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Réflexions gênantes sur la guerre froide et autres nouvelles. Par Stephen F. Cohen

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Source : The Nation, Stephen F. Cohen, 17-10-2018

Les agences de renseignement, Nikki Haley, les sanctions et l’opinion publique.

Par Stephen F. Cohen

17 octobre 2018

Stephen F. Cohen, professeur émérite d’études russes et de politique à Princeton et à NYU, et John Batchelor poursuivent leurs discussions (habituellement) hebdomadaires sur la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie. (Les épisodes précédents, qui en sont maintenant à leur cinquième année, sont sur le site TheNation.com). Cohen commente les sujets suivants qui font actuellement l’actualité :

1. Les services nationaux de renseignement jouent depuis longtemps un rôle majeur, souvent peu visible, dans la politique internationale. Ils le font à nouveau aujourd’hui, comme cela est évident dans plusieurs pays, depuis le Russia-gate aux États-Unis et la tentative trouble d’assassinat de Skripal au Royaume-Uni jusqu’au meurtre apparent de Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien en Turquie. Outre ce que le président Obama savait des allégations du Russia-gate contre Donald Trump et quand il en a eu connaissance, la question se pose de savoir si ces opérations ont été ordonnées par le président Poutine et le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) ou étaient des opérations « voyous » inconnues à l’avance des dirigeants et peut-être même dirigées contre eux.

Il y a eu beaucoup d’opérations purement criminelles et commerciales « voyous » de la part d’agents du renseignement dans l’histoire, mais aussi des opérations « voyous » qui étaient à but politique. Nous savons, par exemple, que les services de renseignement soviétiques et américains – ou des groupes d’agents – ont tenté de perturber la détente d’Eisenhower-Khrouchtchev à la fin des années 1950 et au début des années 1960, et que certains acteurs du renseignement ont tenté d’empêcher Khrouchtchev de reconnaître officiellement l’Allemagne occidentale, également au début des années 60.

Il est donc raisonnable de se demander si les attaques contre Skripal et Khashoggi étaient des opérations « voyous » menées par des opposants politiques à la politique des dirigeants au pays ou à l’étranger, avec l’aide de l’un ou l’autre service ou agent de renseignement. Le mobile est une – et peut-être la – question cruciale. Pourquoi Poutine ordonnerait-il une telle opération au Royaume-Uni au moment même où son gouvernement entreprenait une importante campagne de relations publiques en Occident dans le cadre de la prochaine Coupe du monde en Russie ? Et pourquoi MBS risquerait-il un scandale Khashoggi alors qu’il s’emploie assidûment à promouvoir son image de dirigeant saoudien éclairé et réformateur à l’étranger ?

Nous manquons de preuves et d’une officielle franchise pour étudier ces questions, comme c’est généralement le cas pour les opérations sous couverture, secrètes et de désinformation du renseignement. Mais les questions sont certainement une raison suffisante pour ne pas se précipiter vers un jugement, comme le font de nombreux experts américains. Dire « nous ne savons pas » est peut-être invendable dans l’environnement médiatique d’aujourd’hui, mais c’est honnête et la bonne approche pour une « analyse » potentiellement fructueuse.

2. Nous savons cependant que l’establishment politique et médiatique américain s’est opposé farouchement à la politique de « coopération avec la Russie » du président Trump, y compris dans les agences de renseignement américaines, en particulier la CIA et le FBI, et à des niveaux élevés de sa propre administration.

Nous pourrions considérer la démission de Nikki Haley en tant qu’ambassadrice de l’ONU sous cet angle. Malgré la couronne de lauriers que lui ont tressée les médias anti-Trump et Trump lui-même à l’occasion de l’enthousiaste sauterie d’adieux à la Maison-Blanche, Haley n’a pas été énormément admirée par ses collègues de l’ONU. Lorsqu’elle a été nommée pour des raisons politiques par Trump, elle n’avait aucune formation en politique étrangère ni aucune connaissance approfondie des autres pays ou des relations internationales en général. À en juger par sa performance en tant qu’ambassadrice, elle n’a pas acquis non plus beaucoup d’expérience sur ce travail, lisant presque toujours des commentaires, même courts, dans des textes préparés à l’avance.

Plus précisément, les déclarations de Haley concernant la Russie à l’ONU étaient, le plus souvent, différentes de celles de Trump – en fait, implicitement en opposition à celles de Trump. (Elle n’a rien fait, par exemple, pour contrer les accusations à Washington disant que la réunion au sommet de Trump avec Poutine à Helsinki en juillet, avait été une « trahison »). Qui a écrit ces déclarations pour elle, très similaires aux déclarations concernant la Russie, publiées par les agences de renseignement américaines depuis début 2017 ? Il est difficile d’imaginer que Trump était contrarié de la voir partir, et plus facile de l’imaginer la pousser vers la sortie. Un président a besoin de quelqu’un de loyal comme secrétaire d’État et à l’ONU. Les remarques de Haley à la Maison-Blanche au sujet de la famille de Trump suggèrent qu’une entente a été conclue pour faciliter sa sortie, les deux parties s’engageant à éviter les reproches. Nous verrons si les opposants à la politique russe de Trump peuvent mettre un autre porte-parole à l’ONU.

En ce qui concerne les aspects de la politique étrangère américaine que Trump contrôle réellement, nous pourrions lui demander de toute urgence s’il a autorisé, ou s’il a été pleinement informé, des exercices aériens militaires conjoints États-Unis-OTAN-Ukraine qui se sont déroulés le 8 octobre au-dessus de l’Ukraine, aux abords mêmes de la Russie. Moscou considère non sans raison ces exercices comme une « provocation » majeure.

3. Que veulent les adversaires de Trump au lieu de la « coopération avec la Russie » ? Une ligne beaucoup plus dure, y compris des sanctions économiques plus « écrasantes ». Les sanctions s’apparentent davantage à des crises de colère et à la rage au volant qu’à une véritable politique de sécurité nationale, et sont donc souvent contre-productives. Nous avons des preuves récentes. L’excédent commercial de la Russie est passé à plus de 100 milliards de dollars. Les prix mondiaux des exportations primaires de la Russie, le pétrole et le gaz, sont passés à plus de 80 dollars l’unité alors que le budget fédéral de Moscou est basé sur 53 dollars le baril. Les promoteurs de sanctions anti-russes se réjouissent d’avoir affaibli le rouble. Mais tout en imposant certaines difficultés aux citoyens ordinaires, la combinaison des prix élevés du pétrole et d’un rouble plus faible est idéale pour l’État russe et les entreprises exportatrices. Ils vendent à l’étranger pour des devises étrangères surévaluées et paient leurs frais d’exploitation chez eux en roubles moins chers. Pour risquer un jeu de mots, ils « l’écrasent ».

Les sanctions du Congrès – pour quoi ce n’est pas toujours clair – ont aidé Poutine d’une autre manière. Pendant des années, il a essayé sans succès d’obtenir des « oligarques » qu’ils rapatrient leurs richesses de l’étranger. Les sanctions américaines à l’encontre de divers « oligarques » les ont persuadés, eux et d’autres, de commencer à le faire, ramenant peut-être jusqu’à 90 milliards de dollars chez eux dès 2018.

A défaut d’autre chose, ces nouveaux flux de trésorerie budgétaires aident Poutine à faire face à la baisse de sa popularité chez lui – il a toujours un taux d’approbation bien supérieur à 60 % – en raison de la décision du Kremlin de relever l’âge de la retraite des hommes et des femmes, qui passe de 60 à 65 ans et de 55 à 60 ans respectivement. Le Kremlin peut utiliser les recettes supplémentaires pour augmenter la valeur des pensions, les compléter par d’autres prestations sociales ou pour appliquer le changement d’âge sur une plus longue période.

Il semble que le Congrès, en particulier le Sénat, n’a pas d’autre politique russe que des sanctions. Il se peut qu’il ait des difficultés à trouver des alternatives. Une façon de commencer serait de tenir de véritables « débats » au lieu de la proclamation rituelle de la politique orthodoxe par des « experts », une pratique de longue date. Il y a plus d’un certain nombre de spécialistes qui pensent que des approches différentes concernant Moscou se font longuement attendre.

4. Tous ces développements dangereux, voire la nouvelle guerre froide américano-russe elle-même, sont des projets des élites : politique, médiatiques, renseignement, etc. Les électeurs n’ont jamais vraiment été consultés. Ils ne semblent pas non plus approuver. En août, Gallup a demandé à son échantillon habituel d’Américains quelle politique à l’égard de la Russie ils préféraient. Cinquante-sept pour cent d’entre eux souhaitaient une amélioration des relations, contre seulement 36 % qui souhaitaient une politique américaine plus sévère et davantage de sanctions. (Pendant ce temps, les deux tiers des Russes interrogés par un organisme indépendant considèrent maintenant les États-Unis comme l’ennemi numéro un de leur pays, et environ les trois quarts voient la Chine d’un bon œil.)

Est-ce qu’une des personnalités politiques américaines déjà en lice pour l’investiture du parti démocrate à la présidence en 2020 tiendra compte de ces réalités ?

Stephen F. Cohen est professeur émérite d’études et de politique russes à l’Université de New York et à l’Université de Princeton et collabore comme rédacteur à The Nation.

Source : The Nation, Stephen F. Cohen, 17-10-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Alfred // 06.11.2018 à 07h23

Réflexions genantes:
1-la géographie (au sens très large) voudrait que la l’Europe soit alliée à la Russie or elle s’est ssoumise aux Etats Unis et est hostile à la Russie. Elle perd ainsi un débouché, un bassin de ressources primaires, et se positionne idéalement pour être oblitérée en tant que champ de bataille principal ou secondaire ( le premier étant le grand nord).
2- la géographie (au sens large) voudrait que la Russie voie la Chine comme une menace mortelle a plus ou moins longue échéance (l’arbre du déséquilibre de population et de ressources penchant vers la ou il doit tomber tôt ou tard). La Russie ne peut absolument pas s’opposer à la Chine sans avoir des alliés indéfectibles européens (ce qui serait aussi leur intérêt contre la Chine). Et pourtant l’exact contraire se passe. Les occidentaux ont poussé leurs deux ennemis dans une alliance à terme déséquilibrée (quand la Chine n’aura plus besoin de technologie russe).
Aucune nouvelle qui vienne des états unis ne me gène (ne me surprend) ni ne m’intéresse. Le prochain président américain qu’il soit asiatique transgenre ou hispanique réactionnaire à stetson suivra de toutes manières la même politique que toujours. Il n’est pas besoin de la décrire. Le pouvoir par la mort jusqu’à la mort. Aucune prise de conscience ni revirement positif ne peut raisonnablement être attendu. Il n’y a ni force ni mécanisme qui y conduise avant le chaos.

18 réactions et commentaires

  • Alfred // 06.11.2018 à 07h23

    Réflexions genantes:
    1-la géographie (au sens très large) voudrait que la l’Europe soit alliée à la Russie or elle s’est ssoumise aux Etats Unis et est hostile à la Russie. Elle perd ainsi un débouché, un bassin de ressources primaires, et se positionne idéalement pour être oblitérée en tant que champ de bataille principal ou secondaire ( le premier étant le grand nord).
    2- la géographie (au sens large) voudrait que la Russie voie la Chine comme une menace mortelle a plus ou moins longue échéance (l’arbre du déséquilibre de population et de ressources penchant vers la ou il doit tomber tôt ou tard). La Russie ne peut absolument pas s’opposer à la Chine sans avoir des alliés indéfectibles européens (ce qui serait aussi leur intérêt contre la Chine). Et pourtant l’exact contraire se passe. Les occidentaux ont poussé leurs deux ennemis dans une alliance à terme déséquilibrée (quand la Chine n’aura plus besoin de technologie russe).
    Aucune nouvelle qui vienne des états unis ne me gène (ne me surprend) ni ne m’intéresse. Le prochain président américain qu’il soit asiatique transgenre ou hispanique réactionnaire à stetson suivra de toutes manières la même politique que toujours. Il n’est pas besoin de la décrire. Le pouvoir par la mort jusqu’à la mort. Aucune prise de conscience ni revirement positif ne peut raisonnablement être attendu. Il n’y a ni force ni mécanisme qui y conduise avant le chaos.

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    • GardeCH // 06.11.2018 à 11h29

      Limpide et tranchant comme le cristal .

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    • Chris // 06.11.2018 à 13h41

      A propos du tandem obligé Chine-Russie, relevons qu’il ne date pas d’hier mais de plus d’un siècle pour contrer la colonisation des puissances occidentales et japonaises.
      Pour rappel, ce sont les Soviétiques qui ont défait la puissante armée d’occupation japonaise en Mandchourie… avec l’accord des USA, certes, trop heureux de limiter leurs propres pertes.
      Bien sûr pas au niveau d’intrication commerciale et militaire atteint à ce jour, globalisation-mondialisation accomplie oblige. Mao a adopté la doctrine communiste pour sortir la Chine du chaos autant colonial que féodal. Le néo-colonialisme du libre-échange (capitaux, marchandises et technologies) a finalement fait la (bonne) fortune chinoise en étant le pays manufacturier de la Calamité Internationale devenue son supermarché, laquelle espérait beurre et argent du beurre.
      La Russie avait juste quelques longueurs d’avance sous les pas de quelques tsars « occidentalisés » et révolutionnaires manipulés puis embourgeoisés.
      Tout ça pour dire que je ne partage pas votre pessimisme sur la relation sino-russe. Que la Chine surpeuplée déborde au-delà de l’Amour (fleuve !) et surtout en Transbaïkalie (Sibérie) est déjà une réalité : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kra%C3%AF_de_Transba%C3%AFkalie
      Pour rappel, la Bouriatie est de culture bouddhiste, donc pas en collision frontale avec une Chine syncrétiste : https://fr.wikipedia.org/wiki/Religion_en_Chine
      http://geopolis.francetvinfo.fr/russie-lavenir-de-la-siberie-orientale-passe-par-la-chine-68347
      Le soufflet démographique chinois va retomber d’ici une génération avec la disparition des géniteurs de la politique de l’enfant unique.
      L’initiative des Routes de la Soie, bien engagée, devrait “pacifier” l’Asie au grand dam de l’Occident infoutu de mettre la main dessus malgré les oracles d’un Mackinder. Précisément le tandem Russie-Chine s’y emploie. J’ai plus de souci avec l’Inde et le Pakistan sous influence acrimonieuse anglo-saxonne.

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    • LBSSO // 06.11.2018 à 13h53

       » Russie-Chine : une alliance de façade ?  » par Cyrille Bret

      https://theconversation.com/russie-chine-une-alliance-de-facade-79964

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    • Alain // 07.11.2018 à 12h09

      La géographie ne veut rien du tout: le point 1 est la balance entre le mercantilisme et la recherche d’un suzerain qui protège et le point 2 est de la démographie

      Après c’est le jeu des empires sachant que les dirigeants sont historiquement loin de faire les bon s choix, ceux d’aujourd’hui n’étant pas plus clairvoyants que ceux d’hier

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  • Pierre D // 06.11.2018 à 08h14

    L’utilisation du terme « Guerre Froide » aujourd’hui est une invocation hystérico-religieuse au retour des Trente Glorieuses et est nourri par le mythe d’un paradis perdu, pour quiconque considère que la surchauffe de l’économie mondiale dans la foulée d’un conflit planétaire, a eu quoique ce soit de « glorieux ».

    La Guerre Froide opposait deux conceptions radicalement opposées de l’humanité. L’individualisme contre le collectivisme et se déroulait à l’intérieur des nations (comme le maccarthysme).

    Aujourd’hui il ne s’agit plus du tout de ça. Ce sont des nationalismes qui s’affrontent. Idéologiquement USA Chine et Russie sont sur le même bateau. La question est de savoir qui bouffera l’autre, c’est America first contre Russie first, Chine first.

    L’utilisation aujourd’hui de l’expression « Guerre Froide » semble nous suggérer, que finalement ce n’est pas si grave que ça, que les grandes nations, celles qui ont le pouvoir de détruire plusieurs fois la planète, ne s’affronteront qu’à la marge, par tiers monde interposé.

    C’est une erreur. Les USA ont déjà tué des soldats russes en Syrie, par « collatéralité » dit-on. Mais les guerres nationalistes sont des guerres raciales, voire racistes et nous sommes bien placés en Europe pour savoir qu’elles ne sont pas froides du tout.

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    • Fritz // 06.11.2018 à 08h40

      L’utilisation de la formule « guerre froide » pour désigner toute la période 1945-1989 (ou 1947-1991) est surtout un exemple extraordinaire d’acculturation. Car en France, on réservait cette appellation aux années de la guerre de Corée, et dès la fin des années 1950, on parlait de la guerre froide au passé, sans ignorer les tensions entre l’Est et l’Ouest. Depuis les années 1990, nous avons copié l’usage américain : l’alignement linguistique a précédé le réalignement diplomatique et militaire (le retour de la France dans l’OTAN).

      A l’époque de Pompidou et Giscard d’Estaing, de Nixon et Brejnev, de l’Ostpolitik de Willy Brandt et de la rencontre Apollo-Soyouz (1975), on parlait de la Détente, et ce n’est pas un hasard si les Américains ont emprunté ce mot français qui leur manquait (avec l’accent aigu sur le « e ») : « the Eisenhower-Khrushchev détente of the late 1950s and early 1960s », écrit le professeur Cohen.

      Avec le recul, j’appellerais « guerre froide » la période 1947-1962, et « deuxième guerre froide » la période 1980-1985. La Détente a commencé en 1963, avec la signature du Traité soviéto-américain d’interdiction des essais nucléaires, et la deuxième Détente en 1985, avec l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev.

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    • calal // 06.11.2018 à 13h55

      Ce sont des nationalismes qui s’affrontent.
      Je n’en suis pas sur car nous sommes a la fin d’un cycle economique et qu’il y a davantage de probabilites que tout cela soit du a la cupidite de « capitalistes rentiers » qui prefere augmenter leur « richesse » par de la predation plutot que par de l’innovation.

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    • Kapimo // 06.11.2018 à 15h02

      « Ce sont des nationalismes qui s’affrontent. »

      Le « nationalisme » (la pensée nationaliste, à ne pas confondre avec le patriotisme) n’est susceptible de se développer et amener à la guerre que dans deux cas:
      1) lorsqu’un litige authentique existe entre plusieurs peuples à propos d’intérets touchant à l’intéret général de chacun des peuples concernés
      2) lorsqu’un litige existe entre plusieurs peuples à propos d’un intérets touchant à l’intérêt particulier d’une frange des populations concernées, intérêt particulier présenté aux peuples comme intérêt général par une propagande massive

      La quasi totalité des guerres récentes (y compris les deux guerres mondiales) était du deuxième type. La raréfaction de l’énergie va peut-etre générer des conflits « nationalistes » du premier type, déclenchés depuis les US ou la Chine pour s’emparer des richesses énergétiques (en Afrique et ailleurs). Il y a peu de risque de confrontations directes entre grandes entités, seule la Russie (inattaquable) ayant un surplus de richesses naturelles.

      En Europe, le populisme/nationalisme actuel (Salvini/Orban) n’est pas dirigé contre le méchant de la propagande (la Russie), mais contre la structure non démocratique de l’UE-OTAN et les pays qui en sont bénéficiaires (Allemagne surtout). L’UE, zone de concurrence terriblement féroce ouverte à tous les vents, est en fait une machine à créer du nationalisme authentique. Il faut qu’elle disparaisse et soit remplacée par d’autres mécanismes de véritable coopération.

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  • Fritz // 06.11.2018 à 08h22

    Stephen Cohen va-t-il se faire taxer de « machisme » pour ses propos envers la brillantissime Nikki Haley ?
    Plus sérieusement : le fait que 57 % des Américains souhaitent une amélioration des relations avec la Russie, « contre seulement 36 % qui souhaitaient une politique américaine plus sévère et davantage de sanctions » montre une assez belle résistance à la propagande de masse. 36 %, cela fait beaucoup, mais c’est nettement moins que le pourcentage de médias, d’éditocrates et de congressistes russophobes.

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    • Jérôme // 07.11.2018 à 07h37

      Il ne faut tout de même pas exclure qu’une bonne partie des 57% de sondés américains favorables à une amélioration des relations USA-Russie y soit favorables concrètement au sens où Trump y est favorable : que la Russie se soumette enfin à l’imperium américain et s’engage comme un loyal vassal dans une alliance anti-chinoise.

      Car pour le marteau anglo-saxon, tout problème est un clou. Autrement dit, comme expressément indiqué dans la nouvelle stratégie de sécurité nationale des USA, tout pays qui a les moyens d’échapper à l’imperium US et qui n’épouse pas la politique étrangère US est un rival qu’il faut s’apprêter à combattre.

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  • Duracuir // 06.11.2018 à 09h04

    Un sondage de 1940 a donné 95% des citoyens US opposés à une entrée en guerre contre l’Allemagne ou le Japon.
    providentielle Pearl Harbour.
    En 1944, Henry(pas Georges) Wallace, candidat de gauche, farouchement soutenu par FDR, et par 80% du parti Démocrate, partisan d’une redistribution égalitaire des fruits de la croissance et surtout, abomination, d’une entente pacifique avec l’URSS pour un avenir de paix et radieux, fut évincé de la course présidentielle par un véritable putsch commis lors de la convention du parti. Un total inconnu ayant totalisé 2% des voix lors du premier vote annulé fut élu: Truman.
    En 1948, l’armée US avait mis à la casse plus de 80% de son matériel. Puis la providentielle guerre de Corée.
    En 1960 JFK, quand même président des USA, demanda à un pote d’enquêter sur « l’avance terrible » de l’ogre soviétique en fait d’armes nucléaires qu’une presse hystérique(déjà?) matraquait avec terreur depuis des années avec tous les pontes du complexe militaro-industriel. Le pote enquêta et découvrit… que l’arsenal Russe n’était, non seulement pas supérieur au Yankee, mais qu’il était, en plus 20 fois inférieur. Voilà le niveau d’information d’un POTUS qui plus est, sénateur depuis longtemps et siégeant à la Commission de la Défense…
    1992: fin de l’URSS, ouverture des archives: aucun, absolument aucun plan de l’attaque d’un quelconque pays d’occident n’avait JAMAIS été mis en place;. Jamais. Un interrogation de tous les officiers généraux soviétiques encore vivants de la guerre froide, montra, contrairement à des types sûrs d’eux et de leur appareil, des gens qui avaient vécu dans la terreur mais « prêts au sacrifice » seuls face à la puissance colossale de l’OTAN.
    La guerre froide fut un bullshit, une invention de toute pièce du complexe militaro-industriel occidental et ses larbins politiques et médiatiques.
    A-t-on vu où que ce soit une dénonciation de ce véritable scandale de manipulation de milliards d’individu pendant 44 ans?
    Ben non, on voit les mêmes recommencer exactement la même chose.

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    • Ledufakademy // 06.11.2018 à 14h07

      C’est une piste sacrément intéressante que tu nous livre là. Quand j’ai lu « qui dirige le monde » j’avais déjà intégré que le lobby militaro-industriel s’intégrait parfaitement dans les fameux 1% qui empeche les 99% autre de vivre en harmonie en essayant de bâtir des intelligences collectives ci et là.

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    • AtomeCrochu // 07.11.2018 à 17h28

      La guerre froide n’a jamais été autre chose qu’un discours.

      Pour mieux saisir la chose, il faut comprendre le commerce des moustiquaires et des bottes militaires: y’a pas meilleur client qu’un état, que l’extorsion de fonds se fasse par l’armée ou par la dette.

      Un pamphlet fascinant est celui du général américain BUTLER, véritable renégat, en 1930:
      https://en.wikipedia.org/wiki/War_Is_a_Racket

      Un pays purement gouverné par la liberté d’entreprendre (justifiée par la cocasse doctrine protestante de la « destinée manifeste ») et sans aucune obligation d’assurer un quelconque bien commun, amène à ce funeste constat: depuis 1776, soit en 242 ans, cette nation a totalisé le nombre colossal de 2 années sans guerre. Business, as usual.

        +1

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    • Ripimar // 08.11.2018 à 21h29

      Duracuir, tu aurais des sources et infos pour creuser un peu plus ? Ça m’intéresse beaucoup, merci !

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    • Jean // 10.11.2018 à 03h55

      => 1992: fin de l’URSS, ouverture des archives: aucun, absolument aucun plan de l’attaque d’un quelconque pays d’occident n’avait JAMAIS été mis en place;. Jamais.

      Alors qu’un tel plan, aujourd’hui déclassifié, existait dans les cartons US qui prévoyait l’atomisation d’une partie importante de la population de l’URSS.

      Source : https://fr.sputniknews.com/international/201809021037920195-usa-urss-chine-guerre-nucleaire/

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  • weilan // 06.11.2018 à 13h45

    La guerre froide fut en effet une invention/manipulation vraiment géniale car elle a permis le développement à coup de trillons de $ du complexe militaro-industriel américain. Rendez vous compte: 70 ans que cette supercherie continue de croître et de prospérer !

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    • Kapimo // 06.11.2018 à 15h24

      Notez qu’on a eu depuis 2001 un interlude avec la « guerre contre le terrorisme », qui depuis quelque temps (2015) est remplacée par la nouvelle pseudo guerre-froide.

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