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20.mai.201820.5.2018 // Les Crises

Fièvre guerrière, par Daniel Lazare

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Source : Daniel Lazare, Consortium News, 19-04-2018

Il y a une fièvre qui s’empare de ce pays de temps en temps et c’est la fièvre guerrière, une affection qui cette fois semble résister à tous les remèdes connus, à commencer par celui de la raison, comme le montre Daniel Lazare.

Que se passe-t-il lorsqu’une guerre impensable rencontre un cas irrémédiable de fièvre guerrière ? Grâce au Russiagate, à des informations non fondées sur l’utilisation de gaz toxique en Syrie, et à un tas de pseudo-scandales et de pseudo-faits similaires, le monde pourrait bientôt le découvrir.

En des temps plus raisonnables, y compris pendant la Guerre froide, même dans les moments les plus chauds, les dirigeants politiques savaient qu’il ne fallait pas pousser trop loin un conflit avec une puissance nucléaire rivale. Après tout, quel était l’intérêt de se lancer dans un combat dans lequel tout le monde perdrait ?

Des têtes plus froides ont ainsi prévalu à Washington, tandis que celles qui étaient plus excitables ont été expédiées là où elles ne pouvaient pas faire de mal. C’est ce qui a maintenu la paix pendant l’affaire U-2, le mur de Berlin et la crise des missiles cubains et ce qui promettait de continuer de la même manière même après l’avènement de « l’unipolarité » américaine dans les années 1989-1992.

Mais cela, c’était à l’époque. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir comment éviter conflit qui ne peut mener qu’à la catastrophe, mais comment éviter un épreuve de force avec un pays qui « au cours des quatre dernières années a annexé la Crimée, est intervenu en Ukraine orientale, a cherché à influencer les élections américaines en 2016, aurait empoisonné un ancien espion russe vivant en Grande-Bretagne et soutenu le gouvernement meurtrier du président Bachar al-Assad en Syrie », pour citer le projet de loi d’inculpation dans un récent article en première page du New York Times.

Étant donné que la liste des atrocités présumées s’allonge d’une semaine à l’autre, la réponse est de plus en plus souvent : impossible, pas moyen. Comme la Russie est déterminée à répandre le conflit et la discorde dans tout l’Occident – ne serait-ce qu’aux yeux des États-Unis – la confrontation devient de plus en plus probable.

Un coup d’État très américain

Ceci malgré le fait que les délits cités par le Times sont chaque fois plus complexes ou douteux que ce que le « journal de référence » est prêt à concéder. L’annexion de la Crimée, par exemple, a été une réponse à un coup d’État financé par les États-Unis et dirigé par des néonazis à Kiev en février 2014, qui a provoqué l’effondrement de l’État ukrainien et a envoyé des russophones dans l’est, fuyant pour se protéger dans les bras de Moscou. Après avoir investi plus de 5 milliards de dollars pour orienter l’Ukraine dans une direction aussi désastreuse selon la secrétaire d’État adjointe d’alors Victoria Nuland, les États-Unis ont accusé la Russie pour les conséquences. En ce qui concerne les accusations d’ingérence dans les élections de 2016, le Times lui-même a noté en janvier 2017 que l’évaluation officielle de la CIA/FBI/NSA mettant en cause le Kremlin était notablement dépourvue de preuves factuelles. Comme le journal l’a dit :

Le symbole néonazi Wolfsangel sur une bannière en Ukraine.

« Le rapport déclassifié ne contenait aucune information sur la façon dont les agences avaient recueilli leurs données ou en étaient arrivées à leurs conclusions. Il est donc voué à être attaqué par les sceptiques et par les partisans de Trump, qui voient dans ce rapport un effort politique pour contester la légitimité de son élection ».

C’est tout à fait vrai. Mais maintenant, les affirmations sans preuves sont acceptées comme des faits, tandis que quiconque dit le contraire est ignoré ou décrié. Des questions subsistent au sujet de l’empoisonnement de Sergei et Ioulia Skripal le 4 mars, notamment pourquoi un agent neurotoxique supposé ultra-puissant serait sans effet pendant plus de sept heures. (Quelqu’un aurait étalé l’agent neurotoxique sur la porte d’entrée de la maison de Sergei à Salisbury, en Angleterre, que lui et sa fille ont quitté vers neuf heures du matin. Pourtant, ce n’est qu’à 16h15 qu’ils ont été trouvés inconscients sur un banc de parc après s’être rendus dans un pub et avoir mangé dans un restaurant local).

Quant au « gouvernement meurtrier du président Bachar el-Assad », un tel discours serait ridicule si les conséquences n’étaient pas aussi désastreuses. Après tout, ce n’est pas Assad qui a inondé la Syrie de dizaines de milliers de djihadistes qui ont massacré les chrétiens, les Druses, les Alaouites et les laïques. Au contraire, c’était les États-Unis, la Turquie, l’Arabie saoudite et les autres États arabes du Golfe. Comme l’a noté un rapport de la Defense Intelligence Agency [Agence du renseignement de la défense, NdT] maintenant déclassifié en août 2012 :

– « Les Salafistes, les Frères musulmans et l’AQI [c’est-à-dire Al-Qaïda en Irak] sont les principales forces qui mènent l’insurrection » ;

– « L’occident, les pays du Golfe et la Turquie soutiennent l’opposition [rebelle] » ;

– « Si la situation se détériore davantage, il y a la possibilité d’établir une principauté salafiste déclarée ou non déclarée dans l’est de la Syrie » ;

– « … [C’]est exactement ce que les puissances soutenant l’opposition [c’est-à-dire les États-Unis, la Turquie et les États du Golfe] veulent pour isoler le régime syrien, qui est considéré comme la profondeur stratégique de l’expansion chiite… »

Une guerre de religion

En d’autres termes, les États-Unis et leurs alliés arabes sunnites ont lancé une guerre de religion contre le régime syrien soutenu par les Alaouites en sachant pertinemment qu’un État d’al-Qaïda dans l’est de la Syrie pourrait bien en être le résultat. Pourtant, ils reprochent maintenant à Assad de s’être défendu contre l’assaut salafiste et à la Russie de l’avoir aidé. Il s’agit de lancer une guerre de religion néo-médiévale et de crier au scandale quand l’autre partie ose riposter.

On pourrait penser que des têtes plus froides pourraient injecter une note de santé mentale avant que les choses ne deviennent complètement hors de contrôle. Mais le contraire semble être le cas. Plus la température augmente, plus les membres du Congrès, les journalistes, les experts des groupes de réflexion et d’autres personnes sont nombreux à conclure qu’il est avantageux de prendre le train en marche et d’exacerber encore plus les passions. La frénésie pro-guerre mène à toujours plus de frénésie. Plus on a besoin de la raison, plus celle-ci se raréfie.

La raison, c’est la peur. (Illustration par Chesley Bonestell de bombes nucléaires explosant au-dessus de New York, intitulée « Hiroshima U.S.A. ». Colliers, 5 août 1950).

En effet, il semble parfois que la seule personne à moitié saine d’esprit qui reste à Washington est Donald Trump, qui, selon un étrange article paru dans le Washington Post de dimanche, mène un combat désespéré d’arrière-garde contre des néocons désireux de faire monter les tensions à des niveaux toujours plus élevés.

Les journalistes Greg Jaffe, John Hudson et Philip Rucker ont décrit une scène bizarre au centre de villégiature de Trump à Mar-a-Lago, en Floride, le mois dernier, où des assistants n’ont pu persuader le président d’expulser soixante diplomates russes en représailles à l’empoisonnement de Skripal qu’en lui promettant que les alliés en chasseraient autant en Europe. Lorsque la France et l’Allemagne n’ont expulsé que quatre Russes chacun, Trump s’est senti trahi. « Je me fiche du total », aurait-il crié lorsque les assistants ont essayé d’expliquer que le nombre de personnes expulsées par toutes les nations européennes s’approcherait finalement du chiffre américain. « Il y a eu des jurons », a dit un fonctionnaire au Post, « beaucoup de jurons ».

De même, lorsque le Congrès a approuvé une nouvelle série de sanctions anti-russes en juillet, l’article dit qu’il a fallu quatre jours aux assistants pour persuader Trump de signer le projet de loi, même s’il avait obtenu une majorité à l’épreuve du veto, ce qui en a fait un fait accompli virtuel. Le Post a déclaré que la même chose s’est produite lorsque des assistants ont essayé de le convaincre de vendre des missiles antichars à l’Ukraine pour les utiliser contre les séparatistes pro-russes. « Pourquoi est-ce notre problème ? » aurait-il demandé. « Pourquoi ne pas laisser les Européens s’occuper de l’Ukraine ? » Lorsque le directeur de la CIA, Mike Pompeo, l’ambassadeur de l’ONU, Nikki Haley, et le secrétaire à la défense, Jim Mattis, ont ajouté leurs voix au chœur, le président n’a pu que se plaindre : « Je veux juste la paix ».

Tout le monde était d’accord, sauf Trump

Trump : en décalage.

Bien sûr, lorsque Donald Trump est la seule voix de la raison qui reste, nous sommes vraiment dans le pétrin. Les querelles intestines se sont intensifiées encore plus lundi après que Haley a juré d’imposer encore plus de sanctions à la Russie pour le crime de soutien à Assad. « Ils n’ont rien fait d’autre que de brutaliser leur peuple et de détruire leurs terres, tout cela au nom du pouvoir », a-t-elle dit au sujet des Baasistes dans l’émission « Face the Nation » de CBS News. La Russie devrait donc en payer le prix.

Tout le monde était d’accord, les républicains, les démocrates et les grands médias – tout le monde, à l’exception de Trump. Défiant ses geôliers néoconservateurs, il a sapé Haley en déclarant que les sanctions ne seraient pas prises en fin de compte. La porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Huckabee Sanders, a dû affirmer avec courage que « le président a été clair sur le fait qu’il va être dur avec la Russie, mais en même temps, il aimerait toujours avoir de bonnes relations avec elle ».

La chroniqueuse du Times Michelle Goldberg était si sidérée par le volte-face de Trump qu’elle se demandait si les rapports selon lesquels Poutine utilisait un « enregistrement de pipi » secret pour le forcer à s’aligner n’était peut-être pas vrai après tout.

Mais bien sûr, qui d’autre voudrait mettre fin aux hostilités avec la Russie, si ce n’est un fou ou quelqu’un sous la contrainte ? La guerre avec une puissance nucléaire est quelque chose qu’aucune personne saine d’esprit ne veut vraiment éviter, n’est-ce pas ?

La politique étrangère des États-Unis est prisonnière d’une puissante contradiction. Une confrontation militaire avec une autre puissance nucléaire est impensable. Pourtant, il est hors de question de s’arrêter un instant pour réfléchir à la direction que prend toute cette folie. Deux forces s’affrontent, la guerre d’une part et l’incapacité générale de penser les choses d’une manière lucide d’autre part.

C’est comme un troupeau de cerveaux indépendants qui se précipitent vers une falaise – non pas parce que quelqu’un les y oblige, mais parce qu’ils ne savent pas comment s’arrêter.

Daniel Lazare est l’auteur de The Frozen Republic : How the Constitution Is Paralyzing Democracy (Harcourt Brace, 1996) et d’autres livres sur la politique américaine. Il a écrit pour une grande variété de publications, allant de The Nation au Monde Diplomatique, et ses articles sur le Moyen-Orient, le terrorisme, l’Europe de l’Est et d’autres sujets apparaissent régulièrement sur des sites Web tels que Jacobin et The American Conservative.

Source : Daniel Lazare, Consortium News, 19-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Fritz // 20.05.2018 à 05h32

Et pendant ce temps, nos médias rendent compte avec révérence du travail du « procureur spécial » Robert Mueller, ancien directeur du FBI, à ce titre successeur de John Edgar Hoover, « le plus grand salaud d’Amérique ».

Peu importe à ces médias « transatlantiques » que Trump soit le dernier rempart, fragile et branlant, à une guerre nucléaire. Ils n’ont pas encaissé la défaite de leur héroïne Hillary Clinton, ils veulent détruire Trump coûte que coûte. Eux qui accusent Trump d’avoir gagné grâce au « complotisme », ils ont échafaudé dans leur cervelle malade un super-complot russe qui aurait mis Trump à la Maison Blanche.

Ils se précipitent vers une falaise, certes. Mais en nous entraînant dans leur chute.

S’il y avait à Moscou un homme plus impulsif, moins réfléchi que le président Poutine, nous serions déjà morts.

17 réactions et commentaires

  • Kiwixar // 20.05.2018 à 05h29

    « il semble parfois que la seule personne à moitié saine d’esprit qui reste à Washington est Donald Trump »

    Le plan A des Marionnettistes était peut-être de faire élire Hillary qui se serait empressée de finaliser le plan « We came we saw everybody died » pour ramener la population mondiale à l’objectif de 100-500 millions (dans l’hémisphère sud) mettant fin à la destruction du biotope.

    La différence avec 1962 et 1983, c’est qu’une grande partie des Zuniens aujourd’hui sont soit sous cocaïne (dirigeants, sentiment d’invincibilité) soit sous opiacés (le reste de la populace)… à part Trump. C’est mal barré.

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  • Fritz // 20.05.2018 à 05h32

    Et pendant ce temps, nos médias rendent compte avec révérence du travail du « procureur spécial » Robert Mueller, ancien directeur du FBI, à ce titre successeur de John Edgar Hoover, « le plus grand salaud d’Amérique ».

    Peu importe à ces médias « transatlantiques » que Trump soit le dernier rempart, fragile et branlant, à une guerre nucléaire. Ils n’ont pas encaissé la défaite de leur héroïne Hillary Clinton, ils veulent détruire Trump coûte que coûte. Eux qui accusent Trump d’avoir gagné grâce au « complotisme », ils ont échafaudé dans leur cervelle malade un super-complot russe qui aurait mis Trump à la Maison Blanche.

    Ils se précipitent vers une falaise, certes. Mais en nous entraînant dans leur chute.

    S’il y avait à Moscou un homme plus impulsif, moins réfléchi que le président Poutine, nous serions déjà morts.

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  • robert pierron // 20.05.2018 à 08h22

    Il n y aura pas de guerre mondiale qui ne pourrait d ailleurs qu être nucléaire où l humanité entiere serait detruite.
    L imperialisme ricain cherche seulement à épuiser ses rivaux dans une course aux armements qui a si bien reussi contre la bande de staliniens corrompus en urss.
    Poutine et xi jinping sont d un autre calibre. Les Ricains s en aperçoivent d où leur agressivité. On assiste aux derniers soubressauts de la bête malade qui va bientôt crever. Amen !

      +13

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    • Haricophile // 20.05.2018 à 10h30

      Mauvaise analyse a mon humble avis. La course a l’armement n’épuise pas les Russes, mais les USA avec leur « guerre partout, victoire nulle part ». Nous assistons en direct au début de l’effondrement de l’Empire Américain, il y a trois bonne questions :

      1) Arrivera-t-on a limiter les dégâts causés par la chute et les soubresauts paroxysmiques de violences qui peuvent entrainer tout le monde dans la chute et qui peuvent aller jusqu’à la disparition de l’humanité et de 98% de la vie sur terre ?

      2) Qu’est-ce qui va y succéder ? Je doute que dans un premier temps ils s’agisse du monde aux arc-en-ciels de Petit Poney.

      3) Contre le réchauffement climatique, on continue a appuyer sur l’accélérateur alors que toutes les données scientifiques nous annoncent un avenir de plus en plus sombre. Les USA sont en train d’empoisonner le sol et l’eau pour plusieurs siècles dans des régions entières pour produire quelques années de plus de pétrole. Une fracturation c’est 2 ans de production correcte, 10 ans au plus avant épuisement, au moins 600 ans d’empoisonnement. Le capitalisme moderne quoi… Le nucléaire c’est 100000 fois pire remarquez… je m’égare : Quoique on fasse au niveau géopolitique, bientôt, très bientôt, nos enfants verrons leur problème réglés définitivement : Ils n’existera plus aucun humain sur cette planète. Le « libéralisme » sauvage, c’est la haine, la répression, la guerre, mais aussi avec la puissance des techniques actuelles : NO FUTURE.

        +15

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    • gracques // 20.05.2018 à 10h51

      C’est sur…… mais qui sera le prochain suzerain ?

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  • Adéchoix // 20.05.2018 à 09h38

    Un pays est comme une entreprise, elle doit avoir de la trésorerie pour faire face à l’imprévue, aux investissements futurs, et des salariés actionnaires de celle-ci. Le problème des US et de beaucoup d’autres, c’est que la coquille est vide, alors il faut montrer ses petits bras musclés.
    J’ai dans ma vie professionnelle rencontré nombre de boites qui exposaient dans des salons le vendredi, et étaient au tribunal de commerce les semaines suivantes. Quand on escompte plus de 100% de son ca annuel en janvier, l’on a beau montrer ses beaux échantillons de mort, c’est cuit.
    En France notre gros problème est que nos hommes politiques croient qu’en tombant les murs porteurs du rez de chaussée l’on va anéantir des gars du quatrième, on a oublié que nous habitons la conciergerie de ce beau continent que pourrait être l’ EUROPE.

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    • Haricophile // 20.05.2018 à 10h42

      Je pense qu’on se trompe énormément quand on assimile un pays a une entreprise, en particulier concernant la dette. C’est d’ailleurs une très grande part de l’arnaque actuelle.

      Pour le reste je suis globalement d’accord, en particulier sur « ce beau continent que pourrait être l’ EUROPE. », j’ajouterais même « cette merveilleuse planète que pourrait être la nôtre » si l’Humanité pouvait enfin devenir raisonnable, ce qui est probablement trop demander a une société de singes aux comportements sociaux arriérés qui favorisent la prise de pouvoir par les pires pervers et psychopathes.

        +15

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      • Patrick // 21.05.2018 à 13h31

        en ce qui concerne la dette , il y a une différence énorme entre une entreprise et un état :
        – l’entreprise peut être liquidée , il y a quelques dégâts collatéraux ( employés au chômage , fournisseurs non payés ) , mais ça reste limité
        – l’état va commencer à ponctionner le max d’impôts et de taxes , il va donc ruiner ses citoyens et les entreprises , ensuite il va émettre de la monnaie ( si il le peut ) et donc finir de couler l’économie et ses citoyens avant de couler lui-même, avec peut-être une étape autoritaire/fasciste pour espérer ne pas mourir.

        La dette c’est encore pire quand il s’agit de l’état. Dans l’histoire ça ne s’est jamais bien terminé.

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  • Ben // 20.05.2018 à 10h31

    UJe ne crois pas un seul instant à la rationalité de Trump, dernier type raisonnable à Washington. Il ne vaut certainement pas mieux que ses comparses de circonstance. Il suffit de lire les mémoires de Kissinger pour savoir que, dans son entourage, personne n’est assez fort pour imposer ses vues idéologiques au président des USA. Tout au plus Trump est il dépassé par des idéologues neocons qui savent utiliser les dossiers compromettants pour le faire céder. Il traîne tellement de casseroles derrière lui que c’est une aubaine pour un groupe d’influence bien organisé. Les pressions fonctionnent car Trump est vulnérable, à la merci du chantage et des médias, et potentiellement destituable. L’Etat profond dicte plus que jamais la politique étrangère du pays. Autrement dit le complexe militaro-industriel, et au premier chef ses lobbyistes à la Maison Blanche face à un président objectivement faible. Qu’il soit raisonnable ou pas n’a aucune importance et ne constitue pas un paramètre à prendre en considération. Ce type essaie avant tout de conserver sa position. S’il doit passer par la guerre pour cela, il y cedera probablement. Il se dit que les canaux de communication avec les « ennemis » désignés ont été coupés. C’est ce qu’il y a de plus grave.
    La situation est particulièrement dangereuse.

      +10

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    • Jérôme // 21.05.2018 à 09h23

      Plutôt d’accord avec vous.

      Trump paraît plutôt être le syndrome, la conséquence de la dégénérescence des USA.

      Ce pays devient fou et ingouvernable. Ce faisant il retourne d’aill à son chaos violent originel.

      Et Trump, contrairement à ce qu’il a laissé espérer à ses électeurs, n’est pas l’antisystème espéré.

      Il est juste la figure de proue d’une des factions bellicistes : la faction nationaliste ultra-pro-israélienne et anti-iranienne (qui veut un certain accommodement avec la Russie avec laquelle Israël a des liens, pour cartonner la Chine et les chiites et l’UE), par opposition à la faction globalisée des Bush-Clinton-Obama qui voulait un certain apaisement avec l’Iran pour mieux cartonner la Russie et la Chine.

        +1

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  • Georges Clounaud // 20.05.2018 à 11h31

    Si l’on se base sur cet article et si réellement Trump continue de contrarier leurs funestes projets, on peut raisonnablement penser, qu’un jour ou l’autre, les néo-cons l’élimineront. Ils ont déjà essayé la voie « légale » de la destitution qui semble compliquée à faire aboutir. Reste l’autre, plus expéditive, de l’élimination physique…

      +7

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  • Maurice // 20.05.2018 à 11h45

    Dans un monde « normal » des gens sérieux et réfléchis devraient être aux commandes pour diriger les états et les fous et autres détraqués de la cervelle dans des asiles et soignés aux frais des collectivités pour le plus grand bien de tous et de la santé de chacun ! Hélas, force est de constater que ce n’est pas le cas et que c’est très dangereux pour la santé de tous et le bonheur de chacun !

      +3

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  • bluetonga // 20.05.2018 à 13h51

    Il est évident que Trump, indépendamment de toute autre considération sur sa vision ou sur sa santé mentale, doit d’abord lutter contre un establishment composé d’intérêts privés et publics hostiles. Jamais sans doute l’existence d’un état profond n’a été aussi clairement perceptible de l’extérieur et jamais la farce de la grande démocratie américaine n’a été aussi clairement exposée. Il faut vraiment toute l’abnégation des journalistes MSM pour continuer à ne pas s’en apercevoir.

    Le drame est que le monde entier doit affronter non pas une nation avec des intérêts nationaux clairement identifiables, mais bien une espèce de consortium de l’ombre aux intérêts rapaces et totalement dénué de scrupules, probablement miné par des conflits internes et des intérêts divergents, guidé par l’opportunisme à courte vue, ce qui en fait un acteur particulièrement imprévisible et volatile sur la scène internationale.

    Malgré tout, cet espèce de racket planétaire commandité par l’état profond, financé par le citoyen américain et exécuté par une armée américaine hypertrophiée commence à s’essouffler. Les merveilles du néo-libéralisme font long feu et gonflent les vagues populistes, de puissants adversaires économiques et militaires se dressent sur la scène internationale, et même les vassaux traditionnels que sont les états européens commencent à se rebiffer. L’empire de l’ombre, contesté de l’intérieur et de l’extérieur, a beaucoup à perdre. Il n’obéit pas à une stratégie précise, il est constitué de factions capables de prendre des initiatives désespérées. Il n’en est que plus dangereux.

      +11

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  • Mr K. // 20.05.2018 à 14h42

    On connaissait la très grande et désastreuse influence du complexe militaro-industriel américain dans la politique étrangère d’agressions guerrières des États-Unis.
    Avec à la clé des fortunes faites par des néocons profiteurs de guerre directs par leur étroit liens actionnariaux, et managériaux intermittents, avec les industries de la mort et de la destruction.

    Il faut compter maintenant, et cela est encore plus dangereux si cela est possible, sur des personnes privées ayant des fortunes telles qu’elles influent directement sur la politique étrangère américaine.

    Un « pay for play » (payer pour jouer) auquel participe le soit disant élément modéré Trump.

    Trump qui peut se faire rouler dans la farine du jour au lendemain par des néocons prêts à tout pour arriver à leurs fins (attaque sous faux drapeau par exemple ou fausses preuves comme pour l’attaque de l’Irak de 2003).

    Le milliardaire américano-israélien Sheldon Adelson était aux première loges lors de l’inauguration très controversée de l’ambassade des USA à Jérusalem. Il a de plus été le principal soutien financier pour la dernière campagne, et de Donald Trump, et du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
    Je crois qu’on peut y voir une relation directe de cause à effet.

    Sheldon Adelson avait publiquement en 2013 proposé de lancer une bombe nucléaire dans une zone désertique de l’Iran comme démonstration de force, puis de faire du chantage à la destruction de Téhéran par le même moyen pour faire plier l’Iran.

    Même si les autorités américaines et israéliennes sont certainement très loin de ce genre d’idées délirantes, cela représente une dérive très inquiétante de laisser ce genre de personnage, en fait plus largement l’argent de particuliers, avoir tant d’influence dans ces deux pays.

      +6

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  • Krystyna Hawrot // 20.05.2018 à 16h21

    Le problème est que Poutine seul meme avec Xi Jinping ne peut pas juguler la folie états unienne si on ne s’y met pas tous, surtout les Européens. On ne proteste pas assez activement contre cela. Ou sont les manifs pour que la flotte US quitte la Méditerrannée, ou elle nous menace le plus? Elle n’a rien à y faire. Regardez Mélenchon en Russie. Je suis contente qu’enfin il y soit allé, il a vu la Régiment Immortel, il rejoindra peut etre la marche à Paris, mais avait il besoin de critiquer encore une fois le « régime » Poutine et s’accoquiner avec un type qui ne représente rien alors qu’il a sous la main le parti communiste KPRF?

      +14

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    • Jérôme // 21.05.2018 à 09h28

      Mais si, la Russie et la Chine peuvent contenir et dissuader les USA sans que l’Europe les aide.

      La Turquie et l’Iran les rejoignent pour ce faire. La Corée du Sud a pris son autonomie pour éviter d’être le terrain de l’Apocalypse.
      Et l’Inde est en train de chercher à apaiser les relations avec la Chine parce qu’elle a bien compris que les USA veulent l’envôter au casse-pipe.

      Et l’UE ne rejoindra pas de sitôt le camp de la résistance à l’empire US. Macron vient de se coucher devant la menace de sanctions US.

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    • R.C. // 21.05.2018 à 10h07

      En l’occurrence, je ne crois pas trop à l’efficacité réelle de manifs européennes contre les USA et leurs saloperies.
      Cependant, l’absence de celles-ci en dit long sur l’état d’apathie des populations d’Europe et leur lamentable degré de réflexion politique (peut-être même de réflexion tout court..).

      En fait, c’est ça l’esprit munichois ! A part un sursaut Résistant qui a permis à la France de retrouver temporairement sa souveraineté d’antan, la lente érosion de l’esprit gaulois (sous les coups de sape du consumérisme) a conduit à l’élection ahurissante de clowns (tragiques) successifs: Sarko, Hollande et Macron. Sans oublier le pitoyable « claqueur de culs de vaches », Chirac, qui n’a dû ses mandats qu’aux manoeuvres fourbes de Mitterrand puis à la présence de Le Pen…

      S’il n’y a pas d’abord un sursaut en profondeur de la conscience citoyenne, il n’y a aucune chance que cela s’améliore. Et la suprématie des oligarchies (banco-libéralo-militaro-industrielles…) n’a aucune raison de disparaître.

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