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14.octobre.201614.10.2016 // Les Crises

Être berné sur l’Irak, la Libye et maintenant sur la Russie, par Robert Parry

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Source : Consortiumnews.com, le 14/09/2016

Le 14 septembre 2016

Exclusif : Après le rapport britannique qui a dévoilé les mensonges visant à justifier l’invasion de l’Irak en 2003, au Royaume-Uni toujours, une nouvelle enquête a découvert de semblables manquements dans l’attaque de 2011 contre la Libye, mais devant la nouvelle propagande de l’Occident au sujet de la Russie, on se rend compte qu’on n’a pas tiré les leçons du passé, écrit Robert Parry.

Par Robert Parry

Une enquête parlementaire britannique à propos du fiasco libyen a indiqué ce qui aurait dû être manifeste depuis le début en 2011 (et l’a été pour certains d’entre nous) : l’intervention militaire occidentale pour « protéger » les civils à Benghazi n’était que la couverture d’une nouvelle et désastreuse opération de « changement de régime ».

Selon le rapport du Comité des Affaires Étrangères du Royaume-Uni, les États-Unis et d’autres gouvernements occidentaux avaient exagéré la menace sur les droits de l’homme que faisait peser le dirigeant Mouammar Kadhafi avant de s’empresser de transformer la mission « humanitaire » en invasion militaire qui a renversé et tué Kadhafi, laissant derrière eux un chaos social et politique.

Le président Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron s'entretiennent lors du G8 à Lough Erne, en Irlande du Nord, le 17 juin 2013. (Photo officielle de la Maison-Blanche par Peter Souza)

Le président Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron s’entretiennent lors du G8 à Lough Erne, en Irlande du Nord, le 17 juin 2013. (Photo officielle de la Maison-Blanche par Peter Souza)

Le rapport, et c’est là tout son intérêt, montre à quel point on a négligé les leçons du fiasco de la guerre d’Irak lors de laquelle l’administration de George W. Bush avait monté en épingle et falsifié les renseignements pour justifier l’invasion de l’Irak et l’assassinat de son dirigeant, Saddam Hussein. Dans les deux cas, les dirigeants du Royaume-Uni ont suivi bien gentiment, et les médias d’information dominants ont joué, sans la moindre déontologie, le rôle de canaux de propagande au lieu de se faire, pour le public, les observateurs critiques et diligents de la situation.

Aujourd’hui, nous voyons ce schéma se répéter, et de façon encore plus dangereuse : on diabolise le président russe Vladimir Poutine, on déstabilise l’économie russe et on pousse à « un changement de régime » à Moscou. Dans la nouvelle débauche de propagande anti-Poutine, pratiquement personne dans le monde des médias dominants n’adopte une attitude un tant soit peu modérée ni ne tire des exemples irakiens et libyens un enseignement qui devrait inciter à la prudence.

Pourtant, avec la Russie, les risques sont d’une ampleur encore bien plus grande que dans le cas de l’Irak et de la Libye, et on pourrait, d’ailleurs, ajouter en prime les plans confus de « changement de régime » en Ukraine et en Syrie. La perspective d’un chaos politique à Moscou, avec des extrémistes qui se battraient pour le pouvoir et le contrôle des codes nucléaires, devrait insuffler un minimum de sens des responsabilités aux hommes politiques de l’Occident et aux médias, mais ce n’est pas le cas.

Concernant Poutine et la Russie, on retrouve les mêmes vieilles hyperboles et mensonges qui ont tellement désinformé le public avec les « menaces » de Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi. De la même façon que le président George W. Bush a prétendu fallacieusement que les présumées armes de destruction massive de Saddam Hussein constituaient un danger pour les Américains et que la secrétaire d’État, Hillary Clinton, a faussement traité Kadhafi de « génocidaire », les responsables et les autorités états-uniennes font de Poutine un méchant de bande dessinée ou une sorte de nouvel Hitler.

Le New York Times, le Washington Post et d’autres médias dominants se sont contentés de déverser sur le peuple américain la propagande officielle à propos de l’Irak et de la Libye, au lieu de la mettre en cause et d’émettre des doutes à son propos, et maintenant ces prétendues entités journalistiques se conduisent de la même façon en ce qui concerne la Russie. La différence essentielle, cependant, c’est que nous parlons maintenant de possibilité d’anéantissement nucléaire. [See Consortiumnews.com’s “The Existential Madness of Putin-Bashing.“]

Selon le nouveau rapport britannique sur la Libye, l’intervention militaire de la Grande-Bretagne, comme celle des États-Unis et de la France, était fondée sur « des hypothèses erronées et une compréhension lacunaire » de la réalité à l’intérieur de la Libye, puisqu’on n’avait pas conscience du rôle des extrémistes islamistes à la tête de l’opposition à Kadhafi.

En d’autres termes, Kadhafi disait la vérité quand il accusait les rebelles autour de Benghazi d’être infiltrés par des terroristes extrémistes. Quand il jura d’annihiler ces éléments, l’Occident, y compris les médias d’information états-uniens, déforma ses propos et lui firent dire qu’il voulait massacrer les civils de la région, semant ainsi la panique au Conseil de Sécurité et lui faisant approuver une opération pour protéger ces civils.

Ce mandat devint ensuite une excuse pour anéantir l’armée libyenne, ouvrir la voie aux rebelles anti-Kadhafi pour la prise de la capitale Tripoli et finir par pourchasser, torturer et assassiner Kadhafi.

Les preuves de la présence de terroristes ignorées

Pourtant, il y avait des preuves avant ce « changement de régime » de la nature extrémiste des rebelles anti-Kadhafi comme de ceux qui cherchent à renverser Bashar al-Assad en Syrie. Comme les analystes Joseph Felter et Brian Fishman l’ont écrit dans un rapport d’avant la guerre de Libye pour le Combating Terrorism Center de West Point, « les gouvernements syriens et libyens partagent les soucis des États-Unis à propos de l’idéologie djihadiste salafiste et de la violence de ses adeptes. »

Au début de l'invasion états-unienne de l'Irak en 2003, le président George W. Bush a ordonné à son armée de mener une attaque aérienne dévastatrice sur Bagdad, opération connue sous le nom de « shock and awe (choc et terreur) ».

Au début de l’invasion états-unienne de l’Irak en 2003, le président George W. Bush a ordonné à son armée de mener une attaque aérienne dévastatrice sur Bagdad, opération connue sous le nom de « shock and awe (choc et terreur) ».

Dans le rapport intitulé Al-Qaeda’s Foreign Fighters in Iraq (Les combattants étrangers d’al-Qaïda en Irak), Felter et Fishman ont aussi analysé les documents d’al-Qaïda récupérés en 2007, où l’on pouvait consulter les dossiers des militants arrivant en foule en Irak pour la guerre. Ces documents ont révélé que, dans l’est de la Libye, la base de la rébellion anti-Kadhafi, il y avait beaucoup de candidats à l’attentat-suicide qui rejoignaient l’Irak pour tuer des soldats américains.

Selon Felter et Fishman, ces rapports dénommés Sinjar Records révélaient que même si les combattants en Irak étaient, dans leur grande majorité, des Saoudiens, les Libyens représentaient le contingent le plus important par habitant et de loin. Ces Libyens étaient essentiellement originaires des villes de l’est.

« La grande majorité des combattants libyens dont l’adresse était inscrite dans les dossiers de Sinjar résidaient dans le nord-est du pays, surtout dans les villes côtières de Darnah 60,2% (53) et Benghazi 23,9% (21), » ont précisé Felter et Fisgerman, avant d’ajouter :

Darnah et Benghazi ont toutes deux, depuis longtemps, été associées au militantisme islamique en Libye, en particulier à cause d’un soulèvement des organisations islamistes au milieu des années 1990… Un groupe, le Libyan Fighting Group, a prétendu compter dans ses rangs « des vétérans afghans », une référence aux moudjahidines qui avaient pris part à la guerre antisoviétique soutenue par la CIA dans les années 1980, comme le fondateur d’al-Qaïda, Oussama ben Laden, un Saoudien.

Selon Felter et Fishman, « Les soulèvements libyens [dans les années 1980] ont été extrêmement violents. Kadhafi a utilisé des hélicoptères de combat à Benghazi, coupé le téléphone et l’eau à Darnah et soutenu, dans une phrase restée célèbre, que les militants djihadistes « méritaient de mourir sans procès, comme des chiens. »

On pensait aussi que d’importants dirigeants d’al-Qaïda qui opèrent dans les régions tribales du Pakistan étaient venus de Libye. Par exemple, « Atiyah », à la tête de la stratégie militaire anti-États-Unis en Irak, a été identifié comme le libyen Atiyah Abd al-Rahman.

C’était Atiyah qui poussait à faire en sorte que les troupes états-uniennes en Irak s’embourbent dans ce conflit, pour gagner du temps afin qu’al-Qaïda se reconstruise au Pakistan. « Il est de notre intérêt de prolonger la guerre [en Irak], » écrit Atiyah dans une lettre où il reproche à Abou Musab al-Zarqawi la rapidité et la témérité de ses actions en Irak.

La lettre d’Atiyah a été découverte par l’armée américaine après que Zarqawi eut été tué par une frappe aérienne en juin 2006. [Pour voir l’extrait sur « prolonger la guerre » dans une traduction publiée par le Combating Terrorism Center, c’est ici. Pour voir la lettre entière, c’est ici.]

Des motifs cachés

Les responsables des États-Unis connaissaient la réalité avant l’intervention militaire de l’Occident en Libye en 2011, pourtant les politiciens opportunistes, y compris la secrétaire d’État Hillary Clinton, ont considéré la Libye comme une étape pour mettre en œuvre leur désir de laisser le souvenir d’une politique étrangère forte ou d’atteindre d’autres buts.

Le dirigeant libyen évincé Mouammar Kadhafi peu avant son assassinat, le 20 octobre 2011.

Le dirigeant libyen évincé Mouammar Kadhafi peu avant son assassinat, le 20 octobre 2011.

Dans certains des emails d’Hillary Clinton, le président français Nicolas Sarkozy semble souhaiter que la France puisse continuer à dominer financièrement ses anciennes colonies, et qu’elle ait une part plus importante de la richesse engendrée par le pétrole libyen plutôt que de se préoccuper du bien-être du peuple libyen.

Dans un email du 2 avril 2011, le conseiller personnel de Clinton, Sidney Blumenthal, expliquait que Kadhafi avait des projets : il voulait utiliser ses lingots d’or pour « créer une devise panafricaine » et ainsi « offrir aux pays africains francophones une alternative au franc français. »

Il ajoutait : « Les officiers du renseignement français ont découvert ce projet peu après le début de la rébellion actuelle et c’est l’un des facteurs qui ont influencé la décision du président Sarkozy d’engager la France dans cette attaque contre la Libye. » Un autre facteur essentiel, d’après cet email, était « le désir de Sarkozy d’obtenir une plus grande part du pétrole libyen. »

Si Hillary Clinton poussait au « changement de régime » en Libye, c’était surtout pour démontrer sa maîtrise de ce qu’elle et ses conseillers appelaient le « pouvoir intelligent » , c’est-à-dire l’utilisation par les États-Unis de bombardements aériens et d’autres moyens coercitifs, comme des sanctions légales et économiques, pour imposer aux autres pays les diktats des États-Unis.

Ses échanges d’emails du département d’État ont révélé que ses conseillers considéraient la Libye comme une occasion de proclamer qu’il y avait une « doctrine Clinton », mais ce plan capota quand le président Obama lui retira tout le crédit de la chute du gouvernement Kadhafi en août 2011.

Toutefois Hillary Clinton ne laissa pas passer une seconde chance de s’attribuer un rôle décisif le 20 octobre 2011, après que des militants eurent capturé Kadhafi et l’eurent sodomisé avec un couteau avant de le tuer. Dans une interview télévisée, elle célébra la disparition de Kadhafi avec ce bon mot : « nous sommes venus, nous avons vu, il est mort. »

Cependant, l’euphorie de Clinton n’allait pas durer longtemps avec le chaos qui envahissait peu à peu la Libye. Après qu’on les eut débarrassés de Kadhafi et de son régime, dans l’ensemble, laïque, les militants islamiques étendaient leur pouvoir sur tout le pays. Certains étaient des terroristes, tout comme Kadhafi et des analystes de West Point l’avaient pressenti.

Un groupe terroriste islamiste attaqua le consulat des États-Unis à Benghazi le 11 septembre 2012, tuant l’ambassadeur Christopher Stevens et trois autres membres du personnel américain, un incident que Clinton présenta comme le pire moment de ses quatre ans à la tête du département d’État.

Comme la violence se propageait, les États-Unis et d’autres pays occidentaux abandonnaient leur ambassade à Tripoli. Pays jadis prospère avec de nombreux services sociaux, la Libye tomba dans la catégorie des pays désintégrés où grouillent des milices rivales qui se battent pour le pétrole tandis que l’EI a profité de la vacance du pouvoir pour s’établir autour de Syrte.

Bien que Clinton préfère décrire la Lybie comme  »un chantier en cours » plutôt qu’une nouvelle  »erreur de changement de gouvernement », les efforts des États-Unis et de l’ONU pour imposer un nouveau  »gouvernement d’unité » en Lybie ont rencontré la résistance constante de plusieurs factions libyennes. Depuis avril, le prétendu « gouvernement d’entente nationale » a maintenu une faible présence uniquement à Tripoli et dans l’ouest de la Lybie, et il a été rejeté par la Chambre des représentants de la Lybie (Lybia’s House of Representatives, HOR), qui œuvre à partir de la ville de Tobrouk, dans l’est de la Lybie.

Au cours des derniers jours, les forces militaires loyales au général Khalifa Hafter, qui est associé au HOR dans l’est, ont pris le contrôle de plusieurs installations pétrolières malgré des protestations furieuses des nations occidentales, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Toutefois les pays occidentaux ne jouissent plus d’une grande crédibilité en Libye, qui a été confrontée à la colonisation dans le passé, mais qui a vu que l’intervention Americano-anglo-francaise de 2011 a provoqué une pauvreté généralisée, causé bien des souffrances et fait tant de victimes.

Une intervention stupide

Le rapport britannique souligne simplement à quel point cette intervention a été stupide et mensongère. Comme l’a expliqué le journal britannique le Guardian, l’intervention en Libye du Premier ministre, à l’époque David Cameron, a été effectuée sans réelle analyse des services de renseignement, a dérivé vers un changement de gouvernement improvisé, et s’est dérobée à sa responsabilité morale de contribution à la reconstruction du pays après la chute de Mouammar Kadhafi, selon un rapport cinglant du comité d’enquête parlementaire des Affaires étrangères.

Le premier ministre britannique Tony Blair et le président des États-Unis George W. Bush se serrent la main après une conférence de presse commune à la Maison-Blanche, le 12 novembre 2004. (Photo de la Maison-Blanche)

Le premier ministre britannique Tony Blair et le président des États-Unis George W. Bush se serrent la main après une conférence de presse commune à la Maison-Blanche, le 12 novembre 2004. (Photo de la Maison-Blanche)

« Ces échecs ont conduit ce pays à devenir un État en déliquescence au bord d’une guerre civile totale, » ajoute le rapport. Ce rapport, réalisé par un travail parlementaire équivalent à l’enquête Chilcot sur la guerre en Irak, fait étroitement écho aux critiques abondantes de Tony Blair [Premier ministre en exercice à l’époque], au sujet de l’intervention en Irak, et pourrait à terme être tout aussi préjudiciable à l’héritage de la politique étrangère de David Cameron.

Plus tôt dans l’année, David Cameron a démissionné de son poste de Premier ministre après le résultat du référendum sur le Brexit appelant le Royaume-Uni à quitter l’Union européenne, un choix auquel Cameron s’était opposé. Cette semaine, David Cameron a aussi démissionné de son siège au Parlement.

Bien que Tony Blair et David Cameron aient dû subir un déshonneur personnel au sujet de leur rôles dans ces deux invasions ratées de type « changement de régime », les États-Unis se sont sentis moins responsables, et il n’y a pas eu d’examen complet des erreurs politiques ayant conduit aux guerres en Irak et en Lybie (bien que des études aient été lancées, concernant les mensonges de Bush aux sujet des ADM en Irak, et sur l’incapacité de l’administration Obama à protéger efficacement le consulat américain à Benghazi).

Il y a eu moins de remise en cause dans les médias américains dominants, où, par exemple, l’éditorialiste du Washington Post Fred Hiatt, qui, à maintes reprises, avait insisté catégoriquement sur l’existence des armes de destruction massive irakiennes, est toujours en fonction aujourd’hui et il met en avant le même type de propagande extrême au sujet de la Russie.

Une nouvelle Guerre froide

Les responsables américains continuent à se comporter comme ils l’ont fait lors des fiascos de l’Irak et de de la Libye : ils ignorent ou mettent sur la touche les analystes des services de renseignement qui possèdent des informations capables de semer le doute sur l’escalade des hostilités contre la Russie.

Le secrétaire d'État américain John Kerry, accompagné de la secrétaire adjointe aux Affaires européennes et eurasiennes, Victoria

Le secrétaire d’État américain John Kerry, accompagné de la secrétaire adjointe aux Affaires européennes et eurasiennes, Victoria « Toria » Nuland, s’entretient avec le président russe Vladimir Poutine dans une salle de réunion du Kremlin à Moscou, au début d’une rencontre bilatérale le 14 juillet 2016. Photo du département d’État.

Même si l’administration Obama a planifié cette nouvelle Guerre froide avec la Russie au cours des deux dernières années, perspective qui pourrait coûter aux contribuables états-uniens des milliards de dollars et s’accompagner du risque d’une guerre nucléaire, il n’y a pas de consensus des services de renseignement américains sur la réalité de la menace russe, d’après des sources au sein desdits services.

Selon une source, l’une des raisons principales pour laquelle on n’a pas réalisé une analyse nationale des renseignements, c’est que les responsables politiques veulent un rapport plus alarmiste que ce que les analystes des services de renseignement étaient prêts à rendre. « Ils estiment que la réponse [à l’inquiétude au sujet de la Russie] est d’ordre politique, et non concrète, » rapporte la source. « Ils n’ont pas voulu le faire, point barre. Ils ne peuvent pas mentir.»

Toujours d’après la source, les analystes devraient admettre combien Poutine a été utile dans une multitude de sujets délicats et stratégiques, comme obtenir l’accord de la Syrie d’abandonner ses armes chimiques et convaincre l’Iran d’accepter un contrôle strict de son programme nucléaire.

« Israël a des armes nucléaires et un dirigeant fou, » rapporte la source au sujet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « S’il n’y avait pas eu Poutine, ce type aurait pu utiliser l’arme nucléaire en Iran. Il [Poutine] a calmé la situation en Syrie. Les analystes de la CIA ne sont pas si stupides. S’il faut dire la vérité, on doit convenir que Poutine a évité beaucoup de problèmes au Moyen-Orient. »

Les analystes des services de renseignement américains doivent aussi avoir intégré dans leurs évaluations si ce sont les rebelles syriens — et non pas l’armée syrienne — qui ont utilisé du gaz sarin dans la banlieue de Damas le 21 août 2013, ou bien si ce sont des membres de l’armée ukrainienne — et non pas les rebelles séparatistes pro-russes — qui ont abattu le vol MH17 de la Malaysia Airlines au-dessus du Donbass, le 17 juillet 2014.

Ces deux sujets de propagande accusant respectivement la Syrie et la Russie ont été lourdement mis en avant par les médias occidentaux officiels et de nombreux combattants de l’information sur internet. Ces deux sujets ont été centraux dans la campagne de « changement de régime » soutenue par l’Occident et pour une nouvelle Guerre froide avec la Russie. Si les services de renseignement américains démolissaient ces deux sujets dans une NIE [le National Intelligence Estimate émet des évaluations officielles des services de renseignement, NdT], les arguments principaux de la propagande seraient démontés et discrédités.

Après les deux rapports gouvernementaux britanniques qui ont démonté la propagande utilisée pour justifier les « changements de régime » en Irak et en Syrie, le coup porté à la « crédibilité » occidentale par de tels aveux sur les mensonges à propos de la Syrie et de la Russie serait alors dévastateur.

Les responsables de Washington espèrent plutôt que l’opinion publique américaine ne découvrira pas cette succession de mensonges, et que les gens continueront à ignorer l’avertissement tristement célèbre que le Président George W. Bush a, de façon peu glorieuse, cité de travers : « Trompe-moi une fois, honte sur… honte sur toi ; trompe-moi — on ne te bernera plus jamais. »

Le journaliste d’investigation Robert Parry a fait éclater au grand jour une grande partie des révélations de l’affaire Iran-Contra pour l’Associated Press et Newsweek dans les années 80.

Source : Consortiumnews.com, le 14/09/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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