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12.août.201612.8.2016 // Les Crises

Tic… Tac… Tic… Tac… – par Noam Chomsky

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Source : TomDispatch.com, le 12/06/2016

Posté par Noam Chomsky, le 12 juin 2016

Cela faisait trois mois qu’il n’avait pas mis les pieds à son bureau lorsqu’il se rendit à Prague, capitale de la République Tchèque, et fit une allocution sur le dilemme nucléaire mondial. Ses déclarations semblaient venir de militants antinucléaires, pas du président des États-Unis. En appelant à utiliser de nouvelles formes d’énergie, Barack Obama a parlé avec une rare éloquence des dangers d’une planète où les armes nucléaires se sont répandues à tel point que leur utilisation va s’avérer « inévitable ». Il a plaidé pour un « monde sans armes nucléaires » et a même affirmé : « En tant que puissance nucléaire, en tant que seule puissance nucléaire à avoir utilisé l’arme nucléaire, les États-Unis ont la responsabilité morale d’agir. » Il a même promis de prendre « des décisions concrètes » pour commencer à construire un tel monde sans de telles armes.

Sept ans plus tard, il est temps de faire le bilan de notre soi-disant premier président abolitionniste. L’arsenal nucléaire américain – 4 571 ogives (quoique bien moins que les 19 000 de 1991 lors de l’implosion du l’Union Soviétique) – reste assez puissant pour détruire plusieurs planètes de la taille de la Terre. Selon la Fédération des Scientifiques Américains, les derniers chiffres du Pentagone sur cet arsenal indiquent que « l’administration Obama a réduit les réserves moins que n’importe quel autre depuis la fin de la guerre froide, et que le nombre d’ogives démantelées en 2015 était le plus faible depuis l’arrivée au pouvoir du président Obama. » Pour mettre cela en perspective, Obama a fait significativement moins que George W. Bush en matière de réduction de l’arsenal.

Dans le même temps, notre président abolitionniste s’occupe actuellement de la modernisation du même arsenal, un projet en cours depuis trois décennies, dont le coût est estimé à au moins 1000 milliard de dollars – sans compter, bien sûr, les habituels surcoûts impromptus. Dans l’opération, de nouveaux systèmes d’armement seront produits, la première bombe atomique dite « intelligente » (c’est à dire plus précise et plus destructrice), et Dieu sait quoi d’autre.

Un seul succès antinucléaire peut lui être attribué, son accord avec l’Iran s’assurant que ce pays ne produise pas une telle bombe. Un bilan aussi dérisoire venant d’un président qui semblait sur la voie de l’abolitionnisme nous éclaire sur la réalité du dilemme nucléaire et l’emprise que la sécurité nationale a sur sa pensée (et probablement sur celle de n’importe quel futur président).

Il est effrayant que, sur notre planète, l’humanité continue d’encourager deux forces apocalyptiques, dont chacune – l’une immédiate (menace nucléaire) et l’autre sur la durée (réchauffement climatique) – pourrait mutiler voire détruire l’humanité telle que nous la connaissons. Cela devrait tous nous faire réfléchir. C’est ce dont nous parle Noam Chomsky dans cet essai extrait de son remarquable nouveau livre Who Rules the World? (« Qui dirige le monde ? »). Tom

L’horloge de la fin du monde (Doomsday Clock)

Armes nucléaires, changement climatique, et les perspectives de survie

Par Noam Chomsky

[Cet essai est extrait du dernier livre de Noam Chomsky, Who Rules the World? (Metropolitan Books)]

En janvier 2015, le bulletin des scientifiques atomistes a avancé sa célèbre horloge de la fin du monde à minuit moins trois minutes, un niveau de menace qui n’avait pas été atteint depuis 30 ans. Le communiqué du bulletin explique le choix d’avancer l’horloge par deux menaces majeures pour notre survie : les armes nucléaires et le changement climatique non contrôlé. L’appel accuse les dirigeants mondiaux, qui « ont échoué à agir à la vitesse requise pour protéger les citoyens d’une catastrophe potentielle, » mettant en danger chaque personne sur Terre en échouant à accomplir leur plus important devoir : assurer et préserver la santé et la vitalité de la civilisation humaine.

Depuis lors, il y a de bonnes raisons de penser que nous sommes encore plus proches de la fin du monde.

Fin 2015, les dirigeants mondiaux se sont réunis à Paris pour résoudre le grave problème du « changement climatique incontrôlé. » Pas un jour ne se passe sans nouvelles preuves de la gravité de la crise. Pour prendre un exemple presque au hasard, peu de temps avant l’ouverture de la conférence de Paris, le Jet Propulsion Laboratory de la NASA a publié une étude surprenante et alarmante de deux scientifiques qui ont étudié la glace de l’Arctique. L’étude a montré que l’énorme glacier du Groenland, Zachariae Isstrom, « est passé d’une position glaciaire stable en 2012 à une phase de recul accéléré, » par un développement inattendu et de mauvais augure. Le glacier « contient suffisamment d’eau pour élever le niveau global de la mer de plus de 18 pouces (46 centimètres) s’il venait à fondre complètement. Il a maintenant entamé un régime de fonte rapide, perdant 5 milliards de tonnes de masse chaque année. Toute cette glace se désagrège dans l’océan Atlantique Nord. »

Cependant il y a peu d’espoir que les dirigeants du monde à Paris « agissent avec la vitesse ou à l’échelle requise pour protéger les citoyens de la catastrophe potentielle. » Et même si, par miracle, ils l’avaient fait, cela aurait été d’une portée limitée, pour des raisons qui seraient profondément troublantes.

Lorsque l’accord a été approuvé à Paris, le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius, qui a accueilli les débats, a annoncé qu’il était « juridiquement contraignant ». Cela peut nous permettre d’espérer, mais de nombreux obstacles doivent retenir toute notre attention.

Si l’on considère l’ensemble de la couverture médiatique de la conférence de Paris, peut-être les commentaires les plus importants sont ceux-ci, enfouis à la fin d’une longue analyse du New York Times : « Traditionnellement, les négociateurs se sont efforcés de rédiger un traité juridiquement contraignant qui requière des gouvernements des pays participants à la conférence que la ratification ait une valeur. Dans le cas présent, il n’y a aucun moyen de l’obtenir, à cause des États-Unis. Un tel traité serait mort-né en arrivant à Capitol Hill sans les deux tiers des voix de majorité requis au Sénat contrôlé par les Républicains. Ainsi, les objectifs volontaires prennent la place des objectifs contraignants et obligatoires. » Et les plans volontaires sont une garantie d’échec.

« A cause des États-Unis. » Plus précisément, à cause du Parti républicain, qui maintenant est en train de devenir un réel danger pour une survie humaine décente.

Les conclusions sont soulignées dans un autre article du Times sur l’accord de Paris. A la fin d’un long texte louant la réalisation, l’article note que le système créé à la conférence « dépend en grande partie des points de vue des futurs leaders mondiaux qui appliqueront ces politiques. Aux États-Unis, chaque candidat républicain à la présidence de 2016 a publiquement remis en question ou refusé d’admettre le changement climatique, et s’est opposé aux politiques de M. Obama à ce sujet. Au Sénat, Mitch McConnell, leader républicain, qui a mené la charge contre le programme de M. Obama concernant le changement climatique, a déclaré : « Avant que ses partenaires internationaux ne sabrent le champagne, ils feraient mieux de se rappeler que c’est un objectif inatteignable, basé sur un plan énergétique probablement illégal, que la moitié des États l’ont attaqué en justice pour l’arrêter, et dont le Congrès a déjà voté le rejet. » »

Les deux partis se sont déplacés vers la droite pendant la période néolibérale de la génération précédente. Les démocrates mainstream sont maintenant à peu près ce que l’on appelait « les républicains modérés ». Pendant ce temps, le Parti républicain a largement dérivé hors du spectre, devenant ce que le respecté analyste politique conservateur Thomas Mann et Norman Ornstein appellent une « insurrection radicale » qui a pratiquement abandonné la politique parlementaire normale. Avec la dérive droitière, le dévouement du Parti républicain à la richesse et aux privilèges est devenu si extrême que ses politiques réelles pourraient ne pas attirer les électeurs, il a donc dû chercher une nouvelle base populaire, mobilisée pour d’autres motifs : les chrétiens évangéliques qui attendent la seconde venue, nativistes qui craignent qu’« ils » mènent notre pays loin de nous, racistes impénitents, les gens avec de vrais griefs qui confondent gravement leurs causes, et d’autres comme eux qui sont des proies faciles pour les démagogues et peuvent facilement se transformer en insurrection radicale.

Au cours des dernières années, l’establishment républicain a réussi à ignorer les voix de la base qu’il avait mobilisée. Mais plus maintenant. À la fin 2015, l’establishment exprimait la consternation et un désespoir considérable pour son incapacité à le faire, alors que la base républicaine et ses choix sont hors de contrôle.

Les élus républicains et prétendants à la prochaine élection présidentielle ont exprimé un mépris clair pour les délibérations de Paris, refusant même de participer à la procédure. Les trois candidats qui menaient dans les sondages du moment – Donald Trump, Ted Cruz et Ben Carson – ont adopté la position de la base largement évangélique : les humains n’ont pas d’impact sur le réchauffement climatique, si tant est que le réchauffement existe.

Les autres candidats rejettent l’action du gouvernement face à la question. Immédiatement après le discours d’Obama à Paris, promettant que les États-Unis seraient à l’avant-garde de la recherche d’une action mondiale, un vote du Congrès dominé par les Républicains a sabordé les dernières règles de l’Agence de Protection de l’Environnement destinées à réduire les émissions de carbone. Comme la presse l’a rapporté, ce fut « un message provocant adressé à plus de 100 dirigeants du monde, soulignant que le président américain n’a pas le plein soutien de son gouvernement sur la politique climatique » – un euphémisme, en quelque sorte. Pendant ce temps, Lamar Smith, chef républicain de la commission de la Chambre sur la science, l’espace et la technologie, a renforcé son djihad contre les scientifiques du gouvernement qui osent dénoncer les faits.

Le message est clair. Les citoyens américains sont confrontés à une énorme responsabilité chez eux.

Sur ce même sujet, le New York Times souligne que « les deux tiers des Américains sont favorables à ce que les États-Unis adoptent un accord international contraignant pour freiner la croissance des émissions de gaz à effet de serre. » Et trois Américains sur cinq considèrent le climat comme plus important que l’économie. Mais ce n’est pas le problème. L’opinion publique est ignorée. Ce fait, une fois de plus, envoie un message fort aux Américains. Il leur incombe de corriger les dysfonctions du système politique, dans lequel l’opinion populaire est une donnée marginale. La disparité entre l’opinion publique et la politique, dans ce cas, a des conséquences importantes pour le sort du monde.

Nous ne devons pas, bien sûr, nous lamenter sur un « âge d’or » révolu. Néanmoins, en examinant simplement l’évolution actuelle, on y voit des changements importants. L’affaiblissement du fonctionnement de la démocratie est l’une des conséquences de l’agression néolibérale sur la population mondiale de la dernière génération. Et cela ne se produit pas seulement aux États-Unis ; en Europe l’impact est peut-être pire.

Le cygne noir que nous ne verrons jamais

Passons maintenant à l’autre (et traditionnelle) préoccupation des scientifiques atomiques qui ajustent l’horloge de la fin du monde : les armes nucléaires. La menace actuelle de la guerre nucléaire justifie amplement leur décision de janvier 2015 d’avancer l’horloge de deux minutes vers minuit. Ce qui est arrivé depuis révèle encore plus clairement la menace croissante, une question qui suscite une préoccupation insuffisante, à mon avis.

La dernière fois que l’horloge de la fin du monde a atteint trois minutes avant minuit c’était en 1983, au moment des exercices Able Archer de l’administration Reagan ; ces exercices d’attaques simulées sur l’Union Soviétique ont servi à tester leurs systèmes de défense. Des archives russes publiées récemment révèlent que les Russes étaient profondément préoccupés par les opérations et se préparaient à répliquer, ce qui aurait signifié, tout simplement : La Fin.

Nous en avons appris plus sur ces exercices irréfléchis et inconscients qui ont conduit le monde à deux doigts de la catastrophe, de la part de militaires américains et de l’analyste américain du renseignement Melvin Goodman, qui était chef de la division de la CIA et analyste principal au Bureau des affaires soviétiques de l’époque. « En plus de l’exercice de mobilisation Able Archer qui a alarmé le Kremlin, écrit Goodman, l’administration Reagan a autorisé des exercices militaires inhabituellement agressifs près de la frontière soviétique qui, dans certains cas, ont violé la souveraineté territoriale soviétique. Les mesures risquées du Pentagone comprenaient l’envoi de bombardiers stratégiques américains sur le pôle Nord pour tester les radars soviétiques, et des exercices navals de temps de guerre où les navires américains ont été plus proches de l’URSS que jamais. Ainsi que des opérations secrètes de simulation d’attaques navales surprises sur des cibles soviétiques. »

Nous savons maintenant que le monde a été sauvé de la destruction nucléaire probable dans ces jours effrayants par la décision d’un officier russe, Stanislav Petrov, de ne pas transmettre aux autorités supérieures le rapport des systèmes de détection automatisés prévenant que l’URSS subissait une attaque de missiles. Par conséquent, Petrov prend sa place aux côtés du commandant de sous-marin russe Vasili Arkhipov, qui, à un moment dangereux de la crise des missiles cubains de 1962, a refusé d’autoriser le lancement de torpilles nucléaires lorsque des sous-marins ont été attaqués par les destroyers américains qui maintenaient le blocus maritime.

D’autres exemples révélés récemment viennent enrichir le dossier déjà effrayant. L’expert de la sécurité nucléaire Bruce Blair déclare que « le moment où les Etats-Unis ont été le plus proche de voir le Président décider par inadvertance d’un lancement stratégique a eu lieu en 1979, quand le système d’alerte précoce NORAD (North American Aerospace Defense Command) a détecté une attaque soviétique de grande ampleur. Le conseiller de sécurité nationale Zbigniew Brzezinski a été appelé deux fois dans la nuit pour lui annoncer que les États-Unis étaient attaqués. Il a aussitôt décroché le téléphone pour convaincre le président Carter qu’une réponse à grande échelle était nécessaire et devait être immédiate, quand un troisième appel l’a informé que c’était une fausse alerte. »

Cet exemple nouvellement révélé évoque un incident critique de 1995, lorsque la trajectoire d’une fusée américano-norvégienne transportant du matériel scientifique ressemblait à la trajectoire d’un missile nucléaire. Ce qui a provoqué l’inquiétude russe qui a atteint rapidement le président Boris Eltsine, qui est en charge de décider de lancer une frappe nucléaire.

Blair ajoute d’autres exemples tirés de sa propre expérience. Dans un cas, pendant la guerre du Moyen-Orient en 1967, « un équipage d’avion porteur de charge nucléaire a reçu un ordre d’attaque réelle au lieu d’un exercice de formation et d’entrainement nucléaire. » Quelques années plus tard, au début des années 1970, le Strategic Air Command de Omaha a « réémis un ordre d’exercice de lancement comme un ordre de lancement réel. » Dans les deux cas, les contrôles de code avaient échoué ; une intervention humaine a empêché le lancement. « Vous avez là un exemple de la dérive, » ajoute Blair. « Il n’était tout simplement pas rare que ce genre de SNAFU se produise. » [SNAFU : « Situation Normal: All Fucked Up », acronyme ironique indiquant que la situation est mauvaise, mais que c’est la situation normale, NdT]

Blair a fait ces commentaires en réaction au rapport du pilote John Bordne qui a été récemment blanchi par l’US Air Force. Bordne servait sur la base militaire américaine à Okinawa en octobre 1962, au moment de la crise des missiles de Cuba et au moment de graves tensions en Asie. Le système d’alerte nucléaire des États-Unis avait été augmenté à DEFCON 2, un niveau inférieur à DEFCON 1, niveau auquel des missiles nucléaires peuvent être lancés immédiatement. Au sommet de la crise, le 28 octobre, un équipage de missiles a reçu l’autorisation de lancer ses missiles nucléaires par erreur. Ils ont décidé de ne pas le faire, évitant probablement la guerre nucléaire. Ils rejoignent ainsi Petrov et Arkhipov dans le panthéon des hommes qui ont décidé de désobéir au protocole et ainsi sauvé le monde.

Comme Blair l’a observé, ces incidents ne sont pas rares. L’étude récente d’un expert a révélé des dizaines de fausses alertes chaque année au cours de la période examinée, de 1977 à 1983 ; l’étude a relevé un nombre de cas variant de 43 à 255 par an. L’auteur de l’étude, Seth Baum, résume avec les mots appropriés : « La guerre nucléaire est le cygne noir que personne ne voit jamais, sauf en ce bref instant où il nous tue. Nous retardons la suppression de cette menace à nos risques et périls. Il est grand temps de le faire, tant que nous sommes encore en vie. »

Ces études, comme celles reprises dans le livre d’Eric Schlosser, Command and Control, se bornent principalement aux systèmes américains. Les systèmes russes en revanche sont bien plus sources d’erreurs. Sans oublier les autres systèmes, notamment pakistanais.

« Une guerre n’est plus inimaginable »

Parfois, la menace n’est pas un accident, mais de l’aventurisme, comme dans le cas d’Able Archer. Le cas le plus extrême est celui des Missiles Cubains de 1962, quand la menace d’un désastre était bien trop réelle. La façon dont cela a été géré en est choquante ; de même que la manière dont cela a été interprété par la suite.

Avec ce triste record en tête, il est utile d’observer les débats stratégiques et leur préparation. Un cas qui fait froid dans le dos est celui de l’étude du STRATCOM (United States Strategic Command) « Eléments essentiels de la dissuasion post-Guerre Froide » (« Essentials of Post-Cold War Deterrence »), sous Clinton en 1995. L’étude appelle à conserver le droit de la « première frappe » [en stratégie militaire, une première frappe désigne une attaque surprise préventive avec un grand nombre d’armes, NdT], même contre les pays ne possédant pas l’arme nucléaire. L’étude explique que les armes nucléaires sont constamment utilisées, dans le sens où elles « assombrissent chaque crise ou conflit. » Elle incite également à renvoyer l’image d’un pays au caractère vindicatif et irrationnel, afin d’intimider le monde.

La doctrine actuelle est analysée dans l’éditorial du journal International Security, un des journaux de référence dans le monde de la doctrine stratégique. Les auteurs expliquent que les États-Unis sont engagés dans une primauté stratégique – c’est-à-dire éviter les représailles. C’est la logique de la « nouvelle triade » d’Obama (renforcer les sous-marins et les missiles au sol ainsi que les forces de bombardement), en plus de missiles de défense pour contrer des représailles. Le problème levé par les auteurs est que la demande américaine pour une primauté stratégique pourrait mener la Chine à réagir en abandonnant sa politique consistant à ne pas lancer de première frappe et en étendant les limites de sa dissuasion. Les auteurs pensent que cela n’arrivera pas, mais les perspectives restent incertaines. Clairement, cette doctrine augmente les dangers dans une région conflictuelle et à risque.

C’est également vrai pour l’OTAN et son expansion vers l’est en violation avec les promesses verbales faites à Mikhaïl Gorbatchev alors que l’URSS s’écroulait et qu’il donna son accord pour permettre à l’Allemagne, une fois unifiée, d’intégrer l’OTAN – concession assez remarquable quand on repense à l’histoire du XXe siècle. L’expansion vers l’Allemagne de l’Est s’est faite dans un premier temps. Dans les années qui ont suivi, l’OTAN s’est étendue jusqu’aux frontières russes ; il y a maintenant des raisons de craindre que cela puisse aller jusqu’à une inclusion de l’Ukraine, cœur géostratégique de la Russie. On imagine très bien comment les États-Unis réagiraient si le pacte de Varsovie existait encore, si une grande partie de l’Amérique latine l’avait rejoint, et si maintenant, le Mexique et le Canada étaient candidats également.

Mis à part cela, la Russie comprend comme la Chine (et les stratèges américains, d’ailleurs) que les systèmes américains de défense antimissile près des frontières de la Russie sont, en effet, des armes de première frappe, visant à établir la primauté stratégique – l’immunité contre les représailles. Peut-être que leur mission est tout à fait impossible, comme certains spécialistes le soutiennent. Mais on ne peut être sûr de rien. Et les réactions militaires de la Russie sont interprétées naturellement par l’OTAN comme une menace pour l’Occident.

Un éminent chercheur britannique spécialiste de l’Ukraine présente ce qu’il appelle un « paradoxe géographique fatidique » : que l’OTAN « n’existe que pour gérer les risques créés par son existence. »

Les menaces sont maintenant bien réelles. Heureusement, l’abattage d’un avion russe par un F-16 turc en novembre 2015 n’a pas mené à un incident international, mais il aurait pu, particulièrement au vu des circonstances. L’avion était en mission de bombardement en Syrie. Il est passé pendant à peine 17 secondes au-dessus d’une frange du territoire turc qui forme une saillie dans la Syrie, et se dirigeait de manière évidente vers la Syrie, où il s’est abîmé. L’abattre apparaît comme ayant été un acte inutilement imprudent et provocateur, et un acte suivi de conséquences.

En réaction, la Russie a annoncé que ses bombardiers seraient dorénavant accompagnés par des avions de chasse et qu’elle déploierait des systèmes sophistiqués de missiles anti-aériens en Syrie. La Russie a également ordonné à son croiseur lance-missiles Moskva, avec son système de défense aérienne longue portée, de se rapprocher de la côte afin qu’il puisse être « prêt à détruire n’importe quelle cible aérienne portant un potentiel danger contre sa flotte aérienne, » a annoncé le ministre Sergei Shoigu. Tout cela jette les bases de confrontations qui pourraient être létales.

Les tensions sont également constantes aux frontières entre la Russie et l’OTAN, incluant les manœuvres militaires des deux côtés. Peu après que l’horloge de la fin du monde ait été, de manière inquiétante, rapprochée de minuit, la presse nationale déclara que « des véhicules de combat militaire américains ont paradé mercredi à travers une ville estonienne qui jouxte la Russie, un acte symbolique qui souligne les enjeux pour les deux côtés au milieu des pires tensions entre l’Occident et la Russie depuis la guerre froide. » Peu avant, un avion de guerre russe est passé à quelques secondes d’une collision avec un avion de ligne civil danois. Les deux côtés pratiquent une mobilisation rapide et un redéploiement des forces vers la frontière Russie-OTAN, et « tous deux pensent qu’une guerre n’est plus impensable. »

Perspectives de survie

S’il en est ainsi, les deux côtés sont au-delà de l’imbécillité, car une guerre pourrait bien tout détruire. Il est reconnu depuis des dizaines d’années qu’une première frappe d’une puissance majeure pourrait détruire l’attaquant, même sans représailles, simplement des effets d’un hiver nucléaire.

Mais c’est le monde d’aujourd’hui. Et pas seulement celui d’aujourd’hui – mais celui dans lequel nous vivons depuis 70 ans. Le raisonnement de toutes les parties est incroyable. Comme nous l’avons vu, la sécurité pour les populations n’est, typiquement, pas le premier souci des politiciens. Cela est vrai depuis les premiers jours de l’âge nucléaire, quand dans les centres de formation politique il n’y avait aucun effort – apparemment même aucune pensée exprimée – pour éliminer la sérieuse menace potentielle pour les États-Unis, ce qui aurait pu être possible. Et ainsi le même problème continue de persister, comme le montrent les exemples que nous venons de citer.

C’est le monde dans lequel nous avons vécu et vivons encore aujourd’hui. Les armes nucléaires posent un danger constant de destruction instantanée, mais au moins nous savons comment réduire la menace, et même comment l’éliminer ; une obligation qui engageait les puissances nucléaires qui ont signé le traité de non-prolifération, et dont ils n’ont pas tenu compte. La menace du réchauffement climatique n’est pas immédiate, bien qu’elle soit pressante à long terme et pourrait empirer soudainement. Notre capacité à la gérer reste à préciser, mais il n’y a aucun doute que plus le délai sera long, plus extrême sera le désastre.

Les perspectives d’une survie décente à long terme ne sont pas élevées à moins qu’il n’y ait un changement significatif dans la trajectoire. Une grande partie de la responsabilité est entre nos mains – les opportunités également.

Noam Chomsky est professeur émérite dans le département de linguistique et de philosophie au Massachussetts Institute of Technology (MIT). Dans son œuvre de réinformation [Allusion au site TomDispatch.com, qui se définit comme antidote aux médias mainstream, NdT], on trouve parmi ses récents livres Hegemony or Survival (« Hégémonie ou Survie ») et Failed States (« Des États ratés »). Cet essai est tiré de son nouveau livre, Who Rules the World? (« Qui dirige le monde ? », Metropolitan Books, the American Empire Project). Son site est www.chomsky.info.

Copyright 2016 Valeria Galvao Wasserman-Chomsky

Source : TomDispatch.com, le 12/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Doomsdays

Commentaire recommandé

Alain // 12.08.2016 à 07h55

2/3 des Américains veulent un accord contraignant sur le climat, mais ce n’est pas nécessaire car c’est à eux de changer leur comportement et aucun accord international n’est nécessaire pour cela. Ils veulent une réduction des gaz à effet de serre à condition que cela soit le voisin qui fasse l’effort. Ils profitent de la réduction du prix du pétrole pour acheter à nouveau en masse les véhicules consommant un max comme les 4X4 et les pick-ups.

Le peuple exceptionaliste américain est gravement coupable car c’est bien lui qui élit ces politiques fous-furieux, qui a des comportements nuisant à l’environnement, qui estime que leur pays est élu pour diriger le monde, …..

37 réactions et commentaires

  • ThierryC // 12.08.2016 à 05h56

    On comprend un peu mieux pourquoi Chomsky votera pour Hillary Clinton, et surtout pas pour Trump.

      +17

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    • Raskolnikov // 12.08.2016 à 10h53

      Dans ce cas, pouvez-vous m’expliquer, parce que pour moi, c’est tout le contraire.

      Ou etait-ce de l’ironie?

        +17

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      • Silk // 12.08.2016 à 16h07

        Pour lui, le climat compte autant que le nucléaire.
        Le programme des républicains réaffirme qu’il n’y a pas de réchauffement climatique.

        Par ailleurs, il ne faut pas trop parier sur les declarations des candidats : pas sûr du tout que Trump ne change pas d’avis (considérant que les américains sont le peuple élu car étant supérieur …), et même s’il restait sur ses positions, sa marge de manœuvre sera limité par les parlementaires et différentes administrations en places (Les faucons sont très bien implantés, les virer prendra du temps car Obama ne l’a pas fait).
        Voilà sûrement quelques raisons qui vont le pousser à voter Clinton.

          +2

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    • fanfan // 12.08.2016 à 17h04

      Pour le réchauffement climatique, c’est cuit !
      Il faudrait au minimum diminuer de 80% l’usage des énergies fossiles. Le CO2 émis dans l’atmosphère y reste 1000 ans. Le réchauffement climatique à l’horizon 2100 serait proche de 5 à 6°.
      Perte de biodiversité, d’écosystèmes assurant des rôles de tampon, qui rendent encore plus imprévisibles les rétroactions en chaînes qui se produiront dans les fonctionnements de la planète. Les grandes extinctions se font par palier.
      Système néo-libéral fondé exclusivement sur le profit à court terme, prédateur, guerrier, traités de libre échange donnant aux entreprises le droit d’attaquer les États.
      Fin des « lumières », la géo ingénierie pour maîtriser le climat de la terre est une tentative désespérée, on ne maîtrise absolument pas les effets induits par ce genre d’action au niveau planétaire.

        +13

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      • Erwan // 17.08.2016 à 17h00

        Tout à fait, il ne resterait plus qu’une seule solution si on voulait éviter un désastre complet résultant du réchauffement climatique : arrêter le nucléaire, réduire drastiquement notre consommation et favoriser la nature par rapport à l’industrie qui détruit tout pour construire des iPhone 6 S. Cette « décroissance » n’est cependant évidemment pas possible avec les régimes actuels…

          +0

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        • Michel CLAIRE // 20.08.2016 à 15h46

          En plus d’éradiquer le nucléaire et le dégagement de CO2 dans l’atmosphère (nous voici définitivement au dessus des 400 ppm), il est nécessaire de ramener le nombre d’homo sapiens à moins d’un milliard et donc de réduire très fortement les naissances (même en n’autorisant qu’un enfant unique pour 10 couples, il faudra attendre plus de 100 ans… la nature va-t-elle résister tout ce temps ?).

            +0

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    • fanfan // 12.08.2016 à 17h43

      A propos de l’OTAN, lire l’analyse de Christopher Black, juriste pénaliste international basé à Toronto et membre du Barreau du Haut-Canada, du Communiqué du Sommet de l’OTAN à Varsovie : préparer le crime d’agression
      http://journal-neo.org/2016/07/18/nato-s-warsaw-communique-planning-the-crime-of-aggression/
      en français : https://blogs.mediapart.fr/segesta3756/blog/310716/communique-du-sommet-de-l-otan-varsovie-preparer-le-crime-d-agression

        +3

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  • Olivier // 12.08.2016 à 06h02

    Bonjour, dans le sens de ce que dit cet article, je suis tombé sur ce blog qui exprime un peu la même chose pour une fin similaire. À lire jusqu’au bout !!

    http://www.yuhuublue.wixsite.com/larealitedesmots

      +4

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  • DocteurGrodois // 12.08.2016 à 06h24

    Sur Youtube il y a une fausse vidéo BBC News, très réaliste et mise à jour régulièrement, qui simule le début d’un conflit avec la Russie qui s’aggrave progressivement et finit en guerre nucléaire. L’escalade est logique et implacable.

    https://youtu.be/6y_4rZ0aXMw

    Cette vidéo a servi a un méchant poisson d’Avril d’une famille Écossaise sur leur père. Au delà de la blague, et après avoir rigolé de la réaction du père, on se met dans ses chaussures. On se dit, et si c’était moi et si c’était vrai?

    Moi ça m’a rappelé qu’il n’y a qu’une centaine d’abris de protection civile en France, dont la liste est confidentielle. 5100 abris publics, et 300 000 abris privés en Suisse…

    https://youtu.be/qgTLGE9EGKQ
    (Avertissement: sans S/T, fort accent écossais)

      +10

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    • Fabrice // 12.08.2016 à 10h13

      A mon avis c’est avant qu’il faut se bouger pour éviter le pire, car ok un abri protègera un temps certains, mais après quoi un monde dévasté charriant la mort, la famine, le retour à la barbarie ?

      non merci sans moi je préfère que l’on intervienne pour empêcher le pire avant ! Après en y réfléchissant merci je ne préfère pas avoir la « chance » de de voir le jour d’après.

        +25

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  • Charles Michael // 12.08.2016 à 07h08

    Vive la Bombe ?, vive les Super-Riches ?

    Je vois dans ces arsenaux nucléaires l’ultime rempart pour maintenir cette sorte de paix appelée  »Guerre Froide ».
    évidement à condition que cette menace, reste ce qu’elle est depuis 70 ans , une menace réelle mais  »en l’air ».
    Pas utilée donc.

    L’Hégemon a raté sa chance sous Eltsine, mais avec l’UE complice a marché jusqu’aux portes de l’éternelle méchante Russie. La privant ainsi de sa profondeur stratégique pour ralentir, diminuer les poussées Napoléonniennes et Nazies.

    C’est aux citoyens US de calmer les ardeurs de leurs néo-conservateurs (style W.Bush) et libertaires interventionnistes (style les Clintons).
    Nul ne peut les envahir, rien ne peut atteindre cette grande puissance impériale,… sauf justement ces missiles avec leurs charges nucléaires.

    Mais l’idée de bouclier impénétrable comme celui de frappes préventives appartient au vaste univers des psycopathes impérialistes qui tiennent le devant de la scène. C’est un Spectacle pour essayer, en niant le MAD (mutelle assurée destruction) de maintenir le rêve de domination mondiale et son corollaire interne: la paupérisation et précarisation.

    Le vrai pouvoir, celui de l’argent et de ses possédants, la vraie internationnale donc, s’opposera à la destruction de leurs patrimoines.

      +7

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  • Alain // 12.08.2016 à 07h55

    2/3 des Américains veulent un accord contraignant sur le climat, mais ce n’est pas nécessaire car c’est à eux de changer leur comportement et aucun accord international n’est nécessaire pour cela. Ils veulent une réduction des gaz à effet de serre à condition que cela soit le voisin qui fasse l’effort. Ils profitent de la réduction du prix du pétrole pour acheter à nouveau en masse les véhicules consommant un max comme les 4X4 et les pick-ups.

    Le peuple exceptionaliste américain est gravement coupable car c’est bien lui qui élit ces politiques fous-furieux, qui a des comportements nuisant à l’environnement, qui estime que leur pays est élu pour diriger le monde, …..

      +40

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    • Silk // 12.08.2016 à 16h16

      En même temps le peuple américain, très imparfait il est vrai, est comme tout les peuples : quand on lui bourre le mou tout les jours en lui répétant qu’il est le meilleur, le seul peuple a pouvoir faire régner la justice. Et qu’en plus ils ont gagné la guerre froide, à la fin le peuple fini par perdre tout repère et à y croire.
      Surtout quand certains au pouvoir on tout fait pour faire taire toute opinion divergente …

        +6

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      • vincent // 12.08.2016 à 22h04

        Nein, je dirais que c’est plus maladif chez les américains que chez les autre peuples qui ont toujours dut composé avec leur voisin, les américain ont eu le champs libre pendant 2 siècles, détruisant des peuples, s’arrogeant des droits, et personnes pour les réprimander, ni empire, ni royaume, rien, du néant, en plus de cela, les colons américains étaient composé de rejeter de la société, ancien taulard, crapule, prostitué, opportuniste, bref tout ce qu’on aimait pas chez nous.

        Eh bas voila le résultat un beau pays de crapule, un enfant pourri gaté qui fait ce qu’il veut quand il veut, où il veut. Le Mexique aurait été plus puissant, leur aurait appris l’humilité, mais le mexique n’a pas eu la chance d’avoir à massacrer à voler des terres aux indiens pendant deux siècle, longtemps sous la dépendance de l’espagne, on l’ a tenu en laisse.

        Bref.

        Ce n’est pas tous les peuples, ce n’est que les USA, ils sont fou et dégénérés, c’est les tars que l’on se coltine dans toutes les société, mais x10 puissance 1000 chez eux.

          +3

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        • pas de pseudo 78 // 14.08.2016 à 12h52

          à Vincent, LE 12 AOUT 22h 04 : Avez vous jamais mis les pieds un peu longtemps aux USA ? à vous lire, on peut penser que non.
          Votre opinion n’est qu’une’ opinion, parmi d’autres possibles, de la même façon qu’un américain véhicule et défend ‘une’ image ou ‘des’ valeur parmi d’autres.
          Personnellement, je me refuse – PAR PRINCIPE ET PAR SOUCI DE COLLER A LA REALITE TOUJOURS MULTIPLE- je me refuse, disais-je, à généraliser à tous les américains les limites de certains d’entre eux même s’ ils sont peu nombreux.
          Mais vous êtes aussi dans votre droit à ne pas vouloir faire de même ! ainsi, le débat est clos définitivement et vite réglé de cette façon !
          libre à vous de refuser ou non ma vision des choses, (encore une fois) ce n’est qu’un point de vue parmi d’autres possibles …

            +1

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    • phica // 12.08.2016 à 22h56

      « gravement coupable car c’est bien lui qui élit ces politiques »

      Au états unis le peuple n’élit pas les politiques mais des grands électeurs qui eux élisent le patron sans pour autant être obligé de suivre les décisions de vote du peuple.

        +4

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  • nulnestpropheteensonpays // 12.08.2016 à 08h32

    quand ceux qui detiennent le pouvoir sont aussi débile , il n’y a pas d’autres mots , comment reprocher aux peuples leurs inconséquences , goldman sachs corrompt tout le monde ,nous tuons avec l’argent du contribuable pour les intérêts de total et autres qui ne paient pas d’impôts en france , et nous n’avons plus un homme politique digne de ce nom…que des pantins . en résumé , nous nous laissons diriger par des guignols avides par manque de courage . faisons une liste de lois que nous voudrions voir appliquer et votons pour celui qui , en mettant son patrimoine en gage par exemple , promet de les mettre en place . Bougeons nous bordel !!!!!

      +23

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  • Daniel // 12.08.2016 à 08h47

    Par rapport à la phrase de conclusion,
    « Les perspectives d’une survie décente à long terme ne sont pas élevées à moins qu’il n’y ait un changement significatif dans la trajectoire. Une grande partie de la responsabilité est entre nos mains – les opportunités également. »

    Il y a eut Une conférence fin Juin autour de ce thème : Créer un avenir commun pour l’humanité et une renaissance de la culture classique

    Cette Conférence s’est déclinée sous les aspects suivants :
    -UNE CRISE STRATÉGIQUE «PLUS DANGEREUSE QUE L’APOGÉE DE LA GUERRE FROIDE»
    -LA CRISE DU SYSTÈME TRANSATLANTIQUE ET COMMENT LA SURMONTER
    -LA NOUVELLE ROUTE DE LA SOIE (LA solution pour bâtir la paix par le développement)
    – LA question Culturelle (science et Artistique)
    http://www.institutschiller.org/-Creer-un-avenir-commun-pour-l-humanite-et-une-renaissance-de-la-culture-25-.html
    Il y a dans ce panel, des interlocuteurs et du contenu qui vaut vraiment le coup.
    Bonne découverte

      +6

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    • fanfan // 12.08.2016 à 17h27

      Oui mais ils nient le réchauffement d’origine anthropique !

        +2

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  • Toff de Aix // 12.08.2016 à 09h59

    Chomsky votera pour Clinton, celle qui veut attaquer l’Iran ? On n’est pas dans le fumier jusqu’au cou alors… Plus sérieusement, que ça soit par la guerre nucléaire ou le réchauffement climatique, sans compter un effondrement systémique, les causes ne manqueront donc pas d’assister à la fin d’un système complètement dysfonctionnel. Et c’est tant mieux ! La vraie problématique se situe plutôt du côté de la survie de l’espèce, dans un environnement irradié, et/ou pollué…

    Une petite anecdote : il se dit dans certains « milieux autorisés », que les russes plancheraient sur l’utilisation d’une arme asymétrique, capable d’assurer leur défense en détruisant intégralement les USA, en un seul coup au but. Plus de précisions ici : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-jour-sans-l-amerique-une-mega-166728

    Cette alternative est bien connue des states, et est prise très au sérieux..

      +2

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  • FL // 12.08.2016 à 10h37

    Est-il concevable que l’armement nucléaire soit un jour interdit et que cette interdiction soit absolument et définitivement respectée par tous?
    Est-il raisonnable ou simplement prudent de répondre oui?
    C’est précisément sur ce constat que le postula de la dissuasion à été inventé.

    Mais qu’un pays comme le font en ce moment les Etats-Unis, cherche à annihiler toutes possibilités de réponse du pays ciblé à ce que serait leur attaque préventive, détruit sûrement le postula de la dissuasion (tout comme la production de bombes nucléaires de basse puissance, dite de terrain par opposition aux bombes nucléaires stratégiques).
    http://reseauinternational.net/bombes-nucleaires-pour-litalie/

    Et nous voila projeté ou déjà?, dans le monde délirant du docteur Folamour, merveilleusement dépeint par Stanley Kubrick.

    La réaction des pays riches aux conséquences de l’activité humaines sur le climat, principalement concentrée dans les plus riche d’entre eux et pour commencer par les USA et l’Europe laisse supposer que dans ce domaine comme dans celui de l’armement nucléaire, on ne se dirige pas vraiment vers des solutions de sauvegarde pour l’humanité.

    Historiquement, dans ce type de situation au bord du cataclysme, je ne vois pas que l’humanité ai jamais eu un comportement autre que tragique. Peut être parce que certains croient échapper absolument au chaos, et qui plus est en tirer bénéfice.
    En tous cas les suisses qui construisent moult abris antinucléaires pensent sans doute que le pessimisme est une attitude prudente en la matière…

      +3

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  • Kiwixar // 12.08.2016 à 11h26

    J’aimerais en savoir plus sur les études sérieuses concernant l’hiver nucléaire, dans le cas où les USA et la Russie seraient vitrifiés et transformés en parkings :
    – est-ce que les études ont été faites sérieusement (avec les nouvelles méthodes de modélisation du climat), ou bien ce sont des histoires apocalyptiques de l’époque guerre froide, pour faire peur?
    – est-ce que ça touche aussi l’hémisphère sud, ou bien c’est un hiver décalé de 6 mois, ou bien ça devient un « été nucléaire »?
    – Nouvelle-Zélande : 70 millions de moutons congelés pour 4.7 millons d’habitants en hiver nucléaire, est-ce que la masse de graisse d’un mouton est suffisante (au niveau énergétique) pour décongeler le reste de la carcasse?

      +6

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    • patrick // 12.08.2016 à 13h07

      On a déjà eu un aperçu de ce type d’hiver qui peut durer plusieurs années après des éruptions volcaniques , les cendres répandues dans l’atmosphère obscurcissent le soleil et le climat est pourri pendant des mois.
      Dans le cas de l’hiver nucléaire , on considère qu’un grand nombre d’explosions vont envoyer , énormément de poussières / cendres dans l’atmosphère et créer le même effet.
      Cerise sur le gâteau , ces poussières sont en plus radioactives , histoire de pourrir aussi l’eau de pluie et tout le territoire.
      L’essentiel de la baston ayant lieu dans l’hémisphère nord, ces poussières resteraient plutôt au nord , … mais bon …

        +2

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    • Bellérophon // 12.08.2016 à 13h35

      @Kiwixar
      Certains parlent d’une possible survie en Nouvelle Zélande dû à sa position par rapport aux courants-jets se trouvant sur Terre ….
      Carte interactive des courants venteux de la planète => http://minu.me/dw8g

        +1

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    • Toff de Aix // 12.08.2016 à 13h59

      @kiwixar : Carl Sagan à théorisé la chose dans son ouvrage « l’hiver nucléaire ». Très bien fait et documenté, mais hélas pas très engageant sur nos chances de survie, ne serait-ce qu’après détonation d’une infime partie des stocks existants…

        +3

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    • jp // 13.08.2016 à 20h36

      il y a eu un hiver volcanique dans l’hémisphère nord dû à des éruptions volcaniques dans l’hémisphère sud, en 1815/1816
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Ann%C3%A9e_sans_%C3%A9t%C3%A9

        +0

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  • olympi // 12.08.2016 à 14h34

    À propos du bouclier anti-missile des américains, j’ai vu cette vidéo de poutine expliquant pourquoi ce bouclier crée une situation très dangereuse, jamais vu précédemment : une puissance à la capacité de frappé sans être frappé en retour, l’équilibre international est complétement chamboulé !
    https://www.youtube.com/watch?v=kqD8lIdIMRo

    Et là je me suis dit, mais merde, ça veut dire que la stratégie du faible au fort des petits pays (France, UK, Chine, ..) est caduque, nous somme incapable de nous défendre fasse au États-Unis !

      +3

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    • Feubeuh // 13.08.2016 à 01h47

      Non, la France a misé sur des missiles SLBM (Submarine Launched Ballistic Missile).
      De plus, le systeme anti-missile Aegis est très imparfait, il n’arrête qu’une cible sur 2, sans compter que tu es limité par le nombres de missiles intercepteurs.
      Les Russes avec leur 1800 têtes nucleaires actives n’auraient aucun mal a vitrifier les USA qui ont a peu près le meme nombres de têtes actives.
      …Et en plus,la plupart des missiles russes ne passeraient même pas au dessus de l’Europe et de la Roumanie en cas d’attaque sur les USA.

        +1

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  • anomail // 12.08.2016 à 14h47

    « Les deux partis se sont déplacés vers la droite pendant la période néolibérale de la génération précédente. Les démocrates mainstream sont maintenant à peu près ce que l’on appelait « les républicains modérés » ».

    Ah tiens c’est amusant, figurez-vous qu’il nous arrive exactement la même chose.

      +8

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  • anomail // 12.08.2016 à 14h56

    « Au sommet de la crise, le 28 octobre, un équipage de missiles a reçu l’autorisation de lancer ses missiles nucléaires par erreur. Ils ont décidé de ne pas le faire, évitant probablement la guerre nucléaire. Ils rejoignent ainsi Petrov et Arkhipov dans le panthéon des hommes qui ont décidé de désobéir au protocole et ainsi sauvé le monde. »

    En fait jusqu’ici nous aurions pratiquement à chaque fois été sauvés par des désobéissants.

      +16

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  • Papagateau // 12.08.2016 à 19h41

    http://www.lejdd.fr/International/Europe/Putsch-rate-en-Turquie-Fethullah-Guelen-repond-aux-accusations-d-Erdogan-802543

    Monsieur Gülen, l’opposant politique à poids électoral nul mais installé aux USA, demande un procès contre le président turc Erdogan juste un mois après le coup d’état militaire raté.
    Par ailleurs, je vois de plus en plus dans la presse française, l’expression « le régime d’Erdogan » remplacer l’expression « le président Erdogan ».

    Président Erdogan, tu as échappé au coup d’état, mais tu n’échapperas pas à la justice internationale. Et surtout pas depuis que tu rends visite à Poutine, ou que tu considères Al-Nosra comme une organisation terroriste.
    La presse française prépare l’opinion publique à une intervention de « la communauté internationale ».
    Encore une fois, les putschistes étaient les gentils.

      +7

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  • nobody // 12.08.2016 à 23h15

    A noter que la technologie des missiles balistiques est désormais hypersoniques, qui les missiles en question voyageraient de 12 à 24000km/h (trajet Chine/USA en moins d’une heure), et qu’aucun système de défense ne serait pour le moment capable de les intercepter. La Chine surtout mais également la Russie auraient actuellement une avance technlogique sur les USA dans le domaine, avec plusieurs test de lancements réussis ce qui ne serait pas encore le cas pour l’oncle Sam…

    Si le scénario du pire l’emporte nous risquons d’avoir d’énormes surprises !

    https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201506161016569143-guerres-futur-espace-hypersonique/
    https://fr.sputniknews.com/defense/201604231024476169-russie-arme-hypersonique-capacites-frappes/

      +1

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  • nobody // 12.08.2016 à 23h30

    Pour mémoire, quelques prophéties de la Bible au sujet de la « fin d’un monde » détruit par le feu :

    Joël 2 :1 «le jour de l’Eternel vient, car il est proche, Jour de ténèbres et d’obscurité, Jour de nuées et de brouillards, Il vient comme l’aurore se répand sur les montagnes. Voici un peuple nombreux et puissant, Tel qu’il n’y en a jamais eu, Et qu’il n’y en aura jamais dans la suite des âges. Devant lui est un feu dévorant, Et derrière lui une flamme brûlante »

    Ap 18 :9 « Et tous les rois de la terre, qui se sont livrés avec elle à l’impudicité et au luxe, pleureront et se lamenteront à cause d’elle, quand ils verront la fumée de son embrasement. Se tenant éloignés, dans la crainte de son tourment, ils diront: Malheur! malheur! La grande ville, Babylone, la ville puissante! En une seule heure est venu ton jugement! Et les marchands de la terre pleurent et sont dans le deuil à cause d’elle, parce que personne n’achète plus leur cargaison»

    A la lecture de ces textes, qui ont 2400 ans pour Joel, la Chine (armée innombrable) pourrait, seule ou avec ses alliés, finir par vitrifier l’Occident babylonien (qui règne sur les rois de la terre et concentre le commerce mondial).

      +3

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  • Christophe // 13.08.2016 à 08h11

    A mon avis, on devrait tous s’y mettre, Killary et The Donald inclus, sinon, on est foutus :

    Les enseignements du bouddhisme Shambhala soulignent que la possibilité d’atteindre l’éveil est inhérente à toute situation ou tout état d’esprit. Le méditant est invité à laisser tomber les émotions conflictuelles et à rester dans le moment présent grâce à la discipline, la douceur et au sens de l’humour.

    Le socle de toutes les activités dans un Centre Shambhala est la méditation fondée sur l’attention et la vigilance. Cette pratique ancestrale de découverte de soi-même s’appuie sur le constat simple, mais révolutionnaire, que tout être humain a la possibilité de cultiver la stabilité, la clarté et la force inhérentes à son esprit, ce qui lui permet d’être davantage dans le moment présent et de développer la compassion et l’intuition nécessaires pour prendre soin authentiquement de soi-même et de notre monde.

    source : https://shambhala.fr/ce-que-nous-offrons/apprendre-a-mediter/

      +1

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  • Dids // 13.08.2016 à 09h06

    Lire cet article permet de douter : la disparition de l’espèce humaine serait-elle une bonne nouvelle pour l’univers ? Comment l’humanité peut-elle pareillement s’égarer dans l’inconscience de la merveille qu’elle porte en elle ?

      +2

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    • patrick // 13.08.2016 à 18h53

      ce principe s’appelle Le Grand Filtre https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_filtre
      aucune civilisation terrestre ou extra-terrestre ne pourra coloniser la galaxie à cause du grand filtre, elle s’éteindra avant

        +0

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  • Sébastien // 13.08.2016 à 22h41

    Les Hommes ET Femmes arrivent au moment où ils pensent que Dieu n’existe pas.
    Ils ET elles prennent sa place, pour le meilleur ou pour le pire.
    Si Dieu existe, est-il proche de détruire l’univers?

      +0

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