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12.mai.201212.5.2012 // Les Crises

[Article] « Front national : mêmes causes, mêmes effets… », par Frédéric Lordon

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J’ai déjà indiqué que j’aimais beaucoup Frédéric Lordon. Cet économiste talentueux à une analyse acérée et souvent très juste, enrobée d’un don oratoire exceptionnel. J’ai fait miennes plusieurs de ses propositions, comme le SLAM. Il livre dans ce billet du 2 mai son analyse sur les résultats du 1er tour…

Front national : mêmes causes, mêmes effets…

Mercredi 2 mai 2012, par Frédéric Lordon.

 Dans une parfaite prescience de ce qu’est notre condition actuelle, Rousseau ne cachait pas être effaré qu’on puisse appeler « démocratie » un système qui donne la parole au peuple une fois tous les cinq ans pour le renvoyer à la passivité et à l’inexistence politique tout le reste du temps. Il vaut donc mieux ne pas louper l’ouverture de la fenêtre quinquennale ! — coup de chance c’est maintenant… comme en témoignent les cris d’horreur des médias redécouvrant qu’il existe un électorat d’extrême droite, peut-être même qu’il existe un électorat tout court, redécouverte il est vrai facilitée chaque fois que l’électorat en question les contredit. A quelque chose malheur est bon et, au milieu de si nombreux motifs d’accablement, le spectacle de la volaille éditocratique courant en tous sens dans un nuage de plumes pourrait presque être divertissant — s’il n’était destiné à finir aussi brutalement, et inutilement, qu’il a commencé : passé le second tour des législatives, « l’électorat » retournera aussitôt au néant dont, idéalement, il n’aurait jamais dû sortir.

Vaticinations ordinairesRetour à la table des matières

Dans cette agitation intellectuelle sans lendemain où la sociologie spontanée le dispute à la prophétie historique, on est à peu près sûr d’engranger quelques perles, à l’image d’une longue tradition de vaticinations post-électorales dont il est tout de même utile de rappeler quelques-uns des plus remarquables accomplissements (à l’usage d’une corporation qui aurait sans doute élu le signe zodiacal du poisson rouge s’il avait existé). En 1988, persuadés d’avoir enfin rencontré la fin de l’histoire conforme à leur vœu, François Furet, Jacques Julliard, et Pierre Rosanvallon nous annoncent l’avènement définitif de la « République du centre » [1], entendre de la raison gestionnaire, celle dont on fait les cercles, nécessairement centriste car enfin débarrassée des embardées intempestives de l’« idéologie ». En tout cas la chose est certaine : l’affrontement bipolaire est mort et bien mort.

En 2002, avec un Front national (FN) au second tour de la présidentielle, la république du centre, légèrement sonnée, n’a pas trop compris ce qui lui est arrivé. Comme en 1995 (15 % déjà tout de même), mais en plus appuyé, l’extrême droite impose son irréductible mystère puisqu’elle a la propriété, dans le même mouvement, et de plonger le commentariat dans une insondable perplexité et de se poser (à chaque fois !) comme une aberration impossible à rattacher à l’ordre des causes ordinaires. Que la république du centre et ses puissants effets d’indifférenciation politique aient pu en être l’origine ne traverse évidemment pas un instant l’esprit des vaticinateurs. Les percées successives de l’extrême droite sont donc vouées à prendre l’étrange statut oxymorique d’une « exception récurrente » : à chaque fois uniques et incompréhensibles dans leur singularité même… mais faisant régulièrement retour ! Le commentaire autorisé à tendances prophétiques reprend heureusement tous ses droits, et surtout ses aises, lorsque le FN se fait oublier et avec lui l’encombrante « exception » sur laquelle on renâclait tout de même à prononcer la fin de l’histoire. Sous ce rapport, la présidentielle de 2007 est un millésime de première qualité puisque on nous y annonce simultanément et la résolution définitive du problème de l’extrême droite en France (« siphonnée ») et – « république du centre » RIP – l’avènement d’un sain bipartisme à l’anglo-saxonne (probablement « sain » parce qu’à l’anglo-saxonne) ne laissant plus face à face que les deux partis de gouvernement sérieux (à quelques pulvérisations latérales près ; quant aux 18,5% (!) de François Bayrou ils sont déclarés quantité négligeable, preuve supplémentaire que la république du centre mange pour de bon les pissenlits par la racine).

2012, patatras ! FN à 18% et solide quadripartisme : tout est par terre…

Le paradoxe de 2007 tient sans doute au fait qu’on n’aura rarement tiré conclusions si définitives à l’occasion d’un scrutin pour le coup si peu ordinaire — et alors même que (à moins que ce ne soit parce que) il a été lu, après celui de 2002, comme faisant heureusement retour à « l’ordre des choses ». En vérité 2007 et 2012 ne peuvent être analysés séparément, et le second est comme le reflet monstrueux du premier. Car on peut au moins mettre au compte du Sarkozy de 2007 d’avoir compris qu’il y avait matière à attraper l’électorat du FN aussi par la question sociale et d’avoir délibérément monté une stratégie électorale en conséquence, notamment : revalorisation salariale (« le président du pouvoir d’achat », sans doute accommodé à la manière de droite dans les escroqueries du « travailler plus pour gagner plus » — il est en effet d’une logique élémentaire de gagner plus si l’on travaille plus… — mais peu importe, c’est « pouvoir d’achat » qui, comme prévu, a été entendu) ; et puis, déjà, prise de distance d’avec l’Europe de la concurrence et déclarations d’empathie pour la France du « non » au Traité constitutionnel européen (TCE) de 2005.

On se souviendra pourtant surtout de la désinvolture rigolarde avec laquelle la « présidence du pouvoir d’achat » a été liquidée au détour d’une conférence de presse en 2008 ; quant à la « confrontation » avec l’Europe, l’alignement sans discussion sur le modèle allemand de l’austérité généralisée, la célébration du triple-A, le sacrifice des retraites en son nom, et la déclaration de mobilisation nationale pour le conserver (avant de le perdre) la font entrer sans coup férir dans les annales des reniements « fondateurs », à l’image du « tournant » de 1983 ou de l’enterrement de la « fracture sociale » d’octobre 1995.

Il faut avoir peu de sens commun pour s’étonner qu’à ce degré de trahison, l’électorat frontiste, un instant attiré par une offre politique mainstream qui semblait prêter attention à ses revendications sociales ait si violemment fait retour à ses positions de départ, avec en prime l’intention écumante de faire la peau au menteur. Et il en faut encore moins pour ne pas remettre l’événement dans la série longue qui lui donne toute sa signification politique — au prix, il est vrai, d’attenter aux vérités que la « république du centre » (électoralement morte mais encore bien vivante dans les têtes de l’oligarchie politique-éditocratique) avait en son temps rêvé de figer pour l’éternité : la mondialisation et l’Europe libérales.

Portant à toutes les erreurs d’analyse ceux qui étaient trop disposés à prendre leur désir pour la réalité, l’« anomalie » du scrutin de 2007 demande donc bien plutôt à être reconsidérée comme une occurrence de plus d’une régularité politique de longue période — mais celle-là même qu’aucune des certifiées élites ne voudra admettre, ni seulement voir. Carsans discontinuer depuis 1995, le corps social, quoique se dispersant entre des offres politiques variées, n’a pas cessé de manifester son désaccord profond avec le néolibéralisme de la mondialisation et de l’Europe Maastricht-Lisbonne ; et avec la même constance, le duopole de gouvernement, solidement d’accord, par delà ses différences secondes, sur le maintien de ce parti fondamental, n’a pas cessé d’opposer une fin de non-recevoir à ce dissentiment populaire. La montée du FN n’est pas autre chose que le cumul en longue période de ces échecs répétés de la représentation, le produit endogène des alternances sans alternative qui pousse, assez logiquement, les électeurs à aller chercher autre chose, et même quoi que ce soit, au risque que ce soit n’importe quoi.

Granitique continuité de la vie politique françaiseRetour à la table des matières

La séquence historique devrait pourtant être suffisamment éloquente pour qu’on y prête attention. 1993 et l’élection d’Edouard Balladur seront le chant du cygne du néolibéralisme période « comme dans du beurre ». Jacques Chirac ne gagne en 1995 que d’avoir, ou de feindre avoir compris et les dégâts de cette politique et le désaveu où elle est tombée — mais d’une compréhension manifestement insuffisante pour joindre le geste à la parole. La « fracture sociale » est la première réponse politique à cette colère sociale et significativement elle rafle la mise, quoique avec déjà Le Pen père à 15 %… avant d’être abandonnée en rase campagne sous la pression, non pas des « événements » ou des « contraintes extérieures », mais de l’obstination de la classe préceptrice, technocrates de cabinets indifférenciés, éditorialistes commis et experts de service, qui, confits dans leur propre satisfaction matérielle, sont à cent lieues de concevoir qu’une partie croissante de la population ne partage pas leur félicité, et plaident sans relâche pour la perpétuation de ce monde qui leur va si bien — c’est-à-dire pour l’adaptation au cadre des contraintes, plutôt qu’à sa transformation. Le retour de manivelle ne se fera pas attendre bien longtemps. La « fracture sociale » classée sans suite fin octobre, le plus grand mouvement social depuis 1968 commence fin novembre. Et le faux rebouteux est renvoyé à l’inauguration des chrysantèmes en 1997.

Intrat Lionel Jospin, élu non seulement par la disgrâce de Chirac (Alain Juppé) mais aussi pour avoir tenu le discours susceptible de rencontrer les attentes populaires, à savoir : arrêt des privatisations, notamment celle de France Télécom, et engagement solennel à ne valider le Traité d’Amsterdam qu’à satisfaction de trois conditions catégoriques (l’instauration d’un gouvernement économique pour contrebalancer le pouvoir de la BCE, une orientation de politique monétaire qui écarte les aberrations de « l’euro fort », et une réorientation des traités économiques dans le sens de la croissance). Comme on sait France Télécom finira privatisée — le bilan du gouvernement Jospin en cette matière surpassant même celui de son prédécesseur Balladur. Quant aux trois conditions sine qua non, il ne faudra pas quinze jours pour qu’elles soient abandonnées à quelques oblats rhétoriques qui n’engagent à rien, le « pacte de stabilité » devenant « pacte de stabilité et de croissance », avec les mirifiques effets que l’on sait. Ajoutons pour la route le refus de s’opposer à la fermeture de Vilvoorde, l’aveu déconfit de ce que « l’Etat ne peut pas tout », en particulier pas sauver les LU, le grassouillet régime fiscal des stock-options (Strauss-Kahn), la conversion de la gauche-de-gouvernement au reaganisme de la baisse des impôts (Laurent Fabius), la signature (quinze jours avant le premier tour de 2002 — quel talent !) des accords européens de Barcelone ouvrant à la concurrence les services publics de l’énergie, des transports et du courrier, et il s’en trouve encore pour s’étonner rétrospectivement que Jospin se soit fait sortir, et surtout de s’être retrouvés avec le FN au second tour…

Et revoilà Chirac ! Mais assisté de tous les bien-placés qui, FN oublié depuis le lendemain de sa réélection, font bloc pour défendre le TCE en 2005. Trois fois déjà le corps social a protesté contre la continuité du duopole néolibéral, mais c’est probablement qu’il n’a pas bien compris. On va donc lui réexpliquer. Par chance la ratification du TCE offre une occasion sans équivalent de pédagogie à l’usage du peuple enfant, PS et UMP unis pour la défense des choses vraiment importantes — on se souvient de cette fameuse « une » de Paris Match conjoignant… François Hollande et Nicolas Sarkozy, en un raccourci politique saisissant de toute l’époque. Le succès est total. Expérience de pensée : soit une hypothétique élection présidentielle en décembre 2005, quel aurait pu être le score du Front national ? Vous direz quels arguments permettent de prévoir ou non sa présence au second tour et tenterez d’évaluer le nombre de manifestants lycéens et le format de titraille des « unes » antifascistes de Libérationpropres à éviter l’élection pour de bon de son candidat.

Arrive Sarkozy 2007… On connaît la suite : simulacre de compréhension du rejet de la population à l’endroit du néolibéralisme européen, construction d’une position politique syncrétique en campagne mais contradictoire (et intenable) en régime, résolution violente de la contradiction par reniement express, à la fois par la force des inclinations de classe — le président des riches peut à la rigueur dire certaines choses… mais certainement pas les faire — et par l’obstination de l’oligarchie dirigeante, élites économiques, administratives et médiatiques confondues. 2012, sanction, celle de Sarkozy en particulier, mais plus généralement — la cinquième d’affilée tout de même ! — d’une « démocratie représentative » qui ne représente plus rien.

Le FN, produit endogène des alternances sans alternativeRetour à la table des matières

On ne reconnaît pourtant jamais si bien la surdité politique qu’à son empressement à certifier qu’elle a « bien entendu le message » et que « les Français ont envoyé un signal fort ». Il faut croire que la force adéquate du « signal », désormais, ne devrait pas viser en dessous du coup de fourche pour que « le message soit entendu » pour de bon. En attendant, de secousse en secousse, le FN fait sa pelote, et toujours pour les mêmes raisons, celles de la protestation antilibérale constamment réaffirmée, et du déni qui lui est constamment opposé. Il faut donc vraiment des œillères pour ne pas voir, ou ne pas vouloir voir, la régularité granitique qui conduit la vie électorale française : quand l’orthodoxie néolibérale pressure les salaires, dégrade les conditions de travail, précarise à mort ou jette au chômage, quand elle détruit les services publics, abandonne les territoires par restriction financière, menace la sécu et ampute les retraites, toute proposition de rupture reçoit l’assentiment, toute trahison grossit le ressentiment, tout abandon du terrain nourrit le Front national [2].

La vie politique française est donc bien moins compliquée que ne voudraient le faire croire les experts à tirer dans les coins qui se sont fait une spécialité de l’évitement des questions de fond, et notamment de celle qui (les) fâche : la question de la mondialisation, et de son incarnation européenne — à l’image de l’inénarrable Bernard Guetta qui, après les baffes successives du TCE, des scrutins désastreux et de la crise européenne sans fond en est toujours à trouver insensé qu’on puisse faire« de l’Union européenne le cheval de Troie de la mondialisation [3] ». Aussi vont-ils répétant que tout projet de transformation de cet ordre social n’est que « repli sur soi »… Le libre-échange et la finance déréglementée nous détruisent, mais toute tentative d’échapper à la destruction commet la faute morale du « repli sur soi ». Le corps social devrait donc avoir l’heur de se laisser détruire avec grâce — et l’on s’étonne qu’une part croissante de l’électorat prenne le mors aux dents ! Conformément en effet à un enchaînement très semblable à celui que Karl Polanyi avait décrit à propos des années 1920-1940, le (néo)libéralisme, entre inégalités, relégation des pauvres et déréliction individualiste, détruit la société [4]. Très logiquement, et de la même manière qu’alors, le corps social lutte pour résister à sa propre destruction, quitte à s’emparer des pires moyens, parce que toutes autres solutions épuisées, ce sont les seuls, et qu’aux désespérés quelque chose vaut toujours mieux que rien.

On dira cependant que, cette année, un autre moyen il y en avait un, puisqu’il y avait un Front de gauche (FdG), et qu’il n’a pas empêché les 18 % de Le Pen. Mais c’est que le FN est dans le paysage depuis trente ans, et le FdG depuis trois ! — encore n’a-t-il eu probablement pour bon nombre d’électeurs d’existence réelle pour la première fois que cette année. Or la présence pérenne du FN a eu le temps de produire ces pires effets d’incrustation, aussi bien, dans les classes populaires, la conversion partielle des colères sociales en haines xénophobes, que, dans les classes bourgeoises (petites, et parfois grandes), la libération d’un racisme longtemps tenu à l’isolement par les conventions sociales et la menace de l’indignité, mais jouissant de nouvelles licences quand 15 % à 20 % de la population rejoignent ouvertement l’extrême droite — et qu’il est désormais permis de vivre sa « foi » à l’air libre. C’est tout cela qu’il appartient à un Front de gauche de défaire, et d’en venir à bout dès son premier scrutin présidentiel était à l’évidence trop demander. Ceux qui voyaient Jean-Luc Mélenchon au second tour se sont enivrés tout seuls, aidés le cas échéant de quelques liqueurs sondagières — mais ceci n’était pas raisonnable. Le FdG a fait 6,5 % pour sa première sortie électorale nationale (les européennes de 2009), il fait 11 % à sa deuxième, ce sont des résultats plus qu’encourageants. Mais qui ne doivent pas faire oublier que la construction d’une position électorale est une longue patience.

Une patience d’autant plus longue en l’occurrence qu’à propos des électeurs FN qu’il lui incombe de reconquérir, même la gauche (la vraie gauche) commence à donner des signes de fatigue intellectuelle. En témoignent les refus exaspérés d’entendre seulement dire « la France qui souffre ». Assez de la souffrance sociale ! et retour aux explications simples et vraies : ce sont des salauds de racistes. Dans une parfaite symétrie formelle avec la droite qui, en matière de délinquance, refuse les « excuses sociologiques », d’ailleurs tristement suivie par la (fausse) gauche depuis un sombre colloque de Villepinte en 1997 (à chaque terme socialiste ses abandons…), voilà qu’une partie de la (vraie) gauche, en matière de vote FN, ne veut plus de « l’alibi » de la souffrance sociale. Cette commune erreur, qui consiste à ne pas faire la différence entre deux opérations intellectuelles aussi hétérogènes que expliquer et justifier (et par suite « excuser »), finit inévitablement en le même catastrophique lieu de l’imputation d’essence, seul énoncé demeurant disponible quand on s’est privé de toute analyse par les causes. Les délinquants seront alors la simple figure du mal, n’appelant par conséquent d’autre réponse que la répression. Quant aux électeurs de l’extrême droite, ils sont donc « des salauds », appelant… quoi d’ailleurs ? La colonie lunaire ? Au déplaisir général sans doute, il faudra pourtant faire avec eux.

Le déplaisir, voilà précisément l’affect à laisser à sa place autant que possible quand il est tant soit peu question d’analyse politique. Et jamais peut-être la dégrisante maxime spinoziste n’aura été plus nécessaire, qui appelle à « ne pas rire, ne pas déplorer, non plus détester, mais comprendre ». Sinon la suspension complète du jugement, du moins sa trempe est en l’occurrence d’autant plus requise que, d’un racisme l’autre, la démission à comprendre le racisme tout court a le plus souvent pour terminus le racisme social : affreux, sales et méchants — on imagine sans peine les effets politiques qu’il est permis d’attendre d’un viatique intellectuel de pareille minceur, et l’on notera au passage la symétrie tropologique de ces deux cousins opposés, l’un comme l’autre démarrant du même pas : « à la fin, ça suffit, il faut bien appeler un chat un chat », soit : « les électeurs du FN sont des gros cons » exactement comme « les arabes sont trop nombreux ».

Sauf à des esprits un peu épais et par trop portés aux visions du monde par antinomies, vouloir sortir les électeurs FN de la catégorie « gros cons » n’équivaut donc en rien à les verser dans celle des « gens aimables ». Il s’agit bien plutôt de les soustraire à toutes les catégories (morales) du jugement par sympathie ou par empathie (ou bien antipathie) pour les restituer à la seule compréhension causale — dénuée de toute participation. Il n’y a rien à « admettre », encore moins à « partager » du racisme des racistes, mais tout à comprendre, à plus forte raison pour tous ces cas de racisme qui, ne s’expliquant pas directement par les causes matérielles (retraités niçois ou toulonnais très convenablement argentés par exemple), n’en sont par là que des défis plus urgents à l’analyse.

Hollande, ultime recours ??Retour à la table des matières

Dans l’intervalle, on accordera sans peine qu’il faut de l’estomac pour avaler les « France qui souffre » débitées ad nauseam par Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé et leur clique. Mais d’une part il n’y a aucune raison de céder à une sorte de loi de Gresham par laquelle, de même que la mauvaise monnaie chasse la bonne, les usages hypocrites chasseraient les usages pertinents. Et d’autre part, la question de la sincérité pourrait bien être finalement secondaire — étrange et anachronique reliquat du débat théologique de l’attrition et de la contrition — : si la « démocratie » électorale a un seul avantage c’est peut-être, dans certaines conditions (rares), de forcer les gouvernants à au moins dire des choses que jamais ils ne diraient spontanément, et même, encore au-delà (bien au-delà), de les forcer parfois à les faire. La seule question intéressante est donc moins celle de la sincérité que celle de la jonction du geste à la parole, qui n’est pas une affaire de disposition intérieure mais de rapport de force extérieur !

Il est bien certain, pour l’heure, qu’entre le FN qui rafle la mise, Sarkozy qui court derrière, et le Front de Gauche encore à sa maturation, l’état du rapport de force en question n’est pas exactement un motif de réjouissance. C’est donc le PS de Hollande qui est l’ultime recours — nous voilà propres… Car « l’ultime recours », devenu depuis vingt ans étranger à la souffrance sociale et aux classes qui l’expriment, dénégateur des destructions de la mondialisation et de l’Europe libérale, liquidateur répété de ses propres embryons de promesses progressistes, incarnation jusqu’à la caricature sociologique de l’isolement des gouvernants, ignorant tout des conditions de vie des gouvernés, ce « recours »-là porte à part égale la coresponsabilité historique du désastre politique présent.

C’est bien pourquoi les maigrelets engagements du candidat « socialiste » ne peuvent jouir que d’un crédit très limité, particulièrement sur les questions qui décident de tout : la finance et l’Europe. Confirmant que le socialisme de gouvernement a été historiquement le meilleur ami de la déréglementation financière, François Hollande, sitôt dénoncé « l’ennemi sans visage », s’est empressé d’aller à Londres rassurer la City quant à l’innocuité de ses intentions véritables. On ne s’étonnera donc pas de trouver dans son programme sous le titre ronflant de « Dominer la finance »des propositions à l’état de simples songes, ou d’inoffensives bluettes, à l’image d’une agence de notation publique — problème dont il faut rappeler sans cesse qu’il est totalement périphérique —, ou d’un projet de contrôle des produits dérivés, pourtant crucial mais laissé à l’état de pure évocation, toutes choses d’ailleurs renvoyées à d’improbables initiatives de l’Europe — dont la passivité et l’incapacité à avoir produit la moindre avancée régulatrice sérieuse, cinq ans après le déclenchement de la plus grande crise financière de l’histoire, en disent pourtant assez long sur le degré auquel elle est commise à la financiarisation.

Plus gros morceau encore, le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), dont le candidat Hollande a promis d’un ton martial mais pas trop tout de même qu’il demanderait la renégociation — et l’on pense inévitablement au sine qua non de Jospin à propos du Traité d’Amsterdam… A tous les niveaux décidément, les mêmes causes entraînent les mêmes effets, avec en plus une aisance croissante dans le reniement, devenu pratique habituelle. Michel Sapin, potentiel ministre de l’économie, s’en va ainsi rassurer le Financial Times et jurer que son candidat « ne dit pas que nous devons renégocier la discipline budgétaire » [5] — au moins c’est clair. Tout l’article du Monde qui relate ces savants ajustements anticipés est de la même édifiante farine : « il faut à ses[François Hollande] yeux compléter le traité en adjoignant à la “règle d’or” un volet “croissance” » — « compléter » qui ne signifie donc pas « retrancher », et « adjoindre » qui veut dire « conserver »… Mais le meilleur tient sans doute à l’énoncé à peine voilé des conditions auxquelles le président Hollande a d’ores et déjà prévu de rendre les armes de bonne grâce : « les socialistes font savoir qu’un pacte non modifié (c’est moi qui souligne), mais accompagné d’un protocole additionnel, et de conclusions du Conseil européen plus substantielles sur la croissance pourrait être acceptable par la France ».« Les socialistes font savoir » que la verroterie avec laquelle on les achète est toujours aussi modique : comme en 1997, des mots suffiront.

Se peut-il que la sortie de Mario Draghi, président de la BCE, appelant à sauver la croissance en train de périr pour de bon sous les plans d’austérité magnifiquement coordonnés, puisse modifier sensiblement la donne ? A l’évidence bon nombre de pays serrent les dents des absurdités de l’austérité en période de crise, et sont visiblement en attente d’une possible coalition (à laquelle la France apporterait une contribution importante) qui permettrait de desserrer la contrainte. Si la chose se produisait, elle devrait cependant moins au volontarisme transformateur de François Hollande qu’à la cristallisation fortuite d’une situation politique nouvelle après l’accumulation d’échecs (le dernier en date étant l’Espagne) et surtout l’ajout à la liste des Pays-Bas, jusqu’ici membre insoupçonnable du hard core triple-A, mais désormais lui aussi hors des clous et condamné à la rigueur.

Que « la chose » se produise reste pourtant très improbable. Car dans un de ces faux-semblants rhétoriques qui est comme la marque de fabrique d’un néolibéralisme devenu illégitime, la « croissance » de Mario Draghi parle de tout ce qu’on veut sauf de ce dont il est vraiment question, à savoir : en finir avec l’aberrante obligation de réduire les déficits à toute force en période de récession, équivalent fonctionnel des contresens que furent les politiques de Hoover en 1929, de Laval en 1935… ou de Brüning en 1931. Bien plutôt il s’agira — il en est en fait déjà question depuis assez longtemps — de « politiques structurelles », c’est-à-dire de quelques pas de plus dans la déréglementation (des services, du marché du travail, etc.), contresens ajouté au contresens car ces politiques ne visent qu’à relancer la croissance par la compétitivité et les exports, ce qui signifie d’une part que leur généralisation les voue à l’inefficacité collective (la compétitivité par la déflation salariale n’est jamais qu’un avantage relatif… qui disparaît comme tel lorsque tout le monde la poursuit), et d’autre part, qu’à supposer même ces politiques efficaces, elles ne produiraient leurs effets au mieux qu’à horizon de plusieurs années — pas vraiment à la hauteur des urgences d’une relance réelle.

De « complément » en « adjonction » en tout cas, le candidat Hollande a déjà fait savoir que le dispositif central du TSCG, à savoir la règle d’or comme mécanisme aveugle de réduction des déficits, n’attirait pas de sa part la moindre critique de fond. Et on l’a moins encore entendu exprimer la moindre protestation à l’idée de l’empire des marchés financiers sur les politiques économiques, ni le premier projet d’y remédier sérieusement. Désormais accoutumé à la verroterie, on peut compter sur lui pour valider les prodigieuses avancées qui verront, à l’occasion de l’un de ces irréparables sommets dont l’Europe a pris l’habitude, « la-croissance » rejoindre en mots toutes les dispositions qui la tuent en fait.

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On ne saurait que difficilement reprocher aux électeurs du FN d’être incapables de rapporter leurs misères sociales à l’article 63 (liberté de mouvements des capitaux) ou aux articles 123 (interdiction du financement des déficits par la Banque centrale européenne) et 126 (déficits excessifs) du Traité de Lisbonne, ou à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou au comité de Bâle qui en sont pourtant les causes réelles mais abstraites, et surtout lointaines — à défaut de quoi, comme on sait, la déflection du mécontentement peut élire n’importe quel fait comme cause prochaine (et dernière) : par exemple des Arabes vus à la télé… C’est lorsque ceux à qui il appartiendrait d’établir les connexions réelles des causes et des effets commencent à manquer à leurs devoirs, par la dénégation, ou pire encore par la diversion, que le débat politique prend un mauvais tour. Or, tout autour du peuple abandonné il n’y a plus que cela : précepteurs de la raison social-libérale occupés à nier toute implication de leur monde rêvé dans les infortunes populaires et à exclure même que la question soit posée — des Bernard Guetta —, ou bien, forme évidemment plus pernicieuse, crapules politiques affairées à conforter ces électeurs dans l’idée qu’en effet les Arabes sont le problème et la police la solution. Spectacle à laisser la mâchoire pendante, voilà qu’au beau milieu de la plus grande crise du capitalisme le débat de second tour roule sur le vote des étrangers et la présomption de légitime défense des flics sans qu’aucun des interrogateurs du candidat de droite ne viennent dire le caractère éhonté de sa manœuvre — il est vrai que depuis des décennies les médias n’ont eu de cesse d’escamoter les vrais problèmes et de promouvoir les faux, et eux, ce qui est peut-être pire, sans la moindre intention manœuvrière…

Alors très bien, prolongeons les tendances : un FN resplendissant, une droite désormais accrochée à ses basques, un Front de gauche sans doute sorti des limbes mais au début seulement de son parcours, un PS frappé de stupeur à l’idée qu’on puisse objecter quoi que ce soit de sérieux à l’Europe libérale et à la mondialisation, un chœur de précepteurs éditocratiques-experts obstiné à le conforter dans cette sage restriction (comme en témoigne incidemment le délire haineux dont a fait l’objet la campagne de Mélenchon, engagé à poser les questions qui ne doivent pas être posées)… On cherche la maxime qui, toutes choses égales par ailleurs, permettrait d’éclairer par anticipation la situation politique de 2017. Et facilement on trouve : mêmes causes, mêmes effets.

Notes

[1] François Furet, Jacques Julliard, Pierre Rosanvallon, La République du centre. La fin de l’exception française, Seuil, 1988.

[2] Lire Claude Julien, « Les fourriers du Front national », Le Monde diplomatique,mars 1996.

[3] Bernard Guetta, « Le crime des nouvelles droites européennes », Libération, 26 avril 2012.

[4] Cf. « Avez-vous lu Polanyi ? », Le Monde diplomatique, janvier 2012.

[5] Philippe Ricard (à Bruxelles), avec Frédéric Lemaître (à Berlin), Sandrine Morel (à Madrid), Philippe Ridet (à Rome) et Alain Salles (à Athènes), « Le débat sur la croissance s’intensifie en Europe », Le Monde, 25 avril 2012.


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48 réactions et commentaires

  • La Gaule // 12.05.2012 à 04h33

    Etant un électeur du FN que puis-je tirer d’un tel texte –remarquable dans sa forme ? Le meilleur moyen de répondre est de me demander si en fait, et suivant l’expression consacrée, il fait MON JEU.
    J’espère que Monsieur Lordon me versera un petit quelque chose, puisqu’en fait il ne le fait  pas du tout. Ceci n’est qu’un très bon texte d’interprétation de la crise pour le front de gauche.
    Il s’agit bien d’un parti pris positiviste qui ne veut donner au fascisme en général qu’une explication purement socio-économique.
     Pourtant un minimum de connaissance historique lui permettrait de relever que le moment socio-économique qui a engendré le fascisme mussolinien n’était pas le même qui a engendré le nazisme allemand. Lorsque la crise économique mondiale a frappé l’Allemagne de plein fouet après 1929, le fascisme était installé en Italie depuis presque une décennie.
    Les désordres économiques et monétaires de l’entre deux guerres mondiales ne résultaient pas eux-mêmes d’une longue séquence de mondialisation libre-échangiste de près de trois décennies comme cela est le cas aujourd’hui.
     La « première mondialisation » (voir le petit livre que l’américaine Suzanne Berger avait écrit à ce sujet) avait bien eu lieu au sortir de la grande dépression de la seconde moitié du dix neuvième siècle, mais elle avait connu un coup d’arrêt d’abord par la crise de 1907 et surtout s’était fracassée sur la conflagration générale de 1914.
    Je veux bien que l’on se réclame de l’axiome « mêmes causes mêmes effets » à condition que l’on n’escamote pas la première cause de la brutalisation des idéologies totalitaires qui ont marqué les lendemains de la grande guerre, l’horreur cataclysmique de celle-ci ayant largement provoqué l’irruption de celle-là.
    Les historiens qui ont développé cette thèse là ne sont pas sortis de la matrice idéologique d’Hitler. Il suffit de vous reporter par exemple à l’ouvrage de Georges Mosse « De la grande guerre au totalitarisme, la brutalisation des sociétés européennes ».
    Cette brutalisation a connu son paroxysme lors du second conflit mondial, pour se diluer ensuite dans trois générations de paix dont au moins deux ont connu un climat de prospérité économique exceptionnel.
    « Mêmes causes, mêmes effets » nous disent nous dise les Plenel, auxquels je me vois dans le regret d’adjoindre les Lordons à leur manif. Je ne vois pas en effet quel conflit européen ravageur récent pourrait donner aux « hordes fascistes » d’aujourd’hui la même dynamique ravageuse que celles d’hier.
    Même un pays en détresse et au désespoir comme la Grèce ne produit rien de comparable à ce qui s’est produit en Europe dans les années trente. « L’aube dorée » n’est qu’une pantomine des SA de jadis (je sais que l’on va me renvoyer l’inévitable « cela a commencé comme ça », mais il faudra alors inviter les intéressés à ouvrir un livre sur ce que c’était réellement que l’Allemagne avant l’arrivée d’Hitler –la quasi guerre civile et des centaines de morts dans des combats de rue endémiques).
    S’il existe une brutalisation comparable à celle que connut l’Europe d’il y a près d’un siècle, c’est surtout dans l’ordre symbolique qu’elle se trouve, dans la destruction des anciennes identités nationales, elle-même résultant d’une soumission générale des sociétés occidentales à un nouvel ordre économique et culturel transnational.
    Cette destruction a entraîné la résurgence d’autres identités, notamment religieuses, tel l’ouverture d’une boîte de pandore, laquelle a été largement favorisée par les phénomènes migratoires récents qui ont agi comme une caisse de résonances des nouvelles données de la géopolitique mondiale (lire à ce sujet l’ouvrage d’un autre historien nazi bien connu « la question religieuse au XXI siècle » du libanais Georges Corm).
    Cette résurgence possède une dynamique qui lui est propre et je ne pense pas qu’il soit forcément « raciste » « fasciste » ou « nazi » de le reconnaître, et d’estimer qu’elle sera forcément enrayée parce que « l’on aura donné du boulot à tout le monde ».
    Il n’est pas question de renvoyer « 20 millions de personnes chez eux » comme l’a dit finement l’hôte de ces lieux récemment (apparemment tout ce qui l’inquiétait dans la chose était « la chute de la consommation », je crois qu’il a eu raison d’arrêter là). Les bouleversements qui ont affecté la société française depuis cinquante ans sont je crois irréversibles, notamment la dynamique communautaire.
    Le reconnaître devrait logiquement impliquer que l’on ne dénie pas le droit à ceux qui s’identifie dans une communauté de valeurs et de mémoire vieilles de huit siècles (la république est aussi fille du christianisme) de s’organiser politiquement entre eux dans le cadre d’un nouveau contrat social.
    Sinon, tout devient possible, même le pire…

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    • jerome // 12.05.2012 à 07h43

      Sur le fond je suis plutôt d’accord, mais en langage clair, qu’est-ce que vous voulez dire par « en s’organisant politiquement entre eux dans le cadre d’un nouveau contrat social » ? Une sécession ? Une partition du pays ?

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    • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 14h55

      @La Gaule : tu écris (en belgique le tutoiement est courant et je trouve cle bien) « le moment socio-économique qui a engendré le fascisme mussolinien n’était pas le même qui a engendré le nazisme allemand. Lorsque la crise économique mondiale a frappé l’Allemagne de plein fouet après 1929 ».
      Je ne suis pas très féru de l’histoire de l’Italie mais dans Wikipedia on peut lire
      Au lendemain de la Première Guerre mondiale la situation interne est précaire: le traité de Versailles n’a pas donné les bénéfices escomptés à l’État italien (l’Italie obtient le Sud-Tyrol ainsi qu’une partie de l’Istrie sans Fiume et l’Albanie promise devient indépendante). Les caisses de l’État sont presque vides, la lire pendant le conflit a perdu une grande partie de sa valeur et le coût de la vie a augmenté de 450 %. Les matières premières manquent et l’industrie ne réussit pas à transformer la production de guerre en production de paix pour absorber l’abondante main-d’œuvre qui a augmenté en raison du retour des soldats du front.
      Dans une telle situation, aucune classe sociale n’est satisfaite et une profonde peur d’une possible révolution communiste s’insinue dans la classe bourgeoise. L’extrême fragilité socioéconomique conduit souvent à des désordres réprimés par des méthodes sanguinaires.
      Il sembe qu’outre l’aspect nationaliste, il y ait tout de même un petit aspect socioéconomique, non ?
      Mais que Lordon ce soit trompé ou pas, il doit tout même être assez facile d’enquêter sur les raisons du vote FN dans notre pays. Non ?
      Alors bien sûr, on peut se poser la question :  « quel conflit européen ravageur récent pourrait donner aux « hordes fascistes » d’aujourd’hui la même dynamique ravageuse que celles d’hier ? » . Pour mémo, entre les accessions de Mussolini (1922) et d’Hitler (1933) au pouvoir et la seconde guerre mondiale se sont écoulées près d’une à deux décennies. Durant ces périodes, et même un peu avant (acte de violence), dans un pays comme dans l’autre, la démocratie a été très mise à mal. 
      Donc je me joins à Lordon pour exprimer mon inquiétude, sans pour autant, comme ce dernier, qualifier les électeurs « de base » du FN (ses cadres, c’est autre chose) avec des noms d’oiseaux. Errare humanus est !

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      • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 15h15

        L adernière phrase de mon commentaire ci-dessus présentant me semble-t-il une ambiguité qui implique Lordon, je précise : Lordon n’a pas non plus affublé les électeurs du FN de quelconque nom d’oiseaux (je ne l’ai pas relu mais il me semble)

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        • La Gaule // 14.05.2012 à 02h02

          @ Jerome
          (Désolé mais je travaille le week end et je n’ai pas eu le temps de vous répondre avant)
           
          La partition du pays existe déjà de fait. La France a cédé la place à « l’Hexagone », auberge espagnole de tous les intérêts catégoriels et de tous les communautarismes déclarés ou en puissance.
          Minée par le néo libéralisme anglo-saxon d’importation, la France est devenue une caricature de ce que sont les Etats-Unis, pays dont ont peut penser ce que l’on veut du communautarisme forcené, mais où ils serait impensable de voir agiter des drapeaux étrangers ou « catégoriels sociétaux » (exemple le gay flag) pour saluer la victoire d’un candidat à la magistrature suprême.
          Je trouve quand même votre question étrange ! Ce n’est pas MOI qui vais devoir choisir entre la sécession ou la partition et un principe inédit de cohésion, mais la nation française dans son ensemble, si elle veut réellement maintenir ce label contrôlé.
          Ce que j’ai du mal à faire comprendre, c’est que ma position n’est pas idéologique (je suis sans doute aussi accroc aux valeurs que défend l’ami Vieren), mais TACTIQUE, purement et simplement.
          L’évolution de la France, et cela particulièrement depuis vingt ans dans le cadre toujours plus pressant de l’Union Européenne, est à l’évidence mortifère pour la nation républicaine, sans que l’on voie poindre à l’horizon un projet cohérent susceptible d’empêcher sa dilution dans une sorte de communautarisme marchand, dont les « pride » de toute obédience ne sont que l’aspect caricatural.
          Si les oligarchies et les tribus qui tiennent désormais ce pays veulent vraiment une américanisation de la société, d’accord ! Mais alors que l’on en prenne acte par un nouveau texte organique qui en consacre les nouveaux principes !
          Et dans ce cadre, je rêve d’un parti communautaire qui reprenne à son compte l’ensemble des anciennes valeurs qui furent véhiculées par la nation républicaine de par son histoire complexe. Cela parce que je suis persuadé que ce « communautarisme historique à valeurs multiples », qui n’aurait rien à voir avec un communautarisme ethnique, finirait par supplanter et séduire tous les autres.
          En somme je veux faire du communautarisme une arme pour restaurer la nation républicaine dans sa maison, rien d’autre. Vu les quolibets que je me ramasse généralement quand je défends cette hypothèse, je pense qu’elle a de quoi inquiéter d’aucuns. Concrètement, je pense aussi qu’elle inéluctable, si notre piètre personnel politique se montre toujours aussi incapable de remettre la cinquième république dans ses principes originels.
           Accessoirement, je crois que le FN de la fille Le Pen est, pour l’instant, dépositaire de cette évolution.
           
          @ Vieren (idem)
           
          Merci pour la passion que vous mettez à me répondre.
          J’écarte cette éternelle histoire du « fantasme » communautaire (j’ai de la chance, j’ai sans doute aussi échappé à celle du « fantasme sécuritaire »), lequel serait démontré par A + B dans un rapport révélé par Sciences Po (ou l’un de ses comités théodules), la meilleure école d’attachés de presse de France -caste hexagonale étrange laquelle a pour caractéristique quasi ethnique de voter cent pour cent à gauche. 
          Allez vous promener dans certaines rues de nos villes à l’heure de la prière avec votre rapport, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise… Il y a un communautarisme islamique qui sévit dans notre pays, financé directement par des puissances étrangères  et encouragé par la première d’entre elles, les Etats-Unis, qui y voit le meilleur levier pour faire basculer cette Grande Nation qui fait tâche à son regard.
          Cela ne signifie pas que l’ensemble des musulmans de France soit obligatoirement des suppôts de ce communautarisme là, je crois même l’inverse. J’ai expliqué à Jérôme que ma stratégie serait de les rallier définitivement aux valeurs historiques de la nation républicaine dans le cadre d’un grand parti communautaire français (et donc bénéfique à tous pour répondre à votre question).
          Je suis autant athée que vous, laïc que vous, et, à ce titre, autant attaché à l’école publique que vous, à condition qu’elle forme des citoyens critiques et non des consommateurs compulsifs et bêtement fiers de l’être. Quant au lien qui existe entre la république et le christianisme, il est à l’évidence dans la trinité (tiens, tiens !) de la devise républicaine, je veux parler de la FRATERNITE.
          Dans l’emblème national, le lien entre le bleu (couleur de la noblesse et de la liberté) et le rouge (couleur du peuple et de l’égalité) était réalisé par le blanc, couleur royale, le souverain à l’origine sacré par l’église devenant le garant théorique de la fraternité nationale (mais je reconnais que c’était avant Varenne…).
          Je constate simplement que cette géniale fraternité (LA solution au problème épineux de l’hétérogénéité de la France de 89) n’a surgi nulle part ailleurs que dans une nation d’essence chrétienne et catholique.
          Votre conscience de l’histoire qui vous pétri malgré vous est ce qu’elle est, mais, en bon républicain que vous semblez être, vous faites comme Monsieur Jourdain, de la fraternité chrétienne sans le savoir.
          Sur votre deuxième commentaire, je vous dirai simplement que je ne nie absolument pas le rôle des faits socio économique dans la marche de  l’histoire. Mais des marasmes tels que ceux que relatent votre article de Wiki ont accompagné ou suivi la plupart des guerres, sans pour autant générer ce fait unique que le totalitarisme du vingtième siècle (cet « âge des extrêmes » pour reprendre un titre célèbre) a pu constituer.
          Dans le passage que vous citez, vous reprenez de plus malgré vous, la thèse de l’historien ambiguë allemand Ernest Nolte, qui ne voulait voir dans le fascisme qu’une seule réaction au bolchevisme russe (les gens qui écrivent dans Wiki ont bien les opinions qu’ils veulent).
          Je persiste et signe pour considérer que les conflits idéologiques du début du vingtième siècle n’auraient pas connu leur brutalité inouïe sans la brutalité inouïe du premier conflit mondial.
          Quant à l’assimilation de rigueur du FN au fascisme historique, non ! Renseignez-vous.
           Il s’agit d’un courant très ancien, nationaliste, bonapartiste (mais vous pouvez en trouvez trace autant durant les guerres de religion qu’au moment de la guerre de cent ans) qui était encore hégémonique en France à la veille du second conflit mondial, et incarné par le parti social-français du Colonel de la Rocque, premier parti de France du temps en effectifs.
          Ce parti a explosé au moment de Vichy, comme l’ensemble de la société française, et la plus grosse fraction de ses cadres se ralliera très tôt au général de Gaulle et au CNR, grâce à l’action du socialiste Pierre Brosolette.
          Escamoté pendant plusieurs décennies par la séquence purement gaulliste, ce courant ne fait que renaître aujourd’hui, tel le phoenix, derrière Marine Le Pen.

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          • step // 14.05.2012 à 09h05

            Vous intellectualisez beaucoup, c’est enlevé et interessant (les 2). @Lagaule, si vous ne niez pas l’impact économique, résumons le, et regardons si il reste un problème de communautarisme après. Quand on procède d’une analyse scientifique et que l’on a 2 facteurs interpénétrants, on en écarte 1 (en politique, le plus concensuel) et on regarde si le 2 eme joue réellement un rôle (le plus débattu). Personnellement à l’heure de la prière, il ne se passe rien dans ma ville, ni dans celle d’avant, ni encore celle d’avant… Je n’habite pas dans les « quartiers de relégation », je ne suis peut être pas exposé à ce communitarisme, mais si déjà si ce n’etait pas un quartier de relégation, rien ne garanti que le comportement communautaire se maintiendrait. Le reste de votre raisonnement se dégonflerait (ou pas) alors comme une baudruche. Pour cela il faudrait déjà avoir une volonté féroce de résoudre le premier problème (l’économique). Ce n’est effectivement pas le cas des deux partis du centre, et la présence du FN et de sa thématique multiple, permet à l’un ou l’autre des partis centraux de picorer ce qui l’arrange (surprise, ce n’est pas l’économie!) afin d’apater l’électeur qui ne saurait pas hierarchiser les priorités.

            Un problème compris s’ennonce clairement, et si l’on a réellement la volonté de résoudre un (des) problèmes, on s’y attaque 1 à la fois. C’est typiquement ce que ne fait pas le FN et ce qui fait qu’il échouera. « Poursuivre en désordre un ennemi en déroute, c’est vouloir changer sa victoire en défaite. » (Machiavel, le prince). Il y a la même dans l’art de la guerre (Sun Tzu). L’avertissement est pourtant clair. 

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  • leveau // 12.05.2012 à 05h29

    Tout ça pour ça! mêmes causes mêmes effets! alors même que l’intro dévoilait l’issu de l’intenable suspense!
    vous cherchez une voie de démocratie m Lordon: 
    Une majorité de citoyens tirés au sort à l’assemblée.
    Cela répondra (enfin) à la définition d’Aristote sur le sujet, abattra l’oligarchie financiaro politico libéralo foumoilao et éviera l’utilisation de notre constitution comme papier toilette.
    le sujet progresse par ailleurs et puisque nous parlons politique voici un petit extrait d’un commentaire d’auteur:
    La « lotocratie » progresse à gauche comme à droite, les verts de Metz viennent de nommer leurs candidats au prochaine législative par tirage au sort, le think tank « Innovation politique » proche de l’UMP propose  de désigner de la même façon 10% des élus municipaux des villes de plus de 3500 habitants.
    Une chose a noter, elles mettent en avant les partis de consensus (type Modem) et exclu tous les extrêmes…
     

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    • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 13h26

      C’est qui « elles » dans la dernière phrase ?

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    • MerlinII // 12.05.2012 à 20h21

      Tout à fait d’accord pour le tirage au sort
      Plutôt que Lotocratie, je préfère le terme de stochocratie – plus chic –

      cf Jacques Rancière; La haine de la démocratie

       

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  • Helios // 12.05.2012 à 05h55

    Ce texte est très intéressant, et il montre les défauts de quasiment tout texte sur cette question (comment faire autrement ?) : tout y est ramené aux concepts à la base de la pensée de l’auteur : le « néo-libéralisme » et le « racisme », qu’il n’est pas question de remettre en question.
    Or ces deux concepts peuvent être discutés. Voir par exemple une critique libertarienne du racisme : http://www.liberalia.com/htm/fg_racisme_leurre_democratie.htm , où on développe le fait que « le racisme ne constitue pas un sujet de préoccupation légitime de la politique »  (Attention j’ai remarqué que ce texte provoque des spasmes chez certaines personnes, surtout celles de la génération « SOS-racisme »). Le concept de « néo-libéralisme » est aussi obscur, et est apparu à mon avis quand la soit-disant « élite » intellectuelle a abandonné le marxisme-léninisme dans les années 80 et qu’il a bien fallu trouver autre chose pour appréhender la réalité économique. Ce manque de base théorique explique aussi le flou des partisans de la lutte contre le « néo-libéralisme », par exemple ils sont à la fois pour et contre les frontières. Ce flou est particulièrement présent dans les positions du parti grec SYRIZA de style mélenchoniste, à la fois pour et contre l’UE, alors que le KKE, resté marxiste,  est par contre beaucoup plus cohérent.

     

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    • christo // 12.05.2012 à 10h43

      C’est une constante chez Lordon : enfoncer des portes ouvertes (je l’ai déjà dit ici).
      En outre, d’accord avec Hélios : toujours le même vocabulaire pathologique et indépassable : « racisme », « extrême droâte », « ultra-libéralisme » etc.
      Ca commence à devenir fatiguant.
      Enfin, quel mépris ! Les électeurs du FN seraient tellement bas de plafond qu’ils seraient incapables de comprendre les trahisons de Lisbonne, de l’OMC, de Maastricht etc. dixit Lordon.
      Eh bien si justement, c’est parce qu’ils le comprennent très bien, dans leurs chaires, qu’ils votent FN !
      Bref Lordon en voulant prendre de la hauteur, en se voulant original, se vautre lamentablement dans un conformisme idiot, et dans des évidences creuses (UMP/PS c’est la fausse alternance, ou encore « ah ben oui ma bonne dame, le FN est bien parti pour… rester ! » ).
      Sans blague ?

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    • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 13h45

      @Helios : tu écris « ils sont à la fois pour et contre les frontières ». Peut-être faut-il se poser la question de ce qui passe par les frontières : ne pourrait-on pas, par exemple à la différence d’aujourd’hui mettre plus de frontières à la circulation des capitaux et des marchandises et moins de frontières pour la liberté de circulation des hommes ? 
      Le mot « néolibéralisme » est pour de nombreuses personnes assez clair : il s’agit de supprimer toutes les règles de régularisation (capitaux, finance, marchandises, …) qui ont été mis en place antérieurement, souvent à l’occasion de crises du capitalisme : il en est ainsi, pour ne citer qu’un exemple, de l’équivalent étasunien du StealGlass Act (supprimé en France en 1984, aux USA 1999). Il s’agit d’une mesure de néolibéralisme.
      En gros toute les mesures pour faciliter de nouveau les intérêts des entreprises au détriment des intérêts des travailleurs et plus généralement des peuples. Cela me semble limpide, quoi qu’on pense de la pertinence ou pas de l’abandon de ces mesures (au nom parfois du « le monde bouge »).

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    • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 14h30

      @Helios : concernant le texte que tu proposes et que j’ai lu. Je ne vois aucune « critique libertarienne du racisme » pas plus que ce que tu semble citer « le racisme ne constitue pas un sujet de préoccupation légitime de la politique » qui n’y est pas écrit.  Ce texte ne dit nullement qu’il s’agit d’une notion obscure. Il critique juste le fait de faire du « racisme » un crime*, critique que je partage.
      <font size=-1 >____________
      * contrairement à ce que dit le texte, dont je partage l’analyse, sur l’exploitation qui est fait en politique du « racisme », l’on peut tout de même parler de crime raciste lorsque le motif du crime ne trouve ses fondements que dans la « race » présumée de la victime.  On ne saurait en effet mettre sur le même plan moral tous les crimes. Le motif me semble un élément pertinent pour évaluer la sentence. Par exemple, un crime passionnel et un crime raciste ne saurait être jugé avec la même sévérité a priori, ne serait-ce que pour des raisons morales (mais aussi pour dissuader la récidive et en faire valeur d’exemple). </font>

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  • Patrick Luder // 12.05.2012 à 06h29

    « Rousseau ne cachait pas être effaré qu’on puisse appeler « démocratie » un système qui donne la parole au peuple une fois tous les cinq ans pour le renvoyer à la passivité et à l’inexistence politique tout le reste du temps. » => Les seules fois ou les Français ont pu se prononcer sur les questions Européennes par votation, le gouvernement n’a pas respecté la volonté populaire et fait exactement le contraire quelques temps après, sans aucune consultation ni respect.

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  • Patrick Luder // 12.05.2012 à 06h29

    Le système politique Français est complètement inadapté pour parvenir à prendre des mesures efficaces pour corriger le présent et préparer l’avenir => Il n’y a aucune continuité dans un système ou un président tout puissant et l’ensemble du gouvernement change complètement tous les 5 ans. Je compare le système politique Français à un bus dont ou aurait oublié de mettre une direction un accélérateur et un frein, mais qui s’arrêterai de lui-même tous les 5 km avec un nouveau chauffeur qui ne sert qu’à soulever le bus d’un coup, le mettre dans une nouvelle direction (qui n’a rien à voir avec le but du précédent chauffeur) le reposer sur ses roues dans des cris de joie … le chauffeur remonte dans le bus et c’est partis pour 5 km tout droit, sans freiner et sans pouvoir rien faire. Les passagers à qui on avait promis une destination précise se voient bousculés au premier carrefour, sortie de route et finir dans les champs. Cris d’indignation, protestations, grève, grève, grève, purée encore 2 km dans la fausse direction. Enfin, y a des routes partout, on devrait pouvoir en recroiser une (qui va pas dans la bonne direction et que l’on ne pourra pas prendre). Enfin, nouvel arrêt avec nouveaux palabres pour choisir un nouveau chauffeur avec plein de promesses pour une nouvelle destination, palabres, palabres, palabres, un nouveau chauffeur qui ne sert qu’à soulever le bus un coup, le mettre dans une nouvelle direction (qui n’a rien à voir avec le but du précédent chauffeur) le reposer sur ces roues dans des cris de joie … le chauffeur remonte dans le bus et c’est partis pour 5 km tout droit, sans freiner et sans pouvoir rien faire. => Ah que je n’aimerais pas avoir ce type du bus dans mon pays, chez nous, non seulement les bus ont des parcours précis et définis (on sait ou ils vont) mais en plus ils ont des horaires qui sont respectés, on sait donc ou on va et quand on arrive. Et si la planification des transports publics se rend compte qu’il y a des améliorations à faire, elles proposent au peuple plusieurs mesures qui sont discutées et contre lesquelles le peuple peut proposer d’autres mesures. Le peuple peut aussi soumettre à la direction des bus, des propositions pour changer le système, le circuit ou les horaires. Le tout est soumis en votation au souverain (non, y a pas de roi, le souverain c’est vraiment le peuple), et le sens général des votations sont scrupuleusement respectées (si si si ), et si les applications sont sujettes à discussions, elles sont resoumises au peuple par votation. Bon, il y a souvent des votations et parfois pour n’importe quoi, mais les votations sont bien rôdées, c’est le train-train quotidiens …

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    • Yves // 12.05.2012 à 09h53

      Oui votre image du bus lancé tous les 5 ans dans une direction un peu comme une boule de billard est correct et ça ressemble assez aux plans quinquennaux soviétiques. On s’en sort mieux que l’ex URSS parce qu’il y a encore des contre-pouvoirs. MAIS il y a bcp d’analogies avec URSS, besoins de beaucoup de ressources, besoin de croissance, besoin d’immigration, pas de remise en cause et analyse des dis-fonctionnements, des citoyens ayant de moins en moins d’influence sur leurs propres décisions, développement du travail au noir, et je pense à partir de maintenant développement du troc seul moyen efficace de survis d’une parti de la population … la liste d’analogie est assez longue même si je reconnais que je suis dans la caricature afin d’illustrer ma vision des choses.

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    • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 14h07

      @Patrick : complétement d’accord avec toi sur le fonctionnemnet de nos institutions politiques : l’élection du président au suffrage universel, précédant de peu des élections législatives sans aucune dose de proportionnelle, ne peut que conduire qu’à ce résultat du président tout puissant et au bipartisme (par le vote « utile »). Il me semble que le France est en ce sens une quasi exception des pays de l’OCDE. 
      Je n’ai pas grand chose à reprocher au Gal de Gaulle mais cela a été une grande connerie à laquelle il serait temps de remédier par une 6e république. Rien n’empêche en attendant de remettre de la proportionnelle pour les législatives (mise en place par le gvnt Fabius, PS, pour celles de 1986, supprimée par le gouvernement Chirac, pour celles de 1988 !!!!). 
      Qu’il y ait un clivage gauche-droite me parait normal dans une économie capitaliste, que ce clivage se retrouve intrinsèquement au niveau du gouvernement (et donc de la direction du bus) ne l’est pas. D’autant que le parlement ne joue plus son rôle d’organe législatif (il en a pourtant le pouvoir théorique).

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      • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 14h11

        @Yves  l’analogie du bus de Patrick est en effet bonne. En revanche l’analogie avec les plans quinquennaux est une très mauvaise analogie. La planification me semble nécessaire pour des réformes structurelles et des objectifs de moyen et long terme pour de nombreux secteurs : il en va ainsi pour l’énergie, les infrastructures de transports, l’urbanisation. Mais bein sûr il faut que ces plans ait été défini par le consensus le plus large pour ne pas être remis en cause à l’occasion des changements de gouvernement.
        C’est justement le manque de planification (gouverner c’est prévoir) qui fait défaut dans notre pays et particulièrement pour ces 5 dernières années sous le président Sarkozy. Le ping-pong du bouclier fiscal et des aides au photovoltaïque en sont les 2 exemples les plus marquants.

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      • chris06 // 12.05.2012 à 14h45

        @cristop h e

        « Il me semble que le France est en ce sens une quasi exception des pays de l’OCDE. »

        pourtant tous les pays de l’OCDE sont dans le même bus fou et il ne me semble pas que des pays comme le Royaume Uni, l’Espagne ou la rèce, qui pourtant n’ont pas de « président tout puissant » mais des systèmes parlementaires soient mieux lotis que la France…

        Si la Suisse s’en sort mieux que les autres c’est surtout grace au fait qu’elle vampirise la richesse produite en Europe et ça m’étonnerait qu’on puisse la prendre comme modèle de décision politique pour le reste de l’Europe. Et si on se mettait tous a être vampires les uns des autres?

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        • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 15h11

          @Chris06 : je t’accorde que les bus m’ont l’air tous aussi fous les uns que les autres. Les 2 éléments que j’avance (mode de scrutins présidentielle et législatives) ne suffisent évidemment pas tout expliquer. Notre bus semblerait même moins fous que certains pays que du cites. Peut-être est-ce parce que le mode de scrutin présidentielle n’est pas si ancien que cela (1969).
          La démocratie ne se limite pas à ces deux éléments. En voici deux autres :
          * La liberté de l’information (inutile de te rappeler à qui appartiennent les medias en France, en opposition avec ce que le CNR prévoyait ) : la France est parmi les pays de l’OCDE les moins bien classés
          * L’éducation : quel part est consacré à l’éducation politique dans les manuels scolaires ? Alors que les équations d’oxydo réduction (un exemple parmi 100) font encore partie des fondamentaux
          Et en termes concret de démocratie : les référendums d’initiative populaire (prévu parait-il dans le TCE puis le Traité de Lisbonne) me semble une bonne chose. Les conférences de citoyen, le tirage au sort, pourquoi pas, l’interdiction du cumul des mandats et de leur reconduction, …. sont autant d’éléments sur lesquels s’appuyer pour améliorer la démocratie.

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      • Wilmotte Karim // 12.05.2012 à 17h53

        La France est de fait entrée dans la 6-em lors de phasage des élections législatives juste après la présidentielle. Et l’objectif était « ce résultat ».

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  • Patrick Luder // 12.05.2012 à 06h29

    Après avoir lu deux fois le texte ce texte de Frédéric Lordon, une fois rapidement et une fois en analysant les idées qu’il met en avant, j’en arrive à la même conclusion que la dernière fois (désolé Olivier) … Il manque à Frédéric Lordon un regard tourné vers le future. On ne peut pas faire ce genre d’analyse avec un regard acéré tourné vers le passé proche et lointain et de faire un comparatif trop rapide avec le présent … le regarde principal devrait scruter l’avenir avec soin, pour éviter les fréquents icebergs sur la route. Pour gouverner, il est important de savoir qui l’on est et d’où l’on vient, mais il est déterminant de savoir ou l’on va en se fixant un but et un planning. Toute politique devrait garder un fil rouge qui puisse être : analysé en permanence , critiqué en permanence , ajusté en permanence , suivis en permanence… Ainsi ce fil rouge ne saurait être désavoué et abandonné régulièrement. Le gouvernement devrait graviter autour de ce fil rouge, changements des membres petit à petit dans un esprit de continuité et de perfectionnement. => Or donc, à mon sens l’analyse de Frédéric Lordon pêche par manque de vision longue durée, il ne voit pas que nous ne sommes que dans une petite crise existentielle et passagère d’adolescents et que les grandes crises à venir sont immensément plus importantes et toutes proches. Pour Frédéric Lordon, nous sommes en situation de crise (erreur) et nous devons éviter trop de discipline budgétaire (erreur et vision trop limitée). Nous ne somme qu’en période de crise identitaire et de crise de débâcle politique. Les Grandes crises sont devant nous et sont toutes proches : crise énergétique majeure, limite des ressources, destruction de notre patrimoine terrestre et modification du climat, crise sociale majeure (démographie, injustices, reniement de l’humain). Le regard enfin tourné vers l’avenir et dans une position d’avant-crises majeures, nous devrions revoir de fond on comble nos systèmes économiques, nos système d’urbanisme et prendre en compte tous les paramètres qui nécessitent des ajustements pour parvenir à franchir tous ces défis tellement important et tellement proches …

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    • Raphaël // 12.05.2012 à 08h55

      Totalement d’accord avec cette vision. Nous sommes, je pense aussi, dans une crise d’adolescence et nous avons probablement atteint les limites physiques de notre enveloppe charnelle. Alors on peut bien implorer encore un peu plus de croissance, mais il va falloir se résigner à devenir adulte maintenant. Entrer dans l’age de raison.

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    • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 17h32

      @Patrick L. : je ne crois absolument pas que nous vivions une crise identitaire. En Suisse, je ne sais pas mais pas en France, non. Tout au moins au sens où on pourrait l’entendre depuis ce fichu débat sur l’identité nationale. Qu’un problème d’identité (nationale ?) soit vécu par certains de nos concitoyens, ce n’est pas impossible. Mais je crois que c’est surtout un prétexte pour détourner l’attention de nos concitoyens sur les causes majeures* de toutes les autres crises. Je ne fais pas la liste, elle est dans le sommaire de ce site. Tu n’y trouveras d’ailleurs pas les « crises identitaires ».
      _____________
      * je mets volontairement « majeure » pour couper court, ici, à un débat sur la question des impacts, positifs ou négatifs de l’immigration sur la situation, socioéconomiques en particulier (l’étranger qui prend-rait le travail des français ou profite-rait des prestations sociales). Le débat mérite d’être posé mais il faudrait un (long) article (délicat) d’Olivier sur la question pour poser les bonnes questions dont les aspects sont nombreux.

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  • jerome // 12.05.2012 à 07h42

    Sur le fond je suis plutôt d’accord, mais en langage clair, qu’est-ce que vous voulez dire par « en s’organisant politiquement entre eux dans le cadre d’un nouveau contrat social » ? Une sécession ? Une partition du pays ?

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  • loran // 12.05.2012 à 07h44

    Le texte est intéressant, mais la caricature, n’est pas des plus fines..

    Encore une fois, une politique femme est ramenée à sa plastique….

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  • BA // 12.05.2012 à 08h00

    En Grèce, les électeurs sont en train de se diriger vers les deux extrêmes :

    1- vers l’extrême-droite

    2- et aussi vers l’extrême-gauche.

    Samedi 12 mai :
     
    Grèce : un nouveau sondage confirme la première place du parti d’extrême-gauche Syriza : 27 % des intentions de vote.
     
    Ce signal a accru l’exaspération qui monte en Europe face à l’instabilité grecque et aux tergiversations du pays à tenir ses engagements : « la zone euro peut supporter une sortie de la Grèce », a ainsi estimé le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dans un entretien au quotidien régional allemand Rheinische Post, paru vendredi.
     
    Le ministre allemand des Affaires Etrangères, Guido Westerwelle a pour sa part souligné devant le parlement allemand vendredi matin que le versement de nouvelles aides à la Grèce restait conditionné au respect par Athènes de ses obligations et des réformes convenues.
     
    Dans ce contexte, un sondage de l’institut Marc, réalisé sur un échantillon supérieur à 1.000 personnes et paru vendredi dans le quotidien Ethnos montre qu’une large majorité de Grecs (62,7%) souhaite voir la formation d’un gouvernement de coalition, dont 53% avec la participation du Syriza.
     
    Seuls 32 % se déclarent en faveur de nouvelles élections, inévitables si les responsables politiques grecs n’arrivent pas à s’entendre.
     
    Mais en cas de nouveau scrutin, l’enquête d’opinion fait apparaître un résultat marquant : l’arrivée en tête du Syriza avec 27% des intentions de vote, suivi par la Nouvelle Démocratie à 20%, le Pasok, toujours troisième à 12,6% puis les Grecs indépendants (droite anti-mémorandum) à 10%.
     
    Une telle montée en puissance du Syriza changerait complètement la donne car le parti d’Alexis Tsipras, qui dispose actuellement de 52 sièges, bénéficierait alors de la prime de 50 sièges accordée au parti vainqueur, le mettant en position de force pour nouer des alliances.
     
    Les communistes du KKE et le groupe néonazi, Chryssi Avghi (Aube dorée), qui sont les deux autres partis entrés au parlement depuis dimanche, reculeraient eux légèrement, respectivement à 7% et 5,7%.
     
    http://www.romandie.com/news/n/_La_Grece_reprend_des_tractations_cruciales_pour_se_trouver_un_executif52110520121030.asp 

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    • Patrick Luder // 12.05.2012 à 08h11

      BonneAction, intéressante mais hors sujet !

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  • BA // 12.05.2012 à 08h08

    Samedi 12 mai 2012 :
     
    La Bundesbank lance des mises en garde à Hollande.
     
    Le président de la banque centrale allemande Jens Weidmann a jugé dangereux, à l’adresse du président élu français François Hollande, de vouloir toucher au statut de la BCE, au pacte budgétaire européen, ou de créer de la dette, dans une interview samedi.
     
    Il a également rappelé la Grèce à ses obligations, faute de suspension des aides financières, dans cet entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung.
     
    http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___La_bundesbank_lance_des_mises_en_garde_a_Hollande24120520120958.asp

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    • Patrick Luder // 12.05.2012 à 08h19

      Bravo Hollande et Grecs (quels que soit l’heureux élu)! Lancé à pleine vitesse et trop près du mur, il vaut mieux accélérer et ainsi assurer une mort certaine plutôt que des souffrances inutiles ou trop longues. OK donc pour un crash, mais un crash complet alors, que cela fasse enfin de la place pour autre chose …
      Ceci est mon dernier mot du week-end, que je vous souhaite excellent et reposant!

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  • Annick K // 12.05.2012 à 09h09

    Analyse très intéressante qui a le mérite de replacer la montée du FN dans une perspective historique. En revanche je pense qu’elle ne prend pas en compte la crise écologique mondiale. 
    Prenons un exemple précis: l’envolée des prix alimentaires, qui a grevé le budget des couches populaires, est généralement attribuée au passage à l’Euro. C’est une des premières exaspérations par rapport à l’Europe donnée par les sympathisants au FN.
    Alain Lipietz dans Green deal, la crise du libéral productivisme  explique que cette augmentation est liée au resserrement du noeud FFFF des priorités sur l’usage des sols: Food, nourriture pour les humains, Feed, nourriture pour les animaux, FFuel, nourriture pour les machines, Forest, biodiversité.
    Demande croissante de protéines animales, pression sur les terres cultivables, développement des agro-carburants, effets du réchauffements, autant de facteurs selon lui qui explique l’augmentation des prix. Il me semble qu’il néglige le rôle des distributeurs; il répond que ces augmentations de prix ont eu lieu partout dans le monde.
    J’aimerais savoir ce que pense Frédéric Lordon, dont je me sens politiquement plus proche que de EELV, de ce problème et plus généralement comment il articule son analyse du libéralisme avec la crise écologique.

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  • bourdeaux // 12.05.2012 à 09h43

    La première partie du texte de LORDON vise juste sur le comportement du Paysage Politique Français face aux à-coups électoraux . Tel un édredon, mis périodiquement sous pression un bref instant  juste suffisant pour glisser une enveloppe dans une urne, il reprend sa forme primitive pour s’assouplir, mollement accoudé à des institutions dont le scrutin majoritaire le garantit encore de tout risque de déchirure.

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  • François78 // 12.05.2012 à 12h00

    Intéressant article de Lordon, qui n’ose pas aller jusqu’au bout de ses raisonnements et plie devant les tabous, qu’il fait siens, au lieu de les identifier et de les nommer, afin de les louer ou les exorciser comme il conviendrait.

    Pour ce qui est du vote de protestation, ses explications, bien qu’élaborées restent simplistes et pleines d’évitements. La France est malade, très malade, beaucoup de français sont malades (et c’est bien plus qu’une image) de voir le pays se détruire, être détruit sous leurs yeux, pendant que non content de les renier, on les affuble en plus de noms d’oiseaux.

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    • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 13h22

      @François78 : et ce sont quoi ces tabous, ce bout du raisonnement ?
      « La France est malade .. de voir le pays de détruire ». Et en quoi consisterait cette destruction ? Quels symptimes, ? Et surtout ses causes selon toi ?
      Quels sont les français qu’on affuble de nom d’oiseaux et quels oiseaux ? Aurais-tu, comme tu le reproches à Lordon, des tabous ?  

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  • Leon // 12.05.2012 à 16h30

    Faut il désespérer Boulogne ?
     
    Très bel enchainement des raisons (c’est à dire des hommes) qui poussent depuis 1995 le corps social dans les bras du FN.
    On comprend  bien pourquoi le FN ne représente pas la solution, et qu’il n’est que le miroir en creux des incapacités de nos responsables politiques de tous bords et élites parisiennes.
    Resterait donc l’espoir du Front de gauche, si j’ai bien compris ? Qui, lui, serait différent.
    Or, qu’apporte-t-il de différent ?  Une critique radicale du néolibéralisme. Oui. La menace « de frapper les marchés ». Oui, mais comment? Ce qui veux dire avec quelle vraie chance de réussite? A ma droite « les marchés ». A ma gauche « Mélenchon ». Et c’est joué?
    On vire les agences de notation, comme il a dit. Oui et après?  Tout est réglé? C’est vraiment le problème? Ca change nos données économiques, la réalité de la dette?
    Qu’a-t-il dit sur le réindustrialisation? Que c’était une mode du moment, comme  on s’était entichés de la mode des services. Une mode? Peut être. Et de proposer de juguler la politique de l’offre, en faveur d’une politique de la demande. Pour moi, A contre B, B contre A, c’est, si ce n’est pas un effet de mode, de la dualité sommaire.
    Comme l’est l’opposition droite contre gauche. Il y aurait donc d’un coté, le bien, de l’autre coté, le mal. Il n’y aurait donc pas de l’intelligence dans A, comme il n’y en aurait pas dans B?
    Et s’il y en avait, on feint de croire qu’elles ne peuvent travailler ensemble. Sans voir que c’est les condamner  à l’enkystage au sein des partis, des appareils, des clans. Si c’est ainsi, c’est tout autant ouvrir le boulevard Le Pen, que l’on fait, oui c’est vrai, les caciques du PS dans le passé.
    Sauf à travailler au changement, à réunir plutôt que d’exclure. A tendre la main plutôt qu’à fermer le poing.
    Mais lorsqu’on se veut le « recours », comme formulé dans Marianne de cette semaine, qu’on veut se construire d’abord, pour demain, il ne peut être question d’envisager, crise ou pas crise, de participer à relever la France.
    Enfin « déliré haineux » contre Mélenchon. N’est ce pas un peu partisan? Car Mélenchon ne s’est pas privé, lui aussi, de lancer ses mots haineux sur ceux qu’il méprise. C’est à dire tous les autres. De Bayrou à Hollande.
    Hollande n’est pas encore à l’Elysée. Nous n’avons pas encore de gouvernement. Attendons un peu pour continuer la courbe de l’échec jusqu’a 2017, prolonger les tendances.
    On donnait autrefois 100 jours de grâce à  un nouveau chef de l’Etat. Cette année, j’ai lu mille fois qu’il n’y aurait pas d’état de grâce pour Hollande. A défaut, j’attends encore un peu pour désespérer, et désespérer les autres.

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  • Christophe Vieren // 12.05.2012 à 17h12

    @Leon : A te lire, le Front de gauche, par la voix de Mélenchon, a dit « On vire les agences de notation ». C’est fort possible. Le Front de Gauche a appelé à participer à une manif devant l’une de ces agences. C’était en effet une erreur, car non seulement les agences de notations sont loin d’être la cause majeur de nos problèmes. Probablemnet s’agissait-il là d’une posture, une opération de comm, qui apparemment a bien marché puisque Leon n’a retenu que cela comme mesure contre la finance du Front de Gauche. Dommage, car se donner la peine d’écrire un commentaire, sans même prendre la peine de lire la partie économique, voire financière, du programme L’humain d’abord, c’est bien dommage lorsqu’il suffit de le télécharger après une recherche qui prend 20′. Comme je le disais plus haut, c’est bien la volonté et/ou la possibilité d’accéder à l’information qui manque à nos concitoyens !
    Ce matin sur France inter, Mélenchon était à la fois sénateur et député européen. Même les journaliste ont la fainéantise de se renseigner. Mélenchon n’est plus sénateur depuis qu’il est député européen
    _________________
    ps sans importance : quant à savoir sir la classe politique et les medias ont été plus haineuse à l’encontre de Mélenchon que la réciproque, je n’ai pas compté les points. J’ai juste entendu par exemple J. Bové, au grand journal de C+ (député européen d’EELV) qualifier Sarko  « homme de droite qui y croit encore » et Le Pen de « fille de son père, une femme pas très sympathique » alors que Mélenchon fut qualifié de « jacobin bolchevique ».

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  • juni palacio // 12.05.2012 à 17h16

    Tous les poncifs et les effets faciles sont au rendez-vous !
    « Les médias » : Rien que l’utilisation de ce concept facile et qui ne recouvre pas grand chose me fait douter de la profondeur d’analyse de l’auteur. 
    « La République du centre » ; C’est qui ? 
    « Le peuple’  « Les aspirations populaires »  ??
    Quand on est payé à plein temps pour réfléchir, on peut faire un effort de préciser les catégories qu’on utilise. 
    « Le PS frappé de stupeur » !!! C’est aussi au minimum 1/4 de l’électorat. Ce sont des catégories et une réalité sociales. Tout cela n’existe pas pour Lordon.

    En résumé, d’un directeur de recherche du CNRS , on attend beaucoup plus de rigueur intellectuelle. 

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  • vulcano8 // 13.05.2012 à 08h52

    Mes commentaires sur cet article  de Mr LORDON
    1- sur la forme : Style et construction de la phrase se perdant dans un labyrinthe ou un puriste de notre langue à peine à situer le sujet , verbe etc .. et retrouver sa respiration !!
    2-Parmi tous les thèmes et arguments présentés qui sont pertinents , je suis étonné voire surpris que peu de commentateurs ne parlent d’une cause cruciale à savoir l’eveil de la CHINE , éveil qu’avait prévu un ministre du General De GAULLE – Alain Peyrefitte ( Livre quand la Chine s’eveillera )
    La désindustrialisation de notre pays , source de chômage , déficit de nos recettes fiscales , sociales  etc .. est un transfert de nos outils de production vers des pays du tiers monde et surtout de la Chine
    La Chine : c’est  le Gotha , l’alliance du Capitalisme et du Communisme  le CAPITUNISME ou les salaires sont ridicules , pas de protection sociale , pas de gréves !! 
    Mr MELANCHON n’en parle jamais ! A quand l’annonce de sa candidature dans ce pays qui  semble être celui de son idéologie , au même titre que CUBA ou le venezuela

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  • Coligny // 13.05.2012 à 17h58

    Misère de la social-démocratie et social-démocratie de la misère…J’aime bien Lordon même dan ses excès de langage.
    Oui , la social-démocratie française  a trahi les intérêts de classe et s’est faite le défenseur de tous les bénéficiaires du système oligarchique. Ce sont le bénéficiaires de l’économie administrée -c’est-à-dire l’emploi public ou para -public et non ceux qui  sont dans l’économie concurrentielle- qui ont voté Hollande (voir les résultats dans les grandes villes).
    Les sociaux-démocrates scandinaves ont été un peu plus intelligents.

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    • step // 14.05.2012 à 09h21

      cf le travail d’olivier, euh non. l’analyse sociologique de qui vote qui n’est pas privé/public mais par niveau de revenu, c’est assez clair. (Ou alors le privé ne seraient que les indépendants et/ou artisans ?). Même si c’est une catégorie en voie de disparition, les « salariés » dans le privé, cela existe encore ! 

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  • step // 14.05.2012 à 09h35

    Article interessant qui enfonce effectivement les portes ouvertes …. chez nous ! Sans vouloir le rappeler aux posteurs, nulle doute que nous ne sommes pas représentatifs de la population globale. Son analyse du FN est en partie exacte, mais il y a aussi des adhérents qui sont là car c’est un parti qui tolère le racisme (la théorie de l’inégalité des races pour être précis). Le FN est un parti protéiforme, à l’image de son electorat. Donner une seule raison de son succès est insuffisant. Effectivement il se (s’est) nourri de l’abandon de la population par les politiques, il se nourrit aussi du regard par la classe moyenne (ce qui en reste) de la déchéance sociale des populations immigrées. cette déchéance se traduit par un replis identitaire et une hausse de la criminalité, et elle sera renforcée par le regard hostile posé sur ces populations. Pourtant cette attitude est sans intérêt car ce n’est pas en « faisant disparaitre » une partie pauvre de notre population que l’on résoudra la pauvreté. D’un autre côté, il est aussi de la responsabilité de ces populations reléguées de prendre en main leur destin, politiquement,économiquement et non pas dans un repli nihilliste. Car si ces populations ne sont pas française, le voyageur que je suis sait qu’elles ne sont pas du pays revendiqué (elle sont même médiocrement vues depuis ces pays).

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  • Patrick-Louis Vincent // 14.05.2012 à 14h19

    [Modéré : désolé, je ne souhaite pas ce genre de débat ici svp, qui vire vite au dérapage. Merci.]

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  • yoananda // 14.05.2012 à 21h59

    Je n’ai pas aimé cet article de Lordon qui se limite à une analyse exogène du FN, comme si ce dernier (que je ne défend pas particulièrement, mais dont la diabolisation convenue à tendance à m’agacer à forcer) ne portait aucune valeur intrinsèque sinon un gloubiboulga de déceptions de peur de et bêtises.
    Tant qu’on se contente pour parler du FN d’une vision caricaturale, alors (déjà je me demande bien comment on peut se permettre de parler de quelque chose qu’on connaît si mal) on peut parvenir à de belles démonstrations bien pensantes.
    En gros, c’est un bel article de la pensée unique, qui se gargarise de sa propre tolérance, tout en ne voyant pas qu’il rejette ce qui est différent. Pour faire simple « on tolère les gens de couleurs différentes, mais on ne tolère pas les gens de pensées différentes » …
    L’argument comme quoi c’est a cause des nationalismes exacerbés qu’on aurait fait la guerre peut tout à fait s’inverser :
    * après la première « mondialisation » de 1870 a 1913, on a eu la première guerre mondiale. Ce n’est peut-être pas tant le nationalisme que le mondialisme qui nous y a conduit.
    * la 2ème guerre est née du conflit entre mondialiste et nationalistes. Ces derniers ayant surtout eu le tort de perdre.
    On pourrait tout aussi bien dire que le nationalisme n’est qu’une réaction à une politique d’acculturation menée au forceps.
    En gros, le nationalisme serait le symptôme, et non la maladie.
    Ou est-il écrit que les cultures, les peuples, les coutumes, les ethnies doivent cohabiter sous la houlette libérale ???? qui nous dit que ça fonctionne ????
    Bref, pour moi cette analyse pars de présupposés communs, mais que je ne partage pas « par principe » ou par « ignorance » ou par manque de réflexion préalable ou de recul.

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    • Patrick-Louis Vincent // 15.05.2012 à 07h16

      « c’est un bel article de la pensée unique, qui se gargarise de sa propre tolérance, tout en ne voyant pas qu’il rejette ce qui est différent. Pour faire simple « on tolère les gens de couleurs différentes, mais on ne tolère pas les gens de pensées différentes » … »

      C’est exactement cela ! Cela me rappelle Rocard qui disait que le FN posait les bonnes questions mais donnait de mauvaises réponses. J’attends toujours que la société bien pensante donne les bonnes réponses aux problèmes posés ! 

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      • Buenaventura // 18.06.2012 à 17h49

        Quelle pensée unique ? On ne peut faire plus nuancé, plus précis que ce billet… 

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  • bourdeaux // 15.05.2012 à 05h32

    Yoananda, peut-être as-tu lu l’article un peu vite. Nulle part cette question des causes de la guerre n’y est abordée par LORDON. Par ailleurs, son propos me parait se limiter à ceci : Les analyses de collégien qui sont faites des motivations des électeurs du FN depuis 20 ans stimulent le vote FN au lieu de le contrer. A force de dire que « les électeurs du FN sont des gros cons » au motif apparent que le racisme serait l’unique motif de leur vote, les partis du « centre » perdent des électeurs de scrutin en scrutin. LORDON dit que si les questions liées aux traités européens ou à la politique économique  en France étaient traitées pour répondre aux protestations et aux peurs des électeurs du FN, cet électorat se réduirait au niveau de la frange xénophobe en France, et donc à pas grand-chose.
    Alors évidemment, LORDON prêche un peu pour sa paroisse, car sur ces questions – libéralisme, financiarisme, europe- les électeurs FN rejettent sensiblement les même choses que ceux du fdg, mais tu connais la phrase de ARON : en politique, on choisit ses ennemis, on ne choisit pas ses alliés.

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    • yoananda // 15.05.2012 à 22h20

      Non j’ai bien lu, et je maintient, analyse de surface, de grande surface même …

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  • Buenaventura // 22.05.2012 à 17h33

    J’ai lu attentivement ce papier intéressant sur l’origine du vote Front National. Frédéric Lordon me parait utiliser avec des instruments d’entomologiste inappropriés  face à l’artillerie lourde de l’argumentaire FN. Je ne souscris pas à l’argument qui pointe de le désarroi des électeurs face à l’orthodoxie néolibérale. Si les électeurs FN sont désorientés par le monde qui les entoure et les dégâts terribles sur notre société causés par un capitalisme incontrôlé, pourquoi ne s’abstiennent t-ils pas, ne votent-ils pas blanc ou nul, ne votent t-ils pas d’autres candidats ?  Pourquoi ne pas constater, une fois de plus, que la raison première du vote FN est le rejet de l’autre, les autres raisons reste venant en sus ? 
    En ratiocinant et en coupant les cheveux en quatre, on perd du temps. Les crises, ravivent, de manière récurrente dans l’histoire les peurs, les angoisses et les haines recuites.

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