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19.juin.201819.6.2018 // Les Crises

Quel plan de sortie de l’euro pour l’Italie ? Par Hypothèses

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Source : Hypotèses, 06-06-2018

L’actualité remet sur le devant de la scène le problème de la sortie de l’euro de l’Italie. SI les bienfaits d’une telle sortie, notamment en termes de possibilité de faire baisser le taux de change de la nouvelle monnaie et ainsi de stimuler la croissance, sont clairement identifiés[1][2], il faut se poser la question de la mise en place concrète de ce projet.

 

Les mini BOTS en question

Des économistes proches du nouveau gouvernement italien ont parlé de mettre en circulation comme une monnaie les bons du trésor italien.[3] Ainsi une nouvelle monnaie existerait en parallèle de l’euro et serait directement placée sous le contrôle du Trésor italien, ce qui pourrait éventuellement servir à remplacer l’euro si la BCE décide de couper l’alimentation en euro des banques italiennes.

Cependant, comme l’a montré Jacques Sapir[4], l’existence de cette monnaie parallèle, quand bien même elle serait reconnue par l’Etat, ne garantirait pas qu’elle puisse se substituer à l’euro, car pour cela il faudrait qu’elle circule dans l’économie italienne, ce qui est la caractéristique et la fonction d’une monnaie. Les mini BOTS, s’ils étaient mis en place, fonctionneraient en effet comme une nouvelle monnaie, mais sur un plan différent de l’euro, car ils ne seraient rien d’autre que des promesses d’euros, sur le modèle des actifs financiers qui sont tous des promesses de paiement. Mais tout comme les actifs financiers ne circulent bien qu’en période de confiance, et tendent à disparaître en période de turbulence et de crise, ces mini BOTS auraient certainement du mal à s’imposer par eux-mêmes comme une monnaie utilisée par tous. De plus dans leur essence, ils ne se substitueraient pas à l’euro puisqu’ils seraient en fait des promesses d’euro. Paradoxalement, Ils auraient donc en fait besoin de l’euro pour fonctionner, et c’est là une faiblesse en cas de coupure brutale de l’alimentation en euros par la BCE. Ils fonctionneraient un peu à l’image des billets au temps de l’étalon-or, au long du 18e et du 19e siècle, quand les billets étaient en fait la matérialisation de promesses de paiement en monnaie métallique réellement existante dans les banques. Ces billets étaient en fait des promesses de paiement en monnaie métallique, leur solidité dépendait donc de la monnaie métallique elle-même, même si des siècles d’utilisation et de confiance ont fini par les faire considérer comme une monnaie eux-mêmes, ce qu’ils n’étaient pas à l’origine. Mais cette mutation s’est produite dans le temps long et dans une période de confiance, et l’on peut donc dire que les mini-BOTS seraient une bonne idée pour le moyen et long terme, mais ne seraient peut-être pas suffisamment solides pour se substituer à l’euro à court terme.

 

Les deux sources d’alimentation de la monnaie : le crédit bancaire et les dépenses du Trésor public

A court terme en effet, les deux fonctions que doit impérativement remplir une monnaie si elle veut circuler immédiatement, sont celles de satisfaire le crédit et les dépenses de fonctionnement de l’Etat. La monnaie, on ne le dira jamais assez, est créée avant tout par les banques privées lorsqu’elles accordent des crédits, aux particuliers et aux entreprises. Lorsqu’elle accorde un crédit, une banque émet une créance à son actif et crée de la monnaie ex nihilo sur le compte en banque de son client au passif. La différence entre la masse des crédits anciens remboursés et la masse des crédits nouveaux accordés constitue donc la masse monétaire en circulation dans une économie donnée, à l’image d’un bain qui contient une quantité d’eau donnée en fonction d’une arrivée d’eau et d’une évacuation d’eau. L’arrivée d’eau, ce sont les crédits nouveaux, l’évacuation d’eau, ce sont les crédits anciens remboursés, la quantité d’eau, c’est la masse monétaire. C’est donc le besoin de crédit de l’économie qui est à l’origine de la circulation de la monnaie. Or, ce qui va se passer si l’Italie subit la même attaque qu’a subie la Grèce en 2015, c’est justement que la BCE va couper cette alimentation en crédit des banques en les empêchant de se refinancer elles-mêmes auprès de la BCE. La BCE coupe l’arrivée d’eau du bain, et fait immédiatement se vider l’eau du bain. Voilà ce qui est arrivé à la Grèce en 2015. Dans ces conditions, il est impossible à une économie de fonctionner et tout s’arrête de façon dramatique. Les banques ferment, la monnaie cesse de circuler, l’économie s’asphyxie littéralement.

Mais cette situation de crise, qui, on le voit, est une action politique scandaleuse et illégale de la BCE, est paradoxalement une opportunité pour un gouvernement préparé et déterminé. Car alors l’euro cesse de remplir son rôle, il ne répond plus au besoin de crédit courant, il laisse la place vacante pour une autre monnaie. Mais pour fonctionner, c’est-à-dire pour circuler, cette monnaie doit répondre au besoin de crédit courant, et c’est pourquoi Jacques Sapir insiste sur la nécessité de la faire passer par le système bancaire[5]. L’institution-clé est alors toute trouvée, elle a un nom, une adresse, et une organisation administrative bien huilée : c’est la Banque d’Italie, située à Rome au Palais Koch, et dirigée par son gouverneur Ignazio Visco[6]. Il est à noter que ce gouverneur est nommé par le Parlement et qu’Ignazio Visco devrait justement arriver à la fin de son mandat, ce point risque d’avoir une grande importance. La Banque d’Italie, pour l’heure, fait certes partie de l’euro-système, mais il est clair qu’en cas d’agression de la BCE visant à le briser politiquement, le gouvernement italien serait tout à fait fondé à réaffirmer son autorité sur la Banque d’Italie pour assurer le fonctionnement normal du système bancaire, et notamment le refinancement des banques privées, c’est-à-dire la réouverture du robinet monétaire. Du moment que cette décision est prise et que son bon déroulement est assuré en termes administratifs, une monnaie circulerait de nouveau dans le système bancaire et dans l’économie italienne, mais de façon indépendante par rapport à la BCE. Qu’on appelle une telle monnaie euro, lire ou n’importe quel autre nom, que les pays la reconnaissent ou non, et que son statut juridique soit fixé ou non, toutes ces choses n’auront plus grande importance au plan économique, car de ce point de vue elle sera de facto, la monnaie souveraine de l’Italie.

Mais il y a un deuxième canal par lequel une monnaie est indispensable et peut circulerrapidement entre les acteurs, ce sont les dépenses de fonctionnement courant de l’Etat, et notamment la paye des fonctionnaires. Ces dépenses courantes relèvent du Trésor public italien, institution qui a également une adresse et une organisation administrative bien établie. A l’heure actuelle, depuis le traité de Maastricht justement et l’introduction de l’euro, le Trésor est obligé de financer sa dette en ayant recours aux marchés financiers obligataires, ce qui lui oblige à payer de forts taux d’intérêts, matérialisés par les fameux spreads qui semblent gouverner l’Italie. Mais il est à noter qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Avant le traité de Maastricht, le Trésor avait la possibilité, tout comme une banque privée, de se refinancer auprès de la banque centrale à un taux proche de zéro, même si cette possibilité n’était pas toujours activée. Aussi les taux d’intérêts payés sur la dette publique pouvaient-ils être plus faibles et payés directement à la banque centrale, ce qui limitait le pouvoir des marchés sur la vie économique du pays. De ce point de vue les dépenses du Trésor pouvaient en fait être une forme de création monétaire, et la collecte des impôts par ce même Trésor était une forme de destruction monétaire. C’est d’ailleurs pourquoi on considérait le Trésor comme étant en partie une banque.

Dans le cas d’une agression de la BCE, le Trésor Public italien peut donc être un important levier de circulation d’une nouvelle monnaie si on l’autorise de nouveau à se refinancer auprès de la Banque d’Italie. Concrètement, si la BCE coupe l’alimentation du pays en euro, il faut autoriser le Trésor à assurer ses dépenses courantes, ce qui introduira naturellement de façon assez massive une circulation monétaire dans le pays à travers les salaires des fonctionnaires et les subventions de fonctionnement des administrations publiques. Comme pour le crédit des banques privées, si une telle monnaie circule dans les administrations publiques et dans les comptes des fonctionnaires, elle comblera un vide et deviendra la monnaie souveraine de l’Italie de facto. Cependant, si seul le Trésor assure cette circulation sans l’appui du crédit des banques privées, un biais important favorisera à l’excès les fonctionnaires et les administrations publiques, ce qui pourrait créer des distorsions dramatiques entre les Italiens.

En cas d’agression de la BCE, la question stratégique pour le gouvernement italien sera donc en priorité le contrôle et la bonne gestion de la Banque d’Italie, puis du Trésor Public comme force d’appoint essentielle, afin de faire circuler une monnaie efficacement et souverainement, et ainsi la substituer à l’euro dont la place aura été laissée vacante par la politique antidémocratique de la BCE.

Le bras de fer à venir peut donc être celui de tous les dangers, mais aussi celui de toutes les opportunités pour le nouveau gouvernement italien.

 

[1] Voir l’étude de Philippe Murer, Jacques Sapir et Cédric Durand : Les scenarii de dissolution de l’euro, https://www.fondation-res-publica.org/etude-euro/#.WxqyD2VMf-Y

[2] Voir l’article d’Alberto Bagnai sur son blog : http://goofynomics.blogspot.com/2015/06/nominal-devaluation-and-real-wages.html

[3] https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0301706243001-italie-la-tentation-des-mini-bots-2177702.php

[4] Voir sa dernière note sur son carnet : https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-litalie-et-la-question-des-monnaies-paralleles-une-voie-de-sortie-de-leuro-par-jacques-sapir/

[5] Voir sa dernière note sur son carnet : https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-litalie-et-la-question-des-monnaies-paralleles-une-voie-de-sortie-de-leuro-par-jacques-sapir/

[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_d%27Italie

Source : Hypotèses, 06-06-2018

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Commentaire recommandé

DUGUESCLIN // 19.06.2018 à 06h57

A ce rythme, il ne restera plus en union européiste que la France et l’Allemagne, puis la France des EM toute seule, après que les autres, à l’instar de la Russie, aient rejoint le camp de l’Europe libre, celle des nations souveraines unifiées et libérées des atlantistes qui propagent partout dans le monde la guerre et la misère.
Il ne restera plus qu’à reprendre possession de nos ressources et rembourser les dettes délirantes en monnaie de singe.

78 réactions et commentaires

  • Fabrice // 19.06.2018 à 06h40

    Une question l’euro sans l’Italie a-t-elle encore de raison d’être ? A priori le maintien de la Grèce qui servait d’épouvantail pour éviter la défection italienne suivrait voir d’autres (Espagne, Portugal,…).

    Personnellement je pense que le gouvernement italien fera comme la Grèce, mais avec quelques aménagements car la BCE ne peut se permettre cette défection.

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    • gracques // 19.06.2018 à 07h30

      Effectivement l ‘Italie serait le premier domino et pas le moindre….. entraînant très vite Espagne et Portugal…….puis inévitablement la France , coincée qu’elle serait entre arrimage a ‘l’euro mark’ , dévaluation des pays méditerranéen et livre anglaise flottante.
      Souvenez vous de 1993 en France juste après les d’évaluations compétitives de l’Italie et de l’Angleterre !
      La BCE ne peut le permettre.

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    • K // 19.06.2018 à 11h47

      Il est évident que si l’Italie quitte l’euro, alors la zone euro explosera en peu de jours. Et ceci pour une raison toute simple : si l’Italie sort, tous les preteurs vont se dire que l’Espagne ou le Portugal ou la Grèce ont de grandes chances de sortir à leur tour. Donc ils vont appliquer à ces pays des taux d’intérêts incroyables qui vont asphixier ces économies du sud. Les pays méditerranéens ne pourront pas supporter à la fois une monnaie forte (l’euro) et des taux d’intérets (très) forts. Ils seraient alors obligés de quitter l’euro, eux aussi, qu’ils le veuillent ou non.

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  • DUGUESCLIN // 19.06.2018 à 06h57

    A ce rythme, il ne restera plus en union européiste que la France et l’Allemagne, puis la France des EM toute seule, après que les autres, à l’instar de la Russie, aient rejoint le camp de l’Europe libre, celle des nations souveraines unifiées et libérées des atlantistes qui propagent partout dans le monde la guerre et la misère.
    Il ne restera plus qu’à reprendre possession de nos ressources et rembourser les dettes délirantes en monnaie de singe.

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  • TC // 19.06.2018 à 07h41

    On attend toujours cette fameuse sortie de l’euro qui n’arrivera pas, en tout cas pas sous ce gouvernement. Beaucoup de bruits pour pas grand chose. Les articles foisonnent, les politiques continuent leur aplaventrisme arrivés au pouvoir. D’ailleurs, existent-ils encore des élus qui ont un réel pouvoir en Europe ? Cela démontre bien que la Technocratie a pris le pouvoir et que si personne n’a le courage de taper du poing sur la table, elle a encore de beaux jours devant elle.

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    • Fritz // 19.06.2018 à 08h03

      C’est possible ; mais si on tire de cette situation une délectation morose, la Technocratie européiste aura l’éternité pour elle.

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    • patrickv // 19.06.2018 à 08h07

      donc, selon vous, TINA ?
      pendant ce temps, l’anti-UE grandi, pour le plus grand « bonheur » de l’extrême droite !

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      • lois-economiques // 19.06.2018 à 10h13

        TINA ?
        « Lorsque les économistes stipendiés, les experts de service, les éditorialistes débiles et les patrons odieux disent qu’« il n’y a pas d’alternative », c’est vrai. C’est vrai parce que les structures ont été aménagées pour que ce soit vrai. ». Frédéric Lordon.
        Alors TINA, oui par rapport aux structures en place.
        Alors TINA, non si vous remplacez les structures en place par d’autres. Mais tout changement de structures amène sont lots de résistances et de souffrances, c’est LA raison pour laquelle on change de structure que quant la situation devient désespérante pour de nombreuses personnes, alors comme elles estiment n’avoir plus grand chose à perdre elle cassent les structures en places pour le meilleur ou pour le pire….Le nom que l’on donne a cela est « révolution ».

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        • Barbe // 19.06.2018 à 10h51

          soit
          mais comprenez bien que ceux qui font la révolution
          ce ne sont plus les gens de la base
          notre cher président s’est quand même fendu d’une réflexion qui porte ce titre, il faut le faire, pour quelqu’un qui a vocation à être le garant des institutions et de l’unité du pays…

          les membres de la ploutocratie gouvernent de façon à révolutionner le cadre mis en place quand il y eut des rapports de force entre classes divergentes : en l’absence de ce rapport (voir ce que subissent les syndicalistes en général), il reste la seule structure hiérarchique, qui fait passer les réformes qui ne servent plus l’intérêt général, mais seulement celui de quelques uns.

          Et qu’on ne me dise pas que tout va bien, dans cette course aux inégalités, tant que le moindre pékin aura encore de quoi satisfaire ses besoins primaires ; il s’agit de rien moins que de se soucier de la dislocation du pays, sous les coups de boutoir de l’empire…

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    • TC // 19.06.2018 à 08h38

      C’est mon caractère pessimiste qui ressort, c’est plus fort que moi. Bien sûr que non, je ne veux pas que la technocratie ait une éternité devant elle, d’ailleurs je soutiens un certain parti politique chez nous qui prône la triple sortie UE-Euro-OTAN. Dommage pour les Italiens qu’ils n’ont pas la chance d’avoir le même.

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      • Fritz // 19.06.2018 à 08h43

        En somme, vous êtes intellectuellement pessimiste et politiquement actif. C’est plus sain que l’inverse (intellectuellement optimiste, et politiquement inactif).

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      • patrickv // 19.06.2018 à 08h47

        parfois, il m’arrive de penser comme vous, rassurez vous 🙂
        il faut reconnaitre que le Monde actuel est plutot déprimant !

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        • lois-economiques // 19.06.2018 à 10h04

          De tout temps et en tout lieu, il l’a été….

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      • Kiwixar // 19.06.2018 à 09h39

        Il vaut mieux être au pouvoir avec presque la sortie UE/Euro (Italie) que « presque » au pouvoir (UPR) avec la sortie UE/Euro.

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        • gryzor // 19.06.2018 à 16h15

          On verra pour l’Italie, mais pour ce qui est établi, il ne vaut mieux pas être au pouvoir avec la presque sortie UE/Euro (Grèce).
          Le gouvernement italien, pour intéressantes que soient ses critiques de l’UE, ne veut pas en sortir, n’a pas été élu sur un programme de sortie, et n’a pas de légitimité politique à appliquer de fait une sortie. Certes, cela a manifestement simplifié son élection, mais cela complique considérablement les manoeuvres une fois élu.
          Je suis comme chacun dans l’expectative de voir ce que cela va donner. En espérant que les italiens s’en sortent par le haut et montrent la voie aux autres.
          La France, pétrie de dogmatisme eurobéat/européiste, sortira par le bas, dans la ruine et le chaos, j’en suis convaincu depuis un certain jour de mai 2017. Il faut décidément croire que les français ont besoin de toucher le fond pour changer de trajectoire.

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    • Pinouille // 19.06.2018 à 10h49

      « les politiques continuent leur aplaventrisme arrivés au pouvoir »
      C’était vrai (et on peut s’en désoler), ça l’est de moins en moins. Nous atteignons maintenant un stade critique pour certaines économies (dette, target 2, chômage, manque de perspectives, etc…) qui ne permet plus l’immobilisme.
      Le cas grec a été réglé expéditivement. Le cas italien ne pourra pas l’être de la même manière.
      De son côté, E Macron a manifestement compris cette criticité puisqu’il indique officiellement que si la situation ne change pas, l’Europe se désintègrera. Il propose d’ailleurs l’augmentation du budget européen et plus de convergence.
      Les yeux se tournent maintenant vers l’Allemagne.
      Personnellement, je suis pessimiste: E Merkel est trop fragilisée pour réussir à prendre des décisions très engageantes et pénalisantes à court terme pour l’économie allemande.

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  • nulnestpropheteensonpays // 19.06.2018 à 08h25

    personne n’a envie de sortir de l’euro , cela représente trop de problèmes a court terme , mais que des avantages a long termes , le problème des hommes politiques , c’est qu’ils ne veulent pas perdre 10 ans dans leurs carrières , sinon cela fait belle lurette que l’euro aurait explosé , et pour le gain de quelques personnes , ils sont près a sacrifier des millions de personnes , rien de neuf sous le soleil !

      +6

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    • Koui // 19.06.2018 à 11h04

      L’euro est verrouillé pour qu’il soit très difficile d’en sortir. C’est particulièrement vrai pour les pays qui sont très endettés et dont la balance des paiements est déficitaire car sortir de l’euro les exposeraient à une spéculation fatale à court terme. Ceux qui pourraient sortir n’en ont pas envie. On est donc bloqué pour l’instant. Mais la tempête finira par arriver.

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      • JNX // 19.06.2018 à 12h07

        L’italie a l’avantage d’avoir une situation extérieur structurellement excédentaire.

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      • Btz // 20.06.2018 à 17h58

        Il n’y a aucune close de sortie de l’Euro de prévu

        Pour sortir de l’Euro il faut sortir de l’UE

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  • BA // 19.06.2018 à 08h34

    Il y a le feu en Italie.

    Il y a le feu en Allemagne.

    Angela Merkel est confrontée à la crise politique la plus grave depuis qu’elle a pris le pouvoir en 2005.

    La coalition entre la CDU d’Angela Merkel et la CSU d’Horst Seehofer se fissure.

    Horst Seehofer donne deux semaines à Angela Merkel pour trouver une solution au problème des migrants.

    Trump attise la crise en Allemagne alors que Merkel obtient un sursis.

    https://www.lesechos.fr/monde/europe/0301840781997-trump-attise-la-crise-en-allemagne-alors-que-merkel-obtient-un-sursis-2185067.php

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    • Fritz // 19.06.2018 à 12h12

      Allez, je retente ma chance (auf deutsch) :
      Europa, verrecke !

        +2

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      • Le Rouméliote // 20.06.2018 à 12h12

        … Und Angela, mit Macron, in die Kehrichtheimer der Geschichte !

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  • Tinette // 19.06.2018 à 09h12

    En cas de sortie de l’euro par l’Italie, qui paiera sa dette ?

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    • lois-economiques // 19.06.2018 à 10h31

      Personne, c’est un effondrement généralisé de l’économie mondiale.
      « Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement final d’un boom provoqué par
      lune expansion du crédit. L’alternative est de savoir si la crise doit arriver plus tôt, par l’abandon volontaire d’une expansion supplémentaire du crédit, ou plus tardivement, comme une catastrophe finale et totale du système monétaire affecté ». Von Mises
      On se rapproche du « moment Minsky » ou le système ne fonctionne alors plus que grâce à des pyramides à la Ponzi, telles que celle qu’avait mise en place Madoff l’argent des derniers prêteurs ne sert plus qu’à rembourser les premiers, le système ne peut plus s’arrêter sans s’effondrer.

        +4

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  • werrebrouck // 19.06.2018 à 09h36

    Je ne suis pas sûr que les BOTS auraient du mal à s’imposer car ils seraient aussi un vecteur de réduction fiscale. De fait il s’agirait d’un moyen de paiement du Trésor sous la forme d’un crédit d’impôt. Il s’agit donc d’une relance de la demande assez keynésienne avec accroissement du déficit budgétaire, un accroissement qui serait ensuite gommé par les bénéfices du retour à la croissance. Calcul difficile car la fuite des capitaux enverra très vite les banques au tapis. Ce qui veut dire que parler de BOTS est déjà un choix politique de mettre fin à l’euro, de détruire la compétitivité cout de l’Allemagne et de changer réellement les règles du jeu. Voir sur ce point:
    http://www.lacrisedesannees2010.com/2018/06/il-faut-aider-l-italie-dans-sa-volonte-de-rupture-avec-l-ordre-etabli.html

      +2

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  • Fred79 // 19.06.2018 à 10h32

    Il y a quantité de vidéos, de conférences, d’articles… d’experts de tous poils nous expliquant qu’il faut conserver l’euro si on veut éviter la catastrophe ou au contraire qu’il faut en sortir pour éviter ladite catastrophe, mais il semblerait que tous sont d’accord sur le fait qu’en sortir sera très très difficile, voire impossible.
    Et jusqu’à présent, je n’ai trouvé personne pour expliquer pourquoi nous avons pu passer, par exemple, du franc à l’euro sans problème, mais que repasser de l’euro au franc, serait difficile, douloureux, voire… impossible.
    Quelqu’un aurait il une explication simple pour les non-initiés dont je fais partie?

      +2

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    • Pinouille // 19.06.2018 à 11h30

      Je ne suis pas sûr de moi, mais voici mon explication:
      La mise en oeuvre de l’euro a été précédée d’une période de convergence monétaire et économique (https://fr.wikipedia.org/wiki/Crit%C3%A8res_de_convergence): les pays faisaient un effort pour stabiliser leurs monnaies et stabiliser leurs économies respectives.
      A la création de l’euro, il revenait à chacun des pays de respecter des seuils (budgétaire, dette, etc…) qui garantissent une certaine homogénéité économique.
      La crise des subprimes a fait exploser cette convergence, et/ou a révélé certains artifices qui permettaient d’afficher une convergence qui n’a jamais existé (Grèce).
      Maintenant, la divergence économique ne cesse d’augmenter, et est même accentuée par la monnaie unique.
      Le changement de monnaie aura donc des conséquences d’autant plus importantes que l’économie du pays concerné est en décalage avec la valeur de l’euro.

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      • Emmanuel // 19.06.2018 à 22h54

        Si un pays sorti de l’euro peut de nouveau dévaluer sa monnaie, comme avant, une partie du problème n’est-elle pas résolue ? Faudra-t-il y ajouter un contrôle des changes, voire une interdiction de certains produits financiers permettant de spéculer contre une monnaie ?

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        • Pinouille // 20.06.2018 à 18h56

          « Si un pays sorti de l’euro peut de nouveau dévaluer sa monnaie, comme avant, une partie du problème n’est-elle pas résolue ?  »
          Oui en effet: la dévaluation permet de faciliter le remboursement de la dette et de retrouver de la compétitivité à l’international (donc augmentation de la croissance et baisse du chômage).
          Il y a cependant des inconvénients:
          Les importations coûtent plus cher, donc les prix augmentent, donc le niveau de vie baisse.
          Le commerce avec l’Europe sera de nouveau soumis au risque de change.
          La nouvelle monnaie est plus susceptible d’être attaquée.
          Les détenteurs de capitaux essayeront (dans un premier temps tout du moins) de déménager leurs actifs dans une zone où leur valeur ne diminuera pas.

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      • RGT // 20.06.2018 à 18h54

        La construction de l’€uro a été une escroquerie dès le départ.

        Le seul moyen réellement efficace de compenser les écarts de « compétitivité » entre les pays consiste à faire fluctuer sa monnaie par rapport aux autres monnaies.

        Si ce mécaniste de compensation n’existe plus, il est nécessaire de mettre en place un système de transferts qui permette aux moins bien lotis d’arriver à s’en sortir en se faisant indemniser par les plus nantis qui profitent de cette situation.

        C’est ce qui se passe normalement au sein d’une même nation : Si l’Île de France ou la région Rhône-Alpes dégagent des excédents nous trouvons tout à fait NORMAL de subventionner la Corrèze ou la Martinique car ces zones ne peuvent pas « dévaluer » leur monnaie pour équilibrer leur « compétitivité ».

        Le gros problème, c’est qu’en créant l’€uro, les pays les plus « prospères » ont réussi, sans en avoir l’air, à « dévaluer » leur monnaie au delà du raisonnable à l’exportation extra zone €uro en profitant de l’aubaine de la « dévaluation » causée par l’influence des pays « à la traîne ».
        Ils ont donc abondamment profité de cette « dévaluation » mais ne veulent pas indemniser les « cancres » pour le préjudice qu’ils ont subi à cause d’une monnaie sur-évaluée par rapport aux besoins de ces derniers.

        Le seul moyen ÉQUITABLE pour permettre de compenser ces déséquilibres consisterait à procéder à des transferts vers les perdants…

        Dès le départ, l’€uro a été conçu pour aller dépouiller les « cigales » du sud afin d’engraisser les « fourmis » du nord en ne prévoyant AUCUN système de transferts pour les indemniser.

        Et quand les cigales se rendent compte de l’arnaque et demandent une compensation la réponse est cinglante : « NEIN !!! »… Ne venez pas me VOLER mon OR, et si vous n’avez plus de pain, mangez de la brioche des racines ou nos déchets…

        On dirait une pièce de Molière.

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        • lois-economiques // 21.06.2018 à 11h30

          Mettre les dysfonctionnements du système capitaliste sur la monnaie est à mourir de rire.
          C’est vrai que les pays qui n’ont pas adopté l’euro vont mieux à commencer par le RU….et c’est pour cette aison qu’ils ont voter pour la sortie tellement ils vont bien….

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    • gryzor // 19.06.2018 à 16h18

      La construction politique autour de l’euro verrouille également la situation.
      Il n’y a dans les traités européens aucun mécanisme de sortie de l’euro sans sortie de l’UE.

      Et la sortie de l’UE, c’est apparenté depuis 30 ans par tout l’appareil de propagande à un saut vers le moyen age et la Corée du nord.

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  • jerome // 19.06.2018 à 10h45

    Il existe plusieurs façons de voir ou d’interpréter le système monétaire actuel et le mécanisme de la création monétaire, de la fabrication de l’argent. La vision la plus commune dans les livres, les manuels scolaires ou dans les médias est celle de la création monétaire liée (voire abandonnée pour certains) aux banques secondaires (privées), lorsque ces dernières consentent des prêts bancaires demandés par les entreprises ou les ménages.
    Mais lorsque nous posons la question autour de nous de savoir qui fabrique l’argent, les réponses sont incroyables. La plupart d’entre nous ignorons complètement la réponse. D’aucuns après réflexions répondent la banque centrale avec hésitation, ou peut-être l’État… Finalement, un nombre seulement incroyablement faible de personnes répondra les banques commerciales au décours des crédits bancaires.
    Lorsque que comme moi et d’autres, nous nous intéressons à cette question et lisons la littérature sur ce sujet, nous découvrons dans un premier temps avec effroi qu’effectivement, la création monétaire est depuis la démonétisation de l’or en 1971, livrée, abandonnée, aux banques commerciales. Les États ont délibérément choisi d’abandonner le droit jusque-là régalien de battre monnaie pour servir des intérêts privés représentés par les banques secondaires. Alors ces curieux que nous sommes, et toute la blogosphère, poussent des cris d’orfraie, crient au scandale pur et simple, représenté par la loi de 1973 de Giscard d’Estaing du gouvernement Pompidou. Cette loi dont l’article 25 précisait : le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la banque de France, interdisait donc le financement direct de l’état par la banque de France. Cette loi a été confirmée par l’article 104 du Traité de Maastricht, devenu 123 du Traité de Lisbonne. Cette interdiction, est gravée ainsi dans le marbre d’un traité, dans un peu près toutes les zones monétaires. Cette loi serait responsable du chômage, des déficits et de la dette publique démesurée.
    Puis, quand nous poursuivons nos lectures plus profondément (là où beaucoup d’entre nous ont cependant arrêté de lire…), nous comprenons que la loi de 1973 est la conséquence de l’adoption d’un système de changes flottants. C’est à dire où les taux de changes ne sont pas déterminés par les gouvernements mais par les marchés interbancaires privés. Pour qu’un tel marché puisse fonctionner, il faut bien que les États empruntent sur ces mêmes marchés, et non pas qu’ils fabriquent de la monnaie en dehors des « marchés ».

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    • patrickv // 19.06.2018 à 11h53

      très bonne information, très (trop) souvent « oubliée » par la presse mainstream !
      et d’où venait Pompidou ?
      de la banque Rothschild ! 🙂
      et l’endettement de la France date, et ne cesse d’augmenter, depuis cette « loi » de 1973 ! (Giscard était le 1er sinistre, à ce moment là )
      loi reprise par l’UE, évidemment !(quand on peut « s’engraisser », les vautours arrivent vite !)

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      • jerome // 19.06.2018 à 13h39

        Ce fut une erreur monumentale d’adopter ce système de changes flottants depuis 1971, il est grand temps d’en changer, avant que tout n’explose ! Mais il ne s’agit donc pas juste de la loi de 1973 qu’il faut remettre en cause mais de l’intégralité du système monétaire international mis en place depuis.

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        • patrickv // 19.06.2018 à 15h40

          évidemment ! 🙂

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        • Le Rouméliote // 20.06.2018 à 12h20

          On a l’air d’arriver au bout du système des changes flottants, comme on était arrivé au bout du système de Bretton-Woods ce 15 août 1971. Donc, on se prépare un bel effondrement jusqu’à ce que le dirigeant de la monnaie dominante décide de fixer une parité fixe ou encadrée comme du temps de l’ECU, avec l’or et les principales autres devises. Ce sera Trump ou Xi Jinping ? En attendant, on va morfler avec l’effondrement de notre euro-mark !

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      • RGT // 20.06.2018 à 19h34

        La loi de 73 a été allègrement contournée grâce à la Caisse de Dépôts et de Consignations et au Trésor Public qui était devenu la banque de l’état.
        En fait, la Banque de France ne jouait pratiquement plus aucun rôle dans les financements publics depuis longtemps déjà.

        Le Trésor Public, pour ceux qui l’ignorent, offrait la possibilité à tout citoyen d’ouvrir un compte bancaire avec possibilité d’émettre des chèques RÉELLEMENT GARANTIS PAR L’ÉTAT (contrairement aux banques commerciales qui ne garantissent pas grand chose) et d’utiliser des cartes bancaires.
        Seul inconvénient : Ils étaient assez « tatillons » au sujet des découverts, la vocation de cet établissement n’étant pas de s’engraisser avec des agios indécents.

        Heureusement, cette hérésie a été « corrigée » par nos chers énarques de Bercy (sans consultation du peuple ni des élus d’ailleurs) et le 31 décembre 2001 tous les clients ont été expulsés manu militari.

        De plus, la Caisse de Dépôts et de Consignations et le Trésor Public permettaient aux collectivités locales et à l’état de financer des projets à des taux d’intérêts nuls (hors inflation). Le « fonds de garantie » était simplement constitué par les recettes fiscales à venir et les remboursements « prélevés à la source » sur les diverses taxes récoltées par ce service public.

        Là aussi, cet « archaïsme » a été supprimé sous Mitterrand en forçant les services publics à financer les investissements en allant à genoux pleurer chez les banquiers privés.

        Désormais, le Trésor Public se contente de récolter les impôts pour permettre de renflouer les banques privées…
        Et la Caisse de Dépôts et de Consignations se contente de « placer » du pognon (entre autres celui de la Sécu) dans des « investissements » très profitables… pour ses cadres dirigeants.

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    • lois-economiques // 19.06.2018 à 11h56

      Cette réforme n’a eu aucune incidence sur l’économie, si vous souhaitez un coupable cherchez ailleurs.

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      • patrickv // 19.06.2018 à 15h47

        Faux !
        la France n’avait pas de « dettes » (où si peu), avant cette loi !
        ce qui est normal !
        l’Etat empruntait à taux zéro, auprès de la Banque de France !
        à partir de cette loi, l’Etat a dû emprunter aux banques privées, avec intérêts, évidemment !
        ce sont ces intérêts qui plombent, maintenant, notre économie, tout en faisant les bénéfices des banques privées !
        cherchez (sur internet) la courbe de l’endettement du pays, depuis 60 ans, vous verrez ce qui arrive depuis 1973 !(je l’ai vue, cette courbe, mais ayez l’honnêté de faire la même recherche, avant de parler !)

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    • Pinouille // 19.06.2018 à 19h57

      @jerome
      Votre explication a le mérite d’aller dans le détail, mais reste parsemée d’opinions orientées (« pour servir des intérêts privés »). Ce n’est pas une tare en soi, mais mêler le factuel et l’opinion trouble le discernement.

      Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez une description plus équilibrée ici: https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_janvier_1973_sur_la_Banque_de_France
      Je dois admettre ne pas y avoir trouvé ce que j’y cherchais: les raisons/arguments officiels qui ont poussé bon nombre de pays à changer à peu près en même temps de système de création monétaire. Je suppose que « servir des intérêts privés » n’en fait pas partie.
      Si quelqu’un a des éléments de réponse, ils seront bienvenus.

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      • jerome // 20.06.2018 à 14h39

        « Les États ont délibérément choisi d’abandonner le droit jusque-là régalien de battre monnaie pour servir des intérêts privés représentés par les banques secondaires »

        J’écrivais que ceux qui s’intéressent au sujet et qui découvrent le coup de la création monétaire par le crédit pensent cela (pour servir des intérêts privés) mais qu’en fait pas du tout…

        Chris06 (que j’aimerais retrouver !!) nous expliqua cela : « quand le dollar est passé au système flottant et sans contrepartie or, la France avait le choix entre flotter elle aussi le franc et participer au système (au début à l’intérieur du serpent monétaire puis du SME), mais en s’imposant les mêmes règles strictes que les autres pays, soit de continuer avec un cours du franc fixé régulièrement par le gouvernement français par rapport au dollar (ce qui s’appelle un crawling peg en anglais). Nous avons fait le choix de flotter le franc et participer au serpent monétaire, fut-ce le bon choix ?
        Mais il ne faut pas croire que nous aurions pu laisser flotter le franc et continuer à détourner une partie de la création monétaire de la banque centrale pour financer les déficits publics, de plus sans aucune contrepartie or. Le franc n’aurait jamais pu être flotté dans ces conditions.
        C’est pour cela que la loi de 1973 fut rendue inéluctable après le passage aux changes flottants. À partir du moment où les changes étaient déterminés par les marchés, c’est-à-dire par les montants échangés par les investisseurs internationaux en créances libellées dans ces monnaies, il fallait donner confiance à ces mêmes investisseurs internationaux pour qu’ils placent en francs et en bons du Trésor français… Mais comme la France avait particulièrement mauvaise réputation, car c’était le seul grand pays qui pratiquait des avances au Trésor et des dévaluations depuis 1949, Pompidou n’avait pas le choix que de transposer en France ce qui était déjà en vigueur dans les principaux pays depuis 1949. »

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        • jerome // 20.06.2018 à 14h42

          chris06 (encore et toujours!!) : Nous avons déjà évoqué l’identité comptable, toujours vérifiée :
          Déficit public = surplus des ménages et des entreprises privées + déficit de la balance courante.
          Cela veut dire que le déficit public est toujours financé par l’épargne des ménages et des entreprises nationales et par les créanciers étrangers.
          Si le déficit public est payé intégralement par de la monnaie nouvellement créée pour cela, cela veut dire que les ménages, les entreprises nationales et les créanciers étrangers seront remboursés par de la monnaie dont la valeur diminuera d’autant que la quantité de monnaie nouvellement créée. Donc, il sera impossible d’épargner dans cette monnaie dans ces conditions. Les étrangers n’accepteront plus d’accumuler des réserves de changes dans cette monnaie, il sera donc impossible de flotter cette monnaie.
          Depuis la démonétisation de l’or et les changes flottants la monnaie n’a de valeur que par la confiance que les agents économiques nationaux et internationaux ont dans le fait que cette monnaie peut être réserve de valeur. Donc, que l’État et la banque centrale s’engagent à limiter l’inflation. Sans cela, il n’y aurait plus aucune confiance en cette monnaie.
          Croire qu’on aurait pu flotter le franc dans ces conditions est une gageure.
          La seule chose que la France aurait pu faire c’était de sortir des changes flottants, ne jamais intégrer ni le serpent monétaire ni le SME, sortir de la CEE, imposer un corralito autour des détenteurs de comptes en francs en France, payer toutes ses importations en dollars avec les dollars payés pour ses exportations et voir tous les investissements étrangers en France et les investissements des français à l’étranger réduits à une peau de chagrin. Ce qui est clair c’est que l’économie française aurait été très différente.

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      • JMD // 20.06.2018 à 18h18

        Gael Giraud dans une conférence
        https://www.youtube.com/watch?v=l_l0gy0PXg0&feature=youtu.be
        propose l’hypothèse (à partir de la 27 ème minute) que ce serait la fascination des dirigeants ouest-européens pour la réussite de l’Allemagne (« miracle allemand » après la seconde guerre mondiale) qui aurait motivé le changement du financement des finances publiques de ces Etats.
        La RFA était, à l’époque, le seul pays le seul pays où la Banque Centrale était indépendante des pouvoirs publiques

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  • jerome // 19.06.2018 à 10h47

    L’équilibre macro-économique naturel est impossible tant que notre interprétation du système reste celle de l’argent uniquement créé par le crédit et non pas par l’État comme l’expliquent les post-keynésiens.
    Notre conception actuelle de l’argent mène à une « instabilité du processus économique ». Les gouvernements essaient de compenser cela par une politique conjoncturelle, ce qui ne marche qu’à grand peine et imparfaitement. Éliminer réellement l’instabilité, cela exige un nouvel ordre monétaire, dans lequel l’argent est mis en circulation par des dépenses directes de l’État.

    Dans la vision post-keynésienne, l’État est le créateur de la monnaie, et le reste de l’économie obtient la monnaie auprès de lui. La gestion du budget de l’État est inverse de celle du reste de l’économie : Au lieu de devoir préalablement obtenir sa monnaie des autres pour pouvoir ensuite la dépenser, comme un ménage ou une entreprise, tout au contraire, il doit d’abord créer et dépenser cette monnaie dans l’économie avant de pouvoir éventuellement la reprendre. Jamais un État ne parvient à obtenir du reste de l’économie plus qu’il n’en a créé et injecté

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  • jerome // 19.06.2018 à 10h49

    Les dirigeants sont victimes de plusieurs dogmes, mais en particulier celui d’avoir oublié qu’un État souverain peut émettre sa propre monnaie. Ils considèrent en plus d’une manière erronée que le budget d’un État est la représentation du budget d’un ménage (qui ne peut dépenser plus que ce qu’il gagne, sauf à emprunter), et ils en arrivent donc à penser que l’équilibre est indispensable. Et pourtant, c’est l’inverse : le déficit d’un État est indispensable pour satisfaire tous les besoins d’investissement collectifs à long terme qu’aucun acteur privé, faute de rentabilité, ne veut prendre à sa charge.

    Dans un système de monnaie fiduciaire (c’est à dire basé uniquement sur la confiance et non pas sur un support physique de métal ou de papier), comme celui qui est en place depuis 1971, un déficit public est obligatoire, si nous voulons qu’il y ait de la monnaie qui circule et que chacun puisse utiliser tous les jours. Ceci provient du fait que dans un tel système, le déficit public est strictement égal à la somme de l’épargne monétaire privée + le solde de la balance courante, et donc pour l’ensemble des nations la somme des déficits publics des nations est strictement égale à la somme de l’épargne monétaire privée.
    Le déficit public n’est pas l’état pathologique des finances publiques, mais la nécessaire injection de devises dans le système du crédit privé qui serait autrement condamné à terme.

    Déficit public = épargne privée + déficit extérieur

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  • Vincent // 19.06.2018 à 10h51

    Questions de néophyte :
    L’auteur de l’article écrit : « Lorsqu’elle accorde un crédit, une banque émet une créance à son actif et crée de la monnaie ex nihilo sur le compte en banque de son client au passif. »
    Puis il utilise la métaphore de la baignoire en soulignant que « L’arrivée d’eau, ce sont les crédits nouveaux, l’évacuation d’eau, ce sont les crédits anciens remboursés, la quantité d’eau, c’est la masse monétaire ».
    Donc il semble affirmer que le système prend en compte seulement 2 variables : d’une part, les crédits / créances que la banque crée ex-nihilo (en tablant sur des remboursements avec intérêts) et, d’autre part, les remboursements.
    Alors pourquoi les banques ont-elles besoin de refinancement auprès de la BCE ?
    Pour garantir l’argent qu’elles prêtent (et dont elles seront plus remboursées avec intérêts par les particuliers ou les entreprises) ?
    A quel taux empruntent ces banques auprès de la BCE ?
    A un taux inférieur à ceux qu’elles octroient aux particuliers et entreprises ?
    Si oui, cela signifie-t-il que le système engraisse en priorité les banques et ne sert que secondairement à financer l’économie ?

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    • jerome // 19.06.2018 à 11h18

      En pratique, à chaque fois qu’une banque secondaire accorde un prêt disons de 1000 euros à un individu ou à une entreprise, la banque ne prend pas 1000 euros sur le compte d’un de ses clients pour le prêter. Elle fabrique ces 1000 euros sous forme d’une ligne informatique sous réserve de posséder un minimum légal de 1 % de la somme prêtée, en monnaie particulière que beaucoup nomment la monnaie centrale (car fabriquée par la banque centrale et prêtée aux banques secondaires à leur demande). Cette monnaie « centrale » ou « base monétaire », sert de réserve obligatoire, afin que la banque centrale puisse réguler les crédits accordés par les banques secondaires. Ainsi les banques obligées d’emprunter une certaine somme de monnaie centrale ne pourraient pas se permettre de prêter des sommes exagérées. Dans la vision orthodoxe, cette monnaie centrale ne circule qu’entre la banque centrale et les banques secondaires et ne sort jamais de ce circuit.

      Autrement écrit : quand une banque concède un crédit elle inscrit cette créance (le montant du prêt que l’emprunteur doit alors à la banque) à son actif et crédite le compte du bénéficiaire du crédit à son passif. Comme les gens ne prennent généralement pas un crédit, si ce n’est pas pour le dépenser rapidement pour l’achat d’un bien ou d’une propriété, l’argent est ensuite transféré sur le compte d’un autre déposant qui lui a vendu ce bien ou cette propriété. Donc, les crédits font les dépôts et pas le contraire.

      La banque commerciale doit toutefois au final donc s’assurer de deux choses :

      1. que le total de ces actifs, pondéré par leur degré de risque, n’excède pas un certain multiple de ses fonds propres. Ce qui correspond au ratio de solvabilité définit par les mesures de régulation monétaire, dites de Bâle II, décidées par la banque des règlements internationaux.
      2. qu’elle détient en réserves un minimum de liquidités (1% des dépôts) en monnaie centrale.
      C’est pour cela que les banques secondaires font appel au marché interbancaire et éventuellement à la banque centrale et sont parfois obligées de recapitaliser leurs fonds propres quand ils ne sont pas suffisants (encore que les critères de solvabilité de Bâle II sont très rarement respectés par les banques de l’Eurozone!).

      Il faut noter que certaines banques centrales comme la banque centrale de Nouvelle-Zélande par exemple ne posent aucune limite à la somme qu’elles prêtent aux banques secondaires à leurs demandes. D’autres pays n’obligent pas leurs banques secondaires à détenir des réserves de monnaie centrale. Ils jugent que la nécessité de détenir l’argent prêtée à chaque fois qu’un client paye un client d’une autre banque (ce que certains nomment les « fuites », que constituent également par ailleurs, les retraits d’argent aux distributeurs) est déjà une contrainte suffisante pour ne pas que les banques exagèrent en termes de volume de leurs prêts au risque de devenir insolvables et déstabiliser le système économique.

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    • Ricard’eau // 19.06.2018 à 11h24

      Je n’ai pas suivi depuis un certain moment les taux de la BCE, mais les taux tournent aux alentours de 0.2%

      Les banques commerciales sont autorisés a octroier en forme de crédit 40 fois les sommes que elles possèdent

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      • jerome // 19.06.2018 à 13h44

        Les crédits sont seulement des promesses de payer. A la fin, il faut bien que les banques trouvent l’argent promis (soit les dépôts des clients, soit elles empruntent sur les marchés (ou à la Banque centrale) moins cher à court terme ce qu’elles prêtent plus cher à long terme).

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    • K // 19.06.2018 à 12h15

      Si la BCE refinance massivement les banques, à travers les QE en particulier, c’est pour garantir la solvabilités des banques. L’euro fort asphixie nombre d’entreprises du sud de l’Europe qui font faillite et qui donc ne remboursent plus leurs crédits bancaires. D’où de lourdes pertes pour les banques et un risque de perte de confiance des déposants (bank run). Le refinancement des banques permet de maintenir la solvabilité des banques malgrés les pertes passées et futures.

      L’autre raison du refinancement des banques, c’est d’assurer un afflux massif de liquidité dans l’économie. Puisque ce qui est rare est cher, ce qui est abondant est pas cher. Donc cet afflux de liquidité permet de maintenir les taux bas dans la zone euro et évite la faillite et le défaut de paiement des Etats et des entreprises du sud.

      C’est une stratégie qui ne résoud rien mais qui permet de retarder l’arrivée de la crise.

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  • jerome // 19.06.2018 à 10h51

    Depuis 1971, le gouvernement peut dépenser autant qu’il le souhaite dans la mesure où il y a suffisamment de biens et services à vendre, même s’il n’a aucun or en réserve. C’est un changement énorme. Indépendamment du fait que le gouvernement ait dépensé plus ou moins que ses revenus, quel que soit le jour particulier, le gouvernement a toujours la même capacité à dépenser.
    Il n’y a pas de concept tel que le gouvernement « n’a plus d’argent » ou qu’il ne soit pas capable de financer un programme. Combien le gouvernement peut dépenser dépend entièrement de son choix. Il n’y a aucune restriction sur sa capacité financière. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de restriction à ses dépenses. Clairement, il y en a, la quantité de biens et services qui sont à vendre, le travail des gens au chômage inclut (c’est à dire en comptant les biens et services que les chômeurs pourraient échanger s’ils avaient un travail).
    L’État n’a pas de souci de trésorerie. Il peut partir en guerre au Mali (avec les dépenses qui vont avec), il peut dépenser où il veut quand il veut.
    Son problème vient plus tard, comment faire en sorte que l’argent investi ne crée pas d’inflation. Ce qui peut arriver quand la quantité d’argent dépasse la quantité de produits à vendre ou à acheter.

      +4

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  • Opposum // 19.06.2018 à 11h16

    N’étant pas diplômé en sciences économiques, j’avoue avoir un peu de mal à comprendre le préambule de Monsieur Izoulet. Comment la BCE peut-elle « couper l’alimentation en euro » de l’Italie quand on sait que ce sont les banques centrales des pays membres qui émettent la monnaie ? Pourquoi les Italiens ne se contentent-ils pas d’imprimer en masse des euros pour dévaluer cette monnaie ? Après tout, l’Union Européenne aurait bien du mal à « virer » sa troisième économie et si l’impression massive de monnaie est interdite par les traités, l’option de retrait existe.

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    • patrickv // 19.06.2018 à 15h53

      non, ce ne sont plus les banques centrales des pays qui émettent la monnaie.
      d’ailleurs la Grêce n’a même plus de « planche à billets » ! (et je me demande pour l’Italie, si qq peut me renseigner)

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      • TC // 19.06.2018 à 18h52

        Détrompez-vous ! Ce sont bien les BCN qui émettent la monnaie fiduciaire.

        https://www.ecb.europa.eu/ecb/tasks/euro/html/index.fr.html
        La BCE et les BCN des pays de la zone euro sont habilitées à émettre les billets en euros. Toutefois, dans la pratique, seules les BCN procèdent à l’émission et au retrait physiques des billets en euros. La BCE ne dispose pas de services de caisse et n’intervient dans aucune opération de caisse. En ce qui concerne les pièces en euros, seuls les pays de la zone euro sont habilités à les émettre.

        A supposer qu’une BCN émettrait de la monnaie sans l’aval de la BCE, cela placerait l’Etat membre en violation des traités européens. On imagine sans mal les conséquences que cela pourrait entraîner pour ce pays et son système bancaire.

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        • patrickv // 19.06.2018 à 19h27

          oui, mais la Grêce n’a plus de « planche à billets », donc ne peut imprimer quoi que ce soit .

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          • TC // 20.06.2018 à 07h29

            Source ?

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        • WASTERLAIN // 19.06.2018 à 19h43

          Non, je n’arrive pas à m’imaginer les conséquences. Quelles seraient-elles d’après vous ?

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        • Opposum // 19.06.2018 à 22h06

          Je suis aussi curieux de connaître la nature exacte des conséquences que vous évoquez. Un scénario « à la grecque » est inenvisageable pour un pays aussi important que l’Italie, donc, à part pousser des cris de vierges effarouchées, je ne vois pas quelles mesures concrètes l’UE pourrait prendre. Et quand bien même, le gouvernement italien pourrait choisir de poser une option de retrait (=/= Brexit), justement pour éviter de violer les traités.

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        • TC // 20.06.2018 à 07h51

          Je vais essayer de répondre au mieux de ce que j’ai pu lire ici et là. Bien sûr, je peux me tromper, et il faudrait poser ces questions à un spécialiste de l’eurosystème.

          La première conséquence serait l’impossibilité pour l’Italie de se financer à des taux raisonnables (le cas de la Grèce est explicite). Ensuite, la BCE pourrait refuser d’alimenter la BCN et les banques commerciales en monnaie centrale et plus grave encore, les euros italiens pourraient être refusés. Chaque banque centrale emet des billets et pièces reconnaissables, il serait donc facile d’en interdire la circulation hors d’Italie s’entend.

          Bien évidemment, ce scénario serait une catastrophe autant pour l’Italie que pour l’eurosystème à moins qu’une sortie concertée puisse être envisagée.
          On comprend mieux pourquoi les gouvernements grec et italien ont été réticents à opter pour une sortie unilatérale.

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          • jerome // 20.06.2018 à 16h00

            Les états cherchent des prêteurs depuis la nuit des temps ou presque. Ceux ci doivent avoir confiance (retrouver leur argent non dévalué), Le temps des dettes royales commence au XIIIe siècle en France : l’État emprunte, s’endette et augmente les impôts avec Saint Louis (1226-1270), traditionnellement connu pour être le premier roi de l’endettement, des impôts et des taxes.
            Il fut suivi, parmi les grands rois emprunteurs, par Philippe le Bel (1285-1314), qui adopte comme autres solutions d’écorner la monnaie (équivalent à une dévaluation), de rançonner et pratiquer l’extorsion des biens de banquiers lombards, des financiers juifs et des Templiers (1307) pour récupérer une partie de ses biens et combler le déficit du Trésor pour plusieurs années. Louis XIV en fera de même en 1661 avec Fouquet lui confisquant ses biens, alors que les besoins du royaume ne cessaient d’augmenter (Fourny).
            puis en 1522 en France avec les premières « obligations » de la ville de Paris (les rentes de l’Hôtel de ville) les états
            La Grèce ou l’Italie contemporaines trouveront elles des preteurs si ils sortent du système ????

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          • WASTERLAIN // 20.06.2018 à 20h24

            ‘’Je vais essayer de répondre au mieux de ce que j’ai pu lire ici et là. Bien sûr, je peux me tromper, et il faudrait poser ces questions à un spécialiste de l’eurosystème.’’
            Votre entrée en matière prouve que, contrairement à ce que vous disiez dans votre intervention précédente ‘’On imagine PAS sans mal les conséquences que cela pourrait entraîner pour ce pays et son système bancaire’’, à moins bien sûr d’être convaincu par la doctrine ‘’TINA’.
            Moi non plus je ne suis pas un spécialiste des questions monétaires, mais moi aussi j’ai lu (beaucoup) sur cette question et voici ce que j’en ai compris :
            1) L’impossibilité de se financer à des taux raisonnables peut être contournée en revenant à ce qui existait avant, c’est-à-dire par le biais de sa banque centrale ou émission de bon du trésor.
            2) Que les euros soient ou non reconnaissables n’est pas un problème (au contraire, voir plus loin) dans les transactions internationales puisque les transactions ne se font pas en monnaie fiduciaire, mais en monnaie scripturale qui par ailleurs est généralement le dollar. Le souci est donc de posséder suffisamment de cette devise, y compris dans les échanges intra-européens. Comment ? J’avoue que je n’en sais rien lorsque l’on ne possède pas de matières premières à vendre. En tout cas, dans les premières mesures à prendre il s’agirait par exemple d’augmenter la TVA sur les produits de consommation courante importés (une façon détournée de rétablir un droit de douane interdit par l’UE si on crée le label ‘’produit en Italie’’) et de rétablir, avant même l’annonce de la sortie de l’Euro, le contrôle des changes pour empêcher la fuite des capitaux, interdit aussi, mais pourtant appliqué lors de la crise chypriote.
            3) En même temps que le rétablissement du contrôle des changes, interdiction de l’usage de l’euro non italien (que l’on peut identifier, vous l’avez souligné) pour le commerce intérieur que l’on échange contre des euros italiens.
            4) Relance par des investissements publics et par une politique fiscale favorisant le rapatriement des productions industrielles en Italie.
            5) Dévaluation de la nouvelle monnaie si le réajustement ne se fait pas automatiquement par le ‘’marché’’ accompagnée de l’indexation des salaires et des aides sociales.
            6) Contrôle des prix des biens de consommation de première nécessité.

            Voilà me semble-t-il quelques mesures qui devraient probablement accompagner la sortie de l’Euro. Il y en a d’autres certainement. Et si l’euro se casse la figure, ce qui semble se dessiner de plus en plus, elles devront être appliquées en tout ou en partie selon la politique qu’adoptera tel ou tel pays de la zone euro (sauver les détenteurs de capitaux ou protéger sa population). Les italiens souffriraient-ils ? Dans un premier temps ça ne fait aucun doute, mais croyez-vous que les grecs ne souffrent pas…

            Il serait intéressant qu’un débat soit organisé sur les crises en invitant des ‘’spécialistes’’ (pas ceux qui nous expliquent combien c’est impossible) qui nous expliqueraient en mots simples comment une sortie de l’euro, volontaire, accidentelle ou forcée pourrait être concrètement gérée.

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            • TC // 21.06.2018 à 08h56

              J’exprimais mon propos dans le cadre d’une décision unilatérale sans référendum pour assoir une légitimité. Je tiens ici de le préciser.

              « 1) L’impossibilité de se financer à des taux raisonnables peut être contournée en revenant à ce qui existait avant, c’est-à-dire par le biais de sa banque centrale ou émission de bon du trésor. »

              Oui, effectivement, cela pourrait être le cas pour financer les investissements (c’est ce que préconisent certains économistes) mais pas pour le fonctionnement de l’Etat qui aura besoin de se financer ailleurs. L’Etat est soumis aux mêmes règles monétaires que les autres acteurs économiques, trop de papiers imprimés et c’est l’inflation.

              Pour le 2, je n’ai pas la réponse non plus mais si la BCE n’alimente plus la BCN et les banques commerciales, je ne vois pas comment l’Italie pourrait continuer à exister dans l’eurosystème. Bien sûr, rétablir le contrôle des mouvements de capitaux est un impératif.

              Oui, un débat sur la question serait intéressant, je verrai bien Jacques Sapir et Vincent Brousseau discuter de ces questions.

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            • Opposum // 21.06.2018 à 12h16

              Mis à part piquer une crise de nerf, je vois mal ce que pourrait faire l’Union Européenne si jamais les Italiens décidaient de tenter cette aventure. Une dévaluation de l’euro profiterait à l’Italie mais aussi (de ce que j’en ai compris) à la Grèce, à l’Espagne, au Portugal et à la France (dans une moindre mesure), soit autant de pays qui pourraient appuyer cette mesure et barrer la route à l’Allemagne et aux pays du nord de l’Europe. Attaquer l’Italie, au risque de voir son économie s’effondrer et son système bancaire être encore plus fragilisé qu’il ne l’est, c’est aussi prendre le risque de voir une crise s’abattre sur l’intégralité de la zone euro, non ?

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    • moi // 20.06.2018 à 07h41

      Oui, ce sont les banques centrales nationales qui émettent de la monnaie, mais encore faut-il que cette monnaie soit reconnue par les autres banques centrales. Ce qui s’est passé dans le cas de Chypre en 2013, c’est un embargo monétaire, les « euros » du pays n’étant plus acceptés par la BCE.

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  • Daniel // 19.06.2018 à 12h59

    Ce qui est intéressant dans ce nouveau gouvernement Italien est qu’il veuille remettre également en place la séparation bancaire (Glass Steagall).
    cela permet d’amener l’idée de la finalité de la monnaie, quel en est son usage ?
    Dans ce cadre, le contrôle de l’émission monétaire par du crédit public orienté vers l’investissement dans le physique (infrastructure) devient possible et même recommandé. (NB : le crédit public ne doit jamais être utilisé pour les dépenses courantes, ce qui serait très inflationniste).
    On se rapprocherait ainsi du système de crédit qui a fait la réussite de nos « 30 Glorieuses » ou de des « Nouvelles routes de la Soie » Chinoises en ce moment.
    https://sansapriori.net/2018/06/12/2835-litalie-ouvre-une-breche-dans-la-forteresse-de-lunion-europeenne/

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  • BA // 19.06.2018 à 14h23

    Bruno Le Maire : « L’Europe est dans un processus de décomposition. »

    Sur l’Europe, Bruno Le Maire dresse un constat alarmant.

    Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, était l’invité de BFM TV mardi 19 juin.

    « L’Europe est dans un processus de décomposition sous nos yeux », s’est alarmé le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, sur BFM TV.

    Et de pointer du doigt « les Etats qui se replient sur eux-mêmes ». Selon lui, la question migratoire ou celle du risque financier, notamment, « ne peuvent avoir de solutions que européennes ».

    https://www.lopinion.fr/video/phrase/l-europe-bruno-maire-dresse-constat-alarmant-154052

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  • Jean // 19.06.2018 à 22h38

    A part le fait que ca sera l’Allemagne a sortir de l’euro bien avant l’Italie, les minibot Italien regarderon seulement l’economie interne, pour le commerce extereur il y a des reserves assi en dollar.

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  • moi // 20.06.2018 à 07h36

    « Qu’on appelle une telle monnaie euro, lire ou n’importe quel autre nom, que les pays la reconnaissent ou non, et que son statut juridique soit fixé ou non, toutes ces choses n’auront plus grande importance au plan économique, car de ce point de vue elle sera de facto, la monnaie souveraine de l’Italie. »

    Tout de même, il me semble que la confiance que l’on place dans une monnaie a de l’importance. Pour que cette monnaie puisse remplir pleinement son rôle, il faudrait qu’elle puisse être utilisée également à l’international et sur les marchés financiers.

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  • moi // 20.06.2018 à 07h46

    Est-ce que le gouvernement italien envisage toujours de créer une monnaie parallèle ? J’ai l’impression qu’il a abandonné cette idée, ou du moins qu’il l’a mise de côté.

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  • zatoo // 22.06.2018 à 11h31

    loi de gresham: la mauvaise monnaie chasse la bonne .Au cas ou le gouvernement italien aurait la mauvaise idée
    de revenir a la lire en quittant l’euro il y aurait une ruée des italiens pour retirer leurs avoirs bancaires en euros et une sortie massive des capitaux vers l’étranger. Pour couronner L’Italie ne pourrait emprunter sur le marché international
    qu’a des conditions de taux exorbitantes et en euro ou en dollar ! bonjour les dégats du boin de vue économique.
    l’Italie n’a guère le choix quoi qu’en pense les adversaires de l’union européenne

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    • Maurice // 23.06.2018 à 14h11

      Zatoo. Que cela vous fasse plaisir ou non, JAMAIS dans l’histoire du monde une distorsion des « lois naturelles » et concernant n’importe quel problème d’envergure et de nature que ce soit n’a pu perduré davantage qu’un « certain temps » (F. Reynaud)
      Une monnaie nationale s’adapte, de facto, dans l’environnement international, à une valeur (comparativement à ses concurrentes) qui représente, en gros, sa productivité économique. (toujours en « comparaison concurrentielle »)
      Les variations inévitables des économies respectives entrainent NATURELLEMENT une variation de « valeur » sur un marché des changes international libre! (FOREX, de gré à gré)
      Il est donc impossible, stupide et contre nature de vouloir IMPOSER à des économies nationales différentes de fonctionner harmonieusement avec une monnaie commune !
      sauf à avoir, auparavant, harmonisé les lois fiscales, les impôts, les salaires, etc, ce qui n’est pas le cas, comme chacun sait !
      Dès lors, les économies continuant leur vie propre continueront à diverger de plus en plus, jusqu’à la dissolution finale de ce dispositif autant criminel et idiot que ravageur et qui a conduit rapidement à « trop de maisons en Espagne, trop de fonctionnaires en France et trop d’usines en Allemagne !  »
      (La citation est de Charles Gave et force est de constater que sa prédiction s’est, hélas, réalisée!)
      Donc, je tiens à vous informer qu’étant enfant, j’ai connu l’or comme monnaie, sous la forme des pièces que m’offrait ma grand-mère grâce au reliquat de celles qu’elle avait utilisées, sa vie durant et jusqu’à l’épisode dramatique de la guerre 1914/18.
      En même temps je vivais avec le Franc ordinaire qui devint bientôt « l’ancien Franc » lorsque, sous le Général de Gaulle, sa parité de valeur fut ajustée d’un facteur haussier de 100 !
      Depuis assez peu, à l’échelle du temps « historique », j’ai été contraint d’utiliser l’Euro, comme tous les « européens » (enfin, seulement ceux qui ont bien voulu accepter leur malheur économique quotidien et son aggravation à venir et qui approche désormais à grandes enjambées)
      Si bien, qu’avant de disparaître, j’aurai bientôt la joie de voir la France revenir à sa monnaie nationale, pour se diriger vers un futur meilleur et, dans tous les cas possibles et imaginables, nettement moins mauvais que si elle était resté dans l’Euro !
      Vous reconnaîtrez, j’en suis sûr, que ce n’est guère banal, dans la courte vie d’un homme, de partir en ayant connu CINQ monnaies légales et d’en avoir utilisé quatre au quotidien ! ! !

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  • RV // 24.06.2018 à 18h29

    https://www.les-crises.fr/quel-plan-de-sortie-de-leuro-pour-litalie-par-hypotheses/#comment-520834
    RV // 19.06.2018 à 21h39
    Je serai curieux de savoir si l’hôte de ces lieux est d’accord avec “la légende urbaine” de la création ex nihilo de la monnaie par les crédits consentis par les banques et ce qu’il pense de l’analyse de Paul Jorion sur la question.
    https://www.pauljorion.com/blog/tag/creation-monetaire/
    Mais peut-être ce débat a-t-il déjà eu lieu ici, dans ce cas est-il accessible en archive ?

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