19 comme une opportunité d’infléchir le cours des choses, de tourner quelque peu la barre vers le un cap plus résilient »… Nous y voilà… l’espoir romantique de toute une série de gens (très bien représentés sur ce blog, j’ai l’impression) qui voyait les prédictions catastrophiques en matière de taux de mortalité et le confinement strict comme un gral capable d’accélérer « l’effondrement » – comme d’autres anticipent la venue imminente du jour du jugement dernier…
            Sans voir que cette crise était surtout une crise d’hystérie hygiéniste et de délire scientiste hyper-techniciste…

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            • Mat // 25.05.2020 à 12h08

              Bonjour Anouchka,

              Même si le confinement n’était pas nécessairement la meilleure solution, le fait qu’il ait lieu, que l’économie se ralentisse, que les chaînes d’approvisionnement se rompent donne du temps et de l’espace à une réflexion. Et oui, je maintiens que c’est une opportunité même si c’est « une crise d’hystérie hygiéniste et de délire scientiste hyper-techniciste »

              Je ne me considère pas comme un romantique, je pense être conscient du moment que nous vivons mais comme Gaby et je souhaite projeter sur le monde une vision positive, souhaitable et attractive. La haine et la peur ne font que tétaniser tout le monde.

              Mais bon, peut-être suis-je un romantique et je trouve que vous leur menez la vie dure…

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            • Patrick // 25.05.2020 à 13h10

              le virus n’a été que le déclencheur d’une crise qui se préparait depuis bien longtemps.
              Mais dans l’état actuel des choses , les gouvernements n’ont pas d’autres choix que d’essayer de faire redémarrer « comme avant » puisque aucun pays . Donc c’est le redémarrage à marche forcée ou le chaos dans six mois. Ils sont coincés, et nous avec.

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          • Catalina // 25.05.2020 à 22h34

            Barachin
            « Donc vos concitoyens seraient de grands enfants, des assistés.  » il y a d’autres pistes dont celle-ci :
            Kohlberg a identifié six stades de développement moral
            Les stades 1 et 2 sont ceux qui marquent l’enfance. Au premier stade, l’enfant cherche l’évitement de la punition et s’oriente vers l’obéissance à l’autorité. Il est centré sur les conséquences directes que ses actions auront sur lui-même. Au stade 2 l’enfant est uniquement centré sur son intérêt personnel : c’est toujours dans une optique limitée par l’égocentrisme qu’il intègre les récompenses et les avantages à accomplir telle ou telle “bonne action”. Il n’y a aucune perspective sociale ou relationnelle. Être ego-centré, pour sa satisfaction et son intérêt, bien sûr, est typique du stade 2 et de nombreux psychopathes ne le dépassent pas.

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            • Catalina // 25.05.2020 à 22h35

              suite :
              Les stades 3 et 4, caractéristiques des adolescents et des adultes, sont ceux “de la moralité conventionnelle” qui consiste à juger de la moralité d’une action en fonction des attentes et des opinions de la société. Il s’agit de se conformer à ce que la société présente comme “moral” et “bien”. Au stade 3, l’individu maintient de bonnes relations et sera réceptif à l’approbation ou à la désapprobation des autres. Être jugé positivement est avantageux et il s’agit d’être à la hauteur des attentes. Au stade 4, il devient important pour l’individu de respecter les lois et les conventions sociales présentées comme indispensables pour le maintien de l’ordre social. Au stade 4, violer une loi est inadmissible et moralement répréhensible. Kohlberg établit que la grande majorité des adultes les plus actifs au sein de la société demeurent au stade 4 où la morale est dictée par des forces extérieures et non par un choix personnel conscient.

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    • Jean D // 25.05.2020 à 10h39

      Gaby

      Si je comprends bien c’est une lassitude « des discours qui font peur » qui vous conduit à douter du bien fondé des projections (et non prévisions) du rapport Meadows.

      Contrairement à ce que vous indiquez, anticiper ce qui va se passer dans 30 ou 40 ans n’est pas très compliqué (cf GIEC & IPBES), du point de vue
      • du dérèglement climatique : réchauffement global, fonte des glaces, montée des eaux
      • et de la perte de biodiversité : perte continue de la faune sauvage

      Les difficultés pour établir les projections concernent :
      • les « aléas » de type catastrophique (par exemple si le bloc nord-ouest de l’Antarctique se détache)
      • l’emballement de certains phénomènes (boucles de rétroactions positives, par exemple les conséquences de la libération du méthane dans l’atmosphère suite à la fonte du pergélisol) qui rend l’évolution non linéaire et accentue les phénomènes
      • SURTOUT, la variable anthropique. Ce sont nos sociétés thermo-industrielles qui produisent ces dérèglements via l’émission de gaz à effet de serre et l’extractivisme.

      Appuyer fortement sur le frein pourrait – non pas faire mentir le rapport Meadows – mais nous faire changer de scénario.

      Doc à voir : https://www.youtube.com/watch?v=uTrP3escs0s

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      • Gaby // 25.05.2020 à 11h26

        Non vous prenez ma réaction dans le mauvais sens : ce n’est pas la lassitude qui m’a conduit à ce constat mais bel et bien la prise de conscience de la prétention qu’il y a à affirmer prédire un système complexe et chaotique tel que le climat alors que cette science est si jeune que l’on a aucun recul sur la réussite de nos modèles « prédictifs ».
        Il me semble en effet que :
        – nous n’avons pas une connaissance exhaustive des paramètres qui font varier le climat. Est-ce que je me trompe ?
        – Nous n’avons pas une connaissance exhaustive des phénomène de rétro-action entre les différentes variables (vous le dîtes vous-même)
        – On ne peut pas, par définition, prévoir des phénomènes imprévisibles qui auront pourtant un impact sur le climat (théorie du chaos).
        – la moindre variation dans un des paramètres peut faire changer les résultat significativement (on l’a vu pour le coronavirus).

        A partir de là je ne vois pas comment la prévision du climat à moyen terme peut-être facile, mais c’est vrai que je ne suis pas une grande scientifique comme Neil Ferguson.

        La perte de la biodiversité est un autre sujet, et quoi qu’il en soit je m’oppose au gaspillage, à la pollution généralisée des sols et des eaux, à l’extractivisme sans limite et je crois que ce sont des sujet autrement plus clairs et mobilisateurs qui malheureusement passent au second plan.

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        • Owen // 25.05.2020 à 12h00

          Ça, je partage complètement et je comprends mieux votre questionnement: si les pays « les plus développés » gèrent le climat comme ils ont géré ce coronovirus, c’est loin d’être probant.

          Je ne suis pas « climatoseptique », mais énervé quand même. Le GIEC, c’est la salle de warnings dans laquelle on nous enferme: des clignotants qui hurlent dans tous les sens, sans qu’on sache quoi faire. Mais il faut faire confiance à « l’autorité ». Sachant que cette même autorité nous mène droit au collapse. Et sans qu’on soit capable de faire la part des choses. La fondation Gates est à fond pro GIEC, elle agit pour l’humanité, mais il faut du temps pour comprendre qu’elle agit pour la caste (et l’autorité nous dit que c’est complotiste).

          L’inventaire des ressources planétaire est bien plus parlant, pour un enfant comme pour un senior: ce qu’il reste de poissons dans les mers, de forêts, de gaz, d’animaux, etc… Bref le suivi général et disponible de l’inventaire planétaire. La compréhension commune de ce qu’il y a à faire vient plus facilement, de façon plus évidente. Les entourloupes des autorités qui nous expliquent car c’est trop dur à comprendre seraient bien plus difficiles.

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          • Subotai // 26.05.2020 à 19h08

            «  »Le GIEC, c’est la salle de warnings dans laquelle on nous enferme: des clignotants qui hurlent dans tous les sens… » »
            Yep! Au moins on a le signal : Danger!
            Notez que c’est très récemment qu’une majorité à reconnu la pertinence de l’alerte. Il n’y a pas si longtemps, soit on ignorait le voyant rouge et la sirène, soit on disait que c’était une fausse alerte ou pire, que c’était une embrouille malfaisante.
            Tout naturellement aucune action n’était entreprise pour résoudre le problème et ainsi couper la sirène et remettre les voyants au vert.
            Donc l’alerte a continué à hurler…

            «  » sans qu’on sache quoi faire. «  »
            Personne ne vous demande de sauver le monde. Mais que pouvez vous faire de VOTRE sentiment, ici et maintenant dans votre quotidien et avec votre conscience?
            Si vous ne savez pas, ne faites |RIEN|. Si vous avez un idée, FAITES.

            «  »Mais il faut faire confiance à « l’autorité ». Sachant que cette même autorité nous mène droit au collapse. «  »
            Et c’est QUI l’autorité, sinon nous même?
            Pourquoi ne pas « voter » la où ça fait mal: avec son porte-monnaie?

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      • Jean D // 25.05.2020 à 12h04

        Merci pour votre précision.

        « A partir de là je ne vois pas comment la prévision du climat à moyen terme peut-être facile, »

        Cela dépend du degré de fiabilité que vous exigez. Savoir si en 2050 ce sera +1,5 ou + 2° d’augmentation globale de la température n’est effectivement pas facile, et anticiper les conséquences sur telle ou telle partie du globe encore moins.

        Cela étant dit, savoir si c’est +1,5 ou + 2° n’est, du point de vue de l’information fournie au grand public, pas l’essentiel. Dans tous les cas, les populations doivent être informées que les conséquences seront d’autant plus désastreuses qu’elles ne changeront pas leurs comportements. C’est la trajectoire qu’il faut « imprimer » dans les consciences.

        La peur est la réaction normale face aux prévisions des scientifiques, en fait on devrait même être terrorisé au moment même de recevoir l’information. Ensuite, il y a la phase d’après le « choc » et qui à mon avis est bien plus problématique et plus généralisée : le déni.

        C’est une forme d’attitude d’autodéfense qui aboutit au paradoxe qu’on dispose de l’information mais qu’on n’agit pas en conséquence.

        Une dissonance cognitive qui ne peut être réduite – de mon point de vue – que par le rabâchage de l’information (base de la pédagogie) afin qu’une majorité de la population soit réceptive aux solutions de changement.

        Etre immunisé collectivement contre le déni et l’immobilisme. Depuis Rio, bientôt 30 ans.

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      • Catalina // 25.05.2020 à 22h36

        fin,
        Désolée la modération…..
        Enfin, les stades 5 et 6 sont ceux de la “moralité post-conventionnelle” ou “moralité basée sur des principes”. Les individus sont motivés par des principes tels que la vie, la liberté, la justice, la fraternité, etc. qui se situent bien au-delà des balises sociales conventionnelles.

        Selon Kohlberg, approximativement 20% à 25% des adultes atteindraient le stade 5 où les lois sont perçues comme des outils intéressants et utiles au contrat social. Mais dès lors que ces lois cessent de garantir le respect de l’individu, le bien-être général, les droits fondamentaux et les valeurs, elles doivent être questionnées, supprimées ou remplacées.

        Au stade 6, ce qui est légal n’est plus obligatoirement légitime : une loi n’est valable que si elle est juste et il devient nécessaire de désobéir à une loi injuste. La désobéissance devient obligation morale. L’individu à ce stade privilégie les principes moraux universels. Son raisonnement moral est fondé sur une pensée abstraite qui utilise des principes éthiques. La personne agit parce que son action est juste, et non parce qu’elle évite la punition, d’autant qu’elle ne craint pas la punition. L’action n’est dictée ni par l’intérêt personnel ni parce que c’est “bien vu”, attendu, légal ou préalablement convenu. Kohlberg établit que seulement 13 % de la population adulte atteindrait le stade 6.

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    • RD // 25.05.2020 à 14h20

      La limite du capitalisme est sa borne interne pas sa borne externe. La preuve est qu’ATTAC and co ne parlent que de la borne externe.

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    • gracques // 25.05.2020 à 14h48

      Quant au climat et aux modeles……
      Il est possible d’étalonner les modeles par rapport aux observations passées , c’est ce qui est fait d’ailleurs.
      Donc si en modifiant les paramètres contenus dans tels modèles on arrive a « coller » avec l’évolution du climat pour le passé …. y a des chances qu’on « colle  » aussi pour le futur.

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      • jc // 25.05.2020 à 15h05

        « Donc si en modifiant les paramètres contenus dans tels modèles on arrive a « coller » avec l’évolution du climat pour le passé …. y a des chances qu’on « colle » aussi pour le futur. »

        J’ai écrit ci-après que « La science ne se réduit pas nécessairement à un conflit darwinien de chiffronniers… ».

        Mais je ne suis pas loin de croire que c’est le cas de la techno-science…

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      • Patrick // 25.05.2020 à 16h27

        l’expérience a été faite sur plusieurs modèles.
        On garde les équations mais on modifie tous les paramètres pour arriver au bon résultat ( ce que l’on sait du passé ).
        Et ensuite on remet les paramètres pour obtenir le résultat que l’on souhaite pour l’avenir.
        Très pratique tous ces modèles . Le rapport AR5 du GIEC a 102 modèles différents et divergents comme point de départ , et 42 modèles à la fin pour les conclusions … ça laisse le choix dans les prévisions.

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        • Heracles // 25.05.2020 à 19h10

          « 42 modèles à la fin pour les conclusions … ça laisse le choix dans les prévisions. »

          Sachant que les extrêmes sont en principe les projections les plus improbables, élaborées pour imaginer soit le meilleur des mondes possibles soit le pire.

          En fait ce qui est gênant n’est pas tant la multiplication des scénarios (multiplication par ailleurs dûment justifiée) mais plutôt que les scénarios les pires et imaginés comme improbables … sont finalement ceux qui se concrétisent d’un rapport du GIEC à l’autre.

          Tous les 5 ans on dégringole d’une marche.

          Ainsi l’expérience montre que les scientifiques du GIEC sont plutôt « timorés » dans leurs projections et surtout dans les recommandations qu’ils en tirent pour les décideurs.

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    • TZYACK // 25.05.2020 à 16h11

      Pour lutter contre l’explosion démographique à l’origine de tous nos maux actuels et futurs, il faut limiter, au plus tôt et pour quelques décennies, le DROIT de naître à un seul enfant par femme, ce qui diminuerait théoriquement la population mondiale, par exemple, de 75% en 3 générations (75 ans).

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      • Patrick // 25.05.2020 à 16h23

        Et on fait comment pour limiter ce droit ?
        On va voir les pays ayant la plus forte augmentation de la population pour leur expliquer ? ça va être compliqué , ils n’ont pas l’air d’être d’accord sur les principes et les idées des occidentaux.

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      • Gaby // 25.05.2020 à 16h52

        Vous vous rendez compte que pour éviter un effondrement vous voudriez en provoquer un ?
        Au delà du fait que la mesure est intenable, inapplicable à moins de recourir à des méthodes barbares (avortement forcé ? à quoi pensez-vous franchement ?) et qu’elle attente à une des libertés les plus fondamentales de l’être humain, vous vous rendez compte qu’un monde avec autant de vieux à gérer pour aussi peu de jeunes serait intenable et un enfer pour ces derniers ?

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    • Lo // 27.05.2020 à 13h57

      À grande échelle de temps le covid-19 est un épiphénomène sur le plan démographique malgré le drame humain qu’il a engendré.
      Les modèles (un peu simplistes aujourd’hui) du rapport Meadows prévoyaient un déclin prononcé à partir 2030. Le pic pétrolier et gazier prévu entre 2020 et 2030 ainsi que les premiers effets notables du RCA devraient leur donner raison. Finalement les prévisions n’étaient pas si mauvaises.
      Vous mélangez politique (façon de changer le monde) et science (robustesse des modèles) de façon un peu malhonnête.

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  • jc // 25.05.2020 à 11h43

    Meadows: « La résilience est la capacité à subir une interruption de l’approvisionnement d’un intrant nécessaire sans subir une baisse grave et permanente du rendement souhaité. »

    Et, plus généralement, la stabilité structurelle est la capacité d’un être à persévérer dans son être lorsqu’il est soumis à des perturbations. Je suis depuis longtemps déjà convaincu que l’organisation économique et financière du monde actuel, fondée sur la performance et la calculabilité est structurellement instable, et peut-être le Covid19 restera-t-il dans l’histoire comme le révélateur de cette instabilité structurelle.

    Le philosophe-mathématicien René Thom, qui a écrit jadis: »La Physique moderne a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité; je veux croire qu’elle n’aura pas à se repentir de ce choix », a proposé il y a maintenant une cinquantaine d’années une théorie « embryologique » de l’évolution -nettement différente de celle de Darwin bien qu’ancrée elle aussi dans le conflit- développée dans un livre intitulé « Stabilité structurelle et morphogenèse » (sous-titré « Essai d’une théorie générale des modèles »).

    La science ne se réduit pas nécessairement à un conflit darwinien de chiffronniers…

    https://www.maths.ed.ac.uk/~v1ranick/papers/thom/data/citations.pdf

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  • jc // 25.05.2020 à 12h23

    René Thom sur les limites de la croissance:

    « Toute innovation, dans la mesure où elle a un impact social, est par essence déstabilisatrice. En pareil cas, progrès équivaut à déséquilibre. Dans une société en croissance, un tel déséquilibre peut facilement être compensé par une innovation meilleure qui supplante l’ancienne. On voit donc que notre société, si elle avait la lucidité qu’exige sa propre situation, devrait décourager l’innovation. Au lieu d’offrir aux innovateurs une « rente » que justifierait le progrès apporté par la découverte, notre économie devrait tendre à décourager l’innovation ou, en tout cas, ne la tolérer que si elle peut à long terme être sans impact sur la société (disons, par exemple, comme une création artistique qui n’apporterait qu’une satisfaction esthétique éphémère -à l’inverse des innovations technologiques, qui, elles, accroissent durablement l’emprise de l’homme sur l’environnement). Peut-être une nouvelle forme de sensibilité apparaîtra-t-elle qui favorisera cette nouvelle direction? Sinon, si nous continuons à priser par-dessus tout l’efficacité technologique, les inévitables corrections à l’équilibre entre l’homme et la Terre ne pourront être -au sens strict et usuel du terme- que catastrophiques. »

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  • C’est fait, 78 ans… // 25.05.2020 à 12h43

    Meadows! — un modèle de résilience intellectuelle et morale. Jamais bavard, il sait nous livrer l’essentiel en peu de mots.

    « La recherche du PROFIT a été une force majeure qui a façonné le système de santé américain. Des efforts incessants ont été déployés pour réduire les niveaux de personnel, éliminer les stocks « inutiles » de fournitures et transférer la production de médicaments à l’étranger – tout cela pour réduire les coûts, c’est-à-dire rendre le système plus efficace. Beaucoup ont profité de l’optimisation du système de santé pour être extrêmement efficace dans son utilisation des intrants. Aujourd’hui, nous payons tous le PRIX de la perte de résilience qui en résulte. » (Je souligne)

    Tous nos régimes en déclin, menacés d’effondrement voire qui déjà s’effondrent, ont beaucoup à apprendre de cette leçon pertinemment servie d’abord aux Américains, par cet Américain.

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    • Patrick // 25.05.2020 à 16h30

      L’Afrique n’a atteint 1 milliards d’habitants et peut-être bientôt 2 que parce que les « 15% » ont apporté leurs connaissances et leur soutien.
      La crise économique qui vient va réduire ce soutien à zéro, on verra bien ce que le suite nous réservera.

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      • Barachin // 25.05.2020 à 19h28

        « apporté leurs connaissances et leur soutien. »

        J’adore le monde selon Patrick…

        Tout est simple quand on plane dans ses à priori ethnocentrés et ses certitudes libérales. En même temps vous devez avoir un certain âge et cela fait longtemps que vous n’avez pas réactualisé vos données, c’est compréhensible (mais pas excusable).

        La transition démographique en Afrique est en voie d’achèvement … sauf en Afrique équatoriale. C’est le point chaud du globe avec l’Inde.

        Maintenant expliquez voir quel est le soutien apporté à ces populations esclavagisées puis exploitées et maintenant grugées par les règles de l’OMC et du FMI ?

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  • clauzip12 // 29.05.2020 à 22h59

    La description du rapport nous amène la réflexion sur l’efficacité .
    Il s’agit du rendement ,me semble t il dans la configuration Produits prélevés /profits.
    Il extrait l’analyse de la globalité des actions humaines pour le maintenir dans le système économique et financier.
    Je considère que l’efficacité absolue est dans la finalité de l’intérêt de l’humanité et de la planète.
    Elle aurait pu se placer, à mon sens ,dans l’apport final à l’humanité,compte tenu des richesses prélevées sur la planète.
    Trop et très complexe certainement!

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