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11.octobre.201511.10.2015 // Les Crises

Les 26 millions d’euros de publicité de l’UE sous le feu des critiques, par Tara Palmeri

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Source : Politico, le 09/09/2015

Les conservateurs l’appellent un gaspillage d’argent.

STRASBOURG – Les chefs des conservateurs et des eurosceptiques au Parlement européen, en visant le nouveau plan de 26 millions pour promouvoir l’UE, ont brandi la menace à peine voilée d’un Brexit.

Réagissant à un rapport de POLITICO, qui a obtenu un document préparatoire détaillé du plus grand effort de communication jamais effectué à ce jour, des hommes politiques ont mis en cause le Plan de la Commission visant à « promouvoir les avantages que les Européens retirent de l’UE » par une campagne de publicité massive et ont suggéré que cette stratégie pourrait se retourner contre l’UE.

« La Commission risque de se tirer une balle dans le pied et pourrait déclencher beaucoup plus de publicité négative que celle qu’elle attendait », a dit Syed Kamall, un parlementaire européen britannique et chef du groupe « Conservateurs et réformistes européens ».

« Il n’y a pas de pénurie de médias rapportant les actions de l’UE à travers l’Europe », a dit Kamall. « La Commission ne doit pas aimer la position éditoriale de certains d’entre eux sur le sujet, mais je ne crois pas que dépenser des millions en campagne de publicité va aider à changer cela. »

Le député européen eurosceptique William Dartmouth, membre de l’UKIP (United Kingdom Independent Party) déclare que le plan de communication, intitulé « Un nouvel élan pour l’emploi, la croissance et l’investissement », relève simplement de la propagande. Il ajoute que le budget prévu pour ce plan serait mieux utilisé s’il était directement rendu au contribuable.

« Cette énorme campagne publicitaire… n’est qu’une tentative désespérée de l’Union Européenne de conserver le Royaume-Uni », dit Dartmouth. « Mais ce n’est pas en faisant payer au contribuable des mesures de propagande que l’on convaincra le peuple qu’il est de son intérêt de rester dans l’Union Européenne. »

Cependant, d’autres députés européens saluent l’idée. Le porte-parole du PPE (European People’s Party) Siegfried Muresan, précise que les institutions se doivent d’expliquer l’utilité de l’Union Européenne au grand public.

« On ne peut pas continuellement se plaindre de que les médias ne parlent pas de l’UE, ou que les citoyens ne sont pas suffisamment convaincus par l’Europe », dit Muresan. « En tant que politiques, nous devons trouver les bons moyens d’atteindre les gens aux quatre coins de l’Europe ; nous devons trouver les moyens de leur expliquer l’Europe, avec des mots qu’ils comprennent. »

Il insiste également sur l’importance de rappeler comment le budget de l’UE est réparti au profit des Européens.

« On parle trop souvent du budget de l’UE au moment où le Conseil et le Parlement ne tombent pas d’accord sur le sujet. Mais nous ne parlons pas assez des nombreux projets qui sont financés en Europe au travers du budget de l’UE », a-t-il dit.

La porte-parole du groupe PDS (Socialist & Democratic Party) Utta Tuttlies affirme de son côté qu’il relève des attributions de la Commission d’informer les citoyens des choix politiques, mais refuse de commenter le coût de l’opération.

« Je pense qu’il est important d’informer les gens sur ce qui est fait à Bruxelles », a-t-elle dit.

Un porte-parole de la Commission Européenne déclare que ce plan n’a pas pour but de peser sur le référendum au Royaume-Uni. Il défend également le budget alloué à ce plan, déclarant que ce programme « ne demande pas de lever plus d’argent – le plan s’intègre au budget existant ».

Le porte-parole, Alexandre Winterstein, ajoute « En résumé, la Commission rationalise les ressources à sa disposition pour gérer les problèmes majeurs – comme l’emploi, la croissance et l’investissement – et pour réaliser des économies d’échelle. Cette volonté d’optimisation est particulièrement pertinente en période de budgets limités. »

Source : Politico, le 09/09/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.


La campagne d’autopromotion de l’Union européenne (UE) à 26 millions d’euros

Le but de cette proposition de la Commission est de relancer la « compréhension » de ses politiques.

Par RYAN HEATH

Selon un projet consulté par POLITICO, le président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker, veut dépenser, en 2016, près de 26 millions d’euros dans une nouvelle campagne de publicité massive pour promouvoir l’UE.

Cette campagne pourrait constituer la plus importante initiative en matière de communication jamais réalisée par l’UE ; elle est axée autour du thème « Un nouvel élan pour les emplois, la croissance et l’investissement. » Son budget de 25,75 millions d’euros est prévu pour alimenter une série de publicités allant des affiches aux publicités « internet », et probablement des expositions et des temps d’antenne télé et radio.

Le but premier de ces dépenses, selon un document préparé par Juncker et son vice-président chargé du budget de l’UE, Kristalina Georgieva, est « d’arriver à une meilleure compréhension, par les citoyens de l’UE, de ses priorités et des activités ; d’informer et d’intéresser différents groupes cibles de citoyens européens à propos des priorités politiques de l’UE. »

Depuis le déclenchement de la récession et de la crise économique en 2008, l’UE est associée aux politiques qui ont conduit à la nuisance financière. Comme, de plus, des campagnes eurosceptiques montent en puissance, cela a conduit la Commission à se battre pour vanter les avantages de ses lois et projets auprès du public.

Les fonds nécessaires pour la campagne devraient être réunis et dépensés de manière centralisée plutôt que par des départements séparés, marquant ainsi une étape supplémentaire dans la centralisation accrue des décisions politiques.

Le prix élevé pourrait causer une réaction violente à un moment de resserrement des budgets à travers le continent, mais il est présenté comme partie d’un « budget axé sur des résultats ».

L’argent est fourni par des « contributions financières spontanées de certaines directions générales », selon les dires de Juncker et Georgieva. En cours de consultation des différents départements de la Commission, les auteurs espèrent recueillir l’approbation de leurs collègues de la Commission dans les semaines qui viennent.

Le nouveau fonds combiné est essentiellement prévu pour faire avancer un projet, tel que le « Plan d’Investissement Juncker » qui est la priorité politique de la Commission, mais qui ne dispose pas de son propre budget de communication. La pièce centrale de ce projet est un fonds qui pourrait porter l’investissement dans l’UE à 315 milliards d’euros sur trois ans.

Les sources de POLITICO à la Commission ont affirmé que l’équipe Juncker avait insisté pour que le Plan d’Investissement soit un parapluie sous lequel les efforts en matière de communication seraient placés, dans le but de présenter les politiques de l’UE sous un aspect global.

Ainsi, tandis qu’en pratique les projets et les impacts du Plan d’Investissement sont mis en avant dans la nouvelle campagne de publicité, les livres de comptes de la Commission porteront le coût de la communication sur des projets comme Le Fonds de Garantie Agricole Européen (7,75 millions d’euros) et le Fonds Agricole Européen pour le Développement Rural (3,375 millions).

Les décisions opérationnelles sur quel espace de média acheter, par exemple, seront prises par le Département Communications de la Commission et supervisées par un « comité de pilotage » composé de représentants des départements impliqués dans la politique concernée.

Selon le rapport annuel d’activités 2014 du département Communications de la Commission, des contrats ont été mis en place à partir de juin 2014 « pour une campagne pilote mettant en pratique pour la première fois un regroupement de ressources financières provenant de différents programmes ». L’objectif est d’atteindre 15 millions d’Européens avec les messages-pilotes.

Une campagne relative en cours, « l’UE travaille pour vous », tente de simplifier les implications complexes de l’UE dans les études liées à un projet en montrant comment les entités individuelles ont utilisé les fonds de l’UE.

La Commission européenne n’a pas voulu commenter cette nouvelle proposition.

Source : Politico, le 09/09/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Caliban // 11.10.2015 à 00h45

Evidemment, ce plan de comm’ décidé par la Commission ne doit rien au hasard : après le fiasco grec, sous la menace d’une sortie du Royaume-Uni et des pressions de plus en plus fortes dans certains Etats (Autriche, Hongrie, … et j’ose le croire, en France).

Mais s’il est légitime de dénoncer cette entreprise de propagande (= du pognon pour étouffer le débat démocratique), il est un point sur lequel il serait bon de s’arrêter.

C’est juste hallucinant de constater que la Commission prélève – sans consulter qui que ce soit – des fonds destinés à d’autres Plans qui avaient décidés par le Conseil européen (= les chefs de gouvernement). Désormais la définition des budgets n’a plus besoin de vote des Etats membres, la Commission fait ce qu’elle veut de l’argent qu’elle leur ponctionne.

Cette nouvelle entorse aux sacro-saints traités, perpétrée au coeur même de l’édifice… une raison de plus pour motiver les Britanniques à sortir. Jadis c’était I want my money back … bientôt ce sera Fuck the UE.

12 réactions et commentaires

  • Caliban // 11.10.2015 à 00h45

    Evidemment, ce plan de comm’ décidé par la Commission ne doit rien au hasard : après le fiasco grec, sous la menace d’une sortie du Royaume-Uni et des pressions de plus en plus fortes dans certains Etats (Autriche, Hongrie, … et j’ose le croire, en France).

    Mais s’il est légitime de dénoncer cette entreprise de propagande (= du pognon pour étouffer le débat démocratique), il est un point sur lequel il serait bon de s’arrêter.

    C’est juste hallucinant de constater que la Commission prélève – sans consulter qui que ce soit – des fonds destinés à d’autres Plans qui avaient décidés par le Conseil européen (= les chefs de gouvernement). Désormais la définition des budgets n’a plus besoin de vote des Etats membres, la Commission fait ce qu’elle veut de l’argent qu’elle leur ponctionne.

    Cette nouvelle entorse aux sacro-saints traités, perpétrée au coeur même de l’édifice… une raison de plus pour motiver les Britanniques à sortir. Jadis c’était I want my money back … bientôt ce sera Fuck the UE.

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  • Kiwixar // 11.10.2015 à 01h58

    Il ne suffit pas de détailler les avantages de l’UE, il faut aussi détailler les avantages que l’on peut avoir par l’UE que l’on n’aurait pas par des accords bilatéraux simples et ne coûtant pas un bras en « aide » à des pays de l’Est ou en eurocrates corrompus ou en lobbys ou OGM imposés ou en perte de souveraineté ou en destruction de la nation, etc.

    Exemples :
    – l’accord bilatéral simple (« Transtasmanian ») entre l’Australie et la NZ, permettant la libre-circulation des marchandises, l’installation, le travail dans l’autre pays, l’achat immobilier sans restriction
    – l’accord de libre-échange commercial entre la NZ et la Chine, entre l’Australie et la Chine, etc

    Bruxelles est le cancer de l’Europe, comme Washington est le cancer des Etats-Unis.

      +44

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  • DUGUESCLIN // 11.10.2015 à 04h42

    Si les résultats étaient bons, il n’y aurait pas besoin de « publicité propagande » pour l’UE.
    Elle nous appauvrit et en plus il faut encore nous piquer 26 millions pour nous expliquer que c’est faux. C’est la double peine.

      +47

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    • stephp // 11.10.2015 à 21h55

      En effet, l’idée même de cette campagne de pub est bien la plus belle preuve de l’échec complet du projet de l’U.E.
      Pathétique…

        +3

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  • abcinuits // 11.10.2015 à 04h57

    Bruxelles , et donc l’UE n’est qu’une pompe a fric des états qu’elle ponctionne , elle en redistribue une partie avec le label « subventions Européennes » et elle en garde un tiers, pour redistribuer à des pays de l’est européens ,
    La France donne tous les ans environ 24mds € et l’UE nous en rend
    Environ 17mds € ,avec le label propagandiste subventions européennes ,une perte sèche pour la France de 7mds € /an , bien sur tout cela acté par des traités illégaux , car les français ont votés contre au référendum de 2005 à 54,68% .
    Alors 26millions d’euros pour les 28 pays cela compte peu aux yeux de bruxelles , une ville devenue le symbole du fascisme bleu européiste , où le débat de fond est interdit au peuple .
    Une propa gande financée par les impôts du contribuable de chaque pays membres , de quoi faire inculper les politiques qui ont signés les traités de proxénétisme aggravé en bande organisée !

      +26

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  • Alfred // 11.10.2015 à 09h56

    Le but de cette proposition de la Commission est de relancer la « compréhension » de ses politiques.
    C’est beau, c’est du newspeak dans le texte.
    (Juste au moment où un nombre croissant d’européens commence à « comprendre » la politique de l’UE, ils faudrait leur faire comprendre différemment…)

      +8

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  • Myriam // 11.10.2015 à 10h38

    26 millions d’€ pour de la com ? Et si ce n’était que ca !

    A mettre en parallèle avec les 6.98 Milliards d’€ « égarés » en 2013 par cette même Commission Européenne (source : Cours des Comptes de l’UE)

    Petite comparaison : en France il manquerait 1 ou 2 milliards d’€ pour boucler le budget de nos …hopitaux !

    A quand une greffe de cerveaux pour tous ceux qui croient à « une autre Europe » ?

    Désolé d’être dur mais il y a urgence !

      +28

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  • vloiseau // 11.10.2015 à 14h02

    « arriver à une meilleure compréhension, par les citoyens de l’UE, de ses priorités et des activités ; d’informer et d’intéresser différents groupes cibles de citoyens européens à propos des priorités politiques de l’UE. »

    Comme ils disent de la pédagogie pour expliquer à la populace que ce qu’ils percoivent du réel n’a pas lieu et n’a pas eu lieu, que c’est juste une question de perception et de compréhension
    or l’eau ça mouille, le feu ça brûle, les fleuves descendent vers la mer… c’est si idiot dit comme cela mais il suffirait qu’ils y travaillent à le nier en sophiste pour ne serait-ce que mettre l’individu dans un état de torpeur tel qu’il bloquerait l’action. Quoi de mieux que d’utiliser les recettes des politiques et des communicants qui ont du leur vendre en tant que lobbyistes qu’avec de la propagande on peut mater l’opinion.

      +6

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  • Diablo // 12.10.2015 à 12h20

    Ah, ah ! Vingt six millions pour nous vendre le TTIP/TAFTA ?
    Je crains que ça ne soit pas assez.

      +2

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  • Alain au bar // 12.10.2015 à 13h18

    Comme dirait Christine Ockrent (l’épouse de Bernard Kouchner) : « Il faut faire de la pédagogie ». Comprenez : « Les gens sont tellement cons qu’ils ne comprennent pas que l’on fasse leur bonheur malgré eux ».

      +3

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  • Frédérique // 15.10.2015 à 22h22

     » Le porte-parole du PPE Siegfried Muresan, précise que les institutions se doivent d’expliquer l’utilité de l’Union Européenne au grand public… nous devons trouver les moyens de leur expliquer l’Europe, avec des mots qu’ils comprennent.”
    (C’est bien ce que l’on disait, ils nous prennent pour des abrutis avec lesquels il faut employer des mots simples pour cerveaux limités.)

    “On parle trop souvent du budget de l’UE au moment où le Conseil et le Parlement ne tombent pas d’accord sur le sujet. Mais nous ne parlons pas assez des nombreux projets qui sont financés en Europe au travers du budget de l’UE”, a-t-il dit. »

    Des nombreux projets qui sont financés en Europe au travers du budget de l’UE?
    Mais qui financent le budget de l’U.E?
    Ce sont bien les pays européens, via les impôts et taxes de leurs contribuables, non?
    Donc, c’est le contribuable européen qui finance les nombreux projets en Europe, pas l’U.E.

    Des projets qui pourraient tout aussi bien être lancés et financés en partenariat entre pays d’Europe, comme l’a été l’agence spatiale européenne en 1975 et si nous sortions de ce machin qu’est l’U.E, qui auraient l’avantage de nous faire faire l’économie de gestion de la pléthore de fonctionnaires que l’on paie à Bruxelles et de toute la gabegie que nous imposent ces technocrates.
    Sans compter la liberté retrouvée de gérer le pays, correspondant à la réalité de notre situation, sans se voir menacer de sanctions pécuniaires et autres par des institutions supranationales.

    J’ai bien peur que 26 millions € soient largement insuffisants pour me faire devenir pro-union-européenne.

      +2

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