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5.septembre.20165.9.2016 // Les Crises

Yémen : l’hypocrisie meurtrière des exportateurs d’armes, par Amnesty International

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Source : Amnesty International, 31-08-2016

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À Genève cette semaine, la Coalition pour le contrôle des armes et Pax ont organisé une rencontre pour rappeler la souffrance endurée par les civils au Yémen aux délégations présentes lors de la conférence des Ėtats parties au Traité sur le commerce des armes. Le silence des États-Unis et du Royaume-Uni lors de cette réunion fut assourdissant. Quant à la France, elle ne s’est pas donnée la peine d’y assister.

Par Rasha Mohamed, chercheuse sur le Yémen à Amnesty International, et Rasha Abdul Rahim, chargée de campagne sur le Contrôle des armes à Amnesty International

ENCORE UN HÔPITAL TOUCHÉ PAR LA COALITION

La frappe aérienne qui a touché l’hôpital rural d’Abs, dans le gouvernorat d’Hajja, au Yémen, le 15 août, est la quatrième attaque contre un hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) en 10 mois. Cela n’a en rien atténué le choc.

Ayman Issa Bakri, chauffeur d’ambulance de 16 ans, compte parmi les 10 victimes. Il y travaillait depuis que MSF a commencé à financer l’hôpital à l’été 2015. Son corps a été retrouvé près du site de l’impact ; il portait encore dans les bras la patiente qu’il transférait de l’ambulance jusqu’aux urgences.

Peu après, MSF a annoncé qu’elle mettait un terme à ses opérations au Yémen. Il est difficile d’imaginer le désespoir des Yéménites apprenant que le seul hôpital à des kilomètres à la ronde est rayé de la carte.

DES ARMES POUR COMMETTRE DES CRIMES DE GUERRE

Sur le site de l’hôpital en ruines, nous avons identifié des fragments de bombes qui, semble-t-il, ont été fabriquées aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Cela coïncide avec ce que nous savons des importantes exportations d’armes qu’effectuent ces deux pays vers l’Arabie saoudite et d’autres membres de sa coalition militaire.

Parallèlement, des délégations du Royaume-Uni et des États-Unis s’apprêtaient à participer à la deuxième Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (TCA), qui s’est achevée à Genève le 26 août. Le TCA définit des interdictions portant sur les transferts d’armes lorsque l’on sait qu’elles seront utilisées pour commettre des crimes de guerre – dans le cadre d’attaques directes ou menées sans discrimination contre des civils notamment.

Le Royaume-Uni ayant ratifié le Traité, il est tenu d’en respecter les dispositions. En tant que signataires, les États-Unis ne doivent prendre aucune mesure susceptible de saper l’objet et le but du Traité.

L’HYPOCRISIE INTERNATIONALE

Étant donné les nombreuses informations pointant du doigt l’utilisation, par la coalition que dirige l’Arabie saoudite, de certaines armes pour commettre des attaques aveugles et directes contre des hôpitaux et des cibles civiles, ils ne devraient autoriser aucun transfert d’armes susceptibles d’être utilisées par la coalition au Yémen.

C’est précisément pourquoi nous avons demandé à plusieurs reprises un embargo total sur les transferts d’armes susceptibles d’être utilisées par l’une des parties au conflit au Yémen.

Dans une déclaration à la Conférence le 23 août, la délégation britannique a exhorté les États parties à « remédier aux pratiques qui ne vont pas dans le sens de l’idéal du Traité » et à se montrer prêts à accepter les critiques quant à leur conduite.

Cet appel est d’une hypocrisie consternante : il intervient après trois semaines d’horreurs vécues par les civils yéménites, une nouvelle fois victimes d’attaques menées sans discrimination par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui regorge d’armes fabriquées au Royaume-Uni – munitions et avions militaires notamment.

UN TIERS DES CIVILS TUÉS SONT DES ENFANTS

En effet, depuis l’échec fracassant des pourparlers au Koweït le 6 août, les frappes aériennes contre le groupe armé des Houthis ont repris, et les civils en paient le prix fort. Deux jours seulement avant l’attaque contre l’hôpital d’Abs, 10 enfants auraient été tués et 28 blessés dans le bombardement de leur école à Saada. Les enfants ne peuvent se sentir en sécurité nulle part. Ils comptent pour le tiers des 3 799 civils tués au Yémen depuis le lancement de la campagne de la coalition en mars 2015.

Nous avons recueilli de nombreuses informations sur les livraisons d’armes qu’effectuent certains États parties au TCA à destination de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, armes du même type que celles utilisées pour les attaques contre des civils et des infrastructures civiles au Yémen. En continuant ces livraisons, ces États risquent de se rendre complices de ces attaques illégales.

Par ailleurs, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite utilise des bombes à sous-munitions, prohibées par un traité international que le Royaume-Uni a signé. Lors de notre dernière mission au Yémen, nous avons découvert des fragments de bombes à sous-munitions fabriquées au Royaume-Uni et aux États-Unis, éparpillés autour de maisons et qui pendaient des arbres, ainsi que des preuves de leur impact : des enfants à qui il manque des doigts, des parents qui ont perdu leurs enfants.

LA FRANCE PARMI LES CINQ PRINCIPAUX FOURNISSEURS

À Genève cette semaine, la Coalition pour le contrôle des armes et Pax ont organisé une rencontre pour rappeler aux délégués la souffrance humanitaire endurée par les civils au Yémen. Le silence des États-Unis et du Royaume-Uni lors cette réunion fut assourdissant.

Quant à la France, elle ne s’est pas donné la peine d’y assister. Avec le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne et l’Espagne, la France compte parmi les cinq principaux fournisseurs d’armes de l’Arabie saoudite – d’après son propre rapport annuel, elle a autorisé l’exportation de près de 16 milliards d’euros d’armements à ce pays en 2015.

Le refus des principaux fournisseurs d’armes de l’Arabie saoudite d’ouvrir un débat public sur ce qui se passe au Yémen est honteux. Ils opposent systématiquement des démentis catégoriques, des platitudes fumeuses ou un silence absolu aux informations solides et crédibles selon lesquelles la coalition dirigée par l’Arabie saoudite utilise ces armes pour commettre de graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains.

Les photos de munitions du type vendues par le Royaume-Uni à l’Arabie saoudite à proximité de bambins en sang et de maisons réduites en poussière ne sont apparemment pas jugées suffisamment probantes pour inciter le Royaume-Uni à se fendre d’une brève déclaration publique.

LE TRAITÉ SUR LE COMMERCE DES ARMES CONSTAMMENT VIOLÉ

Les États parties au TCA, dont le Royaume-Uni, encouragent d’autres États à se joindre au Traité. Cependant, s’ils ne sont pas prêts à examiner leur propre conduite ni à sanctionner les violations, ils saperont l’esprit fondateur du Traité, qui se résumera bientôt à un simple exercice de relations publiques.

Il faut mettre en œuvre la tolérance zéro pour les États qui bafouent les obligations découlant du Traité.

Nous demandons qu’un critère essentiel s’applique aux exportateurs d’armes : ils ne doivent pas autoriser les transferts d’armes tant que les États importateurs n’ont pas fourni de garanties juridiquement contraignantes assurant que les utilisateurs finaux de ces armes respecteront les droits humains et l’état de droit.

À titre d’exemple, le Royaume-Uni ne pourrait pas actuellement autoriser un transfert d’armes vers l’Arabie saoudite sans avoir reçu la garantie juridiquement contraignante que ces armes ne seraient pas utilisées au Yémen.

CONTRÔLER LES EXPORTATIONS D’ARMES

Le silence sur les victimes civiles au Yémen compromet l’un des outils majeurs de la communauté internationale pour protéger les civils pris au piège des conflits. Un ambassadeur de haut niveau a déclaré à nos chercheurs lors de la Conférence que, le TCA n’ayant que deux ans, nous devons « faire preuve de patience » et lui donner du temps.

Cependant, des États comme le Royaume-Uni, la France ou les États-Unis ont les ressources nécessaires pour contrôler leurs exportations d’armes et garantir qu’elles n’alimentent pas des atrocités – ils peuvent et doivent montrer l’exemple.

En attendant que les États parties au TCA se montrent à la hauteur de leurs obligations, les Yéménites dans les lits d’hôpitaux peuvent prier pour ne pas être la cible de la prochaine série de frappes aériennes.

Source : Amnesty International, 31-08-2016

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Commentaire recommandé

SanKuKai // 05.09.2016 à 13h35

Comme le dit Olivier le problème n’est pas dans le fait que les médias parlent d’une information. Ils le font toujours. Il y a toujours un petit article caché en page 3 ou 4. Ce qui importe c’est la facon dont ils en parlent.
Si les médias avaient mis la Guerre au Yemen en UNE avec débats TV et questions embarassantes aux responsables politiques, comme ils l’ont fait pour le Burkini, Là vous auriez pu dire que les Français sont au courant.

Après ce n’est pas parcequ’une information est couverte en une qu’elle l’est correctement. Par exemple: la Guerre en Syrie a plutot une forte couverture médiatique mais c’est essentiellement la propagande de l’OTAN.

Demandez autour de vous ou au bar du coin: « Tu sais ce qui se passe au Yemen? ». Et vous saurez si les médias ont fait leur travail.

21 réactions et commentaires

  • Caliban // 05.09.2016 à 01h09

    1/3 des victimes civiles au Yemen sont des enfants.
    A mettre en // avec les 1,15 milliard de $. C’est le montant du dernier contrat d’armement en date, made in USA
    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/08/09/97002-20160809FILWWW00325-washington-va-vendre-a-ryad-pour-115-milliard-de-dollars-de-chars-et-d-armes-pentagone.php

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  • Louis Robert // 05.09.2016 à 02h22

    « Quant à la France, elle ne s’est pas donné la peine d’y assister. Avec le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Allemagne et l’Espagne, la France compte parmi les cinq principaux fournisseurs d’armes de l’Arabie saoudite – d’après son propre rapport annuel, elle a autorisé l’exportation de près de 16 milliards d’euros d’armements à ce pays en 2015. »

    *

    Pourquoi ce silence déshonorant et impardonnable des médias et des citoyens français, pendant si longtemps?

      +11

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    • Caliban // 05.09.2016 à 03h55

      @Louis Robert

      Une des réponses se trouve dans l’intense lobbying médiatique pratiqué par l’Arabie Saoudite, qui se paie les services des agences de Comm’ les plus réputées des Etats-Unis.

      Les pétro-dollars permettent d’éteindre les alarmes et de faire passer le sabre sur le drapeau des Saouds pour un sympathique emblème folklorique.

        +13

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      • Louis Robert // 05.09.2016 à 12h38

        Rejeter le blâme sur les Américains et l’Arabie Saoudite, puis prétendre que les Français ne sont pas informés me semble « un peu, beaucoup facile », Caliban. Trop même… vraiment trop. Je crois plutôt:

        1. que la classe politique française se meurt ici d’hypocrisie criminelle,

        2. que les gens d’affaires français n’en ont, comme toujours, que pour leur poche très profonde,

        3. que les médias français y trouvent leur compte fort avantageusement, et

        4. qu’en général, les citoyens français s’accommodent confortablement de leur servilité habituelle.

        Le rôle qu’accepte de jouer la France, trottant dans les pas de l’Empire, s’accompagne de responsabilités qu’elle ne saurait légitimement rejeter du revers de la main… si elle est encore la France, il va sans dire.

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  • Catalina // 05.09.2016 à 05h13

    Louis Robert, les citoyens ne sont pas informés, comment voulez-vous qu’il y ait y une réaction ?

      +9

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    • jp // 05.09.2016 à 08h10

      s’il y a des gens qui ne sont pas encore informés, c’est qu’ils le veulent bien.
      Il y a eu au moins une info donnée en février 2016 sur une télé

      « La guerre oubliée du Yémen, entre crise humanitaire et péril jihadiste »
      http://www.france24.com/fr/20160201-yemen-guerre-crise-humanitaire-jihadistes-ei-aqpa-onu-houthis-arabie-saoudite-onu

      sur internet, il y a régulièrement des rapports de
      MSF http://www.msf.fr/actualite/dossiers/crise-au-yemen
      OXFAM https://www.oxfam.org/fr/pays/yemen

      Et même LeMonde s’t met parfois
      http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/06/03/yemen-l-onu-accuse-la-coalition-arabe-de-bombarder-des-enfants_4932370_3218.html

        +7

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      • SanKuKai // 05.09.2016 à 13h35

        Comme le dit Olivier le problème n’est pas dans le fait que les médias parlent d’une information. Ils le font toujours. Il y a toujours un petit article caché en page 3 ou 4. Ce qui importe c’est la facon dont ils en parlent.
        Si les médias avaient mis la Guerre au Yemen en UNE avec débats TV et questions embarassantes aux responsables politiques, comme ils l’ont fait pour le Burkini, Là vous auriez pu dire que les Français sont au courant.

        Après ce n’est pas parcequ’une information est couverte en une qu’elle l’est correctement. Par exemple: la Guerre en Syrie a plutot une forte couverture médiatique mais c’est essentiellement la propagande de l’OTAN.

        Demandez autour de vous ou au bar du coin: « Tu sais ce qui se passe au Yemen? ». Et vous saurez si les médias ont fait leur travail.

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        • Louis Robert // 05.09.2016 à 14h56

          La médiocrité abyssale des médias français n’échappe à personne, Kukai-san, non plus que le fait que la masse des Français soit peu ou pas informée.

          Mais enfin… La responsabilité incombe au citoyen de s’informer. Plus que jamais il est désormais facile de le faire. Les médias du monde entier (ou presque… ) sont à la disposition du citoyen démocrate en quête d’un minimum de lucidité. Si les Français ne sont pas informés ou le sont très mal, c’est qu’ils ne sont pas véritablement démocrates. L’exercice de la démocratie par le peuple inclut, pour chaque citoyen, le devoir et la tâche de s’informer… bien plus et bien avant que de voter une fois tous les 4-5 ans pour qui l’on sait!

          ———

          P.S. Mes petits-enfants (8 ans et 3 ans) n’attendent même pas qu’on les informe, ils EXIGENT d’être informés; à défaut de quoi ils prennent eux-mêmes les moyens appropriés, incluant le harcèlement, afin de voir, d’apprendre et d’enfin savoir… puis ce sont eux qui prennent plaisir, si nécessaire, à nous renseigner.

            +8

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          • RGT // 05.09.2016 à 20h54

            Le seul fait d’évoquer l’existence du conflit yéménite en signalant que nos chers amis saoudiens bombardent en toute quiétude et dans un silence pesant les populations civiles et les enfants à l’aide d’armement occidental (dont français, cocorico) nous fait immédiatement passer pour « complotiste« .

            Regards outrés de la part de mes congénères qui me regardent de travers en répétant mécaniquement « C’est pas possible, nos gouvernements ne permettraient pas que ça se fasse !!!« …

            Ben voyons !!! Nos gouvernants vont se gêner !!!
            Surtout s’ils se récupèrent quelques rétro-commissions au passage…

            Ils ne vont quand même pas se mettre à dos l’industrie de l’armement (qui financerait leurs campagnes, il n’y a plus de sympathisants)…

            Et le dernier argument des politicards est bien sûr « Si nous ne les vendons pas, ce seront d’autres pays moins respectueux des droits de l’homme qui le feront !!!« …

            Je préfère donc « aller à la pêche ».

              +6

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  • Georges Clounaud // 05.09.2016 à 07h23

    Rien de nouveau sous le soleil depuis la fameuse réponse de Roosevelt à son secrétaire d’État, Sumner Welles. En parlant du « président » du Nicaragua Anastasio Somoza García, Welles avait dit :
    « Somoza’s a bastard! ». La réponse de Roosevelt fut claire et nette : « Yes but he’s our bastard ! ».
    Depuis la liste des « good bastards » n’a cessé de s’étoffer et est bien longue aujourd’hui. J’invite d’ailleurs les contributeurs du site à l’établir afin que nous puissions tous apprécier les bienfaits de l’exceptionnalisme US !

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  • Toff de Aix // 05.09.2016 à 10h34

    Manuel Valls, tweet du 13/10/2015: « France-Arabie Saoudite : 10 milliards € de contrats ! Le Gouvernement mobilisé pour nos entreprises et l’emploi ».

    La messe des marchands d’armes est dite depuis longtemps. Face à cela, que valent ces gênants droits de l’homme ?

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    • Chris // 05.09.2016 à 12h03

      « que valent ces gênants droits de l’homme ? »
      Mais ils sont très précieux ! En leur nom, on exporte et lâche des tanks, jets de combats et leurs bombes/missiles « démocratiques »

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  • Ben Kebab // 05.09.2016 à 13h28

    Quelqu’un peut me rappeler pourquoi l’Arabie Saoudite est notre allié au fait??

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    • LA ROQUE // 05.09.2016 à 17h45

      Parce que c’est un exemple de démocratie…
      Plus sérieusement :pétrole et pétrodollar.

        +1

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      • Toussi toussa // 06.09.2016 à 07h41

        Parce que l’Arabie saoudite fait partie de l’axe du bien .

          +3

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  • bout de choux // 05.09.2016 à 13h35

    La vrai hypocrisie c’est d’essayer de vendre des guerres propres.
    La guerre c’est sale des deux côtés du canon. Point. Il n’y a que ceux qui les déclenchent qui semblent l’oublier.

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    • RGT // 05.09.2016 à 21h13

      « Il n’y a que ceux qui les déclenchent qui semblent l’oublier. »

      J’ajouterais le plus important: et qui sont bien planqués, très loin des combats, à l’abri des « dommages collatéraux ».

      De partout on critique le moyen-âge en les traitant de « barbares ».

      Ce que l’on oublie souvent, c’est que les seigneurs étaient surtout des chefs de guerre qui participaient au combat en se plaçant à l’avant de leur troupes pour montrer leur vaillance et motiver les soldats.

      Malgré leurs solides armures ils risquaient quotidiennement leur peau, la moindre blessure pouvant s’infecter et entraîner la mort dans des souffrances atroces.

      Où sont les « chefs de guerre » aujourd’hui ?

      Bien planqués à l’arrière dans des bunkers imprenables.

      Et quand ils sortent ils sont entourés de chair à canon qui seront sacrifiés sans scrupules pour sauver leurs petites fesses de la moindre égratignure (facilement soignable).

      Selon vous, qui mérite le plus le respect ?

      Je ne fais aucune apologie de la guerre, je montre juste la différence entre « barbarie » et « modernité ».

        +8

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  • Pierre Bacara // 05.09.2016 à 13h46

    L’Arabie soudite et les pouvoir successifs au Yémen

    L’ancien président Ali Abdallah Saleh, soutenu par Washington, a été renversé en 2011 par des membres de son propre clan, dirigés par le général Ali Mohsen el-Ahmar, proche des wahhabites saoudiens et d’el-Qaïda. La chute de Saleh a débouché sur la montée au pouvoir d’un nouveau président, Abd Rab Mansour Hadi.

    Ce nouveau pouvoir ensuite été lui-même victime du soulèvement des houthis, une coalition de tribus yéménites essentiellement chiites mais également sunnites. A noter que le qualificatif de « chiites » au sujet des houthis doit être tempéré car il s’agit plus précisément de chiites zaïdites, qui tolèrent l’idée de califat sunnite et… n’ont pas de clergé.

    Il semblerait que les motivations principales de l’Arabie soudite dans son soutien militaire au pouvoir yéménite issu du changement de régime de 2011 soient en premier lieu la proximité de ce pouvoir avec la doxa religieuse saoudienne et en second lieu l’instrumentalisation supposée des houthis par Téhéran au motif simpliste qu’ils seraient chiites, ce qui peut se discuter.

      +4

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  • Ailleret // 05.09.2016 à 21h41

    Concernant le Yémen, on attend d’une minute à l’autre une intervention indignée de BHL.
    Non, je plaisante…
    Le Yémen, on s’en fiche : ce n’est pas le « printemps arabe » que nous chérissons, malgré l’éviction du président Saleh. Je me rappelle qu’en mars 2015, un attentat qui avait fait plus de 140 morts au Yémen (contre des mosquées chiites, comme par hasard) n’avait soulevé aucune émotion en France, alors que nous avions exhibé notre solidarité avec la Tunisie, au même moment, après l’attentat du Bardo qui avait causé la mort de 21 touristes. La bibliothèque nationale avait même affiché sur ses ordinateurs un message de « solidarité avec le courageux peuple tunisien ».

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_de_Sanaa_et_Sa%27dah_du_20_mars_2015
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_du_mus%C3%A9e_du_Bardo

    La Tunisie, c’est le printemps arabe, c’est nos vacances, c’est chic ; le Yémen, c’est quoi ça ?

      +5

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