Les Crises Les Crises
12.janvier.201712.1.2017 // Les Crises

A propos des Dominants, par Robert Charvin

Merci 126
J'envoie

Source : Robert Charvin, 08-01-2016

hollande_sarkozy-locktofob-300x300-5885d

En France et en Europe, l’idéologie dominante est le confusionnisme : on n’admet pas la structuration de classe, assimilée à une obscénité intellectuelle archaïque. Bourdieu a été l’objet de toutes les agressions pour avoir tenté d’établir une « anthropologie globale » de la classe dirigeante ! Il est en effet des sujets qu’il convient de ne pas aborder !

Les dominants entendent s’octroyer à eux-mêmes le droit de s’auto-analyser… avec l’indulgence qui s’impose. A défaut, la connaissance de ce phénomène essentiel qui est le consentement inconscient que les individus accordent au monde qui s’impose sans bénéfice pour eux, risque de conduire à la critique de la domination !

L’air du temps conduit à s’apitoyer (sans faire grand chose pour autant) sur la pauvreté extrême. Une « classe moyenne » sans frontière engloberait la grande majorité de la population ; au mieux, on la subdivise en une « upper middle class » et une « lower middle class ». Elle est idéalisée : la « moyennisation » d’ensemble permettrait l’épanouissement de la démocratie, en dépit du constat que la démonstration contraire a été faite dans les années 1930-1940 avec le ralliement aux divers fascismes des classes moyennes. Malgré aussi l’appui qu’elles apportent dans les pays du Sud où elles sont apparues aux régimes autoritaires qui leur offrent quelques privilèges (dans la Tunisie de Ben Ali, dans l’Égypte de Moubarak et dans les diverses dictatures que l’Amérique du Sud a connu, au Chili, par exemple).

== Pour comprendre le fonctionnement et les contradiction de notre société, il est pourtant indispensable de savoir qui la dirige et qui en profite effectivement. L’approche de la classe dominante est prudente et discrète. Le simple fait de noter qu’elle est très restreinte et d’analyser ses composantes relève de la subversion ! Ce petit monde est constitué des milieux d’affaires, des hauts fonctionnaires et des politiciens des sommets de l’État et de quelques personnalités médiatisées de toutes disciplines. Ces dominants sont en osmose, proches d’une caste à la fois diverse et homogène. Cette petite communauté est opaque pour tout le reste de la population : on ne connaît pas ses revenus réels ; on n’imagine pas son mode de vie, on ignore les moyens qu’elle emploie pour se pérenniser. Vouloir la rendre transparente (ce qui est un désir rare, car on préfère ausculter avec moins de risque la pauvreté) est assimilé à une agression politique destructrice de l’ordre public et qualifié de populisme anti- élitiste ! Les relations public-privé, argent-pouvoir politique et médias, clés des « réussites » individuelles « doivent » échapper à la transparence et donc à tout contrôle. La corruption (de formes variées) qui y règne échappe souvent aux procédures judiciaires qui s’enlisent faute de détenir les clés probantes. Il est difficile d’en pénétrer la réalité profonde.

Ce petit « complexe politico-médiatico-affairiste » est en effet surarmé. Il a la maîtrise de l’argent, ce qui lui permet d’en acquérir toujours davantage (sauf accident) et d’acheter les hommes qui lui sont utiles ; il dirige les communications, ayant acquis les grands médias, ce qui lui permet de formater les esprits, de fabriquer les leaders, de fixer « l’ordre du jour » et le vocabulaire du débat politique et de faire pression sur leurs comparses au sein de leurs monde ; il produit le droit (sauf exception) et l’interprète à son gré, grâce à ses juristes de cour (les vrais « intellectuels de marché »), et malgré les juges qu’il ne cesse de dénoncer les qualifiant de « rouges », ce qu’ils sont pourtant si rarement !

Tout en ayant pris ses distances vis-à-vis du catholicisme, il conserve des relations solides avec les institutions religieuses. Si la foi est tiède (le laxisme dans le domaine du sexe et de tous les plaisirs est sans borne), le respect affiché vis-à-vis du Pape et de l’Église reste « utilisable », notamment en période de crise. La caste dirigeante veut conserver la capacité de se couvrir de quelques oripeaux de spiritualité.

== On s’étonne que le parcours de nombreuses personnalités soit un cheminement de gauche à droite et pratiquement jamais l’inverse ; on ne saisit pas pourquoi toute victoire progressiste soit rapidement suivie d’un échec et d’une régression générale (Front Populaire, Libération, 1981, etc.) ; on assimile difficilement le fait que toute pensée critique est ultra minoritaire, sauf en d’exceptionnelles périodes. On est surpris de la faiblesse des opposants à ce système pourtant oligarchique.

Le plus surprenant est ailleurs. Il est dans l’existence permanente, malgré tout, d’une action contestataire et d’une réflexion anti-système vivante, alors qu’il est même difficile de savoir quel est le véritable adversaire des droits et du bien-être de la grande majorité ! Cette survie, évidemment insatisfaisante, a toutefois d’autant plus de mérite que les forces de droite et celles de la « gauche » social-démocrate créent une confusion croissante, mêlant leur programme et leur pratique au point qu’ils deviennent indistincts. Ce « mixage » délibéré, résultat de leur échec respectif, vise à la fois à satisfaire le monde des affaires et de séduire le « petit peuple ». Le grand écart et la dissimulation du réel ainsi provoqués ne dérangent aucunement les « partis de gouvernement », même s’ils perdent en route de nombreux adhérents (dont souvent ils n’ont que faire). Le résultat est un brouillard profond jeté sur la vie sociale et politique, conduisant à un discrédit du politique, à un abstentionnisme massif et croissant et à l’extension d’un esprit néo-fasciste dans la population, comme en témoignent les succès du F.N. La progression du F.N dérange davantage la droite (qui tente de lui ressembler) que la social-démocratie. Obsédés d’élections, les socialistes espèrent faire du F.N le principal adversaire au détriment de la droite classique. Ils ne se privent pas cependant d’envisager la possibilité d’une coalition « droite-gauche », qui est d’ailleurs en voie de réalisation locale.

== Ce qui caractérise la pratique constante des dominants, c’est la concentration de tous leurs efforts sur la seule tactique. Qu’il s’agisse de rivalités personnelles, de concurrences claniques, de luttes de partis, les dominants n’ont pas pour arme une stratégie ou un système de valeurs, quoiqu’ils disent. Ils ont simplement la maîtrise de toutes les procédures concevables : leur seule fin, qui est de se pérenniser, se trouve dans le meilleur usage possible des manipulations de toutes natures. A tous les récits, à toutes les idéologies, aux croyances, ils opposent la tactique !

== Cette classe dirigeante parce que dominante, vivant sur une autre planète que celle du reste de la population, a une haute considération pour elle-même et un grand mépris pour ceux qui n’appartiennent pas à cette « élite » autoproclamée. Tous ses membres se sentent les « meilleurs » et se considèrent « irremplaçables » : l’autorité leur appartient naturellement. Ces « Importants », de premier choix, se sont convaincus, comme l’était hier la noblesse d’Ancien Régime, qu’ils sont seuls à pouvoir manier le gouvernail dans tous les domaines, particulièrement dans l’économie. Mais ce ne sont pas tous des héritiers. Nombreux sont des aventuriers du système, style Tapie, qui ont « réussi » à se rapprocher des grands groupes, de type Bolloré ou Bouygues. Le petit monde politique néo-conservateur ou social-démocrate regorge de ces petits « prodiges » dont les sommets de la caste dirigeante ont besoin. Les « mal-nés » qui ont pour seule conviction de profiter à fond du système et qui ont le sens du vent dominant, s’ils savent donner des gages, sont distingués au milieu de la masse des dominés de la « France d’en-bas ». La politique professionnelle est aujourd’hui l’équivalent du rôle que jouaient l’armée et l’Église pour les cadets sans terre de l’aristocratie d’autrefois ! L’origine « populaire » peut être même un atout : ils peuvent « plaire » plus facilement, même s’ils font tout pour s’éloigner du peuple dont ils sont issus ! Ils ont le choix pour leur carrière d’opter pour les différentes droites ou pour la fausse gauche (ce qui n’engage à rien), en restant prêts à se reconvertir si nécessaire pour adhérer à la mouvance la plus rentable. L’opportunisme est leur boussole : elle indique les « valeurs » à la mode qu’il faut promouvoir et surtout les intérêts qu’il ne faut pas égratigner ! Demain, des éléments « frontistes » et « patriotes », évidemment, pourront aussi servir, s’ils n’ont pas d’exigences anti-néo-libérales !

L’aristocratie italienne, malgré son mépris pour les « chemises noires », a conclu un accord avec Mussolini ! Tout comme l’industrie lourde et l’essentiel de la bourgeoisie allemande se sont liées au nazisme hitlérien (après l’élimination du courant « national et socialiste » préoccupé réellement de social). Le patronat français n’était pas à Londres, durant les années 1940-1944, mais à Vichy : il ne s’est manifesté ni contre la Gestapo ni contre la Milice. Il faisait des affaires ! Rien n’exclut demain en France et ailleurs une « recomposition » politique, fédérant tous les courants encore divergents ayant pour trait commun de n’être pas contre le système, c’est-à-dire le capitalisme financier : les castes dirigeantes ont pour tradition de s’accommoder de tous les régimes pourvu qu’ils ne remettent pas en cause leurs privilèges et leur domination. Elles savent rendre la monnaie de la pièce !

== Les castes dominantes pour diriger ont aussi besoin d’ « experts » et d’ « intellectuels » qu’il s’agisse hier d’un « grand » comme Raymond Aron ou d’un « petit » style Zemour ! Aucun système ne peut en effet se passer de ces agents de légitimation.

La lecture de ce qui se produit dans la société ne peut être laissée à la spontanéité des consciences individuelles. Il convient de les « guider » vers les analyses ne remettant rien en cause, y compris en usant de la fausse monnaie intellectuelle sur le marché des idées ! C’est ainsi qu’il faut doctement expliquer que les Français ne sont ni racistes ni xénophobes, malgré les « apparences », à la différence de tous les autres peuples de la planète. Il faut persuader, par exemple encore, que la croissance permet de réduire le chômage quasi-mécaniquement et que la lourdeur du Code du Travail est un obstacle majeur à l’embauche, ce qui exige beaucoup de talent ! Il faut entretenir un « techno-optimisme » fondé sur la croyance que les nouvelles techniques règlent tous les problèmes, y compris sociaux, ce qui rend inutiles les révolutions. Il faut légitimer l’hostilité aux Russes qui sont mauvais par nature, communistes ou pas, incapables qu’ils sont de comprendre la bienfaisance de l’OTAN ! A la différence des États-Unis, champions du monde de la démocratie et de l’ingérence humanitaire, y compris en Irak, qu’il est convenable de toujours admirer, malgré Guantanamo et les trente mille crimes annuels (souvent racistes).

Nombre de journalistes, de juristes et surtout d’économistes (surtout ceux des organismes privés) se bousculent pour offrir une crédibilité au système moyennant leur médiatisation lorsqu’ils ont un peu de talent, donc un certain impact sur l’opinion.

La classe dirigeante n’a besoin en effet que d’une pensée « utile » à court terme, c’est-à-dire ajustée à la logique économique du système mais capable aussi de faire croire qu’il peut satisfaire tout le monde.

L’intellectuel de cour n’a qu’à se couler, en l’enrichissant, dans la pensée commune venant d’en-haut sans faire plus d’écart personnel qu’il n’en faut pour se démarquer des autres et manifester un « quant à soi », ayant la vertu de faire croire au pluralisme. Sa panoplie est standard dans le vide idéologique et l’infantilisme préfabriqués par les grands médias :

Il doit toujours se placer à l’intérieur du système, évalué comme indépassable. Il doit écarter toute recherche des causes aux problèmes qui se posent et se satisfaire d’une analyse descriptive des faits, car toute cause profonde révélée est subversive. Par exemple, l’approche de la pauvreté et du sous-développement doit éviter la recherche de leurs origines.

En tant qu’ « expert », il n’a pas besoin de penser si ce n’est à ce qu’il a intérêt à penser s’il veut rester « expert ». Il n’est chargé que d’expliciter à posteriori les décisions prises « en haut », quitte à renouveler son argumentaire, compte tenu de « l’usure » des explications précédentes. C’est d’ailleurs ce savoir-faire qu’on lui enseigne essentiellement à l’ENA, dans les écoles de commerce et les facultés de droit, chargées de la reproduction de la pensée unique.

Il doit être aussi « moralisateur » : à défaut de pouvoir invoquer la légalité et le droit « trop objectifs » (sauf le droit des affaires concocté par les intéressés eux-mêmes). L’intellectuel de service doit user à fond de « l’humanitarisme-mode ». Il permet de tout justifier, y compris la guerre (« juste », évidemment) et la politique de force, selon les opportunités. Cela offre de la « dignité » aux pratiques les plus « voyous » !

Il doit convaincre que la démocratie se résume à la désignation élective des dirigeants soigneusement pré-sélectionnés par « l’élite » et que toute autre interprétation de ce système politique est d’inspiration marxiste, ce qui est jugé évidemment totalement dépassé.

Enfin et surtout, il doit pratiquer le culte de l’Entreprise, « source de toutes les richesses », agent vertueux de la concurrence « libre et non faussée », au service de l’intérêt général, en particulier des salariés.

Le discours dominant est ainsi globalement affabulateur ; il n’a qu’une visée tactique : séduire, faire diversion, faire patienter, diviser, rassembler, selon les circonstances. Il n’aide pas à comprendre. Il manipule. Il y réussit. Grâce à ses capacités à rebondir sans cesse en sachant prendre le vent.

Dans l’histoire contemporaine, la « pensée » conservatrice a été anti-républicaine avant d’être éminemment républicaine ; elle a été belliciste avant d’être pacifiste et collaborationniste (avec les nazis) puis interventionniste aujourd’hui ; elle a été férocement antisémite avant de devenir pro-israélienne et anti-arabe ; elle a été colonialiste puis promotrice du droit des peuples (contre l’URSS) mais anti-souverainiste (avec l’Europe).

Les néo-conservateurs et la social-démocratie d’aujourd’hui font mieux encore. Ils révèrent les États-Unis (surtout les « Sarkozistes » et les « Hollandais »), comme puissances tutélaires, championnes du renseignement contre leurs alliés ; ils dénoncent Daech, mais pactisent avec ses financiers (argent et pétrole obligent !) et ses inspirateurs (Arabie Saoudite, Qatar) ; ils transfigurent l’Europe des affaires en un vaste projet de paix et de prospérité (malgré ses 20 millions de chômeurs). Dans l’ordre interne, ils applaudissent Charlie et dans le même temps, licencient des humoristes et les journalistes « dangereux » de leurs médias ; ils donnent toujours raison au Médef et toujours tort à la CGT. Ils dénoncent le FN mais lui font une publicité constante. Ils sont pour la démocratie et les libertés, mais tout autant pour un « État fort », comme l’écrit Juppée, capable de les réduire ! Grâce au terrorisme imbécile, ils peuvent instrumentaliser la peur pour leur seul profit !

En dépit du simplisme chaotique de ces positions, les victoires idéologiques s’accumulent. Les dominants subissent parfois des défaites (comme celle du référendum sur le projet de « Constitution » européenne de 2005), mais elles sont rares. Pour les néo-socialo-conservateurs, perdre la guerre contre les dominés est impensable. Tout le jeu est de « s’arranger » entre soi et tous les moyens sont bons !

Le « modèle » étasunien s’impose, qui combine conformisme et diversité, esprit libéral (à New-York) et autoritarisme raciste (au Texas), laxisme et rigorisme, obscurantisme (avec les sectes) et culte de l’innovation, etc.

Les dominants, à quelques cas particuliers près, en réalité, ne font pas de politique ; ils font des affaires et ils font carrière. Il peuvent être tout à la fois, parce que tout ce qui ne relève pas de leur petit monde leur est indifférent:ils peuvent faire dans le « démocratisme » ou dans la violence et la torture (comme durant la guerre d’Algérie). Indifféremment.

Neuilly et le « tout Paris », mobilisés par la course à l’argent, par l’auto-congratulation permanente et les « renvois d’ascenseur » nécessaires, sont loin de toute réalité concrète qui fait le quotidien du plus grand nombre. Comme l’écrit Tomaso de Lampedusa, ils sont prêts à tout, la liberté ou le fascisme, afin que « tout change pour que rien ne change » d’essentiel : leur propre fortune et leur place dans la société.

Ils mêlent dans la société tous les archaïsmes mâtinés de pseudo-modernité : ils font la promotion du « risque » qu’ils ne courent pas, de la peur dont ils ont les moyens de se protéger, du refuge identitaire, dont ils se moquent par esprit cosmopolite, du repli sur la vie privée et l’individualisme, dont ils sont les seuls à pouvoir réellement jouir.

== Nul ne sait l’heure et les modalités de « l’atterrissage » de cette « France d’en-haut ». La prise de conscience de l’échec global de cette oligarchie est une perspective très vraisemblable, tant leur système est à la fois absurde, inéquitable et intellectuellement pitoyable. Mais, disposant de tous les moyens face à ceux qui n’ont pratiquement rien, les dominants peuvent encore prospérer un temps indéterminé, mais en usant de plus en plus de la force brutale. Dans l’attente active que les peuples tournent la page en se mettant au clair sur leur propre volonté, Victor Hugo revient en mémoire : « l’Histoire a pour égout des temps comme les nôtres ».

Janvier 2016

Robert Charvin

Source : Robert Charvin, 08-01-2016

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Raoul // 12.01.2017 à 10h39

L’absence de prise de conscience de l’existence des classes – qu’on appelle l’aliénation – ne signifie aucunement que les classes n’existent pas.

Sous l’Ancien Régime, les classes étaient bien visibles et inscrites directement dans les institutions mêmes. Au 19e siècle, où l’exploitation de l’homme par l’homme a été pire que jamais, la prise de conscience s’est faite. L’affaiblissement de cette prise de conscience à notre époque provient de l’amélioration des conditions matérielles combinée à l’offensive idéologique menée par nos médias.

Si les dominés ne sont pas conscients d’appartenir à une classe, les dominants, eux, en sont bien conscients. Le milliardaire Warren Buffet a d’ailleurs déclaré ironiquement que la lutte des classes existe et que c’est sa classe, celle des riches, qui est en train de la gagner. Derrière ce qui semble être une simple plaisanterie transparaît l’idée que pour gagner une guerre, le mieux est encore que l’adversaire ignore qu’il est en guerre.

43 réactions et commentaires

  • Charles Daraya // 12.01.2017 à 01h37

    La pensée de classes est une erreur profonde.
    Elle suppose une conscience de classe qui a été existante sous l’ancien régime et encore, partiellement : les nobliaux n’était pas très différent de leurs sujets et vivaient avec.
    (Accessoirement, si cette logique de classes etaient si dominante toute une serie de réussites individuelles sorties de nulle part et de taille n’auraient pu se produire…)
    Aujourdhui, on ne peut pas parler de classes, mais de stratifications d’intérêts. La nuance est de taille: la clé est l’argent et ses pouvoir.
    Dans ce cadre, il devrait y avoir un acteur, l’Etat, travaillant au bien commun en etant relativement impartial.
    Et le gros soucis que nous avons est que precisement, par le sommet comme par la base, cet etat n’est plus qu’indigence, corruption, incompétence etc.
    C’est de ce fait que les logiques d’intérêts sont particuliers dominantes et dévastatrices.

      +13

    Alerter
    • Richard Bouillet // 12.01.2017 à 02h10

      L’existence des classes est une réalité et non qu’une vague « pensée » comme le suggère le commentaire précédant. Il n’y a que la droite à réfuter cette évidence afin de mieux charger l’Etat de tous les maux qu’elle charrie elle-même.

      Il ne suffit pas non plus de rassembler tous les échelons supérieurs de notre échelle sociale sous un même concept pour pouvoir prétendre structurer valablement l’analyse; comme le dit fort bien Martin ci-avant, « les “stars” des medias émargent à quelques dizaines de milliers d’euros par mois, tout comme les “stars” de la politique (…) quand les leaders du “monde des affaires” engrangent quelques centaines de millions dans le même laps de temps. […] Les “media” comme les “politiques” sont des employés (…), les multi- milliardaires, la seule véritable élite, sont leurs patrons. »

      Distinguons donc en haut de l’échelle la classe dirigeante de la classe dominante, la première n’étant que l’interface, le fusible de la seconde. Etant donné la confusion qui règne autour de ces concepts, voici quelques réflexions permettant, je l’espère, de bien les départager et prendre ainsi conscience qu’il ne suffit pas d’étrangler le majordome pour étouffer la châtelain.

      http://rvvaza.blogspot.fr/2014/11/distinction-entre-classe-dominante-et.html

        +31

      Alerter
    • Silk // 12.01.2017 à 02h35

      Et c’est donc la classe dominante qui dirige via leurs « proxys » les classes ne disparaissent pas avec l’émergence d’une 3sème classe qui pourrait aussi est subdivisée.
      Fondamentalement il n’y que 2 classes même si la classe dominantes à fait croire qu’il y avait autant de classes que d’intérêts.
      (mais connaissent leur classe et savent défendre leurs intérêts …)

        +8

      Alerter
    • Julien // 12.01.2017 à 09h48

      +1

      Je pense aussi que la problématique n’est pas tant une problématique de classes que de corruption.
      Qu’il y ait des riches et des moins riches n’est pas une nouveauté, ni même une spécificité propre à un pays. Ca a toujours existé.

      En revanche, que certains riches se servent de collusions avec certains membres de l’état ou des instances de pouvoir pour faire voter des lois les favorisant est un problème. Il y a à Bruxelles plus de lobbyistes que de députés européens, c’est dire combien ces derniers sont « lobbyisables ».

      On sait que le pouvoir corrompt (le pouvoir absolu corrompt absolument).
      Du coup, il me semble que se poser la question de « qui domine » est inutile car ce n’est pas en changeant les têtes qu’on changera le fonctionnement. La bonne question étant : « comment fait-il pour dominer ». Et ça, ça passe par « quel devrait être le pouvoir d’un état ».
      Sans l’état pour protéger leurs intérêts, certaines personnes de la classe dominante ne domineraient rien du tout.

        +15

      Alerter
    • Raoul // 12.01.2017 à 10h39

      L’absence de prise de conscience de l’existence des classes – qu’on appelle l’aliénation – ne signifie aucunement que les classes n’existent pas.

      Sous l’Ancien Régime, les classes étaient bien visibles et inscrites directement dans les institutions mêmes. Au 19e siècle, où l’exploitation de l’homme par l’homme a été pire que jamais, la prise de conscience s’est faite. L’affaiblissement de cette prise de conscience à notre époque provient de l’amélioration des conditions matérielles combinée à l’offensive idéologique menée par nos médias.

      Si les dominés ne sont pas conscients d’appartenir à une classe, les dominants, eux, en sont bien conscients. Le milliardaire Warren Buffet a d’ailleurs déclaré ironiquement que la lutte des classes existe et que c’est sa classe, celle des riches, qui est en train de la gagner. Derrière ce qui semble être une simple plaisanterie transparaît l’idée que pour gagner une guerre, le mieux est encore que l’adversaire ignore qu’il est en guerre.

        +33

      Alerter
      • amemar // 12.01.2017 à 18h14

        Les dominés savent parfaitement ce qu’ils sont et mettent tout en œuvre pour que cela perdure. En revanche les dominés ne le savent pas, qu’ils sont dominées. Ils croient qu’ils dominent, pas toute la société, bien sur, mais une partie, c’est pourquoi ils cherchent plus petit qu’eux pour le montrer du doigt, le conspuer ou le classer dans la catégorie des « assistés ». Et quand ça va trop mal et qu’il n’y a plus de grain à moudre, les dominants, pour détourner la colère, leur en fournissent des boucs émissaires, ce n’est pas ce qui manque, et cela venait à manquer, on peut toujours en créer. Personne ne veut être assis sur la dernière marche de l’escalier, alors on tente d’atteindre la première marche, celle qui est juste au dessus et tant pis si pour cela on marche sur les autres. Ceux qui sont tout en haut sont bien tranquilles, le temps d’arriver jusqu’à eux, ils se mettent à l’abri.

          +4

        Alerter
    • Raoul // 12.01.2017 à 10h54

      Quant à ce que vous voyez du rôle de l’État, c’est une vision bien idyllique. De fait, sauf en de rares périodes ou dans des sociétés très particulières, l’État a toujours été au service des puissants. Et on a vu au 19e et au 20e siècles que nos républiques (je n’ose parler de démocraties) ont su, quand les intérêts des classes dominantes ont été en danger, mettre en œuvre le niveau de violence nécessaire pour les protéger.

      Par exemple, en 1848, répression violente par le gouvernement républicain des émeutes à Paris. En 1871, c’est la « Semaine sanglante » dont certains estiment qu’elle a fait environ 20 000 morts. Plus tard, les diverses grèves et manifestations ouvrières donneront lieu à des répressions féroces (Fourmies). Et on trouve la même chose dans tous les pays occidentaux.

      La systématisation de la répression (voir en France, avec la dite « loi travail ») montre bien qu’il ne s’agit aucunement d’accidents, mais bien du fonctionnement normal de nos sociétés.

        +22

      Alerter
      • Julien // 12.01.2017 à 11h43

        « De fait, sauf en de rares périodes ou dans des sociétés très particulières, l’État a toujours été au service des puissants.  »

        N’est ce pas précisément le problème? C’est précisément ce qu’on dénonce il me semble.
        L’état n’a pas à être au service des puissants. Ni des plus faibles comme d’autres le réclament.
        Il a à être au service de tous, appliquer la même loi pour tout le monde indépendamment des revenus/classes/races/genres ou ce qu’on veut.

          +6

        Alerter
        • Raoul // 12.01.2017 à 13h49

          Ce qui est dénoncé et avec lequel je ne suis pas d’accord, c’est la corruption qui gangrènerait les états et les empêcherait de jouer leur rôle. Pour moi, la corruption n’est pas une cause, mais une conséquence.

          Les états n’ont pas été conçus pour être neutres. Nos sociétés étant construites sur des rapports de force, les dominants n’accepteront un état que s’il leur permet de conserver leur domination. Selon la situation du rapport de forces, ils pourront faire des concessions (comme à la fin de la seconde guerre mondiale), mais si le rapport leur devient de nouveau favorable, ils n’hésiteront pas une seconde à revenir sur celles-ci, comme c’est le cas en ce moment.

          La corruption est un fait, mais elle n’est que mollement combattue. En réalité, nos états supportent très bien celle-ci, à condition qu’elle ne soit pratiquée que par les dominants. Des dominés, on n’accepte aucun écart.

          Alors on peut rêver d’un état neutre, mais cela ne serait possible que dans une société sans classes. C’est le rêve marxiste, auquel on peut croire ou ne pas croire.

            +9

          Alerter
        • step // 16.01.2017 à 11h07

          Justement, c’est en cela, une pensée hors sol, et en plus fausse. Il n’y a pas l’état mais 2 structures imbriquées. 1) La fonction publique 2) La fonction politique. Si il est rare que la première s’implique dans autre chose que le fonctionnement du service au public, il est fréquent que la seconde se jette dans les travers décris (ex: laguarde et le jugement de ses pairs, tapie, « responsable mais pas coupable », « j’ai ripé sur le lineau et glissé sur la technicienne de surface », « les yeux dans les yeux », « ma phobie administrative » etc…). A ce titre, la première (ni plus ni moins) que le privée n’est à l’abri d’un copinage de proximité (ou de clan) (pour les recrutements par exemple), autant la seconde est réellement un cercle fermé basé sur le consentement au statut quo de la classe dominante. Bilan, attention de ne pas jeter l’eau et le bébé en accusant « l’état » de tous les mots. Le désir de moins en moins dissimulé de réduire la fonction publique par les dirigeants politiques devrait vous indiquer que ces deux composantes ne sont pas franchement dans le même camp. Je vous rappelle si un fonctionnaire n’a pas le droit de critiquer l’action de son élu, cela ne veut pas dire qu’il ne pense pas.

            +0

          Alerter
    • Julien // 12.01.2017 à 13h30

      …tandis que celui ci, fier de son savoir sur l’analyse sociale, se vautre consciemment dans le mépris le plus vulgaire qui n’enrichit personne plutôt que l’argumentation qui enrichirait tout le monde…

        +1

      Alerter
    • DePassage // 12.01.2017 à 16h23

      La pensée de classe existe. Elle n’est pas fondamentalement consciente d’elle même, elle provient à la base de notre nature humaine et de nos modes de fonctionnement. Il est difficile d’en réchapper (quelque soit les strates ou groupes sociaux concernés).

      L’étude des groupes sociaux en psychologie sociale, ou la lecture de Bourdieu sont de bonnes introductions sur ces modes de fonctionnement, ce qu’ils impliquent, et bien sûr leur réalité objective.

      Cela n’exclut en rien  une « stratification d’intérêt », ou encore un « ascenseur social » les cas échéants (dont l’article parle). J Edgar Hoover disait d’ailleurs qu’il y avait pour les basses classes le sport ou les arts, … mais que les « révolutionnaires » faisaient peur…

        +1

      Alerter
    • sissa // 12.01.2017 à 20h59

      Quel contresens.
      L’analyse de la société en terme de classes sociales ne suppose absolument pas que les dites classes aient conscience d’exister. Ceci dit, je pense que la classe dirigeante est parfaitement consciente de son existence, par contre, elle fera tout pour que les classes dominés n’aient pas conscience de l’être, et il faut admettre qu’elle ly parvient parfaitement de nos jours.

        +1

      Alerter
  • Sébastien // 12.01.2017 à 01h54

    Tout cela existait déjà il y a un Siecle. Le fait de balancer des généralités sans jamais nommer ni rien ni personne permet d’étouffer justement toute contestation sérieuse. C’est de la critique facile et d’arrière-garde. Les amateurs du Net ayant déjà fait ces constats il y a au moins 10 ans! 10 ans de crises et de noyage de poissons. On en remplirait de pleines encyclopédies.
    Du baratin de même niveau que cette phrase désormais historique « Mon ennemi c’est la finance ». Ça permet de râler dans les chaumières entre la poire et le fromage.
    Des contestataires qui roulent à fond en première sur une autoroute à quatre voies? Soyons sérieux.

      +12

    Alerter
  • Sébastien // 12.01.2017 à 02h05

    Par contre, je suis d’accord sur la notion de confusionnisme, qu’on peut appeler autrement: écrans de fumée. Néanmoins, d’autres « intellectuels » l’ont mieux expliquée.

      +7

    Alerter
  • Silk // 12.01.2017 à 02h23

    Petite incise des le début :
    « L’air du temps conduit à s’apitoyer (sans faire grand chose pour autant) sur la pauvreté extrême. »
    De l’art de transformer la redistribution nationale des richesses à laisser cette tâche aux passant et donc transformer cela en « charité publique » (ou charité religieuse).
    Ce n’est qu’un renoncement de l’état qui maintenant repose sur la conscience de chacun.

      +10

    Alerter
  • Silk // 12.01.2017 à 02h30

    C’est la théorie des classes qu’il faut connaître avant de critiquer.
    Il ne fait aucune découverte et ne s’en réclame pas (ça serait impossible).
    Si vous lisez Jack London (« le talon de fer ») qui n’est pas théorique mais est un roman, vous comprendrez que chaque média (même petit), chaque patron est un rouage de l’appareil travaillant pour la classe dirigeante (même à l’insu de leur plein gré et que ça leur provoque des dilemmes pour certains).
    Parmi la classe des dominants il y a plusieurs niveaux allant de simple petit jusqu’aux plus gros requins.

      +15

    Alerter
  • Silk // 12.01.2017 à 02h44

    Un grand merci pour cet article :
    c’est leçon de pluralisme et la mise en avant d’une dénonciation qui a du mal à percer (et les raisons sont très bien décrites dans l’article).

      +18

    Alerter
  • RGT // 12.01.2017 à 08h19

    Tiens, c’est intéressant…

    Ça fait 40 ans que je pense exactement ceci et que je titille les groupies de « droite » et de « gauche » en leur répétant jusqu’à plus soif que toutes les « grandes valeurs » de leurs idoles ne sont que du vent.

    Chaque maillon de la chaîne ne pense qu’à son propre intérêt, à ses petits avantages personnels qu’il va aller grappiller auprès de ses « généreux mécènes » en échange de trahisons ignobles contre ceux qui croient ses belles paroles…

    Votez petits électeurs, votez. Quelque soit le candidat vous aurez une seule certitude : Il vous trahira à la première occasion et n’en aura aucun remords car sa récompense sera suffisante pour lui assurer une vie confortable à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours.

    Les autres, il n’en a strictement rien à foutre, ce ne sont que des variables d’ajustement qu’il faut presser comme des citrons pour en récolter jusqu’à la dernière goutte.

    Et si certains « envieux » se permettent de les critiquer ouvertement, toute la caste et ses serviteurs viendront à la rescousse pour « prouver » à l’ensemble de la population que l’importun est un ignoble anarchiste rouge-brun.

      +17

    Alerter
  • some // 12.01.2017 à 09h05

    Bien qu’effectivement ce texte semble découvrir l’eau chaude pour certain, il a le mérite de contextualiser des idées existantes.
    Ce texte est bienvenue, même si il ne fait ni le café ni la révolution.

    Aussi je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement entre cette partie du texte
    > Il doit écarter toute recherche des causes aux problèmes qui se posent et se satisfaire d’une analyse descriptive des faits, car toute cause profonde révélée est subversive. Par exemple, l’approche de la pauvreté et du sous-développement doit éviter la recherche de leurs origines.

    Et ce film que j’ai visionné la veille…. http://www.imdb.com/title/tt1411956/

      +5

    Alerter
  • chesnel sylvain // 12.01.2017 à 09h17

    détenir 37 milliard, LIliane, c’est détenir 37 million de smic à 1000 EURO hors 37 million de mois = 3 million d’année, sachant que toute la société est orientée pour que la bourse soit au plus haut, c’est à dire que toute la société s’organise en fonction de comment le grand capital se rémunère. La question qui nous brule tous les lèvres est :
    est il vraiment intéressant que la socié(é s’organise à faire gonfler le nombre de mois de smic que certain détienne ou est il plus intéressant qu’on est tous un smic voir un peu plus, question !!!!!!

    La réponse
    Non c’est néfaste à la société
    et pourtant elle fonctionne comme ça cette société cqfd

    Ce qui nous sortira de là, à mon sens. La fin du capitalisme est aujourd’hui une question de survie, si on continue sur ce modèle nos enfants n’auront pas le droit de vivre. Quand les peuples ouvriront massivement les yeux là dessus reviendra le sens de l’intéret général et les intérets particuliers du tout petit nombre ne sera plus qualifier pour diriger et orienter nos vies et nos sociétés

      +7

    Alerter
    • Chris // 12.01.2017 à 13h31

      Là, j’ai des doutes sérieux, car nos sociétés postmodernes nous « éduquent » à l’individualisme et au consumérisme (tout pour ma gueule, la Sécu y pourvoira !), le tout renforcé par la compétition à tout prix (néolibéralisme globalisant), trois attitudes qui s’entrechoquent avec la conscientisation sociale et fait passer pour « normal » la goinfrerie des dominants. N’a-t-on pas les mêmes « chances » qu’eux ? De se prêter à cette course à l’échalote !
      Ce n’est pas parce qu’on parle abondamment des droits de l’Hommes qu’ils sont respectés. Un double langage qui désoriente les individus, mais n’est-ce-pas le but ?
      Tout au contraire, les DDH sont devenus un épouvantail que les dominants agitent pour perpétrer leurs prédations.
      Les dominants sont des prédateurs qui se reproduisent entre eux. Et quand par malheur, l’un des rejetons a loupé le moule par insuffisance congénital, on le retire du circuit autant pour le protéger que pour l’empêcher de nuire aux intérêts corporatifs.

        +4

      Alerter
  • tachyon // 12.01.2017 à 10h15

    Petit problème arithmétique : combien fait 0,000 000 001 % de 7 milliards (population mondiale)?
    0,000 000 001 diviser par 100 et multiplier par 7 000 000 000 ça nous fait :
    0,07
    C’est effectivement une infime minorité ….

      +4

    Alerter
  • DUGUESCLIN // 12.01.2017 à 10h48

    C’est la finance transnationale qui constitue la classe dominante. Sa seule patrie est l’argent avec lequel elle s’impose. Elle domine les politiques, les médias, les multinationales, et n’a que faire des sans-dents. Entre les deux il y a diverses couches sociales notamment les bobos moralisateurs et libertino-progressistes, imbus d’eux-mêmes, qui se sentent au-dessus du lot et qui se font bêtement complices, par ignorance, forts d’une supériorité illusoire.
    Dès que le peuple revendique son appartenance à une patrie, un pays, une culture, et qu’il revendique le droit de choisir son destin, il est laminé, ringardisé, ridiculisé, culpabilisé, et réduit au silence.

      +20

    Alerter
    • SARTON Bernard // 12.01.2017 à 18h35

      La question du pouvoir populaire est posé depuis la révolution de 1789 . Des grands écrivains d’inspiration monarchique comme Madame de Staël et Chateaubriand ont développé une théorie vertueuse du pouvoir aristocratique en condamnant la terreur révolutionnaire contre les aristocrates . Et avec Napoléon , Louis XVIII et Charles X ils ont été déçus de voir l’empire(héritier de la révolution) et la restauration monarchique se confondre avec les oligarchies et le capitalisme spoliateur . Leur déception a été grande et je pense que s’ils avaient connu et lu Karl Marx ils seraient devenus « Communistes » . Leurs livres sont pleins d’humanité et d’attention vertueuse et d’une grande liberté d’esprit sur le catholicisme comme Chateaubriand ou sur la démocratie vertueuse comme Germaine de Staël . Cela étant dit la classe dominante actuelle a tous les défauts exprimés par ces grands écrivains et le peuple est encore trop peu mature (malgré une minorité militante active) pour s’emparer du pouvoir et faire disparaître ces oligarques et leurs valets. L’histoire est sévère avec les révolutions manquées (1830,1848,1871 ,1945 ). La grande bourgeoisie est très intelligente et Robert Charvin décrit bien sa stratégie pour conserver le pouvoir . .L’adversaire de classe sait s’adapter au combat comme nous le voyons aujourd’hui en Grèce-Espagne ou même avec Trump aux Etats-Unis . Alors l’intelligence marxiste et Léniniste ne peut suffire pour un combat aussi dur et souvent décevant .C’est la question d’aujourd’hui pour trouver comment vaincre la grande bourgeoisie et son système capitaliste .

        +3

      Alerter
      • Didier // 12.01.2017 à 22h48

        Oui, enfin, Chateaubriand, c’est aussi la course sans fin pour obtenir subsides, prébendes et postes, le léchage de c… éhonté pour se placer – et la trahison sans états d’âme des intérêts de la Nation lorsqu’ils s’opposent aux siens propres, cf. son ralliement au parti des Émigrés.

        Je serais des plus étonnés qu’il ait rejoint les Communards le cas échéant. Il aurait beaucoup plus probablement rejoint les Versaillais – le pouvoir et l’argent, comme toujours.

        Il me fait bien rire, Monsieur de Chateaubriand.

          +0

        Alerter
  • Libraire // 12.01.2017 à 11h11

    Oui- oui découvre les classe sociales.
    Non-non râle parce que c’est pas juste.
    La structure pyramidale dans laquelle nous sommes tous imbriqués n’est remise en cause ici qu’au travers des outils argent et capital:
    Nous pouvons toujours chercher l’optimum de Pareto, le problème est que les valeurs données par cet optimum sont et ne seront jamais que matérielle et matérialiste. et, de plus seront en évolution permanente car la notion de bonheur, par manipulation des masses passe par le consumérisme.
    L’industrialisme créera sans cesse de nouveaux marchés, de nouveaux besoins…..
    Marx avait imaginé à ce phénomène des limites de géographie sociale, et ne pouvait envisager l’aspect illimité de l’esprit humain par son coté perpétuel frustré entretenu dans sa perversité.
    Celui qui accepte de sortir de la frustration, qui sort du jeux « affliger les satisfaits – satisfaire les affligés » devient libre et crée par le fait même de chercher un bonheur optimum en dehors des valeurs totem auto-vénérée a tous les niveaux de la pyramide.

    Les nouvelles technologies de l’information permettront cela.
    Quelques individus de la jeune génération ont compris intuitivement le piège et vivent à coté.
    (Décroissance, anti pub, Eco hameaux, éco quartiers………Un jour ils seront 5%
    Alors la pyramide, cette tour de Babel s’effondrera, la structure holomidale* remplaçante se modèlera sur ses ruines en reprenant les meilleurs acquis

    *Mot emprunté à Jean François Noubel

      +4

    Alerter
  • Gérard // 12.01.2017 à 11h39

    Juste résumé d’une réalité qu’il est toujours nécessaire de rappeler, même si beaucoup d’entre nous avons ces choses depuis longtemps à l’esprit.

    Et en parlant d’esprit, j’aime à penser que c’est en partie, la nature de la conscience collective (masse+intelligentsia) qui cristallise à un moment donné dans l’histoire d’un pays, un mode de gouvernement. (Conscience collective pas mal manipulée d’ailleurs, tout le monde en conviendra).

    La conscience collective évoluant lentement, on voit toujours à peu près les mêmes choses dans les expériences politiques de l’intelligentsia (quelque soit la nation d’ailleurs).

    Pour que ca bouge il faut que l’évolution de la conscience collective passe en partie par une information objective toujours renouvelée et toujours plus importante vers le mieux, le beau et le vrai.

    Et au fil des siècles (j’espère franchement moins) nous verrons se cristalliser des modes de gouvernance plus axé sur « le bien être pour le plus grand nombre » dans un monde meilleur.

    La conscience collective et donc les gouvernements qui s’en suivent ne sont que les reflets de nos consciences individuelles additionnés.

    Question :
    Quelle est le degré d’avancement de notre conscience individuelle vers « le mieux, le vrai et le beau » ?

      +2

    Alerter
    • Geoffrey // 12.01.2017 à 12h03

      Gégé,

      pour ma part, l’humanité n’avance qu’avec une carotte, càd un horizon, et un projet de société, et une philosophie pas trop exigeante – la doctrine politique…

      je pense que nos problèmes sont d’ordre « sexuel » – je m’explique…

      nos cerveaux sont dopés au plaisir, l’hédonisme : marketing, culture du stress…

      Pour réaliser ce que nos cerveaux exigent de nous, on a misé sur la cupidité, avec le mensonge et la violence comme outils de prédilection…

      et pour finir, une théorie « bien propre sur soi » pour massifier le tout, le libéralisme capitaliste.

      il faut donc soigner nos cerveaux avant toutes choses : notre finitude physiologique, une souffrance contre un plaisir (le coût de revient), le partage des opportunités (un accès égal aux biens de production).

      Geoffrey, neo-communiste au cerveau équilibré (enfin, je crois)

        +2

      Alerter
      • Gérard // 12.01.2017 à 12h30

        D’accord avec ta conclusion

        D’accord également quand tu dis « d’ordre sexuel » (je dirais « désir ») que beaucoup utilise à des fins de manipulation nous confinant globalement à l’aspect matériel des choses et du plaisir. Et je pense que l’homme est capable peu à peu de sublimer ses désirs, de transformer un désir égoïste en un désir de partage par exemple (même si la force de gravité semble forte)

        Sur les théories politiques, sur la durée, je pense que ce sont des expériences que les hommes font (sans qu’ils soient conscient que ce sont des expériences) dans leurs aspirations au bien être commun au niveau d’évolution où ils sont, elles peuvent être bonnes, mauvaises ou les deux à la fois. Il me semble que l’humanité s’éduque comme ca peu à peu vers un meilleur bien être individuel et surtout un meilleur bien être de groupe.

          +1

        Alerter
  • BrianDuSysCat // 12.01.2017 à 12h13

    0,000 000 001% de la population représente 1 personne sur 100 milliards, la population humaine étant de 7 milliards….

      +0

    Alerter
  • Alfred // 12.01.2017 à 12h35

    Sinon un dominant c’est ça:
    Affaire Wildenstein : relaxe générale pour la famille de marchands d’art et ses conseillers
    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/01/12/affaire-wildenstein-relaxe-generale-pour-la-famille-de-marchands-d-art-et-ses-conseillers-accuses-de-fraude-fiscale_5061456_3224.html#WCd9FYko04YUqBgK.99

      +9

    Alerter
  • charlie bermude // 12.01.2017 à 14h53

    L’article commence par deux demi-photos , où l’on a du mal à reconnaitre des « dominants » .
    Alors je crois qu’il y a 3 précisions à apporter dans l’affaire .
    ( C’est pas K Marx qui a inventé la notion mais c’est celui qui lui a apporté une consistance et Bourdieu n’est pas le seul à avoir effectué une mise à jour .) .
    Les 3 :
    – classe c’est mondial , quoique qu’apparaissant au sein de chaque état .
    – il y a des époques « unipolaire » et alternativement « multipolaire » . Dans une unipolaire , y a un état qui domine , donc sa fraction de classe aussi . K Marx vivait dans une multipolaire et la notre est unipolaire quoique qu’en phase terminale . Donc on peut pas qualifier les deux phénoménes , en photos ,  » voix de son maitre , sénescent » de dominants . çà coince .
    – la classe elle méme est zombie , en voie de disparition , y en a une autre qui prend sa place , à moins qu’on entame , ce serait le grand changement , la disparition , elle méme du phénoméne classe . Ne pas perdre de vue que tout çà c’est long , trés long , plus d’une génération .

      +3

    Alerter
  • Krystyna Hawrot // 12.01.2017 à 21h14

    C’est quand même Marx qui a le mieux définit la classe sociale : un groupe social ayant la même place dans le rapport de production. C’est assez simple dans le capitalisme: la bourgeoisie est la classe possédant les moyens de productions, le prolétariat, ne les possédant pas et devant louer sa force de travail pour à la première pour vivre. Bien sur, nous n’aimons pas le mot  » prolétariat » qui nous semble désuet. Pourtant les « salariés » sont au sens marxiste des prolétaires, c’est à dire des non propriétaires des moyens de production. Et ce indiférremment du fait que la bourgeoisie soit nationale ou mondialisée. Ou que la classe moyenne salariée possède sa maison ou pas. On ne produit rien avec la maison dans laquelle on habite. Si on la loue on devient un petit bourgeois. Après le rapport de force au sein des deux classes, s’il est toujours conflictuel objectivement, peut être masqué par des idéologies. Par exemple, le nationalisme place les deux classes en harmonie « pour le bien de la nation ». C’était aussi l’avis de la bourgeoisie gaulliste et de l’idéologie chrétien démocrate – pour le bien de la nation, il valait mieux que les classes coopèrent, mais certains espaces de manoeurve ont été alors concédés au prolétariat. Aujourd’hui on est dans un rapport de force nu qui rappelle le début du 19 siècle, sauf que la classe prolétaire est abrutie par la propagande et la consommation et n’a plus conscience de ses intérêts.

      +3

    Alerter
  • PresidentInconnu // 13.01.2017 à 00h13

    Parler de classes lorsqu’on devrait uniquement parler d’intérêt général, les classes existent depuis que l’homme a la prédestiné de dominer ou être dominé, propre a sa personnalité, son milieu, ses moyens, ses ambitions.
    Lorsqu’on détourne l’intérêt général ou on fragilise l’État par servilité ou loyalisme de l’étranger alors on se retrouve avec cette France qui doute, qui se déteste, qui œuvre contre l’intérêt général une France minoritaire toute classe confondu disposant d’un grand pouvoir qui cadre moralise influence, les médias et ses capitaux étranger majoritaire, des moyens financiers, réseaux en tout genre… [modéré]

      +0

    Alerter
  • BEOTIEN // 13.01.2017 à 05h09

    Voilà qu’on parle enfin du fond des choses. 

    Enfin… presque. Car une fois fait l’état des lieux reste à demander pourquoi malgré toute la conscience qu’ont les dominés de l’être (n’en déplaise à mon cher Bourdieu qui n’avait que le tort de ne plus fréquenter les Cafés du Commerce* pour s’en rendre compte).

    * Non je ne prétends pas que chacun y a conscience des mécanismes qu’il a si bien éclairé, mais conscience de qui botte le cul de qui, ça pas de doute.

      +1

    Alerter
    • BEOTIEN // 13.01.2017 à 05h11

      À ça, selon mois, deux réponses.

      La première relève de l’éthologie (dont ne voudra sûrement pas entendre parler l’auteur de cet excellent article, comme en son temps Bourdieu qui refusait d’en prendre les acquis en compte de peur – hélas ô combien justifiée – de finir de réveiller les démons eugénistes dont il voyait déjà trop de manifestations). Car, à l’instar de toutes les espèces sociales, dont les singes dont nous sommes, nous sommes programmés pour la soumission ET la domination. Les deux états étant également pourvoyeurs de sérotonine, récompense nécessaire à la structuration sociale nécessaire à la coordination nécessaire à l’action collective nécessaire à la chasse des gros gibiers puis de la défense du territoire à partir de la sédentarisation (que son besoin de bien plus grande stabilité, et donc hiérarchie, n’a pu que renforcer).

      Ainsi faut-il que la masse des dominés soient au bout du désespoir pour se révolter. Ce à quoi la classe dominante, via carottes, bâtons, pain, jeu. s’emploient à éviter par l’approche « prudente et discrète ». tant que pas assez assurés de leur toute puissance, et/ou par nécessité d’être servi.

        +2

      Alerter
  • BEOTIEN // 13.01.2017 à 05h14

    La seconde partie de l’explication, propre à notre époque néo-féodale, étant que la domination des dominants est à nouveau absolue. 1 % qui détient 99 % de la richesse mondiale dont 62 individus ont la moitié ne nécessite aucune démonstration. Surtout si on y ajoute la disposition d’une technologie de contrôle à laquelle plus personne ne peut plus s’opposer (j’attends qui pourrait me démontrer l’inverse par… la presse libre et indépendante !).

      +3

    Alerter
  • genas // 13.01.2017 à 08h27

    La conscience de classe est une construction sociale, un héritage. L’embourgeoisement des ouvriers, l’exode rural, l’immigration, la promotion de nouvelles valeurs par les médias …. ont cisaillés ce système de valeur, cette société où l’ouvrier était fier de ce qu’il incarnait (et idem pour chaque catégorie). La population est devenue un magma. Il manque une conscience construite par soi même aux individus pour qu’ils s’orientent et s’organisent.

      +3

    Alerter
    • BEOTIEN // 14.01.2017 à 02h26

      Conscience il y a tout autant que magma d’individus… individualistes, mis en compétition, seuls contre tous. Autant en raison de la propension de tout organisme à exprimer l’optimum de ses potentialités que parce qu’on l’y encourage par valorisation de l’égocentrisme, par multiplication de sources de désirs, donc de frustrations. Outil d’autant plus efficace que destructeur du religieux à son sens premier de religerer, cet ancien medium de contrôle par satisfaction de l’impérieux besoin d’appartenance de l’animal social.

      C’est l’application du « diviser pour mieux régner » poussé à son degré ultime. D’autant que la technologie permet désormais d’automatiser le contrôle jusqu’au niveau de l’invidu. D’abord en repérant et enregistrant ses désirs (fonction des cookies notamment) mais aussi ses déviances (par rapport à la norme comportementale souhaitée par les dominants) et toutes les failles qui pourront être utilisées contre lui pour le contraindre. Voire l’éliminer. Pas nécessairement physiquement (ça ce sera lorsque les dominés seront devenus par trop superflus aux dominants). Mais juste en tuant socialement le gêneur ou le devenu inutile. Si vous doutez de la réalité du phénomène, la prochaine fois que vous croisez un SDF prenez le temps de lui demander comment il s’est retrouvé à la rue.

        +0

      Alerter
  • Juju // 13.01.2017 à 14h43

    L’histoire a pour égout des temps comme les nôtres,
    Et c’est là que la table est mise pour vous autres.
    C’est là, sur cette nappe où joyeux vous mangez,
    Qu’on voit, – tandis qu’ailleurs, nus et de fers chargés,
    Agonisent, sereins, calmes, le front sévère,
    Socrate à l’agora, Jésus-Christ au calvaire,
    Colomb dans son cachot, Jean Huss sur son bûcher,
    Et que l’humanité pleure et n’ose approcher
    Tous ces gibets où sont les justes et les sages, –
    C’est là qu’on voit trôner dans la longueur des âges,
    Parmi les vins, les luths, les viandes, les flambeaux,
    Sur des coussins de pourpre oubliant les tombeaux,
    Ouvrant et refermant leurs féroces mâchoires,
    Ivres, heureux, affreux, la tête dans des gloires,
    Tout le troupeau hideux des satrapes dorés ;
    C’est là qu’on entend rire et chanter, entourés
    De femmes couronnant de fleurs leurs turpitudes,
    Dans leur lasciveté prenant mille attitudes,
    Laissant peuples et chiens en bas ronger les os,
    Tous les hommes requins, tous les hommes pourceaux,
    Les princes de hasard plus fangeux que les rues,
    Les goinfres courtisans, les altesses ventrues,
    Toute gloutonnerie et toute abjection,
    Depuis Cambacérès jusqu’à Trimalcion.

    Les temps changent mais ne changent pas.

      +2

    Alerter
  • lois-economiques // 13.01.2017 à 20h03

    Il y a 4 classes :
    – Ceux qui élaborent les structures : politicien, haute bourgeoisie, haut fonctionnaires.
    – Ceux qui les font touner : Cadres
    – Ceux qui les célébrent : Journalistes.
    – Ceux qui les subissent constitue le reste de la population.

      +0

    Alerter
  • déplorable 21 // 15.01.2017 à 19h22

    Définitivement:
    j’appellerais  » prolétaire  » celui qui n’a que son travail pour vivre. ( salarié ou indépendant ) et « bourgeois » celui qui à autre chose ( rente , héritage, loyers ). Quelque soit sont niveau de revenu, étant entendu que celui qui en as de très hauts va rapidement acquérir du patrimoine .
    Les principales inégalités entre les Français ne sont pas les inégalités de revenus, de statut mais de PATRIMOINE.
    C’est ce qui structure toute la société française : idéologie , culture , vote, alliance de  » classe » etc , etc ; C’est ce qui explique l’absence de mouvements sociaux malgré le lent déclassement de la fameuse classe moyenne. Mais on va bientôt atteindre l’os : quand une ou deux générations n’auront créer aucune richesses ( patrimoine ), la réalité sociale apparaitra au grand jour.

      +1

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications