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6.décembre.20136.12.2013 // Les Crises

GEAB N°79 : 2014 – yuan, Arabie Saoudite, explosion de l’UE : trois des derniers étais du dollar s’effondrent

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Je partage avec vous aujourd’hui la vision du “GlobalEurope Anticipation Bulletin”, qui est pour moi de loin une des meilleures sources d’information sur la Crise.

Toujours une tonalité très “europtimiste” – je pense pour ma part qu’on va sacrément attendre les avancées sur le projet politique… Mais bon, il est indispensable en ces temps troublés de lire des visions très différentes pour s’aiguiser l’esprit…

« C’était la nuit, et la pluie tombait ; et quand elle tombait, c’était de la pluie, mais quand elle était tombée, c’était du sang. » Ces mots d’Edgar Allan Poe(1) s’appliquent à merveille au lent processus de dislocation mondiale en cours, où tous les événements en apparence anodins (« la pluie ») viennent se combiner pour saper les fondations du système international qui se meurt (« le sang »). Si ce processus est lent, si ces événements peuvent paraître anodins, c’est paradoxalement parce que la crise actuelle est la première crise systémique véritablement mondiale : bien plus profonde que 1929, elle touche tous les pays et bouleverse le cœur du système. Là où 1929 était une crise d’adolescence de la nouvelle puissance mondiale, les États-Unis, nous vivons actuellement les derniers jours d’un condamné, et ce condamné est la superpuissance qu’on a connue depuis 1945. Mais toute l’organisation du monde s’est bâtie autour des États-Unis et personne n’a intérêt à ce qu’elle s’écroule avant d’en être complètement découplé. Il s’agit donc pour tous de s’en dégager en douceur en sauvegardant les apparences usuelles afin d’assurer une transition sans heurt, ce qui explique la lenteur du krach en cours.C’est un peu comme des parents qui tentent de quitter la chambre de leur bébé à pas de loup pour éviter qu’il se réveille et se remette à brailler : le bébé est le dollar, et les parents sont indignes puisqu’ils sortent pour l’abandonner.

La Chine est passée maître dans cet art mais on voit de toute part d’autres pays qui abandonnent progressivement les États-Unis de manière plus ou moins subtile, comme l’Arabie Saoudite par exemple (2). Pour l’Union Européenne, quasiment le dernier bastion américaniste hors des US, la tâche est plus ardue. Notre équipe anticipe que les élections européennes de 2014, où la montée des extrêmes droites et des forces eurosceptiques est inévitable, mèneront à une explosion du cadre actuel de l’UE avec la possibilité pour l’Euroland de s’affirmer à sa place. Nous analysons en détail le cas européen dans ce numéro du GEAB.

Internationalisation à marche forcée du yuan qui vient décrédibiliser un peu plus le rôle central du dollar, perte du soutien saoudien qui était une pièce maîtresse dans l’édifice du pétrodollar, et perte du bastion américaniste UE remplacé par l’Euroland qui, s’appuyant sur l’euro, constitue une nouvelle menace pour les États-Unis : trois des derniers soutiens essentiels de la puissance américaine disparaîtront en 2014, poursuivant insidieusement le bouleversement mondial.

Les États-Unis ont fait le pari que la barrière de potentiel (3) entre le statu quo et le monde d’après est trop douloureuse à franchir, et que les pays, bien qu’ayant tout à gagner d’une nouvelle organisation du monde, ne passeront pas le Rubicon. C’est par exemple la Chine avec sa montagne de dollars en réserve qui ne vaudront plus grand- chose si elle bouge trop ostensiblement ; ou encore l’Arabie Saoudite qui perdra un gros client et une sécurité assurée si elle lâche les États-Unis. Sauf qu’il s’agit ni plus ni moins d’un froid calcul de coûts/bénéfices, et pour nombre d’acteurs les bénéfices commencent à dépasser les coûts. Selon LEAP/E2020, le pari américain est d’ores et déjà perdu.

Plan de l’article complet :

1. À L’OUEST, RIEN DE NOUVEAU
2. L’IMPOSSIBLE REPRISE US
3. TOUT SE RETOURNE CONTRE LES ÉTATS-UNIS
4. ARABIE SAOUDITE : OUVERTURE D’UN PAYS FERME
5. INTERNATIONALISATION DU YUAN
6. FRACTURE EST/OUEST
7. 2014 : RÉSOLUTION DE LA QUESTION NORD-CORÉENNE PAR LES BRICS
8. L’EUROPE EST MORTE, VIVE L’EUROPE !
9. EUROPE-D’AVANT, EUROPE-D’APRÈS
10. ÉMERGENCE DE CONTRE-SYSTÈMES
Nous présentons dans ce communiqué public des extraits des parties 1, 2 et 8.

À L’OUEST, RIEN DE NOUVEAU (4)

Les marchés peuvent être contents, Janet Yellen qui succèdera à Ben Bernanke à la tête de la Fed en janvier, a suggéré qu’elle souhaite continuer le programme d’assouplissement quantitatif de son prédécesseur (QE3) (5). Certes elle n’a guère le choix puisque l’illusion d’États-Unis encore debout ne tient que grâce à ce programme qui a permis aussi bien de relancer artificiellement le marché immobilier que les marchés financiers, ou de financer le gouvernement américain à bas coût.Mais il n’y a que les marchés qui célèbrent la nouvelle. Les pays étrangers se demandent quand les bulles exportées par la Fed vont cesser, comment cela va pouvoir finir, comment sevrer les États-Unis et, s’ils n’ont pas encore suffisamment découplé leur économie, quelles seront les répercussions chez eux. La société civile sait déjà que les « bénéfices » du QE ne parviennent jamais jusqu’à elle (6) : comme si l’intégralité d’un New Deal par an (7) était absorbé uniquement par les marchés et ne profitait pas à la population. Et l’économie réelle se demande quand les taux d’intérêt vont pouvoir remonter à une valeur normale afin que des investisseurs soient à nouveau incités à financer de vrais projets grâce à une rémunération non nulle.

Du côté de la Fed, rien de nouveau donc. Rien de nouveau non plus aux problèmes du pays qui s’amoncellent et s’aggravent. On parle dorénavant de famine aux États-Unis dans les journaux mainstream (8) ; les crimes sont en augmentation constante depuis deux ans (9) ; la consommation de drogue explose (10) ; malgré les réductions budgétaires qui forcent des prisons à relâcher leurs prisonniers (11), il y a plus de prisonniers aux États-Unis que d’ingénieurs ou d’enseignants du secondaire (voir figure ci-dessous) ; malgré des chiffres officiels encourageants, le chômage de masse continue (12) ; les infrastructures sont sacrifiées (13) ; la recherche scientifique n’est plus financée correctement (14), etc.

[…]

Nombre de prisonniers, d’ingénieurs, d’infirmières, de professeurs du secondaire, etc., aux États-Unis. Source : Huffington Post.

Nombre de prisonniers, d’ingénieurs, d’infirmières, de professeurs du secondaire, etc., aux États-Unis. Source : Huffington Post.

L’IMPOSSIBLE REPRISE US

Les problèmes des États-Unis ne peuvent en réalité pas être résolus dans le cadre actuel car le pays se trouve face à un dilemme : si l’économie commence à reprendre des couleurs, la Fed doit arrêter son programme de soutien, mais alors ce sera la panique sur les marchés comme on l’a vu en septembre, ce qui cassera la reprise…Plus généralement, si une once de vraie croissance US pointe son nez, la montagne de dollars imprimés par la Fed et exportés chez les émergents va revenir en partie aux États-Unis pour profiter de l’aubaine, provoquant une forte inflation et tuant la reprise dans l’œuf. (22) Ces « oscillations » entre espoir et désespoir vont donc continuer tant que la crise est affrontée avec les outils du monde-d’avant, ou jusqu’à ce qu’un choc vienne rappeler la situation catastrophique. Car ce n’est pas le QE qui va sauver l’économie, puisque ses meilleurs résultats sont de maintenir artificiellement en vie des zombies économiques et de gonfler des bulles financières.

[…]

L’EUROPE EST MORTE, VIVE L’EUROPE ! (42)

Résolution des conflits, commerce, finance… on voit donc que le fossé se creuse avec l’Occident. Néanmoins, à l’image de cette nouvelle route de la soie qui relie l’Asie et l’Europe, cette dernière peut encore basculer à temps dans le monde-d’après si elle parvient à couper le cordon avec les États-Unis, après les élections de 2014 qui serviront de détonateur.Montée des extrêmes droites et des partis eurosceptiques, déficit démocratique, poids des lobbies et éloignement des citoyens, centralisation bruxelloise, bureaucratie et technocratie… l’Union Européenne se meurt (43). Selon notre équipe, les élections européennes de 2014 vont provoquer l’explosion du cadre actuel de l’UE et initier une repolitisation de l’Union, à commencer par un grand débat sur l’avenir de l’Europe. Cette remise en question a d’ailleurs déjà commencé, avec par exemple les Verts qui se dotent de candidats communs sur tout le territoire de l’UE (44), initiant ainsi une « vraie » élection européenne, ou avec les partis socialistes qui poussent le très sérieux candidat Martin Schultz à la tête de la Commission (45).

Mais selon LEAP/E2020, cette refondation, si elle réussit, prendra du temps, beaucoup de temps, et la vraie échéance pour une UE démocratique est donc l’élection de 2019. Nous analysons longuement le sort de l’Europe dans la partie Télescope.

Or cette Union Européenne qui se meurt, c’est l’Europe inspirée et noyautée par les intérêts américains. C’est l’Europe réduite à un vaste marché commun qui doit sans cesse s’élargir. C’est l’Europe qui se couche devant Monsanto et s’en remet aux États membres (46), laissant ainsi le champ libre à la multinationale américaine. Ce faux-nez des politiques anglo-saxonnes, cette troisième béquille américaine, s’effondre. Mais ces décisions dictées par le cousin américain passent de plus en plus difficilement (47). Un autre exemple en est donné par l’adhésion de la Turquie à l’UE, choisie par l’agenda américain et non par les citoyens européens ni turcs (48) : déjà laborieuse, celle-ci sera définitivement condamnée lorsque des partis d’extrême droite investiront le Parlement européen en 2014.

Mais le continent n’attendra pas 2019 pour se réorganiser et la question concerne la forme que prendra l’Europe-d’après. Entre-temps, comme nous le verrons à la partie Télescope, l’Euroland a la capacité de construire un projet politique qui viendra combler le vide laissé par l’Union Européenne. […]
———-

Notes :

1 Tirés de Silence, 1837.

2 Chose inconcevable il y a peu…

3 En physique, cette notion désigne un obstacle qu’une particule ne peut franchir que lorsqu’elle a suffisamment d’énergie.

4 Titre d’un roman d’Erich Maria Remarque (1929).

5 Source : Business Insider, 13/11/2013.

6 Lire l’article édifiant « Confessions of a Quantitative Easer » (Wall Street Journal, 11/11/2013) ou sa traduction en français sur les-crises.fr.

7 Les dépenses du New Deal sont estimées à 50 milliards de dollars au total entre 1933 et 1940 (source : Forbes. Avec l’inflation, cette somme représente environ 850 à 900 milliards de dollars actuels (cf. US inflation calculator, alors que la Fed injecte 1020 milliards par an, soit plus d’un New Deal par an. Voir aussi Answers.com.

Il faut néanmoins nuancer ces chiffres puisque QE3 représente 6% du PIB alors qu’à l’époque les 50 milliards du New Deal représentent environ 50% du PIB (étalés sur 8 ans, soit également 6% par an).

8 « America’s new hunger crisis », MSNBC (30/10/2013). Voir aussi Reuters, 12/09/2013.

9 Source : Time, 24/10/2013.

10 Source : Bloomberg, 13/11/2013.

11 Source : par exemple CBS, 27/02/2013.

12 Sources : CNS News (22/10/2013), ZeroHedge (08/11/2013).

13 Source : Business Insider, 01/11/2013.

14 Sources : ThinkProgress (30/08/2013), The Tech (07/05/2013), etc. Même le prestigieux MIT est fortement touché : Boston Globe, 20/05/2013.

[…]

22 Lire à ce sujet l’analyse d’Andy Xie, Caixin (05/11/2013).

[…]

42 En référence à la formule « le roi est mort, vive le roi ! » prononcée initialement à la succession de Charles VI en 1422. Source : Wikipédia.

43 Il est intéressant de constater que toutes les « unions » (Union Européenne, Royaume-Uni, États-Unis) sont toutes en graves difficultés ; en particulier, le choix de ce nom reflète des principes de gouvernance qui ne sont plus adaptés à notre époque où une gouvernance décentralisée en réseau devient impérative pour gérer les grand blocs régionaux.

44 Source : EUObserver, 11/11/2013.

45 Source : Huffington Post, 10/10/2013.

46 Source : Die Zeit, 06/11/2013.

47 Ainsi, le maïs de Monsanto mentionné ci-dessus devrait encore être bloqué par de nombreux pays.

48 Seuls 20% des Européens et 44% des Turcs pensent que l’intégration de la Turquie serait « une bonne chose » (source : Hurriyet, 19/09/2013). Tandis que Hillary Clinton disait en novembre 2010 : « the United States […] support the membership of Turkey inside the EU. […] We don’t have a vote, but if we were a member, we would be strongly in favor of it. »

Source : leap2020.eu


Abonnement : pour ceux qui en ont les moyens, en particulier en entreprise, je ne peux que vous recommander l’abonnement à cette excellente revue de prospective sur la Crise, qui avait annoncé dès 2006 la crise actuelle.

Je rappelle que LEAP ne reçoit aucune subvention ni publique, ni privée, ni européenne, ni nationale et que ses ressources proviennent uniquement des abonnements au GEAB.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

19 réactions et commentaires

  • yoananda // 06.12.2013 à 04h44

    Les USA vont s’effondrer et le dollar avec eux.
    L’UE va s’effondrer mais sera sauvée par l’Euroland.
    Cherchez l’erreur.

    D’autant plus que l’Euro est beaucoup plus mal fichu que le dollar. Il faudrait une union politique, mais comment faire a l’heure de la montée de l’euroscepticisme, des nationalismes, et surtout, sans langue commune.
    Pire, l’OAT française s’est quand même pris 10% dans les dents en 2 jours.
    La situation de la France est extrêmement précaire.
    Il suffit que les taux montent un peu pour que la situation s’emballe étant donné la fragilité économique du pays avec un pouvoir en place incompétent, la monté de la contestation fiscale et bien d’autres soucis …
    Si la France trébuche, qui va la redresser ? Les USA avec leur dollar moribond ? L’Allemagne qui réalise de plus en plus ses bénéfices hors de l’UE ? La Chine dont la monnaie devient monnaie de réserve internationale a vitesse grand V ?
    Et sans la France, l’Euro n’est plus.

    Perso, l’euroland, à cause des problèmes économiques qu’il induit d’écart croissant de compétitivité des pays, je n’y crois pas une seconde.

    Toujours Eurobéats le GEAB.
    Pour le reste … why not.

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  • Ivan // 06.12.2013 à 08h51

    Cela fait maintenant des années que, telle une secte millénariste, le LEAP nous annonce la construction ou l’émergence d »une europe puissance politique, et ce, au mépris de la réalité.
    Ainsi aujourd’hui encore :
    « Pour l’Union Européenne, quasiment le dernier bastion américaniste hors des US, la tâche est plus ardue. Notre équipe anticipe que les élections européennes de 2014, où la montée des extrêmes droites et des forces eurosceptiques est inévitable, mèneront à une explosion du cadre actuel de l’UE avec la possibilité pour l’Euroland de s’affirmer à sa place. »
    Où comment achever de se décrédibiliser en affirmant dans la même phrase la montée de l’euro scepticisme et l’affirmation de « l’Euroland »… A moins bien sûr de voir ce dernier comme un avatar de Disneyland…

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    • jducac // 06.12.2013 à 14h40

      @ Ivan Le 06 décembre 2013 à 08h51

      “Pour l’Union Européenne, quasiment le dernier bastion américaniste hors des US, la tâche est plus ardue. Notre équipe anticipe que les élections européennes de 2014, où la montée des extrêmes droites et des forces eurosceptiques est inévitable, mèneront à une explosion du cadre actuel de l’UE avec la possibilité pour l’Euroland de s’affirmer à sa place.”
      Où comment achever de se décrédibiliser en affirmant dans la même phrase la montée de l’euro scepticisme et l’affirmation de “l’Euroland”… A moins bien sûr de voir ce dernier comme un avatar de Disneyland…

      Vous semblez déconcerté par le fait que l’on puisse accorder à un territoire, un espace, « l’Euroland », plus d’importance qu’aux diverses communautés de vie qui l’occupent.

      Faute de pouvoir vous expliquer cela rationnellement, l’intuition m’amène à penser pourquoi cela ne me semble pas tout à fait inconcevable.

      L’espace attire la vie, et l’espace européen peut être l’endroit où se crée une nouvelle forme de vie à l’échelle d’un continent. Une vie, induit une consommation d’énergie, mais il pourrait s’agir là, d’une énergie tirée de la fusion, en lieu et place d’un espace où, depuis des siècles on s’est employé à dépenser son énergie dans de vaines oppositions, de véritables autodestructions de fission. Cela pourrait servir d’étape à un espace de fusion planétaire, soudant l’humanité entière. L’espoir fait vivre…….

      https://www.youtube.com/watch?v=sGGLSQZ8xzs

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  • medomai // 06.12.2013 à 09h54

    Bonjour Olivier,

    Je ne trouve, en lisant l’extrait que vous donnez, le GEAB ni « eurobéat » ni « europtimiste ». Quand je relis le texte, ça ne sonne pas du tout comme le clairon de la victoire ce me semble. C’est plutôt la tombée de la nuit sur l’Europe, et il faudra se battre pour voir poindre une aube vivable pour nos enfants.

    Dans le droit fil des aberrations de la Commission europénne, il y a aussi la fermeture du site Presseurop, qui traduisait des articles de tous les pays de l’UE et surtout de toutes les opinions, eurosceptiques ou pas. Ceux qui en doutent peuvent consulter leurs archives.

    http://www.presseurop.eu/fr

    Donc un des seuls trucs intellectuellement stimulant, je veux dire se confronter avec d’autres pensées européennes, disparaît parce qu’on ne veut pas payer des traducteurs. Il suffit d’ailleurs de tester des logiciels de traduction pour voir que ce n’est pas encore au point : ça ne remplacera pas ce média. Je connais un québécois qui travaille sur ces questions : les machines ne sont pas prêtes pour ça (le langage est un système complexe), et les logiciels de traduction en fait ne font que récolter (gratuitement) le travail de milliers de petites mains bien humaines sur le net pour l’enregistrer et vous le déballer sans réflexion.

    Mais comment font-ils pour être aussi stupides à la Commission ?

    http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/4266291-derniere-tentative-des-syndicats-pour-eviter-la-fermeture-de-l-usine-de-g

    http://www.constance-legrip.eu/lire/menace-de-fermeture-du-site-presseurop-retrouvez-ma-question-ecrite-a-la-commission-europeenne.html

    http://www.huffingtonpost.fr/jeanfrancois-gerard/quand-lunion-europeenne-finance-information_b_4389470.html

    Nota Bene : une pétition est en ligne pour soutenir les journalistes-traducteurs de Presseurop :

    http://www.change.org/petitions/to-vivianeredingeu-save-presseurop?share_id=OdKVGwtuFR&utm_campaign=twitter_link&utm_medium=twitter&utm_source=share_petition

    Au plaisir de vous lire !

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    • Christophe Vieren // 07.12.2013 à 12h44

      Peut-être que la cellule néolibérale Bruxelloise (= la commission) ne souhaite-t-elle pas que les peuples européens se comprennent. Cela faciliterait leur compréhension de la galère dans laquelle Maastricht et ses avatars les a embarqués. Toujours le fameux « diviser pour mieux régner ». Pourquoi à la création de l’UE ne nous sommes pas (ne se sont-ils pas ?) posé la question d’adopter une langue commune (pas unique mais commune), l’espéranto par exemple. Plutôt que d’apprendre qui l’anglais, qui l’allemand, qui l’espagnol, qui le néerlandais, …. en seconde langue, l’espéranto pour tout le monde eut été probablement plus efficace pour les Européens, mais peut-être pas pour . . . les USA.

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  • cording // 06.12.2013 à 10h14

    La naïveté européiste du GEAB est insondable! Cela leur fait perdre une bonne part de leur crédibilité.

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  • FL // 06.12.2013 à 10h19

    Concernant l’avenir radieux de l’Eurolande (quel drôle de nom!), Groupe Disney-land je crois, il y aurait comme un doute en germe dans les propos du LEAP que cela ne m’étonnerais pas.

    Signé, un Eurolandais !

    Heu non je veux dire un heureux Landais, mais non, un Hollandais heureux, zut nom plus, enfin bon, vous me comprenez…moi non plus.

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  • Casquette // 06.12.2013 à 10h20

    Enfin je comprends la signification de leur « euroland »….L’euroland c’est donc le « monde d’après » , le monde post-yankee qui saura une fois pour toute réaliser sa destinée unificatrice que la présence américaine entravait jusque là…
    ps : leur monde d’après fait furieusement penser au concept nietzschéen de l’arrière-monde , euroland = Avalon ?

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  • theuric // 06.12.2013 à 15h43

    Le L.E.A.P. a, au fil des mois, largement diminué l’optimisme qui était sien quand au futur de l’Europe en tant qu’institution politique.
    Comme pour beaucoup de chose, surtout ce genre de pari que peut être la détermination du futur, ce sont les mouvements qui importent, le sens du dynamisme.
    Ainsi, pour moi, ce dernier G.E.A.B. se révèle pour le moins pessimiste étant donné que maintenant il nous parle de l’Euroland et non plus de l’Union-Européenne.
    La question du mot « euroland » me parais intéressant; le suffixe -land, « pays » employé ici renvoie, quoi qu’on en dise, autant à l’Allemagne, « Deutschland », qu’à un parc à thème, « disneyland », ainsi qu’à une monnaie, euro-land.
    Si j’osais, j’interprétais cela comme le signe que pour le L.E.A.P. l’Allemagne est, aujourd’hui, seule au centre de la construction européenne, que son but ultime c’est l’Eden du bonheur éternel par l’existence d’une monnaie universelle: un lieu, un but, une monnaie.
    Parce qu’un mot, surtout un néologisme, revoie toujours à une idée et la plupart du temps à plusieurs.
    Le revoie 43 est en cela intéressant qui met en relief les difficultés actuelles des structures d’états centralisées que sont les unions et en en appelant à une construction plus souple le l’Europe sous une forme décentralisée.
    La question, à ce moment là, se pose: euro-land pour länder et euro pour deutschemark?
    Cette question ne m’est venue à l’esprit qu’après avoir lu les commentaires qui tous ont posé la cohérence de ce G.E.A.B. puisque d’un coté le L.E.A.P. interroge en sous entendu la monnaie commune, peut-elle survivre à la disparition de l’Union-Européenne (?), d’un autre elle affirme et se réjouit de la disparition de l’U.E..
    Le point supplémentaire se trouve dans le terme: « …nouvelle route de la soie… » revoyant chacun d’entre nous à la Chine, cela voudrait-il dire que pour cet organisme la survie de l’euro ne se ferait-elle que par la grâce de la puissante existence du yuan-renminbi.
    Le paradoxe est pour le moins passionnant: une certaine élite européenne voudrait-elle, consciemment et/ou inconsciemment renverser ses alliances et passer d’un dictat américain à celui de la Chine?
    Je pose la question, quand à moi, de savoir si l’Inde, la Russie et le Japon supporteraient une monnaie chinoise à ce point puissante?

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    • Crapaud Rouge // 07.12.2013 à 00h50

      Beaucoup de mots pour tourner autour de l’essentiel sans le voir. C’est que s’il n’y a plus que cet « euroland » pour apporter l’espoir, alors tout est d’ores et déjà foutu, ou, si l’on préfère, n’avoir qu’une monnaie comme « signe de ralliement », comme facteur d’union, en dit long sur la déchéance humaine et politique du monde moderne.

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  • Fucius // 06.12.2013 à 19h47

    Nos dirigeants ne peuvent pas ignorer la Bérézina où nous sommes, aussi je formule cette hypothèse:
    À la première faillite souveraine systémique, tous les gouvernements sauteront sur l’occasion pour faire défaut en se défaussant de leur responsabilité.
    Comme en 2008, où on a accusé la phynance ou la politique américaine.
    La politique, c’est promettre la lune et esquiver ses responsabilités.

    Le fond du problème, c’est l’État-providence, la réduction à néant du marché par plusieurs moyens, du plus assumé (monopoles d’État) au plus sournois (contrôle de la monnaie) en passant par les millions de pages de réglementation (qui permettent aux politiciens, par exemple, d’obliger les banques à prêter à des clients insolvables pour les en blâmer lorsque le défaut survient) et la redistribution, qui prend prend l’argent à ceux qui l’ont gagné pour le donner à ceux qui ne l’ont pas gagné.

    L’argent est la première technologie de l’information: Le marché détermine la valeur des biens et services, et les acteurs économiques s’appuient sur cette information pour calculer la rentabilité de leur activité. Tout ce qui concourt à brouiller l’information (redistribution, création monétaire, contrôle des prix) empêche d’organiser l’économie de manière efficace.

    Résultat: Une économie désorganisée, rendue atone par les États alors même qu’ils ont bâti tous leurs plans sur l »hypothèse de sa prospérité. La débâcle était inévitable.

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  • BA // 07.12.2013 à 10h13

    Crapaud Rouge écrit :

    « s’il n’y a plus que cet “euroland” pour apporter l’espoir, alors tout est d’ores et déjà foutu, ou, si l’on préfère, n’avoir qu’une monnaie comme “signe de ralliement”, comme facteur d’union, en dit long sur la déchéance humaine et politique du monde moderne. »

    Mais non.

    C’est simplement la déchéance humaine et politique des européistes.

    Plus précisément :

    C’est simplement la déchéance humaine et politique des élites politiques, des élites médiatiques, des élites financières, des élites universitaires, des enseignants des grandes écoles, … qui dirigent la France depuis mai 1974.

    Depuis mai 1974, les élites françaises ont comme priorité numéro un : la construction européenne. Et aujourd’hui, nous pouvons constater leur échec total.

    Après avoir remplacé toutes ces élites, une autre politique se mettra en place, avec d’autres priorités.

    Ce sera une nouvelle période de l’histoire de France qui pourra alors commencer.

    Mais pour le moment, nous sommes en train de vivre la fin de la période commencée en mai 1974.

    1974 – 2014 : les Quarante Décadentes.

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  • theuric // 07.12.2013 à 15h39

    Dans mon texte précédent je montrais surtout les contradictions et paradoxes du discourt du L.E.A.P. en partant du principe qu’un « paradoxe est une vérité en devenir ».
    Je relevais cela en y recherchant la distance entre ce discourt et les termes employés dont celui d’euroland me semble centrale.
    Ces contradictions et paradoxes montrent que l’idée d’Union-Européenne telle qu’elle se vit actuellement au sein même des élites européistes est en train de se fissurer.
    Mais allons plus loin.
    Ce qui m’intéresse avant tout ce n’est pas de savoir si cette mécanique qu’est le néolibéralisme va s’effondrer, ni même quand, je ne vois pas l’intérêt de se préoccuper de ce qui va de soit, le processus de désorganisation autant de l’économie-monde que des U.S.A. en est à un point tel qu’il n’en faut que peu pour que ce délitement conduise toutes les sociétés humaines à la pire catastrophe économique que notre monde n’ait jamais connu.
    Ce qui me préoccupe, donc, ce sont les événements suivant cette déroute mondiale.
    Je me rends compte, ainsi, que les discours sont multiples, parfois complémentaires, parfois contradictoire.
    Par exemple, la contradiction que j’ai relevé entre ce que peut écrire le L.E.A.B. et le mot euroland montre que cette organisation ne perçoit pas réellement la proximité et la violence du choc que peut représenter un tel cataclysme et, surtout, est encore puissamment pris dans les mailles du dogmatisme dominant conférant à l’économie le centre ultime de toutes les considérations politiques et sociales, ce qui leur retire, peu ou prou, de la qualité à leur travail.
    Que je vous dise, le jour où plus aucun chercheur ou professeur en économie ne viendra commenter une décision politique, quelle qu’elle soit, cela voudra dire que nous sommes dores et déjà sorti d’affaire: tous seront retournés à leurs nécessaires études.
    Les G.E.A.B nous sont utiles, nous n’avons les mêmes outils qu’eux à notre disposition pour comprendre la véritable situation dans laquelle nous sommes mais, en revanche, nous devons relativiser leurs messages, c’est à dire ne pas prendre aux mots près ce qu’ils nous racontent en mettant en relief leurs propres doctrines au regard du nôtre.

    Le vrai, le réel, l’unique mensonge devant lequel nous nous débattons tous est celui qui nous à fait croire depuis des décennies que nous sommes arrivés au bout de nos capacités de découverte!
    C’EST FAUX !!!
    Et il faut pas croire que nos décideurs élus et non élus ne souffrent pas de la même pénurie conceptuelle, nous tous avons le sentiment que nous ne pouvons aller plus loin, la seule différence entre eux et nous c’est que nous, nous n’avons rien à perdre, eux, si!
    Alors, messieurs, mesdames, au lieu de vous lamenter, veuillez plutôt retrousser vos manches en pensant au stimulant et immense travail qui se profile devant nous: commencer à penser notre modernité!
    Mais n’oubliez pas, remettre en cause, comme le fait le F.N., est destructeur, il est toujours dangereux, sauf motif vraiment valable, de vouloir la fin d’existence de ce qui compose une société, remettre en question, par contre, est le véritable ciment grâce auquel les bâtisses des nouvelles découvertes, nouvelles inventions, nouvelles visions du monde, nouvelles approche de nos savoirs et dès lors, les nouvelles sociétés peuvent s’ériger, non pas éradiquer mais faire évoluer.
    Il n’y a que les imbéciles, par exemple, pour vouloir balayer l’existence même de l’économie, il n’y a que les crétins pour vouloir faire perdurer le système économique actuel, les uns aidant les autres à exister.
    L’économie ne doit que prendre la juste place qui est sienne sous le strict contrôle des pouvoirs publiques, comme l’armée et les religions, et dès lors l’économie doit être subordonnée à la politique et non pas l’inverse comme nous le vivons aujourd’hui.
    Ce n’est pas à un banquier, à un trader ou à un employé d’une agence de notation quelconque de venir dire à un élu ce qu’il doit faire.
    En fait, peut-être bien que les choses sont plus simple que nous le croyons mais avant d’arriver à cette simplicité nous allons traverser une période bien difficile, c’est d’abord à cela que nous devons songer.

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    • BabarMillésimé // 07.12.2013 à 16h22

      theuric, d’où tenez-vous que c’est l’économie ou même « le marché » qui commandent au politique aujourd’hui ? C’est précisément le mythe, d’origine et d’usage exclusivement politique, que défend l’idéologie néolibérale, dans sa forme de gouvernance soft, technocratique et ordolibérale, ou dans sa forme hard, pseudo-libertaire dans le genre autrichien. Vous agissez un peu comme un dissident russe des années Brejnev qui viendrait nous dire que les technocrates/bureaucrates étaient les seuls vrais dirigeants de l’URSS et nullement les idéologues et la nomenklatura du PC…

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  • Leens // 09.12.2013 à 11h34

    L’intérêt des GEAB, auxquels je suis moi-même abonné (ce qui me permet de lire l’entièreté de chaque publication), apporte une vision globale très intéressante de notre monde.
    La notion d’Euroland qui semble dérouter plus d’un a, en fait, une réalité puisqu’habituellement une monnaie est associée à un pays, land est donc appropriée dans ce cas.

    Le problème est que l’Euroland est un monstre à 17 têtes (17 pays ayant l’Euro comme monnaie).

    C’est un monstre puisque les pays de l’Euro n’ont pas mis en place ce qui permet de gérer une monnaie unique : budget, fiscalité unique, politique économique unique, gestion de la dette unique, transferts des régions riches vers les régions pauvres. Par contre, l’Euro a une certaine existence et une reconnaissance, même si l’Euro n’a pas vocation être la monnaie mondiale comme le Dollar finissant.
    Les 17 pays sont mariés pour le meilleur et pour le pire. Il faut reconnaître que c’est le pire pour le moment. Car l’Euro, monnaie unique, et la politique qui va avec sont évidemment un caillou insupportable pour marcher vers un Euroland puissance régionale tel que le GEAB le voit pour le futur.

    Si j’ai bien lu, le GEAB n’envisage pas encore le pas en arrière nécessaire pour mieux avancer que serait le retour aux monnaies nationales avec la création d’un Euro monnaie commune pour les échanges hors de la zone. Jean-Pierre Chevènement est le premier homme politique de stature nationale à proposer ce changement. (http://www.youtube.com/watch?v=jCvoTgsZrgY)

    Ce n’est que lorsque cet exercice sera fait qu’une meilleure intégration politique pourra être envisagée grâce à une logique de solidarité qui pourra être à ce moment là mise en place. Toutes choses impossibles avec un Euro monnaie commune qui impose la schizophrénie de partager une monnaie, outil de coopération interne avec la concurrence toute à fait faussée qu’impose les Traités européens.

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  • theuric // 10.12.2013 à 00h49

    [ Modérateur – Texte trop long. ]

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  • theuric // 10.12.2013 à 01h06

    J’oubliais de préciser qu’un idéologue, ce que je suis, n’a que l’importance du nombre de ceux qui l’écoute.
    Et une bureaucratie s’appuie toujours sur une idéologie pour se justifier de ses prébendes.
    L’une des difficultés de la puissance politique reste de conserver sa bureaucratie dans les marges étroites du service dû à son administration et toute société complexe a besoin d’une administration, quelle soit publique ou privée (une banque a son administration).
    Cela aussi doit être pensé.
    En sachant que tout groupe professionnel n’a pas de moral mais une éthique,éthique que je définirais ainsi: ensemble des normes fonctionnelles et lois professionnelles évitant le dysfonctionnement d’une profession et/ou de la société dans son entier.
    Une éthique est un ensemble de normes et de lois et non pas une forme de morale.
    Et là, quid de l’invention et de la découverte, la question reste ouverte.

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  • step // 10.12.2013 à 14h29

    « où la montée des extrêmes droites et des forces eurosceptiques est inévitable, mèneront à une explosion du cadre actuel de l’UE avec la possibilité pour l’Euroland de s’affirmer à sa place. Nous analysons en détail le cas européen dans ce numéro du GEAB. »… Il fallait oser. Je constat cependant l’apparition de la notion de possibilité, avant celle d’éventualité, de chance, d’objectif ,de rêve…. La sémantique toujours. Les parties d' »extreme droite » n’ont pas un projet politique pour l’europe, il ont le projet politique de démanteler l’europe.

    Pour le reste, c’est je dirais moins impliqué émotionnellement.

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