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2.juin.20112.6.2011 // Les Crises

Articles conseillés (Sapir, Dor, Werrebrouck, Heinberg)

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Aujourd’hui, je me repose, et laisse travailler les autres ! 🙂

Je vous conseille donc les 4 articles suivants :

Sur la zone euro :

Zone euro : le déni des réalités se paye au prix fort, par Jacques Sapir

« La crise terminale de la zone Euro, que j’avais annoncée pour la période courant de la fin de l’année 2010 à l’hiver 2011-2012, prend forme sous nos yeux avec l’inéluctabilité implacable des grands désastres trop longtemps niés. Les partis dominants du système politique français doivent aujourd’hui affronter une réalité qu’ils ont constamment et systématiquement refusée de prendre en compte et même de reconnaître. » (Contreinfo)

 

Analyse : Quitter la zone euro : y a-t-il un mode d’emploi ? par Eric Dor

« L’abandon de l’euro par un pays membre de l’UEM aurait un impact extrêmement déstabilisant pour l’ensemble de la zone euro, et un impact fortement négatif sur l’économie de tous les pays de la zone. Il n’empêche que cette hypothèse est souvent évoquée, généralement sans prendre la mesure de ce que cela impliquerait concrètement. Il est donc utile d’éclairer le débat de manière analytique pour qu’au moins ce type de supputations soient discutées en connaissance de cause. » Eric Dor est Directeur de la Recherche à l’IESEG School of Management (LEM-CNRS). (Contreinfo)

 

Avertissement aux liquidateurs de la zone euro, par Jean Claude Werrebrouck

« Il est de curieux moments, dans l’histoire des hommes, où il devient impossible de continuer sans de grands changements, lesquels sont perçus comme inacceptables. L’euro-système, devient contre toute attente, une fabuleuse machine régressive hors de contrôle, mais s’en séparer, peut nous diriger vers d’autres formes de régression que beaucoup redoutent. On ne peut plus faire avec l’euro, mais il est difficile de faire sans lui. » Commentant un document de travail de Jacques Sapir, Jean Claude Werrebrouck approfondit ici sa réflexion sur les conséquence d’une sortie de l’euro. (Contreinfo)

 

Et je termine par celui-là, que je reprends in extenso vu sa très grande qualité…

« Nous vivons l’un des grands tournants de l’histoire. Au cours de votre vie, vous serez les témoins de changements dans le monde qui seront les plus importants depuis le début de l’humanité. Vous aurez la possibilité de participer à la refonte des infrastructures de base qui sous tendent notre société, énergie, alimentation, transports et finance. » Indignés par la décision de la direction de l’établissement qui avait choisi le DG d’ExxonMobil pour ouvrir la cérémonie de remise des diplômes, les étudiants de l’Institut Polytechnique de Worcester, Massachusetts, ont invité Richard Heinberg, du Post Carbone Institute. — La crise systémique que nous affrontons est multiforme : climat, énergie, ressources, alimentation, modèle économique, sont les facettes du même problème fondamental : la redéfinition (fort urgente) du modèle de développement de l’humanité dans un monde fini, aux équilibres fragiles. Le retard à l’allumage auquel nous assistons dans la reconnaissance de l’ampleur des problèmes, de leur intrication structurelle, et des ruptures nécessaires avec le « business as usual » n’est pas étonnant. La génération au pouvoir, repue et vieillissante, est dans sa grande majorité incapable d’effectuer le saut conceptuel requis. Un Pascal Bruckner, qui se donne pour un esprit fort et libre, illustre excellemment ce travers, lorsqu’il écrit dans une chronique récente intitulée « la séduction du désastre » que « les discours alarmistes, qu’ils portent sur l’atome, le climat, l’avenir de la planète, souffrent d’une contradiction. Si la situation est aussi grave qu’ils le prétendent, à quoi bon s’insurger. Pourquoi ne pas se prélasser en attendant le déluge ? », avouant ainsi platement tout à la fois son incapacité à prendre la mesure du réel et son cynique manque de foi dans le génie humain. Certes, comme l’écrit Heinberg, la tâche à accomplir est lourde, difficile, semée d’embûches et rendue encore plus ardue par l’urgence, chaque jour plus pressante. Mais toutes les connaissances accumulées, toutes les merveilles rendues possibles par notre extraordinaire maîtrise des savoirs faire technologiques, aujourd’hui instrumentalisées par le couple infernal consumérisme / profits monétaires court-termistes, seront pour la génération montante, si elle en décide, autant d’atouts pour accomplir une tâche ô combien exaltante : renouer avec les promesses de l’Homme, créer un avenir de prospérité durable et partagée. Contre Info.

Par Richard Heinberg, Worcester Polytechnic Institute, 14 mai 2011 – Extrait

Mes paroles s’adressent en particulier à vous, qui êtes étudiants. Voici quelle sera la réalité déterminant vos existences. Quel que soit votre futur domaine d’activité, que ce soit le commerce, la finance, l’ingénierie, le transport, l’agriculture, l’éducation ou les loisirs, votre situation sera conditionnée par la transition énergétique qui est en cours actuellement. Mieux vous comprendrez cette réalité et plus efficace vous serez pour apporter votre contribution à la société et tracer votre chemin dans le monde.

Nous vivons l’un des grands tournants de l’histoire. Au cours de votre vie, vous serez les témoins de changements dans le monde qui seront les plus importants depuis le début de l’humanité. Vous aurez la possibilité de participer à la refonte des infrastructures de base qui sous tendent notre société, énergie, alimentation, transports et finance.

Je m’exprime avec une certaine assurance, car nos infrastructures existantes dans l’énergie, l’alimentation, les transports et la finance ne peuvent être maintenues dans la situation qui se dessine : celle d’un épuisement des combustibles fossiles et d’une instabilité du climat. Par conséquent, ce que vous choisirez de faire de votre vie pourrait avoir des conséquences beaucoup plus importantes que ce que vous pourriez imaginer aujourd’hui.

Au long de votre existence la société aura à résoudre plusieurs problèmes fondamentaux :

- Comment produire notre alimentation de manière durable, sans apport de combustibles fossiles, sans appauvrir les terres arables ou des réserves d’eau douce de plus en plus rares.

- Comment subvenir aux besoins de 7 milliards d’êtres humains sans épuiser les ressources naturelles, y compris les forêts et les pêcheries, et des réserves finies de minerais.

- Comment réorganiser notre système financier afin qu’il puisse continuer à remplir sa fonction essentielle, qui consiste à réinvestir l’épargne dans des projets socialement utiles dans le contexte d’une économie dont l’activité, au lieu de croitre sans cesse, se stabilise, voire même diminuerait en raison du déclin des approvisionnements en énergie.

La résolution de chacun de ces problèmes essentiels demandera du temps, de l’intelligence et du courage. Relever ces défis est une tâche requérant des héros et des héroïnes, une tâche suffisamment vaste pour nécessiter que même la plus grande génération qu’ait pu porter l’histoire humaine doive s’y consacre entièrement. Si chaque crise offre une nouvelle chance, alors celle-ci offre à l’humanité la plus grande occasion qu’elle ait connue.L’aptitude la plus importante que nous puissions espérer acquérir est sans doute celle de tirer le meilleur parti des circonstances que la vie nous réserve. A l’heure actuelle, ces circonstances sont celles d’une transformation fondamentale de la situation économique. Durant ce siècle, nous, Américains, jouiront de moins de biens matériels et de mobilité. D’ici à quelques années, nous regarderons la fin du 20e siècle en Amérique comme une époque où le consumérisme prôné par la publicité était complètement hors de proportion avec ce que la nature peut nous offrir de façon durable. J’imagine que nous nous souviendrons de ce moment avec un mélange de nostalgie et de regret, comme d’un âge d’or d’une abondance disparue, mais aussi comme d’un moment de folie et de cupidité qui a mis le monde entier en danger.

Tirer le meilleur parti de notre nouvelle situation implique de trouver le bonheur dans la conception de produits de meilleure qualité qui pourront être réutilisés, réparés, recyclés pratiquement à l’infini, et de nous accomplir dans les relations humaines et des activités culturelles plutôt que dans une consommation frénétique.

Heureusement, nous savons aujourd’hui grâces aux études psychologiques transculturelles qu’il n’existe que peu de corrélation entre les niveaux de consommation et le bonheur. Ce qui nous montre que la vie peut être en réalité meilleure, même sans combustibles fossiles.

Considérer les moments de crises comme des moments difficiles ou des périodes de vastes renouvellements relève en réalité d’une question de point de vue. Je tiens à souligner ce point. Nous vivons un moment d’opportunité sans précédent pour se rendre utile à la communauté. Un moment où il sera possible de changer vraiment le monde, parce que le monde doit changer de toute façon. Un moment où vous pouvez faire la différence en contribuant à façonner ce changement nécessaire et inévitable.

Lors de mes déplacements, je rencontre dans toutes les régions de ce pays des jeunes qui sont à prêts à relever le défi de construire un avenir post-pétrole : un agriculteur de 25 ans dans le New Jersey, qui laboure avec des chevaux et n’utilise pas de produits chimiques ; le responsable d’une coopérative de production de biocarburant à Northampton ; un installateur solaire à Oakland, en Californie. La transition énergétique imposera de mener une nouvelle réflexion dans tous les domaines, des beaux-arts à la banque. Partout, les entreprises embauchent des spécialistes du développement durable, pour tracer leur chemin à travers les nouveaux défis et opportunités. Au même moment, de nombreux jeunes rejoignent des organisations militant dans le domaine de l’énergie et du climat, telle 350.org et Transition Initiatives.

Pour conclure, je voudrais résumer mon message ainsi : les combustibles fossiles ont permis de construire le monde dans lequel vous avez vécu durant votre enfance et tout au long de vos années d’études. Maintenant c’est à vous d’imaginer et de construire le monde d’après les combustibles fossiles. C’est le défi et l’opportunité de votre vie. Je vous souhaite bonne chance pour que vous en profitiez au mieux.

Richard Heinberg est membre du Post Carbon Institute. Il est l’auteur de :

The Party’s Over : Oil, War, and the Fate of Industrial Societies,

Peak Everything : Waking Up to the Century of Declines

The End of Growth : Adapting to Our New Economic Reality.

À lire en intégralité, en anglais, dans sa publication originale : YES ! Magazine

Bonne lecture, et à lundi !

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