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9.novembre.20189.11.2018 // Les Crises

[ONU 2018] Débat général de la 73e session (3) – Amérique

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Durant quelques semaines, nous vous proposerons le vendredi les interventions des dirigeants d’un certain nombre de grands pays à l’ONU.

Aujourd’hui, quelques membres venus des Amériques : Canada, Brésil, Mewique, Colombie, Argentine, Pérou, Venezuela, Chili, Cuba, Bolivie

Source : ONU, 29-09-2018

Canada

S.E. M. Marc-André Blanchard, Président de la délégation

1 Octobre 2018

Face à l’ampleur des crises systémiques –changements climatiques, terrorisme, migrations et inégalités– aucun pays ne saurait isolément apporter de réponse, a prévenu M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) pour qui l’Organisation des Nations Unies est la seule capable de relever l’ensemble des défis.

Mais si son pays a contribué à les bâtir, ces institutions internationales ne sauraient rester figées alors que trop de gens demeurent exclus des processus de décision économiques, sociaux et politiques qui affectent leurs vies. Pour cette raison, le Canada soutient la mise en œuvre des réformes, essentielles, conduites par le Secrétaire général António Guterres.

Tout en saluant le Programme 2030, le représentant a souhaité de nouvelles façons de faire pour lever les barrières entre les gouvernements d’une part et la société civile et le secteur privé de l’autre, entre le Nord et le Sud, entre les états d’esprit dits traditionnels et novateurs.

Nous devons procéder différemment au sein des Nations Unies et nos gouvernements doivent apporter davantage de résultats aux populations sur le terrain, a-t-il insisté; développer un plus grand sens de l’urgence; reconsidérer notre approche du risque; et aussi mieux identifier les opportunités.

Citant les changements climatiques, le représentant du Canada a rappelé que la réponse via l’adaptation d’infrastructures plus vertes et plus résilientes coûteraît « 26 billions de dollars d’opportunités », une chance à saisir pour tous, a-t-il martelé. Car les pays en développement ne sauraient être punis pour une situation qu’ils n’ont pas créée, a—t-il dit en reprenant les propos du Premier Ministre canadien.

Le Canada préside cette année le G7, le Groupe des pays les plus industrialisés, une occasion d’abattre les barrières et d’apprendre des autres, a-t-il souligné, en estimant que cette organisation devait s’emparer de l’adaptation aux changements climatiques et améliorer les capacités de reconstruction.

L’engagement du Canada en faveur du multilatéralisme, en particulier du maintien de la paix au sein du système des Nations Unies, impose de soutenir la réforme d’un système bâti par nos grands-parents pour mieux l’adapter aux défis du XXIe siècle, a-t-il également relevé.

Concernant les droits humains et la légalité internationale, le représentant a dénoncé l’annexion et l’occupation illégales de la Crimée et les crimes commis au Myanmar, en Syrie, en Ukraine et au Venezuela, et renouvelé le profond engagement du Canada à améliorer la situation humanitaire des millions de personnes touchées par ces conflits.

Afin de mieux répondre à ces menaces, le Canada compte obtenir un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité en 2012-2022, qui lui permettrait de contribuer effectivement à l’élaboration d’une riposte globale, a-t-il conclu.

Lire la déclaration en français


Brésil

S.E. M. Michel Temer, Président

25 septembre 2018

M. MICHEL TEMER, Président du Brésil, a considéré comme un honneur d’inaugurer le débat général de cette soixante-treizième Assemblée, et s’est réjoui que Mme Maria Fernanda Espinosa soit la première personnalité sud-américaine à présider l’Assemblée, saluant aussi le secrétaire général, qui partage avec lui le même idiome.

« Combien d’orateurs se sont succédé à ce podium pour réclamer des améliorations de l’ordre international que nous avons construit durant des décennies? » s’est d’emblée demandé le Chef d’État. « Probablement beaucoup. Moi-même inclus. Je crois que nous avions raison; hier comme aujourd’hui, nos paroles demeurent de bon sens. Cependant, si nous voulons vraiment améliorer l’ordre mondial, une autre tâche est nécessaire, celle de soutenir l’intégrité de notre système. Un système qui, quoiqu’imparfait, n’a jamais cessé de promouvoir les progrès du genre humain. »

Évoquant « à certains moments, un ciel obscurci par les forces isolationnistes et l’unilatéralisme, d’une manière de moins en moins exceptionnelles », il a ajouté que ces forces « ne sauraient ni ne peuvent nous intimider ». Il s’est dit conscient que le développement du Brésil repose « sur l’ouverture sur le monde, pour que le commerce international et les investissements prospèrent ». C’est « précisément en s’ouvrant aux autres que nous construirons un monde meilleur, et non l’inverse », a insisté M. Temer, avant de déclarer travailler à une politique universaliste. « Dans le Marché commun du Sud (Mercosur), nous avons abattu les barrières commerciales et avons atteint de nouveaux succès », a-t-il affirmé en disant aussi avoir resserrés les liens avec les pays de l’Alliance du pacifique et des partenaires de tous les continents: l’Union européenne, le Maroc, la Tunisie, le Canada, la Corée du Sud ou encore le Liban.

Le Président brésilien a évoqué le protectionnisme comme « un chant de sirène qui sécurise », qui peut séduire, mais qui au final nuit à l’objectif d’atteindre une prospérité globale. Face à l’intolérance, il a mis en avant les valeurs de « dialogue » et de « solidarité ». Citant le chiffre de 250 millions de migrants à travers le monde, M. Temer a appelé à la compassion et l’entraide. « Il est notre devoir de les protéger et c’est dans ce cadre que fut créé le Pacte mondial pour les migrations », a-t-il rappelé.

En l’occurrence, le Brésil absorbe actuellement une large population de migrants vénézuéliens – plus d’un million, a-t-il dit. « Le Brésil a accueilli tous les migrants les bras ouverts » et leur a offert toute l’assistance nécessaire en collaboration avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés, en fournissant des visas de travail, une scolarité pour les enfants ainsi qu’une assistance médicale. « Mais nous savons que la solution à cette crise migratoire sera trouvée quand notre voisin vénézuélien reprendra le chemin du développement. » Il a donné l’exemple de son pays qui, l’an dernier, a adopté une nouvelle loi sur l’immigration, plus moderne, qui reconnaît la valeur ajoutée des immigrés et leur accorde de vastes droits, et notamment le droit de rester au Brésil en tant qu’immigrants.

Qualifiant l’esprit de dialogue et de solidarité d’antidote aux plaies actuelle et de pierre angulaire de la diplomatie brésilienne dans la crise qui secoue le Moyen-Orient, M. Temer a salué le soixante-dixième anniversaire de l’État d’Israël et redit son attachement à la solution des deux États dans le conflit qui l’oppose à l’Autorité palestinienne. Il a aussi réitéré son engagement en faveur de la dénucléarisation et de la paix dans la péninsule coréenne.

« Nous devons réformer le Conseil de Sécurité qui reflète un monde qui n’existe plus », a aussi exigé M. Temer, appelant de ses vœux un renouveau du multilatéralisme, avant de lancer en conclusion un plaidoyer contre la déforestation, pour la maîtrise du réchauffement climatique, et la lutte contre le trafic de drogue.

Lire la déclaration en anglais


Mexique

S.E. M. Enrique Peña Nieto, Président

25 septembre 2018

M. ENRIQUE PENA NIETO, Président du Mexique, dans sa dernière intervention à l’Assemblée générale à ce titre, a assuré que son pays, qui compte parmi les 10 nations les plus peuplées et les 15 plus grandes économies du monde, est « un acteur mondial responsable ». La promotion du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques sont des priorités. Avec la Suisse, le Mexique s’efforce également depuis deux ans de faire du respect des droits de l’homme de tous les migrants, quel que soit leur statut, l’un des principes directeurs du Pacte mondial pour des migrations ordonnées, sûres et régulières.

Après plus de deux décennies d’absence, le Mexique participe de nouveau aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, s’est félicité le Président. Le pays, qui s’est également illustré par sa lutte pour l’élimination de toutes les armes de destruction massive, a ratifié en janvier dernier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. De même, a averti M. Pena Nieto, le trafic des armes illicites représente un fléau auquel il faut s’attaquer de toute urgence. Le régime international de contrôle des drogues doit aussi permettre, selon lui, de passer de la simple interdiction à une régulation efficace qui conjugue les approches de prévention, de santé publique et de droits de l’homme.

Reconnaissant que son pays est confronté à de graves défis en matière de droits de l’homme, le dirigeant mexicain a assuré qu’il avait mis en place des politiques publiques spécifiques pour y répondre et qu’il était ouvert à la surveillance internationale. Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par « l’usurpation du pouvoir, la violation systématique des droits politiques, la rupture de l’ordre démocratique et la crise humanitaire » dans certaines parties du continent américain.

Au niveau international, M. Pena Nieto a dénoncé ensuite « les politiques qui promeuvent l’exclusion; l’exclusion politique des minorités; l’exclusion sociale des groupes vulnérables; l’exclusion économique des moins favorisés; l’exclusion culturelle de ceux qui vivent ou pensent de manière différente ». D’après lui, le multilatéralisme est le meilleur moyen de défendre la souveraineté et la dignité de chaque État, tout en contribuant à la sécurité et au bien-être de la communauté des nations.

En ce sens, M. Pena Nieto a appelé les États Membres à parvenir à un consensus sur une réforme du Conseil de sécurité qui n’admette pas de nouveaux membres permanents et permette aux membres non permanents de participer plus longtemps à ses travaux. Il les a aussi priés de respecter les résolutions du Conseil, notamment en ce qui concerne la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Après avoir souhaité que le Programme 2030 se transforme en « guide mondial efficace pour que personne ne soit laissé de côté », il a salué la nomination de Mme Michelle Bachelet au poste de Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

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Colombie

S.E. M. Iván Duque Márquez, Président

26 septembre 2018

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, intervenant pour la première fois devant l’Assemblée générale depuis sa récente élection, a dit faire partie de cette nouvelle génération de Colombiens « motivée pour unir son pays ». Engagée sur la voie du progrès et du développement économique grâce à ses institutions démocratique, la Colombie a réussi à élargir sa classe moyenne et a réalisé des progrès considérables en termes d’égalité homme-femme, a souligné M. Duque Márquez, ce dont témoigne son cabinet paritaire. Plus que jamais, il faut être motivé dans la recherche de la justice sociale et pour parvenir à un pacte pour l’égalité en Colombie, loin des discours de haine et de division, a-t-il dit.

La volonté du Président de combler les écarts sociaux se reflète dans son engagement en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable. La paix, a-t-il ajouté, doit s’inscrire dans le cadre de l’état de droit. Il a assuré que son gouvernement allait œuvrer pour que le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion puisse progresser. Il apportera « à tous ceux qui ont misé sur une véritable réinsertion » toutes les possibilités de progrès qui leur sont dues.

M. Duque Márquez tient également à œuvrer pour qu’il y ait des ressources et des investissements générateurs d’espoir dans toutes les régions du pays. Il a toutefois souligné la fragilité budgétaire et celle des institutions colombiennes, mais a assuré que l’objectif de la Colombie est bien de poursuivre sur la voie de la réconciliation et d’abandonner la violence. Son gouvernement ne tolèrera pas une reprise des violences et, a averti le Chef d’État, « tous ceux qui recherchent l’instabilité subiront le poids de la justice ».

Reconnaissant la croissance de la production de stupéfiants en Colombie, il s’est engagé à désarticuler les réseaux criminels transnationaux, martelant toutefois qu’il s’agit d’une menace collective. Le trafic de stupéfiants en Colombie détruit les institutions et amène la corruption, a-t-il affirmé estimant que la lutte contre les stupéfiants est un devoir moral pour son gouvernement. Cette lutte nécessite cependant une action collective, et, il a salué le fait que 130 États se soient engagés en ce sens, sous la houlette des États-Unis.

La corruption représente une menace pour la démocratie et il convient d’y opposer des mesures fortes, a reconnu M. Duque Márquez qui a d’ores et déjà proposé des initiatives à cet effet dans le cadre des grands projets nationaux. Il a invité la communauté internationale à agir dans le même sens et à redoubler d’efforts pour venir à bout de la corruption par le biais de sanctions judiciaires et sociales.

M. Duque Márquez a ensuite souligné la volonté de faire de son pays une Colombie verte, digitalisée, attachée à la protection de la biodiversité et aux énergies renouvelables ainsi qu’à une citoyenneté renforcée. Mais, a averti le Chef d’État, la réalisation des objectifs de développement durable est mise en péril par l’ampleur des migrations. Il a cité à ce titre les nombreux réfugiés vénézuéliens que la Colombie accueille en ce moment: près d’un million. Il s’agit de la plus grande crise migratoire de la région, qui s’explique par la dictature vénézuélienne, a expliqué le Président colombien avant d’appeler le monde à agir et à s’unir pour que cet exode tragique prenne fin. M. Duque Márquez, qui souhaite que l’ONU réponde à cette demande, a salué la nomination récente d’un représentant spécial pour se charger de la question des migrants vénézuéliens. Il aurait souhaité toutefois que cette nomination s’accompagne de la mise en place d’un fonds multilatéral pour aider les pays hôte à subvenir aux besoins de ces réfugiés. La Colombie demande en outre que les responsables de cette crise migratoire soient traduits devant la CPI.

Plus que jamais le monde a besoin du multilatéralisme, a estimé le Président colombien avant de conclure en disant que « la Colombie de la légalité et de l’esprit d’entreprise est en bonne voie ».

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Argentine

S.E. M. Mauricio Macri, Président

25 septembre 2018

M. MAURICIO MACRI, Président de l’Argentine, a souligné que son pays traversait une période de changements profonds. « Mais nous changeons sans prendre de raccourcis et sans compromettre le futur », a-t-il assuré. « Nous sommes en train de bâtir des consensus pour un développement équitable et durable. » Il a replacé l’Argentine dans le contexte de l’intégration régionale, et de la coopération entre les pays du MERCOSUR et de l’Alliance du Pacifique, dans le respect des valeurs de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme.

Préoccupé par la situation des droits de l’homme au Venezuela, le Président argentin a indiqué qu’il porterait à l’attention de la Cour pénale internationale (CPI) « les crimes contre l’humanité de la dictature vénézuélienne ». Il a appelé ce pays à reconnaitre la crise humanitaire pour que puisse se déployer l’aide internationale. Pour sa part, a précisé M. Macri, l’Argentine a accueilli 130 000 Vénézuéliens.

Par ailleurs, le Chef de l’État a plaidé pour la création d’une instance judiciaire complémentaire au niveau régional pour lutter contre la criminalité organisée. Condamnant le terrorisme sous toutes ses formes, il a rappelé que cinq ressortissants argentins avaient été tués dans un attentat à Manhattan le 31 octobre 2017.

M. Macri a ensuite tenu à réaffirmer « les droits souverains légitimes et imprescriptibles » de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes avoisinants. Il a également réaffirmé l’engagement de son gouvernement dans la nouvelle phase de sa relation avec le Royaume-Uni, fondée sur le renforcement de la confiance.

Enfin, le Président a annoncé que l’Argentine accueillera en 2019 la Conférence de haut niveau sur la coopération Sud-Sud. Le pays se prépare en outre à présider le G20 à Buenos Aires, le 30 novembre prochain, puis la Conférence des Parties chargées d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en 2020.

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Pérou

S.E. M. Martin Vizcarra Cornejo, Président

25 septembre 2018

M. MARTÍN VIZCARRA CORNEJO, Président du Pérou, s’est félicité d’avoir su traverser, au cours des six premiers mois de son mandat, une série de crises politiques et institutionnelles, dans le respect de la Constitution. Ce faisant, il a estimé avoir apporté à son pays la stabilité politique longtemps recherchée. Il a rappelé la tenue récente du Sommet des Amériques, qui a mené à la signature du Compromis de Lima sur la gouvernance démocratique et la corruption, qui prévoit 57 mesures destinées à renforcer la coopération régionale en matière de lutte contre la corruption. « Rien ne peut se construire sur la base d’entités corrompues », a-t-il dit. Il a également fait état de l’adoption par son gouvernement de la Politique générale de gouvernance 2021 et du Plan national d’intégrité et de lutte contre la corruption 2018-2021. De plus, un projet de loi relatif à la réforme du système judiciaire et politique sera soumis à un référendum le 9 décembre prochain.

Le Pérou compte promouvoir l’adoption d’une résolution en lien avec la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption afin de renforcer la coopération entre les États pour combattre ce « fléau », a poursuivi le Président, tout en invitant les États Membres à réaffirmer leur engagement à cet égard. « La corruption détourne 5% du PIB mondial au profit de quelques-uns, au lieu d’allouer ces ressources à la mise en œuvre des objectifs de développement durable pour ceux qui en ont besoin », a dénoncé M. Vizcarra Cornejo.

Considérant la biodiversité comme le principal « capital naturel » dont dispose le Pérou, il a plaidé en faveur de l’adoption d’un cadre juridique permettant d’assurer des investissements prévisibles dans la lutte contre les changements climatiques. « Notre population la plus pauvre est aussi la plus vulnérable aux effets des changements climatiques » a-t-il relevé, avant de vanter l’adoption d’un plan d’action national à ce sujet. Après avoir réaffirmé son engagement à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a déclaré vouloir s’attaquer en priorité à la violence et à la discrimination contre les femmes, afin de mettre un terme aux inégalités structurelles dont elles sont victimes.

Dans un contexte international marqué par la résurgence du nationalisme et du protectionnisme économique, de la discrimination et de la xénophobie, le Président péruvien a réaffirmé l’engagement de son pays envers le multilatéralisme et les principes de la Charte des Nations Unies. En tant que membre du Conseil de sécurité, le Pérou entend contribuer pleinement à la paix et à la sécurité internationales, notamment au sein des opérations de maintien de la paix.

Évoquant la « vocation démocratique » du Pérou, M. Vizcarra Cornejo a condamné la rupture de l’ordre constitutionnel au Venezuela et jugé illégitimes les élections du 20 mai 2018. Après avoir exprimé sa solidarité avec le peuple vénézuélien, il a rappelé l’adoption par son gouvernement de mesures afin de régulariser la situation des 450 000 Vénézuéliens arrivés au Pérou en quête d’un « avenir digne », une situation sans précédent dans la région.

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Venezuela (République bolivarienne du)

S.E. M. Nicolás Maduro Moros, Président

26 septembre 2018

M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président du Venezuela, a exhorté le système des Nations Unies à s’adapter au XXIe siècle, arguant que les événements mondiaux ont toujours des impacts sur l’ONU. C’est la raison pour laquelle le Venezuela est venu, ici, dire qu’il refuse de céder face à l’injustice, à l’esclavage, au colonialisme et à l’impérialisme. Le Venezuela est un pays agressé, a affirmé M. Maduro. « Le Président des États-Unis d’Amérique nous a menacé, hier, en jouant son rôle de justicier du monde qui est une émanation de la doctrine Monroe. » Aujourd’hui, le Venezuela est victime d’une agression permanente de la part de Washington, sur les plans politique, diplomatique et économique, a encore clamé le Président du Venezuela qui a demandé: « pourquoi ces assauts? »

C’est parce que le Venezuela possède la plus grande réserve de pétrole au monde, a-t-il répondu en faisant valoir les grandes richesses naturelles et minières de son pays. « Si c’est confirmé, le Venezuela possède la première réserve d’or au monde », a-t-il même avancé en poursuivant son décompte: le Venezuela possède la quatrième réserve mondiale de gaz naturel. En même temps, le Venezuela subit le blocus économique que lui imposent les États-Unis, a dénoncé le Président Maduro en se plaignant qu’on interdise à son pays d’utiliser le dollar dans ses transactions internationales. « Nous sommes soumis à des sanctions unilatérales illégales. »

« Le Président des États-Unis a aussi annoncé hier de nouvelles sanctions économiques contre le Venezuela dans cette enceinte même des relations internationales », a poursuivi M. Maduro en prévenant que l’arme de la monnaie est illégale sur le plan international. Il a aussi dénoncé l’agression médiatique internationale dont est victime son pays. Cette agression a utilisé la crise migratoire pour justifier une intervention militaire au Venezuela, a-t-il argumenté.

Pour le Président vénézuélien, c’est le même modèle déjà utilisé en Libye et en Iraq pour renverser des gouvernements légitimes qui est utilisé pour agresser le Venezuela. « Nous avons dénoncé ces tentatives de coup d’État contre le Gouvernement élu de Venezuela. » Se disant ravi de l’échec de ces tentatives qui étaient selon lui « soutenues par le Gouvernement de la Colombie », M. Maduro s’est demandé si l’Amérique latine et les Caraïbes acceptaient de telles interventions étrangères.

Rappelant « l’attaque terroriste » dont il a été la cible le 4 août dernier, le Président Maduro a affirmé que cet attentat avait été planifié sur le territoire des États-Unis et préparé sur celui de la Colombie. Des fonctionnaires du Mexique, du Chili et de la Colombie sont mentionnés par les personnes qui ont été arrêtées lors de l’enquête après l’incident, a-t-il indiqué, avant de demander la nomination d’un enquêteur spécial indépendant des Nations Unies pour faire la lumière sur l’attaque du 4 août et cette tentative de coup d’État. Il a jugé souhaitable que le Gouvernement des États-Unis permette au « Federal Bureau of Investigation » (FBI) de participer à l’enquête pour déterminer la vérité. « Je suis en outre prêt à serrer les mains du Président des États-Unis pour parler de ces questions et d’autres questions bilatérales », a avisé le Président Maduro.

« Ce sont les gens qui ont des divergences d’opinions qui doivent dialoguer. Je suis prêt à parler ouvertement avec le Président Donald Trump de toutes les questions que veut poser le Gouvernement des États-Unis », a précisé M. Maduro, disant croire au dialogue politique. « J’ouvre les bras à tous ceux qui veulent aider dans ce dialogue, dans le respect de notre souveraineté, qu’ils viennent d’Afrique, d’Europe, d’Asie ou d’Amérique latine. »

Refusant un monde unipolaire, le Président du Venezuela, en tant que Président en exercice de Mouvement des pays non alignés, a apporté son appui au peuple palestinien, et appelé à la fin immédiate du blocus économique et financier contre Cuba. « Après 20 ans de révolution, ces trois dernières années ont été les plus dures mais aujourd’hui nous sommes plus forts que jamais », a-t-il reconnu.

Lire la déclaration en anglais


Chili

S.E. M. Sebastián Piñera Echeñique, Président

27 septembre 2018

M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHEÑIQUE, Président de la République du Chili, a estimé que les trois grands défis de la communauté internationale identifiés par l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, il y a 20 ans, sont toujours d’actualité. La sécurité, le développement ainsi que les droits de l’homme et l’état de droit forment toujours le noyau de « notre ordre mondial », même s’ils se présentent sous des formes nouvelles. Selon lui, l’ordre mondial en émergence, fondé sur la démocratie occidentale et l’économie de marché, a engendré de nouvelles tensions. Les menaces à la paix et à la sécurité internationales persistent sous la forme du terrorisme, des conflits armés et du crime organisé transnational, a relevé le Président, et ont provoqué une crise migratoire à grande échelle. Il s’agit d’un défi qui interpelle la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il ajouté, y compris le Chili, qui s’est engagé à assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières. Il faut donc trouver un équilibre entre le « droit souverain des États » de réguler l’entrée des migrants sur leur territoire et le respect des droits fondamentaux, a considéré M. Echeñique.

Pour le Président chilien, le développement doit être exhaustif, inclusif et durable, à l’image des objectifs de développement durable et du Programme 2030. Pour cette raison, le renforcement du multilatéralisme droit transcender les initiatives économiques récentes telles que le partenariat transpacifique ou la Coopération Asie-Pacifique. Le « vrai » développement se mesure à l’aune du traitement des personnes les plus vulnérables et de la protection de l’environnement, a poursuivi M. Echeñique, pour qui il y va de la survie même de l’humanité.

Notre génération est la première à souffrir des effets des changements climatiques, a-t-il rappelé, mais également la seule qui puisse encore en contrer les effets. Pour sa part, le Chili a établi des aires de protection de la biodiversité, y compris des zones de protection marines, ainsi qu’une « route de l’énergie » verte, en plus de bannir l’usage des sacs plastiques. Pour soutenir ces efforts, il a préconisé le recours à la technologie et au système multilatéral international.

Rappelant le trentième anniversaire du référendum qui a ouvert la voie au retour de la démocratie dans son pays, le Président Echeñique a déclaré la période de transition politique terminée. Selon lui, le Chili doit maintenant se transformer en un pays développé, dans le respect des droits de l’homme et de l’état de droit. Il a dénoncé le traitement infligé aux Vénézuéliens « privés de voix » par le Gouvernement « autoritaire et antidémocratique » du Président Maduro. Une situation similaire à celle qui prévaut au Nicaragua et à Cuba, « pays frères » où les libertés ont été restreintes, a-t-il dit.

Le Conseil de sécurité, héritage de la Seconde Guerre mondiale, n’est plus à même de répondre à ces défis, a considéré le Président, et sa composition ne reflète plus la réalité du monde, alors que l’Afrique, le Japon, l’Allemagne, l’Inde et l’Amérique latine en sont exclus.

Lire la déclaration en anglais


Cuba

S.E. M. Miguel Díaz-Canel Bermúdez, Président du Conseil

26 septembre 2018

M. MIGUEL DÍAZ-CANEL BERMÚDEZ, Président du Conseil d’État et du Conseil des ministres de Cuba, a pesté « contre l’absurdité d’un monde dans lequel 0,7% de la population possède 46% des richesses », des chiffres qui sont utilisés par les organisations internationales mais qui ne semblent pas avoir éveillé suffisamment les consciences, selon lui. Pauvreté, malnutrition, manque d’accès à l’eau potable « n’ont pas pour origine le socialisme, comme le Président des États-Unis l’a dit hier. Ils sont les conséquences du capitalisme, et surtout de l’impérialisme et du libéralisme », a rétorqué le Président cubain.

Poursuivant un argumentaire anticapitaliste, M. Bermúdez a accusé le capitalisme d’engendrer le colonialisme, le fascisme, le terrorisme, l’apartheid, la guerre et la sujétion des peuples. « Ne nous y trompons pas, nous disposons d’assez de ressources matérielles, financières et technologiques pour éradiquer la pauvreté. » Ce qui manque, selon le dirigeant cubain, c’est la volonté des pays industrialisés, alors qu’ils « ont le devoir moral, la responsabilité historique et les ressources abondantes pour résoudre les grands problèmes mondiaux ».

Il a pointé du doigt les États-Unis, « un des grands pollueurs d’hier et d’aujourd’hui », pour s’être retirés de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, « mettant en danger les générations futures et la survie de toutes les espèces, y compris l’espèce humaine ».

M. Bermúdez a constaté que « l’hégémonisme, l’impérialisme nucléaire et militaire se perpétuaient et s’étendaient encore davantage », au détriment des espoirs de la majorité des peuples pour un désarmement général et complet. À cet égard, il a noté que Cuba était devenu le cinquième État à ratifier le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires, le 31 janvier dernier.

Il s’est désolé de la multiplication des conflits d’ampleur locale, des guerres d’agression « déguisées en interventions humanitaires », de putschs téléguidés de l’extérieur, des « coups d’État en douceur » et de l’ingérence d’États dans les affaires internes d’autres nations « sous le couvert d’excuses les plus diverses ».

S’élevant contre la militarisation de l’espace, et aussi du cyberespace, Cuba s’est aussi prononcé contre l’usage illégal des technologies de l’information et de la communication par un État pour en attaquer un autre.

Il a terminé son allocution en critiquant l’usage abusif du droit de veto des États-Unis au Conseil de sécurité: M. Bermúdez a exigé une réforme immédiate du fonctionnement de ce dernier.

Lire la déclaration en français


Bolivie (État plurinational de)

S.E. M. Evo Morales Ayma, Président

26 septembre 2018

Rappelant les idéaux de paix et de justice qui ont mené à la création de l’ONU, M. EVO MORALES AYMA, Président de l’État plurinational de Bolivie, a déclaré que son pays attend avec impatience la décision de la CIJ, attendue la semaine prochaine, portant sur l’obligation faite au Chili de négocier un accès « souverain » à l’océan Pacifique avec la Bolivie. Il a expliqué qu’il s’agit de la responsabilité partagée des deux États de parvenir à des solutions justes dans le cadre du droit international, ajoutant que c’est une question « d’intérêt hémisphérique » reconnue par l’Organisation des États américains. Ce différend compromet l’intégration régionale, a considéré le Président, ajoutant que pour sa part, la Bolivie recherche une solution durable, à même de satisfaire les deux parties et de favoriser le développement.

Il a dit espérer que l’arrêt de la CIJ sera reconnu et permettra d’initier des négociations fructueuses afin de mettre un terme à « l’enfermement » de son pays, qui demeure sans littoral. L’origine de ce différend territorial remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque des « intérêts corporatifs étrangers » ont provoqué une confrontation afin de s’approprier les ressources de la région, a déclaré M. Morales, se disant convaincu que la décision de la Cour marquera le début d’un « temps nouveau » dans les relations entre la Bolivie et le Chili.

Le Président Morales a décrit les trois grandes menaces auxquelles fait face l’humanité, à commencer par les changements climatiques. Pour faire face aux phénomènes climatiques toujours plus sévères, des efforts mondiaux tels que l’Accord de Paris sont nécessaires, a poursuivi M. Morales, tout en soulignant l’importance de s’attaquer aux causes profondes de ces crises. Il a pointé du doigt les États-Unis, « principal contaminateur de l’histoire de l’humanité », considérant les « changements climatiques indissociables du capitalisme ».

Pour le Président, la « culture de la guerre » et les risques de catastrophes nucléaires qui en découlent représentent une grande menace pour l’humanité. Les dirigeants qui parlent de paix sont souvent, en fait, les mieux armés, a-t-il relevé, notant que les dépenses militaires sont en hausse constante. Les inégalités constituent une autre grande menace, alors que la richesse est sans cesse plus concentrée entre les mains de quelques-uns. « Nous ne vivons pas dans un monde de redistribution de la richesse, mais bien d’accumulation de la richesse et de redistribution de la pauvreté », a-t-il relevé.

M. Morales a rejeté de façon vigoureuse le « blocus économique » « illégal, inhumain et criminel » imposé par les États-Unis contre Cuba et réclamé l’octroi d’indemnisations, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale. Il a estimé que la « République soeur » du Venezuela a été victime d’une « agression » de la part des États-Unis, réaffirmant le rejet par les États d’Amérique latine de toute intervention militaire.

Lire la déclaration en espagnol

Source : ONU, 29-09-2018

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