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11.juin.201511.6.2015 // par Jacques Sapir

Les vaches sacrées et le FMI

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La croissance potentielle est une notion qui prend en compte les facteur de croissance (de la démographie aux investissements[1] et passant par la formation mais aussi les institutions du marché du travail) et qui cherche à anticiper l’évolution de la croissance dans un environnement macroéconomique « neutre » soit sans accélération ou décélération de l’inflation. Ce concept a été développé dans un cadre très inspiré par la forme moderne de la théorie néoclassique. Mais, l’inclusion d’éléments extérieurs à cette théorie ont abouti à introduire un élément de réalisme important dans cette notion[2]. Cette notion apparaît donc compatible, moyennant certains ajustements, avec la théorie hétérodoxe[3], comme on l’a montré dans un papier de 2012[4]. On peut retrouver, sous certaines conditions, des relations stables entre le capital productif et la croissance potentielle ainsi que cela avait été montré dès le début des années 1960[5].

Le Fond Monétaire International, dans le World Economic Report du mois d’avril 2015[6], exploite alors cette notion. Les résultats de cette étude (le chapitre 3) sont particulièrement intéressantes, parce qu’elles vont à rebours de bien des vaches sacrées du discours économique contemporain. Sans doute est-ce le moment de rappeler que c’est justement dans le cuir des vaches sacrées que l’on taille les meilleures chaussures pour avancer.

Croissance, croissance potentielle et impact de la zone Euro.

Le premier point qui ressort de cette étude est que, dans les économies développées, le déclin de la croissancepotentielle (et non nécessairement réelle) a commencé autour de 2000, et s’est amplifié depuis la crise de 2007-2009. Cette croissance potentielle se situait autour de 2,25% par an en moyenne sur 2001-2007 et atteignait les 2,5% par an sur 1996-2001 ; elle est tombée à 1,3% par an de 2008 à 2014, et ne devrait remonter que vers 1,6% par an pour la période 2015-2020[7]. La croissance potentielle semble donc s’être contractée de l’équivalent de 0,6% par an dans les pays développé et même de 0,9% si l’on compare le niveau avant 2000 avec celui qui est estimé pour les années à venir. A cet égard, le très faible rebond pour la période dite « post-crise » interpelle. Ceci constitue une nouveauté par rapport aux précédentes crises financières, pourtant marquées par de fortes contractions du crédit[8]. L’impact de la réduction de la croissance des investissements dans la zone Euro est ici à noter. Ceci correspond à l’ampleur des politiques d’ajustement fiscal[9].

Les causes de ce déclin sont multiples. Ainsi, aux Etats-Unis, c’est la faiblesse des investissements à partir de 2003 qui en est la cause. Il faut y ajouter l’évolution de la structure démographique et les conditions de formations de la main d’œuvre. Néanmoins, il convient de distinguer la trajectoire des Etats-Unis (et du Canada) de celle de l’Europe. Pour cette dernière, et en particulier pour la zone Euro, le ralentissement de la croissance potentielle apparaît comme particulièrement sévère. Ceci implique que les effets négatifs de l’Union Economique et Monétaire se seraient manifestés au-delà de la croissance réelle, ce qu’avait déjà mis au jour le travail de Jorg Bibow[10]. Non seulement l’Euro aurait entraîné une torsion de la politique macroéconomique dans un sens défavorable à la croissance, ce que l’on mesure très directement[11], mais il aurait aussi eu des effets négatifs sur le potentiel de croissance ce qui implique un affaiblissement structureldes économies de la zone Euro[12]. La zone Euro apparaît plus mal placée que les autres économies développées même si l’on retire l’effet du cycle des affaires[13]. Le point est ici d’une grande importance. Il faut savoir que dans l’étude réalisée par le FMI, seuls 4 pays de la zone Euro apparaissent, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne. Mais, ces pays réalisent à eux quatre environ 80% du PIB de la zone. Il est donc clair, et peut être considéré comme établi, que l’Euro a eu des effets négatifs non seulement sur la politique macro-économique (comme démontré par Bibow) mais aussi sur la croissance potentielle. Ici meurt sous nos yeux la première des vaches sacrées.

Quelles réformes pour quel potentiel de croissance.

Mais, l’étude du Fond Monétaire International ne s’arrête pas là. Elle considère l’impact de toute une série de mesures structurelles qui peuvent être décidées à court terme par les gouvernements sur la productivité totale des facteurs et donc sur la croissance potentielle. Le rapport examine leurs effets sur les divers secteurs de l’économie ainsi que sur la croissance potentielle totale.

Source : World Economic Outlook d’avril 2015, publié par le FMI, Chapitre 3, p. 38.

Le rapport classe donc 7 facteurs, outre les investissements en capital productif et les structures démographiques, qui sont susceptibles d’influencer la croissance potentielle :

  • L’évolution des réglementations concernant les produits.
  • L’évolution des réglementations concernant le marché du travail (i.e. la « flexibilité »).
  • Les effets des taxes pesant sur le travail.
  • La disponibilité d’une main-d’œuvre fortement qualifiée.
  • Les investissements en recherche et développement.
  • Les investissements en techniques de communication et d’information.
  • Les infrastructures

Or, que constate-t-on ?

Tout d’abord qu’à moyen terme, les deux mesures qui sont susceptibles d’avoir le plus d’effet à moyen-terme (soit à un horizon de 5 ans) sont les investissements en recherche et développement et les investissements en techniques de communication et d’information. Ils signalent qu’i peut y avoir un effet cumulatif avec les investissements en infrastructures (ce qui se conçoit aisément). Les changements dans la réglementation du marché du travail (et ces changements sont naturellement des mesures de flexibilisation de la main-d’œuvre) ne donnent aucun effet. Plus intéressante encore ; si l’on considère maintenant un horizon de court-terme, soit dans l’étude de moins de trois ans, on constate que les mesures portant sur la flexibilisation et le changement des règles du marché du travail aboutissent à faire baisser la croissance potentielle.

Il faut alors rappeler que l’on défend depuis plus de 15 ans de telles mesures comme devant nécessairementaugmenter la productivité et la croissance potentielle. Rappelons qu’en France, telle est l’argumentaire du gouvernement pour faire avaliser par le parlement la trop fameuse « Loi Macron ». Rappelons aussi que c’est l’absence de telles mesures dans le programme de réformes soumis par le gouvernement grec à l’Eurogroupe qui est dénoncé par ce dernier, mais aussi (hélas) par le Premier-ministre français M. Manuel Valls et par le commissaire européen idoine (Pierre Moscovici). Or, si nous suivons le rapport du FMI, nous devons reconnaître que le gouvernement grec a eu raison de ne pas céder sur ce point.

Cela signifie que le discours sur les « réformes structurelles » dans le domaine du marché du travail n’est qu’un discours idéologique et même un modèle, comme celui du FMI, qui reste très imprégné d’économie néo-classique, se révèle incapable de montrer un quelconque effet positif de telles mesures. Ici meurt, sous nos yeux, la deuxième des vaches sacrées du discours économiques tel qu’il est tenu depuis au moins vingt ans. On ne saurait trop remercier les experts du FMI pour l’œuvre de salubrité publique qu’ils ont fait.

Mais on peut craindre qu’au lieu d’aller cacher leur honte (qui devrait être grande) et leur incompétence (qui ne l’est pas moins) les Valls, Macron et Moscovici ne continuent à pérorer et à nous affirmer, avec tout l’aplomb de bonimenteurs de foire (et avec toutes mes excuses pour cette profession) des énormités économiques.

Notes

[1] Sur la notion d’investissement productif, Beffy, Pierre-Olivier, Patrice Ollivaud, Pete Richardson, et Franck Sedillot. 2006. “New OECD Methods for Supply-Side and Medium-Term Assessments: A Capital Services Approach.” OECD Working Paper 482, Organisation for Economic Co-operation and Development, Paris.

[2] Voir en particuleir N.G. Mankyw et R. Reis, What Measure of Inflation Should a Central Bank Target, Harvard University, working paper, Decembre 2002, ainsi que G.N. Mankyw et R. Reis, “Sticky Information versus Sticky Prices: A Proposal to Replace the New Keynesian Phillips Curve” in Quarterly Journal of Economics, vol. 117, n°4/2002, pp. 1295-1328.

[3] R. Boyer et J. Mistral, Accumulation, Inflation, Crises , PUF, Paris, 1978 ; R. Boyer, (ed.), Capitalismes fin de siècle, Paris, PUF, 1986.

[4] Sapir J., Inflation monétaire ou inflation structurelle, un modèle hétérodoxe bi-sectoriel, FMSH, Working Paper n°14, juin 2012. http://halshs.archives-ouvertes.fr/FMSH-WP/halshs-00712645

[5] Jorgenson D.W. (1963), «Capital Theory and Investment Behavior», American Economic Review, vol. 53, n°2, May, pp.247-259

[6] World Economic Outlook d’avril 2015, publié par le FMI, voir Chapitre 3, rédigé par Patrick Blagrave, Mai Dao, Davide, Furceri (responsable du groupe), Roberto Garcia-Saltos, Sinem Kilic Celik, Annika Schnücker, Juan Y.pez Albornoz, and Fan Zhang, avec l’assistance technique de Rachel Szymanski, disponible à partir du 16 avril sur www.imf.org

[7] Idem, p.2.

[8] Claessens, Stijn, and M. Ayhan Kose. “Financial Crises: Explanations, Types, and Implications.” IMF Working Paper 13/28, International Monetary Fund, Washington, 2013. Claessens, Stijn, and Marco E. Terrones, “How Do Business and Financial Cycles Interact?” Journal of International Economics 87 (1), 2012, pp. 178–90.

[9] Baunsgaard T., A. Mineshima, M. Poplawski-Ribeiro, et A. Weber, “Fiscal Multipliers”, in Post-crisis Fiscal Policy, ed. by C. Cottarelli, P. Gerson, and A. Senhadji, Washington: FMI, Washington DC, 2012

[10] Bibow J., « Global Imbalances, Bretton Woods II and Euroland’s Role in All This », in J. Bibow et A. Terzi (dir.), Euroland and the World Economy: Global Player or Global Drag?, New York (N. Y.), Palgrave Macmillan, 2007

[11] Sapir J., Faut-il sortir de l’Euro ?, Le Seuil, Paris, 2012.

[12] World Economic Outlook d’avril 2015, publié par le FMI, op.cit., p. 23.

[13] Furlanetto, F., P. Gelain, et M. Taheri Sanjani. “Output Gap in Presence of Financial Frictions and Monetary Policy Trade-Offs.” IMF Working Paper 14/128, International Monetary Fund, 2014 Washington

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 14 avril 2015.

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Commentaire recommandé

Dominique Gagnot // 11.06.2015 à 06h38

Bonne question.
Enfoncer les anciens pays « riches » dans la pauvreté est le plus sur moyen de concentrer pouvoir et richesses dans les mains d’une minorité. (Par définition, un pauvre est sans moyens)

Impossible de parler d’incompétence tant leurs décisions vont toutes dans le même sens…

42 réactions et commentaires

  • BEYER Michel // 11.06.2015 à 06h03

    Ce rapport du FMI est entre toutes les mains dites « autorisées ». Pourquoi alors persistent-ils à appliquer des mesures qui conduisent notre pays dans le mur. Jacques Sapir parle d’incompétence. Est-ce seulement cela?

      +18

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    • Dominique Gagnot // 11.06.2015 à 06h38

      Bonne question.
      Enfoncer les anciens pays « riches » dans la pauvreté est le plus sur moyen de concentrer pouvoir et richesses dans les mains d’une minorité. (Par définition, un pauvre est sans moyens)

      Impossible de parler d’incompétence tant leurs décisions vont toutes dans le même sens…

        +51

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      • DO // 11.06.2015 à 07h51

        Absolument
        Vincent Brousseau ayant travaillé à la BCE comme economiste durant 14 ans nous l’explique tres bien dans cette petite video
        https://www.youtube.com/watch?t=64&v=etZL2xm7ajA

          +15

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      • douarn // 11.06.2015 à 08h38

        Bonjour
        @ Beyer
        Je crois que non, nous « choisissons » des gens très compétents mais malheureusement pro-1%. Une petite illustration : Aux USA, en 2013, après 3 années de « reprise », 121 % de toute la création de richesse est allée au Top 1% !!! Cela signifie que toute la “richesse” créée dans le pays est allée au seul Top 1 %, mais qu’en plus, il a capté une partie de la part du Bottom 99 % !
        http://www.les-crises.fr/inegalites-revenus-usa-3/

        Le discours officiel des gens très compétents pro-1% soutient, qu’en moyenne, la population des USA s’est enrichie sur cette période. Avec ce genre d’annonce, même les 99% pouvait se convaincre de la fin de la crise… Cependant la mediane (la valeur qui sépare la population en 2 parts égales) contredit ce fait. L’accroissement de la richesse des 1% masque l’appauvrissement des 99%. Je crois pouvoir dire que les très compétents pro-1% ne nous parlent jamais de médiane.

          +17

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        • Francisco // 11.06.2015 à 13h09

          Bonjour
          C’est ce que je nomme un mail plus que très utile, car chaque fois qu’une instance auto-proclamée dirigeante utilise les pourcentages, c’est pour « enfumer » la réalité (de la propagande donc!) Vous avez absolument raison dans votre mail sur cette utilisation faussée de la Science (ici, Mathématique).
          Mais, à côté, votre  » malheureusement pro-1%  » montre votre méconnaissance scientifique sur la façon dont fonctionne le cerveau humain (lisez simplement Rizzolatti et ses « neurones miroirs », livre qui a plus de 20 ans et donc qui déjà de nos jours, appartient à l’histoire comme les écrits de Adam Smith ou de Thucydide) et vous commencerez à découvrir (et cela devrait vous plaire) ce que la neurophysiologie du cerveau humain savait déjà il y a 20 ans. Plus terribles (car il n’y a pas que l’ADN et ses règles rigides) et en même temps plus simples apparaissent les choses de la vie … et on (vous, moi, les autres autour) doit faire avec !!!
          Amicalement
          Christian

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          • douarn // 11.06.2015 à 13h29

            Je vous confirme que le terme « pro-1% » ne me satisfait pas. Il n’est pas juste et certainement trop simpliste. C’est la difficulté de l’exercice du commentaire, être lu et entendu en moins d’une quinzaine de lignes.
            Je reconnais ma méconnaissance des mécanismes du cerveau et vous remercie pour cette référence. Todd fini, j’attaquerai Rizzolatti. Merci

              +0

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            • Tunk // 11.06.2015 à 22h21

              Cherchez également Beauvois & Joules, si ça n’est pas déjà fait, cela devrait bien vous plaire 😉

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      • Chris // 11.06.2015 à 12h50

        Je pense que cette « incompétence » sert totalement les plans hégémonistes de Big Brother. C’est tellement plus facile de soumettre des pays dont l’économie part en quenouille et dont le pouvoir monétaire leur a été retiré !!!

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      • luc // 11.06.2015 à 12h58

        en plus,
        le but dans l’appauvrissement de la population mené par bruxelles,
        c’est aussi de favoriser le refus de l’immigration clandestine par l’opinion publique,
        immigration qui pourtant n’a que peu d’impact sur cet appauvrissement,
        mais phénomène qui donne aux populations une valeur supplémentaire à bruxelles,
        car bruxelles devient un rempart « potentiel » face à cette immigration,
        la population légitime un pouvoir accru à bruxelles
        (surtout si l’immigration finit par baisser)
        (immigration elle-même organisée secrètement par bruxelles bien sur)

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        • Carabistouille // 11.06.2015 à 13h20

          Alors faut le dire vite. Parce que selon moi, pour tout citoyen un peu ouvert, l’UE, au contraire, est la passoire qui va permettre au patronat de pouvoir accentuer son chantage au chomage et son moins disant social. C’est l’UE qui exige des quotas par pays.

            +6

          Alerter
          • luc // 11.06.2015 à 13h29

            l’effet passoire et baisse des salaires pour cause de main d’oeuvre bon marché, ce sont des avantages supplémentaires pour bruxelles, effectivement

            mais cela ne change rien au fait que la population va légitimer le pouvoir de bruxelles en le remerciant d’agir face à cette « marée humaine »… même s’il ne s’agira que d’effets d’annonce, merci les médias :

            « fermer les portes »
            « renvoyer les terroristes potentiels/les bons à rien »
            « sauver de la noyade »
            « intégrer humainement »

            etc afin que chacun y trouve son compte et donc légitimise le pouvoir de bruxelles qui est dans l’action, une réactivité indispensable et saluée par l’opinion etc etc

              +2

            Alerter
        • Subotai // 11.06.2015 à 19h05

          M’enfin! Chais pas moi, mais des types ont théorisé et annoncé la nécessité de la réduction drastique de la population mondiale pour maintenir leur niveau de vie; ils s’organisent en sanctuaires fortifiés; et on en est encore à se demander pourquoi toutes les actions des 1% tendent à l’élimination des 99% ?
          Toujours difficile d’envisager le pire..?

            +3

          Alerter
      • Andrea // 11.06.2015 à 15h13

        Compétence/incompétence? En tout cas, les politiques ne sont pas basés sur des raisonnements économiques censés (voir le post d’Olivier..)

        C’est plutot la manifestation d’une vision, une compréhension ou structuration du monde, une idéologie forte. Des croyances, des mythes, les schémas d’action qui en découlent. Cela ressemble plus à une religion tribale (des 1% si on veut, ou classe supérieure, etc.)

        Les idées centrales ne sont que très vaguement liés à l’économie. La compétition (non la collaboration), le fort qui dirige ou domine le faible (et non l’égalité), le profit (et non le partage) la productivité (et non l’emploi, la santé au travail, l’organisation des transports, etc.), la croyance obnubilée dans certaines facons de mesurer (et non des analyses qualitatives, plus compliquées, ou originales), la nécessité de structurer la société en fonction de l’activité des personnes (et non autour de valeurs universelles), la liste pourrait être plus longue et devrait dans un point inclure la dépendance sur ‘la finance’. Un autre point serait la vision que le pouvoir de controle – legislatif – doit passer de ‘La Nation’ aux ‘Acteurs Economiques’ – sous la rubrique ‘vers la spécialisation et contre l’universalisme.’ Il serait intéressant d’essayer d’écrire qqch qui emballe tout ca…et plus.

        C’est absolument clair amha que tout ceci est néfaste pour l’économie. Cela bloque l’innovation, les synergies, l’éducation – formation, les changements de société (en les voyants comme potentiellement positifs, p. ex. environment, aménagement du territoire, intégration des jeunes) et même bien sur la sacro-sainte ‘croissance’ – un concept à multi-facettes mais suspect ou peu utile, en tout cas comme mesuré par le PNB.

          +3

        Alerter
    • Cédric // 11.06.2015 à 07h40

      il faut tuer la classe moyenne, pour qu’il ne reste que deux classes: les pauvres, maintenus au calme par la police, et les très riches, qui se paient des milices privées (pardon, services de sécurité)

        +37

      Alerter
      • douarn // 11.06.2015 à 08h40

        néo-féodalisme ?

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        • Agora // 11.06.2015 à 11h52

          Exactement ! les concepts de fief et de privilège caractérisent le moyen de gouvernance des sociétés néo-libérales, qui voient le glissement progressif des prérogatives de souverainetés nationales des élus politiques aux administrateurs financiers.

            +8

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        • Taras // 11.06.2015 à 14h22

          plutot un retour a la situation sociale de l empire romain finissant avec sa ploutocratie imperiale decadente et ses masses pauperisees. Le feodalisme etait beaucoup mieux structure et moins totalitaire.

            +8

          Alerter
      • Kiwixar // 11.06.2015 à 09h32

        C’est un calcul très risqué : les milices privées ne sont pas fiables… la robotique tueuse n’est pas encore au point, et les drones, et bien il faut quand même quelqu’un au joystick.

          +4

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        • step // 11.06.2015 à 10h34

          la rationalité n’est pas le propre de l’homme, kiwixar.

            +2

          Alerter
          • Dominique Gagnot // 11.06.2015 à 11h00

            D’autant que l’ivresse du pouvoir rend malade. Et peu leur importe le risque pour le garder.

            L’Histoire est peuplée de ces fous. A chaque époque ses méthodes.

              +8

            Alerter
          • Bouddha vert // 12.06.2015 à 11h55

            Bonjour,

            Si elle n’est pas son propre, force est de constater que ce sont ceux qui s’en servent le plus, avec pragmatisme, qui en croquent le plus et en font roter les autres, non??

              +0

            Alerter
      • Arnould // 11.06.2015 à 10h12

        Et quand la classe moyenne aura été tuée au sens figuré, les pauvres tueront les riches au sens propre. Ils sont cons, ces riches, mais ils sont cons!…

          +12

        Alerter
        • Bouddha vert // 12.06.2015 à 11h59

          Bonjour,

          Ils ne sont pas cons, mais ils fantasment sur l’échelle du pouvoir, gravir une autre marche jusqu’à se retrouver sur un plafond de verre…
          A l’égale des Dieux de l’Olympe.

          Ils font notre monde, pour l’instant, et jusqu’à ce que nous les arrêtions.

            +0

          Alerter
    • bhhell // 11.06.2015 à 19h51

      La collusion de classe entre politiques et milieux d’affaire est criante. L’argument de l’économie néo-classique dans laquelle ce milieu baigne que les classes sociales n’existent pas, que le marché est un système naturel et non pas idéologique, que la politique est affaire de gestion forcément neutre et de pragmatisme, est une imposture chaque jour plus visible. Il sert à camoufler les rapports de force objectifs pour rendre la domination naturelle et fatale. Si les gouvernements ont décidé de sauver la finance en 2008, c’est bien en relation avec cette complicité de classe qui pousse les gouvernants à préserver la richesse des grands détenteurs du capital dont le pouvoir d’accumulation se prolonge grâce aux politiques d’austérité. Le dogme théorique libéral est un simple paravent de l’exploitation économique et sociale

        +3

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  • passant // 11.06.2015 à 08h00

    C’est assez drôle ce tableau, déjà il présuppose que l’impact ne peut être inférieur à -0.05 alors qu’il peut aller jusqu’à + 0.1 🙂 En résumé: si on vous conseille une connerie elle aura un impact faible, mais si ça marche ce sera surtout grâce à nous !!
    Donc rigolons un peu avec la  »règlementation des produits », dans le tableau impact faible sur les productions (sauf services) et prenons au hasard, la construction. Ben dans ce secteur les règlementations stupides (imposés dans chaque domaine par le lobby du secteur, sans cohérence générale. en gros on a laissé faire le marché), conduisent à une baisse forte des mises en chantier. Pour du vécu, des artisans refusent d’effectuer des travaux légaux mais  »aux limites » car ils ont peur de se faire mal voir par le contrôleur, contrôleur qui de vive voix valide la possibilité de faire le travail (c’est pareil dans l’agro-alimentaire pour ce que je connais. On ne se développe pas sinon on va être touché par de nouvelles normes impossible).

    Après c’est effectivement assez drôle qu’il y ait contradiction avec les politiques prônées, en même temps si ce genre de rapport a pour vocation d’ajuster ces politiques ça me paraît normal.

    Ce qui est très rigolo, c’est surtout que les rapports (FMI, économistes, etc…), tiennent le discours et font des propositions qualifié de gôôchistes, quand les gôôchistes dénonçaient l’ultra-libéralisme (je parle pas du libéralisme politique mais de l’ultra-libéralisme économique). 🙂

      +5

    Alerter
  • Tassin // 11.06.2015 à 08h42

    Dommage que Sapir n’ait pas encore intégré la nécessité de la décroissance.

      +9

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    • step // 11.06.2015 à 10h39

      tout à fait, et en ce sens, ce document et la persistance des mesures indique peut être une volonté de décroissance chez les dirigeants, qui sait… associée à une volonté de décroissance inégalitaire.

        +8

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  • P. Lacroix // 11.06.2015 à 09h06

    Lecture très intéressante :  » le minotaure planétaire » de Yanis Varoufakis. C’ est donc d’ actualité et éclairant sur la situation actuelle mais aussi très pédagogique sur les bases de l’ économie et l’ évolution par les crises ( !!!! ). Je n’ ai pas l’ impression qu’ il y ait eu beaucoup de médiatisation de ce livre, enfin bon, je suis plus souvent chez  » les crises  » que chez les figamonpoint!

      +3

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  • Agora // 11.06.2015 à 09h15

    Obscurantisme :
    Attitude, doctrine, système politique ou religieux visant à s’opposer à la diffusion, notamment dans les classes populaires, des « Lumières », des connaissances scientifiques, de l’instruction, du progrès. Étymologie, 1819 «hostilité aux lumières». ( Définition du CNRTL )

    Ce mot post-révolution est né pour signifier négativement le rôle de l’Eglise en tant qu’institution dirigeante. Il est formé en opposition à la notion positive des « Lumières ».
    Cette conceptualisation de 200 ans de l’instrumentalisation du pouvoir est tout indiqué pour qualifier les activités politiques de nos « représentants ».
    Que reste t’il aujourd’hui de l’esprit des Lumières ?

      +5

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  • Kiwixar // 11.06.2015 à 09h21

    La croâssance, c’est la température agréable de l’eau de la casserole avant que la grenouille de la classe moyenne ne meure ébouillantée. La croâssance est à la croâssance potentielle ce que l’espoir est à l’espérance.

      +7

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  • FifiBrind_acier // 11.06.2015 à 09h58

    L’euro, l’euro, l’euro… Et si on le remplaçait par le dollar?

    Il semblerait que la question se discute en Grèce … depuis 2011.
    TAFTA + le dollar, elle est pas belle la vie?

    http://www.marianne.net/Mythologie-grecque-des-dollars-pour-remplacer-l-euro_a213328.html

      +2

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  • Eric83 // 11.06.2015 à 10h23

    Ces informations du FMI prouvent que les messages communiqués constamment aux peuples sont uniquement destinés à les manipuler et à obtenir leur « consentement ».

    Au vu du document et de l’idéologie néolibérale, on comprend mieux l’acharnement du FMI sur le gouvernement Grec pour qu’il accepte des mesures aussi inacceptables qu’inutiles.

      +6

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  • le_chtis // 11.06.2015 à 10h30

    Bonjour,

    J’aime beaucoup les publications/communications de M. Sapir, qui nous permet d’explorer d’autres voix de réflexion. Par contre, sur ce billet, je crois qu’il une petite erreur interprète des résultats du FMI. Je cite: « Les changements dans la réglementation du marché du travail (et ces changements sont naturellement des mesures de flexibilisation de la main-d’œuvre) ne donnent aucun effet. Plus intéressante encore ; si l’on considère maintenant un horizon de court-terme, soit dans l’étude de moins de trois ans, on constate que les mesures portant sur la flexibilisation et le changement des règles du marché du travail aboutissent à faire baisser la croissance potentielle. »
    Si, je suis d’accord avec la première phrase sur l’absence d’effet à long-terme, et qui au final est la plus importante, je crois qu’il y a une mauvaise interprétation dans la seconde phrase. En effet, au regard du document du FMI (http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2015/01/pdf/text.pdf, Box 3.5), la variable « Labour Market Regulation » représente la régulation et non la dérégulation. Ainsi, d’après le tableau ci-dessous, si la régulation du marché du travail augmente, il y a un effet négatif sur la croissance potentielle à court-terme et non l’inverse. En résumé la causalité est inversé.
    Il s’agit donc, à mon avis, d’une mauvaise interprétation. Néanmoins, il faut souligné que le papier du FMI malgré ces 40 pages sur ce thème m’ait pas très loquace sur ces résultats. Il semble que le FMI veille mettre sous le tapis cette absence d’impact « négatif » à long terme de la régulation du travail. Ceci confirme donc le propos général du papier de M. Sapir, malgré cette probable mauvaise interprétation pour les résultats de court-terme.
    Enfin, pour ceux qui s’intéresse à ces problèmes de croissance économique (et du débat entre économistes sur ce sujet), je vous conseille la lecture de cet excellent papier de M. Husson (http://alencontre.org/economie/stagnation-seculaire-le-capitalisme-embourbe.html), qui synthétise les grands débats actuels (avec une vison un peu marxiste, il est vrai).

      +2

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  • Ardéchoix // 11.06.2015 à 11h09

    Quand l’impôt sur le revenu ne sert qu’à payer les intérêts de la dette, parler de croissance , c’est vraiment se foutre de la gueule du monde .
    Quand l’impôt sur le revenu ne sert qu’à engraisser les gens de la finance, parler de décroissance à venir, c’est vraiment leur foutre la trouille .

      +10

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  • Un naïf // 11.06.2015 à 12h14

    Tiens, Fillon se réveille !! Par pur opportunisme politique, et devant le vide intersidéral des programmes de ses concurrents, il se dit qu’adopter une posture gaulliste pourrait lui rapporter qques voies…

    Fillon fustige le TTIP et «l’impérialisme étasunien»

    http://francais.rt.com/france/3118-fillon-etats-unis-croisade-russie

    A noter, aucune reprise de ce passage autre que sur RT, ça doit donc être de la propagande russe !! 😉

      +10

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    • isary // 11.06.2015 à 15h41

      tout à fait,il ne se réveille que pour mieux nous endormir!!

        +7

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    • stephp // 11.06.2015 à 22h38

      J’ai toujours su que Fillon avait l’étoffe d’un grand homme, de la même stature que le Général 😀 😀 😀 😀

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  • step // 11.06.2015 à 15h19

    Une petite analyse tragico-comique de la lamentable histoire de l’avion UEFA de valls. Lisez bien la fin, qui indique aussi les comportements sociaux qui sélectionnent l’entourage de valls.

    http://www.challenges.fr/politique/20150611.CHA6809/remboursement-du-voyage-a-berlin-quand-fabius-accable-la-com-de-valls.html

    Inquiétant, n’est-il pas ?

      +4

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  • Delphin // 11.06.2015 à 19h34

    Bonjour Olivier Berruyer,actuaire,

    Clin d’oeil :

    http://rue89.nouvelobs.com/2015/06/10/chloe-actuaire-prevoit-mort-presque-259053

    Au revoir Olivier Berruyer

    Delphin

      +0

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  • adrien // 12.06.2015 à 09h06

    A propos de vaches sacrées du FMI (l’institution, bien sûr), Christine Lagarde ne paie pas d’impôts sur son salaire annuel de 380 939 E. Elle qui avait recommandé aux grecs de s’entraider en payant tous leurs impôts ….
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/05/28/christine-lagarde-non-plus-ne-paie-pas-d-impots_1708654_3214.html

      +3

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  • Bouddha vert // 12.06.2015 à 12h36

    Bonjour,

    L’article permet de comprendre qu’il existe des incohérences d’analyse entre les politiques néolibérales et des analystes du système.
    Le FMI, qui prône des orientations stratégiques inverses…
    Toutes ces spéculations sont à régulièrement réviser dans le temps puisque La Dynamique du Système est le résultat de plusieurs composantes,
    fichtrement complexe…

    En revanche ce qui l’est moins, c’est de voir que derrières les politiques que nous suivons se cachent des principes énormes, des « vaches sacrées » auxquelles on ne pense même pas:
    LE PIB.

    Le PIB est une mesure financière de la richesse économique d’un espace, le monde pour faire simple.
    Mais, si l’on admet que ce chiffre ne s’appuie que sur la transformation de ressources naturelles, souvent non renouvelables, alors pour décrire le monde, il vaudrait mieux, pour avoir une idée claire et une gestion saine, envisager une économie de flux (en volumes, en masses…) et rapporter ces volumes à ce qu’il reste de connue, extractibles avec des coûts en énergie maitrisés.

    L’économie de demain, c’est de choisir entre une énergie non renouvelable, hyper concentrée, extraordinaire mais avec l’inconvénient de déglinguer notre climat (les hydrocarbures) et d’autres énergies dispersées (vent, soleil, eau…) ou peut puissantes (muscles animaux ou humains…).

    Nous devrons faire avec moins, si l’idée n’est pas sexy, voir impossible pour certains, elle se fera quand même…
    Et plus on tape dans le stock, moins il en reste pour les suivants.
    Sortir de ce dogme économique qui ne tient pas compte de la finitude du monde…

    Ô grande vache sacrée, qu’advienne une « économie de flux », une économie « biophysique »…
    Il est beaucoup plus simple d’organiser sa vie lorsque l’horizon est connu, quel que soit le temps.

      +1

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  • Libre // 19.06.2015 à 20h31

    La croissance peut elle toujours exister avec la technologie et le vieillissement des population?
    Que faire ? A mon humble avis on devrait commencer par :
    1.Réformer et simplifier drastiquement la fiscalité.Serait maintenue une taxation progressive sur les patrimoines nets des particuliers (taxe sur l’actif net les entreprises étant taxées à travers leur actionnaires) et quelques taxes indirectes comme la TVA ou une taxe sur les produits nocifs pour la santé et l’environnement pour financer la protection sociale.
    2.Simplifier et stabiliser la législation.On ne peut pas continuer avec des règles inintelligibles et indigestes qui changent sans cesse.Interdire toute rétroactivité sauf pour les lois pénales les plus douces.
    3.Interdire l’endettement sauf à une majorité des 2/3 des parlementaires et uniquement pour fiancer des investissements productifs avec des conditions strictes en terme d’amortissement.Le tout étant contrôle de manière sévère par la cour des comptes.
    4.Simplifier drastiquement l’organisation du système de protection sociale et son financement.Même règles et organisme pour tous.Imposer l’équilibre financier des organismes de protection sociale.Idem pour le système d’aide sociale avec la fusion en une aide unique.

    5.Rétablir une monnaie saine et stable et un système financier solide.Donc commencer par imposer à la banque de France ou à la BCE (suivant l’évolution de la zone Euro) de maintenir des fonds propres importants et une part significative de ses actifs en or.Séparer également les banques de détail des banques d’investissement et responsabiliser leur actionnaires et leur dirigeants sur leur patrimoine.Tout cela étant garanti par un amendement constitutionnel.

    Si déjà on applique ces mesures on pourra espérer aller mieux…D’autres choses étant à faire dans le domaine économique et autre pour éviter la catastrophe dont un certain nombre d’extrémistes profiterons pour prendre le pouvoir…

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