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10.janvier.201610.1.2016 // Les Crises

Écologie, éthique et anarchie : Entretien avec Noam Chomsky

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Encore une intéressante analyse de Chomsky…

Nous cherchons toujours des volontaires pour travailler à mieux diffuser ses idées (recherche sur le web, organisation…). Nous contacter

Source : Noam Chomsky et Javier Sethness, pour TruthOut, traduit par Nicolas Casaux et Hélèna Delaunay, pour Le Partage, le 5 janvier 2016.

chom

On ne peut mettre en doute ni la gravité ni le rôle central joué par la crise environnementale actuelle. Propulsée par les impératifs absurdes de la croissance à tout prix inhérente au capitalisme, la destruction de la biosphère par l’humanité a atteint, voire dépassé plusieurs seuils critiques, que ce soit en termes d’émissions de carbones, de perte de biodiversité, d’acidification des océans, d’épuisement des ressources en eau ou de pollution chimique. On a pu voir des catastrophes météorologiques s’abattre sur le globe, depuis les Philippines dévastées par le Typhon Haiyan en novembre 2013, jusqu’à la Californie qui souffre en ce moment de la pire sécheresse qu’on ait jamais connue depuis des siècles. Ainsi que l’a montré Nafeez Ahmed, une étude récente publiée en partie par la NASA avertit qu’un effondrement imminent menace notre civilisation si nous ne nous orientons pas vers un changement radical en matière d’inégalités sociales et de surconsommation. Dahr Jamail, qui fait partie de notre équipe, a écrit récemment un certain nombre de textes prouvant la profondeur de la trajectoire actuelle de perturbation anthropique du climat (PAC) et d’écocide global. Dans une métaphore éloquente, il assimile l’accroissement des phénomènes météorologiques de grande ampleur provoqués par la PAC, à l’électrocardiogramme d’un « cœur en fibrillation. »

Plutôt que de conclure que des tendances aussi affligeantes sont une conséquence intrinsèque d’une nature humaine « agressive » et « sociopathe », des observateurs sensés devraient probablement associer l’expansion de ces tendances à la prédominance du système capitaliste. Car, ainsi que Oxfam l’a noté dans un rapport datant de janvier 2013, les 85 individus les plus riches du monde possèdent autant de richesses que la moitié de l’humanité — les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres — tandis que 90 corporations sont tenues responsables de deux tiers des émissions de CO2 produites depuis les débuts de l’industrialisation. Donc, comme le prouvent ces statistiques stupéfiantes, les crises écologique et climatique correspondent à la concentration extrême des pouvoirs et des richesses produites par le capitalisme et entérinés par les gouvernements du monde entier. En tant qu’alternative à cette réalité, la philosophie politique de l’anarchisme – qui s’oppose à la fois à la mainmise de l’état et à celle du capital- peut receler de grandes promesses d’amélioration et peut-être même de retournement de ces tendances destructrices. A ce propos, j’ai eu l’aubaine d’interviewer le professeur Noam Chomsky, anarcho-syndicaliste de renom, pour débattre de la question de la crise écologique et de l’anarchisme comme remède. Voici la transcription de notre conversation.

Javier SETHNESS pour TRUTHOUT : Professeur Chomsky, merci infiniment de prendre le temps de débattre avec moi des thèmes de l’écologie et de l’anarchisme. C’est un véritable honneur d’avoir cette occasion de m’entretenir avec vous. Cependant, avant d’entrer dans le vif du sujet, j’aimerais tout d’abord vous poser une question portant sur l’éthique et la solidarité. Pensez-vous que la notion développée par Emmanuel Kant qui consiste à dire qu’il faut traiter l’humanité comme une fin en soi, ait influencé d’une manière ou d’une autre la pensée anarchiste et anti autoritaire ?

NOAM CHOMSKY : Indirectement oui, mais à mon avis sous un angle plus général. De mon point de vue, l’anarchisme procède très naturellement d’un certain nombre de préoccupations et d’engagements majeurs inhérents au siècle des Lumières. Cela a donné lieu au libéralisme classique qui lui-même a été détruit par la montée du capitalisme, les deux doctrines étant en contradiction l’une l’autre. Mais je pense que l’anarchisme est l’héritier des idéaux qui ont été développés de diverses manières au cours du siècle des Lumières, notamment à travers la théorie de Kant. Ces idéaux ont été illustrés par la doctrine du libéralisme classique, se sont échoués sur les récifs du capitalisme et ont été repris par les mouvements de gauche libertaire qui en sont les héritiers naturels. Donc, dans un sens oui, mais c’est plus vaste.

JS : Vous avez décrit l’humanité comme étant mise en péril par les tendances destructrices de la société capitaliste — ou ce que vous avez appelé « les démocraties du capital réellement existant » (DCRE, Démocraties du capital réellement existant – un acronyme moquant le « socialisme réel » invoqué à l’Est sous Brejnev, NDT). Notamment, vous avez mis l’accent, dernièrement, sur la brutalité des tendances anti écologiques mises en oeuvre par les puissances dominantes des sociétés colonialistes, ainsi qu’en témoignent l’exploitation des sables bitumeux au Canada, l’exploitation et l’exportation massives de charbon en Australie et, bien sûr, la débauche de dépenses en énergie des Etats-Unis. Vous avez tout à fait raison et je partage vos inquiétudes, ainsi que je l’explique dans : Vie en danger : Révolution contre la Catastrophe Climatique, un livre qui désigne la crise climatique comme étant le résultat de l’excroissance incontrôlable du capitalisme et d’un contrôle de la nature qui se totalitarise. Pourriez-vous expliquer en quoi les DCRE sont en profond désaccord avec l’équilibre écologique ?

NC : Les DCRE — ce qui se prononce volontairement « wrecked » (naufrage) [en anglais] — sont une démocratie capitaliste qui existe réellement, une sorte de capitalisme d’état, avec une économie à prédominance étatique mais accordant une certaine confiance aux forces du marché. Les forces du marché existantes sont façonnées et déformées dans l’intérêt des puissants – par la puissance de l’état qui est largement sous le contrôle d’une concentration de pouvoirs privés — donc il y a une interaction étroite. Si vous jetez un œil aux marchés, ils s’apparentent à un mode d’emploi pour suicide. Un point c’est tout. Dans les systèmes de marché, on ne tient pas compte de ce que les économistes appellent externalités. Par exemple, imaginons que vous me vendiez une voiture. Dans un système de marché, nous sommes censés nous préoccuper de nos propres intérêts donc vous et moi tenterons de faire la meilleure affaire chacun pour soi. Nous ne tiendrons pas compte de l’impact que cela aura sur « lui ». Cela ne fait pas partie d’une transaction sur le marché. Et pourtant, il y aura bien un impact sur « lui ». Ce sera la présence d’une voiture supplémentaire sur la route et donc une plus forte probabilié d’accidents, davantage de pollution et davantage d’embouteillages. Pour lui en tant qu’individu, il ne s’agira sans doute que d’une légère augmentation de ces probabilités. Mais cet impact va s’étendre à toute la population. Maintenant, si on examine d’autres sortes de transactions, les externalités prennent beaucoup plus d’ampleur. Prenez par exemple la crise financière. L’une de ses raisons — il y en a plusieurs, mais l’une d’entre elles — disons si le groupe Goldman Sachs effectue une transaction risquée, il — s’il fait attention — couvre ses propres pertes potentielles. Il ne prend pas en compte le risque systémique, c’est-à-dire la possibilité que tout le système s’effondre si une de ses transactions risquées tourne mal. Cela a failli se produire avec l’immense compagnie d’assurance AIG. Elle s’est trouvée impliquée dans des transactions risquées qu’elle ne pouvait pas couvrir. Le système entier était vraiment sur le point de s’effondrer, mais bien sûr le pouvoir étatique est venu à sa rescousse. La tâche de l’état consiste à secourir les riches et les puissants et à les protéger, peu importe si cela viole les principes de marché, on se fiche pas mal des principes de marché. Les principes de marché sont essentiellement destinés aux pauvres. Mais le risque systémique est une externalité qui n’est pas prise en considération, ce qui mettrait à mal le système de façon répétitive, s’il n’y a pas eu intervention de la puissance étatique. Eh bien, il en existe une autre, bien plus importante — c’est la destruction de l’environnement. La destruction de l’environnement est une externalité : dans les interactions de marché, vous n’y prêtez pas attention. Prenez par exemple les sables bitumeux, vous ne tenez tout simplement pas compte du fait que vos petits-enfants pourraient ne pas y survivre — ça c’est une externalité. Et dans le calcul moral du capitalisme, de plus grands profits dans le quart d’heure qui suit ont davantage de poids que le destin de vos petits-enfants — et bien sûr il ne s’agit pas de vos petits-enfants mais de ceux de tout le monde.

Maintenant, les sociétés coloniales sont particulièrement intéressantes à cet égard où elles abritent un conflit. Elles diffèrent de la plupart des formes d’impérialisme. Dans le cas de l’impérialisme traditionnel, par exemple les britanniques en Inde, des bureaucrates, des administrateurs, des corps d’officiers, et ainsi de suite ont été envoyés sur place, mais le pays était dirigé par des Indiens. Dans les sociétés coloniales, les choses sont différentes : on élimine les populations indigènes. Lisez par exemple George Washington, une figure majeure de la société coloniale dans laquelle nous vivons. De son point de vue, et selon ses propres mots, il fallait « extraire » les iroquois. Ils sont sur notre chemin. C’était une civilisation avancée. En fait, ils ont fourni quelques-unes des bases du système constitutionnel américain, mais comme ils gênaient, on devait les « extraire ». Thomas Jefferson, une autre grande figure, a dit, et bien, nous n’avons pas d’autre choix que celui d’exterminer les populations indigènes, à savoir les Indiens. Parce qu’ils nous attaquent. Pourquoi nous attaquent-ils? Parce que nous leur prenons tout. Mais puisque nous leur prenons leur terre et leurs ressources et qu’ils se défendent, nous devons les exterminer. Et c’est exactement ce qui s’est produit : dans presque tout le territoire des États-Unis, une extermination colossale a eu lieu. Il reste quelques résidus mais vivants dans des conditions épouvantables. Même chose pour l’Australie. En Tasmanie, extermination quasi totale. Au Canada, ils n’ont pas tout à fait réussi. Il reste quelques résidus de ce qu’on appelle les Premières Nations, en périphérie. Voilà donc en quoi consistent les sociétés coloniales. Il subsiste quelques éléments de la population indigène, et un des traits marquants de la société contemporaine est que, à travers le globe, au Canada, en Amérique Latine, en Australie, en Inde, dans le monde entier, les sociétés indigènes — ce que nous appelons tribus ou aborigènes ou n’importe quoi d’autre — ce sont elles qui sont en train d’essayer d’empêcher la course à la destruction. Partout, ce sont eux qui mènent l’opposition à la destruction de l’environnement. Dans des pays comportant une population indigène substantielle, comme par exemple l’Équateur et la Bolivie, ils ont adopté des lois, voire des clauses constitutionnelles, exigeant des droits pour la nature, ce qui est en quelque sorte tourné en dérision pays riches et puissants mais ce qui représente un espoir pour la survie de la planète.

L’Équateur, par exemple, a offert à l’Europe — il possède une bonne réserve de pétrole — de laisser le pétrole dans le sol, où il devrait se trouver, à perte pour eux, une énorme perte en termes de développement. La requête était que les européens leur fournissent une fraction — un paiement — de cette perte — une petite fraction — mais les européens ont refusé. Ils sont donc maintenant en train d’exploiter le pétrole. Et si vous allez au sud de la Colombie, vous tomberez sur un peuple indigène, des campesinos, des afro-américains luttant contre l’exploitation des mines d’or qui représente une horrible destruction. Même situation en Australie, contre les mines d’uranium, etc… Dans le même temps, ce sont les sociétés coloniales, qui sont les plus avancées et les plus riches, qui tendent résolument vers la destruction de l’environnement. Donc vous lisez un discours, d’Obama par exemple, à Cushing, dans l’Oklahoma, une sorte de centre où sont regroupées et stockées les énergies fossiles qui y affluent puis sont distribuées. C’était un public de pro-combustibles fossiles. Sous une pluie d’applaudissements, il a déclaré qu’au cours de son mandat, on avait extrait davantage de pétrole que pendant les mandats précédents — pour de nombreuses années. Il a affirmé que le nombre de pipelines était tel, à travers le pays, que partout où vous alliez, vous pouviez tomber dessus. Nous allons bénéficier de 100 ans d’indépendance énergétique. Nous serons l’Arabie Saoudite du 21e siècle — en bref nous ouvrirons la voie au désastre. Pendant ce temps, ce qui subsiste des sociétés indigènes tente d’empêcher la course au désastre. Donc, à cet égard, les sociétés coloniales illustrent de manière frappante la puissance destructrice massive de l’impérialisme européen, ce qui bien entendu nous inclut nous et l’Australie etc… Et il y aussi — je ne sais pas si on peut appeler cela de l’ironie — cet étrange phénomène qui oppose des éléments de la société globale, soi-disant les plus évolués, les plus éduqués, les plus riches essayant de nous détruire tous, et des peuples soi-disant « arriérés », pré-technologiques, qui demeurent en périphérie, essayant de freiner la course vers le désastre. Si un extra-terrestre nous observait, il penserait que nous sommes fous à lier. En fait, c’est vraiment le cas. Mais cette folie se rapporte à la structure institutionnelle de base des DCRE. C’est ainsi que cela fonctionne. C’est intégré dans les institutions. C’est une des raisons pour lesquelles le changement va s’avérer très difficile.

JS : Dans Guerre Nucléaire et Catastrophe Environnementale (2013), vous stipulez que la société globale doit être réorganisée de manière à ce que « la protection des ‘communaux’ (les biens qui nous sont communs à tous), devienne une priorité majeure, comme ce fut souvent le cas dans les sociétés traditionnelles. » (1) Vous parvenez à des conclusions identiques dans un essai datant de l’été dernier dans lequel vous mettez en avant l’importance des efforts nécessaires à la défense du parc Gezi à Istanbul, que vous considérez comme faisant partie d’une « lutte dans laquelle nous devons tous prendre part, avec dévouement et résolution, si on veut espérer une survie décente de l’espèce humaine dans un monde sans frontières. » Comment voyez-vous la possibilité d’une transformation sociale totale et la délégation du pouvoir dans un proche avenir — à travers l’émergence et la reproduction durable d’organisations de travailleurs et de communautés, comme dans le modèle économique participatif (parecon), par exemple?

NC : C’est une proposition bien étudiée et détaillée pour une forme de contrôle démocratique des institutions populaires — sociales, économiques, politiques et autres. Et c’est particulièrement bien étudié, détaillé de manière exhaustive. Que ce soit de la bonne manière ou pas, c’est encore un peu tôt pour le dire. J’ai le sentiment qu’un minimum d’expériences doivent être menées pour voir comment les sociétés peuvent et devraient fonctionner. Je reste sceptique sur les possibilités d’en faire une ébauche détaillée à l’avance. Mais il est clair que cela doit être pris au sérieux au même titre que les autres propositions. Mais, une chose, en particulier, me semble un prérequis indispensable à toute vie raisonnable, en plus de l’environnement — il s’agit de la manière dont une société est censée travailler, avec des gens en position de prendre des décisions concernant les sujets qui leur importent. Mais c’est aussi un minimum pour survivre au point où en sont les choses. J’entends par là que l’espèce humaine a atteint un point unique dans son histoire — il suffit d’observer la destruction des espèces, oubliez l’espèce humaine. La destruction des espèces se produit au même taux qu’il y a 65 millions d’années, quand un astéroïde a frappé la planète et anéantit les dinosaures et un nombre considérable d’espèces — destruction massive d’espèces. C’est exactement ce qui est en train de se reproduire en ce moment, et les humains sont l’astéroïde. Et nous sommes sur la liste, pas loin.

JS : Dans un discours réédité il y a plus de 20 ans dans le film « La fabrique du consentement », vous décrivez l’hégémonie de l’idéologie capitaliste comme réduisant le monde du vivant de la planète Terre d’une « ressource infinie » en « une poubelle infinie ». Vous aviez déjà identifié à l’époque la tendance capitaliste à la destruction totale: vous parlez de la trame d’annulation de la destinée humaine si la folie du capitalisme n’est pas jugulée d’ici-là, de la possible « phase terminale de l’existence humaine ». Le titre et les idées de « Dominer le Monde ou sauver la Planète » (2003) est dans la continuité et dans « Hopes and prospects » (2010), vous déclarez que la menace qui pèse sur les chances de survie décentes est un facteur externe majeur produit encore une fois par la DCRE. Dans quelle mesure pensez-vous qu’une résurgence de mouvements anarchistes internationaux pourrait répondre de manière positive à des tendances si alarmantes?

NC : Selon moi, l’anarchisme est la forme de pensée politique la plus évoluée. Comme je l’ai dit, l’anarchisme tire des Lumières ses meilleurs idéaux; les principales contributions du libéralisme classique les portent en avant. Parecon, que vous mentionnez, en est une illustration — ils ne se qualifient pas d’anarchistes — mais il y en a d’autres comme eux. Donc, je pense qu’une résurgence de mouvement anarchiste, ce qui serait le summum de l’intellect de la civilisation humaine, devrait se joindre aux sociétés indigènes du monde afin qu’ils n’aient pas à porter seuls le poids du sauvetage de l’humanité de sa propre folie. Cela devrait se produire au sein des sociétés les plus riches et puissantes. C’est une sorte de truisme moral, plus vous avez de privilèges, plus grande votre responsabilité. C’est élémentaire dans tout domaine: vous avez des privilèges, donc des opportunités, donc des choix à faire, donc des responsabilités. Dans les sociétés riches, puissantes et privilégiées comme la nôtre — nous sommes tous des privilégiés ici — nous avons la responsabilité d’être les premiers à tenter de prévenir les désastres que nos propres institutions sociales sont en train de créer. C’est odieux d’exiger, ou simplement d’observer les plus pauvres, les plus opprimés du monde tenter de sauver l’espèce humaine et d’innombrables autres espèces de la destruction. Nous devons nous joindre à eux. Tel est le rôle d’un mouvement anarchiste. […]

Et aussi, cet excellent discours:

Source : Noam Chomsky et Javier Sethness, pour TruthOut, traduit par Nicolas Casaux et Hélèna Delaunay, pour Le Partage, le 5 janvier 2016.

Commentaire recommandé

Gier 13. // 10.01.2016 à 08h04

Le capitalisme est la seule arme de destruction massive qui existe. Son « originalité » consiste en ce qu’elle est tournée contre l’homme et son biotope.
Mais le capitalisme est aussi destructeur d’intelligence et de capacités. Par exemple, jadis, il fallait lire une carte pour aller du point À au point B. Il fallait quelques compétences pour le faire. Il fallait connaître les codes d’une carte, évaluer une distance, un contournement judicieux ou une ligne droite qui finalement n’apporte rien. L’homme était l’acteur de son trajet. Il usait de son intelligence pour faire sa route. Aujourd’hui, il suit son GPS. Tout comme il subit le flot d’informations sans user de son intelligence ou de son esprit critique.
Et cette perte d’intelligence, ou du moins la concentration d’une l’intelligence technologique entre quelques mains constitue pour le capitalisme un formidable moyen de confiscation et de pérennisation du pouvoir politique et culturel au détriment des peuples.
Le capitalisme détruit tout. Et l’environnement et le génie humain.

74 réactions et commentaires

  • Patrick Luder // 10.01.2016 à 07h06

    L’homos-sapiens est la seule espèce qui a besoin d’argent avant tout pour vivre,
    sans argent elle ne sait plus vivre.
    L’homos-sapiens est la seule espèce qui a besoin d’appareils pour communiquer,
    sans appareils elle ne sait plus communiquer.
    L’homos-sapiens est la seule espèce qui met tous ses espoirs dans un gouvernement,
    sans gouvernement elle ne sait plus s’organiser.

    Supprimons donc toute monnaie pour réapprendre à vivre,
    supprimons donc tous appareils pour réapprendre à communiquer,
    supprimons donc tout gouvernement pour réapprendre à s’organiser.

    Ainsi seulement nous aurions une chance d’être conscients de la richesse du monde qui nous entoure, ainsi seulement nous apprendrions à aimer ce monde, à le respecter et le sauvegarder.

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    • Gier 13. // 10.01.2016 à 08h33

      Un jour un de mes élèves m’a dit « celui qui a inventé l’argent est un enculé (sic) » et je lui ai répondu, « Non, l’enculé, c’est celui qui a inventé le profit ».
      Donc, Patrick, globalement je suis d’accord avec vous mais laissons à la monnaie un simple rôle de facilitateur des échanges et supprimons l’idée de profit qui de transforme trop vite en l’idée d’abuser.
      Je me demande si on est pas un peu utopique !!!

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      • Nora // 10.01.2016 à 13h35

        Une observation : les religions monothéistes condamnent l’usure
        https://blog.bforbank.com/finances-personnelles/2011/12/29/argent-religion/

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        • julie // 11.01.2016 à 09h13

          en théorie oui, mai qu’en est-il de la pratique des institutions qui représentent ces religions?

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          • Nora // 11.01.2016 à 18h52

            En réponse à votre question, je vous invite à lire l article joint. Cdt

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        • Serj // 14.01.2016 à 20h35

          usure interdite vis à vis de mes corréligionnaires mais pas vis à vis des « autres ».

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      • PIk’ // 11.01.2016 à 13h56

        Je pense quand même que la monnaie en elle-même cause quelques problèmes : elle établit une mesure unique pour tous « biens et services », encourage la commodification, objectifie l’action humaine, et impose l’échange marchand comme base de la société (ce qui a toujours tendance à détruire les liens sociaux).

        Après, je ne suis pas sûr qu’on pourrait complétement s’en débarasser sans causer de problèmes pires.
        Je pense par contre qu’on pourrait fonctionner par aide mutuelle (sans monnaie) au niveau local, et utiliser des systèmes monétaires pour les échanges à plus grande échelle. Il y a plein de bonnes idées de monnaies alternatives qui peuvent éviter certains des problèmes cités plus haut, il faut juste être créatif et se demander ce qui marcherait le mieux dans chaque situation.

        Est-on utopique ? Eh bien, si on me demande de choisir entre être cynique et ne rien faire, ou bien patcher le système actuel ad vitam eternam, ou bien essayer de construire le meilleur modèle de société auquel je puisse penser, je préfère ce dernier choix. On n’aura jamais rien de parfait, mais c’est pas grave, tant qu’on n’est pas dogmatique il vaut mieux viser haut !

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      • Michel Ickx // 11.01.2016 à 17h59

        « La monnaie » comme telle n’existe pas.

        Il existe, et il a existé, différents types ou structures monétaires. En un sens, dans le cas qui nous intéresse, la recherche du profit et la structure monétaire qu’on nous a imposée sont indissociables car cette dernière implique inévitablement la compétitivité et le profit. Elle nous y force que nous le voulions ou pas.

        Je vous recommande la lecture du livre « Au coeur de la monnaie » de Bernard Lietaer pour vous faire une idée des différents types de systèmes monétaires au cours des quelques cinq mille ans de l’histoire récente.

        Comme dans tout artéfact, la structure conditionne la fonction et l’usage. C’est aussi vrai pour les monnaies.
        Mais on a eu bien soin de ne jamais nous expliquer la nature de la monnaie.

        Pour tout comprendre sur les délires du libéralisme il faut partir de la création de la Fédérale Réserve en 1913 par des banquiers privés.

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        • Pik’ // 12.01.2016 à 08h29

          Je suis tout à fait d’accord vis-à-vis du système monétaire actuel, et de l’impératif de croissance qui y est étroitement lié.

          Cependant je trouve tout de même utile de parler de « monnaie », en englobant tous les systèmes monétaires, leur point commun étant l’existence d’une unité de compte transférable et généralement universelle. Nos sociétés ont longtemps fonctionné via des systèmes de dettes non-transférables, que je n’appellerais pas des systèmes monétaires à cause de ce fait. Et on trouve aussi de part l’histoire des systèmes simplement basés sur l’obligation morale (l’aide mutuelle).

          A partir de là, je pense que tout système monétaire aura des défauts intrinsèques au principe même d’une unité transférable et universelle. On se trouve notamment limité dans les possibles définitions de la notion de valeur, et on se retrouvera à préférer l’échange marchand (adossée à cette notion de valeur spécifique) plutôt que d’autres formes de transactions.

          Donc si je suis d’accord que l’énorme majorité de nos maux viennent de notre système monétaire actuel, je pense qu’il faut garder un regard critique vis-à-vis de la monnaie elle-même, et envisager des alternatives. (Bien sûr, les systèmes de dettes non-transférables ou d’aide mutuelle ont aussi des limites : l’idée serait peut-être de combiner tous ces systèmes ensemble, en fonction de l’échelle et des situations).

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      • bhhell // 11.01.2016 à 19h40

        Renversons la perspective et constatons avec Monsieur Chomsky que les utopistes enragés sont les tenants du système. Un système qui nous conduit droit vers le crash environnemental, économique, social. Un système qui camoufle les externalités négatives dont le coût, s’il était pris en compte, détruirait instantanément la théorie « scientifique » de la valeur qui fonde le capitalisme et les politiques publiques depuis des générations.
        Pour une synthèse de la folie séculaire de nos sociétés capitalistes, je ne saurais trop recommander cette vidéo (vraiment incendiaire) du professeur Jean Christophe Defraigne:
        l’Europe : avenir des peuples ou présent des élites ?
        https://www.youtube.com/watch?v=6W6VcmGV2bU

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      • FBH // 16.01.2016 à 15h43

        Le documentaire « Noir coton » http://www.lamare.org/noir-coton
        explique, si j’ai bien compris : la France importait son coton des USA mais la guerre créa une rupture et la France décida de faire produire son coton (ressource alors indispensable) au Burkina Faso (alors Haute Volta).
        Les paysans locaux vivaient de cultures, d’échanges, sans monnaie et n’avaient pas envie de cultiver du coton.
        Pour les obliger, le colonisateur imposa des taxes. Ne disposant pas de monnaie, les habitants se mirent à cultiver du coton et le vendirent contre de la monnaie.
        Ai-je bien compris ? Vive la monnaie ?
        De cette économie contrainte est né l’endettement du pays, la mort de Sankara et toutes les conséquences que l’on peut observer aujourd’hui de l’exploitation d’un pays et de sa population.
        Pourriez-vous préciser le sens de votre question qui se termine par « utopique » ?

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    • Christophe Vieren // 12.01.2016 à 11h17

      Moi ce qui me gène c’est que l’on jette le bébé avec l’eau du bain sans savoir comment le récupérer. Vaut-il mieux un bébé pas trop en forme ou un bébé mort .
      Autrement dit, supprimer le capitalisme, oui, bien sûr mais quel « programme transitoire  » ?
      On a bien vu que , certes dans d’autres conditions initiales, les pays dits socialistes se sont rapidement révélés être un échec. Que les pays capitalistes aient tout fait pour les détruire ou pas n’aurait probablement pas changer le résultat, peut-être juste l’échéance.
      Sur ce site dont la quasi totalité des commentateurs (les lecteurs je ne sais pas) sont anticapitalistes, peut-être est-ce de ce régime transitoire dont il faudrait parler.
      Si tant est qu’il y ait encore un espoir de sortir de ce cercle vicieux ou la TV est dans tous les foyers, que celle-ci appartient justement aux capitalistes (la TV publique étant à peine mieux puisqu’entre les mains de l’état UMPS, bientôt FN ?) et que ceux-ci façonnent l’opinion.
      Perso, je pense qu’il faut convaincre nos congénéres, qui voient bien que ca tournent pas rond, que c’est le dévoiement de la « démocratie » à l’occidentale quie est la cause des causes. Et comme tout un chacun préfèrera toujours s’occuper de son petit confort personnel plutôt que de participer à la décision collective, il faut réfléchir à un moyen de cotnraindre tout un chacun de participer à cette décision collective qui DOIT devenir un DEVOIR au même titre que le paiement des impôts.

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  • Nerouiev // 10.01.2016 à 07h11

    Il faut reconnaître que la créativité américaine à longtemps été remplie d’applications pratiques pour le plus grand bonheur du monde Occidental. Mais quel gâchis en si peu de temps ; ça me fait penser à l’explosion animale du precambrien. Maintenant il va falloir se ranger et les USA risquent de perdre leur rôle moteur dans un monde où l’unipolarite est obligatoirement perdante. Pourquoi cet entêtement, ajoutant aux désastres écologiques des morts humaines inutles pour le vol de nos ressources.

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  • Gier 13. // 10.01.2016 à 08h04

    Le capitalisme est la seule arme de destruction massive qui existe. Son « originalité » consiste en ce qu’elle est tournée contre l’homme et son biotope.
    Mais le capitalisme est aussi destructeur d’intelligence et de capacités. Par exemple, jadis, il fallait lire une carte pour aller du point À au point B. Il fallait quelques compétences pour le faire. Il fallait connaître les codes d’une carte, évaluer une distance, un contournement judicieux ou une ligne droite qui finalement n’apporte rien. L’homme était l’acteur de son trajet. Il usait de son intelligence pour faire sa route. Aujourd’hui, il suit son GPS. Tout comme il subit le flot d’informations sans user de son intelligence ou de son esprit critique.
    Et cette perte d’intelligence, ou du moins la concentration d’une l’intelligence technologique entre quelques mains constitue pour le capitalisme un formidable moyen de confiscation et de pérennisation du pouvoir politique et culturel au détriment des peuples.
    Le capitalisme détruit tout. Et l’environnement et le génie humain.

      +51

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    • Ben Gourion // 10.01.2016 à 14h10

      « Le capitalisme est la seule arme de destruction massive qui existe. »
      Pas du tout ! Toutes les idéologies – communisme, par exemple – sont destructrices.
      Les idéologies sont comme les étoiles : elles peuvent servir de repères mais, à trop s’en approcher, on se brûle.

        +10

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      • Gier 13. // 10.01.2016 à 15h56

        Le capitalisme est-il une idéologie ? Je dirai plutôt qu’il est un statut juridique. Toujours est-il qu’en véhiculant comme seule valeur le profit immédiat et en niant les dégâts sociaux et environnementaux il se révèle intrinsèquement destructeur. Et pas qu’un peu !
        Le communisme a-t-il les mêmes tares originelles ?
        Toujours est-il Ben, que dans sa mise en pratique, le communisme qui n’était finalement qu’un capitalisme d’État, s’est révélé pareillement destructeur.
        Vive l’anarchie ! Mais un commentaire plus haut ou plus bas évoque toute les limites de l’anarchie.
        C’est à désespérer de l’homme !

          +4

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        • vinel // 10.01.2016 à 23h26

          S’agissant du communisme les mises en pratique telles que nous les nommons et les connaissons ne sont pas des références absolues.
          Il en est de même du libéralisme.Ce dernier qui nous est proposé comme l’antidote du communisme est en réalité une autre forme d’asservissement plus cool mais dont le but est caché,parce qu’ innomable:le servage.
          Le néo liberalisme à integré l’homme dans sa structure de pensée ou idéologie comme suit(1945).
          C’est un élément (représenté par un symbole que je ne peux reproduire)qui a les spécificité suivantes:
          -c’est un tube digestif qui se reproduit sans intervention , interchangeable,avec automaintenance.
          -cet appareil digestif fourni de l’énergie quantifiable à bas cout.
          -cette énergie est utilisable pour des durées très longues .

          Nous avons la description d’une machine outil moderne.
          La reproduction des automates entre eux n’est pas encore la réalité.
          Des lors que ce sera acquis ,la valeur de l’homme ne finira pas de chuter,chuter,Macron,macron,mac…

            +4

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    • interlibre // 10.01.2016 à 19h35

      C’est surtout du très très court terme, cela ne peux pas fonctionner bien longtemps. Comment voulez vous qu’une population idiote puisse survivre aux défis immenses à venir. Ce ne sont pas quelques guignols avides dans leur tour d’ivoire avec leurs millions de 0 sur leurs ordinateurs qui pourront faire grand chose. Le capitalisme est une erreur de l’Histoire supplémentaire.

        +4

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    • madake // 11.01.2016 à 03h55

      Le diagnostic est clairement que les règles du jeu, comme le jeu lui-même ont changé.
      Les règles orientent le jeu dans une spirale infernale, qui appauvrit les populations, détruit les liens humains, gaspille les ressources énergétiques, et ruine l’environnement.

      Oyez bonne gens, voici donc, ainsi résumé, le modèle économique qu’on nous vend:

      Le libéralisme et le capitalisme triomphants dans la croissance retrouvée avec:
      un capital surabondant,
      moins de ressources,
      moins d’énergie (mais provisoirement peu chère),
      avec une main d’oeuvre à bas coût, abondante et mobile.
      Un endettement public en croissance constante
      Notons bien que cette main d’oeuvre à bas coût constitue aussi les consommateurs paupérisés…

      Croire en la viabilité de ce modèle relève d’une totale déconnexion de la réalité.

      Au mieux, on pourra le soutenir quelques temps, moyennant rustines, répression, QE, mais qui seront d’insuffisantes soupapes retardant, mais augmentant l’explosion de la cocotte-minute.

      Un regard sur la pyramide de Maslow

      http://classedu.free.fr/spip.php?article553

      Nous montrera qu’elle est déjà bien émoussée, l’identification des couches déjà entamées donne idée des limites.

      Cela interroge d’une façon lancinante sur le monde dans lequel nous vivons,
      les règles qui nous amènent à cette situation,
      et vers où elles nous mènent.

      Là est le germe de la préoccupation citoyenne.
      Comme une jeune pousse a besoin d’eau, de pesanteur et de lumière pour savoir vers où se développer,
      la citoyenneté réclame des informations fiables pour comprendre vers où elle va.
      Nos médias MainStream ne les fournissent pas.
      Faut-il laisser les choses en l’état ou pas?

      Il est temps de revoir les règles et de lever le capot, non?

        +2

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  • istina // 10.01.2016 à 09h01

    Le capitalisme détruit tout. Et l’environnement et le génie humain.

    Depuis ils ont rajouté le Principe {{ Tu votes, donc tu vis en Démocratie }}

    Quant à la Démocratie la véritable ? ils ont tout faux.
    Celle en vigueur en 2.500 ANS avant le Christ ? dont ils se réfèrent.

    C’était impérativement la PROPORTIONNELLE et seulement possibilités
    d’être élu deux fois non consécutives, ce qui rendait impossibles les Corruptions et;
    surtout les combines MAFIEUSES ou FACTIEUSES !

    Pourquoi faire simple ???????

      +7

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  • Macarel // 10.01.2016 à 09h34

    Noam Chomsky est l’un des rares sages de la civilisation occidentale, une exception dans l’espèce mal nommée « sapiens-sapiens », il faudrait mieux la renommer « demens-demens ».
    Je pense que cette incapacité de l’espèce à « s’assagir », c’est que l’exercice de la lucidité est très très difficile, car il nous mets devant notre propre finitude temporelle, devant notre insignifiance dans un Cosmos incommensurable avec le bipède que nous sommes, il attaque frontalement le projet prométhéen de l’homme occidental : ce projet de soumettre la nature à notre volonté, de nous extraire de cette nature, le projet de devenir immortel comme celui que promeuvent les transhumanistes.
    Bien sûr cette « hubris » est en train de nous perdre, mais nous préférons ignorer tous les avertissements que nous envoie cette même nature, et continuer à marcher vers le précipice en nous voilant la face, et en accélérant. Nous ne sommes pas mûrs pour l’exercice de la lucidité, c’est bien cela notre problème.

      +19

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  • scorpionbleu // 10.01.2016 à 11h15

    Merci pour la transmission et la traduction de cet entretien.

    Que faire face à l’aveuglement et la folie des hommes ? Elles ont toujours existé, mais à présent le drame c’est les moyens que donne la science ! Comment agir pour en limiter ou en dérouter la puissance ? Les cerveaux mathématiques, scientifiques sont au service de la destruction, pourquoi ?

    “C’est le malheur des temps quand les fous guident les aveugles”.
    (‘Tis the time’s plague when madmen lead the blind)
    – Shakespeare

      +3

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  • bats0 // 10.01.2016 à 11h17

    « Selon moi, l’anarchisme est la forme de pensée politique la plus évoluée. »
    Effectivement, et c’est aussi mon avis; le soucis est qu’il faudrait pouvoir expliquer au plus grand (la majorité) qu’est que l’anarchisme ? Sur quelle base cette conception politique et sociale peut-elle s’appuyer, afin de promouvoir un monde durable ?
    Je crains que la majorité du monde occidentale ne puisse comprendre concrètement et admettre ses bienfaits, et surtout les pouvoirs en place, feront tout pour interdire ces explications, puisque beaucoup de personnes assimiles l’anarchisme, à une société désorganisée, alors que c’est tout le contraire. L’anarchisme est surtout une société très bien organisée, autochtone, et égalitaire.
    De plus comme l’avait fait remarqué Pierre-Joseph Proudhon, il y a aussi cette notion de propriété, qu’il faudrait soit modifier afin de l’adapter pour un monde pluraliste, soit la condamner (« la propriété, c’est le vol »). Voir au sujet de la propriété, le mémoire qu’il a écrit, et publié le 30 Juin 1840 : « Qu’est-ce que la propriété ? ou Recherche sur le principe du Droit et du Gouvernement ».

      +12

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    • Ashwolf // 10.01.2016 à 12h33

      L’anarchisme et le communisme partagent le même symptome qui a causé tant d’échecs, ceux-ci considèrent que l’homme est bon par nature, et qu’il est n’est perverti que par les structures de la société.

      C’est cette hypothèse qui conduit tout autant les communistes à prôner la dictature du prolétariat aboutissant à la société sans classe, et à la destruction de l’état, que les anarchistes à prôner la révolution spontanée aboutissant à la société sans classe et à la destruction de l’état.

      De mon point de vue, considérer que l’homme est bon par nature est un contre-sens anthropologique majeure. La nature nous enseigne au contraire que les espèces n’agissent ni par bonté ni par méchanceté, mais que les espèces n’agissent que pour garantir leur survie.

        +10

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      • Ashwolf // 10.01.2016 à 12h53

        … l’homme aime se penser étranger à la nature, dans une opposition un peu veine entre nature et culture.

        Or, les espèces les plus proches de l’homme (gorilles, chimpanzés) nous montrent qu’à l’état naturel, les structures de domination entre les individus sont bien présents. Ce qui ne permet pas d’espérer grand chose de la nature humaine.

        La dictature du prolétariat n’était rien d’autre que la création de nouvelles structures de domination aboutissant à un état excessivement centralisé et autoritaire, et une société hiérarchisée. Les expériences anarchistes ayant existé n’ont existé qu’à l’échelle communautaire, entre militants convaincus, et se sont toujours inscrites à l’intérieur d’une société dont les structures de domination étaient bien présentes.

        L’intention des communistes et des anarchistes était donc bonne sur le principe, mais la réalisation de cette intention est systématiquement un échec depuis que les idéaux anarchiste et communiste existent.

        Pour garantir un maximum de liberté et d’égalité, et réduire un maximum les structures de domination, je ne vois pas d’autre solution que l’état, aussi minimaliste, horizontal et décentralisé soit-il. C’est donc de mon point de vue l’idéal démocratique, qui a été totalement dévoyé, qu’il faut faire aboutir. Un idéal démocratique ou le citoyen est placé au cœur du processus de décision. L’idéal démocratique, c’est l’idéal d’affaiblissement des structures de domination. Si démocratique qu’il soit, l’état ne pourra jamais s’affranchir des structures de domination. Si minimale qu’elle soit, la hiérarchie et la verticalité ne disparaîtra jamais complètement face à l’autorité. Cela dit, le processus démocratique est un véritable processus d’émancipation.

        Mais la première des choses à admettre, c’est qu’un état centralisé et représentatif ayant réduit l’expression citoyenne au plus simple appareil (celui de mettre des bouts de papier dans des enveloppes pour sélectionner entre des personnes dont le citoyen n’a pas choisi la candidature) ne peut en aucun cas être qualifié d’état démocratique. Tout reste donc à faire.

          +20

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        • bats0 // 10.01.2016 à 17h00

          Je ne voudrai pas m’étendre sur la justification des bienfaits de l’anarchisme (ce blog n’en étant pas le but), par rapport à toute autre forme politique, et ni le comparer avec le communisme, mais il existe tout de même, une différence fondamentale par rapport aux autres, c’est la notion de liberté, qui est essentielle, dans les fondement de l’anarchisme, et si cette notion de liberté a tant d’importance, on ne pourrait y soustraire la notion d’égalité, car il ne peut y avoir de liberté sans égalité; cette notion est primordiale pour toute société désirant vivre (ou tendre à vivre) en harmonie en son sein, ainsi que par rapport à la nature, dont l’être humain en est l’une des composantes.
          Je trouve la définition de Pierre-Joseph Proudhon très juste et essentielle : « anarchie » : « forme de gouvernement sans maître ni souverain ».
          Concernant la définition de la liberté, se référer à la déclaration des droits de l’homme et du citoyens de 1789 :
          « Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (cette notion est pratiquement réformée dans notre société de plus en plus individualiste, conduite par des volontés politiques dictatoriales) : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits (petit problème de ce dernier passage, est l’exercice de la justice, selon que l’on soit influent ou pas, aisé ou pauvre, la composition de la défense ou de la partie plaignante ne sera pas la même, ce qui peut avoir des influences sur les jugements).

          En ce qui concerne la différentiation entre l’homme et le reste de l’espèce animal, il y en a une importante, qui est le discernement : le discernement de l’homme, par exemple, l’aide à construire par le choix d’actions appropriées le cheminement qui lui permettront (ou pas) d’atteindre son (ses) objectif(s), tandis que celui du reste de l’espèce animal, il est la résultante de son instinct naturel, dont celui de l’être humain tend à s’estomper avec le temps.

            +5

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          • RGT // 10.01.2016 à 19h34

            @bats0 : « En ce qui concerne la différentiation entre l’homme et le reste de l’espèce animal, il y en a une importante, qui est le discernement »…

            Je pense que vous avez une vision bien trop anthropocentrique de l’animal…

            Depuis ma plus tendre enfance (j’habitais dans un petit village de montage, puis en ville MAIS avec un jardin « en friche ») j’ai étudié le comportement des animaux dans leur environnement « naturel » (et non pas le « laboratoire ») et je me suis rapidement rendu compte que les animaux étaient loi d’être « bêtes »…

            Ma réflexion à ce sujet m’incite plutôt à penser que les humains considèrent les animaux comme des « machines stupides » pour éviter de se trouver confrontés à des cas de conscience en les exploitant et en les massacrant honteusement.

            Et je ne parle pas que des animaux proches de l’homme (mammifères, oiseaux), je parle aussi d’arthropodes de petite taille qui font souvent preuve d’une inventivité remarquable.

            Le principal problème pour les comprendre est l’incapacité des humains à communiquer avec ces êtres vivants.
            Si les animaux étaient aussi stupides qu’on veut nous le faire croire ils se seraient éteints depuis bien longtemps et l’espèce humaine ne serait jamais apparue.

            Etudiez avec attention le comportement des animaux, vous serez étonné.

            Commencez avec les chiens, ils sont très proches de l’homme (sans aucun doute l’animal avec lequel il est le plus facile d’interagir) et vous serz étonné par leur créativité, leurs émotions, leur empathie, etc…

            Ne prenez pas un animal « dressé », il n’a plus aucune « âme ». Prenez un animal « nature », avec un « apprentissage » minimum (ne pas se soulager sur les tapis, ne pas traverser la rue n’importe quand, …) et laissez-le exprimer sa personnalité, vous serez ébahi.

            Les animaux possèdent TOUS un niveau de discernement très élevé, mais qui est différent du nôtre…

            Le seul « plus » de l’homme, c’est son ÉGOÏSME, sa CUPIDITÉ, sa soif insatiable d’amasser plus qu’il ne pourra consommer pendant toute son existence.

            Sur ce point, les animaux sont bien plus « intelligents » : Ils ne prennent que ce qui est nécessaire à leur survie pendant une période limitée.

            Dernièrement des scientifiques ont décidé de faire table rase des préjugés antrhopocentriques et on étudié le comportement d’animaux et particulièrement leurs relations « sociales ».

            Ces études ont démontré que les espèces étudiées possédaient une intelligence remarquable, une empathie importante, etc…

            Liens de résumés pour commencer à survoler le sujet, je vous invite à l’approfondir :
            – Les porcs : http://soocurious.com/fr/porc-cochon-intelligence-animaux/
            – Les poules : http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-l-apos-intelligence-de-la-poule-35655.php

            Sans oublier les éléphants qui respectent leurs morts (on trouve facilement de très nombreux articles su le sujet).

            Bref, ce que j’avais intuitivement compris lorsque j’étais enfant (car je n’étais sans doute pas encore contaminé par la « supériorité de l’homme »).

            Pour rebondir sur les propos de Chomsky, les animaux ne s’organisent-ils pas en société anarchistes ?
            J’en suis convaincu.

            Même s’il existe chez certaines espèces de prédateurs des « dominants », on se rend assez vite compte que le statut de « dominé » n’a rien à voir avec celui imposé à l’homme par l’homme, et que de très nombreuses espèces animales grégaires sont solidaires (le summum étant les lycaons qui assistent les vieux et les blessés/malades jusqu’à leur mort), etc, etc…

            Je vous invite donc à approfondir le sujet et vous prie d’avoir plus de considération pour des espèces qui sont en mesure de nous donner des leçons « d’humanité »…

              +12

            Alerter
            • bats0 // 12.01.2016 à 05h39

              « Je vous invite donc à approfondir le sujet et vous prie d’avoir plus de considération pour des espèces qui sont en mesure de nous donner des leçons “d’humanité”… »
              Je pense que votre jugement est hâtif, sans réel support dans son affirmation.
              A aucun moment je n’ai sous-estimé le reste de l’espèce animale (puisque nous en faisons parti), bien au contraire, puisque j’indique qu’ils ont encore l’instinct naturel, alors que le notre tend à disparaître.
              Quand à approfondir le sujet, j’ai passé depuis ma plus jeune enfance, en compagnie d’animaux, soit domestiques, soit sauvages, marins, volatiles, ou terrestres, des milliers d’heure à les observer, les contempler, les admirer, à essayer de comprendre leur mode de vie (surtout les fourmis et les abeilles, qui, me semble-t-il, sont les animaux les plus évolués socialement), et lorsque je parle d’anarchisme, je m’inspire, et pense surtout à eux, ainsi qu’aux tributs autochtones qui vivent dans les forêts, et ne sont pas trop touchés par notre civilisation.
              Je pense sincèrement que vous avez fait erreur sur ma personne.

                +0

              Alerter
      • Spectre // 10.01.2016 à 15h09

        “L’anarchisme et le communisme partagent le même symptome qui a causé tant d’échecs, ceux-ci considèrent que l’homme est bon par nature, et qu’il est n’est perverti que par les structures de la société.”

        Ken Knabb fait l’objection suivante à cet argument : « On dit souvent qu’une société sans État pourrait fonctionner si tous les hommes étaient des anges, mais que du fait de la perversité de la nature humaine, un certain degré de hiérarchie est nécessaire pour maintenir l’ordre. Il serait plus juste de dire que si tous les hommes étaient des anges, le système actuel pourrait fonctionner assez bien: les bureaucrates feraient leur travail honnêtement, les capitalistes s’abstiendraient des entreprises socialement nuisibles même si elles étaient lucratives… C’est précisément parce que les gens ne sont pas des anges qu’il est nécessaire d’abolir le système qui permet à quelques-uns de devenir des diables très efficaces. Mettez cent personnes dans une petite salle qui n’a qu’un trou d’aération, elles se déchireront à mort pour y avoir accès. Mettez-les en liberté, il se pourrait qu’elles montrent une nature assez différente. Comme l’a dit un graffiti de Mai 1968, “L’homme n’est ni le bon sauvage de Rousseau, ni le pervers de l’église et de La Rochefoucauld. Il est violent quand on l’opprime, il est doux quand il est libre.” »

        J’ajoute qu’il n’y a pas de “nature humaine”. Penser que “l’homme” en général est responsable de la situation actuelle, c’est (encore) faire preuve d’ethnocentrisme : jusqu’à preuve du contraire, c’est la civilisation d’origine européenne qui est majoritairement responsable de l’état actuel du monde… Ce ne sont pas les Esquimaux qui ont répandu le fléau du capitalisme sur la planète entière au son du canon, ni les Zoulous qui ont saccagé l’environnement !

          +22

        Alerter
        • Ashwolf // 10.01.2016 à 22h17

          Je vous répondrais simplement que l’homme libre n’est pas moins violent que l’homme opprimé. Il cherche à devenir oppresseur non pas par frustration ni par idéologie, mais parce qu’il obtiendra un bénéfice de l’oppression des autres. Sur ce point, je suis totalement d’accord avec Frédéric Lordon dans le débat qui l’oppose à Eric Hazan sur le comité invisible :
          https://vimeo.com/133458594 (d’ailleurs ce débat est à voir tant il est passionnant et profond)

          De plus, vous raisonnez comme si la seule alternative au système capitaliste et au régime représentatif (notez que j’évite soigneusement de parler de démocratie) était le système anarchique.

          Je pense que le système démocratique porte déjà en soi le projet du Socialisme, c’est à dire émanciper autant que possible l’homme des structures de domination.

            +2

          Alerter
          • Ashwolf // 10.01.2016 à 22h30

            Hmm je crois que le débat ou Lordon parlait d’anarchisme se situe ici :
            https://www.youtube.com/watch?v=HXIPoqDeYio
            Le débat a lieu à la CNT, donc Lordon s’adresse directement à des anarchistes.

            Le débat entre Lordon et Hazan dont j’ai donné le lien plus haut n’est pas pour autant hors sujet puisqu’il parle d’insurrection face à l’état.

              +1

            Alerter
          • Astatruc // 11.01.2016 à 09h26

            « TOUS SOCIALISTES !

            Depuis que l’idée socialiste a commencé de pénétrer au sein des masses ouvrières, il se produit un fait des plus intéressants. Les pires ennemis du socialisme ayant compris que le meilleur moyen de maîtriser le socialisme est de se faire passer pour ses adhérents, s’empressent de se déclarer socialistes. Parlez à un de ces gros bourgeois qui exploitent sans miséricorde l’ouvrier, l’ouvrière et l’enfant. Parlez-lui des inégalités scandaleuses des fortunes, des crises et de la misère qu’elles engendrent ; parlez-lui de la nécessité de modifier le régime de la propriété afin d’améliorer la situation des ouvriers ; et, si le bourgeois est intelligent, s’il cherche à « parvenir » en politique, et surtout si vous êtes son électeur, il s’empressera de vous dire :« Parbleu ! mais moi aussi je suis socialiste comme vous ! – Question sociale, caisses d’épargne, législation sur le travail – je suis parfaitement d’accord pour tout cela ! Seulement, vous savez ? Ne bouleversons pas tout en un jour, marchons à la douce ! » – Et il vous quitte pour aller soutirer « à la douce » quelques sous de plus « à ses ouvriers » en prévision des pertes que l’agitation socialiste pourra lui occasionner un jour. »

            Pierre Kropotkine
            Écrit en septembre 1881.
            http://www.theyliewedie.org/ressources/biblio/fr/Kropotkine_Pierre_-_Tous_socialistes.htm

              +3

            Alerter
            • francois // 11.01.2016 à 10h49

               »Il me parait, à moi aussi, indubitable qu’une réelle modification dans la relation des hommes à la possession des biens sera ici d’un plus grand secours que tout commandement éthique ;

              MAIS cette clairvoyance de la part des socialistes (rajout personnel : et anarchistes) est troublée par une nouvelle méconnaissance idéaliste de la nature humaine et rendue SANS VALEUR AU NIVEAU DE L’EXECUTION ».
              Freud

                +1

              Alerter
            • francois // 11.01.2016 à 11h21

              rajout personnel :

              ET cette méconnaissance combinée à la croyance en l’entière vérité et beauté de l’idée mène inexorablement à l’oppression et au totalitarisme*.

              *totalitarisme :
              Système politico-mediatico-économique cherchant à imposer son mode de pensée considéré comme le seul possible.
              Totalitarisme social : Le régime totalitaire tente de s’immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.

                +2

              Alerter
          • PIk’ // 11.01.2016 à 14h33

            Ce n’est pas parce qu’opprimer quelqu’un nous apporterait un bénéfice qu’on va forcément chercher à devenir oppresseur. L’homo economicus est un mythe, nous ne sommes pas des abominables calculateurs.

            L’inverse est vrai aussi : nous ne sommes pas des anges. Je pense qu’on est naturellement grégaires, mais au-delà de ça, on peut faire preuve de tous les comportements vis-à-vis des groupes voisins. C’est ultimement une question de culture. Quand on regarde certains peuples séculaires, on voit souvent qu’ils n’ont mené des guerres que lorsqu’elles étaient nécessaires à leur survie, souvent à cause d’un manque de ressources (sécheresses, diminution de l’espace habitable…). Notre « civilisation » par contre s’est fait un plaisir de coloniser tout ce qui bougeait. Ce qui ne veut pas dire qu’on est le diable incarné non plus : après tout, on a dû se convaincre qu’on était supérieurs pour pouvoir écraser les autres sans dilemme moral (et Cortez par exemple était probablement un psychopathe à cause de ses énormes dettes sur le continent).

            L’anarchisme ne repose *pas* sur une conception altruiste de l’être humain. Elle repose sur une vision réaliste : on est capables de tout. Et c’est pour ça qu’il faut s’efforcer de créer la culture et les conditions qui nous permettront d’encourager les bons comportements, pour avoir la société la plus plaisante et pacifique possible. Et ça passe notamment par le fait de nous responsabiliser, d’être confrontés directement aux conséquences de nos actes. Ce qui implique à son tour d’être libre au niveau individuel et de prendre les décisions directement, à un niveau local.

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            • Astatruc // 11.01.2016 à 19h39

              françois,
              vous parlez de Freud, celui du 19 ème siècle?plus d’un siècle plus tard, je vous encourage à varier vos lectures, freud, c’est dépassé.

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            • francois // 12.01.2016 à 06h11

              @astatruc
              En un mot : pfffff

              🙂

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  • Queinnec // 10.01.2016 à 11h30

    Ce cahier publié en 2010 « réguler les entreprises transnationales, 46 propositions » relève-t-il de l’anarchisme ? https://asso-sherpa.org/sherpa-content/docs/programmes/GDH/publications/WG%20Transnationales%201-76%20F.pdf

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    • Ashwolf // 10.01.2016 à 13h01

      En aucun cas, toute idée de régulation passe nécessairement par l’état. Les anarchistes refusent l’état.

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      • Charles Michael // 10.01.2016 à 16h41

        Oui, mais la force et beauté des idées anarchistes est de ne pas constituer une idéologie totalisante et fermée.

        donc oui au premiers temps détruire le gouvernement était un des moyens les plus urgents; ça a pas mal évolué (voir Michel Onfray dans l’article précédent ).
        en fait les anarchistes intelligents ujourd’hui ne crient plus « morts aux vaches », accepte une gouvernance et refusent le gouvernement des lobbys et des grandes multinationales.

        en fait ils demandent la démocratie.

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        • Ashwolf // 10.01.2016 à 22h21

          On peut tout à fait considérer que les anarchistes d’aujourd’hui ne veulent plus l’abolition de tout gouvernement et de tout état. Tout comme de nombreux communistes aujourd’hui ne veulent plus l’abolition de la propriété privée (combien d’entre eux demandent l’abolition de l’héritage ?). Mais pour moi, ce n’est pas parce qu’on revendique l’héritage de l’anarchisme, ou du communisme, que l’on souhaite l’accomplissement de ces systèmes politiques. Les mots ont un sens, et la société démocratique n’est pas la société anarchiste. Ces deux systèmes ont un fonctionnement différent et sont conceptuellement parlant différents, c’est pour cela que cette distinction me semble importante.

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        • PIk’ // 11.01.2016 à 14h09

          Je suis d’accord avec Ashwolf. Démocratie et anarchie sont deux concepts différents. Sous certains aspects, on pourrait dire que l’anarchie est la forme la plus poussée de démocratie ; par contre bien des formes de démocratie ne sont pas anarchiques.

          Vis-à-vis de la question initiale : l’anarchisme est opposé à l’Etat, mais aussi au capitalisme. Une écrasante majorité de régulations imposées de nos jours par l’Etat sont des patchs pour éviter que le capitalisme ne détruise trop la planète ou ses habitants. Sans capitalisme, le genre de régulations dont on aurait besoin, et surtout la manière de les imposer, seraient très différents.

          L’anarchisme n’est pas opposé au principe même des règlements. Il est opposé au fait de les imposer depuis le haut d’une hiérarchie via l’usage de la force. Sans capitalisme (ni Etat), on pourrait privilégier la recherche commune de solutions aux problèmes collectifs.

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  • adrien // 10.01.2016 à 13h18

    L’Holocène qui définit la période géologique actuelle -depuis 10.000 ans- et correspond à la période chaude d’un interglaciaire, se complète par le néologisme Anthropocène, où l’activité humaine est déterminante sur tous les autres éléments naturels qui avaient prévalu jusque là .
    Pour la suite, on pourra prévoir le Capitalocène ou l’Idiotcène, période pendant laquelle cette espèce particulière a causé sa propre disparition en ruinant complètement son écosystème .

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    • RGT // 10.01.2016 à 19h50

      @adrien : « Pour la suite, on pourra prévoir le Capitalocène ou l’Idiotcène, période pendant laquelle cette espèce particulière a causé sa propre disparition en ruinant complètement son écosystème . »

      Vous voulez sans doute parler de ce film hautement prophétique : http://www.dailymotion.com/video/x3ot5h_idiocracy_fun

      Je suis totalement d’accord avec vous !!!

      Si vous ne l’avez pas vu, je vous conseille de visionner ce film…
      Ça ne « vole pas haut » mais c’est sans doute ce qui nous attend si nous continuons dans la voie actuelle…

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  • Macarel // 10.01.2016 à 23h00

     » La tâche de l’état consiste à secourir les riches et les puissants et à les protéger, peu importe si cela viole les principes de marché, on se fiche pas mal des principes de marché. Les principes de marché sont essentiellement destinés aux pauvres. »

    Très bien vu !

    « Dans les sociétés coloniales, les choses sont différentes : on élimine les populations indigènes. Lisez par exemple George Washington, une figure majeure de la société coloniale dans laquelle nous vivons. De son point de vue, et selon ses propres mots, il fallait « extraire » les iroquois. Ils sont sur notre chemin. C’était une civilisation avancée. En fait, ils ont fourni quelques-unes des bases du système constitutionnel américain, mais comme ils gênaient, on devait les « extraire ». Thomas Jefferson, une autre grande figure, a dit, et bien, nous n’avons pas d’autre choix que celui d’exterminer les populations indigènes, à savoir les Indiens. Parce qu’ils nous attaquent. Pourquoi nous attaquent-ils? Parce que nous leur prenons tout. Mais puisque nous leur prenons leur terre et leurs ressources et qu’ils se défendent, nous devons les exterminer. Et c’est exactement ce qui s’est produit : dans presque tout le territoire des États-Unis, une extermination colossale a eu lieu. Il reste quelques résidus mais vivants dans des conditions épouvantables.

    Ben oui… c’est bien cela le pêché originel de la société Yankee.

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  • Jex94 // 11.01.2016 à 01h06

    Noam Chomsky a le mérite de diffuser largement son opinion, de dénoncer cette forme de capitalisme qui consiste à privilégier le profit au détriment d’autrui et de la planète. Il faut diffuser au maximum, mais aussi chercher à agir, à proposer des solutions alternatives, à ne plus se comporter comme de simples observateurs, analystes qui ne font que dénoncer et constater les dégâts causés par l’homme (en prenant soin au passage d’oublier de s’inclure dans le lot), comme si la critique de l’avidité et de la méchanceté de l’espèce humaine leur permettait de se dédouaner…

    Mais il y a bien une autocritique à faire par chacun d’entre nous pour avancer. Le capitalisme (où plutôt les dérives du capitalise) est un concept propre à l’homme, et finalement la concrétisation d’un phénomène naturel très simple qui régit toutes les espèces, la loi du plus fort, et la recherche de la survie et de la pérennisation de son clan. Sauf que le capitalisme est une erreur grave de stratégie, ou alors le fruit d’une vision à trop court terme. En même temps, comment anticiper un phénomène d’une telle ampleur il y a seulement 50 ans ?

    Ce qui est étrange et que je ne comprends pas, c’est le paradoxe suivant : La capitalisme à outrance ne peut plus assurer notre survie, c’est même l’inverse. Et alors que nous avons toute l’intelligence et le discernement nécessaire à cette prise de conscience, nous en sommes toujours là, à rester les bras croisés, à débattre gentiment, à chercher des informations…

    Pourtant, nous sommes 99.99% à être d’accord avec Noam Chosmky sur le fond. Sur la forme, anarchisme ou démocratie radicalement révisée, peu importe, mais il y a nécessairement un besoin de sécurité et de contrôle ? Comment l’anarchie permet de gérer et de faire co-exister toutes les problématiques ? Education, retraite, sécurité, arts, économie, recherches, sciences…
    C’est un autre débat qu’il faudra bien mener à son terme par la suite. Ça sent la 6ème république…

    Donc si nous sommes tous d’accord sur l’urgence, comment ce virage ne peut-il s’être déjà opéré depuis au moins 20 ans ?
    Et bien, comme je le dis souvent ici, l’une des réponses est en chacun d’entre nous. Je n’ai qu’à me regarder et à faire mon autocritique : Je possède une voiture qui roule au gazoil, j’achète des tél portables tous les 2 ans et j’ai plusieurs tablettes et pc (cf dossier crise du métal rare le tantale au Congo), et je reste chez moi à m’occuper de ma petite famille, à travailler pour ramener un salaire, et je consacre mes économies à voyager, consommer toutes les choses qui me sont accessibles par rapport à mon niveau de vie… etc. J’ai beau être très sensible à l’environnement, trier mes déchets, ne pas jeter de détritus et éduquer mes enfants dans ce sens être anti-capitaliste (mais pas contre l’argent car moyen de faire du commerce et donc de créer des liens, la paix en quelque sorte), être bien-veillant avec autrui, très ouvert et respectueux de toutes les formes de cultures, de religions… Je reste malgré tout un potentiel parasite par mon mode de vie (faute avouée mais pas pardonnée…), d’une part, et par mon inaction militante d’autre part. En fait, je crois que j’attends tout simplement un miracle, un messie qui saura mettre fin à toute cette barbarie…

    Maintenant, j’essaie de réfléchir à l’anarchisme proposée par Noam Chosmky, c’est sympa dans l’idée mais à mon sens trop « gentil », il est trop tard pour réfléchir à cela, faire des essais, etc… Il faut à mon sens d’abords de la rigueur et de l’autorité pour nous remettre sur les rails, contrôler et interdire une partie de nos libertés, même si cela doit nous faire renoncer (les occidentaux), à la moitié voire 90% de notre confort, car nous ne le ferons pas naturellement.

    BatsO un peu plus haut a rappelé très justement le principe de liberté : Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui…

    Si je transpose ce principe à ma propre existence, il faudrait donc qu’on m’interdise de prendre ma voiture, (et même au delà de ça, interdire du jour au lendemain aux entreprises la production de voiture roulant à l’énergie fossile), qu’on m’interdise d’acheter des billets d’avions, des ordinateurs…. bref de faire ou acheter tout ce qui peut être nuisible à autrui, hommes animaux végétaux, qu’on m’interdise aussi même d’avoir plus de 2 enfants, car l’expansion de l’espèce humaine est également source de destruction dommageable. (N’oublions pas que lorsqu’il y a trop de sangliers dans une forêt et qu’ils sont alors nuisibles à la pérennité de cette forêt, on organise des battues pour en décimer un bon tiers voire la moitié de la population) … attention, je ne propose pas un génocide ! Mais donc, de mon point de vue, la seule chose efficace pour opérer un virage à 180°, serait la création d’une autorité mondiale et ses organes de contrôles, qui soient à la fois humaniste et soucieux du respect de notre environnement, et qui m’imposeraient un ensemble d’interdictions.

    Ça serait la fin d’un bon nombre de libertés actuelles, et ce serait un scandale pour beaucoup d’entre nous, (j’attends de lire les réactions !), mais à quoi me servent toutes ces libertés d’agir, si c’est pour participer à la destruction de notre planète et de notre espèce ?

    Dans l’idéal, il faudrait une prise de conscience mondiale et un changement radical de nos modes de vies occidentaux, la fin du capitalisme destructeur, si possible par la diplomatie, et au pire par une révolte du peuple, ce que je ne souhaite pas, car ce serait encore une étape franchie dans notre évolution dans un bain de sang…

    Je suis utopiste et tout cela manque d’analyse pertinente, mais j’essaie de réfléchir très sérieusement aux solutions et à les mettre en oeuvre. Je fais déjà quelques petites choses mais c’est insuffisant…

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    • Michel Ickx // 11.01.2016 à 18h42

      « Mais donc, de mon point de vue, la seule chose efficace pour opérer un virage à 180°, serait la création d’une autorité mondiale et ses organes de contrôles, qui soient à la fois humaniste et soucieux du respect de notre environnement, et qui m’imposeraient un ensemble d’interdictions ».

      Avez-vous bien réfléchi à QUI organiserait cette autorité mondiale, à COMMENT elle fonctionnerait, et à COMMENT éviter une prise de pouvoir comme il en existe dans toutes les « aurtorités » par nécessité hiérarchique?

      Si cela ne fonctionne même pas au sein des petites structures – pensez aux communautés de propriétaires – ne faudrait-il pas commencer par des expériences très limitées?

      Je frémis chaque fois qu’on me parle d’une gouvernance mondiale.

      Ceci dit j’admire votre capacité d’autocritique que je ne crois pas pouvoir trouver chez les acteurs d’une telle autorité mondiale.

      Car votre honnêteté nous vous incitera pas à être de ceux qui se précipiteront à faire partie de l’autorité à laquelle vous êtes disposé à vous soumettre pour le bien d’autrui.

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      • Astatruc // 11.01.2016 à 19h43

        moi, je pense tout l’inverse, comité de villages, puis comité de département, etc….
        SURTOUT pas de gouvernance mondiale, on voit déjà l’horreur qu’a fait naitre l’ue, non merci et l’hégémonie us qui se croit être aujourd’hui »la gouvernance mondiale »

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  • Spiridon // 11.01.2016 à 10h26

    Évidemment trier ses déchets et aller en vélo chercher le pain, ça peut donner bonne conscience (c’est pour cela que c’est encouragé) mais c’est d’une efficacité absolument nulle. Des calculs économiques sont disponibles sur le net, qui réduisent à néant ces ‘bonnes intentions’ pavant la route vers la destruction totale des ressources disponibles.
    Ce qui caractérise l’échec, récent, du capitalisme comme du communisme, ce n’est pas leur pari respectif sur la « nature de l’homme », mais la démesure qui les accompagne, le radicalisme total où ils s’abreuvent et se définissent.
    Pour les communistes la propriété privée était le péché, ils l’ont donc éradiqué totalement; or, les sociétés communistes comme en Chine ou au Vietnam qui ont commencé à s’en « sortir » sont celles qui ont octroyé un peu de propriété privée, ou d’usage quasi privé de certaines propriétés.
    Pour les capitalistes, le droit à la propriété privée inaliénable et quasi éternelle est un droit sacré, d’où l’absence de régulation du profit: un capital mis à disposition d’une activité, d’un projet, est par avance propriétaire de tout profit à venir (sous le prétexte qu’il prend le risque d’une perte).
    Pourquoi nous parlons d’armes de « destruction massive », ou de terrorisme comme d’un mal universellement présent? Parce que nous sommes dans ces vérités massives déjà depuis longtemps!
    Il nous faut de la mesure. Appliquée au communisme ou au capitalisme, peu importe. Tout capital investi doit pouvoir rémunérer son propriétaire, le faire vivre éventuellement….dans une certaine mesure! Mais non, tous les profits ne peuvent pas revenir tout le temps aux actionnaires. On peut y mettre une limite dans le temps, dans la distribution etc..
    Ces limites doivent être strictes, aussi au niveau de l’état: un homme politique ne doit pas avoir le pouvoir de faire la guerre (au Mali, en Libye, en Syrie, suivez mon regard), en contournant les règles d’ailleurs cosmétiques du consentement général. Même le roi avait des obligations réciproques de représentation, de symbole, d’engagement par serment etc.. On ne peut pas être un homme ‘normal’, ne tenir aucun serment (mon ennemi c’est la finance), ne pas respecter les contrats, engager la violence d’état (guerre, police) ET se dire investi de la représentation populaire. Cela aussi est une démesure. Qui conduit au désastre.
    Karl Polaniy (la Grande transformation) explique remarquablement comment tout progrès technico-économique ne devient incarné et efficace que grâce aux résistances qu’il suscite; si celles-ci s’expriment, modifient la vision d’origine, alors et alors seulement le progrès en question a des chances de devenir productif.
    C’est à cela qu’il nous faut revenir, peu importe d’où nous partons: il nous faut du communisme pour irriguer et ralentir le capitalisme, ou l’inverse. Il nous faut de la mesure. Quelle est la clef de cette mesure saine? La culture, la connaissance du passé et de l’espace (de l’autre). En ce sens « l’enseignement de l’ignorance » (Michéa) est un ‘must’ pour la société capitaliste, comme le contrôle de l’éducation et de la propagande l’était pour le communisme (mais il n’était pas total, laissant les sciences, la grammaire, les savoir-faire assez libres).

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    • Michel Martin // 11.01.2016 à 14h17

      Le communisme, on a déjà donné. Plutôt que de vouloir faire le bonheur des gens malgré eux, ce serait peut-être intéressant d’essayer de le faire avec eux. Je te propose d’explorer l’intelligence collective et en particulier la sociocratie d’Endenburg.

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      • Pik’ // 12.01.2016 à 13h47

        Le communisme, en tant que système économique, n’a rien à voir avec le système socialiste soviétique ou ses imitations. Dans le sens originel du terme (et c’est celui qu’utilisent les anarchistes), il désigne simplement un système basé sur l’aide mutuelle, sans monnaie, où chaque producteur enverrait ses produits à qui en a besoin (avec des méthodes égalitaires de « rationnement » pour les denrées rares).
        La planification au niveau national, l’organisation hiérarchique, et toute l’idée d’imposer aux gens un système « pour leur bien » via un parti avant-gardiste, ça n’existe pas dans le communisme en tant que tel.

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        • Michel Martin // 12.01.2016 à 15h44

          @Pik’,
          C’est pourtant ce qui a été appelé le communisme réel. « A chacun selon ses besoins » est en effet un des attributs théoriques du communisme, mais le pb, c’est qu’il tourne à vide, comment et qui établit ces besoins, toute la question est là. Vous souhaiteriez peut-être vous référer à un communisme d’avant ou en dehors du marxisme. Dans ce cas, c’est en effet plutôt la branche anarchiste, celle de Bakounine, à laquelle vous faites référence, je cite Bakounine sur le communisme:
          En 1873, dans Étatisme et anarchie, il résume sa position : « Je déteste le communisme, parce qu’il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d’humain sans liberté. Je ne suis point communiste parce que le communisme concentre et fait absorber toutes les puissances de la société dans l’État, parce qu’il aboutit nécessairement à la centralisation de la propriété entre les mains de l’État, tandis que moi je veux l’abolition de l’État… Je veux l’organisation de la société et de la propriété collective ou sociale de bas en haut par la voie de la libre association, et non de haut en bas, par le moyen de quelque autorité que ce soit. Voilà dans quel sens je suis collectiviste et pas du tout communiste. »
          Le pb politique concret encore non résolu de ce courant dit de gauche libertaire, c’est le mythe de l’absence de structure ou « tyranny of structurelessness » si bien mis en évidence par Jo Freeman dont je vous recommande vivement la lecture (on trouve ce texte en français sous le titre « la tyrannie de l’absence de structure »).
          Sinon, j’ai fait un texte en lien dans un commentaire ci-dessous.

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          • Pik’ // 12.01.2016 à 18h36

            Encore une fois, on parle de deux choses différentes ici. Bakunin fait référence au mouvement communiste (qu’on devrait plutôt appeler marxiste), pas au système économique dénudé de l’autoritarisme qui, certes, l’accompagne souvent. Mais je pense qu’il ne s’en rendait pas compte lui-même.
            Le fait est que le système économique communiste est le système préféré d’un majorité d’anarchistes depuis la fin du XIXème (avec la branche anarcho-communiste, suivie des anarcho-syndicalistes au XXème). Je ne prétends pas qu’il est meilleur que le modèle mutualiste/collectiviste, mais je pense qu’il est idiot de le rayer des possibilités juste parce que ses promoteurs principaux ont été du type autoritaire.

            La question « comment et qui établit ces besoins » n’est pas si dure à répondre. Marx imaginait un Etat centralisé, une dictature du prolétariat, mais seulement dans un premier temps. Théoriquement, il est censé se dissoudre une fois que les gens seront familiers avec le communisme, laissant derrière lui une société « communiste pure » qui ressemble beaucoup à ce qu’on appelle anarchie (bien sûr, en pratique cet Etat n’a jamais disparu et n’a fait que se renforcer en URSS, et c’est la principale critique anarchiste du projet marxiste).
            Les anarchistes eux imaginent une société décentralisée. Si elle se trouve être communiste, alors ceux qui décideraient quels sont les besoins, ce seraient simplement les gens au niveau le plus local possible. Une assemblée de quartier, une usine, voire même parfois un individu : quiconque pense qu’on devrait adresser un besoin pourrait essayer de convaincre autour de lui et/ou se mettre directement à la tâche.

            Ca n’est pas quelque chose d’abstrait et ça existe déjà dans un domaine particulier : le monde des logiciels libres. Ce sont les développeurs qui décident chacun quels sont les besoins qu’ils veulent adresser, et qui se regroupent pour agir directement. C’est une « économie » en réseau, et les réseaux prouvent sans arrêt qu’ils sont extrêmement efficaces pour résoudre des problèmes collectifs (bien qu’ils peuvent avoir des failles et des effets négatifs : aucun système n’est parfait).

            Le texte de Jo Freeman, je le connais bien oui. Mais il faut lire ses détracteurs aussi, ils ont eu beaucoup de choses à répondre. Depuis cette époque les processus de consensus ont beaucoup évolué, et les groupes affinitaires sont en règle générale plus conscients des problèmes qui vont souvent apparaître en leur sain. Jo Freeman n’a jamais prouvé que les systèmes horizontaux ne marchaient pas (ce serait absurde : bien des communautés marchent comme ça, même aujourd’hui), mais elle a été utile pour nous rappeler de faire particulièrement attention à la réapparition de hiérarchies, et de développer des techniques pour s’en prémunir. Du moins jusqu’à ce qu’on internalise les bons comportements.

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            • Michel Martin // 13.01.2016 à 15h24

              @Pik’
              je crois que vous ne pourrez changer à vous seul le sens du mot communisme qui est beaucoup trop chargé d’histoire. Parlez de collectivisme libertaire ou de gauche libertaire ou d’écologie sociale (Bookchin)…, ce sera plus simple.
              Pour les outils (structures) d’intelligence collective appliqués aux groupes humains: la sociocratie, l’holacratie, les méthodes Agiles (SCRUM), est-ce que vous en connaissez d’autres?

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            • Pik’ // 14.01.2016 à 10h41

              Mon but n’est pas d’écrire un dictionnaire, mon but est simplement de pouvoir parler d’un concept. ^^ Si le mot « communisme » ne peut plus être utilisé dans son sens économique (son sens premier), ce n’est pas grave, donnez-moi en un autre. Vos propositions ne couvrent pas ce que ça représente cela dit. Pourquoi pas « aide mutuelle » ?
              Après, dans tous les cas, que ce soit en parlant d’aide mutuelle ou de communisme, il faudra toujours préciser ce que l’on entend par là tant que ça ne deviendra pas un concept familier. Donc c’est du pareil au même (à part qu’on risque moins de crisper les gens au premier abord si on évite le mot communisme).

              Pour l’intelligence collective : j’aime beaucoup les techniques décrites dans Reinventing Organizations (Frédéric Laloux), en particulier « l’advice process ». Après, ça ne s’applique pas à toutes les situations. Sinon, regardez du côté des processus de consensus développés par les groupes d’activistes (décrits en détail dans « Direct Action, an Ethnography » de David Graeber, trouvable sur le net). Celui d’Occupy Wall Street est un plutôt bon exemple, à compléter avec le principe des spokecouncils, et toutes les techniques affiliées.

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  • Jex94 // 11.01.2016 à 12h45

    @Spiridon : Très intéressant tout cela, je suis d’accord sur le fond, mais pas sur le forme en ce qui concerne le sujet de la manipulation des médias et des gouvernements, l’enseignement de l’ignorance : Celle-ci n’est possible (à mon sens) que parce que nous nous victimisons et avons dans nos sociétés occidentales cette fainéantise collective qui consiste à ne s’intéresser à rien d’autre que notre confort individuel, et à devenir le plus riche possible en fonction de nos capacités et de nos opportunités. Donc tant que l’on ne reconnait pas que nous sommes chacun d’entre nous un rouage du système capitaliste (en tant que salarié de certaines entreprises, et consommateur de certains biens), par la désignation d’un mal extérieur représenté par le pouvoir en place (même si je reconnais les abus et les manipulations des gouvernements cf. ouvrages de Noam Chomsky), nous tournerons en rond et ne comprendront pas pourquoi rien ne change. C’est à nous de changer.

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    • Spiridon // 12.01.2016 à 05h37

      Vous avez raison en ce qui « nous » concerne, nous c’est à dire les adultes déjà formés éduqués disposant à la fois des moyens modernes d’information (dont ce blog), et à la fois de la culture traditionnelle permettant de rendre efficace ce libre arbitre.
      La propagande de la télévision, des fois grossière, des fois perverse, eh bien tant pis. Bien que ce soit tout de même dommage et parfois révoltant car cela conduit à des actes révoltants (Libye, Syrie, Ukraine, migrants, terreur) auquel le grand nombre souscrit! Et nous avons beau être informés, notre connaissance ne compense pas la victoire du nombre.
      Mais l »‘enseignement » de l’ignorance a quand même réellement lieu, de façon perverse du coup, en particulier via l’école. Vous n’avez pas l’occasion peut-être de découvrir les empilements de petits savoirs totalement décousus qui tiennent lieu de « structure », que ce soit en histoire, en géographie, en mathématiques même, en physique ça crève les yeux. Je n’en suis qu’en 4ème (enfant oblige), mais vraiment, ça fait peur ; ça ne m’étonne pas qu’on enseigne « le genre », ça n’est qu’une confusion parmi beaucoup d’autres, donc les ministres s’étonnent qu’on y voit du mal; en effet tout étant sans dessus dessous, ce chapitre ne parait pas majeur!

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      • Jex94 // 12.01.2016 à 22h41

        @Michel Martin & Pik :

        Merci beaucoup messieurs pour ces échanges très enrichissants, ça donne de très bonnes pistes de lectures et de réflexion… ces principes d’entre-aides mutuelles sont intéressants, mais est-ce que la réflexion va jusqu’à lé démonstration d’un programme politique cohérent ?
        Je veux dire par là, s’entre-aider pour manger, se construire un toit, assurer les besoins primaires, ça va, mais est-ce que cela s’applique aux domaines de l’éducation, la santé, la recherche scientifique (là oui), le financement des retraites, la justice, la police, la sécurité, l’armée, l’école, la monnaie etc…

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        • Pik’ // 13.01.2016 à 13h56

          L’anarchisme en tant que tel ne défend pas de programme politique. C’est une critique de la forme de la société, pas de son fond, si on peut dire. (Bien sûr en pratique la limite est floue et tout se superpose.)

          Je tiens à préciser aussi que le communisme n’est pas le seul système économique prôné par les anarchistes. Les collectivistes par exemple imaginent une économie qui ressemblerait à un marché, mais sans propriété privée des moyens de production. Ultimement, ces différences ne sont pas divisives, car différents systèmes pourraient probablement coexister, que ce soit dans différentes communautés ou dans différentes branches de l’économie (ou de toute activité humaine). L’important c’est d’expérimenter, garder ce qui marche, changer ce qui ne marche pas, et ne pas juger les autres pour leurs préférences tant qu’ils n’essayent pas de l’imposer à tout le monde.

          Cela étant dit, on trouve beaucoup d’analyses anar d’institutions autre que politique et économique. L’éducation par exemple a toujours été un sujet très important, notamment parce que c’est une des armes de l’Etat pour formater la population. Sur ce point, les anar sont très vite passés à la pratique, avec l’Escuela Moderna en Espagne ou la Modern School aux USA (je vais pas dans les détails, je vous laisse le faire si ça vous intéresse). En exemple contemporain, j’aime beaucoup les Sudbury Schools, qui ne sont pas « anarchistes » mais qui je trouve sont parfaitement compatibles avec ces idées.

          Sur la justicee, tous s’accordent à dire que le système actuel est mauvais sur beaucoup de points, mais il n’y a pas de consensus sur une solution unique. Ce n’est pas grave et à vrai dire c’est tant mieux : c’est à chaque communauté de décider comment elle veut gérer ses problèmes. Bien sûr, on trouve toujours l’idée que la justice doit être administrée démocratiquement, mais ensuite, on trouve une grande variété d’opinions. Beaucoup sont partisans d’une justice restorative, où le coupable est mis directement devant ses responsabilités, où on cherche à comprendre pourquoi il a agi ainsi, et où on essaye de résoudre le problème à la racine (souvent le coupable doit s’engager à réparer la victime d’une certaine façon, à commencer une thérapie, etc.). J’aime beaucoup cette idée car je pense qu’en enlevant la part de confrontation et en prenant une approche psycho/sociologique on résoud beaucoup de choses. Mais il y a d’autres solutions avancées par des anarchistes : des sentences comme l’ostracisme ou le ridicule, ou même certains seraient pour la peine de mort en dernier recours (… personnellement, je ne choisirais pas de vivre là où ils l’appliquent…).
          J’en profite pour aborder le point du « légalisme » : beaucoup d’anar remettent en cause le principe de loi tel qu’on le connaît aujourd’hui, c’est-à-dire le projet de coucher sur papier un « algorithme » décidant dans tous les cas ce qu’il convient de faire en fonction de tel ou tel crime. Il faut probablement des règlements, mais rien d’aussi formalisé, car il est important de juger au cas par cas en prenant tous les facteurs en compte (ce que la loi ne saurait faire, car jamais elle ne capturera toute la complexité de la réalité, même avec des milliers de pages de clauses spécifiques).

          Sur la police, certains sont partisans d’armer la population, d’autres préférent un système de garde par rotations, ou d’autres systèmes qui assurent que la force de police soit contrôlée par la population elle-même. L’exemple de Rojava est intéressant : ils ont créé une école de police et visent à former le plus de monde possible, afin à terme de dissoudre la police. Et, notamment, tout le monde reçoit des cours sur les théories féministes avant de pouvoir toucher à une arme.

          Bon je vais pas continuer car on peut vite s’éterniser. La règle d’or c’est la diversité et l’expérimentation. L’anarchisme fournit le cadre : sans Etat ni capitalisme, on s’attend à ce que les gens se réunissent et prennent en mains leurs problèmes au cas par cas, afin d’imaginer des solutions qui leur conviennent.

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          • Christophe Vieren // 13.01.2016 à 15h14

            Y a quant même un petit problème d’articulation entre les choix des diverses « communautés ».
            En effet que ces communautés auront des frontières spatiales (le quartier, la munipicalité, la régions, la national, l’internatonal) ou points communs diverses (les footballeurs, les moatards, les chasseurs, ….). Nous ne sommes plus du temps ou chaque tribu avait son propre territoire n’avait quasiment pas d’échanges avec ses voisins, ni « échanges » humains, ni matériels entre elles.

            Qui décidera et à quel niveau si il faut un lycée, un collège, une autoroute, un aéroport, un pipeline, un réseaux de communication, un data center, un satellite de TV, un satellite de météo un lanceur de fusée, des normes sanitaires, sociales, environnementales, …
            Je te raconte pas le temps passé à prendre des décisions « démocratiques » avec toutes les communautés concernées pour définir les spécificités de chacun de ses équipements/réglements concernant plus d’une « communauté » (ou une communauté de niveau supérieure). Décisions prises au consensus ? Ou un homme une voix ? Ou une communauté, une voix ? J’ose pas imaginer le nombre de règlements différents qui opéreront selon les instances démocratiques qui les auront élaborées, selon les territoires, selon les activités humaines couvertes !

            La démocratie actuelle est très largement perfectible mais je doute qu’il ne faille conserver des structures « étatiques » (a minima les pouvoirs régaliens) à chaque niveau pour harmoniser un tant soit peu le niveau inférieur de décision et faciliter les articulations entre-elles pour fluidifier les échanges (humains et matériels)

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            • Michel Martin // 13.01.2016 à 15h33

              Christophe,
              c’est méconnaître l’efficacité de prise de décision par consentement (c’est nettement plus performant que le consensus, ce n’est pas qu’une simple nuance de vocabulaire).
              Pour illustrer, si je prends le cas des abeilles, ce n’est pas tout l’essaim qui participe au débat contradictoire, sinon, ça prendrait trop de temps vis à vis de la durée de vie d’une abeille et il est peu probable qu’une convergence de choix se dessine, ce sont seulement les éclaireuses qui sont plus qualifiées qui le mènent. La démocratie participative utilisant des méthodes d’intelligence collective ne signifie pas que nous devions tous débattre de tout. Si on sort du cadre politique, les organisations qui optent pour la sociocratie optent pour une structuration hiérarchisée. Chaque cercle est très autonome dans son domaine de compétence, mais il est « en prise » avec ses décisions et leurs conséquences, ce qui limite considérablement la bureaucratie. Très peu de décisions demandent que l’ensemble de la structure y participe.

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            • Christophe Vieren // 13.01.2016 à 15h47

              Je ne suis pas sûr que l’exemple des abeilles soit transposable. Je ne demande qu’à croire ta proposition mais hélas je ne connais pas d’exemple de communauté, interagissant fortement avec d’autres, dans l’histoire de l’humanité pour lesquelles la démocratie ressemble peu ou prou à tes propositions ou qui ait en tout cas survécu dans le temps. Tôt ou tard c’est une oligarchie qui s’en saisit au profit de ses propres intérêts, oligarchie qui se crée sur la base de la connaissance et/ou du temps disponible (disons grosso merdo les CSP+ dont enseignants en France) et ou de gratification par les classes dominantes (= capitalistes pour faire simple) les poussant à les servir.

              Une piste à laquelle je crois cependant (il faudrait en tout cas expérimenter) : l’analogue de la « démocratie » athénienne avec sa stochocratie. Je mets démocratie entre parenthèses parce que chacun sait que ce n’était pas le peuple qui gouvernait puisqu’en était exclus les femmes, les métèques, les esclaves, ….
              A cela faudrait-il probablement rajouter une OBLIGATION de participer au processus de décision (rémunéré ou pas, sur le temps de travail ou pas, dans son entreprise et/ou sur le territoire de sa résidence, …..) sans DEROGATION possible (sauf cas de force majeure et avec obligation de rattraper).

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            • Michel Martin // 13.01.2016 à 17h13

              Christophe,
              oui, nous ne sommes pas des abeilles, mais nous pouvons transposer beaucoup d’éléments de leurs processus d’intelligence collective, parce qu’elle a été éprouvée par la sélection sur une longue période. Ci-dessus l’élément que je transpose est très simple et évite le piège d’une idée de la démocratie participative absolue impraticable.
              La première des choses serait de développer notre connaissance et notre pratique de ce qui existe déjà comme processus relevant de l’intelligence collective appliquée aux groupes humains. Il y a déjà beaucoup d’éléments sur lesquels on peut solidement compter.
              La stochochratie consiste à utiliser le tirage au sort pour désigner les décideurs politiques. C’est à la mode, mais je crois que c’est plutôt en réaction au carriérisme politique que nous vivons pour ainsi s’en remettre au hasard. Utiliser l’intelligence collective doit permettre d’éviter à la fois le carriérisme et de sélectionner les meilleurs plutôt que de s’en remettre au hasard. En tout cas, ça fonctionne déjà assez bien dans les organisations (sauf les partis qui sont toujours à la traine, mais c’est compréhensible du fait de la pression « starisante » qu’exercent les médias)

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            • Christophe Vieren // 13.01.2016 à 18h01

              @Martin (toujours sur le comm de 17h13 : « Utiliser l’intelligence collective doit permettre d’éviter à la fois le carriérisme et de sélectionner les meilleurs plutôt que de s’en remettre au hasard. En tout cas, ça fonctionne déjà assez bien dans les organisations
              Peux-tu me citer quelques unes de ces organisations et en particulier leur pérennité.

              Tiens au passage j’aimerais connaitre le processus d’intelligence collective qui a prévalu chez AlterEco, une Scop, pour que deux pleines pages de pub pour Nestlé soient insérées dans le dernier numéro. J’ose imaginer que c’était cela ou mourir. Ou alors une simple provocation pour nous (abonnés) inciter à trouver de nouveaux abonnés ou à augmenter nos dons.
              En tout cas, la défense de la liberté de la presse si chère, parait-il, aux manifestants du 11 janvier, semble déjà oubliée (manifester une fois OK. s’appeler Charlie. OK mais cracher au bassiner, faut pas déconner, non plus).

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            • Michel Martin // 13.01.2016 à 23h08

              @Christophe,
              parmi tes questions, le choix des représentants peut se faire en utilisant les outils de démocratie 2.1.
              Autre piste: les partis sélectionnent des candidats aux élections externes par un vote sans candidat parmi leurs membres. Des outils comme le vote de valeur ou par jugement majoritaire sont très efficaces. La seule condition, pas la plus simple dans un parti, c’est que les membres qui désignent l’un des leurs pour être candidat à une élection externe se connaissent bien. Par expérience, un groupe de personne arrive très facilement à faire de très bons choix avec ce type de méthode qui fait explicitement appel à l’intelligence collective.
              Tu me demandes un exemple d’organisation: une très connue, le cirque du soleil.

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            • Pik’ // 14.01.2016 à 13h11

              En pratique, certaines organisations auront évidemment plus de poids que d’autres. Je pense que l’organisation géographique prévaudra. Après, ça ne me paraît pas aberrant par exemple si une ville possède des organisations pour chacun de ses services (eau, électricité…), qui coopéreraient en fonction des besoins. C’est simple : prends une ville totalement privatisée, remplace les sociétés par des organisations ouvertes (et regroupe-les quand elles étaient concurrentes), et remplace la monnaie par l’entretien de relations d’aide mutuelle : voilà, tu as une base de modèle pour une ville anarcho-communiste.

              L’exemple de Rojava est intéressant de ce point de vue. C’est une implémentation du principe de fédéralisme avec subsidiarité maximale (du moins il me semble qu’elle est maximale). Le niveau le plus bas est l’assemblée de quartier, et quand il faut prendre des décisions impliquant plus de monde on convoque des « spokescouncils ».

              Tu dis qu’il faudrait une sorte d’Etat pour harmoniser les niveaux. Il faudrait déjà se mettre d’accord sur la définition de l’Etat. ^^ Un système « modèle » national comme à Rojava ou comme l’ont été ou le sont les différentes fédérations anar ne sont pas des Etats pour autant.
              Le principe de subsidiarité en particulier enforce la non-concentration des pouvoirs régaliens, et en particulier du pouvoir de police (qui est le pouvoir crucial de l’Etat qui lui permet d’être coercitif).

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          • Michel Martin // 13.01.2016 à 15h42

            Pik’
            « …sans Etat ni capitalisme, on s’attend à ce que les gens se réunissent et prennent en mains leurs problèmes au cas par cas, afin d’imaginer des solutions qui leur conviennent. »
            C’est vraiment l’utopie du mythe de l’absence de structure qui condamne la gauche libertaire à l’impuissance, ne serait-ce que parce qu’elle présuppose un « homme nouveau ». Il faut faire avec ce que nous sommes. Une utopie à « massacrer » selon l’averti Jean Zin.

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            • Christophe Vieren // 13.01.2016 à 17h34

              Merci pour ce texte. Je découvre jean Zin. Juste une réerve concernant l’établissement des rémunérations. JZ écrit : « l’idée d’une rémunération [d’un travail] proportionnelle à l’effort et au sacrifice est complètement impossible, ».

              Je ne pense pas que, si il y a des obstacles à certaines délibérations collectives, celles-ci soient la plus insurmontable : la loi de l’offre et de la demande pourrait s’y appliquer. Exemple : je cherche des éboueurs au Smic (car non qualifiés) et j’en trouve pas. Je monte à 1,5 Smic. Pas de candidat 2 Smics …. On peut aussi jouer sur d’autres facteurs : la durée quotidienne, hebdomadaire, annuelle, sur la vie . . . (ou au choix du candidat). Je suis sûr que je finirais par trouver.
              Et pareil pour un PDG d’entreprise, après avoir établi les critères, on fat un appel d’offre et on prend au moins offrant. Et on pourrait faire pareil pour a peu près tous les métiers A CONDITIONS que les chances d’accéder à des qualifications soient les mêmes pour tous et en fixant (collectivement) un écart max entre les moins payés et les plus payés. Ecart dont le critère principal serait de trouver des cadidats pour tous les postes requis et donc les aptitudes seront jugées par la collectivité à qui il rendra service (les salariés pour le PDG d’une entreprise par exemple).

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            • Pik’ // 14.01.2016 à 10h56

              Je ne sais pas pourquoi, je me doutais que j’allais soulever une critique avec cette phrase. ^^ Mais je n’ai pas développé sur le coup car le message était déjà bien long.

              Non, je ne pense pas que détruire l’Etat et le capitalisme nous fera directement entrer dans une anarchie merveilleuse où tout le monde se mettra à coopérer égalitairement. Et aucun anarchiste contemporain n’y croirait non plus. L’idée même de révolution a beaucoup changé depuis le début du siècle dernier.
              Il y a un consensus aujourd’hui sur le fait qu’il faut commencer à s’organiser égalitairement *avant* toute insurrection. Il est nécessaire d’apprendre les méthodes de consensus (ou de consentement comme vous les appelez*), de prendre des bonnes habitudes, d’essayer d’initier la population à ces pratiques… Afin qu’éventuellement les structures créées prennent le pas sur l’Etat (par une insurrection ou non), et que ça fasse partie de la culture. Sans ça, une révolution façon « vieille école » pourrait très vite déboucher sur un désastre en terme de société. Et même ensuite, rien ne sera acquis.
              Par exemple, si en 1936 la partie anarchiste de l’Espagne a pu s’organiser comme elle l’a fait c’est parce que la CNT avait une adhérence monstre et pratiquait déjà l’anarchie en son sein depuis des années. Elle a fourni un « patron » pour la nouvelle société.

              Donc non, je vous rassure, le mythe de l’homme nouveau et de l’ordre qui adviendrait « naturellement » à partir du chaos est bien mort. Il y a aujourd’hui une conscience qu’on doit construire nos nouvelles institutions à l’avance et se familiariser avec la pratique. Et on devra constamment se battre contre la réapparition de formes de domination au sein même de ces organisations, même égalitaires au départ.

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            • Michel Martin // 14.01.2016 à 13h22

              @Pik,
              On a bien fait de discuter un peu et ne pas s’en tenir au malentendu initial lié à l’emploi du mot communisme d’abord, puis sur l’auto-organisation, parce que non seulement le malentendu est résorbé et en plus nous sommes clairement sur la même longueur d’onde.

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          • Michel Martin // 13.01.2016 à 15h51

            Cette utopie anarchiste d’auto-organisation est parallèle à l’utopie de l’autorégulation de l’économie par le marché. A la fin, le pouvoir finit par être contrôlé de façon non démocratique, c’est bien le piège du mythe de l’absence de structure.

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            • Michel Martin // 15.01.2016 à 11h23

              Pour illustrer où nous mène l’utopie de l’autorégulation du marché qui laisse le champ libre à des pouvoirs non contrôlés démocratiquement, cet article sur la Puissance réelle des états.

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  • Michel Martin // 12.01.2016 à 10h06
  • Bruno // 12.01.2016 à 22h10

     » La tâche de l’état consiste à secourir les riches et les puissants et à les protéger, » Très vrai. Voir l’article du NYT http://www.nytimes.com/2015/12/30/business/economy/for-the-wealthiest-private-tax-system-saves-them-billions.html?emc=edit_th_20151230&nl=todaysheadlines&nlid=65427895&_r=1 racontait comment les super-riches se sont créés un système fiscal particulier qui leur permet de payer 17% d’impots. Il explique aussi comment ils achètent des lobbyistes qui leur permettent de lutter contre l’IRS et contre toute loi destiné à rétablir une justice fiscale. Je l’ai résumé sur https://beerblogsite.wordpress.com/2016/01/12/le-regime-fiscal-prive-des-super-riches-americains/

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