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23.mai.201723.5.2017 // Les Crises

Populisme, c’est comme les trains, ça peut en cacher un autre … Par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 10-04-2017

« Je m’inquiète quand je vois le populisme en Europe progresser, l’extrémisme et la contestation de ce qui est le fondement même de la République » (François Hollande, 21 février 2015). Nul citoyen français censé ne peut prendre à la légère cet avertissement lancé par « Le Président de la République (qui) veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités » (article 5 de la Constitution du 4 octobre 1958).

En quoi consiste donc ce danger, qualifié de populisme, qui minerait jusqu’au fondement même de la République et, par voie de conséquence, de la démocratie et de l’État de droit ? Rien que cela, me direz-vous ! De telles mises en garde sont lancées régulièrement à la veille de chaque grande consultation électorale, non seulement en France, mais aussi en Europe et en Occident. Qu’en penser ? Force est de constater, pour compliquer notre tâche de compréhension du phénomène, que la signification du mot populisme est relativement floue et varie selon la personne qui l’utilise1. Le moins que l’on puisse dire est que ce mot est généralement utilisé dans un sens péjoratif. Il est traditionnellement synonyme de démagogie, d’électoralisme et d’opportunisme. En un mot, il n’est jamais bon pour un homme (une femme) politique de se voir affublé du qualificatif de populiste tant il résonne mal chez le commun des mortels, assimilé qu’il est au sceau de l’infamie.

C’est une sorte de mistigri que les hommes politiques se refilent comme la patate chaude. Après avoir analysé la genèse du concept de populisme (l’amour du peuple), nous pourrons plus facilement en mesurer les évolutions passées (la haine du peuple) pour mieux en déguster son actualité la plus récente (l’élite contre le peuple).

GENÈSE DU POPULISME : L’AMOUR DU PEUPLE

Comme souvent avec des mots valise, comme l’est celui de populisme employé à tort et à travers (volontairement ou involontairement), il est essentiel de tenter de le définir avant d’en analyser la généalogie au cours de l’Histoire récente.

Définition de populisme : la parole au peuple

« Cela fait déjà quelques dizaines d’années que le terme de ‘populisme’ est entré dans le vocabulaire politique courant, avec en général des connotations négatives »2. Si l’on s’en tient à son étymologie, le terme « populisme » vient tout simplement du terme latin populus qui signifie peuple.
Historiquement, le populisme est un mouvement politique russe de la fin du XIXe siècle qui lutte contre le tsarisme en s’appuyant sur le peuple et en prônant la transformation des communautés agraires traditionnelles. En politique, le populisme désigne l’idéologie ou l’attitude de certains mouvements politiques qui se réfèrent au peuple pour l’opposer à l’élite des gouvernants, au grand capital, aux privilégiés ou à toute minorité ayant « accaparé » le pouvoir… et qui sont accusés de trahir, de manière la plus égoïste, les intérêts du plus grand nombre.

Pour ceux que l’on qualifie de « populistes », la démocratie représentative fonctionne très mal et ne tient pas ses promesses. Prônant une démocratie plus directe, ils ont donc pour objectif de « rendre le pouvoir au peuple ». Lorsqu’ils sont au pouvoir, les populistes peuvent parfois remettre en question les formes habituelles de la démocratie au profit d’un autoritarisme s’appuyant sur des institutions censées, selon eux, être authentiquement et réellement au service du peuple.

Le décor est ainsi planté. Il importe désormais, pour mieux l’appréhender, de savoir comment ce concept s’est-il développé au cours des siècles passés, dans sa dimension temporelle mais également sur quels territoires, dans sa dimension spatiale ?

Généalogie du populisme : la gauche démocratique et égalitaire

Dans son acception politique, le populisme originel n’est pas toujours « réactionnaire », comme on peut le voir à partir de l’exemple des trois « populismes fondateurs » qui se développent à partir de la fin du XIXe siècle.

Le premier courant « populiste » est celui du « narodnichestvo » russe qui renvoie aux premières générations révolutionnaires des années 1860. Ce mouvement cherche une voie nouvelle vers la transformation sociale dont le fonds commun est constitué par une approche démophile et démocrate, qui fait de la rencontre entre l’intelligentsia et le « peuple » la condition de la régénération de la Russie. La principale postérité du mouvement se situe dans le parti démocratique et socialiste des Socialistes révolutionnaires (SR) qui participe à la révolution russe, et dont une fraction accepte le coup d’État d’Octobre avant d’être écrasé par Lénine en 1918.

Le populisme américain repose lui aussi sur des bases « agrariennes » ou paysannes. Le People’s Party, né en 1892 à Saint-Louis, est essentiellement un mouvement agrarien issu d’une révolte contre la baisse des prix des produits agricoles et contre les crédits trop élevés. Son idéologie reprend les thèmes politiques issus de la tradition d’inspiration jeffersonienne d’une démocratie qui recherche le soutien et la participation du peuple. Ce que ces partis ont de « réactionnaires » tient au racisme, à la défense de la ségrégation, l’hostilité à l’immigration non-européenne, le zèle religieux puritain, la prohibition de l’alcool.

Le troisième « populisme fondateur », le boulangisme français, est très différent des deux précédents, et sans doute plus proche du sens contemporain (européen) du terme. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a une image plus négative que ses équivalents russe et américain. Le boulangisme est un mouvement urbain, petit-bourgeois et ouvrier et dont le programme politique est plus nationaliste et plébiscitaire que démocratique. Il s’incarne dans la figure d’un leader populaire, le général Georges Boulanger. Il se présente comme un mouvement situé au-delà de l’opposition entre la gauche et la droite, ce qui, comme chacun le sait, le situe plutôt à droite, même très à droite.3

Comme nous le verrons, le concept de « populisme » ne constitue pas un concept figé. Bien au contraire, au fil du temps, il évolue à fronts renversés. De gauche, il passe à droite. Du peuple, il s’en éloigne.

ÉVOLUTION DU POPULISME : LA HAINE DU PEUPLE

Dès le départ, nous percevons une difficulté ontologique lorsque nous voulons appréhender de manière fine la signification du concept de populisme, voire l’appréhension de ce concept dans toutes ses dimensions actuelles.

Signification du populisme : la haine du peuple

Le terme populisme est en général utilisé dans un sens péjoratif par ses opposants, c’est-à-dire les classes dirigeantes ou les politiciens au pouvoir, pour amalgamer et critiquer tous les « archaïsmes » et freins au développement de leur politique qu’ils pensent détecter parmi le peuple.
Le terme « populisme » sert aussi à dénoncer les démagogues qui mobilisent le peuple par des promesses électoralistes ou qui flattent ses « bas instincts » comme le nationalisme, la xénophobie, voire le racisme, l’antisémitisme la discrimination ou qui exacerbent les réflexes sécuritaires.

Le contour du mot « populisme » est relativement flou et varie selon celui qui l’utilise. De nos jours, il est souvent considéré comme synonyme de démagogie, d’électoralisme, d’opportunisme. Parmi les exemples de mouvements populistes, on cite souvent le boulangisme, le poujadisme (France), le péronisme (Argentine)4. Quels sont les termes connexes du mot populisme, d’après le dictionnaire ? On cite pêle-mêle les termes de clientélisme, de démagogie, de démocratie d’opinion, d’électoralisme, d’opportunisme, de peuple, de doxocratie, de peuple.

En France, la question revient de manière récurrente à propos de la qualification politique du Front national de Marine Le Pen. S’agit-il d’un parti fasciste, populiste, nationaliste, poujadiste ou d’extrême droite ? De même, existerait-il un « populisme » d’extrême gauche dans la mesure où les partis qui s’en revendiquent font appel au peuple et dénoncent l’élite qui contournerait systématiquement le suffrage populaire (Cf. le refus du recours à la voie référendaire pour trancher les questions européennes) ?

Appréhension du populisme : la haine du nationalisme

« Le populisme est le plus dangereux des narcotiques, le plus puissant des opiums pour endormir et anéantir l’intelligence, la culture, la patience et l’effort conceptuel » écrit le philosophe Michel Onfray. On l’aura compris, il ne fait pas bon se revendiquer aujourd’hui du « populisme » de près ou de loin tant ce qui entoure le peuple est méprisable. Finis les bals populaires, les soupes populaires, les traditions populaires, les fêtes populaires, la culture populaire… À l’ère de la « mondialisation heureuse », tout ceci sent le rance. Le président, François Mitterrand n’avait-il pas déclaré que le nationalisme (synonyme de populisme), c’était la guerre ? Le président Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas cru intelligent de faire contourner par le Congrès le refus référendaire du traité constitutionnel européen ?

Plus récemment, dans une tribune publiée par le Monde le 9 mars 2017, l’ambassadeur de France à Tokyo écrit : « « Vous traiterez ce message avec mépris, en invoquant la souveraineté du peuple que personne, et certainement pas les fonctionnaires, ne voudra contester. Mais il arrive au souverain de se tromper, en particulier lorsqu’il est en colère ». De proche en proche, n’est-ce pas la souveraineté du peuple qui est mis en cause ? Pourquoi ne pas proposer de dissoudre le peuple (Bertolt Brecht) lorsqu’il vote mal, ce serait plus clair ? Ce dédain du peuple par nos élites n’expliquerait-il pas, en partie, le succès du Front national en France et de ses homologues dans les pays européens au cours de la dernière décennie ? Et voilà comment, au pays de la Révolution française, de la philosophie des Lumières, de Descartes et de Voltaire, on traite le peuple. N’est-ce pas un crime contre l’esprit qui pourrait mal finir un jour ou l’autre ? La seule manière de traiter le vent de désespoir populaire, qui enfle les voiles du Front national, consiste-t-elle à nier les problèmes pour ne pas avoir à les affronter pour mieux les résoudre ?

Pense-t-on sérieusement un seul instant que c’est en taxant de complicité avec les faits que certains ont le courage de décrire que l’on réglera un problème durable comme celui de la montée du « populisme » en Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Slovaquie…) ?

ACTUALITÉ DU POPULISME : L’ÉLITE CONTRE LE PEUPLE

En dépit des commentaires intervenus après les élections, du 15 mars 2017, aux Pays-Bas (sorte de victoire à la Pyrrhus), les élections futures en France, en Allemagne pourraient réserver quelques surprises, au premier rang desquelles la dénonciation de la trahison des élites.

Les élections néerlandaises : une victoire à la Pyrrhus

À la veille d’un scrutin serré qui met son parti en compétition avec celui de Geert Wilders, le premier ministre néerlandais, Mark Rutte – surnommé téflon tant les critiques le laissent indifférent – stigmatise « Le mauvais populisme » et en appelle au « vote utile » contre son adversaire5. Nous découvrons, à l’occasion des élections législatives néerlandaises du 15 mars 2017, que le populisme, ce serait comme le cholestérol, il y aurait le bon et le mauvais, d’une part et qu’il y aurait des votes utiles (lesquels ?, on imagine venant des électeurs qui votent pour lui) et des votes inutiles (lesquels ?, on pense à ceux qui voteraient pour le parti du dirigeant d’extrême-droite). Mark Rutte se réjouit, après le vote, que ses concitoyens aient « dit stop au populisme de mauvais aloi ». Mais personne ne nous dit quelle autorité morale, quelle conscience universelle définirait la notion de vote utile, de bon populisme, de populisme de mauvais aloi ? Là, les choses se corsent pour le cartésien que nous sommes.

Mais, nous pouvons dormir sur nos deux oreilles : Mark Rutte remporte les élections même en perdant un certain nombre de députés. Les médias « mainstream » comme Le Monde n’ont pas assez de superlatifs pour saluer cette victoire du Bien contre le Mal : « Défaite de l’extrême droite aux Pays-Bas »6 (le journaliste se félicite de ce que le « printemps des populistes » n’ait pas commencé à La Haye), « Pays-Bas, la digue européenne tient bon »7 (l’éditorialiste y voit une nouvelle preuve de la vigueur de la résistance démocratique à la montée du populisme). Les présidents du Conseil et de la Commission semblent toujours aussi aveugles que sourds aux préoccupations des peuples, estimant le danger définitivement écarté. Le nouveau président du parlement européen, Antonio Tajani semble le seul à vouloir poser la bonne question, à savoir : « Répondons aux populismes par une Europe des actes »8. Reste désormais à savoir ce que seront ces actes dans les mois à venir !

Les élections futures : la trahison des élites

Les dirigeants européens (François Hollande salue une « victoire claire contre l’extrémisme ») et l’élite europhile et mondialiste (au moment où l’Amérique tourne le dos à la mondialisation, François Hollande pourfend le protectionnisme à Singapour9) auraient tort de se réjouir trop tôt. Pas plus que les médias qui s’avancent un peu vite, comme ils l’avaient fait avec la clairvoyance que l’on sait sur le « Brexit » et sur Donald Trump. Dans une approche idéologique, les éditorialistes du Monde et de Libération voient la réalité avec des œillères.

Le Monde décrète doctement : « La crise de croissance des populismes européens »10 tout en reconnaissant « Le génie populiste »11. Une hirondelle ne fait pas le printemps, c’est bien connu. Ils pourraient déchanter dans les mois à venir. En effet, par ces temps de grosse tempête, rien n’est jamais stabilisé. Comme le souligne justement, Geert Wilders (après son semi-échec) : « On ne remet pas si facilement le génie dans la lampe ». L’effet domino n’est pas à exclure à tout jamais12. L’affaire néerlandaise est le signe d’un désamour croissant entre les peuples européens et leurs élites sur des problématiques fondamentales qui tournent autour du périmètre acceptable de la mondialisation, de la construction européenne13. Que voulons-nous faire de l’Europe soixante ans après son lancement ?14

Cette crise de confiance n’est pas parvenue à son terme. On ne peut la juguler en faisant comme si de rien n’était après chaque élection qui voit une défaite (relative et non absolue) des partis « populistes ». Les questions pertinentes qu’ils mettent sur la table n’auront pas disparu d’un seul trait de plume ou de tribunal médiatique (arme de destruction idéologique massive). Les peuples sont là pour le rappeler à chaque occasion qui lui est donnée de le faire. À titre illustratif de ce mépris de la souveraineté du peuple, nous rappellerons que l’ex-président de la Catalogne (Espagne), Artur Mas est condamné, le 13 mars 2017, à deux ans d’inégibilité pour avoir organisé une « consultation » sur l’indépendance de la région15. Qui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ?

Continuons à lire et à entendre que les Français votent mal et qu’il faut que le microcosme bien-pensant ait à corriger leurs erreurs pour affaiblir encore plus la crédibilité de notre démocratie16. Refuser l’existence d’une menace n’a jamais apporté la moindre protection contre elle. Au contraire, aurait pu écrire Marc Bloch.

« La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent » nous avertit Daniel Defoe dans Robinson Crusoe. Vous connaissez la nouvelle ? Il y aurait, parait-il, un danger populiste, un danger Marine Le Pen. De la droite à l’extrême gauche, ce ne sont que cris d’orfraies : attention, stop ! Heureusement que ces derniers ne croient pas un mot de ce qu’ils racontent. Autrement, ils formeraient une grande coalition pour écarter le danger. Il faut écouter nos élites. Il faut, lire et relire leur déclaration sur le nationalisme, le populisme, l’europhobie. Un gigantesque bras d’honneur à la démocratie et aux électeurs. Un indécrottable racisme à l’égard des classes populaires. Souvenons-nous que l’article de la Constitution française du 4 octobre 1958 décrète que « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants pu par referendum ». Il semble que cette exigence soit souvent perdue de vue par ceux qui en sont normalement les gardiens.

« Le seul danger, c’est la bêtise ou l’incompétence » nous rappelle Isabelle Hupert. Entre les lignes du débat – si tant est que l’on puisse utiliser ce terme dans le cas d’espèce -, se joue une question majeure. Comment éviter les raccourcis, les approximations, les anathèmes sur le « populisme » ? Ils menacent la démocratie, l’État de droit et la liberté de penser dans notre pays.

Quand acceptera-t-on de débattre sereinement dans notre pays des questions que se pose le peuple, y compris celles qui ne sont pas politiquement correct. Le même aveuglement des dirigeants, de leurs communicants, des élites risque aujourd’hui d’achever ce qui reste d’esprit critique dans notre pays. Sous le prétexte fallacieux de défendre la démocratie, certains ne sont-ils pas en train de l’attaquer insidieusement ? En définitive, se pose la question fondamentale de savoir où se situe la frontière entre le « populisme » de bon et de mauvais aloi ?

Guillaume Berlat
10 avril 2017

1 Les grosses ficelles du populisme, Les dossiers du Canard enchaîné, avril 2017.
2 Philippe Raynaud, Le populisme existe-t-il ?, dans Questions internationales, Populismes et nationalismes dans le monde, La documentation Française, n° 83, janvier-février 2017, pp. 8-15.
3 Philippe Raynaud précité.
4 www.toupie.org/Dictionnaire
5 Jean-Pierre Stroobants, Pays-Bas : Rutte appelle au vote utile contre Wilders, le Monde, 15 mars 2017, p. 3.
6 Jean-Pierre Strobants, Défaite de l’extrême droite aux Pays-Bas, Le Monde, 17 mars 2017, p. 2.
7 Éditorial, Pays-Bas, la digue européenne tient bon, Le Monde, 17 mars 2017, p. 24.
8 Antonio Tajani, Répondons aux populismes par l’Europe des actes, Le Monde, 19-20 mars 2017, p. 28.
9 Solenn de Royer, La philosophie douce-amère de François Hollande en Asie, Le Monde, 29 mars 2017, p. 9.
10 La crise de croissance des populistes européens, Le Monde, 18 mars 2017, pp. 1-2-3.
11 Sylvie Kauffmann, Le génie populiste, Le Monde, 19-20 mars 2017, p. 30.
12 Éditorial, Dominos européens, Le Figaro, 15 mars 2017, p. 1.
13 José Maria Aznar (entretien avec Mathieu de Taillac), « Vouloir plus d’Europe ferait exploser l’Union européenne », Le Figaro, 14 mars 2017, p. 16.
14 Natacha Polony, Europe : mourir à soixante ans, Le Figaro, 11-12 mars 2017, p. 17.
15 Sandrine Morel, Deux ans d’inégibilité pour l’ex-président catalan, Le Monde, 15 mars 2017, p. 4.
16 François Lecointe, La crédibilité de la démocratie, Marianne, Courrier des lecteurs, 17-23 mars 2017, p. 54.

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 10-04-2017

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Commentaire recommandé

Fritz // 23.05.2017 à 08h26

Arrêtons de tordre le sens des mots. Populisme, nationalisme et pacifisme sont devenus des termes péjoratifs, alors qu’ils devraient simplement désigner des attitudes politiques :
respectivement, pour le peuple, pour la nation, pour la paix.

Il est bon que M. Berlat ait fait un retour sur l’étymologie du mot populisme, comme sur les populismes russe et américain du XIXe siècle. Concernant ce dernier, je lui reprocherais de reprendre l’usage systématiquement péjoratif de l’adjectif « puritain ». Au XVIIe siècle, le puritanisme était d’ailleurs un populisme, du moins celui des Niveleurs et Piocheurs. L’un d’entre eux parlait déjà de communisme…

Quant au principe énoncé par la Constitution de 1958, « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum », je ne garderais que les six premiers mots. Nos « représentants » ont trahi la souveraineté nationale en ratifiant le Traité de Lisbonne le 4 février 2008.

Et ces gens-là nous donnent des leçons ? Sérieusement, vous imaginez Victor Hugo flétrir le « populisme » ?

47 réactions et commentaires

  • basile // 23.05.2017 à 07h27

    « la signification du mot populisme est relativement floue ». Certes.

    Mais au début du paragraphe, on lit aussi : « la contestation de ce qui est le fondement même de la République ». J’avoue ne même plus savoir ce que c’est que la République, qu’on nous lance à la figure comme des certitudes, des « valeurs » au dessus de tout (surtout de ce que ressent le peuple).

    Autrefois, on utilisait d’autres mots, les mots Dieu, diable, paradis, enfer, pour mater les foules.

    C’est que nos élites apprennent ces mots (république, etc) en allant au catéchisme de l’ENA. Nous n’avons donc pas le même langage

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    • Moon // 24.05.2017 à 06h22

      Vous parlez d’élites à plusieurs reprises (dans le texte et les commentaires), mais je pense que précisément, le problème se situe à ce niveau : les soit disant élites politiques et économiques ne sont pas des élites, et c’est bien tout le problème. Le fait de posséder beaucoup d’argent ne fait pas de ces personnes des « élites ». Une élite est un groupe de personnes possédant des capacités hors normes et qui, en general, apporte un bienfait à la communauté : l’élite scientifique, militaire, artistique etc…
      Quand on arrêtera de baptiser les représentants politiques et économiques « d’élites » et qu’on les baptisera pour ce qu’ils sont, c’est à dire bien souvent des psychopathes, on aura fait un grand pas dans la deconstruction de la novlangue …

        +12

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    • Chat noir // 25.05.2017 à 19h07

      Grâce ou par vision , G Orwel nous a prédit le novlang dans 1984. Nous y voilà, on nous a bien imposé un nouveau langage entropique incompréhensible.
      République, res-publica la chose publique mais notre réalité est la chose privé, quant vous défendez la République vous défendez quoi ? Démocratie, alliance du kratos et du démos, le pouvoir du peuple, avec la représentation quant vous défendez la démocratie, vous défendez quoi ? Citoyens celui qui décide, fait les lois et qui y obéis. Avec les lois exotiques de l’hétéronomie nous ne sommes donc pas des citoyens mais bien des sujets.
      La liste est longue et ça fait mal, très mal, là par où ça passe. Le simple principe de réalité doit nous remettre la tête à l’endroit pour se comprendre. Nous devons maintenant prendre précautions dans toutes conversations de parler des mêmes définitions et non celles corrompues ou altérées des dominants, afin de faire disparaître l’entropie linguistique. Changer les mots, c’est changer la réalité des choses.

        +0

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  • Wakizashi // 23.05.2017 à 08h22

    « Le populisme désigne un type de discours et de courants politiques qui fait appel aux intérêts du « peuple » (d’où son nom) et prône son recours, tout particulièrement en opposant ses intérêts à ceux de « l’élite », qu’il prend pour cible de ses critiques […] »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Populisme_(politique)

    Si c’est ça le populisme, alors je suis populiste.

    « […] un mouvement situé au-delà de l’opposition entre la gauche et la droite, ce qui, comme chacun le sait, le situe plutôt à droite, même très à droite. »

    Non, moi je ne le sais pas : on ne m’a jamais présenté un argument allant dans ce sens.

      +12

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    • Dominique // 23.05.2017 à 12h32

      « Non, moi je ne le sais pas : on ne m’a jamais présenté un argument allant dans ce sens. »

      De pus, si c’est vrai, alors Macron est d’extrême droite !

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      • Gier13 // 24.05.2017 à 07h32

        Peut-être pas d’extrême droite mais de droite extrême sans doute.
        Si l’on considère que son libéralisme forcené peut être qualifié d’ultra, alors on peut bien le situer dans cette droite extrême.

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    • step // 23.05.2017 à 19h29

      quelqu’un qui avance masqué sur son bagage socio-idéologique, ne te veux pas du bien 🙂 Tu constateras que c’est typiquement l’attitude des économistes « bancaires » qui essaye de faire passer des mises en œuvre de théories passablement critiquables pour des listes d’évidences « mécaniques ».

        +2

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      • Wakizashi // 24.05.2017 à 09h12

        C’est possible, mais jusque là cela ne dépasse pas le stade du postulat : les gens qui se disent ni de droite ni de gauche sont-ils tous des gens « qui avancent masqués sur leur bagage socio-idéologique » ? Attention, truisme : toutes les voitures ne sont pas des Renault.

        Comme disait Jean Claude Michéa, il ne faut pas confondre le « ni droite ni gauche » des élites avec le « ni droite ni gauche » du peuple (qui pour rappel est celui du socialisme originel).

        Il existe des millions de personnes qui ne se reconnaissent pas dans ce clivage éculé. Les cultural creatives par exemple, qui représentent au bas mot un bon quart de la population, sont bien au-delà de ce clivage. Clivage qui en fait ne veut plus dire grand-chose, et dont la véritable utilité est de diviser des gens qui au fond, ont des intérêts convergents, à savoir l’intérêt général. Le seul clivage pertinent et concret que je connaisse, dans les faits, c’est le clivage entre le peuple et les élites.

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  • Fritz // 23.05.2017 à 08h26

    Arrêtons de tordre le sens des mots. Populisme, nationalisme et pacifisme sont devenus des termes péjoratifs, alors qu’ils devraient simplement désigner des attitudes politiques :
    respectivement, pour le peuple, pour la nation, pour la paix.

    Il est bon que M. Berlat ait fait un retour sur l’étymologie du mot populisme, comme sur les populismes russe et américain du XIXe siècle. Concernant ce dernier, je lui reprocherais de reprendre l’usage systématiquement péjoratif de l’adjectif « puritain ». Au XVIIe siècle, le puritanisme était d’ailleurs un populisme, du moins celui des Niveleurs et Piocheurs. L’un d’entre eux parlait déjà de communisme…

    Quant au principe énoncé par la Constitution de 1958, « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants ou par la voie du référendum », je ne garderais que les six premiers mots. Nos « représentants » ont trahi la souveraineté nationale en ratifiant le Traité de Lisbonne le 4 février 2008.

    Et ces gens-là nous donnent des leçons ? Sérieusement, vous imaginez Victor Hugo flétrir le « populisme » ?

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    • Maguy // 24.05.2017 à 00h08

      Victor Hugo, intellectuel allié sans réserve du peuple. Une phrase simple, forte et sans ambiguïté le caractérise magnifiquement quand il disait : « Vous voulez la charité ? Moi je veux abolir la misère !! »

      Pour les adeptes du néolibéralisme (dont font partie les sociaux démocrates traditionnels (PS) qui ne souhaitent pas une seconde remettre en question l’oligarchie dominante avec leurs réformettes faire valoir, quand la pression populaire est trop forte) c’est sans aucun doute « Populiste » au sens le plus péjoratif et manipulateur des consciences. Car il n’est pas bien vu de plaider fait et cause pour le Peuple toujours méprisé même si on brigue ses suffrages grâce au système électoraliste bien pensé pour donner l’illusion de démocratie, l’espace d’un scrutin électoral de plus en plus boudé par les électeurs d’ailleurs.

        +3

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      • DUGUESCLIN // 26.05.2017 à 03h40

        Une grande partie de la droite française, fin XIX et début du XX siècle, se réclamait autant de Victor Hugo que de Chateaubriand.
        Associer la droite aux forces de l’argent est inexact. A l’heure actuelle, aussi bien la droite que la gauche sont soumises aux forces de l’argent, qui est leur dieu commun.
        Les restes de la gauche et la droite qui dénoncent ces forces sont appelées extrémistes.

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  • Philippe, le belge // 23.05.2017 à 09h08

    Assez moyen comme texte dont le titre semblait plus intéressant! Et fort long pour encore mal définir quelque chose de finalement assez simple!

    Un parti qui défend une politique socio-économique de type capitaliste, à prédominance individualiste, ce qui est à mon sens un parti de droite (qui peux par ailleurs être progressiste, conservateur ou réac au niveau des moeurs), et qui dit vouloir défendre le peuple (en l’espèce, les travailleurs) à peu de chance d’échapper au populisme!
    Ils le sont tous car ils en ont besoin pour se faire élire par le dit peuple, à différents degrés depuis
    la droite la plus extrême (FN), jusqu’au… PS, que je classe à droite car à force de repousser l’idée révolutionnaire, ils ont fini de fait par penser le capitalisme indépassable et par s’y ranger.

    Au contraire un parti qui défend une politique socio-économique de type socialiste, à prédominance collectiviste (qui peux par ailleurs être progressiste, etc…), par le peuple ET POUR le peuple, ne pourra être vu comme populiste qu’après avoir été mis au pouvoir et avoir trahi le peuple « laborieux »!

    Ainsi, une Lepen mais aussi des Macron, Fillon, Hamon, etc (ce qui pour moi donne sens au titre de cet article) peuvent être classés de populistes alors q’un Mélenchon ne peut encore qu’en être soupçonné!

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  • Duracuir // 23.05.2017 à 09h32

    Actuellement, le seul populisme effrayant est celui qui entoure Macron.
    Avez vous déjà discuté avec la « nombreuse » macronerie?
    ça me fait frémir. ça rappelle les prémices des pires moments de notre histoire: non, je ne parle pas de la collaboration gnia gnia gnia.
    Je parle de l’enthousiasme niais et débile qui secoua la petite bourgeoisie française pour des personnages qui nous amenèrent au chaos.
    Avez vous entendu la crétinerie profonde d’un quarteron de macronien? Ce mélange de mauvaise foi, de naïveté, d’ignorance et de goût pour les contes de fée qui gonfle le coeur des abrutis? Surtout s’ils sont un peu nantis?
    C’est effrayant ce niveau de bêtise accolé à ce morbide enthousiasme de bourgeois de Hammeln.
    Le phénomène populaire entourant Macron me rappelle l’enthousiasme pour un t… du c… qui nous mena à Waterloo ou pour son descendant qui nous mena à Sedan. Mais aussi cet enthousiasme crétin du printemps 14.

      +31

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    • d’Aubrac // 23.05.2017 à 15h02

      « Je parle de l’enthousiasme niais et débile qui secoua la petite bourgeoisie française pour des personnages qui nous amenèrent au chaos. »

      Cela va plus loin que ce que vous décrivez.

      La bourgeoisie rentière et moyennement possédante agira toujours en fonction de ses intérêts de classe.

      Au début des années 70, un baroudeur du gaullisme de guerre, agent très actif dans la lutte contre l’OAS et par ailleurs très fin analyste politique, Alexandre Sanguinetti, fit cette remarque qui reste d’actualité :

      « le Centrisme, c’est le Vichysme du temps de paix. »

        +14

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      • Duracuir // 23.05.2017 à 17h42

        Jorion, fort contestable par ailleurs, dit des centristes que, loin d’être des modérés, sont des fascistes en col blanc.

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  • Michel Ickx // 23.05.2017 à 09h40

    Je suis heureux de lire ces trois premiers commentaires et probablement ceux qui suivront dans le même sens. Convaincu que la commune et son Maire représente la base de toute démocratie, j’ai souvent eu peur d’être un populiste dans le sens péjoratif que l’on donne à ce mot.

    Il est regrettable que le livre « 250 Strong » n’ait pas encore été traduit en Français. Cette étude des structures qui ont très longtemps survécues montre que elles avaient toutes en commun leur taille (250 à 300 membres) C’est le cas de nombreuses monnaies locales : transparence, taille réduite, peu ou pas de hiérarchies. Doit-on les appeler des monnaies populistes ?

      +4

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  • tepavac // 23.05.2017 à 10h34

    Je n’avais pas de sentiment arrêté sur Michel Onfray, à dire vrai, je le trouvais même sympathique dans son intellectualisme de térroir.
    Mais voilà qu’au détour d’un billet, je prend conscience de ce qui me gênait sans en comprendre vraiment la portée et qui s’applique à bon nombre de « fausses explications » et qui résume la teneur du billet.

    Michel Onfray, définition de la propension « populiste »
    « Le populisme est le plus dangereux des narcotiques, le plus puissant des opiums pour endormir et anéantir l’intelligence, la culture, la patience et l’effort conceptuel »

    He bien il à tort, car cette propension des populations à se fédérer pour s’opposer à une menace, ou pour répondre à un défi des aléas de l’existence, (épidémie, sécheresse, organisation économique, invasion, catastrophe naturelle…) est la plus parfaite adaptation d’une communauté pour répondre à la difficulté.

    Dire d’une fédération qu’elle désintègre la communauté, c’est renverser tout bon sens, c’est prendre les gens pour des idiots.
    Ahh, déjà la modération….
    Mais vous avez compris le sens de ma remarque, ce n’est pas le « populisme » qui est mal, c’est ceux qui le prenne en otage…

      +19

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    • Pravda // 23.05.2017 à 23h17

      @ tepavac

      J’ai eu la même réaction que vous au premier abord, mais cela m’a surpris, car j’ai pas mal suivi la pensée de M. Onfray et je pense qu’il s’agit d’un contresens issu de la formulation du texte: M. Onfray critique l’emploi qui est fait du terme populiste, comme G. Berlat, car l’emploi de ce mot par une personne cherche à provoquer cet effet d’inhibition de l’intelligence.

      Il me semble que la traduction plus appropriée de la pensée de M. Onfray serait de cet ordre:
      « Le (terme) populisme est le plus dangereux des narcotiques, le plus puissant des opiums pour endormir et anéantir l’intelligence, la culture, la patience et l’effort conceptuel  »

      Je vous invite à revoir l’émission ONPC avec L. Salamé et Y Moix où M. Onfray s’est vu accusé au tribunal du populisme, mais l’acclamation de jury populaire a défait les procureurs…

      Je précise que je ne suis pas un fan, je tiens juste à éviter un malentendu

        +3

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      • tepavac // 24.05.2017 à 00h05

        Merci de cette précision, car en effet le sens en est opposé.
        Cette présentation , celle du billet est trompeuse, c’est navrant.

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  • Perceval // 23.05.2017 à 10h56

    Cet article présente une immense lacune en ne citant pas les travaux de Ernesto Laclau et Chantal Mouffe auteurs entre autres ouvrages de  » Hégémonie et stratégie socialiste » et « La Raison populiste ». Sans y référer, il est impossible de comprendre ce qui se passe en Espagne avec Podemos et la stratégie de la « France Insoumise » qui illustre des formes de populisme (de gauche) totalement assumés quand il est n’est plus question de « fédérer la gauche » mais de « fédérer le peuple ».

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  • Koui // 23.05.2017 à 11h04

    Il ne faut pas confondre populisme et démagogie. La démagogie, c’est par exemple de lancer des « je vous aime » dégoulinants d’hypocrisie à ses fans. La démagogie, c’est de prétendre que l’Europe (lire l’E.U.), c’est la Paix (lire que les iouropéens ne se sont pas entretués mais on copieusement massacrés les afghans, irakiens, syriens, serbes, ivoiriens, libyens, haitiens…). La démagogie, c’est d’appeler « société ouverte » une prison des peuples (pas de droit à l’autodétermination) ou le libre échange ferme la voie vers l’emploi et ouvre les caisses de l’État aux multinationales nécessiteuses. La démagogie, c’est de s’approprier les références communes tout en les vidant de leur sens (La République, les républicains, la laïcité, la démocratie). La démagogie, c’est de transformer les campagnes electorales en show gratuit financé par les patrons. Soyons populistes, comme les Gracques, contre la démagogie des Cesars.

      +34

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    • Narm // 23.05.2017 à 12h20

      « Soyons populistes, comme les Gracques, » ??
       » contre la démagogie des Cesars. » ?

        +2

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      • Fritz // 23.05.2017 à 12h44

        De mémoire, ce discours d’un Gracque (Tiberius Gracchus) transmis par Plutarque :
        « Les bêtes qui parcourent l’Italie ont chacune leur tanière, leur gîte, leur repaire ; mais les hommes qui combattent et meurent pour l’Italie ont part à l’air et à la lumière, à rien d’autre ; sans foyer, sans maison, ils errent avec leurs femmes et leurs enfants. Les généraux mentent à leurs soldats quand, à l’heure du combat, ils les exhortent à défendre leurs tombeaux et leurs sanctuaires : car aucun de ces Romains n’a d’autel de famille ni de sépulture d’ancêtre ; mais c’est pour le luxe et l’enrichissement d’autrui qu’ils meurent, ces prétendus maîtres du monde, qui ne possèdent pas même une motte de terre. »

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        • Narm // 24.05.2017 à 12h41

          merci beaucoup

          pour l’explication

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  • Sandrine // 23.05.2017 à 11h58

    Je m’interroge sur l’expression les « bas instincts » du peuple (thème fréquemment relayé dans les médias comme le rappelle l’article).
    Le peuple serait-il un organisme sujet d’une « volonté générale » susceptible d’être égarée dans sa décision par ses « bas instincts » ( d’ailleurs y aurait-il des « bas » instincts et des instincts « élevés »?).
    Qu’est-ce que le peuple :
    – Si le peuple est une « somme d’individu », les élections reviennent à légitimer la tyrannie de la majorité sur la minorité (exemple : la tyrannie des Macronistes sur les autres)
    – Si le peuple est un « organisme » : les élections ne sont qu’un rituel destiné à mettre en scène la souveraineté « populaire ». La majorité des élécteurs ne saurait dicter sa loi à la minorité. La souveraineté du peuple naturellement au delà des concepts de majorité/minorité ne saurait en outre etre menacée par le débordement de « bas instincts » mais doit bien pluton être guidée par la raison.

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    • Sandrine // 23.05.2017 à 11h59

      Suite …

      Les « bas instincts » c’est à dire comme le rappelle l’article, le nationalisme et la xénophobie (réaction instinctive de défense chez les personnes économiquement les plus faibles au sein du peuple) ont, dans cette perspective, vocation à etre réprimés par la raison -c’est à dire l’élite, ceux qui siègent à la tete du peuple, les technocrates, ceux qui savent.
      Vive l’anarchie!

        +2

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      • Narm // 23.05.2017 à 12h31

        Le peuple est un instrument.

        j’avais toujours considéré l’anarchie péjorativement, tout comme on nous le présente bien dans le dico.

        mais en fait, l’anarchie, c’est comme le populisme, on nous en baratine des tonnes, alors que le principe de base est des plus sain : pas de passe droit ou de monarchie : parce qu’elle n’admet pas le gouvernement de la volonté, mais seulement l’autorité de la loi !

        « En 1840, Pierre-Joseph Proudhon est le premier à se réclamer anarchiste3,4, c’est-à-dire, partisan de l’anarchie, entendu en son sens positif5 : « La liberté est anarchie, parce qu’elle n’admet pas le gouvernement de la volonté, mais seulement l’autorité de la loi, c’est-à-dire de la nécessité »6,7. En 1987, Jacques Ellul précise : « plus le pouvoir de l’État et de la bureaucratie augmente, plus l’affirmation de l’anarchie est nécessaire, seule et dernière défense de l’individu, c’est-à-dire de l’homme »8. »

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        • Sébastien // 24.05.2017 à 00h12

          Je suis loin d’être un expert mais j’ai l’impression que l’anarchie est ce qui se rapproche le plus du fonctionnement des sociétés tribales, les formes de sociétés les plus durables et les plus anciennes. Ça devrait interpeller.

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          • RGT // 24.05.2017 à 01h39

            Vous avez raison.

            Tous les membres de la communauté ont droit à une part ÉQUITABLE des « revenus » de la collectivité, et basée sur leurs BESOINS.
            Ils mettent en commun les ressources et les gèrent ENSEMBLE, TOUS les membres sont utiles à la collectivité en fonction de leurs CAPACITÉS : Même les vieux et les handicapés trouvent une place à laquelle ils sont UTILES.

            Ma vision de l’anarchie possède aussi un élément CENTRAL des sociétés tribales considérées comme « primitives » : Les décisions doivent impérativement être prises sur un CONSENSUS QUI NE LÈSE AUCUN MEMBRE DE LA COMMUNAUTÉ.
            Pas de décision « à la majorité » : TOUT LE MONDE doit approuver la décision, ce qui fait que cette « loi » sera respectée par TOUS car elle est l’émanation de la volonté DE TOUS.
            Et tant qu’il reste UN SEUL MEMBRE qui émet des réserves on continue à négocier (dans ces sociétés il n’y a PAS de PLOUTOCRATES, donc le problème ne se pose pas).

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            • Narm // 24.05.2017 à 12h45

              😉
              oui mais si on négocie on ne peut pas se mettre en marche

              d’ailleurs les rapports pour les elections des conseils municipaux ont tous été tourné pour donner de fait une majorité aux vainqueurs, du coup, ils peuvent toujours « délibérer » …. la décision appartient déjà à la majorité. C’est sur, c’est plus simple, mais est-ce plus juste ? Non

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              Alerter
  • Thierry // 23.05.2017 à 12h39

    Définition de la démocratie selon le philosophe Paul Ricoeur :

    «Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage».

    Le populisme, c’est la négation de cette définition, l’idée d’un « peuple » homogène qui ne serait traversé par des contradictions. Et donc le populisme ne peut pas être compatible avec la démocratie (selon Ricoeur)

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    • Loxosceles // 23.05.2017 à 14h34

      C’est une définition toute personnelle, qui tombe à mon avis dans le même piège que celui dans lequel tombe l’auteur de l’article à un moment, qui est de considérer le nationalisme comme synonyme de populisme. Pour moi, c’est justement l’idée de nationalisme, et plus précisément, de nationalisme identitaire, qui tend à faire croire à une unité du peuple.

      Le peuple, tout au contraire, est par essence multiple, et l’on peut aisément accepter que le populisme s’adresse non pas à un peuple qui serait unitaire, mais plutôt au plus petit dénominateur commun définissant le peuple, et que l’on pourrait définir simplement comme : l’appartenance à la classe populaire, par opposition à l’élite. Le nationalisme, lui, ne peut toucher que ceux qui s’identifient à l’idée de nation, ce qui n’est pas l’entièreté du peuple, et c’est certes un autre débat.

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      • Sandrine // 23.05.2017 à 16h17

        Oui, mais comment définissez-vous l’élite ?
        Le pouvoir donné à l’élite sur le peuple est-il synonyme d’aristo-cratie pour vous?
        Dans ce cas, c’est un peu problématique d’etre populiste car l’aristro-cratie, c’est le pouvoir donné aux « meilleurs ». On peut difficilement etre contre les meilleurs et pour les moins bons…
        Le nationalisme en théorie est égalitaire, il ne distingue pas entre les meilleurs et les moins bons – tous font partie de la nation quelque soit leur position economique et sociale et tous à ce titre peuvent prétendre participer à l’exercice du pouvoir.
        C’est justement ce que revendiquent ceux que l’on taxe de populisme, non?
        Dans ce sens nationalisme et populisme, meme combat.

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        • Loxosceles // 23.05.2017 à 17h30

          Pour moi le populisme a une définition plus large. Et pour moi, nous n’avons pas à faire à une aristocratie, mais à une ploutocratie. Si c’était les meilleurs qui nous dirigent, ça se saurait. Dans les faits, le pouvoir concentre certaines tares psychologiques. Se référer par exemples aux théories sur la ponérologie politique.

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      • Thierry // 23.05.2017 à 16h20

        Je suis d’accord avec vous sur le ‘nationalisme identitaire’.

        Mais votre définition du « plus petit petit dénominateur commun définissant le peuple » est aussi contraire à la définition par Ricoeur de la démocratie, ca elle exclue tous ceux qui ne se considèrent ni appartenir à une « classe populaire », ni à une « élite ».

        Et même au sein des « classes populaires », il y a des divisions! Les divisions au sein d’une société sont nombreuses et complexes. C’est ça que nient les populistes.

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        • Loxosceles // 23.05.2017 à 17h34

          Admettons. Mais pour moi la définition de Ricoeur s’apparente plus à jeu de langage. Par définition, un peuple, ou plutôt une population, est traversé par des divisions, des opinions et intérêts multiples, etc. De là, savoir si le populisme, le nationalisme, ou que sais-je encore, sont adaptés à la démocratie relève plus de débats juridiques que philosophiques.

          Tout le monde appartient à la population. Pourtant, une élite semble s’opposer aux intérêts de la population globale en servant leurs intérêts particuliers. La problématique ici, n’est donc pas le peuple, ni même le populisme, mais l’élitisme.

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          • Sandrine // 23.05.2017 à 18h48

            Vous voulez sans doute dire que le problème vient du fait que la classe dominante de notre société usurpe son statut de domination , parce que précisément, elle n’est pas/ plus une élite.
            Le problème n’est pas l’élitisme mais la domination d’un groupe sur un autre, alors que rien ne légitime cette domination d’un point de vue moral.

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            • RGT // 24.05.2017 à 02h00

              A mon avis, la principale particularité des « populistes » consiste à utiliser et à manipuler ceux qui en ont marre de se « faire marcher sur la gueule »[pardon modération] pour défendre leurs propres intérêts.

              Et les « anti » sont ceux qui entament le « chant des sirènes » pour séduire ceux qui ont (encore ?) l’impression que leurs « idéaux » sont respectés…

              Mais dans un système aristocratique / oligarchique / ploutocratique / dictatorial / populiste (c’est pareil) le peuple est invité à aller voter périodiquement pour élire ses gardes-chiourme en fonction de la couleur du fouet (rose, bleu,…).
              Tant que les peuples ne prendront pas eux-mêmes en main leur destin et resteront SOUMIS à des maîtres qu’ils n’ont PAS choisi (la dernière élection en est le plus bel exemple : Peste ou gangrène ?) ils ne pourront JAMAIS prétendre à une VRAIE démocratie.

              Et quand il leur arrive de rêver trop fort, ils s’en prennent « plein la gueule » : Regardez ce qui est arrivé en Espagne en 1936.

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        • tepavac // 23.05.2017 à 21h26

           » au sein des “classes populaires”, il y a des divisions! Les divisions au sein d’une société sont nombreuses et complexes. »

          Ce ne sont pas à proprement parler de division, mais de « spéciations »,autrement dit de l’adaptation d’un individus dans dans la communauté d’un écosystème défini.

          C’est en général la propension d’user le plus, en donnant le moins, qui génère une division conflictuelle.

          Autrement dit, l’égoïsme et l’abus de certains provoque la réaction de mécontentement des autres.

          La liberté individuelle est certes primordiale, mais que vaut-elle sans les règles et l’existence de la collectivité ?

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          • Thierry // 23.05.2017 à 22h59

            Ricoeur dit que division signifie « traversée par des contradictions d’intérêt ». Et je pense que c’est fondamental.
            Même dans les classes supposées ‘populaires’, les interets ne sont pas les mêmes et peuvent être en contradiction, par exemple entre salariés et non-salariés ou paysans, actifs et chomeurs, citadins et ruraux, croyants et athés, smicards ou gagnant plus, sensibles à certaines ‘valeurs’ ou pas, jeunes ou retraités, propriétaires ou locataires, … On peut multiplier les examples à l’infini, où l’interet des uns impacte l’interet des autres, et donc crée du mécontentement en cas de changement. Surtout quand la croissance est faible et ne permet pas d’améliorer la situation de presque tout le monde.

            Il est évidemment plus complexe de tenter de gérer ses divergences d’intéret que de chercher des boucs émissaires en laissant entendre qu’ils sont la source des problèmes. C’est ce qui diférentie démocrate (au sens de Ricoeur) et populistes.

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            • Catalina // 23.05.2017 à 23h12

              “traversée par des contradictions d’intérêt” n’exclut pas une mise en commun et une décision commune

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  • christian gedeon // 23.05.2017 à 13h30

    Drôle d’introduction… allier les mots populisme et puritain est une insulte faite…au populisme.Il faut lire les livres d’histoire. Les puritains ne valaient pas mieux que Daech ou Al Nosra. Des fous furieux,massacreurs dès qu’ils en avaient l’occasion,et il l’ont souvent eue ,notamment au moment des guerres cromwelliennes,comme les irlandais ne l’ont jamais oublié. Comme au moment des mêmes guerres écossaises. Comme au moment des guerres indiennes. Accoler puritain à populiste est juste une monumentale erreur.Et un incroyable contresens historique. C’est quand même pas possible d’écrire des âneries pareilles!

      +2

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  • yvlac // 23.05.2017 à 17h41

    G. Berlat (un pseudo d’Arsène Lupin) écrit : Nul citoyen français *censé* ne peut prendre à la légère cet avertissement lancé par « Le Président de la République (qui) veille au respect de la Constitution »…
    Petit rappel orthographique sur « censé » et « sensé », la confusion fréquente des deux gênant la compréhension.
    Le citoyen français SENSÉ (ce qui aurait dû être écrit) est doué de bon SENS, il n’est pas idiot.
    Quant au président de la République, depuis 2005 (vote TCE), il ne veille plus au respect de la constitution, désormais il est CENSÉ y veiller, c’est-à-dire qu’il est supposé veiller à ce respect, mais ce n’est plus garanti.
    « censé » < verbe latin "censeo", qui signifie estimer, évaluer, considérer, d'où vient "censé" : celui qui est censé faire quelque chose ne le fait pas forcément, et même généralement pas du tout.
    Il est donc insensé de confondre "censé" et "sensé".
    D'où il ressort que l'orthographe n'est pas qu'un filet de confiture pour enjoliver la tarte du texte : elle aide d'abord à mieux cerner ce que l'on pense en l'écrivant correctement et permet, accessoirement, d'être compris. 😉

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    • Denis Griesmar // 24.05.2017 à 20h27

      Nemo censetur ignorare legem 😉
      (« Votre message semble un peu trop court pour exprimer une idée construite » !!!
      me dit la machine …qui ne connaît ni Orwell, ni Tacite.)

        +0

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  • Dahool // 23.05.2017 à 18h21

    Bonjour

    J’ai compris, le mot populisme est péjoratif parce que « Historiquement, le populisme est un mouvement politique RUSSE de la… ».
    « C’est Poutiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiine ! Rentrez les gosses et aux abris, Vlad Vador arriiiiiiiiiiiiiiiiive ! »

    J’aime les intellectuels que je lis ici, ils m’apprennent beaucoup et c’est enrichissant mais quand même, vous n’avez pas la sensation que parfois vous vous compliquez la vie ?

    Politique > populisme > électeur > • (c’est un trou de balle de novice) ou ● (idem pour grand naif )
    Le populisme, c’est la vaseline.

    Jean marie Dahool

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  • moshedayan // 23.05.2017 à 21h32

    Tout tient dans la fin de l’article. La définition de Paul Ricoeur de la Démocratie est 100% compatible avec ce que va faire le président Macron. Avis personnel : bien compliqué de dire que l’arbitrage sera inégalitaire ou injonctif (dans l’intérêt de certains et pas de tous).
    Le populisme : moi j’ai du mal à le définir. Ceux qui le dénoncent ont par contre pour première et dernière attitude : refuser de répondre aux vraies questions que posent le peuple. (peuple d’ignares, qui simplifie, ne comprend rien, ne voit pas les vrais chiffres sur l’inflation, l’immigration, etc…)

      +1

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  • Sybillin // 25.05.2017 à 09h30

    Lisez ou relisez « La ferme des animaux »d ´Orwell : tous les animaux du poulet au cochon sont pour l égalité et la démocratie… Mais rapidement les choses dérapent et les plus malins (les cochons) prennent le pouvoir et mettent tous les autres en esclavage! Une excellente illustration des sociétés pronant sincèrement l’égalité au départ…mais le naturel reprenant vite le dessus…populisme ou pas.

      +1

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