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24.février.201524.2.2015 // Les Crises

L’isolement de la Russie 1/5: L’effondrement de 1991, par Nicolas M.

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Depuis maintenant un an, les États-Unis et leurs vassaux occidentaux cherchent à isoler la Russie, et à l’affaiblir. Obama s’est récemment auto-congratulé d’avoir isolé la Russie et mis son économie en lambeaux. Si l’économie russe entre dans une passe difficile, en raison notamment de la chute du prix du pétrole apparemment voulue par l’Arabie Saoudite, les États-Unis ont ils réellement réussi à convaincre les autres pays de s’éloigner politiquement de la Russie afin d’affaiblir son économie ? On parle toujours de la diplomatie américaine, je me suis efforcé de suivre les efforts de Sergueï Lavrov depuis un an, afin de savoir si les dirigeants des autres pays lui ont tous réservé un accueil glacial, comme le voudrait Washington. Avant de faire ce tour du monde, je propose une analyse de l’économie russe actuelle et pour cela, il faut commencer par prendre la mesure de l’effondrement qu’elle a subi en 1991.

Contexte historique

En 1812, c’est connu, le territoire russe s’est traîtreusement mis sur le chemin de la Grande Armée de Napoléon Ier, comme il l’avait déjà fait 2 siècles plus tôt face aux soldats polonais qui étaient venu gentiment envahir la Russie. C’est ainsi que l’on a commencé à se rendre compte que la Russie était un pays dangereux, une menace pour la paix dans le monde, comme dit Obama le Pacificateur.

En 1854, Napoléon III participe à la guerre de Crimée afin de satisfaire les objectifs géopolitiques britanniques, ce qui par la suite devint une tradition politique française, poursuivie jusqu’à aujourd’hui par un Young Leader qui a souhaité garder l’anonymat (et a gardé son casque de scooter pour qu’on ne le reconnaisse pas). 95 000 soldats français meurent (surtout de maladies). L’alliance anglo-turque n’aurait certainement pas vaincu la Russie sans le soutien français dont le contingent composait 40% de l’effectif allié.

Aleksandr II

Aleksandr II dans son bureau (Photo RIA Novosti)

En 1856, quand Aleksandr II arrive au pouvoir, la Russie est humiliée, réduite territorialement (elle vient de perdre la Moldavie et la Valachie (~Roumanie)), ruinée, et en retard industriellement. Les difficultés financières qui s’ensuivent contraignent de plus la Russie à vendre l’Amérique russe aux États-Unis en 1867, trois décennies avant la découverte d’or en Alaska. Face à cette situation désastreuse, Aleksandr II entreprend de nombreuses réformes pour moderniser la Russie, qui était alors une très grande puissance agricole mais en retard industriellement sur les autres grandes puissances. La plus connue de ces réformes est l’abolition du servage en 1861 (avant le Pays-de-la-liberté, donc, et sans mesures ségrégationnistes pendant le siècle suivant contre les descendants d’esclaves). L’Empereur Aleksandr II engage également d’autres réformes importantes. Outre les réformes militaires, on peut citer la réforme des villes (1870, mûrie depuis 1862), qui introduisit la démocratie censitaire en Russie. Cette mesure, qui semble très modestes d’après nos critères actuels, ouvre tout de même la voie à la monarchie constitutionnelle, et donne une impulsion à la production industrielle et au commerce. Rappelons que l’établissement de la Monarchie Constitutionnelle était la revendication des décabristes, en 1825. Les ingénieurs russes prennent pleinement part au développement des premiers appareils électriques. On peut citer la lampe à arc d’Iablotchkov, l’ampoule de Lodyguine (qui inventa plus tard le four à induction), la radio de Popov…

Les réformes entreprises par l’Empereur ne satisfont personnes : les uns trouvent qu’elles sont trop lente, les autres qu’elles vont trop loin. La Russie était alors, plus que d’autres pays d’Europe, agitée de mouvements révolutionnaires en particulier au sein de son intelligentsia. Aleksandr II survit à au moins 10 tentatives de meurtres. En 1877-78 a lieu une guerre russo-turque. La victoire de la Russie permet de restaurer le prestige de la Russie, mais aussi de libérer la Serbie, le Monténégro, la Roumanie, et d’obtenir l’autonomie de la Bulgarie (indépendante de facto, mais de jure en 1908 seulement). En mars 1881, l’Empereur annonce au comte Loris-Melikov que son projet de « constitution » sera examiné en conseil des ministres 4 jours plus tard. Le mot de constitution utilisé par le comte est un peu exagéré, mais ce projet introduit des limites au pouvoir de l’Empereur. Deux heures plus tard, Aleksandr II est assassiné par des « Narodniki » qui se disaient défenseurs de la volonté du peuple (« narod »=peuple). La mort d’Aleksandr II met tragiquement fin à la séries de ses réformes politiques et marque donc un recul pour la cause du peuple. En effet Aleksandr III rejette violemment la constitution de Loris-Melikov, projet qu’il qualifie de « criminel ».

En 1891 commença le gigantesque chantier du Transsibérien, une voie de chemin de fer de plus de 7000 km allant de Miass (Oural, proche de l’actuel Kazakhstan) à Vladivostok qui permirent de relier l’Asie à l’Europe par la terre ferme et de lancer le développement de la Sibérie, avec l’arrivée de plus de 4 millions de paysans. En 1913, la Russie était une grande puissance, à l’industrie toujours en cours de modernisation, en phase de croissance, dont l’économie faisait déjà jeu égal avec l’Allemagne voire la dépassait (en terme de PIB nominal), et dont la population dépassait celle des États-Unis et de l’Allemagne réunis. Elle était notamment leader dans l’exportation de céréales, de lin et de chanvre (matière première et tissu), et avait été le premier leader mondial de l’extraction de pétrole grâce à ses champs de la Caspienne (surtout dans l’actuel Azerbaïdjan) avant d’être dépassée par les États-Unis. Contrairement à ce qui arrivait encore au XIXe siècle, les années de mauvaises récoltes n’entraînaient plus une hausse de la mortalité. La Russie avait une petite production de voitures et d’avions (Cf. Russo-Balt, qui construisait des wagons, des automobiles, puis des avions), et une flotte moderne. Le jour des sous-mariniers, toujours fêté en Russie, tombe le 16 mars car c’est ce jour de 1906 que Nikolaï II a ordonné la construction de 10 nouveaux sous-marins, comme premier point de la modernisation de la flotte impériale. Les innovations technologiques de l’époque arrivaient généralement avec un certain retard, mais que la Russie comblait rapidement notamment grâce à ses excellentes relations commerciales avec la France. Le cinématographe fut par exemple introduit dès mai 1896 par Camille Cerf, partenaire commercial des frères Lumière qui filma le couronnement de Nikolaï II, et il y avait déjà au moins 4 studios de cinéma actifs en 1913 dans le pays.


Moscou sous la neige, filmé en 1908 par la filiale moscovite de Pathé. Les véhicules sont tous hippomobiles car il y a encore très peu d’automobiles en Russie (peut-être aussi par choix du cinéaste). Le film ne montre pas le tramway électrique (aucun intérêt pour le public français et américain visé), inauguré en 1899, et qui arrivait notamment au parc Petrovsky montré dans le film.

Dans le domaine de l’automobile, la Russie s’efforce de suivre ce qui se fait en Allemagne et en France : l’usine de Freze et Yakovlev est pionnière en 1896 (sur les traces de l’Allemand Benz), puis Dux devient l’une des rares usines au monde (la seule en Russie) à avoir produit des automobiles à vapeur, électriques et à explosion. Quelques usines suivent sans grand succès. Les Russo-Balt ne commenceront à être produites qu’en 1909. En 1916, 6 usines sont projetées, devant produire 10500 automobiles par an, mais ces projets n’auront pas le temps d’aboutir.

Concernant l’aviation, autre grande innovation de l’époque, les avions de Blériot et les pilotes-ingénieurs formés dans son école de pilotage arrivent très vite en Russie, ce qui permet à l’armée de l’air impériale de se mettre en place en même temps que l’armée de l’air britannique (de 1910 à 1912). Autre exemple, des tramways électriques sont construits dans plus de 20 villes de l’empire russe (dont plusieurs en Ukraine et Biélorussie) avant 1908. Le premier tramway électrique au monde avait été expérimenté à Saint-Pétersbourg en 1880. Le succès des tramways fut d’ailleurs l’une des raisons qui empêchèrent la construction d’un métro à Moscou à l’époque impériale.

Outre un développement économique et technologique important, la créativité scientifique et artistique de la Russie d’avant-guerre n’avait pas grand chose à envier aux pays occidentaux. Citons Lev Tolstoï, grâce auquel un certain Mohandas Karamchand Gandhi, jeune avocat indien exerçant en Afrique du Sud, découvrit l’idée de renverser le colonialisme en Inde par la résistance non violente. Leur correspondance se poursuivit jusqu’à la mort du révolutionnaire (anarcho-chrétien, vegan) russe. D’autres noms illustres de personnes actives avant la Guerre sont pour l’essentiel quasiment inconnus en occident : Maxim Gorky, Boris Pasternak, Lou-Andreas Salomé (amie de Nietzsche, Freud et Rilke), César Cui (le dernier survivant du Groupe des Cinq), les frères Dantchenko, Andreï Markov et son élève Nikolaï Günther, Abram Ioffe (élève de Röntgen, son élève Nikolaï Semyonov obtiendra le prix Nobel en 1956), Ivan Pavlov (prix Nobel 1904), Ilya Metchnikov (prix Nobel 1908), Mikhail Lomonosov, Mikhaïl Eisenstein (père de Sergueï), Ilya Repine, son condisciple Vassily Polenov et son élève Isaak Brodsky, Kouzma Petrov-Vodkine, Kasimir Malevitch, Prokofev, Rakhmaninov… Cette liste très partielle rappelle que la Russie d’avant guerre restait dans la lignée des décennies précédentes, pendant lesquelles Dostoïevsky, Mendeleev, Tchaïkovsky, et bien d’autres exerçaient leurs talents, à égalité avec leurs confrères occidentaux, dans tous les domaines de la pensée humaine.

La Russie avait donc des atouts certains pour atteindre une ère de prospérité. Cependant Nikolaï II commit une série d’erreurs calamiteuses aux conséquences désastreuses pour le pays, et pour lui-même. On peut citer d’abord son incapacité à mener des réformes politiques, surtout après la révolution de 1905, et le non respect de l’autonomie du duché de Finlande. Ensuite, Nikolaï II entre en guerre contre le Japon, conséquence de la confrontation des ambitions de deux empires. La défaite humilie la Russie et lui fait perdre Port Arthur (actuellement Lüshunkou, en Chine) son seul port chaud sur l’Océan Pacifique (bien que Vladivostok soit à la latitude de La Corogne, ses eaux sont gelés plusieurs mois par an). À l’époque, la Russie et le Japon font partie du « G8 » (le même qu’actuellement sauf que le Canada a remplacé l’Autriche-Hongrie) qui pillent la Chine (Cf. Révolte des boxers).

Enfin, en 1914, la Russie entre en guerre contre l’Allemagne par le jeu des alliances militaires, pour un conflit entre les puissances occidentales qui ne concernait pas la Russie. Le rôle de la Russie dans la Grande Guerre, bien que non enseigné en France, fut crucial. En effet l’immense offensive Broussilov détourne d’immense forces du front de l’ouest vers le front de l’est, ce qui permet à la France de ne pas être vaincue à Verdun. Plus d’un million de Russes meurent lors de cette offensive.

De nombreux intellectuels de l’époque décrivaient une atmosphère répressive (Gorky était en exil semi-volontaire à Capri de 1906 à 1913). Ceci nourrit les aspirations révolutionnaires, exacerbées par la guerre. En 1917 éclate une nouvelle révolution, qui fut financée par des financiers occidentaux. Il est par exemple précisément connu, grâce à Anthony Sutton, que William Boyce « Colonel » Thompson, banquier de Chase Manhattan envoya un million de dollars aux Bolsheviks. La raison avancée par Thompson était que cette argent servirait à la cause alliée (ah bon? en soutenant ceux qui se battaient contre un allié ?). La véritable raison était peut-être que Thompson pensait qu’un pays communiste serait un pays sans innovation industrielle, et que donc la Russie deviendrait un marché captif de l’industrie américaine. Ceci s’est avéré partiellement exact, l’industrie soviétique dépendait en partie des importations américaines, y compris dans le domaine militaire. En novlangue, ce Thompson était un « philanthrope ». Rien n’a changé aujourd’hui dans ce domaine, avec le grand philanthrope Soros qui pousse l’Ukraine à la destruction et aux massacres pour aider les Ukrainiens. Avec des amis comme ça, personne n’a besoin d’ennemis. La France et l’Angleterre soutiennent ensuite les « Blancs » pendant la guerre civile, mais trop peu et trop tard.

Télégramme de Lénine demandant la pendaison d’au moins 100 « koulaks », « buveurs de sang ». « PS : Trouvez des gens plus dur ». Des milliers de tels documents montrant la cruauté de Lénine étaient gardés secrets jusqu’à 1999.

En quelques années, la Russie fut frappée d’une suite ininterrompue de désastres. Entre la Grande Guerre, la grippe espagnole, la guerre civile, la famine de 1921 et la vague d’émigration consécutive à la révolution, la Russie (sous ses frontières actuelles) perdit environ 15 millions d’habitants. Elle perdit également la Pologne et l’Ukraine au traité de Brest-Litovsk de 1918, et la Finlande prit son indépendance. La production industrielle fut divisée par 8 et ne revint à son niveau de 1913 qu’en 1929. Mais les malheurs ont continué : Iossif Djougachvili, un ancien séminariste de Tiflis (Tblissi), devenu en 1907 le sanguinaire braqueur de banque « Koba », prit le pouvoir. L’une des toutes premières actions qu’il commit en tant que responsable politique fut d’annexer l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et l’Adjarie à la Géorgie en 1921, action qui eut des répercutions connues en 1992-93, 1998, puis en 2008. Devenu « Staline », le tyran géorgien mena une répression féroce contre tous ceux qui pouvaient être vus comme des opposants, dictant des quotas de personnes à tuer dans chaque région (Cf. L’Histoire N°324, pp 60-66) , et une collectivisation de l’agriculture fut menée de façon brutale et désastreuse, tuant des millions de personnes, principalement en Ukraine, au Kazakhstan et dans le nord-Caucase. Cette famine qui a touché toute l’URSS, due à des réformes catastrophiques, des anomalies climatiques et à une volonté de répression par un pouvoir bien plus aux mains de Géorgiens et autres Caucasiens (Djougachvili, Ordjenikidze, Beriya, Frunze, Karakhan, Bjichkian, Mikoïan, Prochian, …) qu’aux main de Russes (et encore moins du peuple russe), est en Ukraine appelée « Holodomor », reconnue officiellement comme un génocide, et vue par les nationalistes comme une raison de plus de haïr les Russes. Cette version mensongère de l’histoire a été largement propagée par la communauté ukrainienne du Canada (où avait émigré la veuve de Stepan Bandera). Notons que sur les 7 personnes reconnues officiellement (en Ukraine) comme responsables de l' »Holodomor », il y avait un Géorgien (ou Osséto-géorgien), deux Russes, deux Ukrainiens (dont un Juif), un Polonais et un Biélorusse. On remarque au passage que, confortés dans leurs manipulations de l’Histoire par leurs soutiens occidentaux, les actuels dirigeants ukrainiens n’ont plus de limite dans ce domaine. Selon l’actuel premier ministre ukrainien, pro-occidental, l’URSS a agressé l’Allemagne nazie (notez que la journaliste ne le reprend pas)

Pendant que dans les années 1930 les Russes et autres peuples de l’URSS étaient menacés par la faim, les camps ou l’exécution par les commissaires chargés d’appliquer la répression, quelques grandes compagnies occidentales, dont GE, DuPont, IG Farben préparaient la suite des malheurs en finançant un petit peintre de Vienne (où il a peut-être croisé le terroriste Koba en 1913) devenu politicien après la Grande Guerre. La Seconde guerre mondiale fit près de 20 millions de morts en Russie, près de 27 millions pour l’ensemble de l’URSS.

Une fois Staline mort, un pays presque normal, mais à l’économie quasiment coupée du reste du monde, se met progressivement en place.

L’Empire du Mal

Mon intention était de résumer près de 40 ans d’Histoire par la seule phrase précédente et de passer à la suite, parce que c’est pas tout ça, mais il se fait tard et il est temps d’entrer dans le vif du sujet. Mais il est communément admis que même après Staline, tout était mauvais en URSS, alors parlons-en.

C’est vrai, pendant plusieurs décennies, l’existence de l’URSS permet de justifier l’impérialisme américain, en parlant de « menace communiste » à chaque fois qu’une guerre était lancée pour maintenir l’hégémonie américaine. Parmi de nombreux exemples, les É-U envahissent Grenade en 1983, en affirmant que le petit pays était en train de construire une base aérienne pour les avions soviétiques de transport militaire (après avoir visité l’île, le député américain Ron Dellums qualifie cette accusation d' »absurde, condescendante et déplacée »). Grenade n’avait en fait aucune relation diplomatique avec l’Union Soviétique, et la piste d’atterrissage en question était surtout financée par les Britanniques, qui protestèrent vivement face à l’agression américaine. Peu importe, Grenade avait commis le crime de vouloir mener sa politique de façon indépendante, en fonction de ses propres intérêts et avec le soutien de Cuba, donc il fallait l’envahir. Parmi les autres victimes de la longue campagne de terreur engagée par l’armée américaine et la CIA, citons le Vietnam, le Laos, le Cambodge, le Honduras, le Guatemala, le Chili et évidemment Cuba qui subit invasion et attaques terroristes à répétition avec l’implication ou la bienveillance de la CIA (e.g. vol Cubana 455). À chaque fois, le fantôme d’une menace soviétique servait à justifier des massacres et la mise en place de régimes favorables à l’Empire du Bien. Cette politique a été récemment résumé par Obama qui a récemment déclaré « Nous devons parfois tordre le bras des pays qui ne veulent pas faire ce que nous avons besoin qu’ils fassent », admettant ainsi ouvertement son caractère dictatorial.

J’entends déjà qu’on me reproche d’avoir choisi des exemples particuliers pour tromper le lecteurs, que c’est pas ça du tout la Guerre Froide, les Russes avaient une volonté hégémonique évidente, comme en témoignent le Printemps de Prague et l’invasion de l’Afghanistan.

Rien à dire, le printemps de Prague, qui dura de janvier à août 1968, fut une action criminelle menée par Moscou. Elle fit 72 morts et des centaines de blessés. Personne ne nie que ce fut une horreur. Prenons un peu de recul et regardons un peu ce qui se passait ailleurs en 1968, toujours pour comprendre le contexte historique et comprendre à quel point l’URSS était pire que les États-Unis. Au Vietnam, de janvier à septembre, eu lieu l’offensive du Têt (nouvel An vietnamien). Les Nord-Vietnamiens (i.e. les vietnamiens favorables au gouvernement communiste) se soulevèrent dans une offensive généralisée contre l’occupation américaine. Comprenons bien que « offensive généralisée » signifie que l’ampleur de cette offensive était telle que malgré tout un faisceau d’indices annonciateurs de cette offensive, les experts américains ne s’y sont pas préparé, tout simplement parce qu’il était matériellement impossible aux Nord-Vietnamiens de mener une telle opération. Il s’agissait donc d’une lutte désespérée contre l’occupation américaine. Plus de 100 000 Nord-Vietnamiens sont mort au cours de cette offensive. Afin de briser la volonté populaire (argument déjà utilisé pour Dresde, Hiroshima et Nagasaki), des villages entiers étaient massacrés, voire régulièrement rasés par les B-52 selon Noam Chomsky. La répression du soulèvement vietnamien fit en tout plus de 2000 fois plus de morts que la répression du soulèvement de Prague. La seule journée du 16 mars 1968 par exemple, plusieurs centaines de villageois sont massacré à Mỹ Lai. Ce seul événement fait donc en quelques heures environ 5 fois plus de morts que la répression du Printemps de Prague en 8 mois. Pour toute condamnation (hors pertes de grades militaires), seul un des criminels qui ont commis le massacre, le lieutenant William Calley, a été assigné à résidence pendant trois ans et demi. Il avait tué 22 personnes.

Nguyễn Ngọc Loan

Le général Nguyễn Ngọc Loan défend les valeurs de la civilisation en abattant un prisonnier menotté, le capitaine Nguyễn Văn Lém, 1er février 1968. Mais bon hein, ça n’est pas une violation du traité de Genève parce qu’il n’est pas en uniforme, et surtout sa victime n’est pas un soldat mais un « terroriste » : refrain connu à chanter sur l’air de « Guantanamera ».

1968, c’est aussi le début de l’opération « Commando Hunt », pendant laquelle les É-U lancèrent 3 millions de tonnes de bombes sur le Laos, autant que l’ensemble des bombes de la Seconde Guerre Mondiale (front occidental + front oriental + guerre du Pacifique). C’est tout simplement la plus grande opération de bombardement de tous les temps. Cette opération, qui doit couper les lignes d’approvisionnement, est un échec retentissant. Les bombardements du Laos et du Cambodge se sont concentrés sur des zones peu peuplées et n’ont fait que quelques milliers de morts parmi les civils, qui comptent très peu face à la mission divine des États-Unis d’apporter la liberté dans le monde. En 1968, des dizaines de milliers de prisonniers nord-vietnamiens étaient régulièrement torturés et affamés, notamment dans les infâmes prisons de Phú Quốc et Quy_Nhơn, sous la supervisions de conseillers américains, tradition maintenue au moins jusqu’à l’invasion de l’Iraq.

My Lay

Pendant la répression du Printemps de Prague, ces femmes et ces enfants furent abattus par les soldats de l’Empire du Bien, quelques secondes après la prise de cette photo. On voit au premier coup d’œil la menace imminente qu’ils représentaient pour le « monde libre » – My Lay, le 16 mars 1968.

Les Nord-Vietnamiens ont également commis des crimes, le propos n’est pas de les faire passer pour des saints, mais simplement de ramener à la réalité ceux qui pensent que les États-Unis agissent de façon plus morale que les Russes en matière de politique internationale.

La même année 1968, il y eut aussi un coup d’État au Mali. Moussa Traoré (ancien élève de l’école d’officiers de Fréjus) prend le pouvoir, ce qui n’aurait pas pu avoir lieu sans le concours ou au moins la complaisance de la France. Ainsi qu’une intervention militaire française au Tchad pour venir à bout d’une révolte des Toubous, dans la région du Tibesti. Euh… une intervention militaire à la demande d’un gouvernement vassal, pour venir à bout d’une révolte ? C’est exactement ce qu’a fait l’URSS. Pour être précis, cette intervention a commencé par un soutien logistique à l’armée tchadienne, avant d’envoyer les soldats l’année suivante. L’opération Bison fit 50 morts parmi les soldats français. Aucun chiffre n’est donné pour le total des rebelles du FROLINAT tués, mais malgré le soutien du colonel Kaddhafi au FROLINAT, l’armement des rebelles ne fait pas le poids face aux hélicoptères français, et plusieurs centaines sont tués, ainsi que des soldats tchadiens. Un certains nombre de réformes, mise en place avec le concours et la forte insistance de la France, répondant à certaines revendications des Toubous, contribua à mettre fin à la crise, notamment en abrogeant des lois qui avaient mis le feu aux poudres. Ceci est un exemple des innombrables conflits dus à l’établissement de frontières post-coloniales par les anciennes puissances coloniales, sans aucune préoccupation pour la répartition des différent groupes culturels, ethniques et linguistiques des pays concernés, ou pour les relations que ces groupes entretenaient entre eux.

Toujours en 1968 a lieu le début de la Guerre d’Usure, entre Israël et l’Égypte. Cette guerre fit environ 15000 morts en 3 ans, surtout des civils égyptiens, et fait suite à la Guerre de Six Jours, déclenchée par Israël. La Guerre de Six Jours était une guerre de conquête territoriale lancée par Israël, et fermement dénoncée comme telle par le Général De Gaulle.

Au final, la répression du Printemps de Prague fut un événement affreux, mais il est évident que ce crime de l’URSS pâlit en comparaison des massacres américains organisés la même année en Asie du Sud-Est , et ce n’est sûrement pas un Français, ni un Israëlien, qui pourrait se permettre de donner des leçons de morale au sujet de crimes commis en 1968.

Ce que l’on présente souvent comme l’autre grand crime de l’URSS post-stalinienne prouvant la brutalité de l’impérialisme soviétique / russe, est la guerre d’Afghanistan. Le gouvernement afghan a demandé l’aide de l’URSS face à des combattants islamistes. Ceux qui se battaient contre le gouvernement communiste afghan et l’URSS étaient alors appelés en Occident des Freedom Fighters (Combattants de la Liberté), et ils recevaient le financement, l’armement et l’entraînement de la part de plusieurs pays Occidentaux. Ces Freedom Fighters sont désormais appelés des djihadistes ou des terroristes islamistes, et ils ne sont plus financés par les Américains. Le gouvernement afghan a de nouveau appelé la Russie à l’aide en 2014, pour l’aide au niveau militaire et pour développer son infrastructure. J’y reviendrai dans la troisième partie. Disons simplement pour l’instant que la rhétorique concernant l’intervention soviétique en Afghanistan a commencé à changé radicalement. Il suffit de constater que le pire crime qui eut lieu lors de cette guerre fut de créer la bête djihadiste, qui menace actuellement d’engloutir l’Iraq, la Syrie, la Libye etc. Et ce n’est pas l’URSS qui commit ce crime.

On pourra finalement opposer que les nombreuses révolutions communistes de l’époque prouvaient l’impérialisme soviétique. Si ce n’est que la plupart de ces révoltes n’avaient rien à voir avec l’Union Soviétique. Il s’agissait essentiellement de mouvement de révoltes populaires, souvent pour se libérer de l’emprise américaine, mais qui ne se sont rapprochées de l’URSS que parce que l’URSS soutenaient les pays qui refusaient d’être les vassaux des É-U, parce que déjà à l’époque l’URSS avait besoin d’alliés face à l’hégémonie américaine, comme la Russie d’aujourd’hui. Même Fidel Castro ne se rapprocha de l’URSS que deux ans après son arrivée au pouvoir, après que les États-Unis avaient refusé d’établir des relations normales avec son gouvernement (rappelons que les Américains considèrent depuis la première moitié du XIXème siècle que Cuba doit devenir une partie des États-Unis, par la loi de la gravité politique, d’où leur intransigeance face à quelqu’un qui voulait que Cuba soit véritablement indépendante). L’URSS n’a eu un rôle proactif (au côté de Cuba) qu’au Mozambique et Angola. En comparaison avec l’interminable liste de coup d’État et « Black Ops » divers et variés commis par la CIA pendant la Guerre Froide, on se rend bien compte de quel côté se trouvait le véritable empire hégémonique.

Au final, tous les faits démontrent de façon évidente que l' »impérialisme » soviétique était incomparablement plus bénin que l’impérialisme américain (encore une fois, la répression du Printemps de Prague fit environ 2000 fois moins de victimes que l’Empire du Bien en Asie du Sud-Est en 1968), et très probablement moins violent que l’impérialisme français. Alors comment se fait-il qu’autant de personnes en Occident sont convaincues du contraire ?

Le sujet est vaste, et je me contente de renvoyer au livre La Fabrique du Consentement, par Noam Chomsky, ou aux vidéos de ses conférences. Chomsky résume en une phrase l’efficacité de la propagande impérialiste américaine, depuis la Commission Creel (qui inspira Goebbels)

Ceux qui croient, disons, au christianisme évangélique, sont conscients qu’ils ont des croyances religieuses. Mais si vous êtes un croyant de la religion séculaire, si vous avez une bonne éducation, alors c’est comme l’air que vous respirez, il n’y a pas d’alternative […] pour la religion séculaire, la réfutation n’est même pas nécessaire. Si jamais c’est nécessaire, on peut se contenter de quelques railleries sur les foutaises gauchistes.

Cette comparaison avec la croyance religieuse paraît exagérée. Donnons la parole à un ardent défenseur de la politique des États-Unis, Hans Morgenthau. Morgenthau disait que l’Amérique est guidée par un but transcendantal, qu’elle doit « défendre et promouvoir », et qui consistait à « établir l’égalité et la liberté en Amérique et dans le monde », ce qui constitue l’idéalisme wilsonien. Tout en reconnaissant que les données historiques sont en radicale contradiction avec l’objectif transcendantal de l’Amérique, il explique :

Nous ne devons pas nous laisser égarer, nous ne devons pas confondre l’abus de la réalité et la réalité elle-même. La réalité elle-même est l’objectif national inachevé, révélé par l’histoire ainsi que reflété par notre esprit.Les données historiques réelles sont un abus de réalité. Ceux qui confondent la réalité avec l’abus de réalité commettent l’erreur de l’athée qui nie la validité de la religion sur la base de principes similaires.

Je vous laisse méditer sur la validité de ce raisonnement…

L’Union Soviétique s’effondre en 1991, après une période de réformes. Cette disparition contraint les É-U, après quelques années d’hésitation, à remplacer la « menace communiste » par la « menace terroriste » pour justifier les invasions, massacres, destructions et autres crimes commis par son armée et la CIA.

L’effondrement

L’effondrement de l’URSS plongea la population concernée dans une crise économique plus ou moins longue suivant le pays. L’Estonie s’en est plutôt bien sorti, l’Ukraine pas du tout. En Russie, sous Boris Ieltsine, les ressources du pays furent pillées, les sociétés étrangères achetant des sociétés d’État pour une petite fraction de leur valeur réelle. Ce pillage s’appelle en novlangue otanien la « démocratie » et constitue un modèle à reproduire. Cette privatisation à marche force est menée par les brillants esprits du Harvard Institute for International Development. Sous Boris Ieltsine, l’économie s’est effondrée, ainsi que les conditions de vie. Cette crise eut de très lourdes répercutions.

Face à la désinformation habituelle, qui nous inculque qu’il s’agissait d’une victoire de la démocratie dont on ne peut que se réjouir, il est intéressant d’étudier les chiffres, pour essayer de comprendre à quel point les personnes concernées devraient se réjouir. Le Service fédéral des statistiques de l’État (GKS) offre chaque année un tableau complet de l’état du pays (dont je n’ai pas trouvé l’équivalent à l’INSEE). J’en ai extrait quelques statistiques qui permettent de prendre un peu la mesure du recul économique et social que représente cette crise. Des changements dans les méthodes de mesures ont eu lieu en 2009, ce qui empêche malheureusement de comparer directement un certains nombre de paramètres économiques, notamment concernant la production industrielle.

élément de comparaison retour au niveau de 1991 variation 1991-2013 Note
PRODUCTION MATIÈRES PREMIÈRES
charbon 2012 -0,6% légère baisse en 2013
pétrole brut 2005 +13,0%
PRODUCTION AGRICOLE
légumes 2030? −61,6%
patates 2030? −43,1%
betterave à sucre 2006 +68,2%
fibre de lin jamais -61,8% Largement remplacée par d’autres matériaux
grains 1997 +30,3% chute en 1994 seulement
bois scié jamais ? -66% Imprécision de ~2% à cause d’un changement de définition
PRODUCTION INDUSTRIELLE
papier (en tonnes) 2011 +0,00%
réfrigérateurs+congélateurs domestiques 2011 +11,3%
aspirateurs jamais −98,9% Effondrement récent (-92,7% depuis 2003)
chaussures jamais −82,9% Mais +141,6% depuis 1998
turbines à vapeur (en MW) jamais −60,3% Mais +158,3% depuis 1998
pétrole raffiné 2014? −2%
gaz naturel 2006 +3,9% légère baisse par rapport à 2011 (-0,4%)
tuyaux d’acier 2015 ? −3,8%
ordinateurs personnels 2004 +105,5% mais la part de marché s’est évidemment effondrée
montres jamais −98,5%
voitures (véhicules légers) 2004 +86,9% plus que la France et l’Espagne depuis 2012
pneumatiques 2011 +13,6%
wagons de fret 2003 +168% une partie importante de la production était confiée à l’Ukraine : 2,66 Md $ en 2011, principale importation depuis l’Ukraine (=subventions)
production d’électricité 2012 -0,9% -1% par rapport à 2012
consommation d’électricité 2012 -0,2% -0,8% par rapport à 2012
plastique 2003 +118% Imprécision de ~2% du fait d’un changement de définition en 2009
peintures et laques 2020? −38,3% Imprécision de ~3% du fait d’un changement de définition en 2009. +136% depuis 1998
dalles en fibre de bois (m²) 2015? −9,9% -8,8% par rapport à 2012
ciment 2016? −14,2% Mais +155,8% depuis 1998
papier 2011 +0,1%
engrais 2004 +22,6%
construction de nouveaux logement (en m²) 2006 +42,7%
construction de crèches et écoles maternelles (en places) jamais −38,5% +1074% par rapport à 1998 (~12 fois plus)
constructions d’instituts d’enseignement supérieur (en m²) 2003 +49,2% -64% par rapport à 2012, année exceptionnelle
DIVERS
transport de marchandises (tonnes*km) 2017? -10,7% +55,6% depuis 1998
voies fluviales navigables (en km) 2020? −0,5% +14,1% depuis 1998
population 2025? −3,3% retour plutôt ~2035 si pop Crimée exclue
chômage (en nombre de personnes) 2015? +6,4% -53,7% depuis 1998. 4,1 millions, niveau comparable à la France… en nombre absolu
naissances 2011 +5,6% en 2013, plus de naissances que de décès, pour la 1ère fois depuis 1991
alcoolisme (données hospitalières) 2015? +9,8% -45% depuis 2003. Des mesures prises récemment dans ce domaine pourraient renforcer la baisse.
spectateurs aux théâtres 2050? −29,1% malgré augmentation nombre théâtres
visiteurs dans les musées 2030? -16,3% malgré augmentation nombre musées, remonte régulièrement depuis 2003
construction de places d’hôpitaux (nbre de lits) jamais −50,6%
lits d’hôpitaux / 1000 habitants jamais −32,9% reste ~60% supérieur à la moyenne UE !
transport aérien (passagers*km) 2011 +49,7% +306% depuis 1998 – Nombre de passagers aériens dans le monde +158% (1991-2012)
transport ferroviaire (passagers*km) jamais −45,7% stable depuis 2010
Nombre de crimes 2014? +1,8% pic en 2006 : +78%
personnes mortes par accident de travail jamais! -76,6% première donnée en 1992
taux de mortalité 2018? +14,0% pic en 2003 : +43,9%
Nombre de touristes étrangers (hors CEI) +102% Mesuré seulement à partir de 1993
ÉCOLOGIE
rejets d’eaux usées jamais ! −45,7%
rejets de polluants dans l’atmosphère par des sources fixes jamais ! −42,0%
surface parcs nationaux +238% +20 000 km² en 2013

 

Les industries russes avaient passées des décennies dans une économie planifiée, totalement déconnectée de la concurrence mondiale, et passèrent directement à une économie de marché pour laquelle elles n’étaient pas du tout prêtes. Les chiffres de la production industrielle nous indiquent bien que la Russie n’est toujours pas remise de l’effondrement de 1991. De fait, l’index de la production industrielle, qui tient compte de l’inflation, est en 2012 de 90% seulement par rapport à 1991 (88,5% pour l’agriculture). L’année 2013 ayant été une année médiocre (~1% de croissance) et 2014 étant une année de récession grâce aux efforts de l’Empire du Bien, le retour de la production industrielle russe au niveau de 1991 ne se fera probablement qu’en 2016. C’est à dire que la Russie mettra en tout un quart de siècle avant simplement de revenir au niveau d’avant la crise. Cette crise a donc plus retardé l’économie russe qu’une guerre mondiale, une guerre civile, la grippe espagnole et une famine réunis, qui n’avaient réussi qu’à faire stagner l’économie russe que pendant 16 ans.

index industrie manufacturière russe

Index de l’industrie manufacturière russe. La Russie ne s’est toujours pas remise de l’effondrement de 1991

La comparaison n’est pas aussi outrageuse qu’elle peut le paraître a priori : la crise commencée en 1991, faisant passer brutalement des centaines de millions de personnes d’une économie planifiée à une économie de marché, a entraînée une forte baisse du niveau de vie, et une forte hausse de la mortalité. Le total cumulé de la mortalité supplémentaire en Russie par rapport au taux de 1991 (1,14%) sur la période 1192-2012 est de 10 millions de morts. Cette mortalité supplémentaire est encore de 230 000 environ pour l’année 2013 (mortalité de 1,3%, comme la France en 1953 ou l’Espagne en 1946). Quand on parle d’une baisse de niveau de vie, il faut bien comprendre qu’il s’agit, au plus fort de la crise, de millions d’employés ne recevant aucun salaire pendant des mois. La démographie du pays a également été touchée par une émigration massive et la baisse du niveau de fécondité, ce qui explique pourquoi la population n’est toujours pas revenue à son niveau de 1991.

En dehors de l’aspect purement économique, ces chiffres donnent un aperçu de nombreux aspects de la Russie soviétique, tant positifs (vie culturelle accessible à tous, bon niveau d’éducation et de soin médicaux) que négatifs (7700 personnes mortes d’accidents du travail en 1992, pollution importante, énorme gaspillage des ressources etc). Certains de ces chiffres laissent entrevoir le chaos qui a suivi l’effondrement de l’Union Soviétique (criminalité importante, services publics très largement sous-financés, etc), qui culmina avec la crise financière de 1998, et dont la Russie se remet à peine.

Billet de 1000 MMM

Billet de 1000 MMM

Un autre aspect important des années 1990 est que de nombreuses personnes profitent du chaos pour s’enrichir de façon pas toujours honnête. La population découvre le capitalisme, et pour beaucoup, cela sera synonyme de catastrophe. Si Anatoli Tchoubaïs, artisan de la privatisation, devient milliardaire, le système pyramidal MMM fait perdre de l’argent à au moins 40 millions de personnes, engloutissant au moins 10 milliards de dollars. Le miracle économique promis ne se produit. Le désastre culmine en 1998, année où dans le sillage de la crise asiatique, la Russie arrive au fond du gouffre, subit une inflation de 84% et fait partiellement défaut sur sa dette.

Lorsque Vladimir Poutine arrive au pouvoir, la Russie est affaiblie, humiliée, en retard industriellement. En 2013, selon le « CIA factbook » (source à prendre avec des pincettes, on y lit que 5% de la population russe parle dolgane, langue moribonde de 1000 locuteurs… mais les chiffres économiques sont normalement correct), le secteur secondaire russe a produit 792,4 milliards de dollars. C’est environ 54% de plus que la France. Le secteur secondaire allemand reste pour sa part 36,5% supérieur.

De 2002 à 2012, l’industrie manufacturière russe a crû de 5,2% en moyenne annuelle (y compris une baisse de 15% en 2009), en tenant compte de l’inflation. L’économie allemande croissant de ~1% par an en moyenne, la production manufacturière russe était partie pour dépasser son équivalent allemand dès 2021 environ.

Cela peut surprendre ceux qui ont une lecture trop rapide de la situation de la Russie. La grande majorité des exportations russes sont composées de pétrole, gaz, charbon et minerais, et de plus la majorité du budget de l’état vient de la rente du gaz et du pétrole. On en déduit un peu vite que l’industrie russe est faible. C’était le cas il y a 10 ans, mais grâce d’une part à un marché intérieur important, et d’autre part à des investissements très importants (300 milliards d’euros en 2012, essentiellement privés), l’industrie russe se modernise, et secteur après secteur, commence à devenir de plus en plus concurrentielle sur le marché international. Le phénomène est suffisamment progressif pour ne pas être tout à fait évident, mais il semblait inévitable jusqu’à récemment. Le fait que le budget de l’État dépend principalement des cours mondiaux du pétrole signifie simplement que lorsque les prix sont bas, l’État russe doit réduire la voilure, et repousser certains projets, mais ne change rien au cap fixé, de donner dans les prochaines décennies sa place de grande puissance économique à la Russie, faisant jeu égal avec l’Allemagne ou le Japon.

Face à la montée inévitable de la Russie à sa place naturelle de grande puissance économique, l’Europe a le choix entre deux attitudes. L’une est l’attitude gaullienne qui consiste à s’en réjouir et de proposer l’établissement de Brest à Vladivostok d’un espace commun de paix et de prospérité, proposition réitérée par Lavrov. L’autre est celle choisie par les États-Unis, l’Angleterre et l’Allemagne (c’est-à-dire la « communauté internationale »), de déclencher une guerre économique contre la Russie (parce qu’en 2015, envoyer un million de soldats à Sébastopol pourrait être mal perçu, y compris par les plus russophobes) et de chercher à « isoler la Russie ». La Russie ayant des frontières terrestres avec 14 pays, et des frontières maritimes avec 2 autres, le concept « d’isolement de la Russie » paraît presque absurde, mais après tout, l’Empire américain est la plus grande puissance qui a jamais existé, ils ont peut-être réussi ?

Dans le prochain billet je ferai un petit tour de l’économie russe d’aujourd’hui, afin d’en comprendre son modèle de développement, de comprendre ses forces et ses faiblesses, et de présenter au passage certaines des entreprises touchées par les sanctions, avant de faire un tour du monde hors Empire du Bien, pour voir à quel point les 150 pays dont on ne parle jamais parce qu’ils ne représentent que 85% de la population mondiale ont gelé leurs relations avec la Russie.

Nicolas M., pour le site www.les-crises.fr.

Deuxième partie à lire ici

Commentaire recommandé

Nicolas // 24.02.2015 à 09h15

Eh oh, c’est bibi qui a pondu cet article. Merci pour le compliment quand même 😉

188 réactions et commentaires

  • Pascal // 24.02.2015 à 02h06

    Admiration devant la richesse de votre travail Olivier ,merci de continuer à garder votre courage et vos capacités de travail . Vous aurez une notoriété que le futur est en train de vous écrire …

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 09h15

      Eh oh, c’est bibi qui a pondu cet article. Merci pour le compliment quand même 😉

        +111

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      • srdhermeland // 24.02.2015 à 11h21

        Bravo et merci pour votre travail. Impatient de lire la suite. Cordialement.

          +16

        Alerter
      • Günter Schlüter // 24.02.2015 à 11h48

        Quelle formidable mise en perspective.
        Bravo et mille fois merci.
        Besten Dank Nicolas, ich werde es Deutschland verbreiten (je mets le lien sur Facebook afin que mes amis allemands francophones en profitent)

          +11

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      • anne jordan // 24.02.2015 à 16h20

        Oui , merci , Nicolas , je viens de lire avec passion et émotion cet article et j’attends avec impatience la suite !
        (On vous confond avec O.B , notre bienfaiteur ,que son nom soit loué , normal pour une secte , lol !)
        A titre personnel , et pour des raisons familiales , le petit film de 1908 , sur  » Moscou sous la neige  » m’ a paru plus que précieux !
        spasiba

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        • Nicolas // 24.02.2015 à 18h03

          Bonjour Anne !
          J’ai pensé à vous le mois dernier, quand j’ai lu cet article http://rt.com/politics/224099-russia-land-free-east/
          Il y a un peu plus de détail ici http://www.obeschania.ru/documents/forecasts/ziteljam-dalnego-vostoka-videljat-getar-zemli
          et là http://top.rbc.ru/economics/19/01/2015/54bd43ed9a794707ff3c0da8
          Ce sera à partir de l’an prochain donc. Ça prend du temps, mais bon les réformes importantes se mûrissent longuement, comme je l’ai mentionné pour la réforme de la ville de 1870.
          1 hectare gratuit pour qui s’installe. Ça parait pas lourd, on verra si ça suffit à pousser des gens à changer de vie. Vzglyad pense que non http://vz.ru/economy/2015/1/19/725118.html
          À suivre donc…
          En fait la mesure est déjà en vigueur, mais limitée au catégories « favorisées » (vétérans, handicapés, familles sous le seuil de pauvreté, récipients des médailles de héros…), ce qui je suppose permet de tester avant la pleine application.
          Le gouvernement possède 614 millions d’hectares en extrême orient (Sur 622 millions en tout…), yen aura pour tout le monde…
          Je suppose que c’est un bon premier pas qu’il va falloir soutenir par des mesures supplémentaires, notamment des crédits à taux bas pour ceux qui s’installent dans cette région. Si les taux de crédits sont à 20% en « Russie centrale » (c’est à dire à l’ouest) mais seulement 10% pour acheter du matos et construire sa maison en Extrême Orient, ça pourrait se bousculer un peu plus. Voyons déjà ce que ça donne comme ça, et je pense que c’est ce que se disent aussi les dirigeants russes. Il s’agit d’améliorer la situation démographique du pays pour le siècle à venir, il faut pas non plus créer un mouvement de population rapide qui déstabiliserait le pays avec une offre trop alléchante.

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          • anne jordan // 24.02.2015 à 18h37

            Nicolas , mille mercis !
            ne tenez pas compte de ma demande à ce sujet plus bas .
            1 hectare par personne , c’est peu mais suffisant pour ( sur ) vivre , mais si c’est un hectare par famille , là c’est insuffisant ; en revanche ce que l’on peut aisément imaginer c’est que :
            1 on ne veut pas installer des koulaks !!!
            2 la concentration de terres n’est pas souhaitable , pour une agriculture de subsistance
            3 des  » communaux  » vont certainement être mis à disposition des nouveaux arrivants .
            Il n’est jamais nécessaire d’être PROPRIETAIRE de plusieurs hectares lorsqu’on vit au milieu de grands espaces : la chasse , la pêche ( et les traditions !!! ) sont des droits d’usage , encore en vigueur dans bien des endroits , comme la presqu’île de Primorié ( non loin de Vladivostok ! )
            Même ici , en Fr

              +5

            Alerter
            • anne jordan // 24.02.2015 à 18h41

              Nicolas , mille mercis !
              ne tenez pas compte de ma demande à ce sujet plus bas .
              1 hectare par personne , c’est peu mais suffisant pour ( sur ) vivre , mais si c’est un hectare par famille , là c’est insuffisant ; en revanche ce que l’on peut aisément imaginer c’est que :
              1 on ne veut pas installer des koulaks !!!
              2 la concentration de terres n’est pas souhaitable , pour une agriculture de subsistance
              3 des  » communaux  » vont certainement être mis à disposition des nouveaux arrivants .
              Il n’est jamais nécessaire d’être PROPRIETAIRE de plusieurs hectares lorsqu’on vit au milieu de grands espaces : la chasse , la pêche ( et les traditions !!! ) sont des droits d’usage , encore en vigueur dans bien des endroits , comme la presqu’île de Primorié ( non loin de Vladivostok ! )
              Même ici , en France ( de l’Ouest ) nous avons à notre disposition , 20 hectares pour faire pâturer nos bêtes , faire du bois ( pas de chasse , c’est une zone de non chasse ! ) et en jouir librement , les vrais propriétaires habitant loin et souhaitant un entretien libre , sans loyer , ni contrat .
              Evidemment à leur mort , leurs héritiers pourront nous retirer ce droit , mais nous en aurons bien profité !
              ( A bas l’héritage ! )

                +5

              Alerter
  • xavier Tdl // 24.02.2015 à 02h53

    Un article d’une telle qualité et d’une telle force de persuasion ne serait complet que si vous citiez toutes vos sources… à ce moment on pourra réellement parler de référence. Parmi les points qui m’ont intrigué, les caucasiens au pouvoir sous Staline; la non implication de l’URSS dans les révolutions pro communistes; les fameuses compagnies étrangères à qui les biens de la Russie ont été vendus après la chut de l’URSS etc.

      +5

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    • Gaïa // 24.02.2015 à 04h41

      Concernant le processus de privatisation après la chute de l’URSS dont ont pu effectivement bénéficier certaines compagnies étrangères, j’avais lu ce papier fort intéressant:
      Les privatisations en Russie et la naissance d’un
      capitalisme oligarchique de Cédric Durand

      https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00166897/document

        +5

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      • anne jordan // 25.02.2015 à 17h49

        cet article de C.Durand dit  » remise en cause des privatisations fortement exclue par Poutine  » …date du document ?

          +0

        Alerter
    • Nicolas // 24.02.2015 à 07h25

      Bah merde alors, 25 liens et on me reproche de pas citer mes sources.

        +19

      Alerter
      • xavier Tdl // 24.02.2015 à 10h00

        Ce n’est pas un reproche, au contraire c’est la quantité impressionnante d’informations contenue dans votre article (bien plus que 25 points à mon avis) qui me fait dire ça, y compris des faits que j’ai entendus par le passé sans savoir d’où ça venait, le problème est que vous avancez ces faits qui s’éloignent des versions officielles et que si on les sort sans avoir de justifications derrières on se fait automatiquement taxer de conspirationniste ou de gobeur de propagande russe (ayant vécu quelque temps en Russie je suis particulièrement exposé au deuxième point). Voilà pourquoi j’étais interessé d’avoir plus d’information sur les points précédents…

          +8

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      • tepavac // 24.02.2015 à 10h19

        Nicolas, certains ne vont pas aux liens, ils veulent juste débattre;

        D’autres n’ouvriront jamais les liens et veulent juste rester sur leur position par peur que l’architecture de leur conviction soit ébranlée, c’est humain.

        Enfin, il y a ceux qui sont toujours en guerre contre quelques choses et ceux là sont toujours de mauvaises foi.

        Nous le voyons bien sur le sujet de l’Ukraine, alors que le dossier est à la disposition de ceux qui souhaiteraient être informés, avec une multitude de liens, avec surtout l’ordre chonologique des évènements qui se basent sur des preuves matérièls indéniables, et bien il y en encore pour nous dire que nous sommes tous des idiots.

        Soit dit en passant, nous avons même droit aux épithètes les plus contradictoires, à la fois coco et fachos dans nos soit-disants raisonements.

        Très bon travail, merci on attend la suite.

          +20

        Alerter
    • tepavac // 24.02.2015 à 09h16

      Bonjour Xavier Tdl !

      Olivers Stones,
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Oliver_Stone

      c’est un peu long, 10 doc de 58 mn, mais tu y trouvera; des nom , des dates, des faits,

      Mainetant, on peut, ne pas pas d’accord, ni avec le communisme, ni avec les Russes, ni avec les Asiatiques, ni avec les Indiens, ni avec les popuilations d’Amerique Latine, ni avec les Africains et ni avec les Moyens-Orientaux et encore…

      Cependant il n’en reste pas moins des faits

      Mais je pense que tu voulais te moquer de la modération, je comprend, je comprend aussi qu’arrivé à un certain volume de post, et d’intervenants, le site devient illisible pour les nouveaux venus et même pour les anciens intervenants.

        +3

      Alerter
      • tepavac // 24.02.2015 à 09h53
      • Xavier Tdl // 24.02.2015 à 15h57

        Merci pour la série de films, extrêmement intéressants

        Je ne me moque de rien du tout, je trouvais juste que par rapport à la quantité de faits délivrés dans cet article (et particulièrement les faits non officiels) il y avait assez peu de source

          +1

        Alerter
        • tepavac // 24.02.2015 à 16h25

          Tu as raison Xavier, il y a effectivement peu de source directe, cependant les liens permèttent de faire des recherches plus détaillées et approfondies. C’est vrais aussi que pour cela il faut du temps. Je pense aussi qu’au fil des postes nous aurons davantages d’infos sur le sujet.

            +3

          Alerter
    • arthur78 // 24.02.2015 à 09h22

      un source interessante : politique des nationalites du gouvernement provisioire : février octobre 1917 ecrit par Marc Ferro qu’on regrette de ne pas avoir entendu depuis le debut de la crise ukrainienne.

      http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1961_num_2_2_1462

        +1

      Alerter
    • Nicolas // 24.02.2015 à 09h57

      @Xavier : Bon reprenons. Pour ce qui est du fait que Staline a mis au pouvoir ses potes du Caucase, j’ai cité 8 noms, vous pouvez tous les trouver sur wiki. Yavait aussi des Russes ( et d’autres nationalités / ethnies) au pouvoir hein, c’est juste pour rappeler que mettre les crimes de ce régime sur le dos des Russes c’est un bobard colossal.
      Ce que vous appelez des révolutions pro-communistes étaient essentiellement des révoltes contre l’impérialisme américain, vous pouvez faire le tour de toutes les invasions américaines et autres coup d’États financés par la CIA, c’est très évident. J’ai juste donné quelques détails sur Grenade parce que c’est l’exemple le plus marquant, et que mon propos n’était pas de faire un topo complet sur le sujet. Je vous invite à faire le tour par vous même des différentes interventions US, en particulier en Amérique Latine, c’est accablant. Comme l’a rappelé AlainCo, on peut y ajouter les massacres de communistes en Indomésie. Chomsky raconte bien ces révoltes, et ce qu’il dit est très documenté. Il parle notamment du rôle des prêtres catholiques dans certaines révoltes.
      Pour ce qui est de la privatisation, oui, j’aurais dû raconter ça un peu plus longuement parce que c’est important pour comprendre l’économie russe d’aujourd’hui. Mine de rien cet article est une introduction. Une fois arrivé à 6000 mots j’ai commencé à me dire que ça suffisait bien comme intro. Je pourrais y revenir en introduction de mon topo sur l’économie russe, qui constituera la 2ème partie de mon bousin.

        +29

      Alerter
      • xavier Tdl // 24.02.2015 à 10h05

        Je regarderai, merci pour ces précisions et bon courage dans votre travail.

          +4

        Alerter
    • achriline // 24.02.2015 à 12h10

      Je vous recommande la lecture du livre « La nouvelle grande Russie » de Xavier Moreau aux éditions Ellipses. Il décrit la période 1991-2012 et vous donnera les informations sourcées que vous désirez. C’est un bon complément à cet article.

        +5

      Alerter
      • achriline // 24.02.2015 à 12h29

        Oups, ce commentaire était destiné à xavier Tdl
        A propos des interventions US en Amérique Latine, la dernière en date :
        recherchez « Obama rate son coup d’État au Venezuela » car je crois que le site qui le propose ne passe pas la modération bien que ses infos soit de qualité.

          +8

        Alerter
    • Yvon Thoraval // 26.02.2015 à 15h52

      Un de mes amis économiste et néanmoins turc a prétendu, fin des années 70, que le PCF était financé par l’URS par le biais d’achat massif du journal « l’Humanité ».
      Quelqu’un peut=il infirmer/confirmer ?

        +0

      Alerter
  • VVR // 24.02.2015 à 03h42

    Il manque (pour l’anecdote) le coup d’état de 1993, quand le parlement russe est renversé par la force des chars parce qu’il avait l’outrecuidance de vouloir ralentir les reformes. La presse occidentale unanime salue bien évidement cette grande victoire de la liberté et de la démocratie.

    Fera elle de même quand cela arrivera en Grèce ? La Russie en 1992 c’est une récession de 15% et un revenu moyen divisé par 2, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement.

      +26

    Alerter
    • Toto le zéro // 24.02.2015 à 07h46

      Octobre 93 est effectivement l’évènement fondamental pour comprendre la Russie d’aujourd’hui : la nomenklatura recyclée en oligarchie ne peut plus supporter le contre-pouvoir (pourtant modeste) du systèmes des conseils (soviets) et le supprime par la violence (150 morts officiellement) pour faire voter la constitution actuelle établissant la verticale du pouvoir. Voir :

      http://tepsis.hypotheses.org/892

        +10

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 08h01

      Bien vu oui, j’aurais dû mettre une phrase ou deux sur 1993. Notez, cet article n’est qu’une introduction à ce que je veux raconter sur l’économie russe (en particulier son industrie, soi-disant arriérée, selon Obama, faut que je retrouve cette citation) et le foudroyant succès (hum hum) américain pour l’isoler. 2 siècles en quelques pages, ya forcément des lacunes, et je me suis focalisé sur ce qui est inconnu en France : e.g. à l’école j’ai appris que la France a gagné Verdun parce qu’on est les plus fort et que Pétain était un super stratège, jamais un mot sur le fait que la mort d’un million de Russes a contribué à cette victoire. On apprend aussi que la Russie était très en retard technologiquement en 1914 (bizarrement c’est la rhétorique communiste…), je pense qu’il était important de rétablir la réalité. Il y avait un retard, mais qui était loin d’être énorme.
      1993 est la plus grosse lacune probablement (si je pouvait éditer j’ajouterais 2 phrases), mais ce qui m’intéressait avant tout sur les années 1990 c’est de rappeler que la magnifique victoire de la démocratie et du Bien que fut la fin de l’URSS fut en réalité un drame humain colossal. J’ai vraiment été très surpris en faisant ce calcul de surmortalité, je ne m’attendais pas à un total de 10 millions.

        +40

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      • Lysbethe Levy // 24.02.2015 à 08h46

        Oui Dimitri Orlov en parle lui aussi mais c’est la thérapie de choc des « chicago-boy » de l’époque avec Reagan-Thatcher, qui imposant ce régime ont produit ces 10 millions de morts.

        Cela peut paraitre incroyable mais le changement de régime lié à la destruction de la vie d’avant, le manque de perspective, ont conduit de nombreux russes à la mort en plus de l’abus de drogues, de vodka, manque de soins jusque là gratuits,

        Et la violence intrinsèque à tout régime anarchique avec destructions des services publiques dont les structures de soins hôpitaux, médecine, structures de soins..

        Voir le livre « la fin de l’homme rouge » http://www.lemonde.fr/livres/article/2013/10/03/svetlana-alexievitch-en-lettres-rouges_3489001_3260.htmlou des russes expliquent les années Eltsine, ou juste avant l’effondrement. Terrible !

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      • Toto le zéro // 25.02.2015 à 08h57

        Oui c’est difficile de parler de tout. Il se trouve qu’octobre 93 m’intéresse particulièrement, d’autant plus qu’à l’époque je n’y avais rien compris! D’ailleurs, la meilleure analyse que j’en ai lue est celle … du « chief political analyst » de l’ambassade des Etats-Unis pendant les évènements!

        http://www.pbs.org/wgbh/pages/frontline/shows/yeltsin/interviews/merry.html

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  • DUCHENE JEAN // 24.02.2015 à 05h13

    vision totalement caricaturale de la révolution russe.

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 07h16

      Le but n’était pas de faire un topo sur la révolution russe, mais de faire quelques rappels historiques rapides en donnant des éléments totalement occultés en occident, avant de passer à la crise de 1991.

        +19

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      • WhereIsMyMind // 24.02.2015 à 13h46

        merci pour ces info variées. rien de tel pour se faire son opinion que d’avoir des avis tranchés et argumentés différent du main stream. merci pour votre travail, j’attends la suite avec impatience.
        Connaissez vous de bons documentaires sur la Russie (histoire, économie, culture,…)??

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    • Lt Anderson // 24.02.2015 à 10h03

      S’il avait voulu faire une « vision totalement caricaturale » de la période révolutionnaire russe (1917-1922) et de ses suites avec la NEP, il aurait cité les « Documents Sisson » comme des faits historiques. Il n’en a rien été. Je pense que M. Nicolas M. est sérieux dans sa démarche.
      Le ton de la lettre de Lénine est à la hauteur de l’horreur des conséquences de la spéculation criminelle pratiquée par les koulaks (paysans enrichis en abusant des mécanismes de la NEP).
      Face aux ouvriers crevant de faim dans les villes (et organisant grèves et manifestations à répétition dès 1919) il a eu une réaction que certains qualifiaient de « déterminée », détermination dont seront coutumier les régimes « démocratiques » durant tout le XXe siécle (pour ne citer que celui-ci).
      Donc humainement, oui, c’est « cruel », mais alors toute action de force légitime de la part d’un régime ou état est cruelle. Toute.

        +7

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  • Erstam // 24.02.2015 à 05h40

    J’aime beaucoup ce genre d’article focalisé sur l’histoire et plongeant les causes actuelles dans les racines du passé. 🙂

    En revanche c’est vrai que ça manque de référence et que le ton n’est pas neutre.

      +5

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 07h12

      « ça manque de référence »
      Vous plaisantez ? J’ai mis 25 liens dans cet article. J’ai oublié celui-ci : http://www.historiographie.info/ukr33maj2008.pdf, ça vous en fait 26.
      (une fois publié je ne peux plus corriger)

       » le ton n’est pas neutre. »
      Ça j’adore comme reproche. La neutralité de ton prétendu de nos journalistes c’est un énorme foutage de gueule destiné à nous faire avaler la propagande otanienne mais c’est pas grave.
      Quand on parle du crime de Prague en omettant qu’au même moment l’armée US commettait un massacre 2000 fois plus important, c’est neutre, mais faire ce rappel n’est pas neutre. OK ouais.

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      • Erstam // 24.02.2015 à 07h33

        Les références sont dans la première moitié de l’article. Passé la moitié, surtout pour la partie sur l’économie actuelle, je n’en ai pas vu.

        Quand à la neutralité de ton, ne vous méprenez pas, je parle seulement du style d’écriture. Personne ne vous reproche de donner des faits. Et je vous suis aussi reconnaissant de souligner la disparité entre le printemps de Prague et la guerre au Vietnam.

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        • Nicolas // 24.02.2015 à 10h07

          Mais enfin Erstam ! Dans la partie sur l’économie actuelle, tous les chiffres que je donne dans le tableaux, je les ai extrait de la même source, gks.ru, qui est indiquée dans le texte. Ça doit pas ce voir, mais ça m’a demandé pas mal de boulot d’extraire tous ces chiffres, vous ne les trouverez probablement pas ailleurs en français. J’ai pas donné le lien vers le CIA factbook, pour la comparaison de la production industrielle avec l’Allemagne et la France mais je l’ai nommé, vous trouverez facilement… Bon je vous le mets. Je vous invite à admirer ce chiffre de 5,3% de locuteurs du dolgane. J’ai trouvé ça il y a 6 mois, ça me fait toujours rire. https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/rs.html
          Pour certains autres trucs, je mets très peu de liens vers wiki parce que chacun peu consulter wiki, alors par exemple si vous voulez en savoir plus sur Tchoubaïs c’est un bon point de départ (même si le wiki français est forcément très incomplet sur beaucoup de sujet qui concernent la Russie).

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      • Caramba! // 24.02.2015 à 08h43

        merci infiniment Nicolas.
        Ceux qui parlent d’un manque de neutralité doivent croire que les hyènes n’ont pas de dents et que les crocodiles sont les meilleurs animaux de compagnie qui soient.Perso, je suis fatigué de ces gens qui remettent en question la responsabilité des USA pour des centaines de millions de mort.Quoi?Où est le mensonge?les faits sont connus et les USA sont les cas sociaux de notre planète, ils sont les vrais terroristes et personne ne peut le nier.
        Alors oui, sortir des mensonges, des croyances largement nourries par nos merdias, ne pas être neutre, prendre position, oui.

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        • tepavac // 24.02.2015 à 11h20

          Caramba, ce n’est pas toujours une critique offensive, simplement une demande de davantage d’information sur des sujets que certains ne maitrisent pas ou peu. Nous devons garder raison pour un dialogue constructif. Ce n’est pas toujours façile, je le conçois, moi même il y a quelques jours après avoir revisioné  » une autre histoire de l’Amérique » et baigné des émotions que l’on ressent naturellement suite aux horreurs que l’on peut y voir, je n’ai pu garder mon calme sur des commentaires qui venaient un temps soit peu contredire ce que je venais de voir.

          Parler entre nous qui suivons depuis le début cette crise, est une chose, mais pour ceux qui sont de passage cela doit parfois apparaitre comme un repère de partie-pris.
          Et je parle avec euphémisme.

          Finalement, ce site m’a permis de prendre conscience de toute la difficulté à rester objectif et de ne pas se perdre dans des considérations dilatoires. Force est de constater qu’O.B s’est lancé dans une entreprise hors-norme et qui nécéssiterait une aide matérielle, financière et intelectuelle plus que substancielle pour permettre à ce site de répondre à la demande croissante d’information et de compréhension sur notre monde.

          Moi je dis simplement « chapeau » à tous, et même aux contradicteurs, surtout aux contradicteurs, auxquels nous devons nous attacher à dabord comprendre la position et les motifs. Je parle évidement de ceux qui donnent des faits contradictoires, pas ceux qui s’opposent sans rien argumenter, style troll. Ceux-là vaut mieux les ignorer, car ils nous ligotent avec de belles paroles et des débats houleux.
          Cdlt

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      • Lysbethe Levy // 24.02.2015 à 09h09

        Nicolas un jour ou l’autre il faudra se pencher sur les méfaits de la chasse aux sorcières appelé la « red-scare » http://en.wikipedia.org/wiki/Red_Scare et « petite red-scare » aux Usa.

        Le maccarthysme a fait bien des victimes tout comme le stalinisme, mais jamais j’ai lu ou vu un doc ou livre complet sur ces crimes. Pourtant des gens ont été exilés comme Brecht, ou Charlie Chaplin pour avoir eu des idées pro-communistes.

        Mais une étude complète personne ne s’y est tenté, disons que le péril rouge a donné aux Usa les moyens pour museler l’opinion, et la terrifier. Quand ce n’était pas la prison, ou la mort comme Julius et Ethel Rosenberg ! …

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      • Chris // 24.02.2015 à 14h47

        A propos de Prague 1968, lu dans Wikipedia :
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Printemps_de_Prague
        Cependant, des recherches récentes suggèrent qu’en réalité, certains conservateurs comme Biľak, Švestka, Kolder, Indra et Kapek avaient envoyé une requête à l’URSS pour réclamer une intervention militaire.

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    • Loui JULIA // 24.02.2015 à 08h34

      Pour ce qui est du ton, si vous ne fréquentez pas le journal Libération, je vous engage volontiers à le faire en ce qui concerne les articles sur l’Ukraine. Vous y trouverez carrément de la propagande de guerre, celle des dépêches de l’AFP. La parole y est donnée exclusivement aux nouvelles et infos en provenance de Kiev. Avec toute une partie qui revient sans cesse, où l’on répète chaque fois de l’occident accuse la Russie d’envoyer troupes et matériel et diverses autres choses.
      Quant aux commentaires de lecteurs, faites-y un tour le week-end.
      Et encore, vous avez de la chance, un certain nombre de lecteurs et moi-même avons, à force de ténacité, fait un peu de ménage , le nombre de bas du front y est nettement moins important qu’en jullet. Il y a même un pollueur qui utilise une astuce sans doute informatique, cela lui permet de poster tout en interdisant de lui répondre directement. Ce qui me fait fortement pe,ser qu’il a certaines acquointances avec la rédaction du journal ou les webmasters de celui-ci.

        +19

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      • Lt Anderson // 24.02.2015 à 10h25

        Il y a encore mieux que Libé :
        http://www.telos-eu.com/fr/europe/europe-politique/trois-contradictions-de-la-gauche-souverainiste.html
        « Mais il n’est pire aveugle que celui qui prétend que les autres le sont. Or les souverainistes, enfermés dans une culture minoritaire et des postures critiques de « résistance », ne voient dans les analyses et les reportages qui contreviennent à leur vision du monde que déformation et diffamation. L’anti-atlantisme, combiné à une mise en doute généralisée de l’information disponible en Occident, les amène à une indulgence désarmante à l’égard de la très réelle entreprise de désinformation menée dans le monde russophone. En faisant profession de n’être pas dupes, ils courent le risque de devenir, à la manière des staliniens français des années 1950, les idiots utiles de l’impérialisme russe. »

        La cerise :
        « Propagande pour propagande, plutôt que de reprendre en chœur celle du Kremlin, les souverainistes de gauche pourraient s’inspirer de celle du gouvernement ukrainien, plus proche des valeurs qu’ils défendent. »

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        • V_Parlier // 24.02.2015 à 14h23

          Oh la cerise! Avec ou sans noyau, celle là doit vraiment mal passer! Plus gros que çà c’est inimaginable!

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          • tepavac // 24.02.2015 à 17h35

            Vincent, Lt Anderson à une opinion internationaliste de la question. Or c’est la branche Troskiste, qui justement a été éliminé par les accords de Yalta.
            Le camp occidental gérant l’occident et Staline « gérant » les veillitées des internationalistes.
            A cet égard, on peut légitiment se demander si Staline agissait par peur, ou était-il déja un traitre à la cause du peuple Russe. Et vu les droles de complotistes de l’époque, cela n’aurait rien d’étonant.

            Deux évènements récurents me font penser à cela;

            Le premier, se sont les relations avec les « pays frères », dont Tito fut un éxemple criant lorsque ce dernier refusa d’abandoner le peuple Greque à son sort. Préssions et tentatives d’assassinats à répétition. Bien d’autres pays « amis » furent traiter de la même façon; Laos, Vietnam, Indonésie…

            Le second, c’est le nombre impréssionant d’assassinat politique de proches de Staline.

            Y a t-il une étude fiable sur la question de la part des historiens Russes ?

            Par ailleurs, puique c’est le sujet de Nicolas, fuite de capitaux il y a eut, c’est indéniable. Pourtant vu l’immensité des ressources naturelles de ce gigantesque pays, on peut se demander comment il a pu être si pauvre aussi longtemps, alors que précisément c’est le seul pays avec la chine à disposer d’éléments atomique unique, servant notament dans toute l’aéronautique et l’informatique.

            Finalement, et c’est là mon intérrogation, la Russie n’est-elle pas à l’image de ces pays colonisés dont les dirigeants ne sont que des marionettes et le peuple vampirisé de ses ressources. D’ailleurs, le redressement fulgurant depuis l’incorruptible Poutine semble aller vers ce genre d’intérrogation.

              +1

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        • Médiacrate // 24.02.2015 à 15h11

          Quel impérialisme j’aimerai que vous fassiez une petite analyse de comparaison avec des
          faits vérifiables, entre la Russie et l’aigle américain qui lui se transforme petit à petit en vautour.

            +1

          Alerter
          • tepavac // 24.02.2015 à 17h37

            Il parle de l’impérialisme des trotskistes.

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      • Pepin le court // 24.02.2015 à 11h01

        Sur l’Ukraine, il y a pire que Libé , notamment Le Monde et Médiapart !

          +4

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        • ulule // 24.02.2015 à 13h59

          Et France culture…

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    • V_Parlier // 24.02.2015 à 14h21

      Pourquoi faut-il toujours chercher à paraitre neutre?
      Tant qu’on ne ment pas, qu’on argumente et qu’on ne fait pas semblant d’être neutre (la pire des manipulations dans les médias) on a tout de même le droit de défendre son point de vue!

        +11

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  • Fabrice // 24.02.2015 à 07h03

    Euh là j’hallucine quand même mais même en tenant à l’écart la période de Staline :

    – la révolution hongroise (de 25 000 à 50 000 Hongrois et 7 000 soldats de l’Armée soviétique perdirent la vie)

    – la guerre soviéto-afghane aurait fait 1 242 000 morts (je ne fais pas le décompte des morts de l’armée soviétique qui sera un traumatisme aussi grand que pour le vietnam pour les américains)

    je ne parle pas des blessés et des exilés alors je suis pour la vérité sur les Etats-Unis et leurs exactions mais j’aimerais quand même que l’on respecte aussi la vérité et que l’on ne s’amuse pas à minimiser les torts aussi de l’URSS.

    là je trouve que la vérité ne doit pas se borner que d’un côté et minimiser les actions d’un camp n’est pas en l’honneur du site.

      +8

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 07h23

      Si vous êtes pour la vérité, pourquoi vous multipliez par 10 le bilan de la révolution hongroise ? On peut mettre en parallèle la guerre de Corée qui peu avant avait fait 1000 fois plus de morts.
      Pour ce qui est de la guerre d’Afghanistan, ça vous dérange tant que ça que je rappelle qu’elle a été financée par les Anglo-américains ? Que sans ces financements on n’aurait jamais connu Al Qaeda, Daesh, Boko Haram…

        +32

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      • Michel Loncin // 24.02.2015 à 10h33

        Précisons que la guerre de Corée (antérieure à la révolte hongroise), commencée à l’initiative du Nord le 25 juin 1950, put prendre une telle ampleur du fait du boycott malheureux par l’URSS du Conseil de Sécurité de l’ONU (alors bien plus efficace qu’à présent – ce n’est pas peu dire ! -), ERREUR qui permit aux autres membres de voter une résolution autorisant l’intervention militaire occidentale …
        Bilan d’une guerre dont la responsabilité échoit aux Nord Coréens mais que les Etats-Unis se sont empressés de rendre TOTALE : 455.000 tonnes de bombes en 37 mois de conflit larguées par les « Super forteresses » B 29 inemployées depuis 1945 et qui se morfondaient dans leurs hangars … utilisation de l’arme biologique (« Saint » Churchill et son complice, le judéo-allemand naturalisé britannique Lindemann avait déjà médité cet emploi contre l’Allemagne) … du napalm (bien plus qu’au Viet Nam) … 4 à 5 millions de civils (essentiellement Nord Coréens) …

        Cette erreur soviétique anticipe celle commise de concert par la Russie et la Chine en 2011, s’agissant de la Libye d’accepter de voter la résolution 1973 conjointement aux trois autres membres permanents et que les Etats-Unis et ses valets occidentaux se sont empressés de VIOLER copieusement en DETRUISANT le régime de Kadhafi (« printemps » libyen) comme ils avaient DETRUITS celui de Saddam Hussein grâce à l’escroquerie des soi-disant « preuves » présentées devant l’ONU en 2003 (les étatsuniens et leur scomplices ont « remis çà en 2014 avec le MH 17) !!!

        Ainsi que l’enseigne la fable, les Russes et les Chinois s’étant jurés qu’on ne les y prendraient plus se sont opposés résolument en 2012 aux « apprêts » du « printemps » syrien concocté par la … communauté internationale Otano-étatsunienne … D’où, la guerre civile entre le « régime » d’Assad et la pseudo « armée de libération syrienne » financée par les Etats-Unis et les monarchies arabes les plus rétrogrades et à présent, l’entrée en fraude occidental en Syrie via DAECH – EI, « fabriqué » par les apprentis sorciers étatsuniens !!!

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        • williamoff // 24.02.2015 à 16h17

          Vous écrivez : « la guerre de Corée […] commencée à l’initiative du Nord le 25 juin 1950 » : d’un point de vue purement militaire c’est vrai et c’est d’ailleurs l’argument des Etats-Unis depuis 60 ans pour punir une partie du territoire Coréen (embargo et sanctions depuis 1953).
          Sur le plan politique, et c’est le point de vue de la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC), c’est un peu différent. Le traité de Londres de 1944 signé par les alliés et la résistance coréenne à la colonisation japonaise prévoyait après la guerre un Etat Coréen indépendant. Pas deux.
          Pourtant en Août 1949, les Etats-Unis qui occupent le Sud de la péninsule, crées unilatéralement la République de Corée. Or Il s’avèrent que l’état major de la résistance se trouve être Communiste et est installé au Nord dans la zone d’occupation soviétique.
          Pour les autorités coréenne issu de la résistance, il s’agit dès-lors d’une double trahison : le non respect du traité par les Etats-Unis d’une part, et la forfaiture de dirigeants coréens qui acceptent de servir un nouvel état croupion n’occupant qu’une portion réduite du territoire (la plus grande partie étant au Nord).
          Devant le fait établi, un mois plus tard, en septembre 1949, la RPD de Corée est crée pour rétablir l’unité du territoire et chasser les usurpateurs. Elle sera reconnut immédiatement par l’URSS.
          Néanmoins elle ne passera à l’offensive qu’après un an de préparation mais aussi et surtout de tergiversations et d’hésitations soviétiques et chinoises. Surement trop tard en fait car l’opinion public en Occident avait déjà accepté comme logique dans le contexte de la guerre froide naissante le principe des deux Etats coréens que leur présentait leur dirigeants.

          Vous écrivez ensuite : « boycott malheureux par l’URSS du Conseil de Sécurité de l’ONU », c’est vrai que cela ressemble à une faute des russes et cela semble incompréhensible, mais savez-vous qu’il s’agit du même cas de figure que celui que Mr Lavrov dénonce concernant la Libye ou la Syrie aujourd’hui : l’article 2, paragraphe 7, de la Charte de l’Organisation des Nations unies sur la non-ingérence dans les affaire intérieures d’un Etat. C’est à dire que l’URSS c’est appuyé sur le droit (Charte de l’ONU et Traité de Londres) et que donc en toute logique elle n’a pas pris part à la discussion, ni au vote d’une résolution qu’elle estimait illégale, et qui ne pouvait à ces yeux avoir aucune valeur juridique, à moins qu’elle n’en valide le principe en participant à la discussion et en votant. L’histoire est cruelle, car la décision du Conseil de Sécurité fut validé et l’envoi de soldats agissant sous mandat de l’ONU fut une réalité aussi.
          Le problème c’est que les mythes ont la vie longue et….les souffrances des peuples aussi d’ailleurs.

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      • Fabrice // 24.02.2015 à 14h18

        Nicolas (je n’avais pas vu que c’était vous ce commentaire assassin) pour information je profite d’un moment de calme :

        http://mouvement-communiste.com/documents/MC/Booklets/brochure_hongrie_56.pdf
        http://www.taurillon.org/Budapest-le-4-novembre-1956
        http://gayraudb.over-blog.fr/article-hongrie-1956-42761172.html

        alors certes je sors à chaud des chiffres mais je pouvais faire dans la surenchère aussi, de plus comme déjà évoqué.

        Relisez bien aussi ce que j’écris, où voyez vous que je vous attaque sur le comportement des USA et de victimes de leurs agissement dans le monde ?

        Non ce que je trouve de mauvaise augure c’est la minimisation du régime soviétique (quand à la mise à l’écart de Staline bien pratique, mais cela écarte juste que si il a ordonné c’est bien le régime qui a obéi allant non sans faire dans la disproportion et le zèle criminel).

        Toutefois si l’on doit approuver sans critique et porter au nue l’auteur je peux le faire aussi, mais je crains que ce soit digne d’une pensée totalitaire non ?

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    • raloul // 24.02.2015 à 07h46

      Bonjour !

      Quelles sont vos sources ? Wikipedia qui cite un document de la fao (dans lequel n’apparait jamais ce chiffre de « 1242000 victimes ») ? Autre source ? Je suis d’accord qu’il faut rester critique, prudent, mais volontiers sur des bases solides.

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      • Fabrice // 24.02.2015 à 09h34

        Je vous assure c’est amusant mais lassant, au reveil voir ce genre d’article sur le site d’Olivier où effectivement les sources sont réduite à peau de chagrin ! (cela ne vous fait pas bondir outre mesure mais d’accord jouons à ce petit jeu :

        http://guerrefroide.net/minidoc/afghan
        http://lyc-perrin-soa.ac-versailles.fr/portail/IMG/pdf/La_Guerre_d_Afghanistan_1979-1989_.pdf

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        • Fabrice // 24.02.2015 à 09h46

          je peux jouer indéfiniment à ce petit jeux mais il faut rester lucide L’Allemagne n’est plus celle qui existait sous Hitler (malgré ce qu’affirment certains philosophes que je ne supporte pas mais dont je tairais le nom pour pas offenser olivier), tient allez encore des sources :

          http://www.slate.fr/story/98239/armee-allemande-existe-plus,
          http://www.atlantico.fr/pepites/allemagne-infrastructures-transport-en-ruine-et-consequences-terribles-pour-economie-pays-943045.html

          comme je n’accepte pas que l’on traite la Russie actuelle, comme le copié-collé de l’URSS qui n’a jamais été qu’un autre forme d’impérialisme de ce que nous sert les USA.

          mais pourtant que l’on revisite l’histoire sans traiter de manière lucide ce qu’était l’URSS faut arrêter le grand délire.

          J’attends avec impatience le passage sur la Françafrique et j’espère que l’on ne fera pas dans la minimisation de ce qu’a fait la France après la colonisation, car si nous sommes dans une situation telle en Afrique c’est que l’on s’est comporté parfois pire que les USA dans d’autres pays du monde.

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          • Fabrice // 24.02.2015 à 09h50

            si vous voulez que j’insiste sur la révolution hongroise, je peux le faire mais j’ai autres chose à faire qu’à répondre à des personnes qui eux n’ont pas fait le moindre effort d’apporter leur sources qui invalideraient mes dires

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            • Fabien // 24.02.2015 à 10h08

              Fabrice, même en prenant pour argent comptant votre estimation sur la « révolution » hongroise, cela n’invalide pas le constat général: la nocivité de l’impérialisme américain incomparablement supérieure à celle de l’impérialisme soviétique (période stalinienne mise à part)…

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            • Fabrice // 24.02.2015 à 10h18

              ai- je dit le contraire juste que je veux que les deux soient traité de manière aussi poussé et non sous une forme que je trouve partiale, les impérialismes allemands, japonais, soviétiques, américains, français n’ont jamais été mieux que d’autres cela signifie juste la domination de peuple sur d’autres.

                +7

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          • Nicolas // 24.02.2015 à 10h40

            Question Françafrique, j’ai mis 2 lignes sur l’opération Bison, c’est tout ce que j’ai trouvé en 1968 (et encore, c’était plutôt en 1969).
            J’ai vraiment pas l’impression d’avoir glorifié l’URSS. Le but de cette partie de l’article était juste de montrer que les crimes de l’URSS post stalinienne pâlissent en comparaison des crimes américains de la même époque, alors que la doxa dit exactement le contraire. Si vous avez compris autre chose, c’est que j’ai pas été clair.

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            • Fabrice // 24.02.2015 à 10h50

              Nicolas non pas glorifier mais minimiser et mis en avant sont pendant, les deux ont de par leur nature disons pour simplifier impérialistes, sous des formes diverses commis de nombreux drames pour faire avancer leur régimes.

              Le drame c’est que l’écroulement de l’un a été pris pour une victoire de l’autre camp, alors que la disparition des deux camps auraient pu être une grande avancée (déjà celle de l’OTAN en même temps que le le pacte de Varsovie).

              Mais le texte que vous donnez, laisse à penser que l’URSS hors la période de Staline n’avait que peu de reproches à avoir alors que son pendant américain source des pires maux, là pour moi cela à du mal à passer car les deux n’ont pas fait dans la dentelle.

                +9

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          • achriline // 24.02.2015 à 13h01

            @Fabrice
            Encore faut-il prendre des sources sérieuses et pas des médias de propagande.
            Alors qu’il est connu, et Nicolas le rappelle, que l’URSS est intervenue à la demande de l’Afghanistan une de vos sources écrit « … les forces soviétiques envahissent l’Afghanistan … ». Pour moi cela la disqualifie d’office.
            Une autre de vos sources : « … aux séparatistes équipés de matériel militaire russe et renforcé par des unités de l’armée russe ». Même les américains ont avoué n’avoir pas de preuves de la présence Russe aux côtés des séparatistes.
            Je n’ai pas de temps à perdre avec ce type de journalisme.
            J’ai bien peur que vos dires, bien que sourcés, ne fassent pas référence à des sources fiables.

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            • Fabrice // 24.02.2015 à 13h40

              Là vous mélangez tout je parle de L’URSS pas de la Russie actuelle.

              Désapprouver l’action de l’URSS ce n’est pas pour autant condamner la Russie actuelle, sinon on tombe dans le même amalgame que ce que les médias nous servent au quotidien.

              J’estime que quand on parle histoire on doit faire preuve de discernement sinon on tombe dans les dogmes de camps qui se sont affrontés ou le font encore.

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            • achriline // 24.02.2015 à 14h31

              @Fabrice
              Désolé mais je ne vois pas le rapport …
              Je ne faisais que citer ce que j’avais lu sur les sites dont vous aviez donné les liens afin de contester la fiabilité de vos sources.
              Les parties entre guillemets n’étaient pas mon opinion mais des citations de ce que j’y avais lu.
              La polémique pour la polémique est stérile, assurez-vous d’avoir bien compris le commentaire avant de polluer le forum.

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            • Fabrice // 24.02.2015 à 17h23

              je suis preneur de vos sources Achriline, je puis vous assurer qu’à ne pas vous avancer vous pourrez rester cacher, mais je vous rapelle que même Nicolas l’auteur n’hésite pas à dire qu’il prend wikipédia comme source.

              Dans un cas les sources sont fiables selon qui les utilises ou pas ? j’ai ajouté d’autres sources car l’on me contestait l’usage de Wikipédia (qui est plus commode d’usage) après, je peux vous garantir que quel que soit la source sur internet vous trouverez une faille qui vous arrange mais encore faut il oser s’exposer à la critique, si encore ce droit nous est accordé (la condition étant de prouver ou tenter de prouver ses dires)

              Je suis prêt à discuter avec Nicolas sur les points qui me semblent litigieux si il accepte d’écouter un peu autre chose que les louanges, dans les votres je ne vois pas d’effort de faire avancer quoi que ce soit c’est un peu facile.

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              Alerter
          • Baltazar // 24.02.2015 à 15h30

            Google, le big-brother venu des USA, entreprise délinquante championne de la fraude fiscale, … C’est ça pour vous une source fiable ?!?
            Google ne fournit pas de contenu, il ne fait que donner des liens, et dans un ordre établi selon des règles intestines. Difficile de faire plus partisan, non ?

              +2

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          • Chris // 24.02.2015 à 15h45

            J’ai lu sommairement le document en lien, qui bizarrement « effacent » les visées américaines (comme si elles allaient de soi : la bonne vieille démocrââââtie occidentale, unique et seule vérité), tout en soulignant que le mouvement afghan qui imposa un Gvt. communiste en 1978, provenait d’officiers supérieurs qui avaient été formés en URSS.
            Puis je me suis focalisée sur la phrase clef suivante :
            « Entre 1924, date d’ouverture du pays aux chercheurs étrangers, et 1978, date de la révolution communiste et du boycott international qui s’ensuivit, le pays fut largement ouvert aux chercheurs étrangers »
            (On apprend que ce pays n’a pas d’auto-suffisance alimentaire. Et que les populations qui mourraient déjà de faim en 1978… ont doublé).
            Quand on sait que les Moudjahidins financés par Carter/USA 6 mois avant que les troupes soviétiques viennent en renfort appelées par Kaboul, suivis des Talibans (autre dénomination des actuels AlQaïda, ISIS/Dash/gentils rebelles syriens/AlNusra/BokoHaram et j »en oublie, je me dis que c’est un document supplémentaire à la gloire des vaillantes entreprises du BOA et ses affidés du Golf, pour introduire le Nouvel Ordre mondial cher à Obama, qui pour ce faire, est prêt à tordre le bras et plus, à quiconque s’interposera.
            Etant entendu que dès que le mot « communisme » est évoqué, voire pire revendiqué, Washington et son exceptionnalisme quasi biblique (alors qu’il n’est que totalitarisme financier et civilisationnel sur les peuples), tels un taureau aveuglé de fureur, enfourche alors chars, avions et sanctions pour reprendre et garder la main.
            On apprend que ce pays n’a pas d’auto-suffisance alimentaire. Que les populations qui mourraient déjà de faim en 1978… ont doublé. Donc, pour manger il faut importer, et pour importer il faut exporter : la drogue par exemple.

              +3

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        • tepavac // 24.02.2015 à 18h19

          Fabrice tes deux liens, après vérifications;

          Le premier est ridicule, avec tois concepteurs qui ne sont référencés que dans facebook, twiter, linkedin, un photographe, un développeur système et un parfait inconu. le site lui même ne jouit d’aucune référence.

          Le second, et bien le second nous ne savons même pas de qui le sujet est traité.

          Si c’est cela tout le sérieux de tes sources…

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          • tepavac // 24.02.2015 à 18h30

            « ai- je dit le contraire juste que je veux que les deux soient traité de manière aussi poussé  »

            Cette réthorique me rappel un drole de zebre qui venait polluer les échanges sous divers noms, est-ce le même ???

              +4

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    • Lysbethe Levy // 24.02.2015 à 11h10

      bonjour Fabrice ..Pour la hongrie il y a ce document fait par plusieurs universitaires franco-hongrois, ou américano-hongrois cette période étant encore méconnue et a revoir à la lumière de nouvelles archives.http://.www1.ens.fr/europecentrale/XfichesSTOCK/Bauquet56Kriegel.pdf

      Radio Free ou la Voix de l’Amérique a été mise en place depuis le début de l’implantation soviétique et la hongrie aurait bien été influencée en sous main pour tenter de « libérer » ce pays du communisme ou stalinisme…Extraits :

      « L’ouverture des archives occidentales, et en particulier américaines, intervenues dès
      les années 1980, a apporté elle aussi son lot de révélations et de remises en cause, dont on
      n’indiquera ici que les points principaux :

      – d’abord, on constate l’extraordinaire faillite du renseignement américain : alors que la
      direction soviétique est parfaitement consciente du danger d’explosion politique en
      Hongrie depuis 1953, l’insurrection a été pour la CIA une surprise totale.

      A Vienne, le
      poste le plus proche de l’autre côté du rideau de fer, aucun agent de la CIA ne parle
      hongrois, et la légation américaine à Budapest ne compte qu’un seul magyarophone
      lorsque la révolution éclate.

      – ensuite, les recherches ont dressé un tableau sans un tableau sans concession de ce qui
      a été décrit comme « l’attitude de Janus de Washington concernant la libération de
      l’Europe de l’est » : d’une part, l’abandon progressif de la politique de « libération des
      nations captives » au profit d’une stratégie d’ouverture et de co-existence pacifique, de
      l’autre, le maintien d’une rhétorique agressive destinée à « nourrir les espoirs » de ces
      mêmes nations. Alors qu’à l’été 1956, la Hongrie et les Etats-Unis n’ont jamais été
      aussi proches d’un accord leur permettant de développer leurs relations politiques et
      économiques, Radio Free Europe continue de nourrir l’espoir d’une intervention
      américaine en faveur d’un changement de régime.

      Réalisme de grande puissance
      d’une part, propagande jusqu’au boutiste de l’autre : la politique américaine a échoué à indiquer aux Hongrois, avant comme pendant la révolution, les voies d’une solution
      politique réaliste.

      Jusqu’aux derniers jours, Imre Nagy a continué à être vilipendé sur
      les ondes de Radio Free Europe, tandis que bon nombre d’officiels américains
      plaçaient leurs espoirs dans la personnalité du Cardinal Mindszenty, en décalage
      complet par rapport aux réalités politiques du moment »

      En fait les Usa a travers la radio « la Voix de l’Amérique » ou « Radio-free » a tenté a plusieurs reprises de fomenter des troubles afin de reprendre la main sur ces pays…Fait connu aussi pour la Tchécoslovaquie et ensuite la Pologne, puis la Roumanie ou là aussi la Cia a travers des ONG ou activités culturelles est intervenue afin de détruire le système soviétique qui ne permettait pas un « meilleur marché économique » selon les vues américaines et occidentales.

      Ce fut raté pour la Hongrie et en 1968 la Tchécoslovaquie mais la Pologne (ou la Roumanie) furent des réussites complète voir le livre sur l’alliance entre le Vatican et la CIA avec le Pape Jean Paul 2 qui a joué un grand rôle dans la chute de l’Urss et du pouvoir pro-communiste polonais.

      Voir le livre de Carl Bernstein et Marco Politti : http://www.carlbernstein.com/magazine_holy_alliance.php ou là en français : http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=VIN_111_0105

      Ou Zbigniew Brzezinski a joué un rôle certain car il faut dire aussi que le premier pape Albino Luciani (le pape au sourire !) est mystérieusement décédé au bout d’un mois juste avant l’élection miraculeuse de Jean Paul 2 ou de son vrai nom Karol Wojtila et ses liens avec l’Opus Déi et la loge P2..

      .Une sacrée histoire.racontée dans le livre de Bernstein Politi mais en partie critiqué par Lacroix Riz sur l’hagiographie du Pape : http://www.historiographie.info/jp2bernstein.pdf.

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      • anne jordan // 24.02.2015 à 16h43

        merci , Lysbethe , pour ces détails !
        pour l’anecdote , en 56 , ma soeur aînée travaillait ( comme secrétaire trilingue ) pour  » Radio Free Europe  » ; c’était au Château de Pourtalès , à Strasbourg , tout près du futur et actuel Parlement Européen … Unsigne !
        Et l’on voyait arriver , tous les dimanches , à l’heure du thé , de jeunes et séduis

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        • anne jordan // 24.02.2015 à 16h53

          merci , Lysbethe , pour ces détails !
          pour l’anecdote , en 56 , ma soeur aînée travaillait ( comme secrétaire trilingue ) pour  » Radio Free Europe  » ; c’était au Château de Pourtalès , à Strasbourg , tout près du futur et actuel Parlement Européen … Un signe !
          Et l’on voyait débouler , à la maison ,, tous les dimanches , à l’heure du thé , de jeunes et séduisants polonais , tchèques et hongrois qui venaient d’arriver  » en pays libre  » et se mettaient à la disposition de RFE , pour traduire les documents de leur pays natal , à l’usage de la CIA .
          A l’occasion des inondations , dans les mêmes pays , à la même époque les volontaires du  » Service civil International  » , eux aussi jouaient un rôle ambigu , le même que les ONG Soros aujourd’hui : je me souviens d’un prof de philo de Columbia University qui s’était fait passer pour un jeune étudiant sans le sou , afin de participer à la propagande Zunienne , à Budapest , Ce n’est qu’après l’avoir rejoint dans ce qui devait être  » sa petite chambrette  » de Manhattan , que ma soeur , la grande naïve a compris , en voyant le loft de 300m2 , et toute la high society qui y défilait …

            +3

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    • gerard colin // 24.02.2015 à 13h29

      La guerre soviéto-afghane? quand ca commence comme ca, on sent déjà arriver les exagérations!. Guerre d’Afghanistan et c’est tout, SVP. Il s’agissait d’une guerre en Afghanistan, mêlant le gouvernement « Légitime », l’URSS, les tribus/peuples locaux (cf les chefs comme Hekmatyar, Massoud) puis, plus tard, des combattants étrangers venus majoritairement du Pakistan mais aussi de tout le Maghreb et du Proche-Orient.
      Quant aux armements utilisés…. on pourrait presque l’appeler guerre soviéto-nordiste sur un simple bilan des armes utilisées.

        +1

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    • Médiacrate // 24.02.2015 à 15h59

      D’où tenez vous ces chiffres fantastiques ayant suivit ce conflit le chiffre de plus d’un million de morts
      en Afghanistan me pose réellement question ?

        +0

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  • Hervé // 24.02.2015 à 08h01

    Bonjour,

    je voudrais remercier Nicolas pour ce texte qui à du demander beaucoup de travail. Mais ce qui me fait réagir ce sont certains commentaires. Depuis longtemps j’ai remarqué dans les multiples conversations que je peux avoir, la violence des réactions quand tout à coup j’affirmais quelque chose qui allait trop à l’encontre de la doxa. Je retrouve cette même violence.Nicolas a, à peine le droit de démontrer que ,au moins, en terme d’exactions, de saloperies géo-politique l’URSS n’a pas fait pire que les autres. Mais qui peut contester cela en 2014.je voudrais aussi rappeler les régressions sociales que nous vivons chez nous depuis la chute de l’URSS. Je ne regrette pas ce régime, ce que je regrette, à l’instar de Michael Moore, c’est que les deux empires ne soient pas tombés en même temps. En tous cas ce que moi j’affirme c’est nous devrions tous, lors de la prochaine messe commémorative du 8 mai et en toute humilité, montrer notre infini gratitude envers le sacrifice Russe. Sans lequel nous n’aurions jamais été libéré du joug Nazi.
    bien à vous, Hervé

      +38

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  • Lysbethe Levy // 24.02.2015 à 08h32

    Ce qui manque c’est le rôle important d’Armand Hammer qui comme son père a lui financé Lénine par conviction « socialiste » alors qu’il avait fait fortune aux Usa .:..

    http://en.wikipedia.org/wiki/Armand_Hammer bien plus que n’importe quel capitaliste, il fut tout au long de l’histoire de l’Urss puis de la Russie « l’ami » de ce pays l’aidant a marchander avec l’ouest dès le début du régime soviétique.

    Ce qu’il manque c’est l’histoire de la révolution russe qui fut unique et donna tant d’espoirs aux peuples « de la classe ouvrière » du monde.

    L’attaque par les anglo-saxons conjugués contre ce nouveau régime qui voulait « changer le monde » rendit la guerre encore plus longue et cruelle : http://fr.wikipedia.org/wiki/Intervention_alli%C3%A9e_pendant_la_guerre_civile_russe..

    Quand a Lénine « cruel » il faut replacer ces évènements dans cette époque de quasi servage de la population, ou la lutte entre les deux classes a donné lieu a pas mal d’exactions que se soit des « blancs » (pro-Tsar) ou rouges (pro-révolutionnaire) la Révolution russe demande bien plus d’informations.ou le bien et le mal se partagent hélas la vedette.

    ..Les « blancs » et les anciens du régime tsariste furent aidés et financés et a la fin exfiltrés pour continuer le combat à l’Ouest ou l’Empire du bien comme le disait Reagan : http://www.lyc-vinci-st-witz.ac-versailles.fr/IMG/pdf/ii_2_-_usa.pdf..

    Depuis toujours les Usa ont voulu avoir la première place et dominer le monde, et je pense qu’ils y sont arrivé : nous en vivons les conséquences souvent mortelles pour certains pays dominés en raison de leurs ressources naturelles très riches (pétrole, coltan, casserite, diamant etc) C’est une très longue histoire comme celle de la Russie d’ailleurs..

      +7

    Alerter
    • Nicolas // 24.02.2015 à 09h32

      Ya plein de trucs qui manquent, je suis passé très vite sur cet événement très complexe, c’est taillé à la hache pour raconter rapidement des trucs qui me paraissaient essentiels, notamment que la Russie n’était pas un pays arriéré en 1913 contrairement à ce qu’on nous raconte, et que s’il y avait des causes internes à cette révolution (je ne glorifie pas Nikolaï II !), il faut rappeler la participation occidentale.
      Le but n’était pas de faire un topo complet sur la révolution et la guerre civile (ni de faire des Blancs des saints), mais de donner des éléments du contexte historique pour comprendre la suite.
      Le rappel sur Lénine c’est pour montrer que contrairement à ce qu’on apprend souvent, il était aussi sanguinaire que Staline, avec une fixation criminelle contre les « koulaks ». La raison pour laquelle on ne le sait généralement pas est justement parce que ces archives étaient secrètes pendant si longtemps.

        +10

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      • ulule // 24.02.2015 à 14h10

        Autre source : Guerres de Staline de Jeffrey Roberts (DELGA) à la bibliothèque PMF de Paris 1

          +2

        Alerter
      • tepavac // 24.02.2015 à 18h48

        Lysbethe, pourquoi dis-tu qu’ Annie Lacroix-Ritz en a fait les frais ? que s’est-il passé!

          +0

        Alerter
  • arthur78 // 24.02.2015 à 09h02

    on notera 2 offensives coté Russe pour soulager Verdun

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Offensive_du_lac_Narotch

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Offensive_Broussilov

    on notera également qu’une délégation francaise est envoyé début 1917 à Petrograd pour dissuader les russes d’arreter le combat, ce qui entrainera la piteuse offensive Kerenski

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Offensive_Kerenski

    la révolution est en marche plus rien ne pourra l’arrêter …

      +3

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  • Nicolas // 24.02.2015 à 09h20

    Ah bah le coup de me reprocher de rappeler que les meneurs de la révolution russe était des psychopathes sanguinaires, je m’y attendais pas… Si vous voulez promouvoir le communisme, c’est pas en glorifiant ces types que vous y arriverez. Si pour vous Staline a établi un régime communiste, bah il va y avoir grand monde pour vous suivre.

      +8

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    • GG // 26.02.2015 à 12h28

      Cher Nicolas,
      Merci pour votre travail. Sur la question de la psychopathologie de Staline, c’est hors-sujet ici mais je crois que c’est juste un peu plus compliqué que ça…
      D’abord, penser que l’on peut ramener l’histoire d’une nation entière a un (ou 8) individidus, c’est juste impossible (même un peu délirant quand on y réfléchit) : ce n’est pas Staline qui a tué lui-même tout ces gens : il y avait un parti, des oppositions, des lignes politiques divergeantes à l’intérieur et à l’extérieur du parti, des menaces externes… En fait, vous le montrez vous-même dans votre travail en vous appuyant sur les facteurs éco, culturels, scientifiques, techniques, etc., le rôle des dirigeants n’est qu’un parmi beaucoup d’autres dans l’évolution d’un pays.

      Par ailleurs, puis-je vous conseiller de lire 3 ouvrages sérieux qui traitent de la période (et n’ont reçu aucune critique sur le fond de leur travail) ?

      _Staline, histoire et critique d’une légende noire de Domenico Losurdo. Ce livre suit votre méthode de comparaison entre URSS, GB, EU,… pendant la période stalinienne pour montrer que le mythe de la pathologie sanguinaire de Staline pourrait être appliqué à Churchill, Roosvelt. Cela peut paraître surprenant mais c’est exactement la même chose pour votre comparaison URSS/EU/France : tant qu’on ne l’a fait pas, on ne peut pas savoir…

      Un livre inconnu en France, malheureusement pas traduit mais d’une qualité tout à fait remarquable :
      Stalin’s Great Science (comme il est introuvable en bibli en France, je vous conseille de regarder une version numérique sur internet) Ce n’est évidemment pas une apologie de Staline mais juste un exposé de l’incroyable développement des sciences sous Staline (indiscutable) et du lien entre scientifiques et bolchéviques (très surprenant).

      Enfin le livre de l’éminent historien britannique Geoffrey Roberts (voir wikipedia) dont parlait qqn plus haut : les guerres de Stalines (Delga). Bien qu’il ait été victime d’une censure à l’université Panthéon-Sorbonne comme le rappelait qqn plus haut. Juste pour vous donner une idée de ce que pense Roberts qui a récemment été interviewé par RT :
      « I may be impressed by Stalin but off course I am also very critical of Stalin. »
      « He should be criticized and praised in equal measure, praized for his role in the great patriotic war and criticized for his dictatorial rule of the soviet union »
      C’est donc loin d’être un admirateur… tout comme moi. Mais dire que toutes ces histoires qui font de la période sous Staline une espèce d’exception, une parenthèse sanguinaire sans rapport avec le reste de l’histoire de la Russie, cela n’a simplement pas de sens.

        +1

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  • Plim // 24.02.2015 à 09h21

    Bravo pour cet article !
    J’ai souvent beaucoup de mal à lire sur Internet, et là, j’ai lu cet article d’une seule traite !

      +9

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 09h36

      Merci pour le compliment. J’avais justement peur que ma prose soit indigeste, et qu’un texte aussi long ne rebute les lecteurs.

        +2

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      • Gaetan // 24.02.2015 à 11h32

        Rassurez vous , le béotien que je suis y a largement trouvé son compte de connaissances ça m’a fait penser au dessous des cartes de arte .
        Merci pour votre boulot monsieur .

          +7

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      • ERASMUS // 24.02.2015 à 13h30

        @Nicolas: vous écrivez très bien, sans ces fautes d’orthographe irritantes et innombrables sur le web, même dans des articles bien argumentés. Il me semble que votre connaissance de la Russie doit faire de vous un russophone ; est-ce le cas ? Si c’est oui, alors double bravo !

          +6

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        • Nicolas // 24.02.2015 à 14h04

          @Erasmus : oui je suis russophone, mais citoyen franco-américain. J’ai eu la même éducation « Amerika über alles » que tout le monde en occident.
          Pour ce qui est des fautes d’orthographes, il faut remercier les relecteurs, il y en avait quelques unes. Je n’en pratiquement pas sur papier, mais en tapant un texte un peu long, les infinitifs deviennent vite des participe passés, et inversement.

            +8

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          • anne jordan // 24.02.2015 à 17h00

            est ce vous , LE Nicolas qui m’avait cet été répondu sur le sujet d’un projet de loi à la Douma , concernant l’attribution de terres agricoles à l’est de Moscou ?
            Je pense que oui , et je vous salue : vous nous avez manqué !
            ( je pensais même que vous étiez allé vous faire tuer en Novorossia !!! )
            Avez vous pu suivre cette info , récemment ?

              +2

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  • Nerouiev // 24.02.2015 à 09h31

    Merci pour ce premier document impressionnant et qui a l’avantage de balayer cette période par des flashes instructifs sans se perdre dans tout ce que tout le monde connait plus ou moins. Il y aura toujours un spécialiste de tel ou tel événement qui pourra se permettre de critiquer et déstabiliser le sujet à tort car c’est autre chose de plus profond et plus général qui en ressort : un vaste pays avec une âme malgré la diversité et une grande faculté d’adaptation. Les US et l’Occident nous ont obligé à penser civilisation en terme de PIB et consommation. Je suis à l’âge des bilans après avoir vécu à fond cette pensée du progrès perpétuel et des achats du WE. Ce n’est pas ce qu’il me reste de mieux à part le minimum de confort. La question que je me pose aujourd’hui, c’est quelle doit être la richesse des 5% les plus riches pour que les moins riches puissent avoir le confort minimum pour être libres. Aux résultats on voit qu’ils ne sont pas encore assez riches et qu’ils ont à progresser pour que ça suive derrière, j’ai bien peur que la corde soit cassée. Alors, est-ce ça le but ? Un monde multipolaire et culturel peut y arriver.

      +9

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  • Nicolas // 24.02.2015 à 09h51

    @AlainCo : L’estimation sur wiki est 500 000 morts il me semble. Des massacres de plus de 100 000 morts commis avec la bénédiction de l’Empire du Bien, il y en a beaucoup pendant la Guerre Froide, à commencer par la Grèce (sur laquelle j’avais mis une phrase, mais j’ai enlever pour rester lisible, ~160 000 morts), puis une série en Amérique Centrale. J’ai parlé des massacres du Vietnam parce qu’ils avaient lui en même temps que la répression à Prague et qu’ils étaient d’une ampleur totalement incomparable. Si le Printemps de Prague avait eu lieu en 1965 ou 1966 j’aurais fait le parallèle avec l’Indonésie; Ya pas beaucoup d’années où les massacres commis ou soutenus par l’Empire du Bien ne sont pas d’ampleur biblique.

      +9

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  • Fabien // 24.02.2015 à 10h04

    Magnifique travail d’utilité publique!
    Merci d’avoir rétabli la vérité sur la nocivité comparée des impérialismes soviétiques et américain, sur l’URSS aussi éloignée de la légende noire qui triomphe actuellement que des merveilles décrites par le PC de la grande époque, sur l’effondrement de la Russie eltsinienne… Toute personne dotée d’un peu de culture et d’esprit critique connait cela dans les grandes lignes, mais là; on a des détails, des chiffres.
    En revanche, comme certains lecteurs, je suis plus dubitatif concernant votre approche de la révolution russe, mais j’ai bien compris que ce n’était pas l’essentiel de votre travail.
    Merci à vous en tout cas.

      +4

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  • Ban // 24.02.2015 à 10h10

    Je ne comprends pas la legende du telegramme. C’est reellement un telegramme de Lenine, ou de Staline ? Le texte autour semble suggerer S. Du coup, si c’est L., ca meriterait plus d’explication.

      +0

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 11h44

      @Ban : c’est bien Lénine l’auteur de ce télégramme. C’est le dernier mot de l’avant dernière ligne : Ленин. Évidemment il écrit en cursive, donc c’est pas évident si vous n’avez pas la pratique du cyrillique.
      C’est vrai que dans le texte je ne parle pas de Lénine, sauf dans la formule « Bolsheviks ». Bon, ya un certains nombre de points qui sont connus, et ce qui m’intéresse c’est de passer directement à ce qui est moins connu. J’aurais pu ajouter une phrase pour clarifier mais bon c’est déjà 2 fois plus long que ce que je comptais faire au départ.

        +1

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      • Anne // 25.02.2015 à 12h30

        @ Nicolas

        Il s’agit là qu’une petite partie des crimes de Lénine, mais ici, sur ce site cela doit paraître un quasi sacrilège (pour certains vieux communistes convaincus), que vous parliez des crimes des bolchéviques, tant certains sont restés attachés à la « légende dorée » du communisme….

        Bravo pour votre travail, il faut remettre les choses en perspective, les crimes des zuniens ne justifient pas les crimes et les mensonges des communistes urrssiens, et inversement, ni les aucun crime ne peut être justifié par un autre.

        La désinformation fut des deux côtés.

          +3

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  • Grégory // 24.02.2015 à 10h13

    Au petit jeu des comparaisons, on pourrait ajouter en bonne place le massacre par la France des Bamilékés au début des années 60:
    http://www.aljazeera.com/indepth/opinion/2012/01/201211871746225899.html
    Entre 100 et 400 000 victimes, vilages rasés et brulés, massacre de masses etc. Malheureusement l’extrème droite n’a rien à voir là dedans.

      +4

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  • Marie // 24.02.2015 à 10h14

    Nicolas,
    Bravo pour cet article, j’envoie le lien à tous mes amis!
    Continuez ainsi à apporter votre pierre à l’édifice de la Vérité historique, c’est tellement important à notre époque où l’information oficielle est vérouillée.
    Merci.

      +8

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  • Gribouille // 24.02.2015 à 10h19

    Je ne vois pas très bien l’intérêt de cette réhabilitation de la Russie à travers son histoire. Surtout quand on passe sous silence les 70 années de communisme de manière un peu cavalière.
    Ce sont pourtant ces 70 ans de communisme en tant que système économique alternatif et son effondrement qui sont les plus intéressantes pour nous en guise d’enseignement à méditer pour notre propre avenir.
    L’idée n’est pas d’affirmer qu’avec l’effondrement de l’URSS, le modèle capitaliste a démontré une fois pour toute sa supériorité face à son rival le plus sérieux. Mais d’essayer de percevoir aujourd’hui, à travers l’histoire du modèle communiste, si notre propre modèle soi-disant éternel (j’écris ça avec dérision) ne montre pas le premiers signes des dysfonctionnements qui annoncent son futur effondrement.
    Dans un premier temps il suffirait de commencer à énoncer froidement les données, chômage de masse persistant depuis une trentaine d’années, accumulation inquiétante d’un endettement public et privé, taux de croissance en diminution constante décennie après décennie, montée des inégalités à l’intérieur des pays, pour saisir qu’effectivement les éléments annonciateurs d’un effondrement sont présents.
    Et dans un deuxième temps en parallèle avec l’URSS, il s’agirait de montrer que face à des dysfonctionnements de plus en plus évidents, se met naturellement en place des réponses autoritaires de plus en plus violentes pour masquer la réalité et perpétuer le modèle économique. Staline n’aurait probablement pas envoyé autant de personnes au goulag si le pays avait vécu dans la prospérité.
    Avec un peu de curiosité, les premiers éléments apparaissent déjà avec le contrôle des statistiques, le contrôle de l’information avec les médias, et ces mises entre parenthèses de de plus en plus fréquentes de la démocratie et de la liberté d’expression quand cela revient à mettre en danger le système à l’exemple de ce qui se passe en Europe.
    La question du chômage est intéressante à ce titre puisqu’il est aussi vrai de dire qu’il se situe à 10% comme il est de 20% en France. La seule différence est dans la manière de le calculer. Et pourtant cela engendre des différences de perception fondamentales. Dire qu’il est à 10%, vous pouvez mettre ça sur le compte d’une rigidité d’une marché du travail (il suffirait de faire quelques réglages à la marge). Mais à 20%, vous aurez du mal à masquer un problème dans le fonctionnement du système lui-même, et la flexibilité du marché du travail apparaîtra être une réponse bien futile.
    En réalité, je ne suis pas pour une révision de l’histoire de la Russie qui tendrait à prouver comme il est fait ci que ce pays est par nature plus pacifique que le monde occidental. Tout système économique qui dysfonctionne engendre de l’autoritarisme à l’intérieur du système comme à l’extérieur dans la mesure où il se veut scientifique et universel. Et le besoin de provoquer la Russie quand on y voit se se mettre en place des embryons de modèle alternatif au modèle dominant, peut également expliquer l’attitude des Etats-Unis a son égard. De la même manière que cela peut permettre d’expliquer l’attitude de l’Europe face à la Grèce quand cette dernière remet en cause le ‘there is no alternative » à l’austérité.
    Au final, je trouve un peu absurde cette tendance à remplir des colonnes de + et de – pour montrer que le vrai méchant, c’est le monde occidental surtout quand cela revient à édulcorer par exemple le rôle du communisme dans les famines en Ukraine.

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    • Lt Anderson // 24.02.2015 à 10h55

      @ Gribouille : ne pas confondre « communisme » et capitalisme d’état.
      Leçon 1 : le communisme ne se décrète pas.
      Leçon 2 : le communisme est un long processus historique de renversement dialectique des fondamentaux capitalistes, à savoir : faire en sorte que la valeur d’usage prédomine sur la valeur d’échange.
      Donc « économie planifiée » n’est pas « communisme ». Durant les années 30 au sortir de la crise de 1929 beaucoup de pays parmi les plus « démocratiques » ont pratiqué économie planifiée et nationalisation, mouvement initié aux USA avec le New Deal en 1933.
      Les USA « communistes »???
      Votre postulat est donc totalement erroné et par conséquent le texte est inutilement long.
      Il aurait fallu vous limiter à : « mort à la racaille communiste! ».

      Monsieur.

        +15

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      • Gribouille // 24.02.2015 à 15h33

        C’est quoi ce délire ? je n’ai évoqué que brièvement le capitalisme et le communisme dans mon commentaire, et uniquement pour les opposer.
        Pourriez-vous préciser les passages où je définis le capitalisme d’état et le communisme, et où je me réfère à planification ?
        Quant à la grande différence entre le capitalisme et le communisme, je trouve très inconsistant de se référer à la valeur d’usage et la valeur d’échange.Votre explication révèle davantage une mauvaise maîtrise des concepts. On admet en général que c’est la propriété des moyens de production qui permet de distinguer les deux systèmes.
        Je suis désolé si mon commentaire était trop long mais, si en plus vous le rallongez pour y trouver des choses que je n’ai pas dites ! ça va pas s’arranger.

          +6

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        • Lt Anderson // 25.02.2015 à 09h36

          « Ce sont pourtant ces 70 ans de communisme »
          D’entrée de jeu ce passage.
          Non en URSS il n’y a JAMAIS eu de communisme et encore moins de société communiste. Le processus révolutionnaire (en Europe ne pas oublier les révolutions allemandes et hongroises pour ne citer que les plus marquantes) n’a pas abouti, il est mort prématurément. Mort de la « guerre civile », du gigantesque blocus militaire contre la Russie révolutionnaire (exemple référencé : les American Expeditionary Forces présentes en Sibérie dès 1918), mort d’un programme de transition trop tardif (du fait de la dite « guerre civile »), mort de la prise de pouvoir par Staline.
          Faut-il encore rappeler aux « intellectuels de gauche » ici présent que la révolution prolétarienne pour une société communiste est un processus historique international? Un processus qui s’inscrit par conséquent sur une longue échelle de temps, un temps historique. Il ne peut donc être « créé » par simple volonté couchée sur un bout de papier, laissons ce genre de mascarade aux bourgeois.
          Parler de « Russie communiste » est un abus de langage, « Russie révolutionnaire » est politiquement et historiquement plus juste.

          Autrement, concernant d’autres interventions, j’ai bien aimé la référence à l’ouvrage auquel a participé l’ex-stalinien S. Courtois.

          Comme d’hab’ on nous ressort les « crimes du communisme » pour faire taire toute discussion et analyse. Technique de « journaliste mainstream »…

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          • olivier69 // 25.02.2015 à 11h14

            Ben voyons ! Vous direz cela à mes arrières grands parents et grands parents….C’est une marque de non respect que d’entendre des idéologues refaire l’histoire. Il faudrait que vous leurs expliquiez comment vous dissociez communisme et capitalisme d’état par une simple phrase. Vous confondez peut-être avec l’anarchisme ?
            Je constate malheureusement que nous assistons à un combat idéologique binaire pour la propriété des pauvres. Pathétique….

              +3

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    • Caramba! // 24.02.2015 à 13h11

      Lysbeth,

      Merci de votre commentaire, mes parents originaires de l’Est semblaient avoir du respect pour « le petit père des peuples ». et j’ai toujours tiqué en entendant tant de mal sur cet homme.
      Je ne dis pas qu’il était blanc comme neige mais il est nécessaire de redonner à l’Histoire,sa vérité.

        +9

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      • olivier69 // 25.02.2015 à 11h20

        Caramba!
        Redonnons l’histoire de mes aïeuls alors ? Chiche ? Pourquoi, vous n’êtes pas resté la-bas avec eux ? C’est sans doute plus facile de s’attaquer aux bourgeois en place qu’à l’oligarchie. C’est une bataille pour la propriété des pauvres par une nouvelle bourgeoisie qui se veut intellectuelle (elle-même propriété des financiers).
        Connaissez-vous le Syndrome de Stockholm ? Vous utilisez le mot « semblaient ». Pourquoi ne vous servez-vous pas de l’usage du verbe « dire ».
        Bon allez, j’en ai assez lu pour aujourd’hui….Les opportunistes sont trop nombreux pour moi. Je renonce.

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    • gerard colin // 24.02.2015 à 13h43

      Moi, ce que je trouve hallucinant, c’est un si long commentaire alors que vous n’avez pas compris l’essence du billet:
      1) ne pas confondre la Russie et l’URSS, et encore moins le communisme (le plus grand pays communiste fut la Chine, il semble nécessaire de le rappeler)
      2) Les horreurs commises par l’URSS ou en son nom sont toujours plus mises en avant, afin de mieux dissimuler les horreurs commises par l’oncle Sam ou en son nom et finalement en notre nom aussi. Hors, ces horreurs sont in fine bien plus meurtrières. Et elles le seront encore plus, puisque justement, on se concentre sur l’écharde dans l’oeil de l’autre au lieu de regarder la poutre dans l’oeil de l’empire du bien.

        +2

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      • Gribouille // 24.02.2015 à 15h52

        1) L’URSS fait partie de l’histoire de la Russie comme le régime de Vichy pour la France. Il faut simplement vivre avec, et si possible avec détachement.
        2) Vous avez tout à fait le droit de dire qu’on ne parle pas assez des crimes des Etats-Unis. Mais à la différence de ce qui est fait dans le texte, cela n’a aucun sens d’établir une hiérarchie entre les crimes de l’URSS et les crimes des Etats-Unis en se basant sur le nombre de victimes car l’horreur est une chose qui ne se mesure pas.

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        • Médiacrate // 24.02.2015 à 16h14

          Oui vous avez raison on aurait pu commencer par le génocide indien ,ou va t’ont
          si on fait la liste des génocides .

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    • anne jordan // 24.02.2015 à 17h19

      formidable apport critique !
      à lire et à étayer , par les lectures des liens ,
      je me répète : merci Lysbetthe !
      ce fut un choc pour moi de voir qu’il existe une  » réhabilitation  » de Staline ; il me faudra du temps et de la lecture attentive pour m’en remettre .
      J’attends avant de faire suivre …

        +1

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      • Lysbethe Levy // 25.02.2015 à 11h14

        Je sais pas si il faut réhabiliter staline ou si il a été banni a jamais de la communauté des vivants, et des morts, mais il y a eu de nombreuses exagérations du a la guerre froide qui perdure de nos jours, car la Russie de Poutine continue à ne pas s’applâtir devant le grand frère américain.

        Mais voilà les archives ont été ouvertes et une partie de l’histoire a été ré écrite a cause de la faiblesse d’Elstine et de Gorbatchev …voir la critique de Souza sur la question et sur Soljénytsine plus très en odeur de sainteté de nos jours…

        http://www.mariosousa.se/lesmensongessurlunionsovietique.html En vérité on s’est servi de lui comme tous les dissidents, et une fois la chute de l’Urss amorcé il n’ a plus eu l’importance qu’il avait en occident et les « failles » du personnage ont été dévoilé…Ludo Martens a revu l’histoire de staline a la lumière des archives et du rôle néfaste joué par la presse de l’époque et du département d’état qui a soutenu les anciens nazis, banderistes, et autres criminels de guerre.

        .Jean Paul Pougala géopoliticien camerounais explique les mensonges de la presse sur divers conflits dont celui de l’Ukraine et les Usa : http://pougala.org/et-si-lhistoire-netait-quune-manipulation/

        Seul un dissident, peu aidé lui, dit bien que les occidentaux voulaient la « destruction totale » de la Russie qu’elle soit « soviétique » ou « capitaliste », aussi depuis il n’a pas bonne presse dans nos journaux .Zinoniev alexandre je crois est son nom.?!..Il a dû rencontrer le très russophobe Zbigniew Brzezinski ..

          +0

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  • Nicolas // 24.02.2015 à 10h33

    @champignon : toutes les personnes concernées sont nées dans l’Empire russe. Il ne s’agit que d’indications ethniques (on peut avoir 2 appartenances ethniques, comme Staline il me semble mais je n’en suis pas certain, d’où la parenthèse « ou Osséto-géorgien »). Je suppose que toutes ces personnes étaient athées mais je n’en suis pas certain, et ça n’est pas le sujet. Le sujet est que les nationalistes ukrainiens utilisent ce drame pour justifier leur haine des Russes. On peut leur faire confiance pour ne pas manipuler l’histoire hein, ils ont juste dit que l’URSS a envahi l’Allemagne…

      +15

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    • Médiacrate // 24.02.2015 à 18h00

      On comprend aisément après de pareils propos tenus par l »élite politique de Kiev que les gens de novorossia ne veulent plus avoir à faire avec eux, pour être un peu trivial je dirai que ces gens qui tiennent ces propos incohérents sont cmplétement siphonnés et c’est un euphémisme.
      En plus j’ai visionné une vidéo ou un représentant de bandéra ,du secteur droit ?,
      Devant un public conquit à ses idées, promettait de récupérer la Crimée de grès ou de force
      quitte à l’extermination de tous ses habitants .

        +3

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      • tepavac // 25.02.2015 à 13h04

        OUI ern les brulant tous, et dans une émmission télévisé se grande écoute. Mais bon ce n’est pas de l’apologie. Pas plus que cet « enseignant » Ukrainien qui préconise des attaques térroristes sur le sol de la Fédération de Russie, et en le justifiant que c’est de la légitime défense.

        A regrès, il faut bien constater que nous ne sommes pas sortie du merdié dans lequel certains stratèges nous ont mis.

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  • tocquelin // 24.02.2015 à 10h37

    OUBLI à propos de ceux qui ont voulu tenter l’aventure russe : la belle déculottée du suèdois CHARLES XII qui pour sauver sa peau royale finit à Istanboul Apparemment les Suédois d’aujourd’hui (un peu c… avouons le) ne l’ont pas encore digéré

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    • Nerouiev // 24.02.2015 à 11h03

      Ils ne le digéreront jamais. Si vous saviez ce qu’est l’orgueil suédois, et le mépris qu’ils ont pour le Sud, dont les français !

        +7

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  • Seirow // 24.02.2015 à 10h41

    Article intéressant, mais je tient juste à préciser un point.

    L’entré en guerre de la Russie dans la première guerre mondiale n’est pas dut à la « nébuleuse des alliances » (principe ridicule cherchant en enlever toutes responsabilités des béligérants) mais au fait qu’elle avait garantie la Serbie, notamment face à l’empire Austo-Hongrois. Suite au meurtre de l’héritier du dit empire et de l’ultimatum envoyé à la Serbie, l’empire Russe commença la mobilisation partiel de son armée, notamment pour montrer que sa garantie n’était pas des paroles en l’air, afin d’éviter que les austro-hongrois annexe ce qui était pour les russes un état frères car slaves.

    Je pourrait décrire la suite des événements ayant amené à la guerre, mais ce n’est pas le sujet. Je voulais juste préciser que l’implication russe n’avait pas été forcé, mais découlait bien d’une décision de ces dirigeants.

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 11h51

      @Seirow : Ce que vous dites, c’est que la Russie est entrée en guerre par le fait de son alliance avec la Serbie. Je ne dis pas le contraire, j’ai même volontairement utilisé la formule « par le jeu des alliances militaires » pour ne pas entrer dans le détails Serbie + France.
       » découlait bien d’une décision de ces dirigeants. »: J’ai essayé d’exprimer que Nikolaï II est largement responsable des désastres qui ont frappé la Russie à l’époque, en donnant plusieurs exemples de ses erreurs, si vous l’impression du contraire je me suis peut-être mal exprimé. Les alliances de la Russie sont les choix de ses dirigeants, je n’ai pas indiqué par là qu’elle avait été forcé.

        +7

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      • Seirow // 24.02.2015 à 13h10

        Merci pour votre réponse Nicolas.

        Cependant, quand vous dite, et je cite « pour un conflit entre les puissances occidentales qui ne concernait pas la Russie », vous indiquez clairement que pour vous la Russie aurait été entrainé malgrès elle dans cette guerre, ce qui n’était pas le cas, ni pour elle ni pour les autres belligérants. C’est devant l’horreur de cette guerre, qui aurait dut se terminer en quelques mois, que les dirigeants ont abandonné toutes responsabilités dans son lancement, ne voulant pas être tenu pour responsable d’une telle boucherie.

        Ce n’était sans doute pas votre intention mais j’ai entendu tellement de conne… et autres propagandes avec le centenaire de cette guerre que je suit particulièrement sensible là dessus. Cela n’enlève cependant rien au reste de votre article, notamment pour les chiffres de l’écroulement économique après l’URSS que j’ai trouvé particulièrement intéressant.

          +5

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  • Vincent // 24.02.2015 à 11h34

    Bonjour Nicolas,
    Merci pour ce texte, c’est toujours un plaisir de vous lire, ici comme dans vos commentaires.
    juste quelques petites remarques :
    – Dans l’introduction, vous évoquez la mise à l’écart de la Russie depuis un an. Pour ma part je crois que c’est dès le début des années 2000 que la Russie est écartée. Elle avait été intégrée, comme une puissance « nouvelle » (nouveau grand marché) dans le G8 en 1997. Dès les premières mesures fortes signant la fin de la mise à sac de son économie, elle a commencé à se marginaliser. C’est en 2008 avec son intervention contre la Géorgie, que la Russie et plus particulièrement Poutine sont devenus les méchants et ont été traité avec une méfiance teintée de mépris. Ça a également été le signal de sa mise à mort médiatique.
    – Pour la contextualisation, je crois qu’il aurait été bon de rappelé que l’Empire Russe est né lorsque le projet d’accès à la Baltique du Tsarat de Russie a réussi avec Pierre le Grand. Ça s’est fait au prix de nombreuses guerres contre la Suède et la Pologne du XVIème au XVIIIème. Sinon, la noblesse de l’empire Russe avait un réel attrait pour la culture française (notamment pour sa langue ou les auteurs des « Lumières »). Son rôle dans l’arrêt de la folie napoléonienne ne vient qu’après et ne signe pas l’arrêt de son goût pour la culture française (notamment Joseph de Maistre). Mis à part la parenthèse de la guerre de Crimée, la France a continué à avoir de bons rapport avec la Russie et à admirer et promouvoir ses auteurs et artistes.
    – Vous auriez pu résumer rapidement les crimes d’État de l’URSS sous Staline, même si vous les supposez connus 😉
    – Les photos pour les crimes contemporains au Printemps de Prague qui ont été tus dans le « bloc de l’Ouest » sont un peu trop tape à l’œil (parce que violentes) et donnent l’impression (à tord) de ne pas avoir de contrepartie, mis à part une minimisation. Serait-il possible de les remplacer par des renvois à d’autres articles (par des liens hypertextes) ? Ça améliorerait, à mon avis, la compréhension du texte. Peut être aussi que cette partie est un peu trop détaillée par rapport au reste ?

    Sinon, bravo pour votre esprit de synthèse en général et votre plume énergique 🙂

      +4

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 13h46

      Merci Vincent pour les compliments.
      oui, la Russie est montrée du doigt depuis qu’elle a repris son indépendance, mais depuis un an c’est l’hystérie collective.
      Même pour le coup d’août 2008, au bout d’un an les médias occidentaux avaient commencé à dire que oui, bon, c’était pas forcément super gentils de bombarder les Ossètes et les Abkhazes, et que bon, les Russes n’ont pas eu entièrement tort d’intervenir (bon, j’attends encore que Le Monde écrive que oui, bon, les Abkhazes et Ossètes sont des êtres humains qui ont le droit à l’auto-détermination, mais je risque d’attendre longtemps). Mais maintenant qu’on a des massacres de civils (Odessa, Marioupol, Krasny Liman, bombardements d’hôpitaux, écoles etc), plus rien, soutien inconditionnel aux massacreurs, comme si la loi ukrainienne qui condamne à 8 ans de prisons les critiques du massacre s’appliquait en France.
      -Pour le contexte, OK,l’accès à la Baltique est fondateur, c’est vrai, mais si j’étais remonté jusque là on m’aurait reproché de pas remonter à Kiev et aux Varègues 🙂
      -pour ce qui est des photos, j’ai rejeté des photos montrant des dizaines de cadavres, justement pour ne pas être trop tape-à-l’œil. Je ne peux de toutes façons rien éditer. Notez que pendant ma série sur la guerre, en septembre dernier, je n’ai pas présenté d’images ou vidéos de cadavres. J’en ai pourtant vu des dizaines, en cherchant les infos, peut-être des centaines, parfois mutilés et torturés, jusqu’à la nausée. Mais bref, il me paraissait important de montrer à quel point il est absurde de diaboliser l’URSS pour des crimes commis à une époque où les USA commettaient des crimes incomparablement plus graves. La parabole de la paille et de la poutre prend là toute son ampleur, et il m’a paru important de donner suffisamment d’infos pour réaliser l’énormité de la différence d’échelle entre les 2 massacres.
      -C’est vrai que je n’ai même pas mentionné les purges et les déportations ! Mais bon on est sur les-crises.fr, les lecteurs savent déjà tout ça 🙂
      -J’ai pas voulu minimiser la répression du Printemps de Prague, 72 morts, c’est beaucoup, je parle bien de crime. Ce qui donne l’impression de minimiser c’est que c’est très peu comparé au massacre contemporain, au Vietnam.
      Pour ce qui est de l’Afghanistan, j’ajouterai quelques lignes, en partie 3, parce qu’il y a des trucs à dire sur les relations russo-afghanes : *spoiler alert*: elles vont plutôt bien.

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  • Marie Genko // 24.02.2015 à 11h38

    Merci pour ce document, j’ai commencé à le lire avec le plus grand intérêt !
    J’espère avoir le temps de m’y plonger en fin de journée …
    En tous cas vous avez fait un travail prodigieux …!
    J’espère que la suite de votre document me confirmera que vous êtes un amoureux de la Vérité..!

    Comme vous le savez, aucun être humain n’est infaillible et les erreurs de Nicolas II n’enlèvent rien à la dimension sacrificielle de son vécu…L’Eglise orthodoxe l’a mis au rang des martyrs témoins de la foi…

      +3

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  • Arnould // 24.02.2015 à 11h41

    Merci à Nicolas pour ce travail!

    Et puis, Nicolas, je pense qu’il ne faut pas commenter toutes les critiques, c’est de la perte de temps précieux pour la suite de la série. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à reprendre certains points et faire des articles qui pourront être publiés ici (n’est ce pas, Olivier?), avec bien entendu toutes les références nécessaires pour comprendre leur point de vue.

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    • Alae // 24.02.2015 à 12h07

      Tout à fait, Arnould. Ceux qui trouvent à redire au travail de Nicolas n’ont qu’à répondre aux points qui leurs semblent obscurs ou orientés en faisant leurs propres recherches. Et de grâce, pas avec Wikipedia, l’encyclopédie-terrain-de-jeu pour activistes, mais avec du sérieux, des études fouillées, des vraies sources (documents déclassifiés, essais historiques, etc). Cela permettrait de monter des dossiers historiques complets, point par point, et d’avoir des archives bétonnées.

      Et merci à Nicolas. Bon boulot, Ce genre de débroussaillage de l’histoire est très difficile et il s’en est impeccablement tiré.

        +8

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  • Léa // 24.02.2015 à 12h02

    Qui n’ a pas fait du Lada bashing à l’époque ?

    Mais on oublie que les russes ont envoyé dans l’espace le premier vol habité ( vol orbital ) : Youri Gagarine ( 12 avril 1961 )

    Ce n’aurait pas été possible avec une industrie à moitié délabrée ou dépassée, comme on a essayé de nous le faire croire.

    Les américains ont du engloutir une fortune pour arriver les premiers sur la lune.

    Dans la suite de leurs programmes, les russes ont réussi quelques premières.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_missions_spatiales_habit%C3%A9es_entre_1961_et_1986

    Avec un fort ralentissement dans les année 90 – 99

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_missions_spatiales_habit%C3%A9es_entre_1987_et_1999

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  • Deres // 24.02.2015 à 12h10

    Concernant la production industrielle, si on réalise qu’elle était dédié à 40% au complexe militaro-industriel lors de l’effondrement de l’URSS, la baisse actuelle est alors à relativiser.

    L’effondrement de l’URSS et la victoire des USA n’a rien à voir avec l’éventuelle supériorité morale d’un camp sur l’autre. Elle vient seulement de la supériorité d’un système économique donnant plus de liberté aux agents économiques sur un système extrêmement dirigiste. La faillite finale est surtout le passage trop brutal d’un système à l’autre, qui se trouve donc nécessairement très loin des optimaux.

      +1

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  • Andrea // 24.02.2015 à 12h11

    Excellent. Merci. J’attends la suite.

    Quant à des références en plus, perso il me semble qu’elles n’apporteraient pas grand chose. On peut tjs citer à la pelle n’importe quoi, on peut souligner que d’autres ont écrit la même chose, qu’ils ont une espèce ‘d’autorité’, que X ou Y est attesté, etc., ce n’est pas utile. Des références qui donnent plus de détail (pour voir prod charbon > Boristky 1999), éventuellement, mais ce n’est pas vraiment approprié pour ce genre de texte.

      +2

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    • gerard colin // 24.02.2015 à 13h46

      De toute facon, qui va voir les références? Il faut arrêter le procès en incompétence. On croirait lire une prof de philo qui exige de voir une référence à Sartre et Descartes dans chaque dissert’.

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      • Andrea // 24.02.2015 à 22h02

        De nos jours sur les blogs à Chomsky. 🙂

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  • gerard colin // 24.02.2015 à 13h38

    Ca fait 70 ans qu’on nous repète que les USA défendent les valeurs européennes. Et quand ca suffit pas, on nous dit que sans les USA, on parlerait allemand en France.

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  • williamoff // 24.02.2015 à 14h58

    Votre article est intéressant, mais il y a beaucoup de raccourcis.

    Un exemple parmi d’autres, votre description de l’économie russe avant 1914, est un peu idyllique et ne met pas vraiment en lumière la réelle lenteur du développement industrielle en Russie en comparaison à l’Europe Occidentale ou à l’Amérique du Nord. Ce retard est principalement le résultat de la structure féodale de la Russie: la toute puissance de l’aristocratie foncière, le pouvoir autocratique du tsar et la faiblesse en nombre et en puissance (financière et politique) de la bourgeoisie). A la différence de l’Angleterre au XVII° et à la France à la fin du XVIII° elle n’a pas connu de Révolution bourgeoise. Cette expérience sera tardive et ne durera qu’une dizaine de mois en 1917.

    Ou encore ce raccourcis :
    « … en 1914, la Russie entre en guerre contre l’Allemagne par le jeu des alliances militaires, pour un conflit entre les puissances occidentales qui ne concernait pas la Russie. »
    1- La Russie n' »entre » pas en guerre, car à plus d’un titre elle ne subit pas les évènements comme vous le sous-entendez. Chronologiquement la Russie mobilisera son armée avant même que l’Allemagne ne le fasse et à fortiori avant la mobilisation Française qui en découlera…justement par le jeu des alliances. Mais aussi parce que l’Allemagne vient de mobiliser, également parce que la logique de l’Etat Major de l’Armée française à déjà pris le dessus sur les politiques, et enfin parce qu’en somme depuis plusieurs années tout le monde redoutait la guerre, les Etats s’y préparaient, l’inconscient la pressentait, et au final à force d’en parler l’opinion l’attendait en fait comme une fatalité,…désormais elle là. En France, comme en Russie, en Allemagne, et en Autiche-Hongrie.
    2- Ce conflit l’intéresse à plus d’un titre, et le tsar, naïvement peut-être, pense même plutôt l’inverse de ce que vous écrivez. En effet vous oubliez les causes et les conséquences des guerres balkaniques qui précèdent le premier conflit mondiale et qui se terminent en 1913 seulement. Vous oubliez donc la situation de l’Empire Ottoman, et ainsi son contrôle sur les détroits qui est une gêne majeur pour la marine et le commerce de la Russie. Vous oubliez également l’enjeu politique des slaves du Sud et des prétentions de l’Autriche-Hongrie s’achoppant avec les visées territoriales de la monarchie orthodoxe serbe. Une situation géopolitique qui ne permet pas à la Russie d’être seulement spectatrice, mais bien un acteur majeur qui aura toute sa part de responsabilité dans le désastre européen qui s’ensuivra.

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  • Nerouiev // 24.02.2015 à 16h20

    Il y a actuellement en Russie beaucoup de nostalgiques de l’époque communiste, justement peut-être parce que le recul permet de lisser la pensée. Il y avait donc, en dehors de la possession à outrance de biens de consommation quelque chose d’autre qui ne semble pas être promu en Occident. Avec notre société on achète notre individualisme, notre autonomie et ça coûte énormément cher en ressources. On a quelque peu oublié que l’homme par nature est un être social et je crois que la Russie avec Poutine tente de concilier le tout alors que je ne vois rien venir dans ce sens côté US, on s’enfonce, on devient des outils, des robots programmés.

      +9

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    • Jub // 24.02.2015 à 23h59

      Oui, côté US on est mort du côté humain, seul persiste le portefeuille. Si Poutine veut promouvoir les restants des sociétés passées c’est grâce au communisme. Aussi imparfait soit-il, Il a permis à minima à des bribes humanoïdes encore reliées à la terre de subsister sous cloche.
      Ce n’est certainement pas l’avenir idéal mais ça peut servir pour ne pas sombrer totalement dans l’horreur du capitalisme mortifère.

        +1

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    • Eliniamor // 25.02.2015 à 16h13

      Vous vous fourvoyez completement sur la réalité de la destruction de l’individu et sur l’intensité de l’exploitation capitaliste en Russie. La société néolibérale, la société de marché y est bien plus avancée que chez nous. Certes, elle est moins cruelle que dans les années 90 et l’économie commençait plutôt bien à s’en remettre. Mais c’est tout ! De ce retour à une certaine normalité économique et des richesses créées, le peuple n’a rien vu retomber. Ils ont eu une décennie pour faire du social ! Avec bien plus de moyens que la Bolivie ou le Venezuela…

      Vous y chercherez en vain tout ce qui ressemble à un système protecteur financé par la solidarité nationale (pourtant, des riches, il y en a !)
      Les fonctionnaires de l’enseignement public (du primaire au supérieur) sont scandaleusement sous-payés, les retraites (payées par L’État) sont indigentes, le droit de grève n’existe pas, l’arbitraire patronal ne connaît aucune limite, quant à la stabilité des statuts professionnels c’est un enfer. La précarité est la règle. Il existe un taux d’imposition unique (et inique) de 13% pour tout le monde (ouvrier comme oligarque). Et récemment, une mesure vient d’être prise pour faire face aux difficultés actuelles: au lieu d’imposer radicalement les oligarques, on a décidé de ne plus verser leur retraite aux retraités qui travaillaient en plus pour compléter leur misérable retraite (au-dessus d’un seuil ridiculement bas).
      Les quelques programmes sociaux lancés en 2005-2006 sont une aumône par rapport à la manne financière procurée par la rente pétrolière et à l’argent disponible et pillé par les oligarques.

      Aucun des Russes que je connaisse ne s’accommode vraiment de cette situation, pas plus que les autres peuples. C’est donc bien l’oligarchie russe qui impose tout cela à son peuple, et Poutine n’en est que le fondé de pouvoir. Rien de tout ce que je vous ai dit n’est une séquelle des années 90, ou quand c’est le cas, l’élite actuelle n’a jamais rien fait pour modifier quoi que ce soit.

      Vous vous illusionnez totalement sur la volonté de Poutine de construire une société moins matérialiste ou moins capitaliste qu’en occident. La seule chose qu’il fait, avec son groupe d’affidés, c’est d’envoyer de la poudre aux yeux des gens en leur parlant avec cynisme des valeurs traditionnelles de la Russie éternelle et en instrumentalisant le patriotisme. Ainsi, il donne des compensations symboliques de court terme (la fierté patriotique) qui l’exonèrent de l’impératif d’améliorer réellement la vie quotidienne de son peuple.

      Les Russes sont un grand peuple, toute cette tromperie idéologique se serait effondrée si les E-U ne venaient provoquer la Russie et susciter, par leurs menées destabilisatrices, l’union du peuple autour de ses maîtres assoiffés de richesse.

      Et quant au fric, excusez-moi, mais s’il y a bien un pays où tout s’achète, c’est bien la Russie.

      La seule différence reste la nature de la diversion de masse qui est servie aux Russes afin de leur faire détourner le regard de leur situation sociale. Chez nous, on nous tartine avec les valeurs droits de l’hommistes dont nous sommes les dignes représentants, etc. Chez eux, c’est la nécessité de faite bloc autour des protecteurs de la Russie éternelle, de la defense du territoire menacé par l’occident, etc. Un opium du peuple contre un autre. Lequel est de meilleure qualité ?

      Je ne dis rien de l’abrutissement promu par les médias de masse (la télé est un véritable cirque, une insulte à l’intelligence et au bon goût, une sorte de NRJ12 permanent) et les dernières reformes de l’enseignement secondaire ont révolté toute la communauté savante, pourtant bien decimée par les années 90.

      Et pendant ce temps, la brutalité de la société capitaliste et néolibérale continue son avancée, en Russie comme chez nous.

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      • Vu de Varsovie // 26.02.2015 à 17h56

        @ Eliniamor

        Bravo pour votre appréciation pertinente de la situation sociale dans la Russie de Poutine !

        « Vous vous fourvoyez completement sur la réalité de la destruction de l’individu et sur l’intensité de l’exploitation capitaliste en Russie »

        « Aucun des Russes que je connaisse ne s’accommode vraiment de cette situation »

        « Vous vous illusionnez totalement sur la volonté de Poutine de construire une société moins matérialiste ou moins capitaliste qu’en occident »

        Ces quelques citations devrait être mises en gras et faire réfléchir ces nombreux Français qui, critiquant de manière fondée le système néo-libéral de l’Occident, voient en la Russie actuelle une alternative à leurs maux.

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        • Eliniamor // 26.02.2015 à 19h09

          Certes. Cependant, il convient d’être circonspect, prudent et très honnête sur ces questions… Et jusqu’au bout.

          Et si on est honnête jusqu’au bout, on est obligé de remarquer que les excès de la société poutinienne, qui sont scandaleux, hypocrites et qu’il faut fustiger de toute nos forces, sont bien souvent évoqués à tort et à travers pour fustiger systématiquement et sans discernement la Russie quoi qu’elle fasse (en particulier dans l’arène internationale).

          Ce qui est profondement malhonnête. Pire, on frôle souvent le racisme quand on utilise le soutien réel que la population accordé à Poutine pour mépriser et rabaisser les Russes… Sans comprendre par quoi sont passés ces derniers et sans comprendre que Poutine représente un moment de l’histoire russe qui a permis au pays de relever la tête.
          Quand je disais ça à mon prof de Russe, il y a quelques années, il me regardait étrangement au-dessus de ses lunettes en me disant: « Oui… Mais avec quelles méthodes… Crois-moi, je suis mieux ici… »

          Tout la complexité de.la.situation est là. Donc attention aux jugements péremptoires. Soyons honnêtes jusqu’au bout. Au-delà de l’exotisme romantique des expatriés d’un temps, personne n’apprécierait de vivre en permanence dans une société aussi dure. C’est un sujet qui sort très souvent de la bouche des Russes eux-mêmes, des lors que ladiscussion s’approfondit. La glorifier ainsi n’a donc aucun sens. Cependant, cela ne doit pas nous faire oublier que pour la population, cette dureté reste préférable à ce qui se faisait avant.
          Pro-poutinisme.et anti-poutinisme primaire

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          • Eliniamor // 26.02.2015 à 19h38

            Oups, bug… Je voulais dire :

            Pro-poutinisme halluciné et anti-poutinisme primaire sont deux faces de la même médaille. Celle que l’on décerne d’habitude aux champions de l’aveuglement de la cour de récré..

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        • Lysbeth Lévy // 26.02.2015 à 19h29

          Il ne faut pas attendre que ça change non ? Sinon je pense qu’avec la vague de l’ostalgie les russes vont se remettre a vouloir faire une nouvelle révolution non ? En tout cas partout dans le monde il y a du soucis a se faire :TINA ?

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      • Lysbeth Lévy // 26.02.2015 à 19h49

        Merci de vos renseignements mais au moins il y a une classe moyenne comme chez nous ?

        Car en mode capitaliste, le système tient a condition d’avoir au minimum les trois classes sociales : l’élite hyper-friquée qui tient le pouvoir, la classe moyenne, avec des variantes selon les salaires et la classe dite « ouvrière » qui elle forme le gros des plus pauvres avec une sous classe assez démunie comme les retraités.

        Je schématise un peu mais au final ça ressemble a ce qui existe chez nous. C’était le but des occidentaux lors de la guerre froide permettre la fin de l’Urss, afin de faire rentrer « le marché » et le privé..

        .Les oligarques étant les mêmes que chez nous, trop riches face a la grande masse avec entre les deux les « classes moyennes » …Chez nous elles sont de plus en plus laminées mais là-bas qu’en est-il ?

        Sinon je pense comme vous que Poutine a été a la bonne place au bon moment après la faillite d’Eltsine qui lui laissait faire encore plus avec Thatcher Reagan..

        Mais la popularité de Poutine n’as -t’elle pas été bien vu après la « thérapie de choc » du FMI, du temps d’Eltsine, Kokhodorvoksi et les oligarques à double passeport ? La traitrise de Yakolev et Gaidar ayant joué un rôle au départ avec Gorby..face aux attentes du peuple..
        .

        Je pense qu’il a quand même sauvé les derniers meubles même si il continue a privatiser.Aucun régime ne peut être appliquer aux autres pays chaque peuple ayant son Histoire et ses spécificités..

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        • Eliniamor // 27.02.2015 à 01h04

          Je suis d’accord avec vous, il a certainement sauvé les meubles, à sa façon, mais bon. Et c’est pourquoi les Russes lui ont été reconnaissants.

          Je ne veux pas déflorer la suite du récit de Nicolas, surtout qu’il s’y connaît certainement mieux que moi, mais je peux par contre dire deux-trois choses sur la classe moyenne.

          Le problème de la classe moyenne en Russie, c’est sa précarité. Le système financier n’est pas sûr et à la moindre crise, boum, l’épargne s’envole et tout est à recommencer…

          À la fin de la période soviétique, il y avait une sorte de classe moyenne prête à jouer son rôle stabilisateur dans une société capitaliste. Les ingénieurs, la classe de techniciens, les enseignants, tous ces piliers de la société soviétique… Avec un niveau d’épargne assez élevé. Ce sont eux.qui ont largement soutenu Gorbatchev, puis qui ont ensuite remis leurs espoirs entre les mains d’Eltsine… S’ils avaient su…

          Car la libération des prix par Eltsine et ses potes début 92 a fait péter l’inflation du jour au lendemain et toute leur épargne est partie en fumée. Ensuite, la désindustrialisation à mis au chômage les cadres de l’industrie, tandis que l’Etat à cessé de s’occuper du système éducatif, de payer dignement les enseignants (voire de les payer tout court)… Et encore, c’était les classes moyennes, je vois dis pas ce que les ouvriers et les paysans ont pris dans la gueule.

          Bon an, mal an, les six-sept années suivantes, pour invivables qu’elles aient été, ont quand même permis à une partie des cadres intermédiaires du secteur privé qui était resté debout (je ne parle pas des cadres supérieurs ni des patrons, hein, qui, eux, ont décroché la martingale) d’acquérir une forme de stabilité qui leur a permis de reconstituer un certain.niveau d’épargne qui…

          Bloum ! A été soufflé et s’est à nouveau évaporé en 1998-1999 avec la crise financière, le défaut et la dévaluation du rouble. Comme toute dévaluation, elle a certainement sauvé l’économie de la Russie et lui a permis de repartir (merci Primakov) mais elle à démoli l’épargne de la « classe moyenne » qui, elle, n’avait pas eu la possibilité d’aller cacher son argent (et celui du FMI) à Chypre…

          Et rebelote, l’explosion des prix du pétrole a permis à l’État de retrouver des marges de manœuvre financières et donc de se remettre à payer les salaires publics (sans les augmenter réellement), à investir dans les secteurs stratégiques, au système financier de se reconstituer… Et c’est reparti. Et bon, au cours de ces années, la Russie a commencé à rattraper son retard et une réelle prospérité s’est installée, l’industrie retrouvait ses forces… Et de cette accalmie, une nouvelle classe moyenne s’est mécaniquement vue renaitre une nouvelle fois de ses cendres (endurant, le phénix !)

          Elle a failli recouler à nouveau à l’occasion de la crise de 2008, mais la banque centrale à largement limité les dégâts.

          Je pense que jusqu’en 2009-2010, elle s’est contentée de sa stabilité retrouvée et de l’amélioration de sa situation financière, et soutenait, sans fanatisme, l’équipe au pouvoir. Mais à partir de ces années, comme toute classe moyenne en cours d’établissement, elle a commencé à étouffer au sein de la société poutinienne restée très dure et oppressante. Et à avancer des revendications « libérales » (d’un point de vue politique et sociétal, je veux dire) et un réel mécontentement a alors vu le jour (d’où les mouvements de 2011).

          Bon, le mouvement s’est émoussé et suite à ces sautes d’humeur ma foi fort légitimes, mais ayant eu bien du mal à mobiliser au-delà de cette élite urbaine intermédiaire, le régime s’est durci. Et le mécontentement est resté…

          Il se dirigeait surtout en direction de l’administration et du personnel politique issu de Russie Unie, Poutine conservant un certain soutien. La vérité est qu’il restait quand même le seul homme politique d’envergure nationale (vous feriez confiance à Ziouganov, vous ?). Mais son étoile avait sérieusement pâli. Un phénomène du type « dix ans, ça suffit » comme on a pu le connaître ici à la fin des années De Gaulle (toutes proportions gardées, mais la comparaison a du sens).

          La situation économique continuait de s’améliorer, le secteur étatisé (globalement, les domaines stratégiques) engraissait la haute administration., tout allait bien… Mais ça ne suffisait plus.

          En plus de son durcissement en termes de libertés publiques, le régime n’a pas engrangé de grandes victoires sur le front de la lutte contre la corruption, endémique, et les réformes sociales (4 priorités) ont été extrêmement timides : la manne pétrolière est surtout retombée dans les poches de la clique au pouvoir et personne n’en a vu la couleur.

          Poutine a habilement mis en scène sa lutte contre certains oligarques, mais il laisse les autres faire leur beurre, à condition qu’ils ne.l’ouvrent pas trop. Mais il n’est pas Chavez, qu’on se le dise

          Et tout cela cheminait cahin-caha, jusqu’à la fin 2013 et les débuts de la crises ukrainienne. Ça avait commencé avec la Syrie (voire la Lybie) , mais c’est là que la situation a totalement changé. Le débat s’est définitivement détourné de la question sociale et de la situation économique, boire des libertés.publiques pour se focaliser sur la celebration de la grandeur russe retrouvée.

          Face aux stupides et ridicules provocations occidentales en Ukraine, la population s’est massivement regroupée autour de sa classe dirigeante. Et comme la Russie a relativement bien géré cette crise, Poutine a logiquement pu refaire le plein de popularité… Ça n’était pas gagné, le désamour etait réel… C’est la question nationale qui occupe le devant de la scène, aujourd’hui.

          Quant à la classe moyenne… Eh bien il faut voir. Les sanctions ont brutalement mis à nu les faiblesses du système : endettement des acteurs privés et dépendance vis à vis de la technologie occidentale, fragilité du système financier, le fameix duo inflation/niveau trop élevé des taux d’intérêts et, malgré de très gros progrès, l’insuffisance de la productivité et des investissements (la Russie des.années 2000 repartait de très bas…) au vu des besoins et au vu des capitaux disponibles…

          Donc les mois qui suivent s’annoncent compliqués. Sapir, le grand spécialiste de l’économie soviétique puis russe est optimiste
          (voir les archives de son blog), les autres sont plutôt du point de vue inverse… Je suis donc curieux de voir ce qu’en dira Nicolas, perso, je n’arrive pas à me faire une religion…
          La classe moyenne peut très bien sombrer à nouveau, à l’occasion de cette nouvelle crise… Ou pas, tout dépendra de la gestion de la crise…

          Voilà… La classe moyenne est structurellement très précaire en Russie. En même temps, le degré de désillusion, de lassitude et de résignation est tellement fort dans le peuple russe qu’il n’est pas dit du tout que le mécontentement d’une classe moyenne déclassée ou la dégradation de la situation sociale des classes populaires (facteurs traditionnels à l’origine des révolutions) débouchent sur un mouvement social de masse, encore moins sur une révolution…

          Qui vivra verra ! E

            +2

          Alerter
  • anne jordan // 24.02.2015 à 17h03

    encore une fois , merci , Lysbethe , le commentaire , plus haut , auquel vous répondez , pue grave !
    je précise que je suis une militante pro palestinienne de longue date …

      +2

    Alerter
  • Eliniamor // 24.02.2015 à 18h59

    Bonjour,

    Article intéressant pour remettre les choses en perspective…

    Mais il y a un gros point noir, qui confine à la malhonnêteté intellectuelle, c’est votre histoire concernant la révolution russe. Là, c’est un peu fort ! Aborder une telle lame de fond, un mouvement de masse qui a traversé dans ses profondeurs et massivement mobilisé la société russe, une telle explosion d’espoirs et d’énergies, un événement ayant suscité autant d’implication populaire des couches les plus exploitées du pays… Avec tout l’excès de violence qui en découle…
    Et résumer tout ça a une sombre affaire de financement occidental… C’est méprisable, et ce qui me gêne le plus, c’est à quel point c’est insultant pour le peuple russe.Comme si de tels mouvements, aussi profonds, pouvaient avoir été suscités par de l’argent occidental. Le financement occidental (s’il y en a eu, il est allemand, pour le coup, et pas US), c’est peanuts, dans ce contexte là, et ça n’a jamais eu d’influence déterminantee sur aucun des acteurs, encore moins sur les bolchéviques qui ont toujours eu leur agenda.

    Qu’en est-il de la déliquescence du système tsariste, de son incapacité à assurer l’organisation de la guerre, du ravitaillement, de l’appauvrissement massif de la population ? Certainement une consequence des financements occidentaux, ça ?

    Votre interpretation de l’exemple que vous donnez (Thompson) est totalement arbitraire. Il voulait juste sauver sa banque des nationalisations,, c’est tout ! Il le fait en décembre, son don ! Et vous le prenez comme exemple pour montrer que la révolution a été financée par l’occident ! Mais c’est une blague ! En décembre, elle est finie la révolution ! Le document que vous produisez le dit lui-même !

    Pareil, résumer l’accession au pouvoir des bolchéviques à une histoire de financement occulte n’est pas sérieux. Qu’en est-il de l’incurie des gouvernements précédents, du problème agraire non résolu, de la guerre ? Qu’en est-il du fait que seuls les bolcheviques (malheureusement), à l’époque, parviennent à se positionner clairement sur tous ces sujets ? Et quid du soutien massif qui les accompagne avant les errements du printemps 18 ?

    Non, c’est bien plus simple de tout ramener au fait que « la révolution a été financée par les occidentaux ». En quelle estime tenez-vous les peuples ? Les financements, si financements il y a eu, n’ont rien à voir dans tout ça ! Dans le cas russe (je ne généralise pas), les forces libérées par la révolution se suffisent à elles-mêmes pour expliquer les événements, pas besoin d’y ramener en plus ces pauvres Américains qui ont déjà suffisamment de casseroles réelles aux fesses pour pour qu’on n’aille pas leur en inventer…

    Vous péchez par abus de vision rétrospective. Et, oserais-je le dire, par loyalisme exacerbé envers les gouvernements russes de toutes les époques… Vous voulez tellement impliquer les Américains dans la totalité des événements qui se sont déroulés au XXe siècle que vous allez ramasser toutes les chiures de mouches egarées dans les poubelles de l’histoire pour les élever au rang de causes essentielles, de
    facteurs déterminants du développement historique.

    Ainsi, en voulant dédouaner, soulager la Russie de toutes les avanies qui sont déversées sur son compte dans nos pays (ce qui m’agace autant que vous)… Vous insultez les Russes qui, même quand ils se révoltent par eux-mêmes et pour de bon, sont quand même, au final, des brutes, stupides et manipulées par l’étranger (quel que soit le résultat de la révolte, hein !)

    (Pour les sources, lisez la synthèse de Ferro (la plus complète sur l’année 17), celle de Figues (la plus accessible et la mieux écrite,, de 1886 à 1924) ou voyez même ce qu’en disent des réactionnaires patentés, comme Schapiro. Pour l’interprétation, on se tournera vers la dernière partie du Siècle
    soviétique de Lewin).

      +5

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    • Nicolas // 24.02.2015 à 21h19

      Bah si vous trouvez que j’ai fait preuve de loyalisme envers Nikoaï II, en disant qu’il s’est planté sur toute la ligne, on n’a pas la même notion de la loyauté…
      Pour ce qui est des espoirs, tout ça tout ça, je mentionne les courants révolutionnaires et mentionne une atmosphère répressive. Je pensais que ça suffisait à faire passer l’idée qu’il y avait des motifs de protestations.
      La guerre civile avait encore des années devant elle quand Lénine a touché son million de dollars… C’est une somme énorme, pas une chiure de mouche, ni pas une casserole inventée. Est-ce que Lénine aurait pu gagner sans ce million, je sais pas, peut-être, mais c’est un fait pas anodin totalement occulté, et ce qui m’intéresse c’est de parler de ce qui est généralement inconnu en occident.

        +7

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      • Lysbeth Lévy // 24.02.2015 à 23h01

        Pour le financement ne pas oublier que en cas de révolution l’argent peut-être volé ou emprunté mais les dons acceptés, le pragmatisme étant la seule norme en la matière. Ainsi les familles les plus riches et dieu sait qu’il y en avait la famille royale en étant une l’argent n’a pas trop manqué. Mais il faut être honnête le coup du wagon plombé était bien une idée allemande désireuse de faire tomber le régime tsariste, la première guerre mondiale battait son plein, c’est une sorte de mauvais cadeau fait au tsar par la monarchie allemande désireuse de gagner les combats et abréger la guerre sur le front de l’est …Apparament on a fait partir les rebelles et faciliter leur voyage, avec une enveloppe bienvenue : a la guerre comme à la guerre. Sinon j’avais parlé plus haut de la famille Hammer père exilé aux Usa et ayant fait fortune dans le médical il revint en Russie voir Lénine lui apporter son aide car il était fervent « socialiste » et était parti a cause de nombreux progroms.

        .Le fils prit la relève et Armand Hammer a aidé en tout pour favoriser le nouveau régime, il suivit l’Urss pendant plus de 50 ans et permis par la suite le commerce avec l’ouest a tous les niveaux. D’autres banquiers firent la même chose en « douce » au début, le capitalisme n’a pas d’états d’âmes et le commerce continue .

        .Après tout le communisme est la continuation du capitalisme par d’autres moyens.!!…

        Vous ne connaissez pas cette histoire et bien je l’ai connu grace au livre d’Eric Laurent « la corde pour les pendre » voir sur son site http://www.eric-laurent.com/pages/biographie-4272718.html » célèbre a la suite de ces enquêtes sur la famille Bush et du 11 septembre

        Qui était Armand Hammer et son père amis de Lénine ? http://en.wikipedia.org/wiki/Armand_Hammer

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        • Anne // 25.02.2015 à 21h42

          Je vois que votre passion pou Hammer est toujours aussi vive !

          C’était en fait une sorte de Soros, mais c’est vrai que certains appellent Soros un « philanthrope »

          Alors peut être, si nous ne sommes pas pulvérisés d’ici là, une petite Lysbeth 2, en fera son idole aprés avoir lu un livre d’aventures sur lui….

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      • Nicolas // 25.02.2015 à 13h48

        @Eliniamor :
        Oui, encore une fois j’aurais dû ajouter 2 lignes sur le fait que les Russes ont eu espoir en une société plus juste, des lendemains qui chantent etc. Notez que j’évoque une atmosphère répressive et que j’explique que Nikolaï II s’est planté sur toute la ligne. Ce qui implique qu’il y avait des raisons d’être pas content. Et j’ai mentionné les mouvements révolutionnaires russes datant d’au moins 1825. Bon, pas assez, je m’en rends compte depuis le flots de commentaires sur ce point. Ce qui m’intéressait plus dans cette présentation du contexte, c’est que dans l’ensemble, la politique extérieure soviétique cherchait à éviter la confrontation, alors que les zuniens cherchaient à dominer le monde, partout, tout le temps, à tous les niveaux et à tous prix.
        J’ai déjà lu un ou deux articles de Sapir, mais non, je ne l’ai absolument pas utilisé comme source. Vous pouvez cliquez sur les liens dans le texte pour savoir où je m’informe… c’est même fait pour ça.
        Tous les chiffres concernant l’économie russe sont tirés de GKS, l’INSEE russe (+ 1 chiffre du CIA factbook – J’aurais pu trouver ce chiffre dans GKS, mais en roubles, et puis surtout j’aurais pas pu me moquer du CIA Factbook 🙂 ) . Je me suis fait suer pour extraire tous ces chiffres, vous ne risquez pas de les trouver ailleurs en français ou en anglais (Enfin sauf chez ceux qui ont déjà pompé cet article…), alors faut les apprendre par cœur : il y aura une interro surprise.
        Pour l’essentiel je suis l’actualité à travers la presse russe. La presse française, atlantiste radicale (« neutre », en novlangue… ), me donne souvent la nausée. Notez, « islamiste radical » ça sonne comme « atlantiste radical », mais c’est moins dangereux. Au passage, RT a très récemment lancé un site en français http://francais.rt.com/. Moins complet pour l’instant, que la version espagnole (lancée il y a longtemps), il me semble. Bientôt la chaîne télé disponible en France ?
        Si vous voulez des infos non atlantistes en français, ya aussi des médias chinois (http://fr.cntv.cn/) et arabe (il me semble, j’ai plus le nom en tête). Évidemment si vous êtes à l’aise en anglais vous avez le choix, avec des infos indiennes, pakistanaises ou autres, et pas mal de choix en espagnol aussi bien sûr.

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        • Eliniamor // 25.02.2015 à 16h24

          Perso, la lecture de la presse russe m’insupporte autant que celle de la presse française. Mais bon.

          En termes de sources francophones, vous êtes un peu dur, je citais Sapir (surtout) et le diplo… Je suis sûr que vous vous y retrouveriez !

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  • coinfinger // 24.02.2015 à 21h14

    Je fais mon commentaire parce que j’ai apprécié , ce topo ultra rapide mais allant à l’essentiel sur l’Histoire Russe moderne . J’estime qu’il est mené brillamment et bien écrit , d’une maniére plaisante . La question des sources me parait exagérée , c’est quand méme pas une thése universitaire .
    Les faits invoqués sont notoires , il me semble , j’ai noté une petite fibre Russophile , liste d’inventeurs Russes , peu connus , en France tout au moins .

    C’est surtout la suite qui m’impatiente , comment les Russes vont se tirer du trés mauvais contexte que leur crée l’Empire du Bien . La structure financiére intra-Russe et le role ambigu de la banque centrale Russe m’interroge , particuliérement , et l’éventuelle stratégie de ‘Poutine’ à l’encontre de celà .

      +1

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  • Serge // 24.02.2015 à 22h20

    @Nicolas a raison,entre autre ,de rappeler brièvement que la Russie d’avant 1917 ,n’était pas le »désert culturel » évoqué par Lénine .
    Ceci est très largement connu pour les lettres et la musique et la danse,mais moins pour les sciences dures .
    Même si après 1917 ,l’enseignement développé a largement consisté à aller chercher les élites parmi les plus doués,même issus des milieux populaires .

    Certes ,la Russie a commencé plus tardivement que l’ouest ,sa révolution industrielle ,et l’industrie joue un rôle souvent irremplaçable dans certaines découvertes théoriques fondamentales ,en tant qu’elle peut fournir grâce à sa technologie ,des mesures expérimentales indispensables et inédites .
    Sans vouloir être pédant ,rappelons que Max Planck n’aurait pu avoir l’idée des quantas pour résoudre le paradoxe de la « catastrophe ultraviolette,si celle-ci n’avait pas été mise en évidence par les appareils que seule l’industrie allemande possédait alors .

    Pour autant,s’il est vrai que l’essort des sciences en Europe ont d’abord gravité à partir de l’Italie,la France,la GB et Göttingen en Allemagne ,la Russie avait déjà fourni des savants très importants : le chimiste Mendeleïev (1834-1907 le tableau des éléments,ce n’est pas rien !!), Mikhaïl Ostrogradski(né en Ukraine 1801-1862),le biologiste Metchnikov (1845-1926) prix Nobel 1908, le physicien Iablotchkov (1847-1894) , le physiologiste Pavlov (1849-1936), prix Nobel 1904.

    Copié-collé sur un site :
    « Dans les universités (Moscou, Saint-Pétersbourg, Kiev, Dorpat (actuellement Tartu), Kharkov, Kazan, Odessa créée en 1865, Tomsk en 1888, Saratov en 1909), le nombre des étudiants dépasse 34 000 (près de 10 000 à l’Université de Moscou, 7 000 à Saint-Pétersbourg, moins de 1 000 à Tomsk, un peu plus de 400 à Saratov), auquel s’ajoute celui des élèves des écoles supérieures, environ 400 000. Le recensement de 1897 montre que 22 % de la population savait lire et écrire, la proportion atteignant dans les villes 50 %. En 1911, la population scolaire avait augmenté plus vite que ne croissait la population totale ; le ministère de l’Instruction publique administrait quelque 200 000 écoles primaires, la plupart dans les villes, fréquentées par 7 à 8 millions d’élèves. En 1914, en comptant 700 000 élèves des écoles secondaires, l’effectif s’élevait à 9 millions d’élèves, pour une population de 175 millions d’habitants.  »

    Pour les mathématiques,leur développement en Russie a débuté avec la promotion et l’inclination personnelle de Pierre le Grand .Non seulement ,il crée l’académie de ST Pétersbourg,mais en 1701,il remplace le grec par le latin comme langue d’enseignement .Or le latin est la langue qu’utilisent tous les grands matheux de l’époque dans leurs et publications (cela a même duré jusq’uà Gauss).

    https://books.google.fr/books?id=mEwQU5r1ORMC&pg=PA169&lpg=PA169&dq=pierre+le+Grand+math%C3%A9matiques&source=bl&ots=U2vhL911JF&sig=2FvWbuCe_ZfE936e6TpEvVE1eIo&hl=fr&sa=X&ei=neDsVIjdAsf2Uv-8g8AJ&ved=0CEsQ6AEwCQ#v=onepage&q=pierre%20le%20Grand%20math%C3%A9matiques&f=false

    Lire ceci:

    https://upcommons.upc.edu/revistes/bitstream/2099/1978/1/DMITRI-I.pdf

    Après l’ère pétrovienne ,la présence très longue du grand Euler ,sur invitation de Catherine II ,à ST Pétersbourg où il mourut après y avoir passé la majeure partie de sa vie ,sauf la parenthèse de Berlin ,ne put que renforcer l’existence des maths de haut niveau en Russie tsariste .
    Pour ne pas alourdir ce comm ,dans le désordre,une petite liste non exaustive de quelques noms russes aussi prestigieux que Gauss ou Cauchy ,de cette période pré-soviétique :

    Nikolaï Ivanovitch Lobatchevski1792-1856)

    Sofia Kovalevskaïa(1850-1891)

    Pafnouti Tchebychev(1821-1894)

    Alexandre Liapounov (1857-1918)

    Alexeï Krylov (1863-1945)

    Andeï Markov(1856-1922)

      +3

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  • Lejoly Stéphane // 25.02.2015 à 00h01

    Plusieurs décennies déjà avant la première guerre mondiale, de nombreux intérêts propres au Royaume-Uni portaient ce pays à vouloir une guerre: notamment, à la fin du XIXe siècle, l’Angleterre était consciente de sa fragilité croissante face à deux puissances émergentes : les USA et la Russie. L’élite britannique craignait aussi que la Russie s’éloigne de l’Angleterre et s’allie davantage à l’Allemagne.

    À la fin du XIXe siècle, Lord Salisbury, premier Ministre anglais, sentit que trois éléments pourraient aider les anglais à gérer la situation russe :
    – la révolution (en Russie);
    – le renouveau de l’Islam;
    – la guerre contre l’Allemagne.

    « Mesdames et Messieurs, ces trois choses ne se sont-elles pas produites ?
    Ces trois choses se sont produites aux dépens de la Russie… et le Royaume-Uni fut activement impliqué dans chacune d’entre elles », explique Terry Boardman, lui-même citoyen britannique.

    Une conférence vidéo (en anglais) au cours de laquelle ce thème est notamment abordé. Les raisons de l’entrée en guerre des Britanniques furent tout autres que celles de voler au secours de la Belgique ! (voir : http://www.tri-articulation.info/theme/la-neutralite-belgique-decision-britanique-entrer-en-guerre )

      +3

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  • Chris // 25.02.2015 à 00h08

    N’est-ce pas que l’Histoire (et ses histoires dans l’Histoire) est mille fois plus passionnante que la série Dallas ?

      +2

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  • Marie Genko // 25.02.2015 à 00h09

    @Nicolas,

    Je viens de terminer de vous lire et j’ai même réussi à parcourir tous les commentaires, en zappant un peu sur les plus longs, je l’avoue….!

    Un immense BRAVO, j’attends la suite avec impatience!

    Pour les inconditionnels de Lénine, Staline et du régime soviétique, qui interviennent sur ce site et qui sont, je n’en doute pas un instant, des personnes de bonne foi, je suis je me permets de recommander la lecture du livre de Stéphane Courtois, Nicolas Werth, Jean-Louis Panné, Andrzej Paczkowski, Karel Bartosek et Jean-Louis Margolin :

    LE LIVRE NOIR DU COMMUNISME publié chez Robert Laffont en 1997

    C’est une lecture indispensable pour faire en toute honnêteté la part des choses …!

      +4

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    • Florian // 25.02.2015 à 11h37

      Le « livre noir du communisme » a fait l’objet de nombreuses réserves voire critiques, entre autres de Marc Ferro (http://www.monde-diplomatique.fr/2000/11/FERRO/2547) et de D. Bensaïd (http://danielbensaid.org/Communisme-contre-stalinisme).
      Des travaux ultérieurs de certains auteurs ont été contestés, notamment pour leur utilisation des sources (http://cipango.revues.org/361).
      Merci à Nicolas pour son travail.

        +2

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      • Lysbethe Levy // 25.02.2015 à 13h34

        Stéphane Courtois, Nicolas Werth, François Furet a un certain niveau, mais Robert Conquest (ancien agent de la CIA) ont produit des livres de désinformations, pour abolir l’idée même du « communisme » qu’on soit pour ou contre, ou neutre, derrière c’était une ré écriture de l’histoire dictée par les libéraux et les néoconservateurs :

        http://pourlecommunisme.com/IV%20L%27Anti-Livre%20Noir%20du%20Communisme%20-%20Annexes.pdf

        Comme si on pouvait interdire « une idée » ? Ils sont nombreux en Ukraine russophone a encore être communiste pour pro-communiste, est-ce la raison pour lequel ils sont persécutés ? Je me pose la question car la partie « ouest » semble plus sous influence « banderiste » et on n’en parle pas ..

        Youtchenko a été le premier a mettre « bandera » au rang de héros de la nation et a persécuter les « vétérans soviétiques »…Depuis on voit le résultat sur ce pays, les violences et les mots datant de la collaboration ukrainienne avec les nazis, qui sont très à la mode ..

          +1

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        • ulule // 25.02.2015 à 18h07

          @Lysbethe Levy

          Merci pour le lien Lysbethe

            +1

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    • ulule // 25.02.2015 à 13h36

      @Marie Genko
      Vous croyez ?
      Le Livre noir du communisme a fait l’objet de nombreuses critiques, notamment la comparaison entre le nazisme et le communisme cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Livre_noir_du_communisme#Le_Livre_noir_du_communisme_en_d.C3.A9bat_:_Les_critiques.2C_Les_auteurs.2C_M.C3.A9moires_et_jugement_.282000.29

      Théorie bancale destinée à masquer la collusion entre le grand capital et les fascistes ; propagande criminogène qui met dans le même sac les bourreaux et les victimes, ceux qui ont ordonné un génocide et ceux qui ont libéré le camp d’Auschwitz, ceux qui ont voulu réduire les Slaves à l’esclavage ou à l’extermination et ceux qui ont fait de la RDA, a contrario, le pays le plus prospère du Comecon.

      Par contre voici une liste des titres concernant l’histoire de l’Union soviétique de sa naissance à son renversement aux éditions Delga (lesquels sont mis à l’index de bibliothèques universitaires selon Aymeric Monville)
      – Geoffrey Roberts, Les Guerres de Staline. De la guerre mondiale à la guerre froide, 1939-1953.
      – Roger Keeran et Thomas Kenny, Le Socialisme trahi. Les causes de la chute de l’Union soviétique
      – Henri Alleg, Russie : Le grand bond en arrière.
      – Grover Furr, Khrouchtchev a menti. (préface de Domenico Losurdo)
      – Michael Parenti, Le Mythe des jumeaux totalitaires. Fascisme systématique et renversement du communisme.
      – Ivan Maïski, Qui aidait Hitler? Souvenirs de l’ambassadeur soviétique en Grande-Bretagne.
      « Ces six ouvrages sont pourtant écrits par des auteurs de renommée mondiale – Alleg, Furr, Keeran et Kenny, Maïski, Parenti et bien sûr Roberts -, et tous déjà traduits dans de nombreuses langues.

        +6

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      • anne jordan // 25.02.2015 à 14h40

        merci pour cette précieuse bibliographie ,@ulule !

          +2

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      • Lysbethe Levy // 26.02.2015 à 11h28

        Excellentes lectures avec en prime l’ouverture des archives et le recul il y a de quoi faire et lire..Je suis tombé dedans il y a longtemps et actuellement je me penche sur la période de guerre froide et la chute de L’Urss avec la fine équipe de Ronald Reagan, Zbig Brzezinski, Carter, Bush père qui ont crée de toute pièce la nouvelle Pologne (Solidarité, Walesa) et l’ukraine et ses nazis ou collaborateurs ethniques protégés par les Usa.justement en vue de « faire chuter  » l’URSS…C’est passionnant ! ..

          +0

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    • Eliniamor // 25.02.2015 à 14h33

      En toute honnêteté, elle est bien bonne celle-là… Si on met de coté travail de Werth.qui est un travail d’historien, le reste du bouquin est bien moins serieux, le pire étant le préface de Courtois contre laquelle même Werth s’est élevé.

      Pour un regard réellement critique sur tout ca et vraiment « honnête »,.intelligent, lisez plutot « Le siècle des communismes » de Pudal et cie, et, on ne le dira jamais assez, « Le siècle sovietique » de Moshe Lewin. Là, ous aurez une interprétation réellement historienne, brillante, serieuse et matérialiste detoute cette histoire.

        +2

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  • ulule // 25.02.2015 à 18h39

    Au milieu des années 1980 et au début des années 1990, l’Allemagne a été le théâtre d’un célèbre Historikerstreit – un «conflit des historiens» – qui a été provoqué par la publication d’un essai de l’historien Ernst Nolte…
    Les écrits de Nolte ont rencontré une opposition de principe dans les milieux universitaires allemands et américains…
    Aujourd’hui, cependant, la réputation de Nolte est à la hausse… Dans son numéro du 14 février 2014, Der Spiegel, le magazine d’information le plus diffusé en Allemagne, a affirmé, dans l’article principal, que les conceptions de Nolte avaient été réhabilitées…
    David North, 5 septembre 2014 http://www.wsws.org/fr/articles/2014/sep2014/dnor-s05.shtml

    La résurgence du militarisme allemand
    Johannes Stern, 19 mai 2014 http://www.wsws.org/fr/articles/2014/mai2014/alle-m19.shtml

      +1

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  • yt75 // 25.02.2015 à 20h25

    Un document « pre maidan » russe publié et commenté par le monde :
    http://abonnes.lemonde.fr/europe/reactions/2015/02/25/le-document-qui-a-inspire-la-strategie-du-kremlin-sur-l-ukraine_4583292_3214.html
    « Le document qui a inspiré la stratégie du Kremlin sur l’Ukraine »
    Il serait intéressant d’en savoir un peu plus …

      +0

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  • Marie Genko // 25.02.2015 à 22h03

    @ Ulule et ceux qui partagent son avis,

    Le problème est que lorsque vous avez eu des membres de votre famille tués dans les purges staliniennes, et bien vous considérez que l’idéologie du communisme n’a pas contribué à faire le bonheur de l’humanité… !

    Pour moi l’erreur est humaine, et aucun système, ou idéologie inventée par l’homme, ne peut être parfait….

    Les systèmes politiques sont plus ou moins bons, ou plus ou moins mauvais…!

    Mais lorsqu’un système, une idéologie est imposée aux peuples par les armes, et contre leur gré, et bien cette idéologie devient criminelle!

    Le communisme est une idéologie…Le nazisme en est une autre….Et aujourd’hui nous avons le système capitaliste américain, qui est devenu lui aussi une idéologie!

    Comme l’illustre si bien Nicolas dans l’article ci-dessus, cette idéologie de l’hégémonie et de l’exceptionalisme américain est imposée par le feu et le sang à des millions de personnes sur toute la surface de notre planète….

    Voilà pourquoi, avec les gens de bonne volonté, aussi bien aux Etats Unis, qu’en Europe ou ailleurs, nous devons le dénoncer ! .

      +4

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  • Marie Genko // 25.02.2015 à 22h42

    Lysbethe Levy,

    Vous posez une question intéressante lorsque vous écrivez:

    « Comme si on pouvait interdire “une idée” ? Ils sont nombreux en Ukraine russophone a encore être communiste pour pro-communiste, est-ce la raison pour lequel ils sont persécutés ? »

    Pour répondre à votre interrogation ceux de l’Ouest ne sont pas persécutés parce qu’ils sont des descendants de soldats de l’armée soviétique.
    Ou parce qu’ils sont communistes…

    Ils sont agressés parce que le sol de l’Ouest de l’Ukraine est très riche et qu’il excite les convoitises

      +2

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  • Lysbethe Levy // 26.02.2015 à 11h21

    Tout a fait d’accord avez vous, la Russie est immense et multiculturelle depuis sa fondation quand elle a fait sa marche vers l’est et la Chine et conquis la Sibérie.

    Donc il y a tant de peuples, langues, histoires, que tout le monde a bien du participer a la révolution..Focaliser sur « une ethnie » ou « religion », c’est trop « essentialiser » et surtout remettre au gout du jour une responsabilité non partagé avec la stratégie du « ‘bouc émissaire ».

    Ceux qui ont fait cette révolution se sentaient comme tout un chacun un être humain qui désire changer les choses.

    C’est quand même pas par plaisir, amusement que cette révolution s’est faite ! La Russie tsariste était en retard par rapport à l’ouest, et même si la condition d’esclave avait été aboli la grande masse des ouvriers, et paysans, étaient bien plus pauvres.et les idées avancées du nouveau siècle finissant en « isme »..comme le socialisme a trouvé là un chemin pour faire sauter les monarchies.

    Après bien sur les dérives ayant suivies ce système ne change pas le fait que quand il y a « inégalité sociale » trop longtemps et trop durement, le capitalisme lui-même est quand même à l’origine du fascisme et du colonialisme. Disons du point de vue économique et marxiste de l’histoire…

      +1

    Alerter
  • louer // 26.02.2015 à 12h36

    merci Nicolas, en vous lisant j’ai voulu faire un commentaire et rajouter quelques commentaires par ci par la, je suis déjà a 7 pages dans le word, je sens que ça va etre trop…comme « remarque ».

    je vous conseille lire en russe la publication de 2009 sur la nazionalizm ukranien ecrit sans pathos et avec des remarques historiques.ci pahttp://samlib.ru/a/aksenenko_s_i/nacionalizm.shtml

    merci aussi a des contributeurs eclairés comme Lizbeth, gerar colin. c’est rassurant pour une russe de lire les Français qui ont gardé la capacité d’analyse et qui comprennent l’importance de connaitre l’histoire de l’europe ( eh la Russie/Urss c’est l’Europe) . Certes on ne peut pas reprocher à un Français lambda de ne pas connaitre les racines du Conflit actuel en Ukraine, L’Histoire de la URSS, mais un minimum de bon sens est tout de même nécessaire. Nous (vous) avons encore dans nos familles les survivants de la Grande Guerre, les survivants d’ Auschwitz, comment dans cette situation ne pas s’étonner de la non-représentation des Russes aux commémorations. Les marches « je suis Charlie » avec Mr Poroshenko. C’est délirant et absolument irrespectueux des victimes civils de cette guerre …
    Rappelons que « only educated are free ».

      +1

    Alerter
  • Yves // 26.02.2015 à 15h54

    Un bel article intéressant et enrichissant qui manque toutefois de neutralité.
    je lirais néanmoins la suite avec plaisir!

      +0

    Alerter
  • Lysbeth Lévy // 26.02.2015 à 23h43

    Pour mémoire voici l’interview d’Alexandre Zinoniev en 1999 sur la situation en Russie, les balkans et sa « vision prophétique » : http://blogs.mediapart.fr/blog/danyves/010514/quand-alexandre-zinoviev-denoncait-la-tyrannie-mondialiste-et-le-totalitarisme-democratique

    Entretien réalisé par Victor Loupan à Munich, en juin 1999,
    quelques jours avant le retour définitif d’Alexandre Zinoviev en Russie ;
    extrait de « La grande rupture », aux éditions l’Âge d’Homme.

    Quand Alexandre Zinoviev dénonçait la tyrannie mondialiste et le totalitarisme démocratique

    Quand Alexandre Zinoviev dénonçait la tyrannie mondialiste et le totalitarisme démocratique

    Dernier entretien en terre d’Occident : juin 1999

    Entretien réalisé par Victor Loupan à Munich, en juin 1999,
    quelques jours avant le retour définitif d’Alexandre Zinoviev en Russie ;
    extrait de « La grande rupture », aux éditions l’Âge d’Homme

    Victor Loupan : Avec quels sentiments rentrez-vous après un exil aussi long ?

    Alexandre Zinoviev : Avec celui d’avoir quitté une puissance respectée, forte, crainte même, et de retrouver un pays vaincu, en ruines. Contrairement à d’autres, je n’aurais jamais quitté l’URSS, si on m’avait laissé le choix. L’émigration a été une vraie punition pour moi.

    V. L. : On vous a pourtant reçu à bras ouverts !

    A. Z. : C’est vrai. Mais malgré l’accueil triomphal et le succès mondial de mes livres, je me suis toujours senti étranger ici.

    V. L. : Depuis la chute du communisme, c’est le système occidental qui est devenu votre principal objet d’étude et de critique. Pourquoi ?

    A. Z. : Parce que ce que j’avais dit est arrivé : la chute du communisme s’est transformée en chute de la Russie. La Russie et le communisme étaient devenus une seule et même chose.

    V. L. : La lutte contre le communisme aurait donc masqué une volonté d’élimination de la Russie ?

    A. Z. : Absolument. La catastrophe russe a été voulue et programmée ici, en Occident. Je le dis, car j’ai été, à une certaine époque, un initié. J’ai lu des documents, participé à des études qui, sous prétexte de combattre une idéologie, préparaient la mort de la Russie. Et cela m’est devenu insupportable au point où je ne peux plus vivre dans le camp de ceux qui détruisent mon pays et mon peuple. L’Occident n’est pas une chose étrangère pour moi, mais c’est une puissance ennemie.

    V. L. : Seriez-vous devenu un patriote ?

    A. Z. : Le patriotisme, ce n’est pas mon problème. J’ai reçu une éducation internationaliste et je lui reste fidèle. Je ne peux d’ailleurs pas dire si j’aime ou non la Russie et les Russes. Mais j’appartiens à ce peuple et à ce pays. J’en fais partie. Les malheurs actuels de mon peuple sont tels, que je ne peux continuer à les contempler de loin. La brutalité de la mondialisation met en évidence des choses inacceptables.

    V. L. : Les dissidents soviétiques parlaient pourtant comme si leur patrie était la démocratie et leur peuple les droits de l’homme. Maintenant que cette manière de voir est dominante en Occident, vous semblez la combattre. N’est-ce pas contradictoire ?

    A. Z. : Pendant la guerre froide, la démocratie était une arme dirigée contre le totalitarisme communiste, mais elle avait l’avantage d’exister. On voit d’ailleurs aujourd’hui que l’époque de la guerre froide a été un point culminant de l’histoire de l’Occident. Un bien être sans pareil, de vraies libertés, un extraordinaire progrès social, d’énormes découvertes scientifiques et techniques, tout y était ! Mais, l’Occident se modifiait aussi presqu’imperceptiblement. L’intégration timide des pays développés, commencée alors, constituait en fait les prémices de la mondialisation de l’économie et de la globalisation du pouvoir auxquels nous assistons aujourd’hui. Une intégration peut être généreuse et positive si elle répond, par exemple, au désir légitime des nations-soeurs de s’unir. Mais celle-ci a, dès le départ, été pensée en termes de structures verticales, dominées par un pouvoir supranational. Sans le succès de la contre-révolution russe, il n’aurait pu se lancer dans la mondialisation.

    V. L. : Le rôle de Gorbatchev n’a donc pas été positif ?

    A. Z. : Je ne pense pas en ces termes-là. Contrairement à l’idée communément admise, le communisme soviétique ne s’est pas effondré pour des raisons internes. Sa chute est la plus grande victoire de l’histoire de l’Occident ! Victoire colossale qui, je le répète, permet l’instauration d’un pouvoir planétaire. Mais la fin du communisme a aussi marqué la fin de la démocratie. Notre époque n’est pas que post-communiste, elle est aussi post-démocratique. Nous assistons aujourd’hui à l’instauration du totalitarisme démocratique ou, si vous préférez, de la démocratie totalitaire.

    V. L. : N’est-ce pas un peu absurde ?

    A. Z. : Pas du tout. La démocratie sous-entend le pluralisme. Et le pluralisme suppose l’opposition d’au moins deux forces plus ou moins égale ; forces qui se combattent et s’influencent en même temps. Il y avait, à l’époque de la guerre froide, une démocratie mondiale, un pluralisme global au sein duquel coexistaient le système capitaliste, le système communiste et même une structure plus vague mais néanmoins vivante, les non-alignés. Le totalitarisme soviétique était sensible aux critiques venant de l’Occident. L’Occident subissait lui aussi l’influence de l’URSS, par l’intermédiaire notamment de ses propres partis communistes. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde dominé par une force unique, par une idéologie unique, par un parti unique mondialiste. La constitution de ce dernier a débuté, elle aussi, à l’époque de la guerre froide, quand des superstructures transnationales ont progressivement commencé à se constituer sous les formes les plus diverses : sociétés commerciales, bancaires, politiques, médiatiques. Malgré leurs différents secteurs d’activités, ces forces étaient unies par leur nature supranationale. Avec la chute du communisme, elles se sont retrouvées aux commandes du monde. Les pays occidentaux sont donc dominateurs, mais aussi dominés, puisqu’ils perdent progressivement leur souveraineté au profit de ce que j’appelle la « suprasociété ». Suprasociété planétaire, constituée d’entreprises commerciales et d’organismes non-commerciaux, dont les zones d’influence dépassent les nations. Les pays occidentaux sont soumis, comme les autres, au contrôle de ces structures supranationales. Or, la souveraineté des nations était, elle aussi, une partie constituante du pluralisme et donc de la démocratie, à l’échelle de la planète. Le pouvoir dominant actuel écrase les états souverains. L’intégration de l’Europe qui se déroule sous nos yeux, provoque elle aussi la disparition du pluralisme au sein de ce nouveau conglomérat, au profit d’un pouvoir supranational.

    V. L. : Mais ne pensez-vous pas que la France ou l’Allemagne continuent à être des pays démocratiques ?

    A. Z. : Les pays occidentaux ont connu une vraie démocratie à l’époque de la guerre froide. Les partis politiques avaient de vraies divergences idéologiques et des programmes politiques différents. Les organes de presse avaient des différences marquées, eux aussi. Tout cela influençait la vie des gens, contribuait à leur bien-être. C’est bien fini. Parce que le capitalisme démocratique et prospère, celui des lois sociales et des garanties d’emploi devait beaucoup à l’épouvantail communiste. L’attaque massive contre les droits sociaux à l’Ouest a commencé avec la chute du communisme à l’Est. Aujourd’hui, les socialistes au pouvoir dans la plupart des pays d’Europe, mènent une politique de démantèlement social qui détruit tout ce qu’il y avait de socialiste justement dans les pays capitalistes. Il n’existe plus, en Occident, de force politique capable de défendre les humbles. L’existence des partis politiques est purement formelle. Leurs différences s’estompent chaque jour davantage. La guerre des Balkans était tout sauf démocratique. Elle a pourtant été menée par des socialistes, historiquement opposés à ce genre d’aventures. Les écologistes, eux aussi au pouvoir dans plusieurs pays, ont applaudi au désastre écologique provoqué par les bombardements de l’OTAN. Ils ont même osé affirmer que les bombes à uranium appauvri n’étaient pas dangereuses alors que les soldats qui les chargent portent des combinaisons spéciales. La démocratie tend donc aussi à disparaître de l’organisation sociale occidentale. Le totalitarisme financier a soumis les pouvoirs politiques. Le totalitarisme financier est froid. Il ne connaît ni la pitié ni les sentiments. Les dictatures politiques sont pitoyables en comparaison avec la dictature financière. Une certaine résistance était possible au sein des dictatures les plus dures. Aucune révolte n’est possible contre la banque.

    V. L. : Et la révolution ?

    A. Z. : Le totalitarisme démocratique et la dictature financière excluent la révolution sociale.

    V. L. : Pourquoi ?

    A. Z. : Parce qu’ils combinent la brutalité militaire toute puissante et l’étranglement financier planétaire. Toutes les révolutions ont bénéficié de soutien venu de l’étranger. C’est désormais impossible, par absence de pays souverains. De plus, la classe ouvrière a été remplacée au bas de l’échelle sociale, par la classe des chômeurs. Or que veulent les chômeurs ? Un emploi. Ils sont donc, contrairement à la classe ouvrière du passé, dans une situation de faiblesse.

    V. L. : Les systèmes totalitaires avaient tous une idéologie. Quelle est celle de cette nouvelle société que vous appelez post-démocratique ?

    A. Z. : Les théoriciens et les politiciens occidentaux les plus influents considèrent que nous sommes entrés dans une époque post-idéologique. Parce qu’ils sous-entendent par « idéologie » le communisme, le fascisme, le nazisme, etc. En réalité, l’idéologie, la supraidéologie du monde occidental, développée au cours des cinquante dernières années, est bien plus forte que le communisme ou le national-socialisme. Le citoyen occidental en est bien plus abruti que ne l’était le soviétique moyen par la propagande communiste. Dans le domaine idéologique, l’idée importe moins que les mécanismes de sa diffusion. Or la puissance des médias occidentaux est, par exemple, incomparablement plus grande que celle, énorme pourtant, du Vatican au sommet de son pouvoir. Et ce n’est pas tout : le cinéma, la littérature, la philosophie, tous les moyens d’influence et de diffusion de la culture au sens large vont dans le même sens. A la moindre impulsion, ceux qui travaillent dans ces domaines réagissent avec un unanimisme qui laisse penser à des ordres venant d’une source de pouvoir unique.

    Il suffit que la décision de stigmatiser un Karadzic, un Milosevic ou un autre soit prise pour qu’une machine de propagande planétaire se mette en branle contre ces gens, sans grande importance. Et alors qu’il faudrait juger les politiciens et les généraux de l’OTAN parce qu’ils ont enfreint toutes les lois existantes, l’écrasante majorité des citoyens occidentaux est persuadée que la guerre contre la Serbie était juste et bonne. L’idéologie occidentale combine et fait converger les idées en fonction des besoins. L’une d’entre elles est que les valeurs et le mode de vie occidentaux sont supérieurs à d’autres. Alors que pour la plupart des peuples de la planète ces valeurs sont mortelles. Essayez donc de convaincre les Américains que la Russie en meurt. Vous n’y arriverez jamais. Ils continueront à affirmer que les valeurs occidentales sont universelles, appliquant ainsi l’un des principes fondamentaux du dogmatisme idéologique. Les théoriciens, les médias et les politiciens occidentaux sont absolument persuadés de la supériorité de leur système. C’est cela qui leur permet de l’imposer au monde avec bonne conscience. L’homme occidental, porteur de ces valeurs supérieures est donc un nouveau surhomme. Le terme est tabou, mais cela revient au même. Tout cela mériterait d’être étudié scientifiquement. Mais la recherche scientifique dans certains domaines sociologiques et historiques est devenue difficile. Un scientifique qui voudrait se pencher sur les mécanismes du totalitarisme démocratique aurait à faire face aux plus grandes difficultés. On en ferait d’ailleurs un paria. Par contre, ceux dont le travail sert l’idéologie dominante, croulent sous les dotations et les éditeurs comme les médias se les disputent. Je l’ai observé en tant que chercheur et professeur des universités.

    V. L. : Mais cette « supraidéologie » ne propage-t-elle pas aussi la tolérance et le respect ?

    A. Z. : Quand vous écoutez les élites occidentales, tout est pur, généreux, respectueux de la personne humaine. Ce faisant, elles appliquent une règle classique de la propagande : masquer la réalité par le discours. Car il suffit d’allumer la télévision, d’aller au cinéma, d’ouvrir les livres à succès, d’écouter la musique la plus diffusée, pour se rendre compte que ce qui est propagé en réalité c’est le culte du sexe, de la violence et de l’argent. Le discours noble et généreux est donc destiné à masquer ces trois piliers – il y en a d’autres – de la démocratie totalitaire.

    V. L. : Mais que faites-vous des droits de l’homme ? Ne sont-ils pas respectés en Occident bien plus qu’ailleurs ?

    A. Z. : L’idée des droits de l’homme est désormais soumise elle aussi à une pression croissante. L’idée, purement idéologique, selon laquelle ils seraient innés et inaltérables ne résisterait même pas à un début d’examen rigoureux. Je suis prêt à soumettre l’idéologie occidentale à l’analyse scientifique, exactement comme je l’ai fait pour le communisme. Ce sera peut-être un peu long pour un entretien.

    V. L. : N’a-t-elle pas une idée maîtresse ?

    A. Z. : C’est le mondialisme, la globalisation. Autrement dit : la domination mondiale. Et comme cette idée est assez antipathique, on la masque sous le discours plus vague et généreux d’unification planétaire, de transformation du monde en un tout intégré. C’est le vieux masque idéologique soviétique ; celui de l’amitié entre les peuples, « amitié » destinée à couvrir l’expansionnisme. En réalité, l’Occident procède actuellement à un changement de structure à l’échelle planétaire. D’un côté, la société occidentale domine le monde de la tête et des épaules et de l’autre, elle s’organise elle-même verticalement, avec le pouvoir supranational au sommet de la pyramide.

    V. L. : Un gouvernement mondial ?

    A. Z. : Si vous voulez.

    V. L. : Croire cela n’est-ce-pas être un peu victime du fantasme du complot ?

    A. Z. : Quel complot ? Il n’y a aucun complot. Le gouvernement mondial est dirigé par les gouverneurs des structures supranationales commerciales, financières et politiques connues de tous. Selon mes calculs, une cinquantaine de millions de personnes fait déjà partie de cette suprasociété qui dirige le monde. Les États-Unis en sont la métropole. Les pays d’Europe occidentale et certains anciens « dragons » asiatiques, la base. Les autres sont dominés suivant une dure gradation économico-financière. Ça, c’est la réalité. La propagande, elle, prétend qu’un gouvernement mondial contrôlé par un parlement mondial serait souhaitable, car le monde est une vaste fraternité. Ce ne sont là que des balivernes destinées aux populations.

    V. L. : Le Parlement européen aussi ?

    A. Z. : Non, car le Parlement européen existe. Mais il serait naïf de croire que l’union de l’Europe s’est faite parce que les gouvernements des pays concernés l’ont décidé gentiment. L’Union européenne est un instrument de destruction des souverainetés nationales. Elle fait partie des projets élaborés par les organismes supranationaux.

    V. L. : La Communauté européenne a changé de nom après la destruction de l’Union soviétique. Elle s’est appelée Union européenne, comme pour la remplacer. Après tout, il y avait d’autres noms possibles. Aussi, ses dirigeants s’appellent-ils « commissaires », comme les Bolcheviks. Ils sont à la tête d’une « Commission », comme les Bolcheviks. Le dernier président a été « élu » tout en étant candidat unique.

    A. Z. : Il ne faut pas oublier que des lois régissent l’organisation sociale. Organiser un million d’hommes c’est une chose, dix millions c’en est une autre, cent millions, c’est bien plus compliqué encore. Organiser cinq cent millions est une tâche immense. Il faut créer de nouveaux organismes de direction, former des gens qui vont les administrer, les faire fonctionner. C’est indispensable. Or l’Union soviétique est, en effet, un exemple classique de conglomérat multinational coiffé d’une structure dirigeante supranationale. L’Union européenne veut faire mieux que l’Union soviétique ! C’est légitime. J’ai déjà été frappé, il y a vingt ans, de voir à quel point les soi-disant tares du système soviétique étaient amplifiées en Occident.

    V. L. : Par exemple ?

    A. Z. : La planification ! L’économie occidentale est infiniment plus planifiée que ne l’a jamais été l’économie soviétique. La bureaucratie ! En Union Soviétique 10 % à 12 % de la population active travaillaient dans la direction et l’administration du pays. Aux États Unis, ils sont entre 16 % et 20 %. C’est pourtant l’URSS qui était critiquée pour son économie planifiée et la lourdeur de son appareil bureaucratique ! Le Comité central du PCUS employait deux mille personnes. L’ensemble de l’appareil du Parti communiste soviétique était constitué de 150000 salariés. Vous trouverez aujourd’hui même, en Occident, des dizaines voire des centaines d’entreprises bancaires et industrielles qui emploient un nombre bien plus élevé de gens. L’appareil bureaucratique du Parti communiste soviétique était pitoyable en comparaison avec ceux des grandes multinationales. L’URSS était en réalité un pays sous-administré. Les fonctionnaires de l’administration auraient dû être deux à trois fois plus nombreux. L’Union européenne le sait, et en tient compte. L’intégration est impossible sans la création d’un très important appareil administratif.

    V. L. : Ce que vous dites est contraire aux idées libérales, affichées par les dirigeants européens. Pensez-vous que leur libéralisme est de façade ?

    A. Z. : L’administration a tendance à croître énormément. Cette croissance est dangereuse, pour elle-même. Elle le sait. Comme tout organisme, elle trouve ses propres antidotes pour continuer à prospérer. L’initiative privée en est un. La morale publique et privée, un autre. Ce faisant, le pouvoir lutte en quelque sorte contre ses tendances à l’auto-déstabilisation. Il a donc inventé le libéralisme pour contrebalancer ses propres lourdeurs. Et le libéralisme a joué, en effet, un rôle historique considérable. Mais il serait absurde d’être libéral aujourd’hui. La société libérale n’existe plus. Sa doctrine est totalement dépassée à une époque de concentrations capitalistiques sans pareil dans l’histoire. Les mouvements d’énormes masses financières ne tiennent compte ni des intérêts des États ni de ceux des peuples, peuples composés d’individus. Le libéralisme sous-entend l’initiative personnelle et le risque financier personnel. Or, rien ne se fait aujourd’hui sans l’argent des banques.

    Ces banques, de moins en moins nombreuses d’ailleurs, mènent une politique dictatoriale, dirigiste par nature. Les propriétaires sont à leur merci, puisque tout est soumis au crédit et donc au contrôle des puissances financières. L’importance des individus, fondement du libéralisme, se réduit de jour en jour. Peu importe aujourd’hui qui dirige telle ou telle entreprise ; ou tel ou tel pays d’ailleurs. Bush ou Clinton, Kohl ou Schröder, Chirac ou Jospin, quelle importance ? Ils mènent et mèneront la même politique.

    V. L. : Les totalitarismes du XXe siècle ont été extrêmement violents. On ne peut dire la même chose de la démocratie occidentale.

    A. Z. : Ce ne sont pas les méthodes, ce sont les résultats qui importent. Un exemple ? L’URSS a perdu vingt million d’hommes et subi des destructions considérables, en combattant l’Allemagne nazie. Pendant la guerre froide, guerre sans bombes ni canons pourtant, ses pertes, sur tous les plans, ont été bien plus considérables ! La durée de vie des Russes a chuté de dix ans dans les dix dernières années. La mortalité dépasse la natalité de manière catastrophique. Deux millions d’enfants ne dorment pas à la maison. Cinq millions d’enfants en âge d’étudier ne vont pas à l’école. Il y a douze millions de drogués recensés. L’alcoolisme s’est généralisé. 70 % des jeunes ne sont pas aptes au service militaire à cause de leur état physique. Ce sont là des conséquences directes de la défaite dans la guerre froide, défaite suivie par l’occidentalisation. Si cela continue, la population du pays descendra rapidement de cent-cinquante à cent, puis à cinquante millions d’habitants. Le totalitarisme démocratique surpassera tous ceux qui l’ont précédé.

    V. L. : En violence ?

    A. Z. : La drogue, la malnutrition, le sida sont plus efficaces que la violence guerrière. Quoique, après la guerre froide dont la force de destruction a été colossale, l’Occident vient d’inventer la « guerre pacifique ». L’Irak et la Yougoslavie sont deux exemples de réponse disproportionnée et de punition collective, que l’appareil de propagande se charge d’habiller en « juste cause » ou en « guerre humanitaire ». L’exercice de la violence par les victimes contre elles-mêmes est une autre technique prisée. La contre-révolution russe de 1985 en est un exemple. Mais en faisant la guerre à la Yougoslavie, les pays d’Europe occidentale l’ont faite aussi à eux-mêmes.

    V. L. : Selon vous, la guerre contre la Serbie était aussi une guerre contre l’Europe ?

    A. Z. : Absolument. Il existe, au sein de l’Europe, des forces capables de lui imposer d’agir contre elle-même. La Serbie a été choisie, parce qu’elle résistait au rouleau compresseur mondialiste. La Russie pourrait être la prochaine sur la liste. Avant la Chine.

    V. L. : Malgré son arsenal nucléaire ?

    A. Z. : L’arsenal nucléaire russe est énorme mais dépassé. De plus, les Russes sont moralement prêts à être conquis. A l’instar de leurs aïeux qui se rendaient par millions dans l’espoir de vivre mieux sous Hitler que sous Staline, ils souhaitent même cette conquête, dans le même espoir fou de vivre mieux. C’est une victoire idéologique de l’Occident. Seul un lavage de cerveau peut obliger quelqu’un à voir comme positive la violence faite à soi-même. Le développement des mass-media permet des manipulations auxquelles ni Hitler ni Staline ne pouvaient rêver. Si demain, pour des raisons « X », le pouvoir supranational décidait que, tout compte fait, les Albanais posent plus de problèmes que les Serbes, la machine de propagande changerait immédiatement de direction, avec la même bonne conscience. Et les populations suivraient, car elles sont désormais habituées à suivre. Je le répète : on peut tout justifier idéologiquement. L’idéologie des droits de l’homme ne fait pas exception. Partant de là, je pense que le XXIe siècle dépassera en horreur tout ce que l’humanité a connu jusqu’ici. Songez seulement au futur combat contre le communisme chinois. Pour vaincre un pays aussi peuplé, ce n’est ni dix ni vingt mais peut-être cinq cent millions d’individus qu’il faudra éliminer. Avec le développement que connaît actuellement la machine de propagande ce chiffre est tout à fait atteignable. Au nom de la liberté et des droits de l’homme, évidemment. A moins qu’une nouvelle cause, non moins noble, sorte de quelque institution spécialisée en relations publiques.

    V. L. : Ne pensez-vous pas que les hommes et les femmes peuvent avoir des opinions, voter, sanctionner par le vote ?

    A. Z. : D’abord les gens votent déjà peu et voteront de moins en moins. Quant à l’opinion publique occidentale, elle est désormais conditionnée par les médias. Il n’y a qu’à voir le oui massif à la guerre du Kosovo. Songez donc à la guerre d’Espagne ! Les volontaires arrivaient du monde entier pour combattre dans un camp comme dans l’autre. Souvenez-vous de la guerre du Vietnam. Les gens sont désormais si conditionnés qu’ils ne réagissent plus que dans le sens voulu par l’appareil de propagande.

    V. L. : L’URSS et la Yougoslavie étaient les pays les plus multiethniques du monde et pourtant ils ont été détruits. Voyez-vous un lien entre la destruction des pays multiethniques d’un côté et la propagande de la multiethnicité de l’autre ?

    A. Z. : Le totalitarisme soviétique avait créé une vraie société multinationale et multiethnique. Ce sont les démocraties occidentales qui ont fait des efforts de propagande surhumains, à l’époque de la guerre froide, pour réveiller les nationalismes. Parce qu’elles voyaient dans l’éclatement de l’URSS le meilleur moyen de la détruire. Le même mécanisme a fonctionné en Yougoslavie. L’Allemagne a toujours voulu la mort de la Yougoslavie. Unie, elle aurait été plus difficile à vaincre. Le système occidental consiste à diviser pour mieux imposer sa loi à toutes les parties à la fois, et s’ériger en juge suprême. Il n’y a pas de raison pour qu’il ne soit pas appliqué à la Chine. Elle pourrait être divisée, en dizaines d’États.

    V. L. : La Chine et l’Inde ont protesté de concert contre les bombardements de la Yougoslavie. Pourraient-elles éventuellement constituer un pôle de résistance ? Deux milliards d’individus, ce n’est pas rien !

    A. Z. : La puissance militaire et les capacités techniques de l’Occident sont sans commune mesure avec les moyens de ces deux pays.

    V. L. : Parce que les performances du matériel de guerre américain en Yougoslavie vous ont impressionné ?

    A. Z. : Ce n’est pas le problème. Si la décision avait été prise, la Serbie aurait cessé d’exister en quelques heures. Les dirigeants du Nouvel ordre mondial ont apparemment choisi la stratégie de la violence permanente. Les conflits locaux vont se succéder pour être arrêtés par la machine de « guerre pacifique » que nous venons de voir à l’oeuvre. Cela peut, en effet, être une technique de management planétaire. L’Occident contrôle la majeure partie des ressources naturelles mondiales.

    Ses ressources intellectuelles sont des millions de fois supérieures à celles du reste de la planète. C’est cette écrasante supériorité qui détermine sa domination technique, artistique, médiatique, informatique, scientifique dont découlent toutes les autres formes de domination.

    Tout serait simple s’il suffisait de conquérir le monde. Mais il faut encore le diriger. C’est cette question fondamentale que les Américains essaient maintenant de résoudre. C’est cela qui rend « incompréhensibles » certaines actions de la « communauté internationale ». Pourquoi Saddam est-il toujours là ? Pourquoi Karadzic n’est-il toujours pas arrêté ? Voyez-vous, à l’époque du Christ, nous étions peut-être cent millions sur l’ensemble du globe. Aujourd’hui, le Nigeria compte presqu’autant d’habitants ! Le milliard d’Occidentaux et assimilés va diriger le reste du monde. Mais ce milliard devra être dirigé à son tour. Il faudra probablement deux cent millions de personnes pour diriger le monde occidental. Il faut les sélectionner, les former.

    Voilà pourquoi la Chine est condamnée à l’échec dans sa lutte contre l’hégémonie occidentale. Ce pays sous-administré n’a ni les capacités économiques ni les ressources intellectuelles pour mettre en place un appareil de direction efficace, composé de quelque trois cent millions d’individus.

    Seul l’Occident est capable de résoudre les problèmes de management à l’échelle de la planète. Cela se met déjà en place. Les centaines de milliers d’Occidentaux se trouvant dans les anciens pays communistes, en Russie par exemple, occupent dans leur écrasante majorité des postes de direction. La démocratie totalitaire sera aussi une démocratie coloniale.

    V. L. : Pour Marx, la colonisation était civilisatrice. Pourquoi ne le serait-elle pas à nouveau ?

    A. Z. : Pourquoi pas, en effet ? Mais pas pour tout le monde. Quel est l’apport des Indiens d’Amérique à la civilisation ? Il est presque nul, car ils ont été exterminés, écrasés. Voyez maintenant l’apport des Russes ! L’Occident se méfiait d’ailleurs moins de la puissance militaire soviétique que de son potentiel intellectuel, artistique, sportif. Parce qu’il dénotait une extraordinaire vitalité. Or c’est la première chose à détruire chez un ennemi. Et c’est ce qui a été fait. La science russe dépend aujourd’hui des financements américains. Et elle est dans un état pitoyable, car ces derniers n’ont aucun intérêt à financer des concurrents. Ils préfèrent faire travailler les savants russes aux USA. Le cinéma soviétique a été lui aussi détruit et remplacé par le cinéma américain. En littérature, c’est la même chose. La domination mondiale s’exprime, avant tout, par le diktat intellectuel ou culturel si vous préférez. Voilà pourquoi les Américains s’acharnent, depuis des décennies, à baisser le niveau culturel et intellectuel du monde : ils veulent le ramener au leur pour pouvoir exercer ce diktat.

    V. L. : Mais cette domination, ne serait-elle pas, après tout, un bien pour l’humanité ?

    A. Z. : Ceux qui vivront dans dix générations pourront effectivement dire que les choses se sont faites pour le bien de l’humanité, autrement dit pour leur bien à eux. Mais qu’en est-il du Russe ou du Français qui vit aujourd’hui ? Peut-il se réjouir s’il sait que l’avenir de son peuple pourrait être celui des Indiens d’Amérique ? Le terme d’Humanité est une abstraction. Dans la vie réelle il y a des Russes, des Français, des Serbes, etc.

    Or si les choses continuent comme elles sont parties, les peuples qui ont fait notre civilisation, je pense avant tout aux peuples latins, vont progressivement disparaître. L’Europe occidentale est submergée par une marée d’étrangers. Nous n’en avons pas encore parlé, mais ce n’est ni le fruit du hasard, ni celui de mouvements prétendument incontrôlables. Le but est de créer en Europe une situation semblable à celle des États-Unis. Savoir que l’humanité va être heureuse, mais sans Français, ne devrait pas tellement réjouir les Français actuels. Après tout, laisser sur terre un nombre limité de gens qui vivraient comme au Paradis, pourrait être un projet rationnel. Ceux-là penseraient d’ailleurs sûrement que leur bonheur est l’aboutissement de la marche de l’histoire. Non, il n’est de vie que celle que nous et les nôtres vivons aujourd’hui.

    V. L. : Le système soviétique était inefficace. Les sociétés totalitaires sont-elles toutes condamnées à l’inefficacité ?

    A. Z. : Qu’est-ce que l’efficacité ? Aux États-Unis, les sommes dépensées pour maigrir dépassent le budget de la Russie. Et pourtant le nombre des gros augmente. Il y a des dizaines d’exemples de cet ordre.

    V. L. : Peut-on dire que l’Occident vit actuellement une radicalisation qui porte les germes de sa propre destruction ?

    A. Z. : Le nazisme a été détruit dans une guerre totale. Le système soviétique était jeune et vigoureux. Il aurait continué à vivre s’il n’avait pas été combattu de l’extérieur. Les systèmes sociaux ne s’autodétruisent pas. Seule une force extérieure peut anéantir un système social. Comme seul un obstacle peut empêcher une boule de rouler. Je pourrais le démontrer comme on démontre un théorème. Actuellement, nous sommes dominés par un pays disposant d’une supériorité économique et militaire écrasante.

    Le Nouvel ordre mondial se veut unipolaire. Si le gouvernement supranational y parvenait, n’ayant aucun ennemi extérieur, ce système social unique pourrait exister jusqu’à la fin des temps. Un homme seul peut être détruit par ses propres maladies. Mais un groupe, même restreint, aura déjà tendance à se survivre par la reproduction. Imaginez un système social composé de milliards d’individus ! Ses possibilités de repérer et d’arrêter les phénomènes autodestructeurs seront infinies. Le processus d’uniformisation du monde ne peut être arrêté dans l’avenir prévisible. Car le totalitarisme démocratique est la dernière phase de l’évolution de la société occidentale, évolution commencée à la Renaissance. »

    – Zinovyev cessé de critiquer le communisme à l’aube de la perestroïka, des années avant la recrudescence de la criminalité et les problèmes socio-économiques que la Russie fait face dans les années 1990. Il a parlé pour la défense de certains aspects du régime soviétique, et plus radicalement condamné les réformes initiées par Boris Eltsine. Il fait valoir que l’Occident était l’influence clé dans la chute de l’Union: «Dirigée par les Etats-Unis, l’Occident a volontairement mis en œuvre un programme de destruction de la Russie ».

    En 1996, il a fait appel au public pour soutenir Guennadi Ziouganov, le candidat communiste qui a finalement perdu l’élection présidentielle à Eltsine. Selon Alexandre Soljenitsyne, Zinoviev a parlé de la collectivisation en URSS comme d’un «cadeau tant attendue de la paysannerie russe ».

    http://www.toupie.org/Textes/Zinoviev_2.htm

    excellente interview, je voulais le faire aussi, car l’analyse de cet homme qui connaissait bien les deux blocs est réellement visionnaire. Il n’avait juste pas prévu Poutine.

    Zinoniev a participer avec des citoyens russes et occidentaux a la défense de Milosevic quand la Serbie a été attaqué avec l’allégation d’être le « nouvel Hitler », qui génocidait son peuple, alors que les Usa, Clinton, Albrighth avait entrainés des anciens d’al qaida albanais et Kosovars avec l’aide financière des pétromonarchies du Golf et l’Iran..L’UCK a commis des crimes et attribués ceux ci aux serbes dont Milosevic . Zinoviev a soutenu que toutes les accusations portées contre Milosevic ne étaient que la calomnie; Il a également déclaré qu’il admirait Radovan Karadžić et Ratko Mladić, qu’il considère comme importantes personnes du 20e siècle.

    Zinoviev était un président co du Comité international pour défendre Slobodan Milosevic. Il a comparé le processus de mondialisation à une troisième guerre mondiale, dont la première phase achevée était la guerre froide. Avec Jared Israel journaliste indépendant :

    Who Is Guilty? Milosevic or NATO?
    emperors-clothes.com/analysis/whyisn.htm

    Le 10 mai 2006, Aleksandr Zinoviev est mort à Moscou de cancer du cerveau. .

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    • eskape // 18.03.2015 à 13h13

      juste pour un grand merci 1000 fois lysbeth pour cet entretien extraordinaire… de 1999. bien de « philosophes » devraient en prendre de la graine. il était donc possible, déjà à cette époque, d’avoir compris , et prédit où on se dirigeait. bien de gens devraient s’en vouloir, au vu de cet exemple, de ne pas avoir eu cette lucidité à temps.

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  • Marie Genko // 27.02.2015 à 12h57

    @Lysbeth Lévy,

    Merci pour cette extraordinaire interview d’Alexandre Zinoviev!
    Lorsque vous écrivez:

    « il n’avait juste pas prévu Poutine »

    vous soulignez qu’aucun d’entre nous, même aussi brillant que Zinoviev ne peut prévoir l’avenir de notre malheureuse humanité…

    Grace à la ré information, grâce au réveil des consciences, la dictature mondiale risque plus que jamais d’être un géant aux pieds d’argile !

    Parce que je crois en Dieu, je crois aussi en l’avenir des hommes

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    • Lysbethe Levy // 27.02.2015 à 13h30

      Exact l’avenir n’est pas écrit mais déjà en 1999 Zinoniev quand il a été en occident il a ouvert les yeux et il a reconnu avoir été « manipulé » au nom des droits de l’homme, comme le furent d’autres dissidents dont Soljénytsine, Boukovski, et les fameux projets Helsinki, l’aide à Solidarnoc, ou a Vaclav Havel, ont servit de cheval de Troie, pour aider à faire tomber ces régimes ainsi que l’Urss. IL a surtout compris que ce que voulait les américains comme Zbiggie c’est la destruction de la Russie en tant qu’entité indépendante dont les richesses ont fait baver Mme Madeleine Albright nullement génée de dire : « il est injuste que Poutine exploite seul la Sibérie, il pourrait partager !  »

      Voilà pourquoi la Russie en tant que nation même avec ces défauts est en danger ..Le fameux « pivot eurasiatique » est bien en place par l’administration Us avec la Chine comme « pays à abattre » avec la Russie n’est pas une illusion.

      Zinoniev a quand même vu loin. IL a écrit pas mal de livre ou il dit tout le mal qu’il pense des occidentaux et leur arrogance envers le monde. L’UE et les Usa veulent dominer 7 milliards d’habitants.

      Dernier coup d’on on ne sait si c’est pour diviser les BRICs http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/02/27/enquete-sur-des-revelations-impliquant-les-services-secrets-sud-africains_4584579_3212.html..

      De la part du Gardian un fake ou l’afrique du sud agent d’autres pays ?? http://www.theguardian.com/world/2015/feb/25/south-africa-spied-government-facts-joint-russian-project

      De la part du Gardian, deux docs révélés : http://static.guim.co.uk/ni/1424881352480/south-africa-on-russia-sate.pdf Et celui ci : http://static.guim.co.uk/ni/1424881350369/russian-intelligence-agency.pdf la guerre se fait aussi dans la guerre des infos…

      Comme vous je crois en l’être humain mais je suis athée par contre mais ça change rien au final, toutes les bonnes volontés sont les bienvenue..

      .Bien à vous ..

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  • Marie Genko // 01.03.2015 à 19h17

    @Lysbethe Levy,

    Merci pour les liens, je les ai parcouru…
    Vous avez raison la guerre se fait aussi au moyen des infos.
    Je n’ai pas vraiment le temps, ni les connaissances nécessaires pour juger s’ils sont de la désinformation, ou pas…Celui en Anglais avec une entête du FSB n’est pas rédigé dans un style propre aux Russes, cela se sent même au travers d’une version anglaise…?
    Amicalement Marie

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  • Nicolas // 16.03.2015 à 07h51

    La suite de cet article sur l’isolement de la Russie est ici : http://www.les-crises.fr/forces-de-leconomie-russe-face-aux-sanctions-2/
    N’hésitez pas à partager ce lien 🙂

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  • Eliniamor // 17.03.2015 à 20h51

    Je partage entièrement vos réserves, d’où les quelques interventions que j’ai postées plus haut. Dommage que votre contribution parvienne si tard, alors que le débat est largement clos.

    Après, je trouve que le travail mené, si on fait abstraction de l’esprit complotiste qui l’imprègne, et même si on n’y apprend rien de nouveau, constitue une bonne synthèse.

    Cordialement

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    • Nicolas // 18.03.2015 à 11h12

      « même si on n’y apprend rien de nouveau »
      Figurez-vous que tout le monde n’a pas votre immense savoir. Il y a 20 ans j’aurais bien voulu qu’on me mette en parallèle les méfaits de l’Empire américain et ceux supposés bien pires de l’URSS. À l’époque je croyais encore les foutaises qu’on nous apprend à l’école. Si dès l’enfance vous étiez déjà capable de décerner les mensonges occidentaux, vous avez bien de la chance.
      Et si vous aviez pleinement réalisé l’ampleur du désastre humanitaire qu’a constitué l’effondrement de l’URSS, vous auriez dû écrire un article à ce sujet. Après avoir fait mon petit calcul de surmortalité en Russie depuis 1992, j’ai cherché un peu, et je n’ai rien trouvé en français ou en anglais qui parle de ces millions de morts, en contrepoint de toutes les réjouissances face à la victoire de la démocratie.

        +0

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      • Eliniamor // 18.03.2015 à 20h04

        Mais…

        Ne le prenez pas comme ça, voyons !

        En plus, je ne vous parlais pas à vous, figurez-vous, j’étais simplement content de lire quelqu’un revenant sur cette histoire de révolution et sur le peu de crédibilité à accorder à Sutton… Aussi peu crédible que de penser que le fait qu’un banquier aux abois donne de l’argent aux bolchéviques pour qu’ils ne nationalisent pas sa banque signifie que l’Occident dans sa totalité a « financé » la Révolution russe et les bolchéviques… Pour aller les combattre les armes à la main quelques mois plus tard…

        Vous dites que votre article ne porte pas sur la Révolution, c’est vrai; il est vrai aussi qu’il aurait été difficile de ne pas en parler. Mais avec votre Sutton, vous lancez, comme ça, entre deux virgules, un tel pavé dans la mare, sans rien ajouter ni contextualiser, qu’il est difficile de ne pas tiquer, excusez-moi. Dont acte.

        Vous dites « vous auriez dû écrire un article ». Oui, peut-être. Mais chacun son truc. Vous, vous écrivez sur votre sujet, c’est tout à votre honneur et nous vous en remercions, et nous, les commentateurs, nous laissons des commentaires (assez longs, d’ailleurs), sur des détails que nous connaissons, pour compléter ou rectifier votre propos… Et nous en profitons pour donner notre avis. Je ne vois pas le problème, il n’y a pas d’attaques dans ce type de démarche.

        J’ai le droit d’avoir mon opinion sur votre article… Personnellement, je le trouve très intéressant (si on enlève ce dont nous avons déjà parlé un peu plus haut). Je suis admiratif du travail fourni, vraiment (je vous l’ai déjà dit dans un autre com., en plus), et comme je l’ai dit, c’est une très bonne synthèse; c’est à dire que cela condense en un seul article tout un tas d’idées et de faits éparpillés et difficiles à trouver… C’est donc un travail d’utilité publique. Après, les quelques détails qui me hérissent, je les critique en commentaires, voilà tout.

        Mais je n’ai rien appris de nouveau.
        C’est si grave que ça ?

        Alors OK, si, maintenant que vous le dites, oui, le calcul de surmortalité, certes, là, j’ai appris quelque chose. Je me doutais bien que c’était énorme, mais je ne connaissais pas le chiffre.

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        • Carabistouille // 18.03.2015 à 20h31

          Merci d’éviter la condescendance et l’arrogance si vous voulez éviter les réactions épidermiques.
          Parler de « complotisme » est une agression caractérisée. Qui êtes vous pour vous permettre d’écrire « on » n’y apprend rien.
          Désolé, j’y ai appris personnellement beaucoup. Et j’aurai trouvé que votre intervention aurait gagné à être moins négative, limite trollesque sur la forme.
          Merci de relire la charte des commentaires et vous verrez que vous l’avez enfreint plusieurs fois.
          Dommage, parce qu’on peut tout à fait discuter sur le fond sans se sentir obliger le mépris et la morgue.

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          • Eliniamor // 19.03.2015 à 22h08

            Merci pour la leçon de maintien !

            😉

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        • Eliniamor // 19.03.2015 à 22h59

          Allez, c’est bon, ne le prenez pas mal !
          Figurez-vous que la deuxième partie m’a appris, pour le coup, énormément de choses… Et que j’attends la suite avec impatience…
          Et si vous voulez bien me lire correctement, je n’ai jamais nié le caractère d’utilité publique de votre travail !

          « en occident, les riches n’ont plus besoin d’acheter le pouvoir, puisqu’on leur a donné. »
          Là, par contre, je ne comprends pas… Le fait que ce soit vrai en occident devrait nous interdire de dire que c’est encore plus vrai en Russie…

          Dans le processus d’accaparement de la société par les riches, s’il y’a un pays qui est plus avancé que nous, c’est bien la Russie… Et ça m’attriste profondément. Les indicateurs qui montrent le degré de soumission qu’une société impose aux puissants et aux fortunés sont les niveaux d’imposition, leur progressivité et les institutions relevant de l’Etat social. C’est à dire de la protection de la majorité de la population par la mise à contribution forcée (imposée par la loi) des fortunés et/ou des possédants.

          Qu’en est-il en Russie ? Je vous laisse répondre. A quel moment les riches sont-ils mis à contribution pour améliorer la vie des citoyens ? A quel moment (à part pour faire le malin devant les caméras de télé) une politique quelle qu’elle soit est-elle jamais allée à l’encontre de leurs intérêts économiques de classe ?

          Les ouvriers russes ne peuvent toujours pas se mettre en grève sans risquer des sanctions scélérates, les retraites sont toujours aussi faibles, les enseignants sont toujours aussi ridiculement et scandaleusement payés, les investissements dans l’éducation sont ridicules, dans la santé publique aussi (vous ne vous êtes visiblement jamais fait soigner dans un hôpital public russe, vous !) et les riches toujours aussi peu mis à contribution ! Les quelques bribes de programmes sociaux lancés par Poutine/Medvedev sont financés par la rente pétrolière et pas par la solidarité des riches !

          Certes, aux étages supérieurs, Poutine a imposé aux oligarques que leurs déboires n’aillent pas à l’encontre des intérêts fondamentaux de la Russie en tant que puissance. Ce qui fait qu’il y a un domaine où les oligarques ne dominent pas, c’est le domaine régalien. OK, ça leur fait un terrain de jeu en moins. Mais rappelez-vous que c’est quelque chose dont les riches se sont toujours accommodés au cours de l’histoire, sans aucun problème. Car le compte n’y est pas !! Dans le domaine économique et social, c’est à dire le plus important, celui de la vie des gens, ce sont eux qui font la loi !! Bien plus qu’ailleurs !

          C’est un modèle de type bonapartiste, si on veut, avec un compromis du type: l’oligarchie accepte de ne pas intervenir dans le domaine régalien et de ne pas remettre en cause sa fonction mais, en échange de ce retrait, l’Etat lui garantit la possibilité de continuer à se goberger sur le reste de la population, population que l’on assomme du matin au soir avec la grandeur nationale afin de lui faire croire qu’elle souffre et se fait exploiter… mais pour la bonne cause.

          C’est certes un progrès par rapport aux années Eltsine. Mais la société française reste bien plus solidaire, par exemple, que la société russe, et les riches, malgré leurs coups de boutoir, y sont de toute façon toujours plus soumis qu’en Russie.

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        • Nicolas // 20.03.2015 à 09h33

          @Eliniamor : vous dites en gros que les Russes super-riches se gavent, en Russie, parce que très peu taxés. Et votre solution serait de les taxer plus, pour qu’ils aillent tous continuer de se gaver en Angleterre, en investissant et consommant en Angleterre ? Superbe idée, ils n’ont pas dû y penser au gouvernement, vous devriez postuler. Le gouvernement russe doit résoudre une équation un peu plus compliquée que ce que vous avez l’air de dire. C’est comme pour les avions de lignes en leasing dont je parle dans la partie 2 : s’ils n’autorisent par exemple que les avions enregistrés en Russie pour voler sur les lignes intérieurs, ça mettra à terre toutes les compagnies russes, le remède est pire que le mal.
          C’est l’amélioration de l’industrie russe dans son ensemble qui permettra d’atteindre des retraites correctes pendant qu’en France elles s’amenuiseront.
          Et puis si c’est pire en Russie, expliquez moi pourquoi en Occident les entreprises qui vivent presque exclusivement au crochet de l’État, de Dassaut aviation à Raytheon, ne profitent qu’aux actionnaires privés sans que l’État ne touche ni dividendes, ni n’ait son mot à dire dans la gestion ? C’est ça le système investissement public – bénéfices privés qui est la clé du fonctionnement occidental et qui diffère de la Russie.
          Et quand je pense à l’élève Deripaska qui se fait gronde par Poutine, je ne peux m’empêcher de penser qu’en occident c’est plutôt le contraire : les dirigeants politiques se font régulièrement gronder quand ils ne font pas ce que veulent les super-riches…

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          • Eliniamor // 22.03.2015 à 11h56

            Sarkozy, sors de ce corps ! En fait le bouclier fiscal c’était plutôt cool, finalement ! 🙂

            Ce serait bien la première fois qu’un pouvoir quel qu’il soit s’amuserait à mettre en place, par l’opération du Saint-esprit, un Etat social sans constitution préalable d’un mouvement social suffisamment fort pour créer un rapport de force suffisant face à l’élite poltico-financière. Car il s’agit bien, pour elle et pour la haute administration, de renoncer à une partie de ses revenus générés par l’industrie, afin de les distribuer au reste de la population. Sans mouvement social en mesure de faire pression, pas de redistribution; c’est une loi historique.

            A moins de penser que le régime russe soit d’une essence tellement unique et bienveillante qu’il mettrait de lui-même en place un tel système de solidarité ! C’est beau, mais un peu candide. Extrêmement touchant, toutefois, je le reconnais. Ca rappelle les illusions avec lesquelles les communistes du monde entier regardaient l’URSS…

            Bon, pour redevenir sérieux, à mon avis, si vous voulez que votre opinion tienne la route, il faudrait deux conditions:

            – D’abord que Poutine domine vraiment l’élite économique, ou du moins suffisamment pour lui imposer de renoncer à ses plus-values industrielles afin d’en redistribuer une partie à la population. Or, si Poutine a certes sanctuarisé le domaine régalien de leur pouvoir de nuisance, cette mise à l’écart a été possible et acceptée assez facilement par les oligarques, car on leur assurait qu’on ne toucherait pas à l’essentiel: leur business et les revenus qu’ils en tirent. Que va-t-il se passer si on brise ce compromis ?

            – Deuxième condition: même en admettant que Poutine soit si puissant que cela, il faudrait qu’il ait réellement la volonté de faire pression ou d’imposer à son élite économique de céder sur ces points. C’est à dire qu’il faudrait que son objectif principal soit de faire le bien-être de son peuple. Or, il ne faut pas tout confondre : les intérêts géostratégiques de l’Etat et l’intérêt de la population. Et là, on est obligé de remarquer que Poutine est dans une logique de grande puissance, dans une logique d’affirmation souveraine de la Russie sur la scène internationale. C’est certainement une bonne chose. Mais n’oublions pas que c’est uniquement pour cela qu’il a besoin d’une industrie forte, et surtout dans les secteurs stratégiques. Et aussi pour continuer à enrichir les ultra-riches et conserver leur soutien.

            Mais pas pour augmenter les retraites des Russes ! Car vous oubliez une chose ! Si l’industrie est en effet la condition nécessaire pour qu’il y ait dans le pays quelque chose à redistribuer, sa croissance n’entraîne pas mécaniquement la redistribution des revenus générés à la population.

            Pour que les revenus générés par l’industrie bénéficient à d’autres qu’à ses propriétaires, il faut bel et bien:
            – Mettre en place un système fiscal en mesure de centraliser et de redistribuer des revenus qui, s’ils vont dans les retraites des citoyens, ne vont pas dans les comptes off-shore des oligarques. Or, c’est sous Poutine qu’un taux d’imposition unique et favorable aux riches a été instauré,. Je ne vois rien aujourd’hui, qui irait à l’encontre de cette logique.
            – De même, si on pense aux salaires, au sein des entreprises, les hausses ne se font jamais sur la volonté unilatérale du patron frappé par la grâce. Il faut que les salariés soient en mesure d’imposer un certain rapport de force afin de peser favorablement sur les négociations. Or, la grêve et l’action syndicale sont quasiment interdits en Russie.

            Dans tous les cas, cela impliquerait la mise en place d’un système coercitif, qui viendrait inévitablement léser les intérêts des oligarques: soit en diminuant leur plus-value, soit en faisant payer des impôts aux riches qui possèdent ces activités économiques. Sinon, l’argent généré restera dans leur poche ! C’est donc tout un système qu’il faut mettre en place, en allant à l’encontre des intérêts économiques dominants au sein du pouvoir actuel !

            Et cela implique surtout qu’il y ait une volonté politique pour le faire, pour aller contre les intérêts oligarchiques. Or, il n’y en a pas. Poutine n’est pas un Chavez. Et même Chavez, quand il agissait, c’était sous la pression du mouvement révolutionnaire qui était derrière lui… Personne ne se propose de jouer ce rôle en Russie. Poutine se vit comme une espèce de restaurateur de la puissance russe, dans un rêve impérial et nationaliste qui a sa légitimité mais qui reste extrêmement abstrait, ou du moins qui reste totalement indifférent au niveau de vie de la population. S’il n’y a pas de pression venant de la population elle-même, qui s’organiserait et ferait prévaloir une demande sociale forte, explicitement et politiquement, il ne fera rien. Pour l’instant, il parvient très bien à faire l’unanimité autour de lui sans faire de social, simplement en remplissant les oreilles des citoyens avec du coton rayé orange et noir pour les laisser sourds aux appels répétés de la justice sociale. Et le pays reste verrouillé politiquement et socialement afin que n’émerge pas un tel mouvement.

            Et ça répond à votre première remarque: pourquoi Poutine n’a-t-il jamais pensé à imposer les ultra-riches en Russie ? Pas parce qu’il a peur qu’ils s’en aillent, mais bien parce qu’il n’a jamais eu la volonté politique de le faire ! Il s’agit de ses soutiens politiques, de ses proches ou de ses alliés ! Ce n’est pas son sujet, la justice sociale ! Poutine est l’un d’eux ! C’est un Bonaparte ! Il tape dans le dos de l’ouvrier, mais se garde bien de lui donner des droits et des garanties. Ses proches et son administration s’en mettent plein les poches grâce à ce système. Et il faudrait qu’ils y renoncent ?

            Regardez le second empire: une croissance industrielle exceptionnelle, une alliance de même nature qu’en Russie entre pouvoir politique et élite économique… Et à part Emile Ollivier, qu’y ont gagné les petites gens ? Jamais des institutions sociales n’ont été mises en place sans mobilisation spécifique, ou sans mouvement organisé puissant en mesure de représenter et d’exprimer politiquement ce type d’aspirations. Et ne me parlez pas du KPRF, hein !

            Bref, on n’en prend pas le chemin… Du tout !

            Quant à Deripaska, si ça vous suffit… Etre aussi critique vis-à-vis des médias occidentaux, et aussi perméable au Spectacle et à la propagande orchestrés par les médias russes… J’espère que vous ne déduisez pas d’une telle mise en scène l’idée que Poutine pourrait un jour se faire le défenseur de sa population face à la rapacité des oligarques ? Ce serait bien le seul signe allant dans ce sens qu’il ait donné en quinze ans de pouvoir ! Et c’est bien maigre, comme bilan.

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        • Nicolas // 22.03.2015 à 14h50

          Bon, vous ne faites même pas semblant d’essayer de faire semblant d’essayer de comprendre, je n’essaie pas de vous lire.

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  • Jacques // 18.03.2015 à 10h50

    Nicolas, vous citez les « historiens » que vous voulez, mais ne vous étonnez pas que l’on vous fasse des remarques sur leur crédibilité. Sutton n’en est pas un, il suffit de le lire pour s’en rendre compte. Il sort d’un « think thank » néoconservateur, mais même pour eux il était too much, c.a.d. sévèrement allumé. Dans le climat actuel de confusion intellectuelle générale les sites à tendance conspirationnistes tentent de le faire passer pour un investigateur sans partie pris qui a fait des découvertes sensationnelles par des investigations méticuleuses. Ses théories fumeuses sur le financement de la Révolution d’Octobre par les banques américaines visent à mettre la Révolution russe sur le même plan que le fait bien documenté que la classe dirigeante allemande et internationale a sciemment porté Hitler au pouvoir pour écraser toutes les institutions de la classe ouvrière allemande (partis, syndicats..).
    Vous oscilliez entre un anti-communisme primaire (Lénine buveur de sang) en reprenant la présentation des historiens de droite français du Livre noir du communisme et une réhabilitation du stalinisme suivant vos sources contradictoires.
    Anne Lacroix-Riz est uns stalinienne pur sucre qui tente de nier les millions de mort de la famine en Ukraine. Celle-ci est indéniable même si l’Holodomor reconnu par les canadiens est une construction anticommuniste spécifique créée par la classe dirigeante canadienne qui par ailleurs cautionne sans complexe les aventures les plus sanglantes de l’impérialisme américain.
    Il n’en reste pas moins que Staline en est responsable (et pas la météo…) du fait de sa politique économique en zigzag et de son tempérament de boucher dictateur. Après s’être appuyé sur les koulaks au détriment de l’industrie il a voulu faire brutalement l’inverse sans aucune préparation sérieuse et lancer une réforme agraire au forceps, notamment en Ukraine, qui a tourné à la catastrophe économique qu’il a lui-même amplifiée en voulant briser par tous les moyens la résistance à la collectivisation forcée, d’où famines, déportations de masse, le tout aggravée à plaisir par le régime, ce qui a entrainé des millions de mort.
    Les conséquences ont été dévastatrices, rupture définitive de l’alliance de classe entre le prolétariat et la paysannerie, destruction complète de ce qui restait de la politique des nationalités en URSS initiée par Lénine et Trotsky, énormes destructions dans l’agriculture qui ne s’en est jamais remise jusqu’à la chute de l’URSS, ce qui a sévèrement impacté le niveau de vie de la classe ouvrière, etc.
    Bon je ne vais pas réécrire l’article à votre place, et je n’interviendrai plus sur le sujet, c’est juste pour donner quelques pistes de réflexions aux lecteurs.

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