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10.août.201710.8.2017 // Les Crises

De l’Internationale socialiste à l’Internationale putschiste, par Maurice Lemoine

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Suite de notre série sur le Venezuela, avec différents articles visant à compléter la vision diffusée par les médias.

Rappelons que nous ne soutenons aucun camp là-bas, militons pour que le peuple vénézuelien choisisse librement et démocratiquement son avenir, et condamnons toutes les atteintes aux Droits de l’Homme des deux camps…

Source : Le Monde diplomatique, Maurice Lemoine, 16-12-2014

Battus au cours des deux dernières élections présidentielles, par Hugo Chávez en octobre 2012 et, après son décès, par son « héritier » Nicolas Maduro en avril 2013, aux régionales de décembre 2012, aux municipales de décembre 2013, les secteurs les plus radicaux de l’opposition vénézuélienne, avec pour chefs de file M. Leopoldo López, coordinateur national du parti Volonté populaire, la députée « indépendante » María Corina Machado et le maire « social-démocrate » du grand Caracas Antonio Ledezma, se sont lancés en février 2014 dans une tentative de déstabilisation du pouvoir, appelant au renversement de M. Maduro, sous le mot d’ordre générique de « La Salida » (la sortie).

Pour mémoire, on rappellera que Mme Machado, fondatrice de l’organisation non gouvernementale « d’observation électorale » Súmate, financée par l’USAID (Agence internationale des Etats-Unis pour le développement) a signé le décret du bref dictateur Pedro Carmona lors du coup d’Etat contre Chávez, en avril 2002. De son côté, M. López, l’un des fondateurs en 2000 du très droitier parti Primero Justicia, conçu lui aussi grâce aux fonds et aux conseils de l’USAID, a également été l’un des protagonistes particulièrement remarqués de ce coup d’Etat, avant de rejoindre Volonté populaire, officiellement créé en tant que parti politique le 14 janvier 2011.

L’extrême violence déclenchée de février à août 2014 a provoqué la mort de quarante-trois personnes — opposants, « chavistes », membres des forces de l’ordre ou même « indifférents » se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment — et des centaines de blessés. Menée par un douteux cocktail dans lequel ont été impliqués des membres d’organisations d’extrême droite, des délinquants de droit commun et des paramilitaires colombiens, elle a eu pour conséquence l’arrestation et la détention de M. López, en attente de jugement, et la mise en examen de Mme Machado.

Historiquement, l’Internationale socialiste (IS) est liée, au Venezuela, au parti Action démocratique (AD). Lorsque celui-ci, le 27 février 1989, a déclenché une répression sauvage contre une insurrection populaire due à la pauvreté, le « Caracazo » — entre trois cent quarante-sept morts, chiffres officiels, et trois mille victimes, bilan généralement admis —, l’IS a pudiquement détourné les yeux. Lorsque AD a pris une part active dans la tentative de renversement de Chávez, en avril 2002, l’IS, comme M. George W. Bush, l’a appuyé. Si l’on se faisait l’avocat du diable, on pourrait au moins plaider que ces aberrations ont eu lieu « au nom d’une vieille amitié »… Mais l’argument ne tient plus. Tournant le dos à l’ensemble de la gauche latino-américaine qui, toutes tendances confondues, de l’Argentine au Brésil, de l’Equateur à la Bolivie, de l’Uruguay au Nicaragua, a dénoncé la tentative de déstabilisation du Venezuela « bolivarien », l’IS, sous l’auguste présidence du grec George Papandreou, poursuivant sa dérive anti-démocratique et haineuse, vient d’accorder à Volonté populaire, ce 14 décembre, le statut de membre permanent.

Maurice Lemoine

Source : Le Monde diplomatique, Maurice Lemoine, 16-12-2014

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DUGUESCLIN // 10.08.2017 à 06h23

Cela rappelle, sur certains plans, l’histoire Irakienne et l’illimitation de Saddam Hussein, membre du parti Baas, reconnu par l’Internationale Socialiste, et le silence des socialistes français. Le socialisme a glissé vers la sociale-démocratie favorable aux financiers.
Dans la pratique on ne peut plus faire le distinguo entre « gauche socialiste » et « droite conservatrice », mais entre ceux qui résistent à la globalisation et ceux qui s’y soumettent.
Les financiers utilisent et favorisent n’importe quel courant du moment qu’il leur permet d’assurer leur main-mise sur les ressources.
Les deux camps sont, ceux qui se soumettent à la mondialisation et ceux qui y résistent.
Tous les résistants sont exposés aux coups d’état, violents s’il le faut, pour que les financiers maîtrisent et exploitent les ressources de leur pays.
Est déclaré « dictateur » tout dirigeant qui entend que son pays profite lui-même de ses propres ressources.

10 réactions et commentaires

  • DUGUESCLIN // 10.08.2017 à 06h23

    Cela rappelle, sur certains plans, l’histoire Irakienne et l’illimitation de Saddam Hussein, membre du parti Baas, reconnu par l’Internationale Socialiste, et le silence des socialistes français. Le socialisme a glissé vers la sociale-démocratie favorable aux financiers.
    Dans la pratique on ne peut plus faire le distinguo entre « gauche socialiste » et « droite conservatrice », mais entre ceux qui résistent à la globalisation et ceux qui s’y soumettent.
    Les financiers utilisent et favorisent n’importe quel courant du moment qu’il leur permet d’assurer leur main-mise sur les ressources.
    Les deux camps sont, ceux qui se soumettent à la mondialisation et ceux qui y résistent.
    Tous les résistants sont exposés aux coups d’état, violents s’il le faut, pour que les financiers maîtrisent et exploitent les ressources de leur pays.
    Est déclaré « dictateur » tout dirigeant qui entend que son pays profite lui-même de ses propres ressources.

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    • Quand ?!!! // 10.08.2017 à 09h39

      Mais quand nous rendrons-nous compte que ces gens-là sont nos ennemis mortels ?!!! Le plus drôle c’est qu’ils créent le chaos en espérant naïvement y mettre de l’ordre, après. Mauvaise pioche les gars, ce sont eux qui seront emportés. Ce n’est pas parce qu’une chose n’est pas visible qu’elle n’existe pas, pour le pire et le meilleur. Il n’est pas écrit non plus – bien au contraire – que ce soit le pire qui toujours l’emporte.

      La purification qui s’annonce sera dévastatrice. Et j’utilise ce terme à dessein, sans aucune connotation négative d’ordre sociale, raciale ou religieuse. Les cons comme les bons, sont de toutes les races, de toutes les religions, de toutes les couches de la société. Ceux-là que nous combattons se croient infiniment supérieurs à nous (à la masse certes, à laquelle ils nous assimilent, les naïfs…) parce qu’ils ont à présent de leur côté presque tous les moyens de communication à leur disposition, les mêmes qu’ils contrôlent presque en totalité pour divertir, mentir et manipuler. Ce sentiment de toute puissance n’est qu’un leurre. Ils l’apprendront à leurs dépens. Bientôt.

        +8

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  • Catalina // 10.08.2017 à 07h16

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/venezuela-la-majorite-des-victimes-195577

    Venezuela : la majorité des victimes tuées dans les violences de l’opposition !
    par taktak
    jeudi 3 août 2017

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    • fanfan // 10.08.2017 à 09h20

      Et aussi
      FOTOS, INFOGRAFÍA Y MAPA | 112 muertos durante los primeros 100 días de protestas en Venezuela
      http://runrun.es/rr-es-plus/306415/infografia-y-mapa-muertos-en-protestas-en-venezuela.html

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      • fanfan // 10.08.2017 à 09h36

        Précision : Runrun.es, est un journal d’opposition depuis des années contre Hugo Chavez puis Maduro. Il est dirigé par un journaliste Nelson Bocaranda, qui s’oppose aux Socialistes au pouvoir. Son journal, de position éditoriale conservatrice, est plutôt axée sur les entreprises, libéral.
        Le 13 avril 2002, après la tentative de Coup d’Etat contre Chavez, Runrunes titre : « El Paso Adelante » – traduction : « En avant » ‘ou « En marche »!

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  • Sam // 10.08.2017 à 10h06

    En 2005, j’avais vu un reportage de Channel 4 sur « le Venezuela » où l’on interrogeait Maria Machado. Une belle latine éplorée, elle accusait Chavez d’à peu près tout. Elle y était présentée comme une « activiste des droits de l’homme ». Intrigué, je cherchais sur google : parti de droite extrême, liens très étroits avec la Maison Blanche (plusieurs visites, recue personnellement par Bush, …), justification de toutes les violences et retour à l’ordre féodal d’avant Chavez.
    Comment Channel 4 avait pu traduire tout ca par « activiste des droits de l’homme » ???

    Merci Maria, tu fus mon premier contact avec de la propagande de guerre. Je ne t’oublierai jamais.

      +31

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    • Fritz // 10.08.2017 à 10h19

      Les ficelles de la propagande sont grosses comme des cordes : pour faire entendre le camp du Bien, une femme, forcément, jeune, forcément, belle, forcément, qui parle anglais, de préférence, et qu’on appelle par son prénom, forcément… au Venezuela comme en Ukraine.

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    • fanfan // 10.08.2017 à 13h42

      La Human Rights Foundation basée à New York, dirigée par le cousin de Leopoldo López Mendoza, Thor Halvorssen (https://en.wikipedia.org/wiki/Thor_Halvorssen_(human_rights_activist), a déclaré López prisonnier d’opinion le 20 février et a rejoint ainsi beaucoup d’autres organisations internationales dans l’appel pour sa libération immédiate.
      Selon Eva Golinger, journaliste d’investigation, Lopez a commencé en 2002 à faire de fréquents voyages à Washington D.C., pour « se rendre au siège de l’International Republican Institute (IRI – Institut républicatin international) et y rencontrer des fonctionnaires de l’administration Bush ». L’IRI, une des trois fondations du NED, a injecté des dizaines de millions de dollars au profit des groupes d’opposition au Venezuela, y compris « Justice d’abord ».

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  • Lysbeth Levy // 10.08.2017 à 10h10

    l’Internationale socialiste est morte depuis longtemps à l’image de la « gauche » « socialiste » et les partis dits de « gauche » extrême sont aux ordres du Capitalisme de guerre : https://www.wsws.org/fr/articles/2015/jul2015/apae-j31.shtml Il n’est plus questions de classes sociales » mais de genre, droits et autres instrumentalisations des mots et des faits : » Dans les centres impérialistes de l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale, l’Asie et l’Australie, la pseudo-gauche est généralement pro-impérialiste et utilise les slogans de «droits de l’homme» pour légitimer, voire soutenir directement, les opérations militaires néo-colonialistes. »
    Tout est faux et ce depuis la fin de la seconde guerre mondiale et la montée de l’Union Européenne les clivages « droite-gauche » sont effacés au profit de l’oligarchie et ces besoins constants de profits et de guerres.

      +12

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  • Fritz // 10.08.2017 à 10h57

    La social-démocratie a poursuivi la trahison commencée en 1914, quand elle a voté les crédits de guerre au lieu de décréter la grève générale. Pas étonnant que l’Internationale dite « socialiste » ait exclu ceux qui restent fidèles à l’idée socialiste.
    Je propose qu’elle accorde le statut de membre permanent à LREM, et puis au Medef.

      +13

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