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10.décembre.201510.12.2015 // Les Crises

Larry Lessig : la rébellion du professeur de Harvard, par Flore Vasseur

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Source : Flore Vasseur / Blog, 03-12-2015

Documentaire de 52 min diffusé le 28 octobre 2015 sur Arte

 

Je suis une grande fan du travail de Larry Lessig. J’ai réalisé une interview dans Le Monde début 2014, un long reportage papier dans XXI (en juin 2014), puis un premier docu en 26 minutes pour Arte (en mars 2015) laquelle chaine m’a demandé de l’allonger / mettre à jour en 52 minutes.

Entre temps, Lessig s’est porté candidat à la présidentielle US, les networks et le parti lui ont barré l’accès aux grands débats télévisés (ceux dont il a besoin pour placer ses idées au milieu de la table) et ce fut une castagne sans nom. J’ai profité de ce film (en conclusion) pour ouvrir sur ceux qui tentent aussi en France ou ailleurs de redonner une voix aux citoyens à savoir. Il y a aussi un développement sur l’incroyable travail de la députée islandaise Birgitta Jonsdottir, qui m’a elle aussi beaucoup inspirée .

Cette version là, longue et mise à peu près à jour, du film a été diffusée parr Arte fin octobre 2015. Ce docu est aussi le premier d’une série de films que j’ai créée dans le cadre d’un partenariat entre ARTE et les conférences TED à NYC, appelée TEDStories. Ils seront diffusés (et finis !) dans les prochains mois (on a été en Afrique du Sud et en Colombie pour le numéro 2 et 3 ; on attaque le 4).

Pascal Fuchs/ Cyrille Renaux / Photo : Sofia Saa

Source : Flore Vasseur / Blog, 03-12-2015

 

La rébellion du Professeur de Harvard

Source : Flore Vasseur / Blog, octobre-2015

Larry Lessig va se présenter à l’élection américaine. C’est la nouvelle étape, l’énième expérimentataion d’un homme qui, depuis 8 ans, fait tout ce qu’il peut pour nous alerter sur l’influence de l’argent en politique. Cela fait 18 mois qu’il s’est mis en route vraiment, lachant son magistère, descendant à même le bitume, allant au contact. J’ai eu la chance d’assister à ce moment là et de ne cesser de le documenter depuis. Voici mon premier reportage. Ce travail aura fait des petits et n’en finit pas de me porter.

Illustration : Christophe Merlin

Première Publication : XXI – JUILLET/AOÛT/SEPTEMBRE 2014

Version américaine disponible sur Medium Backchannel

Une pluie glacée s’abat sur Dixville Notch, à trente kilomètres de la frontière du Canada. En ce début d’année 2013, dans le contrefort des Appalaches, les montagnes du New Hampshire pleurent une neige mêlée de boue. Au bord d’un lac sombre, le Balsams Grand Resort, imposante bâtisse de bois et de béton, ressemble à l’hôtel du film Shining. Ce 11 janvier 2013, le Balsams Grand Resort est fermé et Dixville Notch déserté. Particularité que seule l’Amérique sait

inventer, c’est ici, dans ce hameau fantôme, que se joue depuis 1960 la première scène de l’élec- tion présidentielle. Tous les quatre ans, à la même époque peu après minuit, les caméras de CNN et Fox News envahissent la salle de bal. Frénétiques, elles relaient le premier résultat des élections primaires: une dizaine de voix, les quelques âmes du hameau, désignent les candidats républicain et démocrate. Elles font le vote, il préfigure du reste: depuis 1960, le hameau s’est rarement trompé.

À quelques centaines de metres de l’hotel, sur un parking balayé par la pluie, Lawrence Lessig serre les dents. Ses yeux bleu delavé cercles de lunettes fines, son large front, ses mains délicates d’intellectuel émergent difficilement d’un large poncho vert. Le patron de la chaire d’éthique et de leadership de Harvard ajuste ses crampons, se maudit.

À 52 ans, il s’apprête à quitter les sentiers battus d’un parcours sans faute jusqu’au poste de juge à la Cour suprême. Cours, conférences, livres, le professeur vedette a épuisé toutes les voies traditionnelles. Il lui reste la marche. À trois bonnes heures de Boston, de sa famille, de ses cours, de son pupitre, de ses amis de Washington, il lance sa New Hampshire Rebellion, une croisade contre la toute-puissance de l’argent en politique.

Assailli par la pluie glacée, le regard vide, Lawrence Lessig sourit tristement à la vingtaine de personnes ayant répondu à l’appel posté huit semaines plus tôt sur son blog. Sa troupe improvisée est venue des quatre coins du pays. En bâtons de marche et Gore-Tex, ils sont volontaires pour affronter le froid, le gel, le doute.

Sous les bonnets et visières, des avocats à la retraite, des développeurs informatiques, des militants du logiciel libre ou de la réforme de la Constitution, des anciens Marines, un pompier et son père, un couple de psychothérapeutes, des chômeurs, des cyberpunks. Ils se sont rencontrés la veille, dans le hall de la gare routière du Boston Express, point de ralliement initial. Jusqu’ici, ils n’ont échangé qu’e-mails, résumant çà et là motivations, compétences et ambitions: marcher, conduire l’un des véhicules, veiller au café ou sur les autres.

D’abord, tomber les costumes

Entre un distributeur Coca-Cola et un palmier en plastique, Rick, Kevin, Chris, Cailin, Bruce, Mark, Mary se sont salués brièvement, se dévisageant en silence, hésitant à rentrer chez eux. Peu de mots ont circulé. Chacun a apporté bagage et bonnes raisons de se mettre en route, aucun n’a rebroussé chemin. Ils ont entre 27 et 78 ans, viennent d’horizons différents. Nul ne se ressemble, ne sait à quoi s’attendre. Parés pour l’aventure, ils ont les yeux braqués sur Larry Lessig.

Grave, un peu voûté, il salue chacun. Cela fait des années qu’ils l’écoutent. Il connaît l’histoire américaine comme personne et Washington comme sa poche. Il maîtrise les codes. Pour faire tomber les masques, il lui faut d’abord tomber ses costumes de conférencier brillant, d’avocat redouté, de messie de l’Internet libre. Et accepter de mener son monde.

Sur la scène intellectuelle américaine, Larry Lessig fait figure d’ovni. Respecté des républicains comme des démocrates, influent à la Silicon Valley et à Wall Street, il a longtemps été «l’Elvis Presley du droit de l’Internet». Non pour son côté rock and roll, mais pour son statut de King: «Il ne fait pas la loi, il est la loi», écrit en 1993 Steven Levy, journa- liste à Wired, la bible des nouvelles technologies.

Ses yeux bleu délavé cerclés de lunettes fines, son large front, ses mains délicates d’intellectuel émergent difficilement d’un large poncho vert. Le patron de la chaire «d’éthique et de leadership» de Harvard ajuste ses crampons.

Au nom du nécessaire renouveau démocratique, Larry Lessig dénonce depuis sept ans l’argent roi à Washington. Pour lui, aucune réforme d’ampleur n’est envisageable sans revoir le financement des campagnes électorales.

Bête noire des dinosaures de la culture et du divertissement, de Microsoft à Disney, Larry Lessig a révolutionné le droit d’auteur en inventant le concept de licences libres.

Depuis sept ans, il a lâché son sujet fétiche pour dénoncer l’argent roi à Washington au nom du nécessaire renouveau démocratique de la société américaine. Pour lui, aucune réforme d’ampleur sur le climat, la finance, les armes ou l’éducation n’est envisageable tant que les modalités de finan- cement des campagnes électorales ne sont pas réécrites. L’argent donne l’accès, l’accès fait l’influence, l’influence dicte la décision. Peu importe les idées, peu importe les promesses, peu importe qui donne – les banques, big pharma, les milliardaires… Dans 96% des cas, les élections se jouent sur l’argent. Un congressiste passe en moyenne 30 à 70% de son temps à lever des fonds pour son parti: «Cela devient son quotidien, son obsession. Il n’a d’attention que pour ses donateurs, devient hypersensible à leurs demandes», assure Lessig.

Invisibles et implacables, les lobbies gangrènent la démocratie. Le peuple, l’intérêt général, le débat héritent d’un strapontin: «Personne, aucun sens moral, ne peut résister aux montants en présence. C’est comme si vous ouvriez la porte d’un avion en altitude, tout être humain explose. Il nous faut des hommes politiques qui passent les réformes nécessaires pour en finir.»

Le gouvernement se fourvoie dans une guerre contre tous les terrorismes, l’ennemi est à l’interieur. House of Cards.

 

Pour défier Washington, faut-il être fou ou désespéré?

Comme orateur, Larry Lessig est un esthète qui subjugue. Ses présentations hyperléchées sont minutées au chronomètre, chaque mot est pesé et posé. D’un naturel discret et réservé, volontiers refugié dans une attitude taciturne, dès qu’il prend un micro sa poitrine s’ouvre, sa voix et ses yeux se durcissent. Il remplit les salles, sans chercher à séduire. Maître de la plaidoirie, formé à la philo- sophie, à l’économie et au droit, poète à ses heures, sincère, bosseur, protégé par son statut de grand universitaire, il est une pointure que l’on déplace en première classe, de Bruxelles à Séoul.

Il a conseillé les républicains, les démocrates. Il a fait campagne pour Barack Obama, avec lequel il a enseigné à Chicago pour ensuite dénoncer sa tra- hison. Plusieurs fois il a cru trouver son champion. Aucun n’a tenu, tous l’ont déçu. Larry Lessig a cherché sa place. Il a pensé devenir congressiste pour réformer le système de l’intérieur. Il a lancé pléthore d’initiatives. Médailles, discours et dis- tinctions se sont accumulés. Son talent, son réseau, ses analyses n’ont rien changé. Depuis sept ans, il dompte son impuissance.

La pluie redouble et teint tout de gris. La lumière du matin ne prend pas. Japhet, 1,90 mètre de bien- veillance et de bon sens, tend des gilets orange fluo. Beau garçon aux dents blanches, il donne les premières consignes: marcher en file indienne, se méfier du chasse-neige, de la pluie qui gèle les os, ne laisser personne à la traîne, veiller les uns sur les autres. Dès les premières minutes, Japhet s’impose comme le boy-scout de l’opération, solide et chaleu- reux. Au centre du parking, il déploie une bannière à la gloire de la New Hampshire Rebellion derrière laquelle les marcheurs se regroupent. Larry Lessig pose un genou à terre, sans un sourire.

Cliché inaugural, avant huit cents autres. Il faut quitter le no man’s land et s’offrir à l’aventure. Trois cents kilomètres les attendent.

Pour défier Washington en marchant accompagné d’une armée de bénévoles anonymes, faut-il être fou ou désespéré?

Aaron Swartz, l’inspirateur

En silence, Larry Lessig quitte le parking trans- formé en patinoire par le gel. Début de la vie en crampons, au contact, sans les livres ni les estrades qui protègent. Sous son poncho vert, ses jambes se perdent dans son jean sombre. Son polo noir barré du nom «Aaron Swartz» lui brûle la peau. Avant d’être un jour de départ, ce 11 janvier 2013 est un jour de deuil. Et s’il est fou, ce matin, c’est surtout de chagrin.

Sans coup de semonce ni cri de ralliement, les yeux bloqués sur le bitume gelé, le professeur de Harvard traverse la route et laisse échapper un: «Now I am scared!» Le souvenir de son altercation avec un client aviné du motel la veille lui glace les sangs: «Vous allez sur nos routes sans protection? Vous allez tous mourir!» Éternel insatisfait, le pessimisme est sa marque de fabrique, mais la peur? Redoute-t-il l’accident, l’aventure ou la métamorphose? Aura-t-il la force de porter les autres marcheurs, lui qui n’est pas sûr de tenir sur ses jambes? Aura-t-il la force de leur parler, lui qui ce matin n’arrive à prononcer mot? Qui est-il au fond: élite ou rebelle? Professeur star ou messie en crampons?

Parvenu de l’autre côté de la route, il se retourne: personne ne l’a suivi. Il s’agace. Vont-ils le ralentir ou les a-t-il déjà oubliés? Il leur fait un signe de la tête. Les marcheurs le rejoignent pour la première étape, un petit quinze kilomètres face à un mur de pluie. Partir au front ne se fait pas sans douleur, violence, ni sacrifice.

C’est un arrache-ment. Etrange mise en route. La New Hampshire Rebellion démarre comme un cortège funèbre, la famille devant. Ce jour-là, il veut avancer seul en tête, seul avec l’ombre d’Aaron.

Quand il a rencontré Aaron Swartz, l’ado de 14 ans venait de créer le flux RSS. Il venait aussi de dévorer le livre de Larry Lessig, Code and Other Laws of Cyberspace, la bible de la communauté du Web. Pour Aaron Swartz, il était l’un des rares adultes à comprendre la signification politique de l’Internet. Il était venu le lui dire.

Larry Lessig avait vu débarquer ce garçon à la silhouette mal dégrossie et aux t-shirts «de grand» qui trimballait partout un cartable lesté de son ordinateur, ses câbles, ses disques durs. Lessig vivait déjà entouré d’esprits brillants, dans une espèce de bulle. En quelques phrases, du haut de son mètre cinquante, Aaron Swartz l’avait fait craquer: Lessig avait découvert un enfant aux raisonnements de sage.

«Du sang, de la sueur et des larmes»: l’Amérique s’est construite à coup de mythes, de conquêtes et de sacrifices, s’emporte
le jeune homme. Elle s’est nourrie de héros impossibles comme Lessig.

Malgré leurs vingt-six années d’écart, Larry et Aaron ne se sont plus quittés. Chacun a trouvé dans le génie de l’autre une consolation au sentiment de ne jamais être compris. Même passion pour les livres, même soif de comprendre et d’expliquer le monde. Larry Lessig avait une idée, Aaron Swartz la rendait possible.

Ensemble, ils ont créé Creative Commons, la plate-forme de licences libres qui a brisé en 1999 les codes de la propriété intellectuelle et rendu possible l’Internet libre. Aaron a fait «accidentellement» fortune à 19 ans en vendant sa première start-up à Condé Nast. Il a intégré et claqué la porte du groupe de presse au bout de quelques semaines, pleurant d’ennui dans les toilettes, puis fait de même à l’uni- versité de Stanford. Sur un banc à Berlin en 2007, il a convaincu Larry Lessig de se consacrer à la corruption endémique à Washington. Avant tout le monde, il avait vu son effet létal et systémique. Il a été de tous les projets de son aîné, de toutes ses batailles. Avec recul, Aaron a guidé Lessig.

 

«Hackers de la bonne cause, nous avons perdu l’un des nôtres»

Larry Lessig a vu son ami muer, s’étoffer, devenir millionnaire, militer pour la défense d’un Internet libre. Il l’aimait comme un fils, l’écoutait comme un maître, le couvait comme un joyau. Il l’a aidé contre la dépression, la solitude, le procès terrible qui l’a opposé au gouvernement nord-américain après qu’il a piraté les serveurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), son paradis. «Aaron était dangereux, non parce qu’il volait des cartes bleues, bloquait des sites gouverne- mentaux ou subtilisait des informations confiden- tielles. Mais parce qu’il voulait changer le monde en libérant l’Internet», répète Lessig, la voix cassée dès qu’il prononce le nom de son ami.

Ruiné par deux années de procédure, miné par un verdict qui semblait inévitable, Aaron Swartz s’est pendu à 26 ans, foudroyant la communauté du web. Tim Berner Lee, l’inventeur d’Internet, a tweeté: «Aaron est mort. Vagabonds du monde, nous venons de perdre un aîné avisé. Hackers de la bonne cause, nous avons perdu l’un des nôtres. Parents, nous avons perdu un enfant. Pleurons.» Et Larry Lessig, l’adulte qui avait été son ami et confident, qui l’avait connu enfant pour le voir devenir homme, n’a rien vu venir. C’était il y a un an, jour pour jour.

Il réapparaît quelques semaines plus tard à Long Beach, sur la scène d’une conférence TED, la grand-messe du gotha de la Silicon Valley et de tous ceux, entrepreneurs, artistes, chercheurs qui «veulent changer le monde». À ce parterre d’éternels optimistes, Larry Lessig livre, en dix-huit minutes, visage fermé, une de ses plus belles interventions: leurs idées et technologies pour «améliorer la vie» ne serviront à rien tant que l’on ne libérera pas la décision politique de l’emprise de l’argent.

Accessible sur le Net, la vidéo de son interven- tion cumule vite plus d’un million de vues. Lessig retourne à sa vie de père de trois jeunes enfants, à son travail pour ne pas perdre pied, bataillant contre la culpabilité de ne pas en avoir fait assez. Pour s’éblouir ou fuir, il accepte quelques invita- tions, comme celle du groupe Bilderberg, temple des 0,001% les plus riches du monde. Il rase les couloirs, sans desserrer les dents. Il s’enferme dans sa chambre, sans rien comprendre. Partout, il est mal car il «a» mal. Il a perdu un fils et le monde un génie. Double peine.

À l’approche de la date anniversaire de la mort d’Aaron, il pense marcher seul quelque part, dans le froid, contre les éléments. Il veut faire face au deuil, ne pas être distrait. Il espère retrouver un peu de son ami, arrêter le temps. Pour ne pas renon- cer, il en parle autour de lui. Il aurait pu solliciter ses «amis» dans la Silicon Valley ou à Washington, faire parler le carnet d’adresses. Il appele Japhet qu’il avait repéré en 2007 alors qu’il tractait pour un candidat aux primaires démocrates et lui confie, avant tout le monde, son désir de sédition.

L’orphelin des routes du New Hampshire

Japhet bondit: l’occasion est trop belle, il faut transformer ce deuil en acte politique, marcher pour quelque chose. «Du sang, de la sueur et des larmes»: l’Amérique s’est construite à coup de mythes, de conquêtes et de sacrifices, s’emporte le jeune homme. Elle s’est nourrie de héros impos- sibles comme Lessig et de discours comme les siens. Manque le lieu improbable et signifiant: le New Hampshire, son rôle clé dans le processus électoral et son esprit d’indépendance.

En quelques minutes, ils posent les bases de ce projet fou: parcourir à pied trois cents kilomètres de cet État par lequel tout commence et donc tout arrive, dans le froid et la tempête. Pour réveiller l’âme des rebelles qui y sommeille, il faut aussi convoquer les mythes. Larry et Japhet pensent immédiate- ment à Doris Haddock, alias «Granny D.», figure emblématique du New Hampshire et de ses velléités d’indépendance. À 88 ans, Doris Haddock est entrée en campagne contre la corruption à Washington et a commencé par sillonner son quartier en portant sur son dos squelettique un panneau: «Change campaign reform», ce qui a amusé sa famille et intrigué les voisins.

Le 1er janvier 1999, elle s’élançe de Los Angeles, seule et à pied. Forte tête, nourrie et logée par les habitants, il faudra qu’elle fasse un malaise dans la vallée de la Mort pour que les médias s’intéressent à elle et ne la lâchent plus. À l’arrivée à Washington, après avoir affronté la soif, le froid, la neige, elle est accueillie par 2 200 personnes. Arrière-grand-mère seize fois, elle se présente au Congrès en 2004, à 94 ans. À sa mort, à 100 ans, l’ancien président Jimmy Carter déclare: «Le problème avec Granny D. est qu’elle nous a tous transformés en fossiles.»

Larry et Japhet tiennent leur fil: la New Hampshire Rebellion démarrera le jour de la mort d’Aaron Swartz, enfant de l’Internet, suicidé d’être si mal compris, pour aboutir le jour de la naissance de Granny D., symbole d’une Amérique insoumise et increvable. Aaron Swartz et Granny D.: deux figures de la lutte contre le renoncement, deux générations clés au poids électoral certain, les vieux qui n’ont plus rien à perdre, les jeunes qui pensent avoir tout à gagner.

Pour «gérer» l’opération, ils appellent Jeff, un trentenaire au physique droit sorti de Top Gun. Jeff travaille sur l’un des projets de mobilisation citoyenne de Larry Lessig, il connaît aussi le New Hampshire, sa topographie géographique et poli- tique comme personne. Ensemble, ils tracent le parcours, dégotant gîtes, motels ou volontaires pour l’hébergement des marcheurs. Ils identi- fient les passages difficiles, contactent des relais pour organiser des prises de paroles, collectent 15000 dollars et trouvent une équipe pour filmer la marche.

Pour écrire l’histoire, il faut la maîtriser. La faire connaître aussi. À une semaine du départ, Szelena, une jeune et longue Américano-Hongroise, rejoint l’équipe. Larry Lessig l’a embauchée à sa sortie d’Harvard pour l’aider dans ses recherches et projets. Japhet, Jeff, Szelena ont connu et travaillé avec Aaron Swartz. Tous trois savent le gouffre laissé.

Pour affronter l’inconnu, Larry Lessig s’entoure de sang neuf, d’enthousiasme, de bienveillance. Ses compagnons de route endossent le rôe, font leur sa cause. Larry Lessig veut marcher, faire la preuve. Contre la corruption et pour Aaron, pour lequel il a peut-être éteé une sorte de père. Sur les routes du New Hampshire, c’est lui l’orphelin.

L’Amérique dans son jus

La première étape de la New Hampshire Rebellion est une procession besogneuse dans un paysage désolé. Par sécurité, les volontaires avancent en binômes. Marcher, c’est se remettre à hauteur d’homme, ralentir le pas et lever les yeux si la pluie et le froid le permettent. Dès les pre- miers kilomètres, Greg peine à l’arrière. Ses 65 ans et son vieil équipement de l’armée l’alourdissent. Sous son visage un peu dur d’ancien militaire, il se mortifie. Il a toujours mené son monde, comme au Viêtnam lorsqu’il ramenait sa troupe. Trahi par sa carcasse éreintée, il accepte de guerre lasse de grimper dans la caravane.

Dès le premier jour, Dave et sa caravane deviennent un refuge, la porte ouverte vers un café chaud, un abri, un siège, une parole d’encou- ragement ou juste un sourire. Pots de beurre de cacahuète, tranches de pain de mie, barres de céréales bio, pommes, clémentines, houmous en barquettes et pansements double peau débordent des placards. Autour du coin repas, les plus mal chaussés exposent leurs blessures. Pour lier un groupe, rien de tel que de soigner les petits bobos. Pour ensuite partager les grands?

Aaron Swartz et Granny D.: deux figures de la lutte contre le renoncement, deux générations clés au poids électoral certain, les vieux qui n’ont plus rien à perdre, les jeunes qui pensent avoir tout à gagner.

La serveuse virevolte entre les tables. Pour accueillir le groupe, elle a mis un nouveau chandail. Quand elle apprend l’objet de la croisade, Debby double les doses à l’œil. Dure à cuire, elle ne fait pas ses 65 ans.

À la tombée de la nuit, les marcheurs atteignent Errol, un village Nouvelle-Angleterre traversé de part en part par la nationale 26. À l’entrée, le musée de la motoneige, à droite la grande surface du bri- colage, à gauche l’église, le Dinner et l’unique motel rouvert pour l’occasion. Les marcheurs partagent une chambre à deux. Larry Lessig garde ses distances. Il dort seul avec ses questions, son blog à mettre à jour, ses enfants à rassurer, son discours à préparer pour le lendemain.

Japhet respire, soulagé. Personne n’a souffert d’hypothermie, personne n’est passé sous un des énormes camions chargés de troncs d’arbres qui descendent en roue libre du Canada. La New Hampshire Rebellion accueille qui veut et prend tout à ses frais. Un accroc, un blessé, et la belle histoire du grand professeur de Harvard parti en croisade contre la corruption s’effondre. Ce soir, chacun dispose d’un lit, d’une douche et d’un repas. Il ne reste qu’à répéter l’initiative, quatorze fois pour quatorze étapes.

 

«Voilà pour toi, “honey”!»

Odeur de bacon frit, affiches lumineuses, guir- landes électriques, sucre et ketchup sur les tables: au Dinner, l’Amérique est dans son jus. Les langues se délient autour des premières bières et kilomètres partagés. Derrière un masque impavide, Larry Lessig fulmine. Pour clore la journée, il voulait projeter un documentaire consacré à la mémoire d’Aaron Swartz. Pour lui, c’est un moyen de remer- cier les marcheurs, une manière aussi de partager son chagrin. DVD, ordinateur, enceinte, rétro-projecteur: il a tout préparé. Et tout oublié dans le coffre de sa voiture abandonnée sur le parking du Boston Express.

Dans les assiettes, le poulet ressemble à une éponge passée et le jaune d’œuf tend vers le fluo. Larry Lessig ponctue la lecture du menu d’un: «This is poison.» En s’attaquant à la corruption, il a changé d’hygiène de vie: plus de junk food, peu de viande et de pain, beaucoup de légumes et des amandes avalées par poignées. Tout le ramène à son sujet. L’alimentation aux États-Unis est, dit- il, un cas d’école de la soumission de Washington à l’influence du lobby de l’agroalimentaire. Condamnées à la malbouffe, rongées par le diabète dès la petite enfance, les populations dépérissent intoxiquées.

En sept années de bataille contre la corruption, Larry Lessig a perdu trente kilos et rajeuni de cinq ans. Il n’a jamais renouvelé sa garde-robe, il ne veut pas oublier qu’il ne faut rien céder. À fréquenter les puissants, il sait qu’il est si humain de se corrompre. Affamé, il se jette sur la salade sans sauce, en recommande une autre.

Debby, la serveuse, virevolte entre les tables. Pour accueillir le groupe, elle a mis un nouveau chandail. Quand elle apprend l’objet de la croi- sade, elle double les doses à l’œil. À l’étroit dans son jean, elle ne fait pas ses 65 ans. Dure à cuire, abonnée aux longs hivers et à la vie entre soi, Debby sait que d’ici janvier 2016 les «apprentis pantins de Washington» vont venir draguer le New Hampshire jusqu’au comptoir de son propre Dinner. À l’église, dans les jardins autour des barbecues du dimanche, ils vont écouter les habitants, leur répondre, dormir dans les motels, partager une bière, prendre des nouvelles du petit dernier et beaucoup de notes. Pour sa dernière campagne, Obama est venu vingt fois!

«Ici les électeurs ont un poids politique consi- dérable. Le New Hampshire dicte l’histoire, c’est là que se définissent les thèmes de campagnes», insiste Japhet. «Si les habitants s’en mêlent, l’argent à Washington peut devenir l’unique thème de la pro- chaine présidentielle.» Lessig veut qu’ils harcèlent les candidats aux primaires avec l’unique question valable: qu’allez-vous faire contre la corruption à Washington?

De sa voix enrouée par la cigarette, Debby tend chaque plat en le ponctuant d’un: «Voilà pour toi, “honey”!» Aux plus âgés de la troupe, elle lance qu’ils sont «fantastiques». Kevin, Greg, Rick ont passé la barre des 70 ans. Ils se préparent à enchaîner chaque jour les kilomètres. Tête haute mais regard doux, ils n’entendent rien lâcher.

 

Greg le vétéran et Kevin l’insoumis

Embarquer des inconnus sur une route vergla- cée en plein hiver n’est pas sans risque ni surprise. Japhet passe son temps à anticiper menaces et pro- blèmes, notamment en faisant «circuler la parole».

Au soir de la première étape, Larry Lessig ouvre le ban: «96% de nos concitoyens considèrent que le Congrès est inutile. 91% pensent qu’on ne peut rien faire. Je veux que vous m’aidiez à trouver et mobiliser ces 5%». Un œil sur Greg, le vétéran du Viêtnam, il ajoute: «Nous ne sommes pas là à titre individuel, mais comme groupe. Cette marche, ce n’est pas une compétition, ce qui compte c’est d’aller au bout, ensemble.»

Embarqueé sur le même radeau, chacun se raconte en quelques mots. Le regard de Larry Lessig change. Face à lui, le professeur de Harvard n’a plus des inconnus, ni même les illuminés qu’il redoutait, mais des personnes riches de leurs colères et frustrations. Des personnalités «limites» parce que «pas d’accord» comme lui, mais qui vont avancer «avec lui».

Ils ne croient plus à la politique traditionnelle, corps nécrosé. Ils se sentent à la marge, à l’étroit, à côté. Ils sont venus chercher du courage, une utilité. Les plus jeunes rencontrent l’expérience, les plus âgés une fraîcheur. Arrivés seuls, ils trouvent une communauté. Cela fait longtemps que tous cherchent à s’engager ou à se réengager. «Il doit bien y avoir un moyen de sortir de cet atavisme, de faire quelque chose», s’exclame Oliver, anarchiste déclaré qui a fait ses classes au sein des squats de Tompkins Square, à Manhattan, dans les années 1990:

«Le 11-Septembre a fait taire tous les activistes. Nous sommes devenus apathiques. Ils ont utilisé la culture de la peur pour nous manipuler. Personnellement, c’est la première fois que j’arrive à dépasser cela.»

À les entendre, la New Hampshire Rebellion est l’endroit où précisément ils peuvent «être». L’épreuve de ces trois cents kilomètres dans le froid est un chemin vers la dignité. Les crampons sont utiles, mais les masques doivent tomber. Celui de l’Amérique d’abord. Est-ce parce qu’ils ont connu la guerre, cet angle mort de l’American Way of Life? Ils sont d’accord: leur pays «comme mythe de progrès et de liberté est une grande arnaque».

Greg le vétéran raconte sa profonde colère de retour du Viêtnam: «L’Amérique, cela doit être autre chose que l’argument du bien pour déguiser la réalité du mal.» De la guerre, il a rapporté un choc post-traumatique qu’il pensait avoir terras- sé, jusqu’à l’enterrement d’Aaron Swartz: «Je ne connaissais pas ce garçon, mais j’ai senti ce jour-là qu’il se passait quelque chose de grave, que c’était grave.» Il lui dédie sa marche, cite le philosophe slovène Slavoj Žižek:«Nous n’avons plus les mots pour expliquer combien nous sommes baisés. Nous avons perdu notre capacité à être vulnérables. Cela nous revient en pleine figure.»

Avec son physique de cow-boy, sa peau décapée par le soleil, son regard clair et franc, son port de tête altier, Kevin est le personnage le plus impression- nant de la troupe de marcheurs. Quand ils grelottent sous leur polaire high-tech, lui avance en chemise de jean délavé. Inoxydable à 75 ans passés, il ouvre la voie dès le cinquième jour. La route est son quoti- dien. Il n’éprouve aucune nécessité de crier sa colère.

Insoumis en 1970 pendant la guerre du Viêtnam, Kevin a côtoyé vingt mois en prison les frères Berrigan, deux figures de l’opposition à la guerre du Viêtnam. «La tôle a été mon université.» À sa sortie, il décide de vivre «hors de la normalité», de petits boulots en actions de désobéissance civile. Pacifiste, il rejoint Plowshares, le mouvement des frères Berrigan contre les armes nucléaires, et se forme à «la science du climat» pendant vingt ans. Sans ces choix, dit-il, «je n’aurais jamais eu accès à la vérité, à la beauté de l’humanité et à la déliquescence profonde de notre système». Pour lui, l’échec d’Obama aux négociations sur le climat de Copenhague «est pire que la décision de Nixon de bombarder le Viêtnam». Sa haine des guerres de l’Amérique d’aujourd’hui – «Nous devons arrêter de tuer» – est aussi forte que son amour pour ses compatriotes: «Je suis désolé que mes camarades aient été floués à ce point, mais je les aime.»

Greg le contemple, serein: «Avec Kevin, nous avons fait des choix opposés. Je ne regrette rien, mais, franchement, j’ai combattu au Viêtnam et voyez comme j’ai du mal à avancer, le corps esquinté à l’agent orange. Kevin a ignoré l’appel des drapeaux, et regardez comme il cavale. Le silence, finalement, est quelque chose de puissant.»

 

Michael qui était pétrifié, Jonathan qui rêve d’être dans les manuels scolaires

Michael, 30 ans, a vu sa vie vrillée par la guerre. Il s’est engagé pour échapper à son destin: «J’étais un homme raté. Ma femme me trompait, mon père était en train de mourir, je n’arrivais pas à me décro- cher de la drogue. L’armée en a fait son beurre.» Infirmier militaire en Afghanistan, il tient huit mois.

De retour en 2008, il redoute de retomber dans l’héroïne et, de thérapie en thérapie, se tient hyperoccupé. Il accepte l’argent de l’armée pour intégrer l’université, où il se lance dans une analyse de la crise des «subprimes» puisque, à l’époque, «personne ne pouvait expliquer ce qu’il s’était passé»: «Il était temps que je commence à penser par moi-même, l’armée casse ca en toi. Pour elle, c’est l’objectif.»

Quand les premières tentes d’Occupy Wall Street apparaissent à Providence, sa ville dans l’État de Rhode Island, il devient un des piliers du campement: «Je suis d’une famille catholique, ce mouvement m’a appris les valeurs de gauche.» L’hiver pointant, il négocie la levée du campement contre la construction d’un centre d’accueil pour démunis. «On m’en a voulu. À partir de là, je n’ai plus rien fait, j’étais pétrifié.» Meurtri et désabusé, Michael sombre, jusqu’à la mort d’Aaron Swartz qu’il suit sur les forums de codeurs informatiques: «J’ai eu peur de ne jamais me réengager. Je cherchais une bonne occasion, car je sais que si je m’y mets, cela va devenir ma vie.»

Pendant les quinze jours de la New Hampshire Rebellion, Michael bataille contre ses démons. Un jour, l’homme qui «dessinait sans cesse à l’école pour ne pas être embêté» réalise un magnifique portrait de Granny D. Le lendemain, volubile, il aide les autres et porte leurs sacs. Le jour d’après, il se fait morne et somnole à l’avant de la caravane en se demandant s’il doit quitter la marche.

Jacob, créateur de jeux vidéo, a rencontré Michael dans le campement d’Occupy Providence. Cailin, la jolie blonde décolorée de Brooklyn qui s’occupe d’enfants autistes, a, elle aussi, rejoint Occupy Wall Street. Ils ont aimé l’énergie, le partage de la parole et de la prise de décision.

Mais ils ont détesté que rien n’en sorte vraiment. La New Hampshire Rebellion entend apprendre des mouvements de contestation, qu’ils soient progressistes comme Occupy ou conservateurs comme le Tea Party. Les marcheurs veulent des objectifs clairs, des actions tangibles.

Avocats à la retraite, Rudolph et Mary, participent aussi à l’aventure. Expatriés pendant des années, ils se séparent rarement, font peu d’arrêts et enquillent les miles sans broncher. C’est leur première expérience engagée.

Allan, 65 ans, a convaincu son fils Jonathan, pompier à San Diego, de l’accompagner. Père et fils partagent physique athlétique, goût des autres et inquiétudes pour leur pays. Allan siège au conseil d’administration de la Coalition for Open Democracy pour le New Hampshire. Comme Rick et Dick, deux retraités, il milite de longue date pour plus de transparence et d’intégrité.

Arrivé avec des pieds de plombs, son fils Jonathan devient un homme clé: désigneé infirmier de l’expédition, il manie le pansement double peau comme personne. “J’ai rêvé cette nuit que ce que nous faisions serait un jour dans les manuels scolaires», confie-t-il un matin.

Quelques-uns restés en retrait, comme Bruce, s’enthousiasment du contact retrouvé avec la nature et le temps: «Marcher, c’est contempler, se remettre à rêver et à penser pour soi. J’en ai tellement besoin. Il était temps que je sorte de ma voiture, que je m’arrête.»

D’autres comme Alex, mathématicien tren- tenaire qui rêve d’intégrer le département des crimes en col blanc du FBI, établissent leur pro- gramme de marche selon les conversations à mener: «C’est tellement rare de prendre le temps de se rencontrer et de s’ouvrir à des champs que l’on ne connaît pas.»

L’urgence de réinventer un pays

Avec le retour du soleil, l’ambiance se détend. Le long de la route, les marcheurs parlent d’eux- mêmes, de comptabilité quantique, de réseaux sociaux, d’Obamacare, du rôle des États-Unis en Afghanistan, de manipulation, du pouvoir d’Hollywood, de la vie dans les bois, de climat, de modèle systémique. «Nos jours sont pleins de conversations qui nous lient à jamais», remarque le peu volubile Kevin.

Quand un grand aigle à tête blanche, emblème national des Étas-Unis, vient planer au-dessus des marcheurs, tous s’émeuvent du signe. «

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Commentaire recommandé

Sjoberg // 10.12.2015 à 08h03

Bonjour et Merci pour ce texte qui m’a permis de découvrir le blog de Flore Vasseur que je ne connaissais pas et qui regorge de pépites. Décidément, Les crises s’avère être un formidable portail qui nous ouvre les portes d’un avenir aux horizons multiples que l’on entrevoit au travers des inititatives courageuses. C’est important, car nous sommes tous d’accord pour dénoncer les folies qui nous encerclent mais penser que l’on peut s’en extraire rassure et donne du courage à la manman que je suis. Bonne journée à vous tous.

6 réactions et commentaires

  • Sjoberg // 10.12.2015 à 08h03

    Bonjour et Merci pour ce texte qui m’a permis de découvrir le blog de Flore Vasseur que je ne connaissais pas et qui regorge de pépites. Décidément, Les crises s’avère être un formidable portail qui nous ouvre les portes d’un avenir aux horizons multiples que l’on entrevoit au travers des inititatives courageuses. C’est important, car nous sommes tous d’accord pour dénoncer les folies qui nous encerclent mais penser que l’on peut s’en extraire rassure et donne du courage à la manman que je suis. Bonne journée à vous tous.

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  • TZYACK // 10.12.2015 à 08h33

    Ne connaissent-ils pas Transparency International ?

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  • François Lacoste // 10.12.2015 à 09h28

    Après cette longue et édifiante lecture que n’aurait pas renié le Reader-Digest de mon enfance, nous voilà rassuré par Flore Vasseur, il existe UNE solution aux problèmes des USA et du monde donc.
    Après tout c’est mieux que rien et ça ne peut pas faire de mal. J’avoue ne pas être totalement pris sous le charme de ARTE et donc je ne suis pas surpris que ce soit cette chaîne qui se charge de porter haut la bonne nouvelle.

    Mais supposons que la loi limitant les dons d’argent aux candidats, indignement supprimée par le président B. Obama, soit rétablie et surtout durcie au point de permettre à un chômeur sans ressource et couvert de dettes de rivaliser avec Donald Trump ou Hillary Clinton à armes égales. Il resterait à la faire respecter, c’est pas gagné! Supposons cependant qu’on y parviennent.
    Qu’en serait-il alors des médias?
    Car si la location des salles, l’achat des calicots, des heures de publicité sur les télés dans les radios et sur internet (oui internet aussi) peut être soumis à une législation, qu’en est-il des médias « d’information »?
    Quelle « Marche dans le désert » pourra faire que le monde des médias ne soit plus la seule propriété de ses propriétaires?
    Quelle autorité pourra imposer aux médias une obligation de neutralité?
    Après tout, par définition, la neutralité d’un média d’opinion ne peut être imposé.
    Bref cela semble bien problématique et si la limitation des dons est souhaitable, bien que ça se discute dans un pays qui chérit la liberté, il semble que le fond du problème soit beaucoup plus compliqué qu’ARTE et nous même pourrions le croire même durant le court instant d’un documentaire calibré 58′.
    Nous nous apercevons une fois de plus que les médias sont au centre du pouvoir, en tous cas dans ce qu’il est convenu d’appeler une « démocratie ».

    C’est pas drôle!

    Wikipédia:
    « En 2010, la Cour suprême des États-Unis lève dans l’arrêt Citizens United l’interdiction faite aux entreprises privées et aux associations de financer de façon illimitée des publicités et des actions en faveur ou en défaveur d’un candidat via des comités d’actions politiques (super-PAC)12.

    Plusieurs fausses sociétés écrans sont ainsi crées et financent de façon quasi-anonyme les groupes politiques13,14.

    En 2014, la Cour suprême déplafonne en partie les dons individuels, la limite pour les dons individuels passe désormais à 3,5 millions de dollars tous les deux ans »

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    • williamoff // 11.12.2015 à 22h23

      Ce n’est pas drôle, certes mais je suis certain que vous avez compris où se trouve la source de tout le problème et qu’il n’y a donc pas trente six méthodes pour le résoudre. La théorie révolutionnaire tout autant que les expériences pratiques historiques, nous montrent bien que c’est l’hégémonie de la bourgeoisie sur la société et elle n’est pas « drôle ». Tant que la majorité imaginera que c’est de la démocratie bourgeoise elle même qu’émergera une mise sous tutelle populaire, même partielle de son propre pouvoir, il ne peut y avoir de transformation véritable de la société, car le remède supposé n’est en fait que l’un des éléments qui permet le développement de la maladie en soi. Alors qu’évidemment une démocratie populaire est nécessaire, l’évolution politique du moment semble indiqué que nous prenions bien au contraire un chemin diamétralement opposé…ce qui qui en effet n’est vraiment pas drôle.

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  • Vladimir K // 10.12.2015 à 15h01

    depuis 8 ans, fait tout ce qu’il peut pour nous alerter sur l’influence de l’argent en politique.

    Cette année, nous avons eu des élections fédérales au Canada, pour élire le premier ministre. Je me souviens d’une conversation avec des équipes de campagne des partis d’opposition (NPD / Nouveau Parti Démocratique ; Parti Libéral) qui quémandaient constamment de l’argent.

    Leur principal argument était que le parti au pouvoir, le parti conservateur avaient un budget de Campagne 6 fois supérieur. Cette notion du « plus riche gagne les élections » m’avait choquée.

    D’ailleurs, le parti le plus riche a perdu

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  • flore vasseur // 14.12.2015 à 11h18

    Bonjour, si vous voulez en savoir plus, demain à 15/12 : Q&A EN DIRECT AVEC LARRY LESSIG à la Gaite Lyrique
    – 18h45, diffusion de mon documentaire sur Larry Lessig
    – 19h45 Q&A avec le professeur Larry Lessig en direct

    Ce sera l’occasion de l’interroger sur les leçons de sa candidature avortée, ses prochaines idées pour sortir l’argent de la machine politique, ce qu’il voit venir. Entrée libre et gratuite, à la Gaité Lyrique. #europeanlab.com

    http://europeanlab.com/winterforum/programmation/la-valeur-de-la-democratie/

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