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9.juin.20189.6.2018 // Les Crises

« Collaborateur » plutôt que « salarié » : ce qu’il y a derrière la novlangue de votre DRH. Par Henri Rouillier

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Source : Le Nouvel Obs, Henri Rouillier, 04-06-2018

Le personnage de Chandler Bing, dans la série « Friends » interprété par Matthew Perry.

Pourquoi votre DRH préfère-t-il le terme de « collaborateur » à celui de « salarié » ?

A l’époque, les journalistes de « Libération » en avaient rigolé sur Twitter. Sur les badges d’accès à leur nouveau lieu de travail, à la case renseignant leur fonction, on pouvait lire le terme de « collaborateur ». Pas « journaliste », pas « rédacteur », pas « salarié ».

On ne compte plus les tribunes, les articles de la presse spécialisée et les brochures de recrutement qui mentionnent ce terme de « collaborateur », alors qu’à chaque fois il est question d’un ou d’une salarié-e.

Danièle Linhart est sociologue, directrice émérite du laboratoire Genre, travail et mobilités au CNRS. En 2015, elle a publié « la Comédie humaine du travail, de la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale », aux éditions Erès.

Avec elle, on a parlé des chief happiness officers, du mythe de Narcisse et des gens à qui on demande sérieusement de « rendre l’impossible possible » en entretien individuel d’évaluation.

Parlons de novlangue. Le terme auquel on pense spontanément, c’est celui de « collaborateur » (qui figurait sur les nouveaux badges des journalistes de « Libération » quand ils ont emménagé dans leurs nouveaux locaux). Que porte le terme de « salarié » pour qu’on lui préfère celui de « collaborateur » désormais ?

Je crois que ce qui est véhiculé par le terme de « salarié », c’est le concept de subordination que la Cour de Cassation a défini depuis 1996 comme « l’exécution d’un travail sous l’autorité d’un employeur qui le pouvoir de donner des ordres et des directives, d’en contrôler l’exécution et de sanctionner les manquements du subordonné ».

A savoir que le lien de subordination du salarié à son employeur est inscrit dans le contrat de travail.

Dans une pratique modernisée du management, cette relation de subordination fait tache, si l’on peut dire. En conséquence, le management reprend un terme dont étaient traditionnellement affublés les cadres (que la direction considérait comme des interlocuteurs aptes à « collaborer » avec elle) pour l’appliquer au reste des employés de l’entreprise. Sous-entendant que tout le monde existe sur le même plan que l’encadrement, que tous les salariés de l’entreprise vivent les conditions d’une égalité.

En réalité, il s’agit donc de faire sauter l’idée même de subordination, au profit de la collaboration qui est censée se faire de plein gré. En pratique, c’est un concept que l’on retrouve notamment dans la rhétorique de l’entreprise libérée où l’on considère chacun comme son propre manager. C’est encore une manière de masquer ou d’invisibiliser ce lien de subordination.

Vous pensez que l’on peut envisager une relation de travail dénuée de subordination ? Cela semble très contre-intuitif.

Ma seule position, en tant que sociologue, c’est de dire que le salariat présente d’énormes avantages en ce que c’est une forme de mise au travail collective. Le salariat, ce sont des droits, des garanties ainsi qu’une forme de protection. Et c’est très important. Le salariat permet aussi […]

Suite à lire sur : Le Nouvel Obs, Henri Rouillier, 04-06-2018

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Commentaire recommandé

Kiwixar // 09.06.2018 à 05h29

« Je crois que ce qui est véhiculé par le terme de “salarié”, c’est le concept de subordination. »

Je pense que ce qui est véhiculé par le terme de “salarié”, c’est le concept de salaire. Dans la majorité des entreprises, c’est la seule et unique raison motivant le quidam à se pointer au boulot le matin au lieu de rester à la maison s’occuper de ses hobbys, ou d’aller se promener en forêt ou d’aller au troquet avec ses potes, ou de se dédier à l’art, à l’artisanat ou à la paresse/contemplation.

Ce que l’UERSS est en train de pondre en faisant disparaître la notion de salaire contre travail et en prélevant les impôts à la source, c’est le prélèvement fiscal « de solidarité » à 100%. On va bientôt « collaborer solidairement » sans en voir un kopek, avec obligation d’accepter le boulot que Pôlemploi aura choisi pour nous selon notre « note sociale » (comme en Chine), allant de 0 (Berruyer, Sapir) à 100 (Botul). Après les generations, X, Y : la génération K (kopek). « En marche », à pied, car l’énergie sera trop chère.

68 réactions et commentaires

  • Kiwixar // 09.06.2018 à 05h29

    « Je crois que ce qui est véhiculé par le terme de “salarié”, c’est le concept de subordination. »

    Je pense que ce qui est véhiculé par le terme de “salarié”, c’est le concept de salaire. Dans la majorité des entreprises, c’est la seule et unique raison motivant le quidam à se pointer au boulot le matin au lieu de rester à la maison s’occuper de ses hobbys, ou d’aller se promener en forêt ou d’aller au troquet avec ses potes, ou de se dédier à l’art, à l’artisanat ou à la paresse/contemplation.

    Ce que l’UERSS est en train de pondre en faisant disparaître la notion de salaire contre travail et en prélevant les impôts à la source, c’est le prélèvement fiscal « de solidarité » à 100%. On va bientôt « collaborer solidairement » sans en voir un kopek, avec obligation d’accepter le boulot que Pôlemploi aura choisi pour nous selon notre « note sociale » (comme en Chine), allant de 0 (Berruyer, Sapir) à 100 (Botul). Après les generations, X, Y : la génération K (kopek). « En marche », à pied, car l’énergie sera trop chère.

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    • Sam // 09.06.2018 à 06h05

      Le salaire est ce qui « justifie » la subordination.
      Maintenant, c’est sur que si on peut garder la subordination mais supprimer les salaires, c’est tout bénef…

      « Le savoir, la compétence, l’expérience, ce sont des ressources qui ont toujours fait peur aux employeurs. Taylor, par exemple, a tout de suite compris que le savoir était le pouvoir. Toute l’intelligence taylorienne a alors été d’éclater les métiers en tâches élémentaires. D’exproprier les ouvriers de leurs métiers, de leurs savoirs, de leurs connaissances et de leur expérience. Le but étant de transférer le savoir des ateliers vers l’employeur et ses bureaux. »

      Salutaire rappel.

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      • Homère d’Allore // 09.06.2018 à 10h41

        Le lien de subordination est le pilier du droit du travail.
        Ce dernier protège le salarié contre l’employeur.
        En détruisant la notion de subordination, on peut ainsi faire passer le travail dans le droit commercial ou le droit civil, bien moins protecteurs.
        C’est ce dont rêve Uber et autres start-up « disruptives » dont les seules innovations sont des pratiques visant à détourner le droit du travail derrière un vocabulaire bisounours du type « économie du partage »…

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        • Sam // 09.06.2018 à 11h35

          Un cheval bon marché est rare,
          Tout ce qui est rare est cher,
          Un cheval bon marché est cher.

          Dans le même ordre d’idée, on a « le lien de subordination protège le salarié contre l’employeur ».

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          • Homère d’Allore // 09.06.2018 à 12h43

            Ce n’est pas le lien de subordination par lui-même, bien sûr, mais sa reconnaissance par le droit.
            Supprimer cette notion, c’est abolir le droit du travail.
            Et il y aura toujours des imbèciles qui penseront que supprimer la notion de lien de subordination sera une libération alors que ce sera l’inverse. Les parties concernées par le contrat seront supposées égales et non inégales comme aujourd’hui.

            « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la Liberté qui opprime et la Loi qui affranchit » écrivait Lacordaire, qui n’était pourtant pas un anti-libéral forcené.

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            • Sam // 09.06.2018 à 14h51

              « Supprimer cette notion, c’est abolir le droit du travail. »
              C’est un peu comme jeter le bébé avec l’eau du bain.

              Rien n’oblige à abolir le droit du travail, tout en « repensant » la question de la subordination.

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            • Globule rouge // 10.06.2018 à 09h07

              Ca veut dire quoi, Sam, « repenser la question de la subordination » ?

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            • Sam // 10.06.2018 à 10h15

              Je comprends bien l’argument du statut que confère la notion juridique de subordination. Et bien évidemment il faut souligner l’inégalité actuelle dans le contrat de travail.
              Rouillier ne dit pas autre chose, mais en sociologue considère cette inégalité indue, que les travailleurs ont été spoliés de leurs savoirs, et il remet en cause cette hiérarchie arbitraire, imposée par ceux qui détiennent le capital et non pas par « le savoir, les compétences, l’expérience ».
              Après une remise en perspective historique, du taylorisme jusqu’à aujourd’hui avec le management moderne et sa novlangue, il conclut qu’il faut repenser l’entreprise, reposer la question de sa propriété et de sa finalité, en passant par cette hiérarchie de plus en plus abstraites, détachée des savoirs concrets.
              C’est me semble-t-il un enjeu majeur, et qui avait parfaitement disparu du débat depuis 40 ans, remplacé par des combats sociétaux stériles.

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            • Idomar // 12.06.2018 à 16h24

              Exact, c’est la raison de l’emploi d’autoentrepreneurs notamment.
              Dans le mot il y a entrepreneur, ça en jette d’avantage.
              Mais derrière il y a un massacre.
              Regardez tous les jobs proposés qui mettent en avant l’indépendance, les gains statosphériques, mais avec une obligation : statut autoentrepreneur ou agent commercial de rigueur.

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          • Le Minotaure // 09.06.2018 à 13h47

            Sauf que contrairement à l’exemple du cheval, ce n’est pas un sophisme. Etre salarié est un statut qui ouvre un certain nombre de droits collectifs, qui effectivement protègent contre l’employeur.

            Quand on est collaborateur on peut aussi bien être « auto-entrepreneur », par exemple livreur Deliveroo, sans (officiellement) de lien de subordination, mais dans les faits sans droits ni protection vis à vis de votre employeur.

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            • Sam // 09.06.2018 à 14h22

              Subordination : état d’une personne qui est soumise à l’autorité d’une autre.
              Dans l’article, M.Rouillier défend le droit du travail, à un bémol près : « Néanmoins, il y a une tare dans le salariat. Cette tare, c’est la subordination. On devrait pouvoir repenser l’entreprise sans elle. »

              Faire de la subordination un « pilier » du droit du travail, pire, défendre la subordination comme un droit !! Comment dire…

              « Reposer la question du lien de subordination, c’est reposer la question de ce qu’est une entreprise : à qui elle appartient ? à quoi elle sert ? “

              Remise en question de la propriété et de la finalité des moyens de productions ? Il fallait les maitres orpailleurs de les-crises.fr pour trouver pareille pépite dans le Nouvel Obs.

              Mais si maintenant la subordination est un droit à défendre, j’avoue que j’en perds mon latin…

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          • chouchounet // 09.06.2018 à 15h22

            @Sam. Un cheval bon marché est cher. Excellent! Remarque tout à fait pertinente. Très bien vu.

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            • Le Minotaure // 09.06.2018 à 18h51

              « Faire de la subordination un “pilier” du droit du travail, pire, défendre la subordination comme un droit !! Comment dire… »

              Vous lisez vos contradicteurs ?? Personne n’a jamais affirmé celà. Ce n’est pas la subordination qui est un droit, mais le statut de salarié qui reconnait ce rapport et et définit par conséquence un certain nombre de portection. Supprimer ce statut n’empeche pas l’existence du rapport de subordination, il fait simplement voler en éclat toutes les barrières à son exercice.

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        • Touriste // 09.06.2018 à 13h35

          Bonjour,
          Je suis d’accord avec vous : cette novlang est un des chevaux de Troie dont le but premier est d’affaiblir, à terme, encore un peu plus le Droit du Travail.
          La tactique est simple : on dénature ou supprime un mot, donc le concept initial est plus difficilement « pensable », et si le concept est suffisamment affaibli voire disparaît des esprits : sa raison d’être dans les textes de loi disparait en conséquence logique.
          Le fait de claquer du pognon envers les travailleurs ne les gêne pas beaucoup. C’est le fait d’en claquer plus que nécessaire pour assurer la formation et la productivité du travailleur jusqu’à environ la cinquantaine qui les emm… embêtent furieusement.
          Car un salarié ou collaborateur bien payé se libère plus facilement des contraintes de la vie quotidienne et ainsi se libérer (et utiliser) du temps pour réfléchir et s’instruire. Et un individu qui réfléchi et qui s’instruit conteste et revendique plus facilement.
          Ce que veut le « top management » ce sont des « bénis oui-oui », pas des gens qui pensent. C’est beaucoup trop dangereux.
          Et puis payer si cher des travailleurs qui créent la richesse vous n’y pensez pas ! Il faut prendre soin des malheureux actionnaires majoritaires qui ont si faim mais qui ne savent rien faire d’autre que d’avoir faim…

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      • Bouddha Vert // 10.06.2018 à 03h32

        Salutaire mais avec une vision très XXème siècle.
        Le taylorisme n’est apparu qu’avec la révolution industrielle, auparavant, même dans les petites manufactures, ce sont les savoirs-faire, leur somme qui donnait un véritable pouvoir à l’entreprise et à l’entrepreneur, aujourd’hui devenu employeur.
        Demain, avec moins de machines à disposition parce que moins de ressources, les savoirs-faire redeviendront nécessité, et les entrepreneurs aussi, quels qu’ils soient.
        Mais ça sentira la sueur, et plus besoin de TF1 pour s’endormir.

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    • AerosolKid // 09.06.2018 à 08h49

      « On va bientôt « collaborer solidairement » sans en voir un kopek, avec obligation d’accepter le boulot que Pôlemploi aura choisi pour nous selon notre « note sociale »

      Oui ça ressemble assez à la définition du communisme. Et de collaborateurs nous deviendrons des  » camarades « .
      Certains devraient être satisfaits.

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      • Catalina // 09.06.2018 à 09h43

        euh ? ah bon ? j’ai cherché mais j’ai bcp de mal à coller ou même à comparer ça à la définition du communisme. Voudriez-vous expliquer, étayer votre affirmation ?
        http://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/communisme/
        Il est facile de faire l’Impasse sur certains aspects positifs du communisme….
        Mes parents qui ont vécu sous l’ére communiste de l’ex URSS n’étaient pas si affirmatifs que vous et avaient l’honnêté intellectuelle de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

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        • AerosolKid // 10.06.2018 à 08h45

          Avec tout le respect que je peux avoir pour vos parents qu est ce ça change que les votres ne soient pas si affirmatifs. Je peux vous parler des camps de Siberie où les miens ont travaillé solidairement sans un kopeck et de façon non consentis, est ce que cela prouvera mes dires ? Oui je jette le communisme, comme le nazisme d ailleurs avec l’eau du bain, idéologies mortifères.
          Il y a eu des communistes honnêtes et bonnes personnes je n en doute pas, en revanche ça ne fonctionne plus pour les nazis…oh wait .

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      • nulnestpropheteensonpays // 09.06.2018 à 14h21

        sauf que certains collaborateurs auront le pognon et le droit de vivre décemment , et l’autre non .mais il aura collaboré au bien être de l’un … c’est de l’altruisme en fait … j’attends le moment ou les communicants vont nous sortir un truc du style , on y est bientôt

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    • astap66 // 09.06.2018 à 09h11

      Je le croyais aussi…Mais en fait, non.
      Dans « L’institution du travail », de Clause Didry, j’ai appris que le « contrat de travail », tel qu’il a été inventé en 1910, n’était pas du tout, à l’origine, caractérisé par un lien de subordination. Il s’agissait à l’époque de lutter contre le marchandage de main d’oeuvre (qui a été interdit à peu près à la même époque). Avant cela, les capitalistes avaient recours au contrat de louage d’ouvrage. Ils passaient contrat avec des chefs d’atelier (les canuts à Lyon par exemple) qui eux même embauchaient qui les membres de leur famille, qui des ouvriers payés à la journée ou à la pièce. La lutte sociale se menait dans les revendications sur le tarif.
      Cette situation a donné des inventions intéressantes, comme la « commandite ouvrière » des ouvriers typographes (répartition égalitaire du tarif entre les membres de l’équipe) mais aussi le pire avec le sweating system dans la confection.
      A la suite d’une première tentative d’abolition du marchandage en 1848, des scandales vont conduire à l’interdiction de la sous traitance dans les marchés publics en 1898 et surtout à l’invention du contrat de travail en 1910.
      La commission mise en place par la société d’étude législative chargée de la rédaction du nouveau code du travail avait d’ailleurs proposé de définir le contrat de travail de la manière suivante :
      « le contrat de travail est le contrat par lequel une personne s’engage à travailler pour une autre qui s’oblige à lui payer un salaire calculé, soit à raison de la durée de son travail, soit à proportion de la quantité ou de la qualité de l’ouvrage accompli, soit d’après toute autre base arrêtée entre l’employeur et l’employé.
      Ne sont pas soumis aux dispositions du présent titre les contrats passés par les personnes qui offrent leur travail non à un ou plusieurs employeurs déterminés mais au public »*.
      De ce fait, sont devenus salariés, et ont donc été compris dans un minimum de protection, contre les accidents du travail notamment, des personnes qui auparavant étaient considérés comme entrepreneurs indépendants.
      Mais la « subordination » n’était pas envisagée comme une caractéristique essentielle du contrat de travail.
      Camille Perreau, Professeur d’économie à la Faculté de Droit de Paris, rapporteur de cette commission, avait même précisé « La commission (…) s’est inspirée de cette idée qu’il convenait d’assurer une situation juridique identique à des catégories de personnes qui, sous des noms parfois différents, n’ont en somme que la même situation économique (…) »*.
      Toutefois, la loi votée en 1910 a finalement renoncé à donner une définition juridique du contrat de travail (il n’y en a d’ailleurs toujours pas aujourd’hui).
      C’est la jurisprudence de la Cour de Cassaton, dans les années 50, qui a exigé un lien de subordination pour caractériser le contrat de travail.

      *[Claude Didry, « L’institution du travail », La dispute, p.76 et 77]

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    • Duracuir // 09.06.2018 à 13h44

      Quelle vision restrictive du travail et de l’entreprise. Si vous êtiez salarié, vous avez du avoir une vie bien triste. Un boulot où on a la sensation de se réaliser, et ou on a la sensation d’évoluer, et ou d’être reconnu, et ou d’appartenir à un projet commun valorisant et ou encore d’éprouver un vrai plaisir à voir chaque matin ses collègues, c’est déjà une grande part de bonheur. Un boulot où on a l’occasion de rencontrer des collaborateurs, des collègues, des chefs voire des patrons extraodinaires, c’est déjà une part de bonheur. Le neuneu radoteur de pâté de mots en chef disait peut-être « l’enfer c’est les autres », il se trouve que le paradis c’est aussi les autres.
      Un boulot où effectivement on n’a rien de ces critères là est vite un enfer, et quelque soit le salaire. Raison d’être du placard où même un gros salaire ne protège ni de la depression ni du suicide. Mais bon, on est plus souvent en dépression à se morfondre seul chez soi au chômage ou à la retraite qu’au boulot.
      Non, définitivement non, le salaire n’est pas la seule chose qui motive un salarié, pas plus que le fric n’est la seule chose qui motive un indépendant, un libéral ou un patron, petit ou gros. Et un salaire est, par essence décevant, car on estime toujours mériter plus, quelque soit le niveau rémunération.

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      • nulnestpropheteensonpays // 09.06.2018 à 14h25

        et puis surtout j’aimerais que l’on m’explique une bonne fois pour toute pourquoi un banquier toucherait il plus qu’un ‘éboueur par exemple , toujours pas compris chuis bête

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        • chouchounet // 09.06.2018 à 15h37

          @nulnestprophetensonpays.
          C’est assez clair. Comme l’a démontré je ne sais plus quel sociologue Américain : plus vous êtes utile aux autres et plus votre rémunération est basse. C’est évident si on ouvre les yeux. Le pourquoi est une autre histoire qui mériterait un longue étude sur le thème, chez nous, du style : « pour la France d’en haut des c******* en or, pour la France d’en bas des nouilles encore ».

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          • Duracuir // 09.06.2018 à 16h20

            raison aussi pour laquelle, dans la même entreprise, Mme X, cheffe comptable, 40 ans, bac+8, qui bosse dur 55 heures par semaine avec un devoir légal d’exactitude va gagner beaucoup moins qu’un jeune commercial de 25 ans, qui a arrêté l’école en seconde, qui bosse à quart temps, se fout comme d’une guigne des process vitaux de l’entreprise mais qui possède le don de convaincre les gens de signer ses bons de commande.

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        • Duracuir // 09.06.2018 à 16h12

          tout simplement parce qu’il y a des gens pour payer plus cher un banquier qu’un éboueur. ça n’a absolument rien à voir avec la valeur.
          Sinon, pour vous aider sur les « valeurs » qui rapportent, voici ce que disait Rockfeller, je crois, ou un autre oligarque Yankee de la même époque:
          « je suis prêt à rémunérer plus que quelque autre valeur sous le soleil, la capacité d’influencer ses semblables ».
          Raison pour laquelle ce n’est pas forcément le meilleur et le plus compétent d’une équipe, quelque soit le niveau hierarchique de l’équipe, qui a la plus grosse promo.
          Si un administrateur majeur d’une banque était certain qu’un éboueur de sa connaissance était capable d’influencer l’ensemble de ses salariés pour qu’ils produisent au mieux, y compris les hyper qualifiés, la majorité des actionnaires pour les rassurer, les fournisseurs et partenaires pour qu’ils aient confiance et les institutionnels pour qu’ils soient bienveillants, il le paierait comme un PDG d’une de ses banques.

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          • Calal // 09.06.2018 à 17h43

            Ou et la capacité d’une personne d’influer sur les autres dépend aussi de moi. Tu m’as arnaquer une fois honte a toi ,tu m’as arnaquer deux fois honte a moi disent les américains. Le baratin du grand patronat c’est pareil.depuis la chute du mur et la fin de l’alternative communiste,on sait que son but c’est de reprendre toutes les avancées sociales concédées.ils ne s’arrêteront que s’ils trouvent un mur.

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    • RGT // 09.06.2018 à 19h54

      « se dédier à l’art, à l’artisanat ou à la paresse/contemplation »

      Saviez-vous que l’oisiveté était considérée au moyen-âge comme la plus belle des vertus ?

      Zut, comment on va faire tourner nos usines et fourguer tous nos gadgets si les glandeurs ne pensent qu’à rêvasser à longueur de journée en se contentant d’air pur, d’eau fraîche et de quelques câlins (choses qui ne sont pas mercantiles) ?

      Le savoir-vivre a bien reculé en quelques siècles.

      Finalement, j’ai de plus en plus l’impression que les lumières se sont éteintes à la renaissance et que le siècle s’en revendiquant n’était qu’une apologie de l’obscurantisme.

      Comparez simplement les écrits de Rabelais (en vieux françois, c’est plus difficile mais bien plus truculent) et de ceux de Voltaire, esclavagiste « décomplexé », et vous comprendrez peut-être les raisons de mon affirmation.

        +2

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  • Tardieu // 09.06.2018 à 06h09

    Collaboré correspond à un cran de plus dans ou vers le corporatisme.

    Cet article est à la gloire du salariat, de l’esclavagisme moderne, le pire de tous, puis les esclaves ne sont mêmes pas entretenus par leurs maîtres.

    Rien ni personne ne peut justifier l’exploitation de l’homme par l’homme…

      +1

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    • Sam // 09.06.2018 à 06h47

      « Cet article est à la gloire du salariat, de l’esclavagisme moderne, le pire de tous, puis les esclaves ne sont mêmes pas entretenus par leurs maîtres. »

      On n’a pas lu le même article alors.

      « Néanmoins, il y a une tare dans le salariat. Cette tare, c’est la subordination. On devrait pouvoir repenser l’entreprise sans elle. On pourrait arrêter de considérer que le patronat est l’entreprise : rappelons qu’en 1998, le CNPF (Conseil national du patronat français) est devenu le Medef (Mouvement des entreprises françaises). Symboliquement, ce fut une OPA extraordinaire sur l’entreprise. Les entreprises sont quand même composées des gens qui y travaillent.
      Reposer la question du lien de subordination, c’est reposer la question de ce qu’est une entreprise : à qui elle appartient ? à quoi elle sert ? « 

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  • Fabrice // 09.06.2018 à 07h10

    Dommage que la collaboration en France et d’autres laisse un goût amer, une pointe de sombre relent nauséabond.

    En France la résistance à pris une ampleur inédite avec le travail obligatoire qui sait si l’histoire se répète.

      +10

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  • calal // 09.06.2018 à 08h23

    C’est aussi a cela que sert l’epargne: se constituer un coussin de « fuck off money » . Si vous avez un an de depense accumulee sur un compte courant ou un livret A, vous pouvez envoyer chier votre « manager » et envisagez de changer de boulot, vous payer une formation dans un domaine qui vous plait ou demenager vers un ailleurs qui vous parait plus prospere.
    Reduisez votre consommation, accumulez des surplus puis utilisez les de maniere pertinente. Mettez la pression sur vos chefs,la demographie est en faveur des salaries. Que faites vous de votre salaire? vous libere t il ou etes vous un hamster qui tourne dans sa roue?

      +12

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  • christiangedeon // 09.06.2018 à 08h46

    Mouais…beaucoup de bruit pour rien.Longtemps les « collaboratuers « ont été appellés « employés »,terme jugé vexant qui a été remplacé par salarié,diversement apprécié. Quelque années en arrière, le terme collaborateur a été jugé plus digne en quelque sorte que empoyé,puis salarié,justement parce qu’iol faisait apparaître le lien de subordination comme secondaire par rapport à la tâche effectuée…Quoi qu’il en soit,on peut appeller une situation donnée par tous les mots possibles et imaginables,elle reste ce qu’elle est. l’exemple typique est la femme ou l’homme de ménage devenu par la magie des mots « rechnicien de surface »…c’est peut être plus digne ou plus valorisant,mais çà ne change rien au contenu de sa tâche. Je trouve cet article,comment dire,très scolastique…on joue sur les mots,en leur prêtant telle ou telle intention maligne…ou pas. mais ,quoi qu’en pensent les partisans de cette théorie,les mots ne sont pas les choses.

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    • caliban // 09.06.2018 à 11h05

      « Je trouve cet article,comment dire,très scolastique…on joue sur les mots »

      Je pense que
      • vous n’avez pas compris le propos de ce texte (ou que vous ne l’avez pas lu jusqu’au bout)
      • vous n’avez jamais été en situation d’être un « collaborateur »

      Pour faire court, un salarié c’est quelqu’un qui reçoit des ordres de son chef, il les exécute. Un collaborateur c’est une personne qui ne reçoit plus d’ordres mais qui a la charge des objectifs qu’il détermine lui-même. Conséquence prévisible :
      • si l’entreprise va mal, ce n’est plus la faute de la hiérarchie qui aurait mal piloté l’entreprise
      • mais celle du salarié qui aurait mal fait son travail

      Ces techniques managériales consistant à diluer les responsabilités expliquent entre autres choses l’apparition des « burn out », épuisement psychologique qui n’existait pas il y a 20 – 30 ans.

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      • PetitSuisse // 14.06.2018 à 10h21

        Les Scops (entreprises coopératives) fonctionnent sur le principe de « collaborateurs » responsables et n’impliquent pas (ou beaucoup moins) de conséquences néfastes.
        Les causes des burn-out sont peut être plus liées à la distance entre ceux qui donnent les orientations de l’entreprise (souvent non sociales car proches des actionnaires, cad des personnes intéressées par les résultats financiers) et ceux qui sont intéressés par la pérennité de l’entreprise (les « collaborateurs » salariés) et qui doivent se fixer des objectifs qui vont à l’encontre de leurs intérêts…

          +1

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  • René Fabri // 09.06.2018 à 09h20

    La précarisation des travailleurs est un gros problème, mais qui n’est pas le sujet principal de cet article. La suite, lisible sur le site du Nouvel Obs, développe une autre idée qui celle est d’un nouveau paternalisme patronal, qui est plus malsain que l’ancien.

    Le sociologue Henri Rouillier se demande quels sont les conséquences de la « personnalisation », l' »individualisation de la relation au travail ». Il craint que ce soit un faux progrès. Le chef fait semblant d’écouter chaque employé, notamment lors des « fameux entretiens annuels d’évaluation ». Pourtant, en « réalité, les performances individuelles sont difficilement objectivables, tout comme le travail réel ». Alors « les traits de personnalité de l’employé sont venus s’insinuer dans l’évaluation ». Le nouveau chef cherche les points faibles de l’employé pour avoir du pouvoir sur lui : « Dans le langage managérial, c’est le fameux : « sortir de sa zone de confort » ».

    En conclusion, selon Henri Rouillier, avec qui je suis d’accord, on constate « une incursion du management dans l’intimité des salariés ».

      +13

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    • Sandrine // 09.06.2018 à 11h08

      Vous avez raison : le sujet de l’article c’est la deprofessionnalisation; un phénomène qui est masqué sous le terme aguicheur de « collaborateur». Pour faire oublier au salarié que ses compétences sont niées et vampirisées par l’entreprise (par la direction de l’entreprise), pour lui masquer le fait qu’il est traité comme un rouage, un objet (au sens taylorien), on lui dit qu’il est un « collaborateur » dont on apprécie l’engagement passionné (cad. Le fait qu’il accepte qu’on pompe son énergie comme on presse un citron).
      En fait, on paye les salariés d’aujourd’hui avec des mots -pour mieux les exclure
      du droit à profiter des richesses « réelles » produites par l’entreprises et leur faire oublier qu’ils n’ont aucun droit à décider de la manière dont est réparti le gâteau.

        +7

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    • caliban // 09.06.2018 à 16h58

      @Sandrine

      « traité comme un rouage »
      Je vous invite vivement à consulter les conférence d’Alain Supiot (Prof. au Collège de France, spécialiste du Droit du travail et qui a écrit notamment « Du gouvernement par la Loi à la gouvernance par le nombre »).
      https://www.youtube.com/watch?v=Z41-HXsLxQk&index=8&list=PLwl60Z8ihqF48o9Z3QYoHaAAlgHB0CcWx

      Il explique justement le passage du paradigme tayloriste (où le salarié est un rouage d’une machinerie mécanisée, façon Charlot) au paradigme managérial actuel de la gouvernance (où le « collaborateur » est enserré dans un réseau, qui par bien des aspects est encore plus contraignant, « totalitaire » au sens où il prend le contrôle total de l’individu).

        +2

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  • Alfred // 09.06.2018 à 09h35

    Je ne comprends pas trop ces réactions épidermiques à la notion de subordination. Que vous le vouliez ou non elle existe systématiquement et indepassablement dans le capitalisme et souvent pour des raisons de culture et d’organisation dans la propriété collective. La reconnaître lorsqu’elle existe est indispensable (la cacher ou la nier est exactement faire le jeu des dominants) pour bien définir la responsabilité de chacun. Faire sauter cette chaîne secondaire de responsabilité est l’objectif contemporain des dominants (chacun responsable de son propre malheur et des boucs émissaires en pagaille). La première chaîne de responsabilité (celles des propriétaires) à sauté depuis longtemps à travers l’actionnariat.
    Il est donc bienvenu que d’aucun remettent les pendules à l’heure en rappelant ce qui se cache derrière le chant de vocabulaire. Collaborateur…. Il est des esprits pur qui apprécient la « vérité » derriere ce mot menteur. À savoir que nous sommes tous collectivement responsables de la dégradation de notre environnement. C’est fait faire peu de cas de la liberté réelle de manœuvre de chacun et laisser ceux qui ont la plus grande responsabilité la délayer à peu de frais. À la limite « salarié » rappelle qui rosser et actionnaire qui pendre. « Collaborateur » c’est accepter l’impuissance.

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  • RGT // 09.06.2018 à 09h41

    Ce que j’ai surtout ressenti quand le terme de « collaborateur » a été introduit dans le monde du travail, c’est surtout que désormais le « grouillot » devenait RESPONSABLE de TOUS les problèmes que pouvait rencontrer l’entreprise.

    Avant, un « salarié » n’était qu’un pion à disposition de l’employeur qui pouvait officiellement l’utiliser à sa guise en lui ordonnant de faire ce qu’il souhaitait, comme un stylo ou une clé à molette.

    L’introduction du terme « collaborateur » a permis (au niveau sémantique seulement) de « responsabiliser » le salarié qui ne devait plus seulement suivre les instructions décrétées par ses supérieurs mais « anticiper » leurs désirs afin de les satisfaire à tout instant.
    Et donc de devoir assumer la responsabilité de tout désastre au sein de l’entreprise, même s’il n’y était pour rien.

    Et en cas de grosse bourde, bien sûr, la hiérarchie ne portait plus aucune responsabilité car c’était le « collaborateur » qui, « responsable de ses actes » était à l’origine du désastre.

    Désormais l’employeur est un être « supérieur, parfait et divin » car toute faute provient de ses « collaborateurs » qui ont fait les mauvais choix ou qui n’ont rien compris et qui seront sévèrement sanctionnés (les exemples ne manquent pas).

    Elle a aussi été associée à celle de « l’évaluation » qui a permis d’assouvir encore plus les salariés (et de rogner leurs revalorisations salariales) en fixant des « objectifs » bien sûr inatteignables.

    Sachant que l’employeur détenait toujours l’arme du licenciement et surtout qu’il avait désormais l’arme de « l’évaluation » il avait un pouvoir décuplé.

    Si ça part en vrille TU assumes et si ça se passe bien JE récupère TOUS les lauriers en te caressant dans le sens du poil (mais sans que tu obtiennes le moindre avantage, tu as seulement atteint des « objectifs »).

    Elle n’est pas belle la vie ?

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  • Hervé // 09.06.2018 à 10h03

    Collaborateur a un sens infamant en France : http://www.filoche.net/2013/08/02/collaborateurs-et-subordonnes/

      +3

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  • Emmanuel // 09.06.2018 à 10h30

    Le lien de subordination rentre en contradiction avec l’idée de responsabilisation. Vous n’êtes pas d’accord avec le « management », alors qu’une chose à faire, prendre la porte. Et tous les salariés ont expérimenté un moment ou un autre cette drôle d’impression de soumission et d’impuissance, surtout si le « manageur » est mauvais. Quant à la notion de subordination, voir à ce sujet le procès d’Eichmann, où le protagoniste n’a de cesse de plaider son innocence, en expliquant qu’il n’était qu’un subordonné exécutant les ordres (certes avec zèle et efficacité…).

      +2

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  • Locksman // 09.06.2018 à 10h35

    Dans l’analyse des relations au travail il y a aussi, subtilité de notre belle langue, le vouvoiement imposer aux subalternes vis à vis de leurs supérieurs hiérarchique/patron qui eux même en retour les tutoies allégrement pour bien marquer leurs positions « supérieur ». Souvent même, dès l’entretien d’embauche.

    Petite anecdote, dans une petite boite « familiale » ou je travaillait en suivant directement les consignes du patron, il passait 3-4 fois par semaine dans les bureaux voir l’avancé des projets ou en apporté de nouveaux.
    Au départ il me vouvoie, puis après 2-3 semaines il finit par me tutoyer comme si de rien était, alors que moi je lui donnait encore du monsieur Lec….
    Du coup je me dit que si il peut me tutoyer il n’y a pas de raison pour que je ne puisse pas en faire autant.
    Alors un jour il rentre dans le bureau ou je bossais et je lui dit « Bonjour Roger, j’ai fini tel projet tu peux me dire ce que t’en penses? ».
    La il s’arrête, il me regarde l’air mauvais et me dit « Moi c’est MONSIEUR Lec… ».
    Du coup je l’ai re vouvoyer et appeler monsieur mais il à toujours garder une dent contre moi par la suite et il a continué de me tutoyer.
    Heureusement, j’ai pas fait long feu dans cette boite.

      +2

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  • R.C. // 09.06.2018 à 10h57

    L’application universelle du terme « collaborateur » aux employés est une astucieuse arnaque du marketing ; une utilisation frauduleuse de dénomination de substances qui sont souvent loin de correspondre à l’étiquette alléchante.
    Encore faudrait-il qu’existe une réelle collaboration symétrique entre le « collaborateur » et sa hiérarchie (l’actionnariat, notamment).

    Une autre étape de l’arnaque a été de magnifier la « polyvalence ».
    Celle-ci devenue un mantra incontournable, on a dépossédé les salariés de leurs spécialités – dans lesquelles ils pouvaient exceller – pour leur attribuer (imposer unilatéralement) des missions à géométrie variable (parfois délibérément impossibles à tenir).
    Un « collaborateur » qui ne fait pas suffisamment la démonstration de sa « polyvalence » (commercial-dactylo-trapéziste, par exemple…) se place de fait sur la file des rebuts. Ce qui est une manière très commode de « gérer » les excédents d’effectifs lors des innombrables fusions-acquisitions qui jalonnent désormais la vie des entreprises victimes de la frénésie d’un néo-libéralisme devenu dément…

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    • Haricophile // 09.06.2018 à 14h27

      L’appropriation du langage et sa dénaturation par le libéralisme pour étouffer la contestation et empêcher les débats d’idée n’ont pas attendu 1984. A commencer par le mot même «Libéralisme» qui est un contresens et une dénaturation complète de ce mot.

      Vous voulez vous réapproprier les mots et leur sens originels ? Partout ou vous le voyez employé par la finance, la politique et la presse, remplacez «libéralisme» par «convoitise», vous allez voir, ça marche super bien !

        +2

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  • amoursdesamours // 09.06.2018 à 11h19

    En gestion Ressources Humaines, le terme collaborateur pour désigner le salarié existe depuis des décennies. Période des Trente Glorieuses incluse. Le collaborateur fait partie de l’ensemble de tous les statuts – ouvrier, employé, cadre… Ce qui revient à dire que chaque salarié est un collaborateur puisqu’il est amené à collaborer à un ou plusieurs divers degrés. En ce sens, ce terme n’a pas de lien de causalité avec le déclin actuel des entreprises. Seule la détérioration de la législation en est responsable.

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    • R.C. // 09.06.2018 à 11h50

      « Collaborateur » est utilisé pour ses connotations positives (même si c’est dans des contextes qui privilégient la compétition plutôt que la collaboration !).
      Le management (autre barbarisme flou à connotation positive) moderne évite soigneusement des termes comme « subordonné » réservé à la discipline militaire. Pourtant, sans même vouloir caricaturer, il existe de nombreuses situations où la subordination du salarié – même pompeusement rebaptisé collaborateur – est prépondérante et sans aménagement possible.

        +2

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  • Karine // 09.06.2018 à 11h30

    Très juste.
    Syndicaliste dans un grand groupe, je me demandais pourquoi ce terme de « collaborateur »; ça me semble très justifié.
    La communication de l’entreprise dit « tous ensemble, collaborons », mais sans égalité de responsabilité et d’autonomie, c’est de la manipulation. Les collègues s’en rendent compte souvent trop tard. je vais réutiliser ce mot de « salarié » plus souvent, même en étant cadre…

      +5

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  • Duracuir // 09.06.2018 à 12h04

    Désolé, mais là, on a un flagrant délire de masturbation intellectuelle par quelqu’un qui n’a probablement jamais travaillé en entreprise.
    Il n’y a strictement aucun rapport entre le terme de collaborateur et le terme de salarié.
    Dans un cabinet d’avocat, un collaborateur est un avocat libéral(pas salarié) n’étant pas associé. Rien à voir avec le salariat.
    En entreprise, « collaborateur » est un terme de politesse qui s’emploi pour ne pas dire « subordonné ». Un patron ne dit pas: mes larbins de la directions, il dit, mes collaborateurs. Quand un directeur commercial parle de ses subordonnés, chef de vente, vendeurs, secrétaires, il ne dit pas « mes subordonnés » il dit « mes collaborateurs ». Par politesse, on ne dit plus « ma secrétaire », on dit « ma collaboratrice ».
    Et probablement, l’idée, chez Libé, était justement d’aplanir les différences de statut entre salariés: « jounaliste » : wow!!!,,  » technicien de surface »: beuuuuu »!. Alors que « collaborateur », ça ne dérange pas le journaliste, et ça remonte celui qui est tout en bas.
    Vous savez M. Rouiller, vous aurez du mal à le croire, mais la délicatesse et le tact, ça existe aussi en entreprise.

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    • Karine // 09.06.2018 à 12h37

      ben, je croyais aussi que c’était de la politesse; mais face à certaines situations où les cartes sont brouillées, faute de rappeler qui doit et peut faire quoi, je pense cet article pertinent, finalement.

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      • Duracuir // 09.06.2018 à 13h53

        C’est le propre de la politesse. Un cadre d’usage. A ne pas prendre pour argent comptant. Dire « s’il vous plait » ne veut absolument pas dire à tout coup que vous pouvez faire ceci uniquement si cela vous plait. « Merci » ne signifie pas à tout coup que vous êtes extrêmement reconnaissant et plein de gratitude pour ce qu’on vient de faire pour vous. A aucun moment on ne va se comporter comme avec son seigneur avec celui qu’on vient pourtant d’appeler « monsieur ».
        « collaborateur » est une politesse qui évite d’appuyer sur le lien de subordination, il ne change rien sur la nature de la relation au travail. Il n’est pas le sésame vers le « Monde Enchanté de l’Entreprise où Tout il Est Beau ».
        Et quand vous parlez, à juste titre, de brouillage des cartes, je pense, par exemple, que l’impolitesse totale du tutoiement inter-hiérarchique est la pire escroquerie faite envers le subordonné, pardon, le collaborateur 🙂

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    • Alfred // 09.06.2018 à 12h55

      Peut être n’avez vous travaillé que dans certaines positions en entreprise pour ne pas percevoir ce qui se cache derrière cette « politesse ». Personnellement je me suis senti moins asservi comme salarié de base que comme cadre/collaborateur / pourquoi pas copain au pot obligatoire de la boîte youpi horrizontale. Il n’y a pas de copains d’un niveau hiérarchique supérieur en entreprise (et il y a toujours des niveaux hiérarchiques d’autant plus sournoisement que c’est dissimulé).
      Salarié pour gagner mon pain. Point. C’est fort involontairement que j’ai pu collaborer au rapatriement des bénéfices à la maison mere dans un autre pays.

        +4

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      • Duracuir // 09.06.2018 à 14h00

        Je suis assez d’accord avec vous, mais je ne vois pas le rapport avec mon propos. Qui parle de copinage?
        A 56 ans, j’ai fait pas mal de boites: des multis, des grosses PME, des toute petites TPE, dans à peu près toutes les strates hierarchiques, de l’OS jusqu’à la direction régionale d’une multi, j’ai été indépendant, et même (petit, tout petit) chef d’entreprise avant de craquer et de faire le magasinier dans une grosse PME assez super, après avoir connu les affres de l’intérim chez les négriers de la logistique. Aujourd’hui, je gagne 4 fois moins que mon plus gros salaire et 40% de plus que mon plus petit. Et vous savez quoi? J’ai tendance, pour un fois, à y être heureux. Pourquoi? Boulot spécifique passionnant, équipe de collègues tout à fait super, chefs compétents, intelligents, patients, patron largement plus généreux et intelligent que la norme. Pourtant le bonheur ça tient à pas grand chose. Que de malheur sur des malentendus(dans les deux sens).

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        • Haricophile // 09.06.2018 à 14h56

          Moi je pense que la politesse c’est comme le sexe, le contexte et les personnes sont importante. Ça peut être la meilleure des choses mais aussi dans certain cas du viol. C’est un peu le problème de ce mot «collaborateur» qui ne fonctionne bien que dans une relation équilibrée et respectueuse. Ce n’est pas le mot qui est a remettre en question, mais certaines personnes qui le prononcent.

          Pour reprendre ce qui est dit plus haut, je trouve très bizarre d’appeler sa secrétaire (au féminin de quoi se plaint-on…) «ma collaboratrice» parce que c’est donner un terme très vague a la place d’une fonction bien définie. C’est aussi l’occasion de rappeler que on a longtemps appelé «secrétaire» des simples dactylo, ce n’est pas une raison pour donner a ce mot un sens péjoratif. Une bonne secrétaire de direction c’est aussi important qu’un bon directeur, et totalement complémentaire.

          Pour finir sur la politesse, mépriser «le petit personnel» comme on disait autrefois est une mauvaise idée. J’ai dans ma vie trouvé les «femmes de ménage» beaucoup plus fiable que des gens qui se croient «plus important» et indispensable. Enfin ça c’est quand on conçoit l’entreprise comme un truc ou tout le monde tire dans le même sens et dont les bénéfices profitent a tous ceux qui contribuent a les générer, un truc très obsolète et haïssable dans les grands groupes cotés en bourse (et pas que…).

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    • Vjan // 09.06.2018 à 13h39

      « la délicatesse et le tact, ça existe aussi en entreprise. »
      J’ai du mal à comprendre pourquoi il faudrait s’adresser avec tact et délicatesse à un employé en particulier ?
      Celui ou celle qui fait le ménage, vide les poubelles ou tape le courrier ferait-il oeuvre moins utile que celui qui, disons, gère des ressources humaines ?
      D’abord, le tact et la délicatesse concernent la communication entre les personnes, et c’est indépendant (ou ce devrait l’être) des statuts ou emplois de chacun.
      Ensuite, il faut différencier emploi et vocation : un emploi accepté pour recevoir un salaire est un choix de vie tout aussi respectable que de s’engager par vocation dans une tâche à laquelle on croit.
      Enfin, changer les noms pour masquer le mépris dans lequel certaines tâches sont considérées me paraît artificiel et trompeur.

      Qui pointera les dangers de l’intellectualisation ?

        +1

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      • Duracuir // 09.06.2018 à 14h04

        Monsieur, il faut lire avant de répondre. J’écris justement que utiliser le terme générique « collaborateur »(et je dis bien que je suppose dans le cas de Libé) permet de ne pas faire de strate.
        Quant à « collaborateur », c’est très exactement comme « Monsieur », « Madame », s’il vous plait ou merci un élément de communication entre les personnes totalement indépendant des statuts de chacun.

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        • Wiliam // 09.06.2018 à 19h18

          @Duracuir : je ne suis pas d’accord. « Monsieur » ou « Madame » ne sont que des termes de politesse. « Collaborateur » déguise autre chose. Collaborer, c’est participer à l’élaboration d’une oeuvre commune, travailler ensemble sur quelque chose, avec quand même une idée d’égalité (ou peu s’en faut) entre personnes. Or un employé n’est pas à pied d’égalité avec son employeur. Il n’a pas voix au chapitre, il doit faire les tâches qui lui sont demandées. L’employé ne décide pas de la stratégie de la société qui l’embauche.
          Donc utiliser le terme de collaborateur n’a pas pour but de ne pas faire de strates, comme vous le dites. C’est juste un moyen de tirer à soi, de faire adhérer de facto l’employé aux choix commerciaux, stratégiques de l’entreprise, en sous-entendant qu’il est d’accord avec ces choix, voire qu’il aurait participé à leur définition.
          Ce que semble dire vjan, si je comprends bien, c’est qu’utiliser le terme d’employé n’a pourtant rien de dégradant, ou du moins ne devrait pas l’être. Les employés sont nécessaires au bon fonctionnement d’une entreprise. Pour autant, ils ne sont pas collaborateurs.

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        • R.C. // 10.06.2018 à 18h38

          « un élément de communication »…

          C’est justement là le noeud du problème, dans cet aveu !

          « collaborateur » est un substantif désignant un état relationnel, qualifiant un type de relation (tout comme subordonné, salarié, employé, responsable, etc.) dans un contexte de travail.

          Partout où ce n’est qu’un élément de communication, il y a volonté de travestir et d’embellir la réalité de la relation.

          C’est n’est rien d’autre que ce que fait tous les jours la pub sur vos écrans : des éléments de communication qui prennent sans scrupule des libertés avec la réalité pour flatter et mieux endormir la cible…

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  • Gavroche // 09.06.2018 à 12h10

    Bof, pas très nouveau.

    La novlangue libérale, quand elle ne parle pas tout simplement le globish (challenge au lieu de défi, par exemple, ou chief manager au lieu de contremaître ou petit chef) a remplacé salarié par collaborateur, directeur du personnel par directeur des ressources humaines (au moins, c’est clair, le salarié est une ressource comme une autre), syndicats par partenaires sociaux (comme si syndicats et patrons étaient à égalité, ça fait juste rigoler), et licenciement par plan social (moins violent comme truc) ou encore mieux plan de sauvegarde de l’emploi (hypocrisie, quand tu nous tiens) …

      +8

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    • caliban // 09.06.2018 à 17h19

      @Gavroche

      Ce qui est à l’oeuvre n’est pas seulement la généralisation d’une « novlang » qui par exemple transformerait une « charette » en « PSE » (« Plan de Sauvegarde de l’Emploi »).

      C’est l’ensemble des relations professionnelles qui évolue. Un salarié obéit aux ordres, un collaborateur fait allégeance. Le type de « soumission » n’est pas le même.

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      • Gavroche // 09.06.2018 à 19h17

        Sauf que ce n’est généralement pas le salarié qui se baptise lui-même collaborateur.
        La soumission est vécue exactement de la même façon.

        Le patron « se sépare de ses collaborateurs » ça veut dire exactement la même chose que le patron « vire ses employés ».

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        • doudoute // 09.06.2018 à 20h16

          faudrait aller jusqu’au bout…
          que les collaborateurs collaborent et on pourrait virer les patrons qui ne serviraient finalement à rien.

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        • caliban // 09.06.2018 à 22h43

          @Gavroche

          Vous devriez être plus nuancé.

          Les techniques managériales importées des Etats-Unis depuis 10 ou 20 ans en France et mises au point dès les années soixante, sont un sujet d’étude à part entière. Et qui dépasse de loin la simple sémantique à laquelle vous semblez vouloir le limiter.

          Par ailleurs cette affirmation est à mon sens complètement erronée : « La soumission est vécue exactement de la même façon. » Il y a 10 ou 20 ans vous n’aviez pas d’épidémie de « burn out », cela devrait vous interroger sur c’est que devenu le travail et ce que l’on demande désormais aux salariés.

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  • dc // 09.06.2018 à 16h09

    Mouais
    Quand j’entend collaborateur je pense surtout à collabo.
    C’est bête mais c’est instinctif.
    Un type qui se rallie au système pour survivre ou prendre une revanche sur sa médiocrité.
    Salarié est malgré tout plus emancipateur.

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  • FrédéricB // 09.06.2018 à 22h42

    Le salarié vend sa force de travail, le collaborateur vend ses compétences. La force de travail ça se mesure, et la lutte de classes est concernée par la répartition des bénéfices tirés du travail effectué par les salariés.

    Par contre, les compétences c’est difficile à mesurer : il y a bien sûr les diplômes, mais on sait bien qu’ils ne sont qu’un pâle reflet des compétences réelles… En fait, les compétences des collaborateurs sont évalués par ceux du niveau hérarchique supérieur. Et au plus haut niveau, les dirigeants se prétendant « irremplacables » ne sont évalués que par eux-même, ce qui leur permet parfois de s’allouer des salaires indécents.

    Le collaborateur, c’est le salarié sans la lutte de classe et c’est bien pour cela que la Start-up Nation préfère les collaborateurs (Uber, livreurs de pizzas) aux salariés.

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  • Damien // 10.06.2018 à 10h49

    « chaque fois il est question d’un ou d’une salarié-e. »
    En terme de novlangue, votre article se pose là

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  • Byblos // 10.06.2018 à 22h05

    L’hypocrisie qui pointe sous le terme de collaborateur serait-elle destinée à contrebalancer un accès de franchise qui avait naguère explosé avec le concept de RESSOURCE HUMAINE qui avait remplacé la notion de PERSONNEL qui a passé aux oubliettes depuis belle lurette.

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  • Vieuxexcadre // 11.06.2018 à 17h23

    Il est évident que c’est un verrou de protection du salarié qui saute, avec la disparition du statut de ‘subordination ». Désormais il sera plus difficile à l’employé (ou cadre) de négocier une rupture « à l’amiable » car le recours auprès de la Direction du Travail pour annuler un licenciement sera beaucoup moins efficace. En effet on ouvre la porte à des licenciements sans cause réelle ou sérieuse, puisque le terme de « collaborateur » vous rapproche de  » l’intérimaire » ou du « prestataire ».

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  • vincent // 12.06.2018 à 08h39

    et les sociétaires des coopératives deviennent des clients,
    dans une bonne gouvernance..

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