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26.janvier.201426.1.2014 // Les Crises

[Article] « Nous sommes au bord du gouffre écologique », par Tim Jackson

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Je vous propose aujourd’hui une compilation d’interviews de Tim Jackson, auteur du livre commenté ici : Prospérité sans croissance.

Economiste, il occupe la chaire de développement durable de l’université du Surrey, la première jamais créée au Royaume-Uni. Il est également l’un des pionniers de la construction d’indices alternatifs de croissance économique. Il est par ailleurs auteur de pièces de théâtre diffusées par la BBC.

« Il est très difficile pour des individus de réduire leur consommation »

[Terra Éco, septembre 2010]

Vous dites qu’il est enfantin de comprendre qu’on ne peut pas vivre dans un système de croissance perpétuelle sur une planète finie. Dans le même temps, vous avez découvert qu’il n’existe pas de théorie macroéconomique intégrant l’écologie. Qu’est-ce qui explique qu’il ait fallu autant de temps pour intégrer cette donnée-là ?

 Les économistes comme Keynes étaient confrontés à des enjeux très différents d’aujourd’hui. La question était alors de maintenir la stabilité d’un système économique, d’assurer l’emploi avant la guerre, de savoir comment dépenser l’argent en période de guerre, d’augmenter le niveau de vie… La question des ressources était absente des débats. Mais je ne dirais pas que les économistes ne voyaient pas la question des limites. Simplement, ils pensaient que nous pourrions la traiter par la technologie et par l’efficacité.

Comment les économistes « classiques », qu’ils soient keynésiens ou néolibéraux, reçoivent-ils vos travaux ?

Ils disent que je ne tiens pas suffisamment compte du pouvoir des impôts et des taxes. Ils pensent que la fiscalité peut suffire à changer les choses : si elle permet de fixer le juste prix des choses, alors le marché se régulera de lui-même. Or, selon moi, la fiscalité n’est qu’un instrument. Et l’idée selon laquelle elle peut résoudre seule les problèmes est erronée. Elle permettrait certes de réintégrer des enjeux (écologiques, ndlr) que le marché ne prend pas en compte aujourd’hui, mais d’après moi, elle ne changerait pas la dynamique destructrice de notre système.

Et quelles sont les critiques positives qu’ils vous adressent ?

J’ai été très surpris de recevoir de nombreux échos positifs d’économistes, tout particulièrement de jeunes économistes. Ces derniers me disent qu’ils ont du mal à trouver des lieux où étudier ce genre de sujets. Il est vrai qu’il existe peu d’endroits dans lesquels les économistes peuvent travailler sur ces idées. Mais cela commence à changer.

Dans vos travaux, vous parlez de réduction et de partage du temps de travail. Quelle est votre position sur cette question très controversée ?

Dans le premier rapport que j’ai écrit, j’étais très enthousiaste sur cette question. S’il y a moins de travail dans nos économies, il est essentiel de mettre en place des politiques de partage de l’accès au travail.

Mais les économistes classiques disent que la croissance permet de résoudre ce problème de rareté du travail…

Effectivement, si l’on a de la croissance et que la productivité du travail augmente, alors on atteint le plein emploi. A contrario, la difficulté pour les promoteurs de la décroissance est que si vous stoppez la croissance, vous limitez la quantité de travail disponible. Alors la seule façon d’assurer un accès équitable au travail est de mettre en place des politiques de partage du temps de travail. Il faut bien comprendre que dans une économie fondée sur les services, il sera extrêmement difficile, et de plus en plus difficile, d’améliorer la productivité du travail. Il faudra donc trouver un équilibre entre améliorer la productivité dans certains secteurs – par exemple ceux dans lesquels le travail est pénible – et partager le travail dans d’autres secteurs.

Sur un plan plus individuel, vous défendez l’idée d’une réduction de la consommation. Avons-nous la capacité de choisir la sobriété ?

Il y a de nombreuses études sociologiques sur les comportements individuels. J’ai le sentiment, bien sûr, que certains individus réduisent leur consommation superflue. Mais, même si ces personnes semblent surmotivées, ce qui prédomine, c’est l’impression qu’elles sont prises dans un conflit permanent. En faisant de tels choix, qui semblent à propos, elles se placent en marge de la société. Il est donc très difficile pour des individus de relever ce défi.

Dernière question, plus personnelle : que changez-vous (ou pas) dans vos propres comportements, en termes d’empreinte écologique ?

Je n’ai pas de voiture, je prends le vélo ou je marche à pied quand je peux. Quand je suis en « tournée » en Europe (Tim Jackson est allé dernièrement à Nantes, Munich, Brême, ndlr), j’essaie de la faire en train. Je place mon épargne dans des fonds éthiques, j’essaie de limiter mon budget alimentation, je suis végétarien. Ce sont là des choix personnels, mais je reconnais que pour un individu, il est extrêmement difficile de faire tout cela dans un système tel que le nôtre.

Et le plus difficile ? C’est le téléphone ?

Oui, l’iPhone, c’est difficile d’y résister. Mais je résiste à l’iPad ! Pour moi, l’enjeu est de mettre des technologies au service de l’innovation sociétale, en faisant en sorte de ne pas en changer tous les six mois.

Source : Terraeco.net

« Nous sommes au bord du gouffre écologique »

[Rue 89, septembre 2010]

L’économiste anglais Tim Jackson est un peu devenu le « gourou » des théoriciens de la fin de la croissance. Face à l’urgence écologique, il remet en cause l’idée que la croissance verte pourrait suffire. Professeur en développement durable au Centre for Environmental Strategy (CES) de l’université du Surrey, Tim Jackson a rendu en 2009 un rapport explosif au gouvernement britannique.

Le livre qui en est issu, « Prospérité sans croissance : la transition vers une économie durable », bouleverse la macro-économie traditionnelle. Traduit en français en mai dernier aux éditions de Boeck, il connaît un grand retentissement sur le net, mais assez peu dans les médias traditionnels.

Tim Jackson part d’un constat presque enfantin : « une économie en croissance constante répartie sur une planète finie ne marche pas », et propose une prospérité où seraient décuplés les investissements durables et retrouvé l’épanouissement personnel.

Comment a été accueillie votre analyse ?

Le gouvernement britannique n’a pas répondu formellement au rapport, il a simplement pris acte de ses conclusions.

Il espérait que mon livre tombe dans l’oubli, mais indirectement a dû le prendre en considération car des membres du gouvernement se sont fait interpeller à son sujet lors de conférences.

Je suis aussi entendu par certains membres de l’establishment qui, avec la crise, montrent une certaine humilité… dans le discours du moins !

Que pensez-vous du débat sur la décroissance ?

[…]

Source : Rue89

« La technologie ne peut plus être considérée comme la solution à nos difficultés »

[Reporterre, janvier 2011]

Tim Jackson est un économiste atypique. En 2000, il devient le titulaire de la première chaire de développement durable créée au Royaume-Uni, à l’université de Surrey. Il y fonde aussi une unité de recherche croisant l’économie, la psychologie et la sociologie. En 2004, nommé à la commission du développement durable créée par le gouvernement de Tony Blair, le chercheur dirige le travail du groupe « Redefining Prosperity » qui le conduit à écrire Prospérité sans croissance, livre publié en 2007 au Royaume-Uni, et deux ans plus tard en France (De Boeck). C’est l’un des ouvrages d’économie environnementale les plus marquants de ces dernières années. Alors que 2011 débute, M. Jackson livre son pronostic sur la croissance et sur les moyens de faire évoluer le modèle économique actuel, qu’il critique largement.

La croissance peut-elle reprendre en 2011 ?

En ce qui concerne les économies occidentales, la réponse est probablement non. Les mécanismes destinés à maintenir la croissance ont fragilisé le système économique en développant un endettement toxique qui a conduit à l’effondrement des marchés financiers. Or les éléments de cette dynamique de crise restent à l’oeuvre aujourd’hui, car l’expansion monétaire illimitée est par nature instable. De surcroît, le prix du pétrole repart à la hausse. L’autre aspect de la question est de savoir si l’on peut poursuivre la croissance sans dommages environnementaux irréversibles, sachant que nous vivons dans un monde fini. Pour y parvenir, il faudrait découpler la croissance de la production matérielle, créer de la valeur économique non dans les biens, mais dans les services : loisir, santé, éducation…

Est-ce la tendance suivie jusqu’à présent ?

Non. Les progrès d’efficacité énergétique restent inférieurs à l’expansion de l’économie. De même, les tendances en ce qui concerne la forêt, l’eau ou l’érosion des sols vont dans le mauvais sens. Depuis vingt ans, le discours officiel proclame que la technologie, en dématérialisant l’économie, va résoudre l’impact environnemental négatif de la croissance. Mais ce découplage ne se produit pas. Le niveau de technologie nécessaire pour y parvenir est irréaliste. Ce n’est pas très populaire de le dire, mais la technologie ne peut plus être considérée comme la solution à nos difficultés.

La croissance verte est-elle une piste crédible ?

Il est bien sûr utile d’investir dans une meilleure productivité des ressources et dans les technologies faiblement carbonées. Mais il n’empêche, on retombe toujours sur le même problème : quelle croissance pouvons-nous atteindre grâce à ces technologies ? Si vous n’analysez pas en profondeur la dynamique du système, vous faites des hypothèses irréalistes sur l’efficacité de la technologie

Quelle solution proposez-vous ?

Notre culture repose sur un appétit continu pour la nouveauté, qui est le langage symbolique des objets. Nous avons créé des institutions qui encouragent systématiquement le comportement individualiste, matérialiste, et avide de nouveauté. Cette psychologie collective est indispensable au système, parce que si l’on freine la dépense, il s’écroule. En récession, par exemple, les gens épargnent spontanément davantage, ce qui est mauvais selon le système économique actuel. C’est là qu’on voit qu’il va à l’opposé de ce que veulent les gens. Car si l’on a des tendances individualistes, la psychologie montre qu’existent aussi fortement des tendances altruistes dans la personne humaine, et que les tendances à chercher la nouveauté sont en tension avec les tendances à la conservation. Pourquoi alors privilégier la tendance individualiste et avide de nouveauté du consommateur, qui n’est qu’une part de la psyché humaine, et l’encourager dans le cadre institutionnel ? Ce constat vous indique la stratégie à suivre pour remodeler le système économique.

Comment remodeler le système économique ?

Il faut suivre trois démarches. La première est d’admettre que l’expansion économique a ses limites. Nous savons que nos ressources ne sont pas infinies, nous connaissons et mesurons l’impact écologique de nos modes de vie, nous devons donc définir les règles d’une économie fonctionnant dans ce cadre. La deuxième est de réguler le marché financier, et plus largement la façon dont nous envisageons l’investissement et le profit. Les capitalistes distribuent le profit comme ils le souhaitent. Mais il faudrait mesurer ce dernier autrement – pas seulement en termes financiers, mais aussi en prenant en compte le social et l’environnemental – et le ramener au bénéfice de la communauté. Le troisième point vise à changer la logique sociale. Le gouvernement peut agir en modifiant la structure des incitations, en fournissant aux gens les moyens de s’épanouir autrement, d’une façon moins matérialiste.

Mais cela peut-il permettre de combattre le chômage ?

Le capitalisme actuel poursuit l’augmentation continue de la productivité du travail, si bien qu’on produit la même chose avec toujours moins de gens. Si vous acceptez cette idée que la hausse de la productivité est la clé du progrès économique, vous n’avez que deux options : l’une c’est d’avoir moins d’emplois dans l’économie, l’autre est d’en avoir autant, ce qui signifie toujours plus de croissance – qui se heurte aux limites des ressources et de l’environnement. Le choix est donc soit de conserver la croissance de la productivité et d’admettre par conséquent qu’il y aura moins de travail dans l’économie, ce qui signifie la mise en place de politiques de réduction du temps de travail ; soit opter pour la fin de la hausse de la productivité, et développer les services sociaux – éducation, aide sociale, maintien des espaces publics, rénovation des bâtiments, etc. Ces activités sont naturellement intensives en travail : leur qualité ne s’améliore pas par une augmentation de la productivité, au contraire. Si l’on suit ce choix, il y aura certes une baisse des profits, et moins de productivité telle qu’elle est conventionnellement mesurée, mais plus d’emplois…

Hervé Kempf

Source : Reporterre

« Sur les 35 heures, la France a manqué de volonté politique »

[Le Télégramme, janvier 2011]

La réduction du temps de travail ? Elle ne saurait se passer d’une réforme de notre système productiviste et compétitif, assure l’économiste britannique, auteur de « Prospérité sans croissance ».

La perspective d’une croissance perpétuelle et du plein emploi semblent s’éloigner chaque jour davantage. Dans ce contexte, la réduction du temps de travail vous apparaît-elle comme inéluctable ?

Tim Jackson : Si la croissance ne se poursuit pas, la réduction du temps de travail peut en effet aider à retrouver le plein emploi. Mais il existe une seconde tactique. Celle-ci consiste à remettre en cause la croissance de la productivité. Ainsi, l’économie n’aurait plus besoin de croître. Et le temps de travail n’aurait pas à être réduit? C’est d’autant plus vrai si on imagine une transition vers une économie dans laquelle s’échangent essentiellement des services à la personne. Chercher à améliorer la productivité de ces activités n’a pas vraiment de sens. Dans ces secteurs-ci, il s’agit plutôt de maintenir la valeur essentielle du temps humain.

Je crois que ces deux stratégies sont toutes deux valides. L’une qui consiste à défier le paradigme selon lequel vous devez absolument chercher la productivité du travail. Et à accepter que dans certaines activités, le travail soit la valeur la plus importante? et que le temps consacré doit être protégé. L’autre qui consiste à penser une politique du temps de travail afin d’assurer un plein accès à l’emploi. C’est ainsi, à mon sens, que la réduction du temps de travail doit être pensée. Plutôt que comme un levier qui va faire baisser la croissance.

Le temps libéré par la réduction du temps de travail peut-il être bénéfique à la société, à l’économie ?

Il peut l’être. Mais ce n’est pas automatique. Si vous réduisez le temps de travail, que font les gens ? Est-ce qu’ils sortent faire des courses ? S’ils augmentent leur consommation, la demande ? ainsi que la production ? augmente. Mais cela a un effet pervers du point de vue environnemental. En clair, il faudrait que ce temps désormais libre soit employé à des activités sociales, communautaire, familiales ou à des loisirs « légers » en carbone et peu matérialistes. Il faut donc avoir des politiques jointes qui, à côté de la réduction du temps de travail, promeuvent ce genre d’activités. Et il faut réformer nos structures existantes. Aujourd’hui, elles sont très fortement tournées vers une consommation matérialiste, vers la recherche de salaires toujours plus hauts, vers la compétition sociale, etc.

Pourquoi pensez-vous que la réussite des 35 heures est aujourd’hui largement remise en cause en France ?

Mettre en place une réduction du temps de travail est une tâche très difficile. Les employeurs sont soumis à de fortes pressions pour faire travailler leurs employés plus longtemps. Cela leur permet de réduire leurs coûts fixes et de mieux contrôler leur force de travail. Les individus eux-mêmes sont soumis à des pressions qui les poussent à travailler plus que le temps optimal nécessaire pour répondre à leurs besoins. Leurs décision ne sont en effet pas individuelles mais sont prises au sein d’un environnement compétitif. Dans celui-ci, ils doivent rester en phase avec ce qui les entourent. En clair, tout le monde évolue dans un jeu de somme nulle avec une très forte pression qui pousse à travailler de longues heures.

Quelles leçons peut-on tirer de l’exemple français ?

Il faut appliquer une politique très solide afin de contraindre les employés et les employeurs à réduire le temps de travail sans qu’ils se sentent en danger dans ce nouveau cadre. Mais cela demande un engagement politique très fort. En France, je crois que la volonté politique a été ébranlée assez vite. Simplement parce que la perte du temps de travail des salariés n’a pas été contrebalancée par une hausse de la productivité, et donc de la production. La stratégie du temps de travail doit avoir un objectif clair, et un leadership politique clair. Elle doit prendre en compte les inégalités et les pressions sociales. Ce n’est pas un outil politique simple, qui vous arrive clés en main.

Source : Le Télégrammme

« L’individu égoïste est le modèle de l’humanité »

[UC Louvain, février 2011]

Au mieux suis-je une sorte de non-conformiste, un académique par accident, qui a tendance à semer la pagaille. Je ne vais pas vous parler de l’accueil qui m’a été réservé en Angleterre quand j’ai osé, pour la première fois, parler de ‘Prospérité sans Croissance’. Ni du coup de fil que j’ai reçu un vendredi soir d’une personnalité politique dont je tairai le nom, représentant un ministère que je ne nommerai pas non plus, me disant que le numéro 10 – d’une rue londonienne anonyme – ‘est devenu littéralement dingue’. Et tout cela à cause de moi? Ce n’est pas tout à fait le genre de carrière que mes parents imaginaient pour moi.

Mais aujourd’hui, chose extraordinaire, une des université les plus anciennes – et certainement la plus avisée – d’Europe honore quelqu’un qui a osé poser la question la plus évidente qui soit: comment est-il possible pour notre économie de croître à l’infini – tandis que les ressources de notre planète sont si péniblement limitées?

C’est une question fascinante pour différentes raisons. Tout d’abord, parce que beaucoup de monde préférerait qu’elle ne soit pas posée. Mais aussi parce que l’on débute le parcours avec une question très simple qui traite de physique et d’écologie… Et on finit par explorer l’essence même de l’être humain.

Laissez-moi vous guider le long d’un petit bout de ce parcours. Imaginez, pour un instant, un monde peuplé de neuf milliards d’habitants, aspirant tous à un niveau de salaire occidental, croissant à du deux pour cent par an. Dans un tel monde, le seul moyen d’avoir une quelconque chance de transmettre à nos enfants une planète habitable est de réduire de cent trente fois l’intensité en carbone de l’activité économique durant les quarante prochaines années. Croire à la réalisation d’un tel scénario, c’est croire par-dessus tout au pouvoir quasi magique de la technologie.

La question pour moi n’est pas tant de savoir si cela est technologiquement réalisable. Mais plutôt si la société dans laquelle nous vivons peuvent atteindre ce niveau de transformation. Car une société qui se fonde sur la croissance nécessite une multitude de consommateurs dépendants de biens nouveaux, prêts à emprunter et à dépenser- quitte à hypothéquer leur situation financière future si telle est la condition pour continuer à acheter.

Et soyons honnêtes, il est assez facile de repérer ces gens. Ils sont assis ici-même et maintenant. Parce que les biens nouveaux jouent un rôle absolument central dans nos vies à nous. A travers eux, nous nous racontons des histoires décrivant combien nous sommes importants. La nouveauté signifie le progrès. Elle signifie l’espoir. Un monde plus radieux, plus étincelant pour nos enfants et leurs enfants. Nous sommes exactement les personnes dont le système a besoin pour poursuivre la parade.

Et si, comme en période de récession, par exemple, le système stagne ou même chancèle, alors une foule d’agents publicitaires, de vendeurs, d’investisseurs et de politiques, aussi rusés les uns que les autres, sont là pour nous rappeler à l’ordre.

Pour nous persuader, en termes très simples, de dépenser l’argent qu’on n’a pas pour acquérir des choses dont on n’a pas besoin afin de créer des impressions qui ne durent pas sur des personnes qui ne nous importent en rien.

Mais avant de nous livrer au désespoir, cela vaut la peine de se demander si ce dynamique consommateur sert réellement nos aspirations propres en tant qu’êtres humains. S’agit-il là de l’immuable nature humaine à la recherche de son propre plaisir ou d’une pathologie qui est la conséquence d’une économie tournée trop vers le profit, nous menant à des comportements destructifs ?

Admettons toute de suite qu’il y a une part de la nature humaine qui est profondément matérialiste. Et que cette part de la nature humaine a une soif persistante de nouveauté. Mais cela signifie-t-il que l’hédonisme, la recherche individualiste du plaisir est vraiment ce à quoi se réduit la nature humaine?

Y-a-t-il ne fusse qu’un seul des modèles du psychisme humain qui se limite aux forces d’un matérialisme égoïste ?

S’il y en a un, il n’est certainement pas l’œuvre ni des psychologues ni des psychiatres. Il n’est pas sûrement approuvé par les docteurs, les infirmières, les travailleurs sociaux. Ou encore par les mères, les pères, les amants. Ni l’art, ni la musique, ni la littérature n’en font assurément pas l’éloge. Il n’est le cœur d’aucun enseignement religieux, quel qu’il soit. Il n’a pas été inscrit sur des tablettes de pierre par Moise descendu de la montagne.

Il suffit de regarder autour de vous. De demander au gens ce qui a de l’importance pour eux. Je ne suis pas en train de suggérer que nous sommes tous des Saints. Ce serait ridicule. Mais la seule preuve nécessaire pour rejeter la proposition que tous les cygnes sont blancs est de trouver un cygne noir.

La seule preuve nécessaire pour rejeter la proposition que nous sommes tous des consommateurs individualistes, c’est un seul individu désintéressé qui passe sa vie entière à se dévouer aux pauvres et aux malades. Une seule entreprise innovante qui destine quatre vingt pour cent de ses profits à la protection des forêts tropicales. Ou une fillette de dix ans, troublée par le matérialisme de Noël, apportant à son père une poignée de cadeaux et lui demandant : ‘pourrais-tu s’il te plait les donner à des enfants qui n’ont rien ?’. C’est le cas de ma fille. Mon petit cygne noir. Mais je suis persuadé que vous n’aurez aucun mal à fournir vos propres exemples. Réfuter le modèle d’une nature humaine dont le fondement est la recherche intéressée du plaisir est ridiculement facile. Dès lors, d’où peut bien provenir un tel modèle ?

Et bien, mesdames et messieurs, ce modèle provient hélas de la pensée économique dominante. L’individu égoïste est le modèle de l’humanité, encodé au cœur de la science économique moderne. Baignés dans la croyance erronée que ce type de comportement humain concourt à l’intérêt général, nous avons créé toute une gamme d’institutions pour aider chacun de nous à devenir précisément ce type d’individu.

Et la vérité triste, c’est que ces institutions sont en train de miner une autre part de nous qui est tout aussi importante. Qui est plus importante.

On a oublié qu’en même temps que d’être égoïstes, nous sommes aussi altruistes. Que si nous avons soif de nouveauté, nous sommes aussi sensibles à la tradition. Et que nos âmes, bien qu’en quête perpétuelle d’occupations belliqueuses, ont aussi besoin de réflexion et de paix.

En conclusion, il ne s’agit pas de changer la nature humaine mais de reconnaitre sa profondeur. Et de construire des institutions qui protègent cette profondeur, une économie capable d’engendrer une prospérité partagée au sein d’une planète limitée.

La prospérité – dans tous les sens du terme – transcende les préoccupations matérielles. Elle réside dans notre amour pour nos familles, dans notre soutien à nos amis, dans notre aptitude à participer pleinement à la vie de notre société, dans la signification et la raison d’être que nous attachons à nos vies. Le défi pour nos sociétés est de créer les conditions qui rendent cela possible.

Source : UC Louvain

« Les quatre priorités de Tim jackson »

1. Imaginer un nouveau système économique
dont la stabilité ne repose pas sur la croissance illimitée. C’est un défi, notamment pour les économistes dont la « science » est « écologiquement analphabète ».
2. Réformer les marchés financiers
pour les rendre moins instables, mais aussi pour qu’ils prennent en considération les rendements sociaux et écologiques, et pas seulement le rendement financier à (très) court terme.
3. Démanteler la culture de la consommation
qui nous pousse à dépenser l’argent que nous n’avons pas, pour acheter des choses dont nous n’avons pas besoin, pour impressionner des gens qui ne nous importent pas.
4. Soutenir l’« économie Cendrillon »
ces entreprises de petite taille, à faible productivité et forte intensité en main-d’œuvre, qui produisent des services immatériels : santé, care, loisirs culturels…

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

26 réactions et commentaires

  • Patrick Luder // 26.01.2014 à 04h31

    Tim Jackson ou mission impossible … OUI notre type de « civilisation » ne peut pas durer et va droit dans le mur, mais NON, de tels changements ne verront pas le jour car RIEN dans le monde actuel, n’en prend le chemin, ni du côté économique, ni du côté financier, ni de côté politique, ni du côté des mentalités.
    ***
    Notre type de civilisation ne changera QUE et seulement QUAND les ressources seront devenues insuffisantes, quand les énergies fossiles ne seront plus librement accessibles, quand le prix des matières aura explosé, quand tout le système économique devra être repensé, quand l’urbanisme devra se réorganiser …
    ***
    Tim Jackson devrait arrêter de rêver, et se pencher sérieusement sur cet avenir proche ou tout sera bouleversé. Les personnes préparées pourront se réorganiser / les personnes non préparées seront inconsolables, c’est tout.
    ***
    Jamais l’humanité à réagi de manière prévisionnelle
    et ce ne sera pas le cas cette fois non plus !

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    • michel lambotte // 26.01.2014 à 17h38

      L’accessibilité au pétrole diminue de jour en jour et impacte l’économie toute entière, cela qu’on le veuille ou non et je pense qu’il est prématuré de dire que c’est mission impossible.
      Personne ne peut dire de ce que demain sera fait, ce qui est sûr est qu’un nombre de plus en plus grand y travaillent, tant pis pour les autres.

        +0

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      • Bill // 26.01.2014 à 18h14

        Patrick et Michel.
        Vous avez raison si il n’y pas d’évolution intelligente c’est exactement ce qui nous attends.
        En fait rien à ce jour, pour faire un parallèle, ne nous distingue d’un animal, comme par exemple, l’abeille.
        Nous allons comme l’abeille travailler aveuglément jusqu’à épuisement des ressources c.à d. l’automne pour les abeilles qui perdront durant l’hiver les 3/4 de leur population pour reprendre un autre cycle au printemps.
        Sauf peut-être pour nous humains il n’est pas certains que le printemps sera de sitôt , tellement avec nos outils et moyens nous avons effacer les saisons et persister dans l’exploitation des ressources au point que pour le renouvellement se sera plutôt long.

        Ceci dit nous prenons le miel des abeilles et le remplaçons par du sucre, les abeilles n’y voient rien inconsciente du phénomène En passant 90% des abeilles sont inexorablement programmés et encadrés ouvrières. Peut-on faire un lien avec ce texte de Chefurka .Climbing the Ladder of Awareness (October 19, 2012)
        Et puis j’y pense y a t’il quelque chose que nous stockons en tant qu’humain, par notre travail, dans des volumes impressionnant et qui ne nous n’utilisons pratiquement pas?

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        • jducac // 26.01.2014 à 20h50

          @ Bill Le 26 janvier 2014 à 18h14

          En fait rien à ce jour, pour faire un parallèle, ne nous distingue d’un animal, comme par exemple, l’abeille.

          Hélas nous sommes bien plus vulnérables que les abeilles qui stockent de l’énergie pour passer l’hiver, les saisons cadençant leurs cycles économiques. Même nos ancêtres gaulois qui n’avaient pas encore été stigmatisés comme capitalistes, faisaient mieux que nous. En effet, ils accumulaient dans leurs silos, d’après ce que l’archéologie a montré chez certaines communautés agricoles Picardes, de quoi couvrir pour plusieurs années, leurs besoins de consommation de céréales.

          En poursuivant le parallèle avec les abeilles, on voit que l’espèce humaine dispose encore de marges à exploiter pour économiser l’énergie. Il serait possible par analogie avec la vie des abeilles mâles, de jouer sur la durée de vie et le nombre d’individus de sexe masculin. Idem pour ce qui concerne la polyvalence grandissante des individus du sexe faible qui deviendrait le sexe fort comme chez les abeilles, les femelles faisant presque tous les travaux utiles à la conservation de l’espèce. De la sorte, dans le futur, on ne parlera peut être plus de l’espèce humaine, mais de l’espèce femmen,

          http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/UVLibre/0001/bin35/abeilles/societe/societe.html

          Pour mieux préparer la mutation de notre espèce on commencera par supprimer l’expression « gestion de bon père de famille » Certains de nos élus sensibilisés à l’écologie, le proposent.

          http://www.je-suis-stupide-j-ai-vote-hollande.fr/blog/parlez-vous-la-novlangue-socialiste/

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          • casper // 27.01.2014 à 11h31

            Quand Hollande voulait retirer le mot « race » de la constitution, les conservateurs se moquaient de lui, arguant, avec raison, que ce n’est pas en supprimant le mot race de la loi qu’on en supprimerait la notion.

            Maintenant qu’on efface du code civil les mots « pere », « mere », « bon pere de famille », ils changent leur fusil d’épaule et hurlent que l’on détruit les concepts en les retirant de la Loi…

            Faudra quand même qu’ils se mettent d’accord a un moment, sinon on va finir par les croire de mauvaise foi.

            PS: il est amusant de voir le Figaro dénoncer la novlangue gouvernementale après avoir tant fait pour la faire prospérer quand le gouvernement était de la couleur qui lui plaisait… enfin bon, toute démarche contre la novlangue est toujours bonne a prendre.

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  • Alain34 // 26.01.2014 à 10h15

    Quand on parle d’écologie, ressources limitées, partage du travail, nouveau système, consommation, qu’on ‘culpabilise’ au point de devenir végétarien (ce qui n’est pas ‘naturel’), de se sentir coupable d’avoir un iphone, etc etc, ce qui me sidère c’est que TRES rarement, voir jamais n’est abordé le sujet de l’allongement de l’espérance de vie et de la croissance (encore et toujours elle) démographique.
    Quel est le bilan écologique sur la vie entière d’une famille de 2 adultes et 1 enfant par rapport a la même avec 2, 3, ou 4 enfants ? Je parle même pas du célibataire sans enfants et qui n’en veut pas, montré du doigt comme salopard de consommateur pollueur parcequ’il va changer d’ifoune a chaque nouvelle génération….

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    • Youpla // 26.01.2014 à 12h08

      Souvent celui qui critique les familles ayant plusieurs enfants est aussi favorable à l’élimination de la vie d’autrui, qu’elle soit pré-natale ou fin de vie, car cette réduction démographique lui permettra de continuer à satisfaire des envies égoïstes de consommation effrénée. Si les autres vivent, il devra partager le superflu, quelle horreur !

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      • Alain34 // 26.01.2014 à 19h25

        Procès d’intention.
        Mais je me suis peut etre mal exprimé…
        Je veux juste dire que la croissance démographique c’est comme la croissance « économique » à un moment, dans un monde fermé et fini, ca ne peut plus marcher.
        Vaut il mieux etre tres tres nombreux a devoir se battre pour survivre, ou être en nombre raisonnable par rapports aux ressources et a « l’espace » a vivre bien, a se développer intellectuellement, etc etc ?

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    • michel lambotte // 26.01.2014 à 17h16

      Le bilan écologique sur la vie entière d’une famille de 2 adultes et 1 enfant à 20.000€ par mois est bien plus catastrophique que le bilan écologique sur la vie entière d’une famille de 2 adultes et trois enfants à 2.000 € par mois, cela semble évident n’est-il pas.

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    • yoananda // 26.01.2014 à 20h21

      Ouai, sauf que pas de bol, c’est manger de la viande qui n’est pas « naturel ».
      Essaye d’aller bouffer un steak directement sur la bête, sans passer par le super-marché et la viande cuite, et on reparle de ce qui est « naturel » et ce qui ne l’est pas : on n’a ni les dents, ni les intestins pour.

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      • Jean-LuK // 26.01.2014 à 20h40

        N’avez-vous jamais entendu parler de chasseurs-cueilleurs ? Bien avant l’agriculture et… les supermarchés. De plus, il y a un bon nombre de centaines de milliers d’années (entre 390 et 790) que l’homme maitrise le feu.

        Certains chercheurs affirment que la consommation de viande a déclenché l’hominisation > http://www.amazon.fr/Mangeurs-viande-pr%C3%A9histoire-nos-jours/dp/2262027269. Même si on peut envisager réduire-supprimer la consommation de viande, il faut rester lucide et ne pas se faire d’illusion sur le passé de l’humanité.

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        • yoananda // 27.01.2014 à 10h05

          C’est la cuisson et non la viande qui aurait déclenché l’hominisation.
          L’homme a d’abord charrogné avant de chasser, de ce que j’en sais.
          Et il chasse pour passer l’hiver, et non pas parce que c’est un régime naturel.
          Ensuite, si on parle de « naturel », s’empifrer de viande de super marché 1 ou 2X par jour n’est pas naturel, mais un réflexe conditionné (par les traumatisme des la 2ème guerre mondiale, l’abondance de viande, et le marketing). On surconsomme de la viande sans même parler de végétarisme.
          Ensuite, il suffit de devenir végétarien pour se rendre compte a quel point la viande est nocive … (encore plus la viande industrielle – mais c’est pareil pour les fruits et légumes ceci dit, tout ce qui est industriel est nocif – mais la viande d’autant plus)

          Chacun fait ce qu’il veut, mais dire qu’être végétarien n’est pas naturel est faux. Tout simplement.

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  • Amsterdammer // 26.01.2014 à 11h47

    Limpide.
    Dans les priorités de T. Jackson, il manque cependant :

    – la remise en cause du libre-échangisme, la levée du tabou sur le protectionnisme, et plus généralement, la mise en question du mercantilisme qui consiste à croire que notre prospérité passe par l’écrasement – illusoire – de la concurrence internationale [la com-pé-tit-ti-vi-té]. Alors que tout ce fatras ne bénéficie qu’à quelques uns, ces messieurs les détenteurs de capitaux.

    – la socialisation des moyens de production et le plafonnement des salaires et, plus encore, des patrimoines. Afin de rompre avec la logique d’accumulation du capital, de destruction des ressources et d’exploitation des humains.

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  • Jean-LuK // 26.01.2014 à 11h54

    L’attitude de Tim Jackson va dans le bon sens, mais n’est en aucune façon une réponse.
    Prendre le train, pourquoi pas, on peut aussi covoiturer quand c’est possible, mais surtout éviter les déplacements inutiles, pour le plaisir ! Quand on constate que des écologistes vont au bon du monde pour des motifs a priori justifiés, bien que critiquables, on est en droit de s’interroger.
    La folie des iPhone est aussi révélatrice du suivisme, de la bêtise humaine, que faire contre ?

    Tim Jackson ne prend pas en compte la démographie, mais surtout l’énorme différentiel de richesse qui existe entre les peuples, et dans un même pays, entre les individus. La croissance démographique, si elle ne donne pas immédiatement un pouvoir de pression, prépare les rapports de force à venir; on risque fort d’en reparler.

    Il faudrait que les personnes les plus âgées, celles qui ont vu d’où l’on venait chez nous, en Europe, s’interrogent ; il est plus ardu aux plus jeunes de faire ce genre de comparaison sur des bases purement intellectuelles.
    L’image qui s’approche le plus de notre parcours me semble être celle du roman « des Fleurs pour Algernon » de Daniel Keyes. Nous sommes partis de très très bas, nous avons culminé et nous savons que l’avenir est le retour à l’état initial… tout au moins pour nous, les « pays riches »

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  • amemar // 26.01.2014 à 13h54

    Les idées de partage des ressources et du développement des solidarités ont existé et existent encore dans des sociétés primitives qui ont traversé des siècles et même des millénaires. Nous, nous avons choisi de tout  » manger » en quelques décennies. Une petite proportion d’humains, ceux qui tiennent les commandes, ont mis de côté ce qu’il leur faut, à eux et leurs descendants, pour quelques temps encore. Les autres, nous autres, quand nous auront fini de « boulotter » ce qui reste, on commencera par regarder dans la gamelle du voisin et tenter d’aller lui prendre le peu qui lui reste; et puis après ????

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  • planete // 26.01.2014 à 17h38

    on n’est pas obligé, quand on prend conscience de cet avenir effrayant, de réagir avec « de toutes façons, il n’y a rien à faire, on n’a plus qu’à foncer pour y arriver le plus vite possible ». On peut multiplier par 3 la durée de vie de ses consommables (vêtements et autre i-phone), diviser par 3 la quantité de viande et d’aliments industriels, le nombre de ses kilomètres en avion et en voiture, acheter d’occasion, réparer son four, essayer de réduire son revenu (oui), et, tout à coup, on se retrouve avec moins de tension, plus de temps libre, plus de relations humaines. Ca parait con, mais ça marche, et on peut commencer à réflechir à ce qu’on voudra préserver de nos richesses et de nos valeurs actuelles, quand la crise se rapprochera de notre « paradis » occidental.

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    • Bill // 26.01.2014 à 20h34

      Planete.
      Tout à fait d’accord avec vous, d’autant plus que cette solution est applicable demain matin si l’on veut. Nul besoin de techniques nouvelles ou innovations nous n’avons qu’à utiliser les techniques actuelles largement performante pour décupler la durée de vie de tout objets utiles au maintien d’une qualité de vie optimal essentiel à la paix social.
      Luxe, mode, tout ce qui est inutile largement taxés pour en décourager et la fabrication et l’utilisation.
      À terme moins de travail nécessaire et ce n’est pas un caprice c’est une obligation, moins vous travaillez moins vous utilisez de ressources etc.
      De toute façon c’est la seule solution techniquement applicable immédiatement et il y a urgence, exigence préalable une ouverture de conscience certaine, pas encore évidente à ce jour.
      Bienvenue dans le club, nous ne sommes cependant pas beaucoup à penser ainsi..

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  • michel lambotte // 26.01.2014 à 18h36

    Il est totalement ridicule de poser le problème en terme d’emploi, l’emploi fait partie du système capitalisme industriel basé sur la rente de la propriété privée et c’est ce système qui est à bout de souffle.
    Ce système est composé d’investisseurs (autrefois les propriétaires terriens), les entrepreneurs et les salariés, vouloir en supprimer un, comme aujourd’hui le salariat, et le système s’effondre

    Paul Jorion a écrit ceci:
    ////La croissance est nécessaire pour payer les intérêts (cf. le Pacte de stabilité – Règle d’or). Tant qu’il y aura des intérêts à payer, vous ne pourrez pas éliminer la nécessité d’une croissance. La destruction de la planète est une implication logique du capitalisme.//// http://www.pauljorion.com/blog/?p=36384#comment-315048
    Donc il faut remplacer le moteur et donc remplacer la rente de la propriété privée par la rente de la sobriété privée, c’est ce que j’avais tenté d’expliquer sur le billet à propos de Denis Meadows
    http://www.les-crises.fr/meadows-croissance-mondiale/
    En ce qui concerne l’emploi, il faut qu’il soit remplacé progressivement par l’autonomie de l’individu capable de répondre lui-même à ses besoins dans un système relocalisé ce qui suppose un revenu de base et une solidarité ainsi qu’une réciprocité au niveau de la satisfaction des besoins.

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  • ghisse // 28.01.2014 à 12h13

    la productivité est la source du profit ( + la concurrence démographique ) et le profit est l’âme du capitalisme tant que nous resterons sur ce paradigme nous n’arriverons à rien de viable.
    le tout reposant sur l’avidité dû à l’égoïsme de l’être. d’autres modèles sont possibles mais pour l’instant nous n’en sommes pas là . même Tim J. avoue que l’Iphone est irrésistible c’est dire le niveau de gangrène dans lequel nous sommes. il est pourtant végétarien mais faut pas déconner…
    c’est au bord du gouffre et même juste après que l’humanité se regardera pour ce qu’elle est : une idiote . peut-être même sera-t-elle licenciée sans préavis du jour au lendemain par tout ce qui n’est pas elle . ça aussi ça peut-être un modèle, au moins nous n’aurons plus mal aux dents !

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    • jducac // 28.01.2014 à 14h28

      @ ghisse Le 28 janvier 2014 à 12h13

      la productivité est la source du profit

      Tout à fait d’accord. Vous pourriez même ajouter que le profit, loin d’être condamnable, est indispensable pour investir et fournir ainsi à la génération suivante les moyens de produire à son tour et ainsi de générer des profits permettant de perpétuer le processus.

      Pour que cela soit possible, il faut que la richesse produite soit supérieure à la richesse consommée, ce qui n’est plus le cas en France. En réduisant le temps de travail (35h payées 39 et retraite à 60 ans au lieu de 65) ceux de nos hommes et femmes politiques qui, depuis 1981, condamnent le profit, ont permis que l’on consomme plus que ce l’on produit.

      Cela a fini par porter atteinte à notre productivité et corrélativement à notre compétitivité.

      Moins compétitif qu’antérieurement, notre pays s’autodétruit en ne consentant pas à réduire drastiquement son train de vie plombé par un fonctionnariat pléthorique et un modèle social qu’il n’est plus en mesure de se payer.

      Car il ne suffit pas de se dire socialiste pour faire du social, ni de se déclarer social démocrate pour rendre l’économie d’un pays suffisamment performante pour aller chercher lors des échanges commerciaux avec l’étranger, l’énergie que l’on n’est pas capable de générer sur le plan national.

      Au lieu de se perdre dans des mesures secondaires d’ordre sociétal (mariage pour tous, théorie du genre à l’école primaire etc…) nos dirigeants feraient mieux de prendre des cours d’économie, ce qu’ils commencent à faire, mais bien trop tard.

      http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20140128.OBS3983/le-pere-des-reformes-allemandes-futur-conseiller-de-hollande.html

      Pendant qu’il y est, il pourrait aussi faire apprendre les bases de l’économie dès l’école primaire, (par des professeurs non inféodés aux théories marxistes et anticapitalistes, ce qui est rare) de sorte à ce que les enfants, dès qu’ils seront en âge de voter, ne contribuent pas à faire élire des incompétents économiques, plus attachés à servir leur carrière que la prospérité de leur pays.

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  • des croissants ? // 29.01.2014 à 00h38

    @jducac

    C’est pas un peu fini la rhétorique du fonctionnaire responsable de tous les maux ?

    Non mais enfin, quand 85 personnes (1,2,3…. 84,85) possèdent autant que 3.5 milliards d’individus, quand les banques en faillite sont sauvées par les contribuables les plus modestes (parce que les autres ont planqué leur fric dans les paradis fiscaux), quand le niveau de pollution et de destruction de l’écosystème atteint un niveau inquiétant… les seuls responsables seraient les fonctionnaires ?

    C’est bon là ? La même rengaine, encore et encore.
    Votre disque est sacrément rayé !

    C’est le système capitaliste qui pose problème parce qu’il se base sur des postulats erronés : le mythe d’une croissance infini dans un monde aux ressources finies.

    Alors oui ! A l’avenir il y aura moins de ces fonctionnaires honnis, mais il y aura aussi disparition de la rente du capital et du système économique basé sur ce concept.

    Je suis d’accord avec vous : la richesse consommée doit être inférieure à la richesse produite. Mais quand cette richesse est produite principalement grâce à une énergie non renouvelable (= qui va disparaître à terme, demain,dans 10 ans, dans 100 ans) qu’est-ce que propose le système capitaliste ? A part consommer plus de ressources que de richesse produite ?

    Les dettes du système capitaliste (dette environnementale, dette monétaire) c’est quoi ?
    C’est consommer plus aujourd’hui que ce que demain pourra rembourser.

    Après la crise des subprime, après tout ce qui a été mis à jour au sujet de ce capitalisme prédateur, des magouilles, des combines, des arnaques… je trouve malvenu aux adorateurs du veau d’or de venir faire la leçon de morale aux autres. Encore et toujours.

    Je pense que le capitalisme représente l’aspect le plus négatif de la psyché humaine : égoïsme, manque d’empathie, mensonges, mauvaise foi… élevé au rang de vertu dans les écoles de commerces et de gestion.

    Les financiers n’ont pas plus d’intelligence que mes poules quand je les nourris. Toujours une poule, la plus grosse évidemment, qui attaque les autres pour avoir plus pour elle.

    Mon poulailler ? C’est la corbeille du CAC40, c’est les hautes sphères du conseil d’administration des banques, c’est les multinationales qui optimisent leur fiscalité.

    Alors quand 100% de mes poules ont perdu leurs plumes (ha-ha-ha) à force d’augmenter leur compétitivité afin de capter un peu, un tout petit peu plus de grain que les autres, qui a gagné ? Qui a perdu ?

    Moi je dirais : perdu pour tout le monde !

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    • jducac // 29.01.2014 à 12h00

      @ des croissants ? Le 29 janvier 2014 à 00h38

      C’est pas un peu fini la rhétorique du fonctionnaire responsable de tous les maux ?

      Jamais je ne mets en cause « le fonctionnaire » en tant que tel et vous mets au défit de montrer que mes propos, sur ce site ou ailleurs, tendent à déconsidérer « le fonctionnaire ». D’ailleurs pourquoi ne dites vous pas « la fonctionnaire ». Je le (la) crois fondamentalement semblable aux autres citoyens, ni pire ni meilleur que les autres, sauf sur un point où il surpasse la majorité des autres citoyens, sans que cela soit un défaut, au contraire. Tout comme vos poules et tous les êtres vivants, il a la reconnaissance du ventre.

      « Le fonctionnaire », que j’ai été durant la première moitié de ma carrière professionnelle, aime son employeur, l’Etat, et il le sert au mieux. Il est aussi très reconnaissant à la famille politique de ceux qui lui ont procuré son job, tout comme on est normalement reconnaissant à ceux qui vous ont donné le jour, même si de surcroît ils vous ont gratifié d’une famille trop nombreuse au regard de leurs ressources, pour vous offrir la possibilité d’une évolution optimale.

      Pour rester sur l’analogie avec les poules, permettez moi de développer un peu ma vision des choses, de manière à montrer en quoi trop de poules (trop de fonctionnaires) sur un territoire donné peut conduire à son appauvrissement, à sa mise en faillite, voire à son extinction.

      Imaginez un couple d’agriculteurs dont la ressource principale est céréalière. Puisque la mode est à donner de plus en plus d’importance à la voix des femmes, le couple décide de développer la basse-cour à laquelle se consacre la fermière, mais de façon inconsidérée et sans la circonscrire dans un enclos. L’époque n’est elle pas à une totale libération du sexe féminin ? De la sorte il est pensé que les poules, et le coq qu’elles s’arrachent, se porteront mieux en se nourrissant à la fois de verdure et de grains.

      Dans un premier temps, la basse-cour se porte à merveille jusqu’à ce que les agriculteurs constatent la catastrophe. Privées de verdure durant l’hiver, les poules se sont jetées sur les jeunes pousses de céréales pour s’en nourrir (d’où la révolte des pigeons) et ont ainsi anéanti tout espoir de bonne récolte céréalière. Certes il y a des œufs et des poussins à profusion qu’on ne peut ni stocker ni nourrir. Il n’y a plus qu’à les brader au marché local où les cours s’effondrent alors que celui des céréales est au plus haut.

      Voila ce qu’il advient lorsqu’on donne plus de place aux élans du cœur d’une fermière qu’à une gestion traditionnelle en bon père de famille. Heureusement nos députés (députées) veillent au grain, ils viennent de voter une nouvelle loi.

      http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20140122.OBS3332/le-bon-pere-de-famille-disparait-du-droit-francais.html

      Nous sommes sauvés ! A moins qu’il soit préférable d’écrire « nous sommes sauvées » !

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      • Des Croissants ? // 03.02.2014 à 00h13

        @jducac,

        Cher Monsieur,

        Je vous remercie de votre réponse et me réjoui de voir que vous abondez dans mon sens.

        En effet, votre allégorie de la fermière démontre parfaitement le risque des exponentiels qui nous guettent au détour des activités humaines.

        Permettez-moi de suggérer que vos idées sur la nécessité de la croissance font de vous cette fermière.

        Je passe sur « la mode » qui consiste juste de permettre (quelle mansuétude) à 50% de l’humanité de s’exprimer. Oui, oui, cette autre moitié de l’humanité constituée des femmes.

        Et patatras, laissons ces dames s’exprimer et voilà la catastrophe, car l’homme, lui sait gérer son patrimoine « en bon père de famille ».

        Nous voilà rendu au moment où non seulement les fonctionnaires sont responsables de la situation économique actuelle, mais si en plus les femmes s’en mêlent, alors l’armageddon est proche.

        C’est cette vision conservatrice qui conduit l’humanité contre le mur des ressources. Car Tim Jackson a raison ainsi que tous les scientifiques qui se sont penchés sur la question. Ils le disent d’ailleurs depuis 40 ans ! Et leurs conclusions arrivent aujourd’hui en guise d’addition.

        Vous voyez une crise économique, je vois une crise écologique majeure (incluant la problématique des ressources, y compris énergétique). La physique est plus forte que Wall Street, parce que cette dernière ne peut s’affranchir des lois de l’univers, elle en fait partie.

        Tout le reste ne sont que vues de l’esprit.

        Vous souhaitez du concret ? Bon, parlons des abeilles… ha oui, bla, bla, les colonies s’effondrent, bla, bla, quel en est la cause ? bla, bla.

        Bon sauf que j’ai rencontré un responsable cantonal du service de l’environnement en charge de la gestion des apiculteurs. Lui-même apiculteur, il m’a raconté, que les colonies d’abeilles sont devenues tellement fragiles, qu’il n’y a pratiquement plus de gestion « naturelle » (aka sans médicaments et autres substances) des colonies d’abeilles.

        Si l’homme ne s’occupe plus des ruches, avec de plus en plus de produits, il n’y a plus d’abeilles.

        Et je ne parle pas des villes, mais de moyenne montagne où les paysans n’utilisent pas de neo-nicotinoïdes, où les ruches se trouvent dans des réserves naturelles régionales !

        Et ça les gens ne sont pas au courant, tout occupés à savoir comment s’acheter le dernier iCaca. Sauf que cela va faire drôle quand il sera nécessaire d’aller polliniser au pinceau les plantes pour simplement……………. manger.

        Alors voyez-vous, cher jducac, le libéralisme, le nombre de fonctionnaire, c’est juste un peu moins fondamental que la claque écologique que l’humanité va se prendre au fondement !

        Que proposez-vous ? Plus de libéralisme ? Plus de la même chose ? Encore et encore en pariant que le résultat sera différent ?

        Je vous accorde que le communisme n’a pas été une grande réussite non plus…

        Mais on oublie souvent de dire que les deux systèmes sont des système productivistes et ils représentent à mes yeux les deux totalitarismes que l’occident à inventé.

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  • jmeransaigne // 29.01.2014 à 14h44

    Pour ce qui est d’être au bord du gouffre écologique, étant écolo(sale babaccool)depuis plus de trente ans, je pense que les bords sont déjà hors d’atteinte et que nous sommes DANS le gouffre et depuis au moins 10 ans.
    Malheureusement, comme cela n’est pas visible(pas encore), on n’y croit pas.

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  • jmeransaigne // 29.01.2014 à 15h00

    Je me demande si il n’y a pas corrélation entre destruction massive des forêts et les innondations:
    http://www.onf.fr/gestion_durable/sommaire/milieu_vivant/ecosysteme/elements/20070925-125832-941037/@@index.html

    Je pense que ce qui se passe en Amazonie(déforestation intensive) à un effet direct sur d’autres régions du monde, il doit y avoir des études mais comme tout le reste, on n’y aura pas accès:le marché pratique l’Omerta.

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  • dominique // 01.02.2014 à 01h28

    Un économiste sérieux parle de de profit, compétitivité, consommation et croissance
    Un physicien sérieux parle du mouvement perpétuel

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