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24.décembre.201224.12.2012 // Les Crises

[Article] L’autre mondialisation…

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On oublie souvent que nous vivons la deuxième mondialisation. La première, comme le rappelle fort opportunément Jean-Michel Quatrepoint dans son livre Mourir pour le Yuan, est survenue entre 1870 et 1914.

En 1919, J.M. Keynes nous en brosse un portrait dans son livre Les conséquences économiques de la paix qui semble brûlant d’actualité (À lire ici)…

Avant 1870, certaines parties de l’Europe s’étaient spécialisées dans une production propre, mais, pris dans son ensemble, ce petit continent se suffisait réellement à lui-même. La population était adaptée à cet état de choses.

Après 1870, une situation sans précédent se développa sur une grande échelle et, durant les cinquante années qui suivirent, l’Europe eut une condi-tion économique instable et singulière. La demande de nourriture, satisfaite déjà par la facilité des importations américaines, fut, pour la première fois, de mémoire d’homme, définitivement comblée. A mesure qu’augmentait la population, les approvisionnements étaient en réalité plus aisés. Dans l’agri-culture comme dans l’industrie, une échelle croissante de production donnait de plus grands profits proportionnels. En même temps qu’augmentait la population de l’Europe, le nombre des émigrants qui allaient labourer le sol des pays neufs s’accroissait d’une part, et, d’autre part, des ouvriers plus nombreux étaient utilisables en Europe. Ils avaient à fabriquer les produits industriels et les marchandises principales qui devaient faire vivre la popula¬tion émigrante dans ses nouveaux établissements, et à construire les voies ferrées et les navires qui rendraient accessibles à l’Europe les aliments et les matières premières d’origine lointaine. jusqu’à 1900 environ, une unité de travail industriel produisait d’année en année un pouvoir d’achat qui s’appli¬quait à des quantités croissantes de nourriture. Il est possible qu’aux alentours de 1900 cette progression ait commencé d’être annulée et que le produit accor¬dé par la nature à l’effort humain se soit à nouveau affirmé comme décrois¬sant. Mais la tendance à l’augmentation du prix réel des céréales, a été com¬pensée par certaines améliorations. A cette époque et pour la première fois, les ressources de l’Afrique tropicale, – une innovation parmi beaucoup d’au¬tres, – furent largement utilisées. Un vaste commerce de graines oléagi¬neuses commença à apporter sur la table de l’Europe, sous une forme nouvelle et peu coûteuse, un des éléments nutritifs essentiels de l’humanité. C’est dans cet Eldorado, dans cette République d’Utopie, pour parler comme les premiers économistes, que la plupart d’entre nous furent élevés.

Cet âge heureux perdit de vue une doctrine qui remplissait d’une profonde mélancolie les fondateurs de l’Économie politique. Avant le XVIIIe siècle, l’humanité n’entretenait point de vaines espérances. Pour faire tomber les illusions qui se répandaient à la fin de celte époque, Malthus mit un diable en liberté. Pendant un demi-siècle, toutes les œuvres économiques sérieuses plaçaient ce diable en pleine lumière. Pendant les cinquante ans qui suivirent, il fut enchaîné et éloigné des regards. Il semble qu’à présent nous l’ayons délivré de nouveau.

Quel extraordinaire épisode du progrès économique de l’homme, cette époque qui prit fin en août 1914! La plus grande part de la population tra-vaillait dur, il est vrai, et ne jouissait que de satisfactions restreintes. Elle semblait cependant, selon toute apparence, se contenter raisonnablement de son sort. Tout homme dont le talent ou le caractère dépassait la normale, pouvait s’échapper vers les classes moyennes et supérieures, auxquelles la vie offrait à peu de frais et sans difficulté, des commodités, des aises et des douceurs, qui étaient hors de l’atteinte des plus riches et des plus puissants monarques des autres temps. Un habitant de Londres pouvait, en dégustant son thé du matin. commander, par téléphone, les produits variés de toute la terre en telle quantité qui lui convenait, et s’attendre à les voir bientôt déposés à sa porte ; il pouvait, au même instant, et par les mêmes moyens, risquer son bien dans les ressources naturelles et les nouvelles entreprises de n’importe quelle partie du monde et prendre part, sans effort ni souci, à leur succès et à leurs avantages espérés ; il pouvait décider d’unir la sécurité de sa fortune à la bonne foi des habitants d’une forte cité, d’un continent quelconque, que lui recommandait sa fantaisie ou ses renseignements. Il pouvait, sur le champ, s’il le voulait, s’assurer des moyens confortables et bon marché d’aller dans un pays ou une région quelconque, sans passeport ni aucune autre formalité ; il pouvait envoyer son domestique à la banque voisine s’approvisionner d’autant de métal précieux qu’il lui conviendrait. Il pouvait alors partir dans les contrées étrangères, sans rien connaître de leur religion, de leur langue ou de leurs mœurs, portant sur lui de la richesse monnayée. Il se serait considéré comme grandement offensé et aurait été fort surpris du moindre obstacle. Mais, par-dessus tout, il estimait cet état de chose comme normal, fixe et permanent, bien que pouvant être amélioré ultérieurement. Il regardait toute infraction qui y était faite comme folle, scandaleuse et susceptible d’être évitée. Les visées et la politique du militarisme et de l’impérialisme, les rivalités de races et de cultures, les monopoles, les restrictions, les exclusions allaient jouer le rôle du serpent dans ce paradis. Mais tout cela ne comptait pas beaucoup plus que les plaisanteries du journal quotidien, et semblait n’exercer presque aucune influence sur le cours de la vie sociale et économique, dont l’internationa-lisation était pratiquement sur le point d’être complète.

J.M. Keynes, Les conséquences économiques de la paix, 1919

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30 réactions et commentaires

  • Tycer // 24.12.2012 à 12h42

    Peut être que ce fut une période de croissance et d’amélioration des conditions de vie, mais je ne pense pas que cela reflètait la vie de beaucoup de français.
    Le % de paysans étaient encore extrêmement élevé, et eux, ils ne commandaient rien à l’autre bout de la planète.
    Les mineurs, non plus d’ailleurs.

    Donc J’estime que cette vision de Keyne est réservé au 0.1% d’une population.

    Et enfin la « mondialisation » de 1870 à 1920 c’était aussi de la colonisation brut et méchant.

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    • Incognitototo // 24.12.2012 à 13h49

      Absolument, c’est assez facile d’être prospère, quand on rançonne tout le reste du monde et qu’on le fait vivre dans un état de semi-esclavage…

      Ce genre de texte est assez typique de la vision égo-centrée des Anglo-saxons… ça n’a pas beaucoup changé d’ailleurs…

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    • Letaulier // 24.12.2012 à 14h22

      La vision de Keyne réservé au 0.1% d’une population?

      Donc 99,9% de la population était composée de mineur et de pauvres paysans! Un peu réducteurs. D’abord même la population est largement composée de paysans à cette époques, tous ne sont pas pauvres.

      Est-ce que la colonisation entre 1870 à 1920 était brute et méchante?
      Bien sûr mais pas plus que la colonisation de la Gaule par les Romains, de l’Espagne par les Arabes ou de la Chine par les Mongols. Mais je reconnais que cela devait être très dure pour les marchands d’esclaves arabes de ne plus pouvoir alors s’approvisionner en Afrique sub-saharienne à cause de la présence anglaise et des française.

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    • Alain34 // 24.12.2012 à 15h37

      0,1 %, faut pas exagere. Oui pour les commandes a l’autre bout du monde, mais pour le plus important : la nourriture, non !!!!
      Et la colonisation brute et mechante de l’epoque a laisse la place a un esclavagisme moderne ( tout aussi brute et mechant, mais loin des yeux et surtout, soit disant sans ingerance parceque justement, le colonialisme, c’est Mal)… franchement, je ne sais pas lequel est le pire…

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      • Letaulier // 24.12.2012 à 15h57

        Salut Alain,

        Si t’as des potes afro-Américains (Antillais, noirs des USA ou d’Amérique latine) dis leur que tu souffres peut-être plus en tant que salarié que leurs ancêtres dans les plantations de coton ou de cannes à sucre et racontes nous leurs réactions.

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        • Booster // 25.12.2012 à 10h52

          @letaulier

          J’ai personnellement une tout autre vision que celle enseignée par le système. Je constate qu’il est bien plus doux de vivre pour un noir aux USA ou aux antilles que dans la majorité des pays du continent africain. Quant à ceux présent en amérique latine, ils sont dans la moyenne des habitants. A noter qu’une amie brésilienne m’avait, à mon grand étonnement informé, qu’au Brésil avoir du sang indien était la « pire » des origines (à vérifier toutefois). Nous oublions aussi très souvent les conditions extrêmement difficiles et misérables dans lesquelles vivaient nos ancêtres en Europe, des européens ont aussi été mis en esclavages par les romains puis par les arabes pendant longtemps.

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          • Letaulier // 25.12.2012 à 12h06

            Quel rapport avec le choucroute? Je te parle d’esclaves et toi tu me parles de descendants d’esclaves.

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        • Alain34 // 25.12.2012 à 11h22

          Heu… J’ai parle de moi en tant que salarie ?(que je ne suis pas)
          L’esclavagisme moderne on ne le trouve pas (peu) en occident. J’ai dit loin des yeux : la chine, l’inde et ailleur.
          Je ne pense pas que la situation des employees de foxcomm soit beaucoup plus enviable que celle des esclaves dans les plantations…..

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  • LEMOINE // 24.12.2012 à 12h57

    Ecrire un article sur la 1ère mondialisation sans parler d’expansion coloniale : c’est une prouesse !

    Estimer que ce texte puisse nous aider à comprendre quoi que ce soit à la nature de ce qu’on appelle pudiquement aujourd’hui « la mondialisation », c’est aussi très fort.

    Vous devriez peut-être plutôt présenter et commenter le dernier livre de Samir Amin : « l’implosion du capitalisme contemporain ». Il n’utilise pas le mot de « mondialisation » mais caractérise le stade actuel du capitalisme comme « le capitalisme des monopoles généralisés, financiarisés et mondialisés ». C’est aussi très fort mais cette fois dans le sens où çà dérange.

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  • fabien775 // 24.12.2012 à 14h11

    Il faut lire un « riche de Londres ». Il est évident que cela concerne, comme toujours, une infime partie de la population qui s’accapare une grande partie des richesses de ce monde;

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  • Fabrice // 24.12.2012 à 18h32

    Je crois au vu des commentaires que le texte n’a pas été correctement lu car si on lit correctement et surtout ce passage on peut s’inquiéter:

    « Les visées et la politique du militarisme et de l’impérialisme, les rivalités de races et de cultures, les monopoles, les restrictions, les exclusions allaient jouer le rôle du serpent dans ce paradis »

    or quand on sait ce qu’il advint après une période de paix et de prospérité (en Occident je vous l’accorde), j’espère que nous ne revivrons pas le même cycle ou le pire advint, mais vu que le cycle des guerres s’allonge avec leur intensité on peut parfois s’inquiéter :

    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/47/War_East_300BC_2000_Intensity_Frequency.PNG,

    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c0/War_West_1600_2000_Intensity_Frequency.PNG

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  • Richard // 24.12.2012 à 18h32

    Et dire que certains, et même d’avantage, considèrent que Keynes est un homme de gauche!…
    Mais au fait, un économiste de gauche, ça existe ?… ^^

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    • Letaulier // 25.12.2012 à 10h20

      Personne ne considère Keynes comme un homme de gauche, à part ceux qui ne savent pas qui il est. La gauche utilise son nom à tort et à travers pour justifier une politique de relance économique par la dépense publique permanente alors que c’est pas vraiment ce qu’il préconise.

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      • Richard // 25.12.2012 à 13h44

        @ Letaulier: Donc beaucoup considèrent Keynes comme un économiste de gauche, merci!

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    • wuwei // 25.12.2012 à 13h55

      Un économiste de gauche c’est comme un tigre végétarien ou un Le Taulier bolchevique.

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    • keynesisback // 26.12.2012 à 20h37

      si vous aviez lu keynes vous comprendriez un peu le personnage (je vous renvoie au cercle de bloomsbury)

      oui keynes est libéral au sens anglais du terme et profondément de gauche dans sa manière de voir la vie. lisez sa biogragphie.

      que d’ignorance et de mépris dans votre commentaire

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      • Richard // 27.12.2012 à 00h47

        @ keynesisback.
        Votre altesse s’est-elle jamais posé la question de savoir ce que représente le concept de gauche et, dans l’affirmative, si celui-ci est miscible avec la loi du marché?…

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        • keynesisback // 27.12.2012 à 13h50

          la loi du marché????

          expliquez moi (vous qui savez tant de choses???)

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          • Richard // 27.12.2012 à 15h43

            Laissons donc la main à votre agressivité !

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          • lisezkeynes // 27.12.2012 à 16h33

            alors richard??

            la loi du marché???

            je suis très curieux de pouvoir vous lire sans agressivité

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          • keynesisback // 27.12.2012 à 16h35

            je remarque qu’après avoir été méprisant (votre altesse) la même personne se croit attaquée

            quelle tristesse!!

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          • Richard // 27.12.2012 à 21h28

            @ lisezkeynes (n’étant pas psy je laisserai votre collègue à ses soigneurs.)

            J’ai posé 2 questions ici plus haut: qu’est-ce que la « gauche » et la loi du marché est-elle miscible avec cette gauche. Procédons donc par ordre:

            Qu’est-ce que la « gauche »? Si une réponse claire et précise existait la gauche actuelle ne serait évidemment pas dispersée comme elle l’est, surtout au vu de la conjoncture qui aurait pu laisser croire qu’une unité se serait naturellement constituée face à un capitalisme en déroute… du moins pour ce qu’il nous en est dit.
            http://rvvaza.blogspot.fr/2012/11/lescrocrise.html

            Pour beaucoup la gauche se définit principalement par l’aspiration aux changements en faveur des classes sociales les plus modestes mais ce concept est pour le moins… élastique; est-ce être de gauche que de vouloir la misère secourue plutôt que supprimée? Si oui les patrons paternalistes du XIXème étaient d’indubitables gauchistes.

            Historique, le clivage droite/gauche correspond à une intuition largement répandue percevant l’opposition de deux classes via le conflit d’intérêt individu/collectivité.
            http://rvvaza.blogspot.fr/2012/01/clivage-droitegauche.html
            Dans cette perspective s’opposent donc une logique individualiste privilégiant tant les groupes d’appartenance que les individus et une logique collectiviste, ou plutôt socialiste, privilégiant la société. Et qu’est-ce que la « loi du marché » sinon la mise en concurrence des individus et des groupes d’appartenance (familles, entreprises…).

            Reste, in fine, la question de savoir si les effets de cette concurrence favorisent ou, au contraire, défavorisent la société au sens large du terme. La gauche a sa réponse, la droite à la sienne que d’ailleurs partage le P$ et le sujet de notre échange : Keynes

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          • hession // 28.12.2012 à 01h09

            votre analyse de kondratieff est insuffisante.

            nombreux sont ceux qui l’ont remis en cause

            des connaissances qui datent…..

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          • Richard // 28.12.2012 à 18h11

            @ hession: La question n’est pas ici d’analyser la théorie de Kondratief et de juger de sa validité ou de sa modernité, Modelski ou Goldstein (années ’80) auraient tout aussi bien fait l’affaire.

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          • hession // 28.12.2012 à 18h16

            de quelle concurrence parlez-vous?

            il y en a plusieurs formes

            de même de quel individu parlez-vous?. de l’individualisme abstrait ou concret?

            vous utilisez des termes tellement larges que l’ensemble devient confus et inaudible

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  • yoananda // 24.12.2012 à 23h27

    oui et tout cela pris fin avec le pic charbon, prélude a la première guerre mondiale, comme notre époque « dorée » prends fin avec le pic pétrolier.
    l’age d’or est revenu après 30 ans de transition entre le charbon et le pétrole, la machine à vapeur et le moteur diesel. Entre temps, on a eu 2 guerres mondiales et une crise financière de grand ampleur.

    l’histoire se répète en effet.

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  • Soulages // 26.12.2012 à 08h07

    Merci, Olivier, pour le lien, en haut de l’article, vers un site très intéressant.

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    • keynesisback // 26.12.2012 à 20h38

      oui merci de faire revivre keynes

      et merci pour vos interventions face à cet ignorant de doze dans l’émission les experts.

      continuez à lui rentrer dedans

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  • Armand // 26.12.2012 à 08h11

    Mis à part les critiques, justifiées je crois, qui ont été apportées à ce texte de Keynes, mon étonnement vient de ce qu’il fait démarrer la mondialisation capitaliste en 1870. C’est avoir les oeillères (ou un manque total de culture historique, mais on sait que ce n’est pas le cas.

    Voilà ce qu’on pouvait déjà lire en 1846 (pardonnez-moi si la citation est un peu longue) :
    « Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter par tout, exploiter partout, établir partout des relations.
    Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l’adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n’emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. À la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. À la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l’est pas moins des productions de l’esprit. Les œuvres intellectuelles d’une nation deviennent la propriété commune de toutes. L’étroitesse et l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle. »

    Surprise : ça sort du Manifeste communiste, de Marx et Engels (et oui !). Cet extrait lucide et prophétique (je n’en ai cité qu’un passage) peut se lire ici : http://www.alain.les-hurtig.org/pdf/marx.pdf

    Franchement je trouve qu’à côté de ce texte, celui de Keynes ne tient pas la route. Surtout, il ne nous permet pas de comprendre notre monde, alors qu’on a l’impression de lire du Berruyer (en plus lyrique !) quand on lit Marx dans le texte.

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    • Incognitototo // 26.12.2012 à 12h55

      Magnifique ! Merci de ce rappel qui m’a replongé dans mes jeunes années… quand je faisais de l’entrisme dans les cellules du PCF ;o))) Le texte intégral : http://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000.htm

      Dommage que Marx ait réduit sa vision « politique » de l’humain à « la lutte des classes », alors qu’il y a tant d’autres facteurs en jeu, dont un qui me parle beaucoup plus, c’est celui de « la lutte des places » (Vincent de Gaulejac et Isabelle Taboada Léonetti)…

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