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10.mars.201810.3.2018 // Les Crises

Un membre du congrès dit qu’il a essayé d’informer Trump sur Wikileaks et la Russie après avoir rencontré Assange, mais qu’il a été bloqué

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Source : The Intercept, Ryan Grim, 14-02-2018

Photo : Bill Clark/CQ Roll Call/Getty Images

John Kelly a empêché le représentant Dana Rohrabacher, Représentant de la Californie de rencontrer le président Donald Trump au sujet d’une entrevue qu’il a eue à Londres en août avec le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.

Rohrabacher prétendait qu’Assange lui avait montré, ainsi qu’à son compagnon de voyage, Charles Johnson, la preuve définitive que la Russie n’était pas la source des communications du Parti démocrate que WikiLeaks a publiées pendant la campagne de 2016. Assange était prêt à partager cette information avec les responsables américains, a déclaré Rohrabacher, mais il n’ a jamais été en mesure de soumettre cette offre au président.

Rohrabacher, que l’on considère généralement comme sympathisant avec le gouvernement russe, a déclaré que Kelly lui avait dit que la rencontre avec Trump pourrait mettre le président dans une dangereuse situation juridique inutile. « Ce qui m’empêche d’en parler à Trump, c’est l’existence d’un procureur spécial », a dit Rohrabacher. « Non seulement Kelly, mais d’autres sont inquiets du fait que je dise un mot à Trump à propos de la Russie, et que c’est ça qui apparaîtrait aux yeux des procureurs incontrôlables comme étant la véritable collusion. »

Assange ne voulait pas divulguer les preuves publiquement, a dit Rohrabacher, parce qu’il ne voulait pas dévoiler ses sources et ses méthodes. (Assange n’a pas répondu à une demande de commentaire.)

En septembre, le Wall Street Journal a fait un reportage sur la conversation de Rohrabacher avec Kelly, mais à l’époque, Kelly et Rohrabacher ont refusé de faire des commentaires.

On ne sait pas très bien si Kelly s’inquiétait vraiment de l’implication de Trump, ou si c’était la conduite qu’il avait dictée à Rohrabacher pour le contrer, mais cette décision serait conforme à la détermination de Kelly de mettre de l’ordre dans ce qui était, à son arrivée, une Maison-Blanche chaotique.

Pendant un certain temps, Kelly a réussi à faire régner un semblant d’ordre avec l’aide de l’ancien secrétaire d’État à la Maison-Blanche, Rob Porter. Mais la démission de Porter au milieu d’allégations de violences conjugales a ressuscité un beau chaos à la Maison-Blanche. Trump, selon des sources proches, a été furieux de la façon dont Kelly a géré la situation, omettant de l’informer des accusations portées contre Porter et de continuer à le défendre pendant qu’elles s’accumulaient.

Dans le cas de Rohrabacher, le représentant de la Californie a dit qu’il comprenait la décision de Kelly. « Le général Kelly a été très avisé en prenant cette décision », a-t-il dit. « Je n’aime pas ça, mais c’est une réalité, nous ne pouvons pas exposer le président à ce genre de poursuites. Il a peur que cela n’ouvre une brèche, et je pense que cela a une certaine pertinence. »

Rohrabacher a été accompagné dans son voyage par Charles Johnson, un militant de droite controversé, qui poursuit Twitter pour l’avoir banni du site. Johnson a appuyé l’affirmation de Rohrabacher selon laquelle Assange avait fourni des preuves que la Russie n’était pas sa source, mais qu’il pardonnait moins la décision de Kelly. « Je pense qu’il est étrange que Kelly se porte garant de Rob Porter auteur de maltraitances répétées sur son épouse, mais il ne se passera pas longtemps avant que le patriote Dana Rohrabacher ne rencontre (Trump) au sujet d’Assange et de la Russie », a-t-il dit.

Mais pour d’autres éléments concernant la conduite de la politique étrangère du GOP, pour lesquels la Russie est considérée comme l’un des principaux adversaires, la décision de Kelly n’a pas posé de problème. « Mais quel que soit l’endroit ou quelle qu’en soit la raison, Trump ne devrait jamais se trouver près de Rohrabacher. Jamais. », a déclaré Kristofer Harrison, qui a travaillé sur les questions russes pour le secrétaire à la Défense Don Rumsfeld et la secrétaire d’État Condoleezza Rice pendant l’administration Bush. « Rohrabacher s’est rendu en Russie pour aider à mettre au point le Global Magnitsky Act, un sujet lié à la rencontre de Don Jr. et Jared à la Trump Tower avec des espions russes. Il a remercié publiquement la Russie pour ses efforts en faveur de la Syrie. Il a rencontré Vladimir Yakunin, qui est sur la liste des sanctions américaines. »

La seule chose surprenante au sujet de la décision, selon Harrison, c’est qu’elle ait dû être prise. « En temps normal, Trump aurait dû le considérer comme dangereux. Il est ahurissant qu’il ait fallu l’intervention de Kelly pour mettre fin à la réunion », a-t-il dit, « mais Kelly a quand même eu raison de le faire. »

Photo du haut : Rep. Dana Rohrabacher, R-Calif. se tient à l’extérieur du déjeuner politique des Républicains sénatoriaux en attendant l’arrivée du président Donald Trump au Capitole le mardi 24 octobre 2017.

Source : The Intercept, Ryan Grim, 14-02-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Alfred // 10.03.2018 à 07h48

Quel pays très étrange quand même que cette Amérique où les ombres et les signes ont plus de poids que les faits.
Dire que certains voient le panthéon hindou comme un exostisme un peu arriéré et les complications (en d’autres temps on aurait du chinoiseries) de Washington comme le summum du progrès! C’est épatant !

17 réactions et commentaires

  • relc // 10.03.2018 à 07h34

    « il est étrange que Kelly se porte garant de Rob Porter auteur de maltraitances répétées sur son épouse, mais il ne se passera pas longtemps avant que le patriote Dana Rohrabacher ne rencontre (Trump) »

    lire
    il est étrange que Kelly se porte garant de Rob Porter auteur de maltraitances répétées sur son épouse, mais n’ait pas fait en sorte que le patriote de longue date Dana Rohrabacher rencontre (Trump)

    « it’s odd that Kelly vouched for serial wife abuser Rob Porter, but won’t have longtime patriot Dana Rohrabacher meet with [Trump] »

    ==========
    Rob Porter n’était pas « ancien secrétaire d’État » (= ancien ministre des affaires étrangères), mais « Staff Secretary », c’est-à-dire en charge de décider quels documents (rapports, memo, projets de lois, correspondance, etc…) devaient être envoyés au Président, et quand. (Vu la quantité de documents générés par l’administration, un tel tri est nécessaire)

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  • Alfred // 10.03.2018 à 07h48

    Quel pays très étrange quand même que cette Amérique où les ombres et les signes ont plus de poids que les faits.
    Dire que certains voient le panthéon hindou comme un exostisme un peu arriéré et les complications (en d’autres temps on aurait du chinoiseries) de Washington comme le summum du progrès! C’est épatant !

      +25

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  • Zewhistler // 10.03.2018 à 08h41

    Tout ça est très rigolo :
    – avoir la preuve que les russes ne sont pas la source, ca veut dire donner sa source et demontrer qu elle n a pas de connexion avec la russie
    – assange a quand même bien d autres moyens / de meilleures connexions pour discuter avec trump que ces 2 pieds nickelés : un membre du congres « russophile » (pour etre gentil) déjà mouillé dans l’ affaire et un mega troll d extreme droite
    -trump n a pas a ètre convaincu que la russie est innocente, il l est déjà !

    Bref une histoire bien bidon..

      +18

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    • sassy2 // 10.03.2018 à 13h48

      oui le récit de cette histoire est probablement bidon (cf plus bas Pierre Omidyar ou le simple fait qu’un média ne peut riensavoir d’une rencontre physique)

      peut être le récit fait par kelly et Rohrabacher l’est -il aussi…

      ce ne sont pas deux pieds nickelés (Rohrabacher est ultra puissant).
      il est impossible que trump ne soit pas au courant à 100%
      discuter discrètement par voie numérique avec assange est IMPOSSIBLE
      donald jr l’a fait, les échanges ont été rendus public, ils sont sybillins (sauf côté wiki…parce qu’assange n’a rien à perdre)

      tout ceci est sans importance, tout est su c’est une comédie
      DNC va manger aux midterms
      tout est su sauf une chose avec certitude : qui a tué Seth Rich?

        +5

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  • Eric83 // 10.03.2018 à 08h53

    Depuis plus d’un an et demi, une chasse aux sorcières est organisée contre Trump et son gouvernement, via le conseiller spécial Mueller, et son « enquête » a accouché d’une souris.

    Dans le même temps, aucun conseiller spécial n’a été nommé pour enquêter sur toutes les affaires concernant Clinton/DNC/FBI, qui elles fourbissent de preuves de délits.

    Kim Dotcom -fondateur de Megaupload – a depuis plusieurs mois proposé de rencontrer Mueller afin de lui apporter les preuves que le DNC n’a pas été hacké – et donc que la Russie n’est pas coupable – mais piraté de l’intérieur. Cette proposition est restée lettre morte.

    https://www.zerohedge.com/news/2018-02-18/kim-dotcom-let-me-assure-you-dnc-hack-wasnt-even-hack

    Il semblerait que le Procureur Général Sessions commence à s’occuper de faire nommer un second conseiller spécial.

    https://www.zerohedge.com/news/2018-03-08/sessions-i-have-appointed-person-outside-washington-investigate-fisa-abuse

      +16

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  • gotoul // 10.03.2018 à 09h46

    Suspicion autour de The Intercept :
    The Intercept appartient à Pierre Omidyar jeune milliardaire possédant eBay mais aussi PayPal qui a grandement participé au blocus financier de Wikileaks dès 2010.
    Pour plus d’info voir : https://www.legrandsoir.info/assaut-contre-wikileaks-troisieme-partie-trahis-pour-l-argent-et-le-pouvoir.html
    Beaucoup de membres de Wikileaks ont été retournés par le FBI ( qui dans ces cas fait juste son travail ).
    Bon week-end.

      +6

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  • Duracuir // 10.03.2018 à 12h09

    4 généraux pour encadrer le Président des USA. Quatre!!!!
    tant de généraux à ce niveau ultime de décision d’un pays. Où a-t-on vu ça hormis au Chili 73, en Argentine 78, en Algérie ou en Birmanie?
    En tout cas, jamais, JAMAIS dans dans une démocratie.

      +14

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    • Eric83 // 10.03.2018 à 12h33

      Le complexe militaro-industriel est effectivement à la manoeuvre. Ce n’est pas un hasard si Pence, néocon, est vice-Président.

      Cependant, en 14 mois, Trump a déjà viré beaucoup de membres de ses plus proches conseillers – par leurs postes, non par leur partage de convictions avec Trump – et Kelly et Mac Master, deux généraux, semblent depuis quelques temps sur la sellette.

      Il m’est d’avis que Trump va s’en séparer et que leurs remplaçants ne seront pas des militaires.

      Trump peut-être critiquable sur nombre de points de sa politique tant intérieure qu’extérieure mais il démontre, encore cette semaine avec ses initiatives protectionnistes, qu’il entend appliquer contre vents et marées…son programme électoral.

      Je reste convaincu – à tort peut-être – que Trump n’est pas un va-t-en guerre et qu’il souhaite réellement une « détente » avec la Russie. Cela prend du temps notamment à cause de « l’enquête » de Mueller mais une fois que la fable aura fait « pschitt » et que la Justice se sera penchée sur l’affaire Clinton/DNC/FBI, Trump aura plus de latitude, d’où la nécessité de se séparer doucement mais sûrement des généraux-chiens de garde.

        +9

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      • Duracuir // 10.03.2018 à 16h15

        J’ai écrit « encadré » pas « secondé ». Ces généraux ne sont pas les seconds de Trump, ce sont ses « tuteurs ».

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        • Kapimo // 11.03.2018 à 21h16

          Oui, mais Trump a le pouvoir de s’en séparer,

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    • sassy2 // 10.03.2018 à 14h00

      combien de GSaks dans l’entourage de trump?
      Et vous avez vu comment il a fait voler gary cohn? LOL

        +2

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    • l’aieul // 10.03.2018 à 14h18

      Y a une guerre de l’ombre pour le pouvoir aux États-Unis entre néo-cons et paléo-cons, ultimement entre la CIA et l’armée, la CIA étant très largement néo-cons (internationaliste et démocrate, si, si), l’armée paléo-cons (nationaliste et républicaine, normal).
      Et c’est les néo-cons qui ont été chassé du pouvoir par Trump qu’ils occupaient jusque là de façon complètement hégémonique depuis 1993. Et l’armée s’oppose très largement parce que ce sont eux qui subissent les conséquences depuis 15 ans des guerres perpétuelles (et largement idiotes) fomenté par la CIA/Département d’État qui sont devenus un véritable État dans l’État.
      La contre-offensive est telle qu’elle en devient parfaitement visible pour les Mid-term la majeure parties des candidats démocrates sur les élections clés (44 espions pour les 102 élections clés) sont issus des services de renseignement des USA.
      https://www.wsws.org/en/articles/2018/03/07/dems-m07.html

      Trump est effectivement appuyé par l’armée.
      Mais en face c’est pire, ces les mecs qui inondent les banlieues américaines de crack pour se financer, assassinent des gens trois fois par jour via frappe aérienne (les drones appartiennent très largement aux agences et non à l’armée) et renversent tout gouvernement élu qui ne leur plaisent pas…
      Le leur y compris? On va bien voir.

        +7

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      • Eric83 // 10.03.2018 à 18h28

        Merci pour cet article de wsws.org…hallucinant.

        La CIA est souvent décrite comme un Etat dans l’Etat US mais il semble que le pouvoir de l’agence soit jugé insuffisant…et/ou que Trump soit vraiment perçu comme un réel danger pour l’agence.

        Si la chambre des représentants devient un fief d’agents du renseignements, bientôt la CIA sera officiellement l’Etat US.

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      • Eric83 // 10.03.2018 à 20h36

        Ces candidatures d’agents du renseignements éclairent d’un nouveau jour l’embauche de Brennan par le grand réseau de médias NBC.

        John Brennan, le directeur de la CIA d’Obama qui remplacé par Pompeo « canarde » Trump à tout bout de champ. On comprend mieux pourquoi.

          +3

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