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17.décembre.201517.12.2015 // Les Crises

Les liens secrets de la Grande-Bretagne avec les gouvernements, les entreprises cachées derrière les ventes de pétrole de l’ÉI, par Nafeez Ahmed

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Source : Insurge Intelligence, le 31/07/2015

Dans leur hâte d’accéder à la richesse que constituent le pétrole et le gaz du Kurdistan, les États-Unis et la Grande-Bretagne ferment les yeux sur la complicité avec la contrebande de pétrole de « l’État Islamique »

Selon des sources politiques haut-placées de la région, des alliés clés dans la guerre dirigée par les États-Unis et la Grande-Bretagne contre l’État Islamique (ÉI) financent secrètement le mouvement terroriste. Des compagnies pétrolières américaines et britanniques sont lourdement investies dans le triangle géopolitique trouble qui soutient les ventes clandestines de pétrole de l’ÉI.

Le Gouvernement Régional Kurde (GRK) en Irak et le renseignement militaire turc ont tous deux apporté leur concours à la contrebande de pétrole de l’ÉI et ont même, selon des officiels kurdes, irakiens et turcs, fourni des armes au groupe terroriste.

Une compagnie pétrolière britannique en particulier, Genel Energy, a passé un contrat avec le GRK pour fournir du pétrole à une grande société kurde accusée de faciliter les ventes de pétrole par l’ÉI à la Turquie. Cette société kurde a des liens étroits avec le gouvernement kurde irakien.

Genel opère au GRK avec le soutien du gouvernement britannique, et est également lié à un groupe parlementaire britannique qui a des liens anciens avec les industries pétrolières britanniques et kurdes.

Les relations entre, d’une part, les sociétés pétrolières britanniques et kurdes et, d’autre part, des personnalités politiques britanniques importantes, soulèvent des questions sur les conflits d’intérêts — surtout dans le contexte de la « guerre contre le terrorisme » qui est censée viser, et non financer, l’« État Islamique ».

Les Kurdes, les Turcs et les aveugles

L’une des principales sources de revenus de l’ÉI est la contrebande de pétrole. L’État Islamique contrôle approximativement 60% du pétrole syrien, ainsi que sept des plus grands sites de production de pétrole en Irak.

En se servant d’un réseau soigneusement entretenu d’agents et d’intermédiaires dans la région kurde de l’Irak aussi bien qu’en Turquie, l’ÉI a réussi à produire la quantité phénoménale de 45 000 barils par jour de pétrole, leur permettant d’engranger 3 millions de dollars par jour en espèces en pratiquant des prix bien au-dessous du marché.

Mais l’ampleur du montant des transactions et l’impunité de ce réseau de contrebande ont amené des politiciens locaux à se demander si certains personnages officiels du GRK et de Turquie ne fermaient pas les yeux sur ces opérations.

Des personnalités irakiennes, kurdes et turques ont accusé aussi bien le GRK que l’État turc de délibérément autoriser un certain nombre de ces opérations de contrebande.

La tension monte entre le GRK et le gouvernement central à Bagdad au sujet du contrôle de la production et des revenus des champs pétroliers de la région kurde. Les dirigeants kurdes d’Irak voient dans le pétrole de leur région un moyen d’accroître leur autonomie, voire d’accéder à l’indépendance, tandis que le gouvernement irakien cherche à assurer son contrôle souverain sur toutes les ventes en provenance de ses champs pétroliers, incluant ceux du GRK.

Ces tensions ont atteint un sommet lorsque le GRK a commencé à vendre unilatéralement du pétrole et à l’exporter en Turquie en contournant Bagdad.

Complicité

Le GRK et les autorités turques démentent avec véhémence avoir quelque rôle que ce soit dans la facilitation des ventes de pétrole par l’ÉI. Les deux gouvernements ont pris des mesures pour réprimer ces opérations de contrebande, et tant les États-Unis que la Grande-Bretagne travaillent en liaison étroite avec la GRK pour établir les routes empruntées par la contrebande de l’ÉI.

Malgré l’arrestation d’intermédiaires kurdes impliqués dans le marché noir de l’ÉI, des preuves continuent d’affluer montrant que ces mesures sont complètement décousues et ne parviennent pas à enrayer la corruption à haut niveau.

Selon une source de haut niveau du parti islamique Dawa majoritaire au gouvernement irakien, les autorités irakiennes et américaines ont recueilli des renseignements importants prouvant que des membres du GRK ont fermé les yeux sur les ventes de pétrole au marché noir par l’ÉI.

La source, qui a un accès direct à des personnalités de haut niveau du gouvernement irakien, affirme que le GRK a tout d’abord vu l’invasion de l’Irak par l’ÉI comme une occasion de consolider le contrôle kurde sur le territoire contesté, surtout sur la région riche en pétrole de Kirkuk. Cependant, les Kurdes n’avaient pas prévu que la présence de l’ÉI deviendrait aussi puissante.

Au début de l’invasion, l’année dernière, il a dit :

« Des éléments du GRK et de la milice peshmerga ont directement facilité la contrebande secrète de pétrole à travers la région kurde. Les Américains le savaient, et ils ont partagé ces renseignements avec le gouvernement irakien à Bagdad. »

Cette question a engendré des tensions entre le GRK et Bagdad et facilité les efforts de Hussein al-Chahrestani, alors vice-premier ministre irakien de l’énergie, à réprimer les exportations de pétrole indépendantes des Kurdes

Son successeur, le nouveau ministre du pétrole Adel Abdul-Mehdi, a été mis à ce poste à l’occasion d’un remaniement ministériel en septembre de l’année dernière sous la pression diplomatique américaine. Selon la source, contrairement à al-Chahrestani, Abdul-Mehdi a une approche beaucoup plus conciliante de la question du pétrole kurde, ce qui justement arrange les intérêts des investisseurs américains et britanniques dans le GRK. « Ceci signifie que Bagdad est devenu beaucoup plus coulant sur les preuves de la contrebande de pétrole par l’ÉI à travers le GRK. »

La source a confirmé que sous la pression croissante des États-Unis, « les autorités du GRK ont pris de sérieuses mesures pour freiner la contrebande illégale au profit de l’ÉI, mais que la contrebande continue, bien qu’à un niveau plus faible, avec le soutien de dirigeants du GRK qui tirent profit de ces ventes. »

Selon la source irakienne, la Turquie aussi joue un rôle crucial dans ces opérations de contrebande de l’ÉI. En tant que point d’arrivée d’une large quantité de ce pétrole parvenant au marché mondial, les autorités turques ont, dans la pratique quotidienne, fermé les yeux sur ce marché noir mené par l’ÉI. « Les Turcs ont des relations acrimonieuses avec les Américains, » affirme-t-il, tout en confirmant que les services de renseignement américains sont bien au courant du rôle de la Turquie :

« Les services de renseignement américains surveillent de près toutes ces opérations de contrebande. Quelques-uns de ces renseignements nous sont parvenus. Les Américains savent ce qui se passe. Mais Erdogan et Obama n’ont guère d’atomes crochus. En fait, Erdogan fait ce qu’il veut, et les Américains doivent faire avec. »

Ces allégations ont été confirmées par des turcs proches du gouvernement ou parlementaires. En particulier, une source ayant de nombreuses relations au sein du milieu politique turc, y compris l’entourage du Premier ministre, a affirmé que le soutien de la Turquie aux rebelles islamistes opposés au régime de Bachar el Assad en Syrie avait commencé longtemps avant l’émergence de l’ÉI, et qu’il était décisif dans l’ascension fulgurante du groupe.

La Turquie, qui est depuis longtemps membre de l’OTAN, fait partie de la coalition menée par les États-Unis pour combattre l’ÉI et a pris une part essentielle à l’entraînement des rebelles « modérés », entraînement supervisé par les services de renseignement occidentaux.

La source a ajouté : « La Turquie joue un double jeu dans sa stratégie syrienne. »

« Depuis le début, la Turquie a financé les groupes islamistes en Syrie, y compris l’ÉI, et elle continue à le faire. L’ampleur de la contrebande de l’ÉI à travers la frontière turco-syrienne est énorme, et en grande partie facilitée par la bénédiction d’Erdogan et de Davitoglu, qui voient dans les islamistes le moyen d’étendre la mainmise de la Turquie sur la région. »

Recep Tyyip Erdogan est président de la Turquie ; et Ahmet Davitoglu en est le Premier ministre. Interrogée sur la contradiction entre ces faits et les récentes opérations destinées à tenter d’arrêter cette contrebande en visant les bastions de l’ÉI de l’autre côté de la frontière, la source a dit que c’était trop peu, trop tard.

« Ces actions sont conformes à la stratégie d’expansion d’Erdogan, a-t-il dit, nous n’essayons pas de détruire l’infrastructure de l’ÉI, nous l’attaquons sélectivement. »

Un réseau d’ombre en pleine lumière

La route de la contrebande pétrolière l’ÉI — qui passe par le GRK et aboutit au port de Ceyhan en Turquie — a récemment été étudiée par deux universitaires de Greenwich.

Le document de George Kiourktsoglou, conférencier en sécurité maritime et ancien stratège de la Royal Dutch Shell, et du Dr Alec Coutroubis, directeur par intérim de la faculté de science et d’ingénierie, visait à identifier les schémas suspects de ce commerce illicite de pétrole.

Leur étude extraordinaire, publiée en mars par la Maritime Security Review, examine en détail la route utilisée par l’ÉI, fondée sur une « chaîne de plaques tournantes commerciales » qui passe par les localités de Sanliura, Urfa, Slirt, Batman, Osmanya, Gaziantep, Simak Adana, Kahramarmaras, Adyaman et Mardin. « La chaîne se termine dans la province d’Adana (sud-est de la Turquie), où se trouve le grand port pétrolier de Ceyhan. »

En comparant les pics des tarifs d’affrètement au départ de Ceyhan avec la chronologie des activités de l’ÉI, l’analyse de l’université de Greenwich a identifié une corrélation significative entre les deux. Chaque fois que l’ÉI combat « à proximité d’une zone comportant des équipements pétroliers, les exportations par Ceyhan augmentent rapidement. Ceci peut être attribué à une augmentation due à la contrebande de pétrole en vue de générer rapidement des recettes supplémentaires. »

Bien que les preuves ne soient pas déterminantes à ce stade, les auteurs ont écrit : « Il y a de fortes probabilités qu’une chaîne d’approvisionnement illicite exporte du pétrole de l’ÉI à partir de Ceyhan » vers le marché global. « Depuis le lancement de l’aventure pétrolière de l’ÉI en septembre 2014, les taux d’affrètement à partir de Ceyhan se sont beaucoup rapprochés de ceux du reste du Moyen-Orient »

Bien qu’ils ne puissent être catégoriques, une recherche approfondie incluant des interviews de sources bien informées tend à démontrer que « ceci est le résultat d’une demande accrue de brut de contrebande à très bon marché, disponible au chargement » à partir du port turc.

Kiourktsoglu et Coutroubis appellent à une « recherche complémentaire » sur les entreprises criminelles de l’ÉI qui « puisse potentiellement définir sa place dans l’économie globale. » Les universitaires ont auparavant exposé ces éléments devant une délégation de parlementaires de la commission des Affaires étrangères sur la sécurité maritime au large de la Somalie.

Leur étude met en évidence les failles de l’approche militaire des États-Unis concernant les opérations pétrolières de l’ÉI. Bien qu’ils saluent la manière dont les États-Unis., la Turquie et les raids aériens des pays du Golfe ont « réduit les recettes pétrolières » de l’ÉI en détruisant plusieurs « installations industrielles », cela n’a pas été assez loin. Ils rapportent que :

« … dans la zone bombardée, les puits n’ont pas encore été ciblés par les É-U ou par l’aviation des alliés, un fait qui peut certainement être attribué à la politique « toxique » de l’époque au Moyen-Orient. »

En dépit des grands convois transportant le pétrole de l’ÉI à travers les zones de Syrie, de l’Irak et de Turquie contrôlées par les gouvernements, « les raids des alliés des États-Unis ne ciblent pas les camions et les citernes de crainte de provoquer une réaction violente de la part des populations locales. » En fin de compte, « les opérations de transport sont faites avec efficacité et ont lieu la plupart du temps en plein jour. »

Le dossier public

Le dossier public contient des preuves qui corroborent les affirmations des sources irakiennes et turques en démontrant une corruption endémique en amont comme en aval de la route de contrebande de l’ÉI.

Des observateurs bien informés à l’intérieur et en dehors de la Turquie ont accusé le gouvernement turc de fermer les yeux sur la contrebande de pétrole à travers la frontière syro-turque dans sa détermination à faire tomber le régime d’Assad.

Des dépositions de procureurs et de témoins, dans les tribunaux turcs, ont révélé qu’à la fin 2013 et en 2014, le renseignement militaire turc avait fourni des armes à l’intérieur de zones syriennes sous contrôle rebelle islamiste, contribuant ainsi directement à la montée de l’ÉI.

Le député d’opposition turc Ali Ediboglu a déclaré l’an dernier que du pétrole de l’ÉI avait été introduit en contrebande en Turquie, pour une valeur de 800 millions de dollars. Il a également dit que plus d’un millier de ressortissants turcs aidaient les combattants étrangers à rejoindre l’ÉI en Syrie et en Irak en passant par le territoire turc. Ces deux phénomènes, a-t-il affirmé, se déroulent au vu et au su du renseignement militaire turc, et avec sa participation.

En juillet 2014, des responsables irakiens ont révélé que, lorsque l’ÉI avait commencé à vendre du pétrole extrait de la province septentrionale de Salahouddine, « les peshmergas kurdes en ont arrêté la vente au début, mais ont plus tard permis aux pétroliers de transférer et de vendre du pétrole. »

Trois mois plus tard, un document du ministère de l’Intérieur du GRK divulgué par le média kurde Rudaw a montré qu’un ancien député de l’opposition, Bourhane Rachid, avait accusé les institutions du GRK de faciliter le flux des fonds et des armes aux militants de l’ÉI en Irak.

« Un parti politique kurde à Erbil a fourni armes et munitions aux militants de l’ÉI en échange de pétrole, » a affirmé Rachid. Le document a révélé que le procureur en chef du GRK avait secrètement préparé un procès contre Rachid à la suite des accusations qu’il avait formulées.

Le procès, qui n’a apparemment pas abouti, était une tentative évidente de réduire les critiques au silence. En janvier cependant, une commission d’enquête dirigée par les ministres du GRK de l’Intérieur et des Ressources naturelles avait largement confirmé les affirmations de Rachid.

Des milieux parlementaires kurdes ayant pris connaissance du rapport final du comité, resté secret à ce jour, ont confié à Rudaw que le rapport confirmait :

« … un certain nombre de fonctionnaires du Parti Démocratique du Kurdistan (PDK), de l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) et des peshmergas ont été impliqués dans le commerce illégal. »

Six mois plus tard, les identités des fonctionnaires visés par l’enquête ne sont toujours pas divulguées et personne n’a été inculpé, jugé ou condamné. Le bureau du GRK au Royaume-Uni n’a pas souhaité répondre à notre demande de commentaire.

Le Groupe Nokan

Cependant, quelques mois après les conclusions du comité, des preuves ont émergé de l’implication du Groupe Nokan, une importante société kurde en lien étroit avec le GRK, dans les ventes de pétrole de l’ÉI.

Dans une lettre au Groupe Nokan, Mark D. Wallace — ancien ambassadeur américain aux Nations Unies sous la présidence de George W. Bush et chef de la direction du Counter Extremism Project, une ONG  basée à New York — a jugé fiables « des rapports selon lesquels certaines formations kurdes facilitent le commerce de pétrole de l’ÉI… »

« Plus précisément, certaines sociétés kurdes seraient engagées pour transporter du carburant raffiné à partir de la raffinerie de Baïji contrôlée par l’ÉI, au nord de Tikrit, en Irak, en vue de sa livraison à travers la région kurde par les autorités de la province de Soulaymaniyah, au Kurdistan irakien, au nord-est de l’Irak. »

Meer Soma, une « filiale » du Groupe Nokan, possède ou exploite des camions qui « sont utilisés pour transporter des produits pétroliers traités à partir des raffineries contrôlées par l’ÉI jusqu’à des organismes kurdes à l’intérieur ou aux environs de Kirkouk, » a écrit l’ambassadeur Wallace dans la lettre datée du 20 mars 2015.

Wallace a observé que, selon la presse kurde, Meer Soma figure parmi plusieurs sociétés-écran contrôlées par Nokan et opérant pour le compte du groupe dans le but d’éviter toute association publique avec la société mère.

Photographie jointe à la lettre de l’ambassadeur Wallace adressée au Groupe Nokan, et reprise par plusieurs comptes-rendus des médias

Selon un rapport de 2012 de l’agence de renseignements d’affaires MarcoPolis basée à Paris, le Groupe Nokan compte parmi les sociétés les plus importantes de la province et « a des intérêts » dans Meer Soma.

En 2014, année de la publication en ligne de photographies montrant des pétroliers de Meer Soma acheminant du pétrole de l’ÉI vers des raffineries kurdes, le site internet de la filiale de Nokan a été supprimé.

Le courrier de l’ambassadeur Wallace n’a pas suscité grand chose sinon le silence. Wallace n’a reçu aucune réponse du groupe Nokan. Le groupe Nokan n’était pas disponible pour fournir le moindre commentaire.

Des copies de ce courrier ont été envoyées aux commissions parlementaires concernées, ainsi qu’à John E. Smith, directeur par intérim du Bureau du ministère des Finances américain pour le contrôle des actifs à l’étranger. Le trésor américain n’a pas donné suite aux demandes d’information concernant les mesures prises pour enquêter sur ces affirmations.

Même un porte-parole du Counter Extremism Project, au nom duquel le courrier fut envoyé, a refusé de faire le moindre commentaire lorsqu’il lui a été demandé de clarifier le suivi effectué par les autorités américaines.

La corruption, Nokan, et le GRK

Le groupe Nokan est un consortium d’entreprises possédées et contrôlées par le parti kurde irakien Union Patriotique du Kurdistan (UPK), qui est un des membres de la coalition majoritaire du GRK aux côtés du PDK.

Le Kurdistan Tribune rapporte que Nokan est dirigé depuis le siège de l’UPK dans la région de Soulaymani. Le journal estime qu’en comptabilisant ses 23 filiales, la valorisation du groupe Nokan approche les 4 à 5 milliards de dollars, soit plusieurs fois sa valeur déclarée.

Le quotidien La Tribune pointe le fait que le business modèle de l’UPK est représentatif du secteur privé dans tout le GRK – gangréné par la corruption et le népotisme, principalement pour enrichir les élites politiques et leurs alliés. « Le modèle économique du Kurdistan fait du marché un monopole au bénéfice de quelques-uns et crée un environnement empoisonné pour les PME, » observe le journal.

Un long article dans The Nation indique que le système clientéliste du GRK exclut et spolie la majorité de la population : « La plupart des entreprises profitables, comme celles qui contrôlent les projets de construction, sont possédées par un Barzani ou un Talabani », les chefs des deux partis au pouvoir du GRK.

« Mais au-delà les nouveaux faubourgs rutilants, les hôtels cinq étoiles et les voitures tape-à-l’œil se trouve une ville ancienne dans laquelle, disent les critiques, la corruption reste un problème et les limites entre le gouvernement et le privé souffrent d’être troubles, » note le Financial Times.

Jusqu’à l’année dernière, le chef de l’UPK Jalal Talabani présidait l’Irak. Son fils, Qubad Talabani, est aujourd’hui premier ministre adjoint du GRK. Auparavant, celui-ci servait comme représentant du GRK aux États-Unis. Dans le cadre de ses deux fonctions, Qubad a joué un rôle clé dans le développement des relations commerciales avec l’Occident, notamment le secteur pétrolier.

L’autre fils de Jalal Talabani, Pavel, supervise le bataillon anti-terroriste du GRK à Sulaymani, qui est dirigé par un membre de l’UPK, Lahur Sheikh Jangi.

La belle-sœur de l’aîné Talabani, Shanaz Ibrahim Ahmed, est la représentante de l’UPK au Royaume-Uni en charge des relations avec les médias, ainsi que des finances du groupe Nokan.

Qubad Talabani, premier ministre adjoint en titre, doit prononcer un discours à la Kurdistan-Iraq Oil & Gas Conference qui doit se tenir à Londres ce novembre. Cette conférence, organisée par la société britannique CWC Group en partenariat avec le gouvernement d’union UPK-PDK, est sponsorisée par un grand nombre de sociétés du secteur énergétique y compris Exxon Mobil, Chevron, DNO, Gulf Keystone Petroleum et le Qaiwan Group.

Le Qaiwan Group, parmi les sponsors de platine de la conférence londonienne, est sous contrat du ministère de l’énergie du GRK pour construire et opérer les extensions prévues de la raffinerie pétrolière de Bazian dans le cadre d’un Accord d’Achat d’Energie (Power Purchase Agreement).

L’actuelle « phase 3 » de l’extension, qui doit être achevée d’ici 2018, a pour objectif de porter la capacité de la raffinerie de 34 000 à 80 000 barils par jour.

La raffinerie de Bazian est cependant possédée et contrôlée par WZA Petroleum, une autre filiale du groupe Nokan de l’UPK, dominée par la famille Talabani.

Parrwen Babakir est la présidente de WZA Petroleum et, à ce titre, également la propriétaire principale de la raffinerie de Bazian. Babakir est aussi présidente du groupe Nokan et chargée du portefeuille exploitation-production de l’UPK. Elle avait été auparavant nommée ministre de l’industrie du district de Sulaymani par Talabani de 2003 à 2007. Elle n’a pas répondu aux questions concernant le concours présumé du groupe Nokan aux ventes de pétrole de l’ÉI.

Tandis que les officiels du gouvernement du GRK et leurs proches profitent directement des contrats énergétiques lucratifs négociés par le GRK, ces mêmes officiels – qui sont responsables de la lutte anti-terroriste dans la province de Sulaymani – supervisent le groupe Nokan, qui est impliqué dans la contrebande pétrolière de l’ÉI.

La filière britannique

Une entreprise britannique du secteur de l’énergie avec de forts soutiens de l’establishment politique du Royaume-Uni contrôle le champ pétrolier alimentant la raffinerie de Bazian détenue par le groupe Nokan.

La raffinerie, détenue par le groupe Nokan dont les camions ont été vus transportant le pétrole de Daech au travers de la province du Kurdistan irakien, est fournie par le champ Taq Taq du GRK. Le champ pétrolier produit un total de 100 000 barils par jour, la plupart étant expédiés aux raffineries locales. La firme turco-britannique Genel possède une participation de 45% dans le champ pétrolier Taq Taq.

Genel Energy a été formé via une fusion de 2,1 milliards de dollars entre la firme britannique, Vallares Plc, et une compagnie turque, Genel Enerji. La firme est dirigée par Tony Hayward, un ancien président-directeur général de British Petroleum (BP).

Interrogé au sujet de la position de Genel sur sa collaboration avec des institutions impliquées dans le financement du terrorisme de Daech, Andrew Benbow, porte-parole de la compagnie anglo-turque, a répondu : « Toutes ces questions sont à poser au GRK plutôt qu’à nous. »

Selon le rapport final du Comité spécial des Affaires étrangères de la Chambre des communes dans l’enquête sur la politique du gouvernement britannique à l’égard du GRK, publié en janvier 2015, Genel est le seul investisseur britannique majeur dans la province.

Le rapport a noté que la région du Kurdistan détient environ 45 milliards de barils de pétrole — niveau du même ordre que la Libye et le Nigéria — et un « complément » de 311 milliards de m³ de gaz, plaçant ce champ autour de la dixième ou douzième place des réserves mondiales. Le GRK vise à exporter jusqu’à 2 millions de barils par jour d’ici 2020, une perspective d’un énorme intérêt pour les sociétés occidentales, y compris, selon le rapport, « Exxon, Chevron, Repsol, Total, le géant local KAR, et la compagnie britannico-turc, Genel Energy. »

Juste un mois auparavant, le ministre de l’Énergie de David Cameron à l’époque, Matthew Hancock, déclarait à la 4e conférence d’Erbil sur le pétrole et le gaz du Kurdistan irakien que l’Irak « a un rôle majeur à jouer dans la future demande mondiale de pétrole. » Faisant remarquer qu' »est prévu un pic de production en 2020″ de la production américaine de pétrole, il a dit que par conséquent : « Le monde devrait devenir de plus en plus dépendant des réserves irakiennes. »

La production de pétrole irakien va tripler à plus de 8 millions de barils par jour en 2040, il a ajouté : « Les réserves du Kurdistan vont jouer un rôle significatif dans cette augmentation. Cette région est non seulement perçue comme l’une des plus grandes réserves inexploitées de pétrole dans le monde, mais a également un potentiel substantiel pour le gaz.

Genel Energy est positionné pour tirer un profit maximal de l’augmentation de la production kurde, via un choc pétrolier ou tout autre évènement inattendu. Mehmet Sepil, le président de Genel, a dit à la conférence de 2014 que sa société entend jouer un rôle majeur dans l’exploitation des 311 milliards de m³ de gaz de la province kurde.

Une année plus tôt, le groupe parlementaire de tous les partis (GPTP) chargé de la région kurde d’Irak a publié un rapport à partir de sa mission exploratoire de la province, recommandant que le Comité spécial des Affaires étrangères entreprenne cette enquête.

Dans le cadre de la mission exploratoire, le député conservateur Nadhim Zahawi, qui est coprésident du GPTP sur le Kurdistan, visitait la région pétrolière de Taq Taq qui était dirigée par Genel Energy en novembre 2013.

Zahawi détenait des actions de Genel Energy, selon le registre d’intérêts de la Chambre des Communes, ce qui montre qu’il a déclaré sa relation avec Genel en juin 2013. Selon Zahawi, il a vendu ses parts de Genel Energy le 30 avril 2014.

Plus tard en 2013, Zahawi a été désigné par David Cameron au Conseil de Direction du Premier ministre, avec la responsabilité particulière des affaires et de l’économie, un poste qu’il détient toujours.

En juin 2014, Zahawi a été désigné comme membre du Comité spécial des Affaires étrangères, et a joué un rôle clé dans son enquête sur la politique du gouvernement.

« Ce sont évidemment de très sérieuses affirmations dont je n’étais pas au courant auparavant et qui n’ont pas été soumises à l’enquête du Comité spécial, » a déclaré Zahawi au sujet de la lettre de l’ambassadeur Wallace concernant le groupe Nokan. Il expliqua que le comité examinerait les sources de financement de l’État Islamique dans une enquête ultérieure.

Zahawi a également nié être au courant de l’enquête interne du GRK concernant le soutien au terrorisme de l’État Islamique, mais également des affirmations au sujet de la relation entre Genel et Nokan. « En tant qu’ancien actionnaire, » a-t-il expliqué, « je ne connaissais pas plus le détail de leurs opérations qu’un autre actionnaire ou tout membre du public. Je suggérerais que vous soumettiez vos preuves et questions à Genel directement. »

Le GPTP sur le Kurdistan est intimement lié au PUK et au KDP, qui dirigent tous deux les intérêts pétroliers du gouvernement et de l’Occident dans la province. Gary Kent, qui est le directeur des Amis Travaillistes de l’Irak, est payé directement par la Gulf Keystone Petroleum — qui est massivement investie dans les actifs pétroliers du GRK — pour fournir des services de secrétariat au GPTP.

Le GRK et sa branche britannique fournissent également des « services administratifs » au GPTP, ce qui inclut des « dîners pour les parlementaires, » des réceptions annuelles et des délégations du groupe de financement à la province.

Décrivant les découvertes du GPTP sur le Kurdistan en janvier 2014, le vice-président du GPTP Robert Halfon — qui est maintenant ministre (sans portefeuille) du nouveau cabinet de David Cameron et député président du Parti Conservateur — a déclaré à la Chambre des Communes :

« Dans l’ensemble du Kurdistan, les affaires sont florissantes… et les gens sont désireux d’investissement britannique et étranger. La privatisation continue rapidement et de vastes complexes immobiliers sont en construction. D’importantes réserves de gaz et de pétrole qui, de façon inhabituelle dans ces régions, sont utilisées pour l’intérêt du pays ne sont pas détournées par la corruption. Comme je l’ai mentionné lors d’une motion d’urgence [déposée par Zahawi et d’autres]… le GRK peut devenir un important allié pour garantir la future sécurité énergétique du Royaume-Uni. »

En janvier 2015, alors que le Comité spécial des Affaires étrangères publiait son rapport d’enquête, Zahawi était de retour au GRK en tant que membre d’une délégation commerciale officielle du Royaume-Uni, dirigée par le maire de Londres Boris Johnson, récemment nommé au sein du cabinet politique du Premier ministre.

Fracturer l’Irak pour le pétrole

Bien que le GRK ait lancé une enquête sur le financement du terrorisme de Daech par des responsables kurdes alors que l’enquête du parlement britannique était toujours en cours, le rapport d’enquête ne le mentionne pas, et il ne reconnait pas non plus que l’enquête du GRK avait confirmé les affirmations publiées près d’un mois plus tôt.

Le comité parlementaire n’a pas constaté de telles affirmations, et de telles informations n’ont jamais été soumises à l’enquête, a dit Zahawi.

Le rapport parlementaire britannique de 2015 justifie avec insistance les appels à cimenter les liens britanniques-GRK en raison du rôle du GRK comme « partenaire fiable dans la lutte contre le terrorisme. »

Alors que le rapport du parlement s’efforce de souligner la position officielle du gouvernement britannique qui privilégie un Irak unifié, il penche également fortement en faveur d’une solution fédérale qui octroie au GRK une autonomie considérable, basée sur son habileté à exploiter les ressources pétrolière et gazière de la province.

Soulignant la recommandation du ministre britannique des Affaires étrangères de décentralisation maximale comme étant le meilleur modèle possible pour une gouvernance démocratique en Irak, le rapport recommande que le gouvernement britannique soit préparé aux « possibles conséquences d’un éclatement de l’Irak. »

« Une augmentation de l’autonomie du GRK, voire son indépendance, est rationnelle en soi, étant donné son potentiel économique et sa capacité démontrable d’autonomie effective, et est compréhensible en soi, étant donné son histoire récente. » Alors que l’avancement vers l’indépendance n’est pas imminent, « c’est une possibilité à moyen terme, dépendante en grande partie de la stratégie d’exportation d’énergie de la région Kurdistan, ce à quoi le gouvernement britannique devrait être préparé. »

Dans son rapport sur la visite de Zahawi dans les champs pétroliers exploités par Genel Energy, The Independent a observé qu’il n’y avait « aucune suggestion d’une quelconque irrégularité dans les relations avec le GPTP Kurdistan. »

Mais indépendamment des règles parlementaires, le rôle éhonté du GPTP pour favoriser les intérêts pétroliers et gaziers britanniques dans la région n’est guère un secret.

« Nous avons apporté les rapports détaillés de nos délégations auprès des ministres britanniques et d’autres groupes pour promouvoir le message que le Kurdistan est ouvert aux affaires et pour dynamiser les relations britanniques dans le commerce, la culture et d’autres domaines, » a déclaré le GPTP sur son site web.

« Cela a aidé à changer l’approche de la Grande-Bretagne par rapport au Kurdistan… Les rapports du groupe ont aidé à dépasser cette hypothèse erronée et ont persuadé le gouvernement britannique d’envoyer des missions officielles à la foire commerciale d’Erbil – un plus grand nombre d’entreprises britanniques est attendu à la foire du mois prochain. »

Comme de nombreux autres intérêts impliqués, le Bureau des Affaires étrangères de Grande-Bretagne (FCO) a échoué à répondre lorsqu’il était questionné au sujet de la relation qu’a le gouvernement britannique avec les autorités régionales et les firmes impliquées dans la facilitation des ventes de pétrole au marché noir par l’État Islamique.

Le PDG de Genel Energy, Tony Hayward, s’est exprimé pour prendre la défense de la décision du GRK qui demande aux entreprises d’exporter par camion le pétrole brut du champ de Taq Taq en Turquie. La firme anglo-turque reçoit des paiements pour ces exportations directement du GRK, plutôt que du gouvernement de Bagdad, qui les considère comme illégales.

Jusqu’à sa démission plus tôt cette année, l’ancienne députée travailliste Meg Munn était présidente du GPTP sur le Kurdistan aux côtés de Zahawi. Ancienne ministre des Affaires étrangères sous Tony Blair, elle est vice-présidente de la Fondation Westminster pour la Démocratie (FWD), un « organisme exécutif public non ministériel » financé par les Affaires étrangères qui fait la promotion des institutions parlementaires à l’étranger.

Le FWD est sous contrat depuis de nombreuses années avec les Affaires étrangères et le Département Pour le Développement International britannique (DPDI) pour augmenter les mécanismes formels de démocratie en Irak et au sein du GRK.

Toutefois, une analyse indépendante du travail de l’organisation, commandée par le FCO en 2010, concluait que ses propres dossiers internes « fournissent peu de preuves que l’organisation a un impact significatif et durable à long terme. » L’analyse concluait au contraire :

« … l’objet du soutien du parti – strictement défini – n’est pas de présenter des améliorations démontrables du fonctionnement de la démocratie… [mais] permet aux parties prenantes de se livrer à des activités, ce qui serait impossible pour le FCO d’entreprendre. »

Cela concerne des activités politiques « conçues pour aider leurs homologues idéologiques dans d’autres pays » et qui facilitent « l’accès aux partis des démocraties en développement et leur influence, » soutenant ainsi les « objectifs diplomatiques du gouvernement de Grande-Bretagne. »

Donc, la fonction finale du FWD est de promouvoir les intérêts du gouvernement britannique. Sa constitution stipule que les quatorze membres de son Conseil des Gouverneurs doivent être nommés par le ministre britannique des Affaires étrangères, dont huit d’entre eux sont nommés par le parlement. Un rapport annuel du FWD avoue ceci :

« Le FWD offre au FCO et au HMG [Le Gouvernement de Sa Majesté]… une focalisation sur le travail politique que le FCO ou le Gouvernement ne pourraient pas ou ne souhaiteraient pas entreprendre directement… là où le soutien du gouvernement britannique pourrait être interprété comme une interférence étrangère. »

Malgré sa propre description comme « rassembleur neutre » entre les demandes d’unité nationale et de fédéralisation, l’entièreté du programme national en Irak du FWD est dirigé depuis la capitale du GRK, Erbil.

Dans le Kurdistan irakien, cela signifiait pour le FWD, selon le rapport de 2011 du GPTP, promouvoir « une économie de marché démocratique » sûre pour la pénétration de capitaux étrangers : « Le menu inclut un État plus petit mais plus intelligent, une société civile active, un système médiatique libre et professionnel, et plus d’entreprises privées. »

« Le Kurdistan exploite ses richesses pétrolières et gazières de manière louable et en avance sur le planning par le biais d’une utilisation judicieuse du secteur privé, » s’enthousiasmait le rapport du GPTP sous la surveillance de Zahawi et Munn.

« La sécurité énergétique européenne viendra de la capacité d’acheminer le gaz par le projet de couloir énergétique sud sur un siècle. Cela mérite la reconnaissance et le soutien du Royaume-Uni. »

L’ardeur avec laquelle les compagnies pétrolières américaines et britanniques exploitent les ressources des Kurdes irakiens soulève, cependant, des questions urgentes, à savoir si le soutien des gouvernements US-UK à l’égard des liens entre GRK et le pétrole turc ne joue pas en défaveur de la guerre contre l’ÉI, et si cela n’alimente pas le groupe terroriste.

Les Britanniques pas plus que les Américains ne veulent apparemment répondre à ces questions.

Source : Insurge Intelligence, le 31/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

karima // 17.12.2015 à 06h29

mettez y une dose généreuse de religion et voilà le poisson est noyé… les américains et les britanniques mais aussi les français ont et n’ont toujours eu qu’une seule morale depuis que ces pays existent c’est celle de l’enrichissement d’une caste par tous les moyens possibles…
La liberté, l’humanité, les droits fondamentaux et maintenant la défense de l’environnement et que sais je encore ne sont que de la poudre aux yeux!

Bush est allé en Irak pour voler le pétrole!!! Rien d’autre
Obama et consorts ne mettent en place qu’un plan de chaos partout où ils le peuvent pour mieux permettre à leur prédateurs de se servir en ressources en tout genre.
La religion, les dictateurs, les armes chimiques tout cela c’est du vent de sable qui nous fait fermer nos yeux et nos bouches sur la réalité!
les médias appartiennent à ces prédateurs et depuis des années ils lavent le cerveaux de la populace… nos politiques sont leurs chiens fidèles qui leur garantissent la légitimité du droit qui est fait par eux et pour eux… Dès qu’on entend, le grondement du peuple, hop un attentat hyper médiatisé (forcément) qui terrorise dans les chaumières et nous fait accepter l’inacceptable… Quand est ce que nous allons enfin nous réveiller et mettre à plat cette ploutocratie??

26 réactions et commentaires

  • Louis Robert // 17.12.2015 à 01h41

    Désormais, l’effronterie et le cynisme de l’Occident corrompu ne connaissent plus de limites.

    « Et cela pour des altesses
    Qui, vous à peine enterrés,
    Se feront des politesses
    Pendant que vous pourrirez… »

    (Victor Hugo)

    Maintenant, causons de « nos valeurs »… que nous chérissons tant, les marchandant à la ronde!

      +39

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  • Charles // 17.12.2015 à 01h52

    Voilà qui confirme que de même que l’argent n’a pas d’odeur, les entreprises n’ont pas de patrie, ou plutôt une seule, le profit.
    Mais il est bon de rappeler comme le démontre cet article (http://wp.me/p5oNrG-hzB) que la principale ressource de Daech, se sont les combattants, y compris ceux recrutés en France de plus en plus facilement grâce l’islamophobie distillée par le FN et autres racistes, maintenant grâce au crétinisme intéressé des politiciens votant l’état d’urgence.

      +7

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    • openmind // 17.12.2015 à 08h52

      Le FN ne serait-il pas plutôt une réaction du Français d’origine à l’absence de politique d’intégration engendrant un malaise identitaire chez les jeunes immigrés se repliant ainsi sur cette idéologie bon marché qui encourage le recours à la violence pour arriver à ses fins.

        +13

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    • openmind // 17.12.2015 à 09h06

      Le FN ne serait-il pas plutôt un vote réactionnaire devant l’absence de politique d’intégration qui a plongé toute une jeunesse déracinée dans les bras de cette nébuleuse dans laquelle ils pensent trouver une vraie identité séduits par la pratique assumée de la violence flattant leurs plus bas instincts. Le vote FN une cause du départ des jeunes en Syrie??? Une conséquence peut-être mais vous semblez faire une inversion plutôt fâcheuse…un sophisme dont les médias se font l’échos de plus en plus….(Bourdin encore hier) et à ce jeu là, on n’avance pas vers le mieux vivre en mieux comprenant mais vers l’affrontement par anathèmes par la peur irréfléchie.

        +21

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    • Surya // 17.12.2015 à 13h23

      L’islamophobie distillée par le FN ? Alors que dans dar al islam (la revue publiée par l’état islamique) ils justifient leurs actions à longueur de pages par des hadiths et des versets du coran ?

        +7

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    • ThylowZ // 17.12.2015 à 13h25

      C’est quand même fou tout ce qu’on met sur le dos du FN.

      J’en suis pas un électeur, mais si on continue à émettre des jugements de valeur sur les opinions des autres, ça n’arrangera pas les choses.

      Avez-vous pensé à tous ces gens qui désormais votent FN et à qui on explique toute la journée que c’est un vote raciste, anti-républicain, immonde, xénophobe, vichy, Pétain, débile, blablabla, alors qu’ils sont dans la misère et qu’aucun gouvernement précédent n’a su trouvé les réponses? C’est-à-dire que non seulement ils ont pas grand chose dans les poches, mais en plus ils se font indirectement traiter de tous les noms.

      Cette représentation manichéenne de la pensée est désespérante.

        +19

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  • karima // 17.12.2015 à 06h29

    mettez y une dose généreuse de religion et voilà le poisson est noyé… les américains et les britanniques mais aussi les français ont et n’ont toujours eu qu’une seule morale depuis que ces pays existent c’est celle de l’enrichissement d’une caste par tous les moyens possibles…
    La liberté, l’humanité, les droits fondamentaux et maintenant la défense de l’environnement et que sais je encore ne sont que de la poudre aux yeux!

    Bush est allé en Irak pour voler le pétrole!!! Rien d’autre
    Obama et consorts ne mettent en place qu’un plan de chaos partout où ils le peuvent pour mieux permettre à leur prédateurs de se servir en ressources en tout genre.
    La religion, les dictateurs, les armes chimiques tout cela c’est du vent de sable qui nous fait fermer nos yeux et nos bouches sur la réalité!
    les médias appartiennent à ces prédateurs et depuis des années ils lavent le cerveaux de la populace… nos politiques sont leurs chiens fidèles qui leur garantissent la légitimité du droit qui est fait par eux et pour eux… Dès qu’on entend, le grondement du peuple, hop un attentat hyper médiatisé (forcément) qui terrorise dans les chaumières et nous fait accepter l’inacceptable… Quand est ce que nous allons enfin nous réveiller et mettre à plat cette ploutocratie??

      +49

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  • Perret // 17.12.2015 à 07h36

    Il conviendrait également d’étudier le rôle du bébé Kouchner du Kurdistan irakien 7: le poste diplomatique français d’Erbil (consulat général), ouvert en 2007, dirigé par un proche de mister K jusqu’en 2014, Frédéric Tissot. C’est la seule ouverture d’un nouveau poste diplomatique dans le monde de ces dernières années.

      +19

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  • Astatruc // 17.12.2015 à 07h42

    Rien ne pourait fonctionner sans les médias, ils sont donc les premiers coupables.
    Hier à la radio, j’entendais une journaliste parler de l’EI, j’ai été consterné de l’entendre plusieurs fois dire »état », islamique, elle détachait le mot « état » en laissant passer qulques secondes entre « état et « islamique ».
    Le diable est dans les détails et si la communauté internationale parle « d’état islamique » c’est bien qu’elle et elle seule le reconnait comme tel.
    En effet, pourquoi et comment justifier cette dénomination alors même que ces islamistes se sont installé là de manière illégale, tuant, volant les populations locales,les terres, asservissant les femmes à un esclavage sexuel.Ces islamistes font une colonie et il n’y a pas d’état, il y a des territoires occupés……….
    Pourquoi donc les puissances occidentales parlent t’elles d’état?
    Vont-elles récidiver et « donner » un morceau de la Syrie aux islamistes intégristes?Pourquoi se generait-elle?De fait, Israël a déja montré l’exemple.Les puissances font ce qu’elles veulent:elles n’ont jamais eu l’intention de défendre les palestiniens(sinon, ça serai réglé depuis longtemps) et on dirait elles s’apprêtent à donner à « l’ei » les mêmes prérogatives qu’Israël sur la Palestine.

    [Edit modération]: Attention aux qualificatifs utilisés pour les journalistes

      +12

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  • Charles Michael // 17.12.2015 à 08h10

    Si on fait des maths:
    « L’EI a réussi à produire la quantité phénoménale de 45 000 barils par jour de pétrole, leur permettant d’engranger 3 millions de dollars par jour en espèces en pratiquant des prix bien au-dessous du marché. »

    Ca donne 66.666 $ par baril, bien au dessus des cours.
    Le chiffre de vente d’Isil, par baril, le plus communément cité est + ou – 10 $

    Explication : ces 45.000 barils ne concernent que le pétrole syrien, là c’est cohérent et rejoint le CA communément cité de 500.000 $/jour.

    Les ventes de pétrole kurdo-irakien sont le sujet d’un contentieux sur la répartition des profits sur ventes et modalités. Plus détourné donc que volé, à mon humble avis, il doit avoir un prix de vente d’au moins moitié (environ 20 $) des cours officiels, et les quantités peuvent être considérables.

    Excellent article par ailleurs.

      +12

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    • Jagajaga // 17.12.2015 à 15h14

      Ah merci, vous venez de m’épargner du boulot. J’ajouterais que 45000 barils c’est minable, pas phénoménal, et que l’EI n’a jamais contrôlé « 7 des principaux centres de production irakien » qui sont tous dans le sud ou dans des régions du Kurdistan sur lesquelles l’EI n’a jamais eu la main.

      Contrairement à vous par contre, je serais loin de qualifier l’article d’excellent mais plutôt de vulgairement sensationnaliste.
      Quand je tombe sur un article intitulé « Les liens secrets de la Grande-Bretagne avec les gouvernements et les entreprises cachées derrière les ventes de pétrole de l’ÉI », je m’attends à quelque chose d’un peu plus « choc » qu’une série d’affirmations plus ou moins bien documentées. En l’état, ça se résume à « l’action diplomatiques britannique au Kurdistan autonome a facilité l’implantation d’une petite société pétrolière anglaise, liée à une entreprise kurde appartenant au pouvoir dont une filiale est accusée par un député de l’opposition d’avoir peut être utilisé des camions pour transporter une partie de l’infime production de pétrole de l’EL ».

      C’est d’autant plus léger qu’on sait que tout le monde trafique avec tout le monde dans la région (pro et anti Assad, EI, Turcs, etc). Guerre ou pas guerre, c’est le seul moyen de survie pour la population.

      Sur les ventes de pétrole kurdo-irakien, le KRG a publié un rapport il y a quelques jours: http://mnr.krg.org/images/pdfs/MNR_production_export_consumption_report_maps_2015_compressed.pdf
      Ils sont clairement passés en vente directe et j’ai l’impression qu’ils vendent au prix du marché. Gazprom est implanté dans la région bien qu’ils ne soient pas mentionnés dans l’article, contrairement à toutes les autres majors. Sûrement un oubli malencontreux du traducteur.

        +6

      Alerter
      • Astatruc // 17.12.2015 à 19h13

        Jagaga,

        C’est peut-être parce que son 18% (de la Russie) est insignifiant.
        🙂

        Je trouve que vous faites une confusion : vous parlez de pétrole volé par les islamistes intégristes en disant que c’est insignifiant (allez, à 10 $ le baril) 45 000 barils/jour, ça donne 416.083,03E/jour, et par mois, 1.204.820.490,9 Euros, ce que je trouve pour ma part pas insignifiant du tout car il y a de quoi s’offrir l’entretien d’une petite armée, et du Kurdistan irakien qui est une entité politique. Et c’est sans doute pourquoi il existe ce document complet et officiel.
        Tout cet argent, les extrémistes le volent aux peuples des pays envahis.
        Après, oui, ce volume est insignifiant (et heureusement; où en serions nous, sinon) par rapport aux autres volumes mais la richesse qu’il génère est, elle, conséquente et c’est sûr, apporte un grand pouvoir aux intégristes religieux.

          +0

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        • Jagajaga // 17.12.2015 à 21h21

          Aucune confusion entre pétrole kurde et daechien, j’apportais un elément de réponses aux reflexions de Charles Michael sur le contentieux entre le gouvernement kurde et Bagdad et sur une possible vente à bas prix par les autorités kurdes. Je fais bien la distinction entre les deux sujets.

          Concernant Gazprom c’était une petite blague à l’attention des plus poutinophiles d’entre nous. Si les 18% que vous mentionnez concernent des droits sur des puits kurdes c’est tout sauf minime, vu les réserves prouvées dans la région et le nombre d’acteurs en concurrence sur le territoire irakien (Exxon, Chevron, Total, Repsol, Shell, BP, les deux compagnies chinoises dont le nom m’échappe, Petronas, l’Etat irakien, etc.) :).

          Mon choix du terme « minable » se faisait en réaction à l’emploi de l’adjectif « phénoménal » dans l’article et à d’autres chiffres aussi mirobolants qu’improbables apparaissant dans les articles cités par l’auteur. Disons que je vois mal le gouvernement britannique, une « major » ou même un second couteau de l’industrie pétrolière aller tremper là dedans. Ca serait prendre des risques immenses pour ce qui reste des queues de cerise au regard des volumes financiers brassés par ces gens là. D’un autre côté, ce ne sont pas les intermédiaires véreux qui manquent dans le pétrole …

          Par contre je vais dans votre sens sur l’idée que c’est tout sauf insignifiant pour Daech. J’ai lu à plusieurs reprise que le prix de vente aux intermédiaires était plutôt de l’ordre de 20$ le baril, soit 27 millions de dollars par mois. Les cours ont baissé depuis et c’est un chiffre d’affaire dont il faut en déduire les coûts de production, mais passons.
          Je suis de plus en plus sceptique quant à l’idée que ça puisse constituer l’essentiel des sources de financement de l’EI. Je peux me tromper, mais ça me semble peu pour former, payer, nourrir et équiper des dizaines de milliers de soldats, financer un appareil « d’Etat » (justice, police, trésor public, santé, etc.) et des programmes sociaux sur un territoire de cette taille.

            +3

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      • Charles Michael // 17.12.2015 à 20h28

        Jagajaga,

        je vous avouerai, que j’ai lu la suite un peu en diagonale, après ces chiffres, mais le sujet est opportun.
        c’est rassurant de Ne rien apprendre à au moins une personne, sérieux.

        45.000 barils/jour, Mon dieu, Mon dieu la consommation modiale tourne autour de 90 millions par jour et sur d’autres sites certains pensent que la chute des cours est due à ces infimes larcins.
        Pour mémoire un VLCC (Very Large Crude Carrier) c’est genre 250.000 tonnes soit environ 1.500.000 barils.

          +0

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  • Alfred // 17.12.2015 à 10h49

    Merci pour cet article.
    Je note que je m’étais trompé dans un commentaire précédent concernant le clan Talabani aussi mouillé que le clan Barzani avec l’Occident et l’EI. Il ne reste plus donc que le YPD de fréquentable dans la région.
    Par ailleurs cela confirme bien la direction générale de ce qui était énoncé: à savoir: « Occident-Etats du Golfe-Turquie-certains sunnites-kurdes irakiens » contre « Russie-chiites-certains sunnites-Syrie-Irak-Iran » et kurdes de Syrie entre les deux…
    On remarquera par ailleurs que la Turquie vient d’annoncer la création d’une base de 3.000 hommes … au Qatar et que l’Egypte manifeste son choix de l’alliance avec la Russie et la Syrie (Egyptair: premiers vols commerciaux arabes à recommencer vers la Syrie depuis le début de la guerre, à la demande des Russes). Enfin des avions russes sont entrés brièvement en Israël sans souci en bombardant les rebelles; des avions Egyptiens (eh, oui!) sont entrés brièvement en Israël sans souci en bombardant des éléments de l’EI au Sinaï et enfin la Russie laisse Israel libre de bombarder le Hezbollah en Syrie… Que ces gens sont pragmatiques… Cela laisse songeur quant à la grosse dizaine de secondes qui aurait justifié d’abattre l’avion Russe avec la bénédiction de l’Otan…

      +5

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  • kinimodo // 17.12.2015 à 15h59

    Dans ce contexte, cette info qui me semble importante sur ces 28 Millions de barils de pétroliers en attente de livraison aux Etats unis alors que les capacités de stockage sont saturées
    L’ excès d’offre est patent et le prix du pétrole n’a sans doute pas fini de baisser, ce qui ne devrait pas faire les affaires de l’EI.
    ————————————————————
    Quelque chose d’étrange se déroule au milieu de l’océan Atlantique

    Au début du mois dernier, nous avons remarqué que quelque chose d’étrange se passait au large de la côte de Galveston, au Texas.
    Comme le FT l’a rapporté, « la quantité de pétrole [maintenant] en mer est au moins le double des niveaux de plus tôt cette année et est équivalent à plus d’un jour d’offre mondiale de pétrole. » En bref: la surabondance de l’offre de brut déflationniste mondiale commence à se manifester dans une flottille de superpétroliers fixes, comme des millions de barils de pétrole qui sont tout simplement coincés au milieu de l’océan et attendent de décharger.
    En fin de compte, cela a conduit près de 40 transporteurs de brut avec une capacité de chargement combinée de 28,4 millions de barils, en attente d’ancrer près de Galveston.
    la suite…
    https://resistanceauthentique.wordpress.com/2015/12/17/quelque-chose-detrange-se-deroule-au-milieu-de-locean-atlantique/
    source zero hedge:
    Something Strange Is Taking Place In The Middle Of The Atlantic Ocean
    http://www.zerohedge.com/news/2015-12-16/something-strange-taking-place-middle-atlantic-ocean

      +1

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    • dono // 22.12.2015 à 19h26

      Si je peux permettre concernant les tendances haussières et baissières du prix du baril il existe certes la loi de l’offre et de la demande de cette production…mais aussi et surtout (suite à la financiarisation massive de l’économie) l’inflation et la contraction des gigantesques flux de capitaux volatils sur les marchés financiers qui cherchent à fructifier par la spéculation débridée!
      Ainsi le dégonflement de la bulle des subprimes en 2008 explique la rapide baisse de nombreuses matières premières par la suite…

        +0

      Alerter
  • Dominique // 17.12.2015 à 16h53

    « 45 000 barils par jour de pétrole, leur permettant d’engranger 3 millions de dollars par jour en espèces en pratiquant des prix bien au-dessous du marché. »

    3 millions de dollars pour 45 000 barils, ça fait près de 67 dollars le baril. Tout ça sans compter l’extraction, le transport et les intermédiaires. On est bien au-dessus du marché, et pas en-dessous. Va falloir revoir la copie !

      +1

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  • Theoltd // 17.12.2015 à 17h37

    Si le pétrole de contrebande provient de Syrie et des meilleurs sites d’Irak, alors 45000 barils jour est un total grandement sous estimé.

    Il est probable que cette contrebande se passe également en Lybie, et l’on peut concevoir qu’il sait d’un business au niveau des Etats, car il ne pourrait se passer sans eux.

    Ainsi, la récente autorisation des US a exporter leur pétrole, serait en fait la possibilité offerte a blanchir le pétrole issus de cette contrebande: une fois acheté a prix très bas aux islamistes mis en place au moyen orient, les cargos voguent vers l’Amérique, qui réexporte ensuite le pétrole, tout en se déclarant grand pays producteur- exportateur comme elle le fait de façon très suspecte, alors que sa consommation dépasse pour l’instant sa production, y compris en incluant les pétroles de schiste.

    Le chaos progressant, peu a peu tout le pétrole produit viendrait de contrebande, donc sans les frais sociaux qui y sont normalement inclus, ce qui ruinerait l’économie des autres pays producteurs, comme la Russie, et qui seraient ensuite a leurs tours touchées par ce phénomène, au detriment bien sur de toute la population.

    Bref, l’adaptation au peak oil. On comprend pourquoi celui ci est nié par les hautes spheres. Il est la cause et le mobile de toutes ces guerres.

      +3

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    • Jagajaga // 17.12.2015 à 21h24

      Est ce que vous avez seulement idée des volumes de pétrole produit quotidiennement dans le monde ? +/- 90 MILLIONS de barils par jour .
      Avant guerre, la production conjuguée de la Syrie et la Libye ne représentait même pas 2,5% de ce total et ces deux Etats n’avaient pas la moindre capacité réaliste de peser sur les cours.
      Et vous en arrivez à la conclusion que les USA ont un plan secret pour déstabiliser le marché mondial en blanchissant 45 000 bb/j. C’est comme si mon libraire me racontait qu’il va déstabiliser Amazon en trafiquant sa déclaration de TVA …

      Sur le plan pratique, considérant que la contenance d’un tanker pouvant négocier Suez est d’environ 160 000 tonnes, soit peu ou prou 1,2 millions de barils, calculez combien de temps votre bateau va devoir rester à quai pour être rempli au rythme de 45000 barils par jour.

        +2

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      • Theoltd // 17.12.2015 à 22h38

        Jajaga, je pense que la contrebande pese bien plus que 45000 barils jour annoncés. Avec 2 ou 3 millions de Baril jour, on peut très bien peser sur les prix, car ceux ci se font a la marge.
        Regarder les chiffres de la Libye, elle a perdu 2 ou 3 millions de Baril jours, officiellement, depuis la chute de Kadhafi. Mais par quoi les as t on remplacé? Mon opinion, c est que ces millions de Barils passent au black.

        De toutes façons, alors que la production mondiale de pétrole stagne, les US produisent de plus en plus, malgré la fermeture de centaines de puits, et après avoir dépassé leur pic. ce qui est physiquement impossible. Mais ce pétrole doit bien venir de quelque part. De plus, des centaines de tankers croisent au large des cotes des US, supposément pour stocker l’excès de pétrole. En fait, cela pourrait être parfaitement de la contrebande massive. A voir.

          +3

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        • Jagajaga // 18.12.2015 à 15h19

          La Libye n’a pas produit 3Mbb/j depuis 50 ans. Avant guerre la production était à 1.6Mbb/j, elle est tombée à zéro pendant le conflit qui n’a causé que des dommages mineurs aux infrastructures avant de remonter à 1,4 à partir de 2012.

          Actuellement, la production tourne autour de 500 000 barils / jour. Il en manque 900 000 par rapport à la production de 2012 et pas « 2 ou 3 millions ».

          Sur ces 900000 disparus, il faut bien comprendre que la production s’est effondrée mi-2013 et reste basse en raison des destructions d’infrastructures (puits et pipes dans la région de Syrte, terminal d’Es Sidra), des conflits armés autour de certains champs, de la sous-production en raison de la mise en standby des ouvertures de nouveaux puits et des projets d’EOR (faute d’investissement public ou privé), du retrait des compagnies étrangères et des personnels qualifiés qui vont avec, etc. Allez, on va être extrêmement généreux et on va dire qu’il en sort peut être 100 000 pour le marché noir. Pour vous faire plaisir.

          En attendant, la production mondiale de pétrole ne stagne pas, elle est en hausse quasi constante depuis 1984 … Le pic américain remonte à 1970. Leur prod a atteint son minimum en 2007 (5 Mbb/j quand même) avant de repartir, tirée par les non conventionnels.
          La baisse de la production est attendue pour 2016 puisqu’il lui faut un certain temps pour s’adapter aux variations de prix: des puits ont été fermés aux US (les moins rentables) mais d’autres continuent à produire parce que leur seuil de rentabilité est bas ou parce qu’ils ont couvert leur production.
          Vous parlez de « limite physique », manifestement vous savez des choses que tout le monde ignore sur les stocks de non conventionnels. Contactez rapidement l’EIA et l’OPEP, parce que eux n’arrivent pas à se mettre d’accord.

          Quant aux tankers aux US (et au large de l’Europe, et en Méditerranée) je vous renvoie à l’explication donnée dans l’article de Zerohedge : « low prices, no storage capacity, and soft demand. »

            +1

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  • Theoltd // 18.12.2015 à 16h58

    Personne ne peut connaitre les chiffres de ce trafic, ni même les Russes avec leurs satellites, car on ne peut déterminer si une cargaison est légale ou pas, et un chiffre de 45000 barils/jour est aussi fantaisiste que 3 millions, car personne n’en sait rien. La Russie a quand même détruit 1000 camions citernes, dont il se dit qu’ils étaient utilisés pour les Shales US auparavant. 1000 camions, ca ne se trouve pas comme ca. Moi je ne peux pas retirer 200 euros a la caisse d’épargne sans qu’on me demande pourquoi, et on achète comme ca, sans savoir d’où, 1000 camions citernes? On nous prend pour des gogos?. Ce qui devient considérable à l’échelle locale. La seule chose dont on soit sûr, c est qu’un trafic de pétrole existe, et qu’il ne peut se passer sans le support des grandes compagnies pétrolières, car ce pétrole il faut le raffiner, puis le vendre, c’est a dire le blanchir en quelque sorte. On ne peut pas payer non plus ce pétrole en cash quand même, donc les banques aussi sont au courant. Bref, c’est au niveau des états que ça se passe.

    Alors si le pétrole de contrebande qui disparait de Libye (chiffre inconnu, mais un trafic est avéré) , du Nigeria (500.000 barils/jour de trafic estimé) , d’Irak (Les 7 plus grands sites sont sous contrôle d’EI- mais pas de chiffres) ou de Syrie réapparaissait sous forme de shale dans la compta américaine, franchement, ça m’étonnerait pas plus que ça.

    Pour la Libye, il manque en réalité 1.250.000 barils/jour. Plus l’état va redevenir fort, plus la production remontera, par légalisation de la production plus que par la réparation des infrastructures. Les infrastructures pétrolières pour la Libye ne sont pas particulièrement lourdes à réparer, de plus elles ont été plutôt épargnées. Je rappelle que c’est le pays, comme par hasard, où le prix d’extraction est le plus bas.

    Enfin, je connais les explications concernant les supertankers. Il faut bien des explications, si quelqu’un s’intéresse à leur présence, c’est la base d’un plan bien conçu.

    Enfin, je pense que les buts de ces guerres ne sont pas des projets aux effets lointains, mais un vol pur et simple de la matière première qui commence à manquer partout dans le monde. Plus il y aura de chaos, plus on pourra payer peu cher son pétrole à des groupes armés qui contrôleront les sites de production sans avoir à maintenir en ordre un état sur ces revenus.
    De plus, moins le pétrole sera cher, plus des pays comme la Russie ou l’Arabie saoudite seront obligés d’en produire pour boucler leurs budgets. Donc un pétrole peu cher conduit paradoxalement a une illusion de son abondance. Bien sur, cela ne durera qu’un temps.

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    • jheurtault // 18.12.2015 à 19h05

      Qu’est-ce qu’un « shale »? C’est la première fois que je vois ce mot.

        +0

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  • Jagajaga // 18.12.2015 à 18h58

    « on achète comme ca, sans savoir d’ou, 1000 camions citernes? » Vous vous étonnez de la présence de camions citernes dans deux pays producteurs de pétrole, c’est pas mal. Il paraît que l’étonnement c’est important en philosophie.

    « un trafic de pétrole existe, et qu’il ne peut se passer sans le support des grandes compagnies pétrolières, car ce pétrole il faut le raffiner, puis le vendre ».
    Try again: vous pouvez faire de la distillation atmosphérique avec une cuve en ferraille et un bon feu au fond de votre jardin. C’est dégueulasse, le résultat est de mauvaise qualité, mais ça suffit à faire rouler un camion ou à faire tourner un groupe électrogène. C’est le cas en Syrie dans les régions privées de carburant de qualité industrielle.

    « Les infrastructures pétrolières pour la Libye ne sont pas particulièrement lourdes a réparer, de plus elles ont été plutôt épargnées » Soit vous me prouvez que vous êtes ingénieur et que vous étiez à Syrte récemment (j’en doute), soit vous me fournissez une source. La branche locale de l’EI à pour modus operandi de détruire les puits qu’elle ne peut pas tenir. Des réparations à bas prix ça constituerait un précédent remarquable, la norme pour une remise en service c’est plutôt « long et coûteux ». Sans parler des destructions d’infrastructures de stockage et d’un terminal pétrolier.

    « Je rappelle que c’est le pays comme par hasard, ou le prix d’extraction est le plus bas »
    Encore faux, loin derrière l’Arabie Saoudite, Oman, l’Iran, l’Irak, etc.

    Irak (Les 7 plus grands sites sont sous contrôle d’EI- mais pas de chiffres).
    Wrong again. Les principaux sites de production sont au sud de Bagdad (2/3 de la prod irakienne), région que l’EI n’a jamais contrôlée, et dans la région de Kirkouk (1/3 restant) sur laquelle ils n’ont jamais mis la main. L’article de Nafeez Ahmed ci dessus qui mentionne ce chiffre date de juillet 2015, époque à laquelle l’EI contrôlait les puits de la région de Tikrit, ceux à l’ouest et au nord de Bagdad ainsi que Baiji, 1ère raffinerie d’Irak. Ca n’est plus vraiment d’actualité, veillez à employer l’imparfait.

    « un vol pur est simple de la matière premiere qui commence a manquer partout dans le Monde. » Va pour le vol si vous parlez du conflit irakien de 2003. En Syrie, il n’y a plus assez de pétrole pour motiver l’intervention de qui que ce soit, même en prenant en compte d’hypothétiques réserves en Méditerranée orientale.
    Par ailleurs, vous soulignez à juste titre ce que vous appelez « l’illusion d’abondance ». Il y a en effet en ce moment trop voire même beaucoup trop de pétrole, mais vous ignorez complètement le fait que c’est la surproduction saoudienne qui est aujourd’hui à l’origine de l’effondrement des cours (+ la fermeture partielle du marché US aux imports + le ralentissement de la croissance chinoise + d’autres facteurs). Regardez les résultats des trois dernières réunion de l’OPEP.

    A plus ou moins brève échéance, ce qui est appelé à disparaître c’est le pétrole de haute qualité à bas prix, du sweet light crude à des coût d’extraction/baril tournant autour de 5$. Obtenir la même qualité à partir des bitumeux ou des schistes est plus coûteux voire impossible. Le débat n’en finit pas sur la question des réserves de non conventionnels et de leur exploitabilité, mais visiblement vous savez mieux que tout le monde.

    Dernier post, je sais reconnaître les cas pathologiques.

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  • Theoltd // 18.12.2015 à 19h18

    Au moins vous avez lu mon post. Votre enervement prouve que vous en avez retenu quelque chose. L’apprentissage cause toujours une forme de douleur. C’est pourquoi les enfants crient souvent quand ils apprennent. Très cordialement.

    Pour finir, vous envoyez une avalanche de chiffres pour dire quoi? Que le trafic n’existe pas? Qu’il ne peut pas être fait par les grands états? Que les guerres sont clean? Que la Guerre n’a jamais eu pour but le pillage? Vous avez du boulot pour me convaincre. Allez troller ailleurs.

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