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13.septembre.201513.9.2015 // Les Crises

Dans les coulisses du show Donald Trump – Roger Stone

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Source : Pando, le 11/08/2015

La politique contestataire est une escroquerie

C’est juste après le décollage du vol San Francisco – New York que le visage de Roger Stone apparut sur le dossier du siège 9D, me regardant bien en face.

Mince ! Mon vol Virgin America s’écraserait-il ? La face de Roger Stone servie par satellite est-elle mon châtiment éternel ? Au nom du Christ disparaissez ! Au nom du Christ disparaissez !…

Mais il ne s’agissait que de CNN, une sorte d’enfer plus familier, et beaucoup plus ennuyeux. Pas ce que vous souhaitez voir sur votre écran de télévision, dans la rangée de la sortie de secours, quand vous êtes en train de soigner une gueule de bois à la tequila. Stone accordait un Grand et Exclusif entretien à un resplendissant robot de CNN nommé Poppy Harlow, un cabot de comédie noire qui s’est rendu célèbre pour avoir en cours d’émission pleuré sur les violeurs de Steubenville [viol en bande dans un lycée de la ville de Steubenville, en 2012, NdT] « qui avaient tant d’avenir, comme grandes vedettes du football américain »…

La grande histoire : Trump a chassé Stone de sa campagne, ou Stone en a démissionné, selon la personne que vous voulez croire (si vous croyez l’un ou l’autre des deux, veuillez me contacter – j’ai à vous vendre un très beau bien immobilier tout neuf, sur la Lune).

D’une manière ou d’une autre j’ai manqué la nouvelle précédente, à savoir que Roger Stone – le plus sale magouilleur au service de Richard Nixon, le fasciste admirateur de Roy Cohn [célèbre pour ses enquêtes anticommunistes du temps du maccarthysme, NdT], lobbyiste des pires dictateurs du monde – participait à la campagne de Trump jusqu’à la fin de la semaine dernière. Ou peut-être l’ai-je refoulée, peut-être ne voulais-je pas savoir, un signe montrant exactement jusqu’où je me suis réassimilé à la réconfortante bulle d’amnésie des foules américaines.

Le problème est que je connais un peu trop, du fond des tripes, l’histoire de Roger Stone. J’ai même eu un bref accrochage avec M. Stone au cours de la précédente campagne présidentielle. Il répondait à une analyse fouillée que j’avais écrite à propos de la candidature frauduleuse de Gary Johnson à l’élection présidentielle de 2012 pour le compte du parti libertarien, une escroquerie politique qui avait été gérée par Stone, dont la présence m’avait conduit à creuser plus profond dans la fosse d’aisance de la politique truquée du troisième parti moderne.

Après la publication de mon article dans NSFWCORP [aujourd’hui propriété de Pando], Roger Stone m’envoya par tweet ce compliment, où il me traite de « connard » :

@MarkAmesExiled Merci, merci beaucoup, d’orthographier mon nom correctement, connard.

Maintenant, pour la majorité des gens ordinaires, un homme politique en activité qui traite un journaliste de « connard » est un fait qui paraît assez offensant, et même scandaleux. On considère que c’est une partie de ce qui fait son charme, parmi les journalistes qui tendent à provenir d’une classe dorlotée et qui est la proie facile des charmes d’un voyou brutal de Washington DC dont le masque particulier – appelons-le tel qu’il est, vulgaire, macho – est d’une imprudence rafraîchissante, selon les normes viles et lâches de la plupart des journalistes d’aujourd’hui.

Si vous savez d’où vient Roger Stone, vous comprenez que son « connard » est ce qui pour les gens de son espèce s’approche le plus d’un compliment. Imaginez le personnage du film Repo Man devenu réel, mais sans le côté marrant du bas de la classe moyenne et sans la bande son punk-rock, une version rat d’égout monumentalement vicieuse, affairiste, parti-Républicain/Chambre-de-Commerce, du personnage de Harry Dean Stanton [qui tenait le rôle du Repo Man (agent de saisie) dans le film, NdT], la seule version qui puisse peut-être prospérer dans cette triste et sans héroïsme version de l’Amérique où nous sommes enfoncés.

L’implication de Roger Stone dans la campagne de Trump pour la présidence est aujourd’hui une bonne nouvelle pour tous ceux intéressés par la politique et qui aimeraient un grand nettoyage des inepties de début de saison. Plus vous en savez sur l’histoire de Stone (et de Trump), plus vous avez du mal à faire confiance à ce qui apparaît en surface, et vous avez même encore plus de mal à faire confiance à ce qui apparaît aux marges de cette surface – ces espaces sur la gauche et sur la droite dont on nous dit à chaque saison électorale que c’est là que se trouve la vraie politique – mais qui en fait sont si pourries et si facilement manipulées que vous auriez presque souhaité ne pas le savoir.

Les trois principaux ingrédients que vous devez gardez à l’esprit dans l’histoire Roger Stone-Donald Trump sont les suivants :

  • Le sale tour dont Roger Stone est spécialiste est la manipulation des fractures entre les électeurs, et sa façon de changer la politique anti-establishment en arme au service des besoins électoraux des candidats républicains traditionnels ;
  • Roger Stone et Donald Trump ont travaillé ensemble depuis le milieu des années 80, principalement dans des campagnes louches destinées à aider les affaires de Trump dans les casinos, mais aussi dans la politique ;
  • Roger Stone et Donald Trump ont travaillé ensemble dans au moins deux opérations de caisse noire, manipulant la politique anti-establishment pour aider le candidat républicain bon teint à la présidence ;

Tout d’abord, commençons par une brève histoire des sales tours de Roger Stone – encore que « sales tours » soit un de ces euphémismes qui fassent paraître presque drôle ce que l’expression évoque, plutôt que déprimant et infâme. Stone a fait ses débuts comme étudiant membre des Jeunes Républicains tapant sur les hippies dans les premières années Nixon. Il s’est empressé d’être volontaire pour travailler pour Nixon dans son Comité pour la Réélection du Président (CREEP) [l’acronyme officiel est CRP (Committee to Re-elect the President), mais ici l’auteur le change en CREEP (Committee to RE-Elect the President), parce que creep veut dire « salopard », « sale type », NdT], qui a mis sur pied et financé un certain nombre d’opérations illégales de campagne en 1971-1972 de façon à s’assurer que Nixon gagne les élections de 1972.

Les barbouzes de la politique ressemblent beaucoup aux barbouzes du gouvernement et à leurs copains du monde souterrain – ils se vantent et racontent quantité de salades et certains, comme Stone, en rajoutent dans le bluff pour faire se pâmer les journalistes. Donc il est difficile de savoir exactement de quels sales tours le jeune Roger Stone a été personnellement responsable, mais l’équipe du CREEP de Nixon qui l’avait recruté pour qu’il travaille pour eux a été directement responsable de la destruction de la candidature du sénateur Edward Muskie du Maine, le candidat que l’équipe de Nixon craignait le plus.

La façon dont ils s’y sont pris pour détruire Muskie va nous être utile aujourd’hui, parce que Muskie vient d’un ce ces états hostiles aux Noirs de la Nouvelle-Angleterre et qu’il est vulnérable aux attaques de la gauche focalisée sur les problèmes raciaux, une stratégie dont on va voir plus aujourd’hui.

Un des premiers sales tours pour le compte du CREEP du jeune Roger Stone a été d’envoyer un chèque de campagne de 200 dollars au sénateur républicain libéral (et cofondateur du cabinet d’avocats Wilson Sonsini) Pete McCloskey au nom de la Jeune Alliance Socialiste, puis de transmettre une copie du reçu à l’éditeur du plus grand quotidien du New Hampshire, le Manchester Union-Leader. (Stone était censé rédiger le chèque au nom du Front de Libération Homosexuelle, mais s’était dégonflé face à la perspective de voir son nom associé aux homosexuels radicaux.)

Un autre tour dans lequel lui et son équipe du CREEP ont été impliqués a été d’installer leur propre taupe comme chauffeur personnel de Muskie, laquelle faisait passer toutes sortes de documents confidentiels à l’équipe du CREEP, qui à son tour en faisait fuiter un certain nombre, suscitant la paranoïa dans l’état-major de Muskie.

Le point principal est que Nixon et son équipe voulaient que Muskie soit hors course, les démocrates divisés, et qu’un gauchiste inéligible émerge des ruines des opposants à Nixon. Ce qui est maintenant difficile à avaler est de voir à quel point ils ont été couronnés de succès dans leur manipulation.

C’est Pat Buchanan qui a conçu la stratégie de Nixon en 1972 dans un mémorandum intitulé « Surveillance de Muskie », donnant pour conseil que les attaques du Grand Vieux Parti [surnom du parti républicain, NdT] « se concentrent sur les problèmes qui divisent les Démocrates, pas sur ceux qui unissent les Républicains ». Buchanan soutenait que :

« Elles doivent exacerber et mettre en valeur ces problèmes sur lesquels les Démocrates sont divisés, forçant Muskie soit à faire le grand écart soit à tomber d’un côté ou de l’autre. »

Dans un autre mémorandum de Buchanan de 1971 on peut lire :

« Garder comme principe politique directeur que notre grand espoir pour 1972 repose sur le maintien ou l’accroissement de la grande faille qui sépare les Démocrates. »

Cette « grande faille qui sépare les Démocrates » fait référence à l’aile populiste d’extrême droite du parti dans le Sud, conduite par George Wallace ; et à l’aile gauche multiraciale du parti, représentée alors par la sénatrice noire Shirley Chisholm et par McGovern, qui s’inquiétait de remporter l’investiture.

Buchanan soutenait qu’avoir Wallace – symbole de la ségrégation venu de l’Alabama [Wallace était gouverneur de l’Alabama, NdT] – dans la course aux primaires de 1972 pour l’extrême droite des Démocrates (mais pas de l’avoir en novembre [c’est-à-dire à l’élection présidentielle, NdT], comme candidat d’un troisième parti, ce qui aurait nui à Nixon) provoquerait une division au sein du parti Démocrate, et ferait fuir les électeurs. Merveille, ils réussirent à convaincre Wallace de participer aux primaires dans un louche quid pro quo, et Wallace était en train de faire un bon boulot en salissant et en divisant les Démocrates, quand un réel Travis Bicker [personnage du film Taxi Driver, NdT] sortit de la foule et lui rompit la moelle épinière d’un coup de pistolet.

Une autre stratégie de Nixon était de financer la candidature d’un Noir de gauche contre les Démocrates et contre Muskie. Grâce à un étonnant et très documenté article sur Roger Stone trouvé sur le site italkyoubored.com, j’ai découvert des passages incroyables qui sont une sorte d’ouverture de la boîte noire de la politique contemporaine, sauf évidemment si vous pensez que Nixon était une exception, et que toutes ces mauvaises gens ont été punies et bannies de notre paisible royaume.

Dans une note du 5 octobre 1971, Pat Buchanan, co-fondateur du magazine the American Conservative et tueur favori de Nixon, la sorte de type que Roger Stone rêvait de devenir (et un jour, de détruire), écrivait :

Le maximum de considération doit être donné aux procédés et aux moyens permettant de promouvoir, d’assister, et de financer une candidature du Quatrième Parti des Démocrates de gauche et/ou des Démocrates noirs… Il n’y a rien qui puisse autant faire progresser les chances de réélection du président… pas un voyage en Chine, pas un taux de chômage de quatre et demi pour cent – qu’une … campagne… réaliste noire… Nous devons continuer à défendre la cause des Noirs au sein du Parti Démocrate.

Coup de chance, Muskie s’est retrouvé harcelé dans sa chambre d’hôtel en Floride, au cours de sa campagne pour les primaires dans cet état, par un piquet de Noirs « en colère » – lesquels étaient secrètement supervisés par la Maison-Blanche de Nixon – demandant rageusement que Muskie accepte de nommer un Afro-Américain candidat à la vice-présidence. [Source : le livre « Nixonland » de Rick Perlstein]. Et au moment même où Pat Buchanan et Nixon prenaient espoir – promettant même de l’argent pour que cet espoir se réalise – la sénatrice démocrate de New York Shirley Chisholm annonçait qu’elle se présentait en candidate indépendante à la présidence, la première femme afro-américaine à avoir jamais fait une pareille chose. Dans les fichiers secrets de la Maison-Blanche de Nixon, la candidature de Chisholm faisait partie de « l’Opération Charbon », l’une des nombreuses opérations réunies sous la rubrique « Opération Pierre Précieuse » dont le sommet a été la pose de micros au Watergate, le quartier général de campagne du Parti Démocrate.

Il est déprimant de penser que ces révélations proviennent de conférences de la Maison-Blanche telles que celle-ci, enregistrée sur les bandes secrètes de Nixon :

LE 14 SEPTEMBRE 1971 : SONT PRÉSENTS LE PRÉSIDENT, HALDEMAN [CHEF DE CABINET] ET COLSON [CONSEILLER SPÉCIAL À LA MAISON BLANCHE]. DE 12H37MN À 13H32MN, DANS LE BUREAU OVALE

Nixon est toujours enragé contre l’Internal Revenue Service [agence qui s’occupe des revenus du gouvernement, NdT] et ses amis. Colson se joint alors à la conversation, proposant sa contribution particulière aux sales tours de la Maison-Blanche.

COLSON

Bon, Bob Brown a quelques amis qui porteront des pancartes dans les réunions de Muskie, [avec le slogan Carl] Stokes [le maire noir de Cleveland] vice-président. Cela soulève le problème –

HALDEMAN

Je vais bigrement espérer que Watts aille effectivement jusqu’au bout avec son projet de candidature noire à la présidence.

LE PRESIDENT NIXON

Moi aussi

HALDEMAN

En fait, Buchanan a fait une suggestion qui est pleine de bon sens, qui est que – il dit que si l’on est prêt à dépenser 50 millions de dollars dans cette campagne, alors 10 pour cent de cette somme, 5 millions de dollars, devraient être dévolus –

LE PRESIDENT NIXON

Au quatrième parti

HALDEMAN

– au financement d’un Noir –

COLSON

Shirley Chisholm et Julian Bond.

LE PRESIDENT NIXON

Croyez-vous que les Noirs vont voter pour un parti noir ?

HALDEMAN

Certains.

COLSON

Beaucoup d’entre eux spécialement si …

HALDEMAN

Rien que pour montrer que le parti Démocrate n’en a pas… Mais le point sur lequel insiste Pat est qu’il nous faut trouver un candidat viable – seulement s’ils trouvent un candidat viable. S’ils trouvent un Julian Bond –

LE PRESIDENT NIXON

Bon, laissez-moi faire une suggestion. Peut-être – 5 millions de dollars financeraient Eugene McCarthy.

HALDEMAN

Bon, c’est que Howard Stein travaille là-dessus. Il y a un bon article dans US News, ou Newsweek, ou quelque chose. Stein a exposé le plan de McCarthy qui est qu’il ne va pas entrer dans la course aux primaires, mais qu’il va entreprendre l’année prochaine une grande tournée de conférences, et qu’il ira à la convention comme peuple – à la convention démocrate comme candidat du peuple. Si, comme il s’y attend, il est rejeté par la convention, il prendra la voie du quatrième parti. Le problème est qu’il est trop tard pour prendre la voie d’un quatrième parti. Vous avez – il faut du temps pour avoir un quatrième parti qualifié… [Vous vous souvenez de Wallace ? Wallace a fait un superbe travail. C’est pourquoi avec un parti noir vous devez partir (inaudible), de cette façon ils ont les qualités requises pour -]

LE PRESIDENT NIXON

Très bien Bob. Notez tout ceci pour qu’on en discute – pas pour qu’on en discute mais pour qu’on agisse. Ils doivent financer et apporter leur contribution à la fois à McCarthy et à cette histoire de Noir.

COLSON

C’est sacrément une bien –

LE PRESIDENT NIXON

Nous reconnaissons que McCarthy – le Noir ne nous prendra aucune voix. Exactement comme les damnés Démocrates ont apporté leur contribution à [George] Wallace en Alabama. Ils l’ont fait, vous savez. Jésus Christ, ils priaient pour que Wallace gagne cette primaire.

HALDEMAN

Ouais.

COLSON

C’est sacrément une bien meilleure façon d’utiliser l’argent qu’une quantité de choses.

LE PRESIDENT NIXON

Oh, on dépense – gaspille l’argent dans toutes sortes de choses.

HALDEMAN

D’ac. Ce qu’il est en train de dire, vous savez, c’est qu’au lieu de quelques publicités à la télévision –

LE PRESIDENT NIXON

Absolument.

HALDEMAN

– on peut faire ça.

COLSON

Ou des panneaux d’affichage.

HALDEMAN

Parce qu’on aura besoin de publicités télévisées.

[Extraits de « Abus de Pouvoir : les Nouvelles Bandes Magnétiques de Nixon » par Stanley Kutler, chapeau à italkyoubored – M[ark]A[mes]

Avec ces attaques bizarres et la pression montant de tout côté rendant Muskie de plus en plus paranoïaque et énervé, les sales magouilleurs de Nixon ont fini par le détruire dans l’un de ces bizarres petits épisodes insignifiants qui, d’une façon ou d’une autre, se changent en armes, deviennent viraux, et détruisent le candidat. Un membre du CREEP de Nixon, peut-être Roger Stone, a envoyé une lettre bidon au rédacteur en chef du grand journal du New Hampshire à la veille de la cruciale primaire avancée qui avait lieu ici, prétendant qu’elle avait été écrite par un sympathisant de Muskie affirmant, mensongèrement, qu’il avait rencontré Muskie en Floride (où la Maison-Blanche de Nixon payait des Noirs pour faire le piquet devant l’hôtel de Muskie), et demandait à Muskie comment il lui était possible de comprendre les problèmes auxquels font face les Noirs américains, étant donné que son état du Maine avait si peu de représentants des minorités.

La fausse lettre, publiée en première page de l’Union-Leader, affirmait que Muskie avait grossièrement répondu que le Maine avait ses minorités, « pas des Noirs, mais nous avons des Canadiens français » – et, là-dessus, selon la fausse lettre, Muskie aurait éclaté de rire.

Comme Rick Perlstein le dit dans Nixonland, la calomnie a touché Muskie des deux côtés – en mettant les Noirs en pétard, mais aussi la considérable communauté des Canadiens français. Comme Perlstein l’a expliqué, « Muskie les aurait vus [les Canadiens français] comme les nègres de la Nouvelle-Angleterre. »

Peu de temps après, Muskie s’était prétendument effondré devant les caméras – tandis que la neige tombait sur son visage, il s’en était pris à la Maison-Blanche de Nixon, mais certains journalistes des chaînes nationales avaient qualifié par erreur les flocons de neige qui fondaient sur le visage de Muskie de larmes, et avaient qualifié sa colère d’« effondrement ». Muskie était fini. Un peu comme Howard Dean, candidat en tête pour le Vermont en 2004, qui s’est retrouvé grillé par une ou deux de ses tentatives « criardes » de s’attirer des soutiens [allusion à ce qui est connu dans l’histoire des présidentielles américaines comme la gaffe de Dean, où il aurait conclu un discours par un cri « yeah ! » sur un drôle de ton, ce qui fait que son discours aurait été ensuite malicieusement appelé le « I have a scream » (scream = cri) discours, pastiche du célèbre « I have a dream », NdT], et par l’accusation d’être anti-Noirs proférée pendant les débats par Al Sharpton.

Comme il est apparu par la suite, Al Sharpton était entré dans la course aux primaires de 2004 comme employé de et aux ordres de Roger Stone, qui dirigeait les attaques de la politique raciale de gauche contre Howard Dean. Et comme le New York Times l’a révélé cette année, c’était Donald Trump qui avait eu le mérite de présenter Al Sharpton – anciennement indicateur pour le FBI – à son vieil ami et lobbyiste, le sale magouilleur du Grand Vieux Parti, Roger Stone.

Mais je prends de l’avance ici. Revenons à Roger Stone, jeune homme dynamique des NixonJugend [Jugend, en allemand dans le texte, souvenir des Hitler-Jugend, « jeunesses hitlériennes », NdT]. Après que Nixon eut été jeté, Stone trouva du travail comme président national des Jeunes Républicains, s’occupant de caisse noire pour Reagan dans la campagne de 1981 contre le président en titre Jimmy Carter. La réussite de cette élection dont Stone s’est montré le plus fier est d’avoir travaillé avec l’homme de main de Joe McCarthy, Roy Cohn, et un gangster du nom de Fat Tony Salemo, pour acheter le plus grand troisième parti de New York, le Parti Libéral, afin qu’il mette sur sa liste le plus populaire des candidats du troisième parti à cette élection, John Anderson. Des décennies plus tard, Stone se souvient toujours avec attendrissement de Roy Cohn :

Il se contrefoutait éperdument de ce que pensait les gens, tant qu’il pouvait exercer le pouvoir. Il jouait des chroniqueurs mondains comme d’un orgue.

Roger Stone voulait avoir le principal candidat du troisième parti au vote de New York. John Anderson était l’un de ces sérieux Républicains centristes de Midwest qui passeraient pour des Démocrates libéraux aujourd’hui. L’opinion reçue du temps était que Anderson tirait ses voix de membres du parti Républicain de Reagan, mais des sondages privés, et l’expérience de Stone à diriger des « pigeons du troisième parti » lui disait ce qu’il en était véritablement : Anderson drainait les voix du parti Démocrate du Président Jimmy Carter.

Le problème de Stone était que John Anderson tardait trop à faire mettre son nom sur les listes pour le vote dans l’état de New York. Donc, travaillant avec Roy Cohn et Fat Tony, le représentant officiel de la campagne de Reagan acheta les chefs du parti libéral pour faire en sorte qu’ils placent le nom d’Anderson sur la liste. Voici comment Stone raconte cette histoire au Weekly Standard :

Stone, qui depuis l’époque des élections dans sa classe au lycée avait toujours été un fervent défenseur du recrutement de candidats-poires pour semer la division dans le soutien à l’autre gars, se souvient d’avoir suggéré à Cohn que s’ils pouvaient trouver un moyen pour que Anderson soit le candidat du Parti Libéral à New York, avec Jimmy Carter donnant le feu vert du Parti Démocrate, Reagan pourrait gagner l’état dans une élection triangulaire. « Roy dit ‘laisse-moi y réfléchir’ » Puis Cohn lui a dit « il te faut aller voir tel avocat – un avocat qui restera anonyme – et voir quel est son chiffre. J’ai dit, « Roy, je ne comprends pas » et Roy a dit « combien il veut, pauvre idiot ». » Stone se montra réticent quand il découvrit que le type voulait 125 000 dollars en espèces pour graisser les pattes, et Cohn voulait savoir où était le problème. Stone lui dit qu’il n’avait pas cette somme, et Cohn lui répondit « ce n’est pas le problème. Comment veut-il les recevoir ? »

Cohn envoya Stone faire une course quelques jours plus tard. « Il y a une mallette, » dit Stone. « Je ne regarde pas dans la mallette… Je ne sais même pas ce qu’il y a dans la mallette… J’emporte la mallette au cabinet de l’avocat. Je la dépose là. Deux jours plus tard, il y a une convention. Les Libéraux décident que John Anderson sera leur candidat à la présidentielle. Il y a maintenant une élection triangulaire dans l’état de New York. Reagan gagne avec 46 pour cent des voix. J’ai payé son cabinet d’avocats. Honoraires légaux. Je ne sais pas comment il s’y est pris pour l’argent, mais quoi qu’il ait fait, le Parti Libéral est arrivé à la bonne conclusion en dehors de considérations de principe.

[Rétrospectivement, Stone] semble se porter assez bien – maintenant qu’il y a des lois sur la prescription. Il cite une des Règles de Stone, au fait, elle est de Malcom X « fondamentalement son frère » : « par tous les moyens nécessaires ». « Reagan a gagné dans l’état de New York, nous avons sauvé le pays » déclare Stone avec une discrétion caractéristique. « [Plus de] Carter aurait été un désastre absolu. »

En d’autres termes, Stone se vante d’acheter la démocratie américaine, en utilisant la pègre et les candidats du troisième parti. C’est drôle, parce que au cours du débat au parti Républicain la semaine dernière, Trump s’est vanté d’acheter la moitié des candidats républicains aussi bien qu’Hillary Clinton et Nancy Pelosi, et d’avoir toutes les entrées qu’il voulait en donnant de l’argent… et il a aussi refusé d’exclure la possibilité de sa candidature comme représentant du troisième parti.

En 1988, Roger Stone était un grand lobbyiste de Washington DC, travaillant pour Black, Manaford & Stone, dont la liste des clients dictateurs comprenait Mobutu du Zaïre, le dictateur déchu Ferdinand Marcos, le dictateur déchu de la Somalie, et le voyou des escadrons de la mort de l’Angola, soutenu par les partisans de l’apartheid, et brûleur de sorcières, Jonas Savimbi. Stone est crédité pour une part dans la création de la plus fameuse des publicités politiques racistes des temps modernes, conçue pour aider à la réélection de George Bush père en 1988 – la publicité mettant en avant Willie Horton [un Noir condamné à la prison à vie pour meurtre, et qui, à l’occasion d’une permission qui lui avait été accordée, avait perpétré une attaque à mains armées et commis un viol, NdT] utilisée pour terrifier les électeurs blancs américains en les conduisant à croire que le président Dudakis allait ouvrir les prisons les fins de semaine, permettant aux criminels sexuels noirs d’en prendre à leur aise dans les banlieues blanches, violant et étranglant les femmes blanches par goût des émotions fortes.

A cette époque, Trump avait déjà commencé à travailler avec Roger Stone. Tous les deux étaient de grands admirateurs de Roy Cohn ; tous les deux se plaisaient à parler en public comme des personnages de la mafia, regardant les gens normalement se pâmer à leur numéro de machos. Mais plus que tout, tous les deux étaient intéressés à se faire du fric avec la montée en flèche des casinos.

Parfois ceci signifiait acheter les faveurs d’hommes politiques pour obtenir l’autorisation d’ouvrir des casinos ; parfois ceci signifiait mener de sales campagnes pour obtenir la fermeture de casinos concurrents. C’est ce qui s’est passé en 2000, quand Trump et Stone ont été condamnés à une amende de 250 000 dollars pour avoir mis sur pied un faux groupe prête-nom de « valeurs familiales » à New York, l’Institut pour la Loi et la Société, afin de piloter une série de publicités racistes contre le projet d’ouverture d’un casino indien dans les Catskills [dans l’état de New York, à 160 kilomètres de la ville, NdT] dont Trump craignait qu’il ne concurrence ses casinos d’Atlantic City.

Donc, Trump et Stone aiguillonnèrent le racisme anti-indien pour protéger les affaires de Trump. La publicité qu’ils diffusèrent montrait la sombre photo d’une seringue hypodermique et des ustensiles de drogué, et le texte mettait en garde :

La tribu Mohawk de St. Regis propose d’ouvrir un casino près du champ de courses de Monticello dans le comté de Sullivan.

Que savez-vous vraiment des indiens Mohawk de St. Regis ?

Sont-ce là les voisins que vous voulez ? Le passif criminel des Indiens mohawks de St. Regis est bien documenté. Ce casino qu’on veut ouvrir à Monticello apportera une augmentation du crime et de la violence au comté de Sullivan.

Cette année là, l’an 2000, a été une année de grande activité pour l’association Donald Trump-Roger Stone.

Stone avait été engagé dans la campagne de George W. Bush pour mener deux importantes magouilles que l’on connaît : le sabotage du recomptage des votes de la Floride, en se servant d’une foule de Cubains « en colère » et de Républicains bon chic bon genre pour vociférer contre un recomptage dans un Miami tenu en laisse et interrompre son cours, ce que Stone – embauché pour ce travail par James Baker – avait réussi.

Comment Roger Stone et Donald Trump ont détruit les rivaux potentiels de George W. Bush en 2000 est moins bien connu. Cette année-là, George W. Bush affrontait deux menaces identifiées, et Roger Stone avait reçu pout tâche de les neutraliser : Pat Buchanan, dont la candidature en 1992 avait presque bloqué le père de Bush dans les primaires, et le Parti de la Réforme de Ross Perot, qui avait drainé suffisamment de voix en 92 et 96 pour assurer les victoires de Clinton.

Donc, dans les temps qui ont précédé l’élection de 2000, Roger Stone a astucieusement persuadé Pat Buchanan de prendre le contrôle du Parti de la Réforme de Perot, puis s’est servi de son ami Donald Trump pour mener une campagne rivale contre Buchanan pour la candidature du Parti de la Réforme – pour finalement abandonner la course et attaquer le Parti de la Réforme de Buchanan comme fosse d’aisance pleine de racistes et d’amoureux de Hitler. Stone avait introduit des taupes comme William Von Raab, secrètement financé par Trump, dans la campagne de Buchanan, selon le journal Village Voice.

L’opération avait fini par détruire l’image de marque du Parti de la Réforme et à l’enterrer pour de bon, le rendant beaucoup trop foireux pour un dépôt de candidature tardif de Ross Perot. Le président du Parti de la Réforme, Pat Choate, avait appelé « l’opération Trump/Stone » une « sale magouille des Républicains » destinée à « dégoûter les gens et les faire fuir du Parti de la Réforme. Ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour semer la pagaille. »

Le fait, cependant, est que ça avait marché : le Parti de la Réforme et Pat Buchanan n’ont causé absolument aucun tort à la candidature de George W. Bush en 2000, à la différence de l’effet produit sur celle de Al Gore par Ralph Nader.

Après avoir neutralisé le Parti de la Réforme et bloqué le recomptage en Floride avec sa foule de location « habillée par Brooks Brothers » [Brook Brothers, célèbre et ancienne maison de mode masculine, NdT], Roger Stone a reçu en récompense du Président Bush la charge des offres d’emploi du Bureau de Affaires Indiennes de l’équipe de transition de Bush-Cheney en 2004. Même là, Trump a fait une fleur à Stone, signant de son nom une fausse lettre écrite par Stone afin de couler la nomination du « mauvais » chef des tribus indiennes, qui n’était pas l’homme de Stone. La fausse lettre signée Trump a assuré la nomination de l’homme de Stone, Neal McCaleb, à la tête du Bureau des Affaires Indiennes. Le chef indien dont la nomination a été anéantie par la lettre du duo Trump-Stone s’est plaint plus tard au Village Voice :

« J’ignore pourquoi Trump a fait ça », déclare Martin, qui n’a jamais parlé à Trump. « Je ne crois pas que lui et moi ayons jamais été dans la même ville en même temps. »

Au début de 2004, quand l’ancien gouverneur du Vermont et le candidat clairement anti-guerre Howard Dean étaient en train d’électriser les Démocrates et les électeurs anti-guerre, posant une menace potentiellement mortelle à la campagne de Bush, Roger Stone finança secrètement et pris dans son équipe Al Sharpton et l’envoya aux primaires du Parti Démocrates pour calomnier Howard Dean faire perdre toute vie à cette campagne. Ça a marché.

Citons encore une fois le grand reportage de Wayne Barrett dans le Village Voice en 2004 :

Pendant que les forces de Bush, telles que le Club pour la Croissance, achetaient des publicités dans l’Iowa attaquant le favori Howard Dean, Sharpton occupait le centre de la scène dans un débat mettant Dean face au problème de l’absence de Noirs dans son cabinet du Vermont. Stone a déclaré au Times qu’il avait « contribué à définir le ton et la direction » des attaques contre Dean, pendant que Charles Halloran, le responsable de la campagne de Sharpton mis en place par Stone, fournissait la documentation. Tandis que d’autres opposants Démocrates s’en prenaient aussi à Dean, aucun ne le faisait sur les avis d’un conseiller qui avait travaillé dans toutes les campagnes du Parti Républicain depuis son implication dans le scandale du Watergate en 1972, et y compris dans toutes les campagnes de la famille Bush.

Le Times citait Trump en 2004 s’attribuant le mérite d’avoir présenté Al Sharpton à Roger Stone. Mais c’est le reportage sans pitié de Barrett sur les « jeunes hommes grimés en Noirs » de Sharpton – les légions de provocateurs raciaux Républicains qui procuraient de l’argent et des ressources à la candidature anti-Howard Dean de Sharpton – qu’il vaudrait la peine de relire aujourd’hui, puisqu’on est déjà en train de voir quelques coups comme l’utilisation de militants noirs du Tea Party pour nous jouer la même vieille carte du racisme et par là saboter et retirer la joie de vivre à un autre candidat populaire du Vermont, Bernie Sanders…

La dernière chose que souhaitent les libéraux et les gauchistes est d’être pris à critiquer un quelconque chef politique noir, même si ce chef est une taupe de droite et un indic du FBI comme Al Sharpton. Comme Barrett le rappelait à ses lecteurs en 2004,

Sharpton et Stone sont, en un sens, fondamentalement frères, personnalités étranges trop vastes pour être limitées par les contraintes qui gouvernent le reste d’entre nous. Stone était l’agent déclaré pour les services de renseignements argentins aux États-Unis, s’arrangeant pour sortir des histoires d’espions ; Sharpton était secrètement un informateur du FBI, mettant sur écoute les meneurs noirs pour le compte des agents fédéraux. Stone passe pour amateur de mode, s’habillant comme un dandy hip-hop ; Sharpton, ayant remisé sa chaîne d’or et sa tenue de jogger, a maintenant l’air d’un banquier convaincant. Stone a participé au Watergate à l’âge de 19 ans ; Sharpton était un jeune prédicateur prodige. Le mentor de Stone des jours de sa jeunesse était Roy Cohn ; celui de Sharpton James Brown. Sharpton est un ministre du culte sans église ; Stone est presque sans racine, ayant quitté la puissante firme de Washington qu’il avait contribuée à créer il y a des années [Black, Manaford & Stone, en 1982, NdT]. Chacun se réinvente tous les jours, si ce n’est toutes les heures, comme si rien de leur passé n’avait d’importance.

Dans leur dernière incarnation, Al Sharpton est un libéral noir et un Démocrate loyaliste de la chaîne de télévision MSNBC ; Stone est un farceur Libertarien combattant la mainmise des deux partis ; et Donald Trump est un populiste de droite secouant le système parce que, quelle surprise, il ne s’en soucie pas et qu’il a aucun besoin de s’en soucier.

C’est une façon très sotte et très naïve de présenter les choses.

Une autre façon serait celle-ci : Donald Trump et Roger Stone ont passé les dernières décennies à arnaquer le public en exploitant les dissensions – politique contestataire, violences contestataires. Jusqu’à présent, il y a eu un but et une logique constante à toutes leurs perverses magouilles « opération Trump/Stone » : faire élire le candidat Républicain traditionnel, et enrichir Trump et Stone.

Croyez-vous vraiment que cette élection ait quoi que ce soit de différent ?

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

FifiBrind_acier // 13.09.2015 à 08h15

Si les électeurs sont idiots, comme vous êtes électeur, vous êtes idiot aussi ?
Il est toujours plus simple de croire que les électeurs sont idiots plutôt que de se rendre compte que les médias ne propulsent que ceux qui ne sont pas dangereux pour le système.

Les campagnes électorales en France se font exclusivement sur 3 Partis politiques, le PS, le FN et l’ UMP, en violation de la Constitution qui dit que l’ Etat est garant de la libre expression politique.

Les électeurs ne peuvent pas voter pour des gens qu’ils ne connaissent pas.
Donc la moitié s’abstient d’aller voter.
Ce sont les médias, la télévision en particulier, qui font les candidats et les résultats électoraux.

4 réactions et commentaires

  • Alain // 13.09.2015 à 07h38

    Cela renvoie surtout à la vacuité du citoyen-électeur qui ne s’intéresse pas aux fonds des programmes et donc qu’il est plus facile d’acquérir en divisant et attaquant l’adversaire qu’en le convaincant de la justesse de son programme. Ces artifices ne sont pas propres au seul personnage cité mais bien à tous les « stratèges de campagne », tous pays et tous partis confondus.

    après le débat Kennedy – Nixon, les téléspectateurs ont donné Kennedy vainqueur et les auditeurs radio (qui n’avaient pas vu le paraître de Kennedy) Nixon. Un des arguments de Kennedy ayant fait mouche fut « achèteriez-vous une voiture d’occasion à cette personne? », argument d’une grande profondeur politique.

    La politique est du niveau du caniveau parce que l’électeur est incapable de s’attacher aux projets politiques.

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    • FifiBrind_acier // 13.09.2015 à 08h15

      Si les électeurs sont idiots, comme vous êtes électeur, vous êtes idiot aussi ?
      Il est toujours plus simple de croire que les électeurs sont idiots plutôt que de se rendre compte que les médias ne propulsent que ceux qui ne sont pas dangereux pour le système.

      Les campagnes électorales en France se font exclusivement sur 3 Partis politiques, le PS, le FN et l’ UMP, en violation de la Constitution qui dit que l’ Etat est garant de la libre expression politique.

      Les électeurs ne peuvent pas voter pour des gens qu’ils ne connaissent pas.
      Donc la moitié s’abstient d’aller voter.
      Ce sont les médias, la télévision en particulier, qui font les candidats et les résultats électoraux.

        +21

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    • soleil // 13.09.2015 à 08h26

      @ Alain,

      Dans les petites campagnes comme dans les villes de grande solitude la politique de la connivence est le vecteur de soumission. Ça marche à droite comme à gauche.

        +5

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    • Sébastien // 13.09.2015 à 13h09

      La vérité fait toujours mal à entendre. Le fait de rejeter en permanence la responsabilité sur ceux -et celles (bienvenue mesdames!) qui nous dirigent, nous déresponsabilise et infantilise.
      Tout en rejetant la politique en bloc et en affirmant trompeusement qu’on attend rien de ces gens-là, en réalité, on attend tout d’eux: qu’ils nous ressemblent, qu’ils soient intelligents, désintéressés, courageux (complétez…).
      Bref, tout ce qu’on n’a pas le courage de faire soi-même.

        +6

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