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8.novembre.20188.11.2018 // Les Crises

[1945] La condamnation du Maréchal Pétain

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Comme ce document est très dur à trouver, nous publions l’arrêt de la Haute-Cour de Justice du 15 août 1945, condamnant Philippe Pétain à la peine de mort (qui sera commuée) et à l’indignité nationale (voir ici le contexte du procès).

Nous mettons à la suite l’acte d’accusation de Pétain par le procureur-général Mornet rédigé en avril 1945, ainsi que son complément, rédigé en juillet suivant, à la veille du procès, qui s’ouvre le 23 juillet 1945. Les débats tourneront pendant un mois autour des questions suivantes : 1/ Pétain a-t-il voulu s’emparer du pouvoir avant l’invasion de la France en 1940 et 2/ s’est-il rendu coupable d’intelligence avec l’ennemi ? C’est oui sans hésitation pour le procureur Mornet.

I. l’arrêt de la Haute-Cour de Justice du 15 août 1945

Attendu que la Haute Cour n’a pas à donner acte de prétendus faits et propos antérieurs à la date de sa constitution et dont elle n’a pu avoir la connaissance directe ;

Attendu qu’il est sans intérêt de rechercher dans quelles conditions a pu être engagée une procédure de contumace, puisqu’elle n’a pas été suivie et que, dès son retour d’Allemagne, l’accusé a été entendu plusieurs fois au cours de l’instruction ;

Attendu qu’il est vrai, qu’il est soutenu que cette audition n’aurait pas porté sur certains points que les conclusions spécifient ; que les témoins essentiels n’auraient pas été entendus ; que des documents n’auraient pas été retenus ni communiqués ;

Mais attendu que l’instruction préalable ne sert qu’à préparer l’examen à l’audience, aux résultats duquel les juges doivent édifier leur conviction ; qu’au cours des longs débats contradictoires, pendant lesquels il a été présenté d’abondantes explications au nom et en présence de l’accusé, celui-ci a répondu lui-même à l’interrogatoire d’identité, a fait une déclaration et a été invité à s’expliquer tant sur l’acte d’accusation que sur chacune des dépositions faites en sa présence ; qu’ainsi il a été mis à même de suppléer aux prétendues lacunes de l’instruction préparatoire ;

Par ces motifs :

La Cour, après en avoir délibéré,

Rejette les conclusions de donner acte présentées au nom de l’accusé ;

Au fond :

Attendu qu’il résulte des débats et des documents produits que Pétain qui, en 1934 était entré au gouvernement comme ministre de la Guerre du cabinet Doumergue, constitué après la journée du 6 février, et y avait rencontré Pierre Laval, se sentit peu à peu amené à penser qu’il pourrait jouer un rôle de premier plan dans la politique de notre pays ;

Qu’au cours des années précédant la guerre de 1939-1940, des campagnes de presse s’organisèrent autour de son nom, sans qu’il fît rien pour les faire cesser, tendant à le présenter comme le seul homme susceptible de ramener l’ordre en France et de réconcilier notre pays avec l’Allemagne et l’Italie en établissant un régime semblable à celui qui leur avait été donné à elles-mêmes ;

Que, vers la même époque, des mouvements factieux éclataient sous les vocables de synarchie, Cagoule ; C.S.A.R., tant dans l’armée que dans la Nation, ayant pour objet l’instauration en France d’un régime d’autorité ;

Que, parmi leurs dirigeants, ces mouvements comprenaient la plupart des individus qui, après la défaite militaire de notre pays, devaient entrer dans le gouvernement ou les organismes créés par le maréchal Pétain, devenu chef de l’État, et y réaliser leur programme ;

Que Pétain ayant été nommé, peu de temps avant la guerre, ambassadeur de France en Espagne, restait pendant son ambassade en liaison avec les hommes politiques menant sourdement ou ouvertement des campagnes dangereuses pour notre pays, notamment avec Pierre Laval ;

Qu’en mars 1940, alors que la guerre qui avait éclaté en septembre 1939 entre la France et l’Allemagne, se déroulait sons une forme purement défensive et que rien ne faisant prévoir qu’un péril mortel menaçait la France, Pétain annonçait avec une prescience vraiment troublante à de Monzie, qu’en mai suivant, les événements feraient « qu’on aurait besoin de lui » ;

Qu’effectivement, les armées allemandes ayant, en mai 1940, violé la neutralité de la Hollande et de la Belgique, percé nos défenses et pénétré sur notre sol, Pétain était appelé au gouvernement par Paul Reynaud comme ministre d’État et vice-président du Conseil ;

Qu’aidé du Général Weygand, nommé entre-temps généralissime, il se préparait à solliciter un armistice de l’Allemagne ;

Qu’après diverses péripéties et intrigues politiques au cours des journées du début de juin 1940, le gouvernement français ayant dû quitter Paris et s’étant replié successivement sur Briare, Cangé, Tours et Bordeaux, Pétain, appelé le 10 juin 1940 à la présidence du conseil en remplacement de Paul Reynaud, démissionnaire, adressait aussitôt à l’Allemagne une demande de suspension d’armes et annonçait au pays que le moment était venu de « cesser le feu » ;

Que l’Allemagne n’ayant accordé l’armistice que quelques jours plus tard, l’armée française, démoralisée par l’annonce imprudente de la fin du combat, se voyait enlever un grand nombre de prisonniers ;

Que Pétain adressait alors un message aux Français pour rejeter la responsabilité de notre défaite sur les dirigeants de notre pays et sur l’affaiblissement de notre moralité collective et déclarait faire don à la France de sa personne pour atténuer les malheurs de la Patrie ;

Attendu que Pétain, ayant provoqué la crise politique qui lui avait donné le pouvoir, a, dans les jours qui ont suivi l’armistice, empêché le gouvernement de quitter la France pour aller organiser la poursuite de la guerre en Afrique du Nord ; que c’est ainsi qu’il a pu, sous la pression de l’ennemi qui avait envahi les deux tiers de notre territoire, après avoir replié la représentation nationale de la France à Vichy, obtenir le 10 juillet 1940 un vote confiant au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature de Pétain, la mission d’assurer la direction de l’État et de donner une constitution à la France ;

Qu’ayant pris le pouvoir dans ces conditions, Pétain en arrivait bientôt à supprimer les institutions républicaines, donnait au régime politique qu’il imposait à notre pays une ressemblance de plus en plus grande avec le régime allemand et le régime italien, c’est-à-dire avec le régime des pays dont la victoire lui avait facilité la révolution intérieure qu’il avait accomplie et qu’il n’hésitait pas, par une sorte de dérision verbale, à appeler « notre révolution nationale » ;

Qu’ayant annoncé que l’armistice consenti par nos ennemis nous conservait notre honneur et notre indépendance, il recevait bientôt des faits le démenti le plus cinglant, les Allemands n’ayant pas tardé à rétablir à leur emplacement de 1914 les poteaux frontières en Alsace-Lorraine et à procéder à une réannexion de nos provinces recouvrées ;

Que bientôt Pierre Laval, appelé au gouvernement en récompense des services rendus, organisait en octobre 1940 une entrevue entre Hitler et le chef de l’État français ;

Que Pétain, accueilli à Montoire avec une déférence apparente par Hitler, déclarait après cette entrevue, dans un message qu’il adressait aux Français, qu’il entrait « dans l’honneur dans la voie de la collaboration », formule qui cachait mal (l’Allemagne demeurant notre ennemie malgré la suspension des hostilités) l’intelligence nouée avec cette puissance, au mépris de nos alliances antérieures non dénoncées ;

Qu’à partir de cette date commençait une série d’abandons de la part de notre prétendu gouvernement ; que la convention d’armistice était de jour en jour moins observée par l’Allemagne ; que Pétain n’élevait aucune protestation publique contre ses violations ; que 1a France adoptait bientôt une législation raciale calquée sur celle de l’Allemagne, que des concessions économiques et financières suivaient, susceptibles de ruiner pour toujours notre pays ; qu’au début de 1941 une sorte de collaboration militaire s’instituait avec l’Allemagne sous la direction de Darlan, devenu premier ministre en remplacement de Laval, chassé du pouvoir le 13 décembre 1940, mais qui ne devait pas tarder à y être rappelé ; que des troubles ayant éclaté au Levant, la France consentait d’abord des livraisons d’armes à l’Irak en guerre avec la Grande-Bretagne, puis livrait à l’Allemagne, aux termes d’accords formels passés à Paris en mai 1941, des bases navales et aériennes sur des territoires où s’exerçait l’autorité de la France ; alors que Pétain avait, peu auparavant, déclaré que rien ne serait fait contre notre ancienne alliée ; que par ces mêmes accords des avantages importants étaient consentis à l’Allemagne en Afrique du Nord ; que d’autre part il confirmait le 5 juillet 1943 les instructions données à l’amiral Robert en vue de détruire les navires, et les avions stationnés aux Antilles ;

Que la coopération militaire avec l’Allemagne aboutissait bientôt au Levant à une lutte meurtrière entre les troupes françaises placées sous le commandement du général Dentz, haut-commissaire en Syrie, et les troupes britanniques et les forces françaises libres du général de Gaulle que l’assujettissement à nos ennemis se poursuivait sur le plan intérieur par la création de juridictions spéciales ou d’un tribunal d’État dont la mission était de réprimer avec rigueur les prétendus attentats terroristes qui commençaient à se produire un peu partout dans notre pays et qui n’étaient que des attentats dirigés par les patriotes contre les troupes allemandes d’occupation et leurs complices ;

Que sous l’autorité de Pétain qui, au moment de l’armistice, avait refusé de quitter la France, sous le prétexte qu’on ne défendait pas son pays en le quittant, s’organisait une levée de troupes françaises sous le nom de « Légion contre le bolchevisme » destinées à aller, sous l’uniforme allemand, combattre au côté de l’armée allemande contre la Russie ; qu’à cette occasion Pétain adressait des messages où il assurait que l’Europe devait sa gratitude à l’Allemagne qui assurait la défense de la civilisation européenne ; qu’il recevait à Vichy et félicitait Doriot, aventurier vendu à l’Allemagne, de la part qu’il prenait à cette campagne franco-allemande contre les Russes ; qu’il félicitait le colonel Labonne, officier français qui avait accepté d’aller combattre dans les rangs allemands, et lui écrivait : « vous détenez une part de notre honneur militaire en participant à cette croisade dont l’Allemagne a pris la tête, acquérant ainsi de justes titres à la reconnaissance du monde » ;

Attendu qu’en avril 1942, suivant l’injonction des occupants, Pétain ramenait au pouvoir Laval, dont, quelques mois auparavant, il avait flétri les menées ;

Qu’un des premiers actes de Laval, redevenu ministre, fut de proclamer, sans protestation du chef de l’État et même d’accord avec celui-ci : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne ». Qu’à partir de cette époque, les entreprises de cette dernière puissance contre notre pays allaient s’aggraver chaque jour ;

Qu’en novembre 1942, l’empire britannique et les Etats-Unis, ayant enfin passé en Afrique du Nord à une offensive qui devait nous libérer du joug allemand, Pétain donnait, en termes formels aux autorités relevant de son gouvernement, l’ordre de résister par les armes à ceux qu’il appelait nos agresseurs ; que les instructions secrètes démentant cet ordre après la cessation du feu n’ont pas empêché le sang de couler ; que l’amiral Estéva, résident général en Tunisie, obéissant à ces ordres, organisait une résistance qui aboutissait à de vifs combats contre nos libérateurs ;

Qu’à la fin de cette opération, Pétain, de concert avec les autorités allemandes adressait à Estéva. des remerciements pour la façon dont il avait rempli son devoir ; que la majeure partie de notre flotte stationnée dans le port de Toulon se sabordait enfin en novembre 1942 plutôt que de se rendre aux Allemands, mais que Pétain ne prenait ni ne faisait prendre aucune mesure pour essayer de la faire sortir en haute mer et gagner l’Afrique du Nord ;

Que pendant ce temps se poursuivait sur notre sol des propagandes de plus en plus haineuses contre le général de Gaulle, l’Angleterre, les Etats-Unis, la, Russie ;

Que Pétain qui avait fait entrer dans ses divers gouvernements un certain nombre d’individus tarés, et gravement compromis par leur collusion avec l’Allemagne ou l’Italie (Déat, Bonnard, Alibert, etc…) désignait comme ministre de sa propagande un ancien parlementaire, Philippe Henriot, dont les manifestations oratoires avaient comme thème soit l’insulte à nos anciens alliés, soit les périls et risques auxquels nous exposait la libération ;

Qu’on assista ainsi à un déchaînement croissant de fureur contre la Russie, l’Angleterre, les Etats-Unis et les gaullistes ;

Qu’à la faveur de cette haine contre les Anglais et les Russes, les divers ministres, sous l’autorité de Pétain, organisaient ce qu’on appelle la « croisade européenne » et qui aboutit à des déportations en masse des travailleurs, enrôlés, sous prétexte de relève des prisonniers, pour aller aider à l’effort de guerre de l’Allemagne ; que malgré des démarches pressantes faites auprès de lui, notamment par le chef des Églises protestantes de France, Pétain qui avait reconnu le caractère monstrueux de ces déportations de Français, n’élevait aucune protestation publique contre elles ; qu’en même temps, les activités de la Gestapo (police politique des occupants) sur notre territoire devenaient de plus en plus audacieuses ; que d’innombrables arrestations et exécutions sommaires se produisaient, que des populations entières de villes ou de villages étaient massacrées sans qu’aucune réaction publique se produisit de la part du gouvernement de Vichy ;

Qu’en réponse à ce régime de terreur, un élan et un sursaut de haine contre l’envahisseur se manifestant chaque jour davantage, le Gouvernement dont Pétain assumait toujours le contrôle, prit des mesures d’ordre intérieur de plus en plus féroces contre les patriotes ;

Que c’est ainsi que bientôt Joseph Darnand devenait, quoi qu’en dise Pétain, avec l’assentiment nécessaire de ce dernier, chef du maintien de l’ordre et se mettait bien vite en devoir d’organiser, sous le nom de Milice, une force enrôlée au service d’Hitler, auquel Darnand avait prêté serment de fidélité ; que cet organisme ne tardait pas à faire régner en France l’assassinat et le pillage ; que les adversaires politiques du nouveau régime, en particulier Georges Mandel, tombaient sous leurs coups ;

Que, pendant toute cette période, la presse, le cinéma, la radio servaient à des entreprises de démoralisation de notre malheureux pays et ne cessaient d’invectiver contre nos alliés, sans que Pétain, qui prétendait être à la tête d’un gouvernement souverain et indépendant, ne permit aucune réclamation contre de semblables excès ;

Que d’ailleurs, son gouvernement avait pris de telles habitudes de soumission à Hitler que, dès novembre 1942, alors que celui-ci avait franchi la ligne de démarcation, au mépris de la convention d’armistice, ainsi délibérément violée, et occupé toute la France, dont les restes de notre armée se trouvaient de ce fait licenciés, Pétain, après une protestation radiodiffusée pendant quelques heures ; se bornait ensuite, dans un message officiel, à s’incliner devant la décision que venait de prendre le chef de l’Allemagne ;

Attendu qu’à la veille de notre libération, se réveillant de l’inertie dans laquelle il paraissait avoir sombré, Pétain adressait au général de Gaulle une proposition tendant à lui permettre de prendre contact avec nos libérateurs, mais en y mettant cette condition, qui fait ressortir à quel point son intérêt personnel le guidait, que la légitimité de son gouvernement fût reconnue par nos alliés ;

Attendu que si Pétain, au cours des audiences de la Haute Cour, a opposé un mutisme systématique aux questions qui lui étaient adressées, il n’en a pas moins fait soutenir que sa politique avait eu pour but de « maintenir » la France en attendant notre libération et de venir ainsi, indirectement, en aide à nos alliés ;

Que, de plus, par des concessions apparentes aux Allemands, il aurait trompé ceux-ci sur la réalité des buts qu’il poursuivait ;

Qu’enfin, Laval, Darlan et tels autres de ses ministres étaient seuls responsables de ce que sa politique pouvait avoir eu de néfaste pour la France ;

Mais attendu qu’on ne saurait admettre un pareil système de défense et qu’on ne comprend pas comment une aide aux alliés se serait en fait traduite par une aide certaine aux Allemands (Syrie, Afrique du Nord, relève, protocole de mai 1941, etc…) ;

Attendu, d’ailleurs, que s’il est peu probable que cette politique ait trompé les Allemands, elle a eu par contre pour effet certain d’égarer un nombre considérable de Français qui, de bonne foi, sous la caution d’un maréchal de France et au vu de nombreux textes émanant de la main de celui-ci et dont le sens était non équivoque (lettres à Hitler, lettre au roi George VI, à Roosevelt, félicitations pour le « nettoyage » de notre sol, après la tentative manquée du débarquement anglais de Dieppe, innombrables messages où étaient flétries les agressions anglo-américaines, etc…), ont cru que le devoir était d’abandonner nos anciens alliés et d’entreprendre une collaboration avec l’Allemagne, en vue de l’établissement d’un nouvel ordre européen, formule qui dissimulait d’ailleurs mal le désir d’hégémonie d’Hitler ;

Attendu, enfin, que quels que soient les crimes que ceux qui ont exercé le pouvoir dans cette période sous l’autorité du maréchal, celui-ci, qui avait accepté de les appeler à ses côtés, et avait, aux termes même de ses actes constitutionnels, déclaré assumer toutes les conséquences de sa politique, doit dès lors être tenu pour responsable des actes accomplis sous son autorité ;

Attendu que si de lourdes présomptions peuvent être tirées contre Pétain du fait qu’il a appelé dans ses divers gouvernements des hommes mêlés à des mouvements factieux, la preuve n’est pas suffisamment rapportée qu’il y ait eu entre eux et lui un véritable complot contre la sûreté intérieure de l’État.

Attendu, par contre, qu’il ressort de l’instruction que, en prenant le pouvoir, Pétain a eu pour objet de détruire ou changer la forme du gouvernement et qu’il l’a effectivement changée ;

Attendu que la preuve de la préméditation et de la pensée profonde de l’accusé résulte de sa réponse en date du 11 décembre 1943 à une lettre outrageante de Ribbentrop ;

Que, dans cette réponse, en effet, Pétain prétend faire valoir « le bien-fondé d’une politique pour laquelle il avait demandé l’armistice » ;

Qu’il est difficile d’imaginer un aveu plus clair du dessin politique dans lequel l’accusé avait misé sur la capitulation ;

Attendu enfin qu’il n’est pas douteux qu’il a entretenu des intelligences avec l’Allemagne, puissance en guerre avec la France, en vue de favoriser les entreprises de l’ennemi ; crimes prévus et punis par les articles 75 et 87 du Code pénal ;

Par ces motifs,

Condamne Pétain à la peine de mort, à l’indignité nationale, à la confiscation de ses biens.

Tenant compte du grand âge de l’accusé, la Haute Cour de Justice émet le vœu que la condamnation à mort ne soit pas exécutée.

II. L’acte d’accusation de Pétain par le procureur-général Mornet

Le procureur général près la Haute Cour de Justice,

Vu la procédure suivie contre Pétain, Philippe, du chef de complot contre la Sûreté intérieure de l’État et d’intelligences avec l’ennemi, (…) en date du 21 avril 1945,

Expose :

Le soir du 16 juin 1940, à Bordeaux, sentant que, sous la pression conjuguée du général Weygand et du maréchal Pétain, une importante partie de son cabinet ne le suivrait pas dans son dessein de continuer la lutte contre l’Allemagne, Monsieur Paul Reynaud remit sa démission au président de la République.

Celui-ci appela pour le remplacer le maréchal Pétain qui, aussitôt, sortit de son portefeuille une liste arrêtée d’avance comprenant Monsieur Chautemps comme vice-président du Conseil, le général Weygand à la Défense Nationale, l’amiral Darlan à la Marine et Laval aux Affaires Étrangères. Toutefois ce dernier fut momentanément écarté et remplacé par Paul Baudouin, mais pour rentrer quelques jours après en qualité de Ministre d’État, ainsi que Marquet.

Sans plus tarder, le maréchal entama des négociations en vue de la conclusion d’un armistice.

Devant l’avance des troupes allemandes, la question se posa alors de savoir si le gouvernement ne devrait pas se transporter en Afrique du Nord, tandis que le maréchal, qui n’avait, d’accord avec Laval, cessé de manifester une volonté bien arrêtée de ne pas s’éloigner de France, resterait dans la métropole avec les titulaires des départements ministériels ressortissant à la Défense Nationale. Le président de la République, les présidents des deux chambres et les ministres s’embarqueraient à Port-Vendres, et les membres du Parlement au Verdon, sur le « Massilia », paquebot mis à leur disposition par Darlan.

Finalement, le projet de départ des trois présidents et des ministres fut abandonné, seuls une vingtaine de parlementaires s’embarquèrent sur le « Massilia », à destination de Casablanca d’où ils revinrent dans le courant de juillet.

Cependant l’armistice était signé le 22 juin. Il comportait l’occupation par l’ennemi des trois cinquièmes du territoire, le désarmement de la France avec la livraison de son matériel, et ce qui, en dépit des déclarations d’Hitler qu’il ne formulerait aucune revendication de ce chef, ne laissait pas d’inquiéter nos alliés, le rassemblement de la flotte française, sous le contrôle de l’Allemagne, dans des ports à déterminer.

Le 29 juin, le gouvernement et les chambres quittaient Bordeaux pour se rendre en zone non occupée, à Clermont-Ferrand d’abord, puis à Vichy. C’est dans cette ville que, le 10 juillet, à la suite d’une série de manœuvres où les interventions de Laval devaient tenir la première place, la Chambre et le Sénat réunis en Assemblée Nationale remirent au maréchal Pétain le gouvernement de la République avec mission d’élaborer une constitution que la Nation serait appelée à ratifier.

Voici en quels termes était donné ce mandat :

« L’Assemblée Nationale donne tous pouvoirs au gouvernement de la République sous l’autorité du maréchal Pétain à l’effet de promulguer par plusieurs actes une nouvelle constitution de l’État Français. Cette constitution devra garantir les droits de la famille et de la patrie. Elle sera ratifiée par la nation et appliquée par les assemblées qu’elle aura créées ».

Dès le lendemain, 11 juillet, le maréchal promulguait trois actes constitutionnels.

Aux termes du premier, l’article 2 de la loi constitutionnelle du 25 février 1875 sur l’élection du président de la République était abrogé.

Aux termes du second, le chef de l’État (Pétain se considérait désormais comme tel) avait la plénitude du pouvoir gouvernemental. Il nommait et révoquait les ministres, qui n’étaient responsables que devant lui et, en attendant qu’il exerçât le pouvoir judiciaire, cumulait le pouvoir législatif avec l’exercice du pouvoir exécutif.

Enfin, l’acte constitutionnel n° 3 disposait que les deux chambres subsisteraient jusqu’à ce que fussent formées les assemblées prévues par la déclaration du 10 juillet, mais qu’elles demeureraient ajournées jusqu’à nouvel ordre, et ne pourraient se réunir que sur la convocation du chef de l’État.

Ces trois actes allaient, sensiblement au-delà, voire même à l’encontre des pouvoirs conférés au maréchal par Assemblée Nationale. Ils étaient l’aboutissement d’un complot fomenté depuis longtemps contre la République, un complot qui, grâce à la défaite, avait réussi, mais dont le succès définitif n’était assuré qu’à la condition que cette défaite ne fût pas mise en question.

Le rôle de Pétain dans la préparation de ce complot au cours des années qui ont précédé la guerre, apparaît surtout comme celui de l’homme sur le nom duquel on se compte et sur qui l’on compte pour prendre en mains le pouvoir, sans d’abord attendre de lui autre chose que l’apport de son nom et de son autorité. Il n’est d’ailleurs pas douteux qu’il ait nourri des sentiments hostiles au régime républicain, communiant en cela avec Maurras aux idées duquel il rendait volontiers hommage, ainsi que cela résulte de la correspondance échangée entre eux, et singulièrement d’un document saisi à l’hôtel du Parc, où, sans assigner de délais à la réalisation de ses vœux Pétain n’en exprime pas moins l’espoir de voir la France revenir au principe de l’hérédité monarchique. Mais, sans doute estimait-il nécessaire d’instaurer, au préalable, un régime autoritaire auquel il se sentait prêt pour l’incarner, à faire don de sa personne.

Aussi bien un homme comme Gustave Hervé, d’autant plus chaud partisan d’un ordre moral et militaire qu’il en était davantage écarté dans le passé, mettait-i1 en lui sa confiance et s’écriait-il dans une brochure bien connue : « C’est Pétain qu’il nous faut ».

Une réclame plus fâcheuse devait lui venir de Pemjean, Directeur du journal mensuel Le Grand Occident où, dans le numéro d’avril 1939, sous l’emblème de la Francisque et la formule habituelle « Le Judéo Maçonnique, voilà l’ennemi » on pouvait lire en grosses lettres, comme pour résumer tout un programme : « Pétain au pouvoir ». Hommage bien compromettant de la part d’un homme comme Pemjean, puisqu’à cette date, 1939, on constate qu’il était Directeur local d’une agence d’où dépendait le « Grand Occident », et dont le directeur général n’était autre que Ferdonnet, le futur traître de Stuttgart.

Pétain était-il en relations avec Pemjean et Gustave Hervé ? On peut se poser la question. Plus certains semblent avoir été ses rapports avec quelques-uns de ceux que liait ce qu’on appelle le pacte synarchique, dont le but était de faire de l’organisation professionnelle le cadre même d’un état autoritaire et hiérarchique, idée chère à Pétain, dont la loi du 16 août 1940 marque une première application.

Il était également en rapport avec de Brinon, le fondateur avec Abetz, du comité France-Allemagne.

Enfin, il est établi que Pétain entretenait des relations avec les principaux membres de l’Association connue sous le nom de « La Cagoule », ou encore, sous les initiales C.S.A.R., dont le but était de renverser la République et de la remplacer par un régime dictatorial à l’instar de ceux de Rome et de Berlin, opération en vue de laquelle d’importants dépôts d’armes en provenance d’Italie et d’Allemagne avaient été constitués. Il suffit de citer les noms d’Alibert et de Deloncle. D’autre part, comment ne pas être frappé de voir dans l’entourage du maréchal, à Vichy, des hommes comme Méténier, chef du service de protection à sa personne, Gabriel Jantet, attaché à son cabinet, Darnand en attendant qu’on fît de cet assassin un ministre, Filiol, dit le tueur, ami de Ménétier, tous membres de la Cagoule, en relations avec le docteur Menetrel, médecin intime du maréchal.

Comment passer sous silence, les déclarations faites au cours de son procès par le général Roatta, ex-chef du contre-espionnage italien sous les ordres du comte Ciano, déclarations dans lesquelles le général parle de Pétain comme d’un des chefs de la Cagoule, association qu’il connaissait pour s’être mis en rapport avec Méténier, le futur chef du service de protection du Maréchal, en vue de l’assassinat des frères Rosselli à Bagnoles-de-l’Orne ?

Mais un document décisif vient d’être porté à la connaissance des magistrats instructeurs : il s’agit d’un procès-verbal relatant les révélations faites par Alibert en novembre 1942, et d’où il résulte que ledit Alibert faisait partie de la Cagoule, ainsi que Darlan, Huntziger, Déat, Laval, et autres, et aussi le maréchal Pétain qui en était le drapeau ; que leur intention était de prendre le pouvoir pour instituer un régime sur le modèle de Franco en utilisant les services de celui-ci, et au besoin l’appui d’Hitler.

Profitant de son ambassade à Madrid, Pétain, selon les dires d’Alibert, s’était servi de Franco comme intermédiaire auprès d’Hitler, lequel s’était montré favorable au projet des conjurés, leur avait même fourni un concours financier, en même temps que promis un appui militaire. Alibert ajoutait qu’après que la guerre eut éclaté et que l’armée française eut été vaincue, l’Armistice fut demandé selon les termes qui avaient été convenus d’avance avec Hitler, mais que celui-ci ne tint nullement ses promesses, et au lieu d’aider à refaire la France sans la République, laissa son parti nous imposer des conditions draconiennes, d’où rupture entre ceux qui, comme Alibert, ne voulaient plus avoir de relations avec Hitler et ceux qui, comme Laval et Déat, voulaient, au contraire, s’engager dans la voie de la collaboration.

L’évolution du complot contre la sûreté intérieure de l’État est aussi nettement indiquée et comme quoi il devait aboutir à une entente avec l’ennemi en vue d’un résultat qui ne pourrait être obtenu qu’en favorisant ses entreprises.

Le document en question projette un singulier jour sur le rôle de Pétain lorsqu’il était ambassadeur à Madrid. Sa sympathie pour le régime de Franco était certaine, et non moins certains ses efforts en vue d’un rapprochement étroit de la France avec le nouveau dictateur, rapprochement qui ne se concevait qu’en corrélation avec un accord avec Hitler. La crainte du communisme était un bon terrain à exploiter en ce sens et, sans parler des voyages que l’ambassadeur faisait incognito à Paris, on ne peut pas ne pas être frappé de ce qu’ont révélé les débats de la cour de Riom à l’occasion de la déposition du général Gamelin au sujet des renseignements fournis par l’ambassade de France à Madrid à l’effet d’être communiqués aux commandants de régions et d’après lesquels un putsch communiste était sur le point de se produire dans l’armée.

A ce point de l’exposé des faits reprochés à l’inculpé, la preuve de l’attentat contre la sûreté intérieure de l’État, dont il s’est rendu coupable, est incontestablement établie, celle du crime d’intelligence avec Hitler dans la période précédant la guerre ne l’est pas moins. Reste à exposer comment après la défaite et l’accession, grâce à elle, du maréchal Pétain au pouvoir, a continué de se manifester la politique de trahison dont la France a été victime.

Mais ici les faits parlent suffisamment haut : il suffira de les rappeler et de des coordonner.

La France est en droit de reprocher au maréchal, en premier lieu, d’avoir fait de l’acceptation définitive de sa défaite l’article fondamental de la politique à suivre, et d’avoir ensuite admis le principe de sa responsabilité dans le passage de l’état de paix à l’état de guerre.

Elle peut lui reprocher en outre, comme une atteinte à sa dignité, l’accord de Montoire en tant que collaboration du vaincu avec son vainqueur, et le lui reprocher encore en tant qu’il ne consacrait pas seulement une collaboration humiliante, mais bien l’asservissement de la France à l’Allemagne, asservissement auquel, sur le terrain législatif, le gouvernement de Vichy s’est prêté en calquant sa législation sur celle du Reich, en ne se bornant pas à cela, en mettant hors la loi commune des catégories entières de Français et en organisant la persécution contre elles à l’instar de ce qui se passait sous le régime hitlérien, puis encore en livrant lui-même aux bourreaux les victimes qu’exigeait de lui le Reich comme pour mieux marquer son humiliation.

La France est encore fondée à reprocher au gouvernement du maréchal d’avoir contribué au fonctionnement de la machine de guerre allemande en lui fournissant volontairement des produits et de la main d’œuvre, allant dans cette voie jusqu’à ordonner une véritable mobilisation au profit du Reich.

Elle ne saurait, d’autre part, pardonner au maréchal d’avoir mis sa main dans celle de l’homme qui a déclaré souhaiter la victoire de l’Allemagne.

Et n’est-ce point parce que son gouvernement et lui-même la souhaitaient qu’ils abandonnaient notre Indochine au Japon, qu’en Afrique du Nord ils permettaient à l’Axe de disposer de Bizerte et de la Tunisie pour le ravitaillement de ses armées en Libye, et qu’en Syrie ils accordaient aux Allemands l’usage d’aérodromes pour prêter aide à l’Irak dans sa lutte contre l’Angleterre ?

N’est-ce point parce qu’ils la souhaitaient qu’ils autorisaient l’ouverture de bureaux de recrutement en vue de constituer des contingents pour aller se battre en Russie pour le compte du Reich, et que Pétain ne rougissait pas de féliciter des Français d’avoir endossé l’uniforme allemand en même temps qu’il rendait hommage à Hitler, sauveur de l’Europe et de la civilisation ?

Voilà ce qu’on ne saurait pardonner au gouvernement du maréchal et encore moins d’avoir fait ouvrir le feu en Syrie contre nos alliés et les troupes françaises libres, à Madagascar contre nos alliés venant défendre Diégo-Suarez contre l’entreprise que méditait le Japon, en Tunisie contre les Anglo-Américains et les troupes d’Algérie et du Maroc, pas plus qu’on ne peut oublier qu’il a laissé notre flotte s’enfermer à Toulon où elle n’avait d’autre alternative que de se livrer ou de se détruire.

Mais ayant ainsi résumé tous ces chefs d’accusation, il importe de dissiper une équivoque, celle qui consiste à désolidariser Pétain de son gouvernement.

Tantôt l’on prétend qu’il n’agissait que sur la contrainte et pour épargner à son pays de plus grands maux, et tantôt qu’il n’avait pas d’autre but que de donner le change à l’Allemagne et de l’abuser sur la politique qu’il poursuivait en sous-main.

Ces thèses ne résistent pas à l’examen.

Lors des événements de Syrie, c’est sous sa présidence, alors que les ministres ne sont responsables que devant lui, donc doivent suivre ses directives, qu’est décidée la coopération de Vichy avec l’Allemagne et une lettre écrite par lui au général Dentz nous montre l’importance que personnellement il attachait à ce que cette politique fût suivie.

Même documentation personnelle lors des événements de Tunisie en novembre 1942 d’où la conclusion, qui s’impose, que les ordres signés Pétain, de tirer contre les Anglo-Américains et les troupes françaises d’Algérie n’étaient que l’expression fidèle d’une politique non moins fidèle à Hitler.

Il est fait allusion plus haut à la flotte française qui, sous les ordres de l’amiral de Laborde, malgré l’émouvant appel de l’amiral Auboyneau adjurant ses camarades de ne pas rester exposés à l’ultimatum d’Hitler, était demeurée à Toulon, comme si ces chefs l’avaient condamnée par avance à se détruire.

Or, au lendemain de cette destruction qui privait la France d’un admirable instrument de combat, le maréchal Pétain loin de regretter que la flotte ne s’y soit pas soustraite, en gagnant le large, félicitait l’amiral de Laborde d’être resté sourd à l’appel de la dissidence.

Plutôt le sabordage que de se joindre aux Forces Françaises libres ou à nos alliés, c’est toujours la même consigne de Pétain quand, en juillet 1943, de crainte que les navires et avions, sous la garde de l’amiral Robert, aux Antilles, ne servent aux Américains, il lui télégraphia de couler sans retard les navires et de brûler les avions.

Au surplus, il est des manifestations et des actes qu’aucune argumentation, si subtile soit-elle, ne peut, dans les conditions où se trouve la France, expliquer en dehors d’une volonté de complaisance équivalant à la trahison.

Comment se justifier d’avoir, au lieu de se retrancher derrière l’impossibilité d’aller à l’encontre de toute la législation, comme de toutes les traditions françaises, édicté ces abominables lois raciales dont il eût cent fois mieux valu laisser aux autorités occupantes le soin d’en appliquer les principes ?

Comment justifier la monstrueuse création des sections spéciales des cours d’appel, avec injonction aux magistrats, d’ordre des autorités allemandes, d’assassiner par autorité de justice les malheureux qu’on leur déférait ?

Comment justifier la création d’une Cour Suprême de Justice, avec mission d’établir, sous le contrôle de l’envahisseur, la responsabilité de la France dans la guerre, puisqu’on chargeait la cour de rechercher les responsabilités encourues dans les actes qui ont contribué au passage de l’état de paix à l’état de guerre et dans ceux qui ont aggravé la situation ainsi créée, ce qui, d’une part, tendait à mettre la responsabilité de la guerre à la charge de la France, et de l’autre, à l’aggraver du fait qu’elle n’avait pas, dès le mois de mai, demandé l’armistice ?

Et lorsque les Magistrats, refusant de donner cette satisfaction à Hitler, se bornent à rechercher à qui incombent dans l’impréparation de la guerre des responsabilités que les débats mettront en partie à la charge de Pétain, n’est-ce point consacrer officiellement l’asservissement de la France que de dessaisir, sur l’ordre d’Hitler, la juridiction qui a pris sur elle de se dérober à ces exigences ?

Un associé aux ordres du Führer, tel apparaît le chef d’État qui, jusqu’à la fin, a couvert de son autorité de tels actes.

Quelques citations empruntées à ses messages ou allocutions eussent à la rigueur suffi à le démontrer, tant il est vrai qu’il est de ces phrases excluant, dans les circonstances où elles sont dites, toute possibilité d’en désavouer ultérieurement la portée.

« Je ne fais que me répéter chaque matin que nous sommes vaincus et que la France doit renoncer à des prétentions auxquelles nous n’avons plus droit »… C’est ce qu’un maréchal de France trouve à dire à des officiers réunis pour le saluer à son passage dans une ville du Centre.

« En participant à la croisade dont l’Allemagne a pris la tête, acquérant ainsi de justes titres à la reconnaissance du monde, vous contribuez à écarter de nous le péril bolcheviste »… C’est ce discours qu’adresse Pétain aux légionnaires, au début de novembre 1941.

Même thème en 1944, à la fin du mois d’avril. « Quand la tragédie actuelle aura pris fin et que, grâce à la défense du continent par l’Allemagne, notre civilisation sera définitivement à l’abri du danger que fait peser sur elle le bolchevisme, l’heure viendra où la France retrouvera sa place ».

Enfin cette dernière phrase, où l’on serait tenté de voir une ironie déplacée à l’adresse des Français travaillant en Allemagne : « Ayez sans cesse à l’esprit cette certitude que vous travaillez pour la France ».

En attendant que d’ici sa comparution les événements et, plus tard, l’histoire, apportent de nouveaux éléments à l’appui de la culpabilité de Pétain, celle-ci est dès maintenant suffisamment établie pour justifier son renvoi devant la Haute Cour.

Attendu, en conséquence, qu’il résulte des faits ci-dessus exposés, charges contre ledit Pétain d’avoir, depuis un temps non prescrit :

1 – Commis le crime d’attentat contre la sûreté intérieure de l’État ;

2 – Entretenu des intelligences avec l’ennemi en vue de favoriser ses entreprises en corrélation avec les siennes.

Crimes prévus et punis par les articles 87 et 75 du Code Pénal.

Le Procureur Général soussigné :

Requiert qu’il vous plaise, à la commission d’instruction de la Haute Cour, de décerner ordonnance de prise de corps et renvoyer ledit Pétain devant la Haute Cour de Justice, pour y être jugé conformément à la loi.

Paris, le 23 avril 1945

Le Procureur Général,
Signé : MORNET.

Complément à l’acte d’accusation du 23 avril 1945, dressé par Monsieur le Procureur Général dans l’affaire suivie contre Pétain

Le supplément d’information auquel il a été procédé depuis l’arrivée en France du Maréchal Pétain appelle les observations suivantes concernant, d’une part, quelques précisions, au besoin rectifications sur certains points. D’autre part, de nouveaux et importants éléments venant s’ajouter aux charges retenues contre l’accusé :

1 – Le document, d’origine espagnole, relatif au projet du putsch communiste, a été remis au général Gérodias à une date antérieure à l’Ambassade de Pétain à Madrid, mais il l’a été par Loustaneau-Lacau, officier appartenant à l’état-major du maréchal Pétain.

2 – Au sujet du document relatif aux révélations faites par Alibert à un interlocuteur de Monsieur Jean Rist, aujourd’hui décédé, révélations dont le défunt a dressé procès-verbal. Il n’a pas été possible d’identifier l’interlocuteur désigné dans le procès-verbal par la lettre N.

L’honorabilité de M. Jean Rist n’en demeure pas moins une garantie de l’authenticité des propos rapportés par lui.

3 – En ce qui concerne les allusions au maréchal Pétain faites au cours de l’instruction suivie à Florence contre le général Roatta et autres, les allusions en question n’émanent pas de Roatta, mais du colonel Santo Emanuele, attaché au service d’information militaire, co-inculpé du général.

4 – Parmi les nouveaux éléments relevés à la charge de l’accusé, il convient d’abord de retenir deux lettres écrites par Loustaneau-Lacau à Pétain à la fin de l’année 1939, où il est question de la constitution éventuelle d’un ministère Pétain-Laval.

5 – De ces deux lettres, il convient de rapprocher la déposition de Mademoiselle Petit, ex-secrétaire d’un sieur Giobbé, familier de l’ambassade d’Italie, et d’où il résulte qu’à la fin de 1939 et au début de 1940, la constitution d’un ministère Pétain-Laval était favorablement envisagée dans les milieux italiens.

6 – Il convient également d’en rapprocher les déclarations de Monsieur. Gaze, attaché à l’ambassade de Madrid : « A diverses reprises, le maréchal m’a montré de petites listes de 6 à 7 ministres dont il formerait son gouvernement au cas où il serait appelé au pouvoir ». Sur ces listes, un nom figurait toujours, celui de Laval.

7 – Un témoin, Monsieur Winckler, directeur de l’Agence de Presse, a relaté le propos suivant à lui rapporté par un invité du maréchal, propos tenu par celui-ci au cours d’un déjeuner offert au fils de Primo de Rivera : « Vous nous jugez, nous, Français, sous l’aspect du Front Populaire. Attendez au printemps prochain, nous aussi, nous aurons notre révolution nationale dans le genre de la vôtre ».

A rapprocher de la phrase reproduite par Monsieur de Monzie : « Ils auront besoin de moi dans la seconde quinzaine de mai ».

8 – Il convient encore de mentionner la déposition de Monsieur Michel Clemenceau, à qui Pétain lui-même a déclaré qu’au moment où le général Weygand a pris le commandement des armées, il lui avait dit : « Vous vous battrez tant que vous pourrez maintenir vos liaisons, et puis j’imposerai l’armistice ».

9 – Une importance particulière s’attache aux protocoles de mai 1941, aux termes desquels le gouvernement de Vichy cédait à l’Allemagne :

1) L’utilisation de bases aériennes et navales en Syrie pour venir en aide à l’Irak dans sa révolte contre l’Angleterre ;
2) L’utilisation du port de Bizerte et du chemin de fer Bizerte-Gabès en vue du ravitaillement de l’Axe en Libye ;
3) L’utilisation du port et des installations de Dakar.

10 – Aux instructions adressées personnellement par Pétain au général Dentz, lors des événements de Syrie, à celles concernant des hostilités à ouvrir contre les forces anglo-américaines et françaises libres, lors des événements d’Afrique du Nord en novembre 1942, il convient d’ajouter les instructions formelles du maréchal au gouverneur général Boisson, lui enjoignant de rompre toutes négociations avec la dissidence et de résister à ce qu’il appelle : « l’agression anglo-américaine ».

11 – Enfin, l’on ne saurait passer sous silence la lettre adressée par Pétain à Hitler le 21 août 1942, à la suite de l’exercice de débarquement anglais à Dieppe, lettre dans laquelle il exprime le désir, si le chancelier l’accepte, que la France participe à la défense de son sol contre les agressions britanniques, et que, par son intervention, elle contribue à la sauvegarde de l’Europe.

Fait à Paris, le 11 juillet 1945.

Le Procureur Général,
Signé: MORNET

Commentaire recommandé

Seraphim // 08.11.2018 à 07h18

Refaire le procès de Pétain, au cas où nous aurions des doutes sur son action de collabo, ou pour nous distraire de notre absence de doutes sur l’actuel dirigeant, si inféodé à la puissance de l’Allemagne qu’il est prêt à lui céder, après notre industrie (Airbus, Alstom), notre armée, notre armement stratégique et peut-être notre siège si durement gagné au Conseil de sécurité…Et qui déjà enlève les soldats de la commémoration du 11 novembre, pour faire  »pacifique » (=collabo), ne pas insulter l’autre avec les mots de ‘victoire’ et nous faire avaler que oui, vue dans le rétroviseur, « la guerre, c’est la paix »

116 réactions et commentaires

  • Seraphim // 08.11.2018 à 07h18

    Refaire le procès de Pétain, au cas où nous aurions des doutes sur son action de collabo, ou pour nous distraire de notre absence de doutes sur l’actuel dirigeant, si inféodé à la puissance de l’Allemagne qu’il est prêt à lui céder, après notre industrie (Airbus, Alstom), notre armée, notre armement stratégique et peut-être notre siège si durement gagné au Conseil de sécurité…Et qui déjà enlève les soldats de la commémoration du 11 novembre, pour faire  »pacifique » (=collabo), ne pas insulter l’autre avec les mots de ‘victoire’ et nous faire avaler que oui, vue dans le rétroviseur, « la guerre, c’est la paix »

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    • Pierre // 09.11.2018 à 07h16

      Considérer Airbus comme étant une industrie française (« notre industrie ») est maladroit. Le fondement même d’Airbus est son côté européen (avec un axe franco-allemand). Dans l’histoire récente du groupe, la France tire d’avantage son epingle du jeu ayant Toulouse comme siège ainsi que la majorité des chaînes de productions (pour la partie commerciale).

      Arrêtons la désinformation sur Airbus, j’y travaille depuis longtemps et je ne comprends pas que cet exemple soit pris pour crier au pillage de l’industrie française…

        +4

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      • DAELIII // 09.11.2018 à 17h35

        Affirmation radicalement fausse : Airbus en son état actuel d’industrie « européenne », est le résultat de la politique d’abandon de plusieurs gouvernements « européistes » successifs, avec au premier chef Jospin-Chirac. Historiquement l’histoire d’Airbus dérive de la volonté française de développer un constructeur civil national de grande ampleur par regroupement des divers constructeurs nationaux (SNCASO, Nord-Aviation , ..), regroupement qui se fera finalement en 1969 dans la société  » L’Aérospatiale ». Cette volonté était orientée vers une collaboration franco-anglaise et pas franco-allemande. Ce n’est que le renoncement anglais, sur la base de visions techniques différentes, qui a laissé le champ libre à l’introduction de l’allemagne. Cette introduction a été le seul fait d’un individu isolé, F.J. Strauss, le « Taureau de Bavière » de la C.S.U., qui avait bien perçu l’opportunité de redonner par là à une allemagne, se relevant à peine de l’ostracisme du à ses crimes nazis, un accès aux programmes aéronautiques porteurs. Ce caractère de vision individuelle est bien souligné par le fait qu’au même moment la politique aéronautique allemande était totalement et uniquement orientée vers l’achat de matériel américain. Il est possible, mais pas prouvé à mes yeux, que cette perte de direction française sur la société et le programme, perte que l’on constate à l’évidence aujourd’hui, ait été utile au développement commercial de la société Airbus. Il est par contre évident que la politique suivie a pas été la cause de la « germanisation » de notre politique de défense que l’on constate aujourd’hui, avec une direction statuant depuis ce pays sur le devenir des fusées de la force de frappe. La faute récurrente de la France depuis plus d’un siècle est de toujours se sous-estimer au point de ne plus se vouloir libre et souveraine.

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  • Tikarol // 08.11.2018 à 07h27

    Merci pour cette publication devenue nécessaire dans une période de remise en question de valeurs essentielles.

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    • Jérôme // 08.11.2018 à 07h41

      Il n’y a que 2 valeurs essentielles :
      – la démocratie y compris le respect des droits de l’homme,
      – la défense de l’intérêt national qui ne va pas sans l’indépendance nationale.

      Pétain, après avoir été un héros, a failli à ces deux valeurs.

      Pour de Gaulle, le Pétain héros qu’il admirait, est mort en 1925. Passée cette date, Pétain n’a plus su promouvoir les intérêts et les besoins essentiels de La Défense de la France.

      Et pour un autre héros de la 1ère guerre mondiale, le général de Castelnau (1851-1944) qui méritait un bâton de maréchal qui lui a été refusé pour de minables raisons politiques : « Plus que jamais, l’armistice m’apparaît comme ignominieux ; je ne puis expliquer cet acte que par la profonde défaillance intellectuelle et morale de Pétain, Weygand et Cie […] Bazaine a été traduit en conseil de guerre pour un crime dix fois moins douloureux que devra l’être Pétain. Chez celui-là, l’orgueil sénile quand “il fait don de sa personne à la France”, le défaitisme, la faiblesse intellectuelle le dispute à la lâcheté » […] Le gouvernement du maréchal est affreux dans sa mentalité. La voie où il nous mène sera celle de la catastrophe. »
      (Cf. : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_de_Curi%C3%A8res_de_Castelnau)

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      • CHARLEMAGNE // 09.11.2018 à 11h39

        La démocratie comme vous dites versus celle dirigée par les atlantistes de l’époque et dont on voit – hélas – les effets aujourd’hui
        Pétain n’était pas aux yeux des Américains l’homme de « leur » situation; de Gaulle plus – bien que n’ayant même pas été prévenu du jour J…
        bref de Gaulle le pantin avait plus d’atouts! Pétain représentait encore une force française qui ne cadrait pas dans le mondialisme en herbe de l’époque

          +4

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        • Jérôme // 10.11.2018 à 01h48

          Ce que vous dites est rigoureusement faux. Les archives et une montagne d’ouvrages historiques ont montré que les américains ont tout fait pour se débarrasser de de Gaulle. Et ce jusqu’à octobre 1944 : leur reconnaissance finale, de guerre lasse, du GPRF et l’abandon du projet AMGOT.

          Les hommes des USA, c’étaient les collaborateurs (Pétain, Laval et son gendre Chambrun, Darlan), les anciens collaborateurs, ceux qui n’avaient quitté Vichy qu’à la 11ème heure et qui étaient falots et donc plus malléables (Giraud). Les libérateurs américains adoraient avoir sous la main d’anciens collaborateurs ayant tourné casaque : on tient plus facilement de telles personnes et on peut les faire chanter si besoin.

            +9

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      • D’Aubrac // 09.11.2018 à 15h51

         » Le gouvernement du maréchal est affreux dans sa mentalité. La voie où il nous mène sera celle de la catastrophe. »

        Juste et terrible prédiction.

        Pétain et ses gouvernements ont créé les conditions d’une guerre civile qui dure encore. 78 ans après le funeste armistice et le vote déshonorant du 10 juillet 1940.

          +8

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  • Isidor Ducasse // 08.11.2018 à 08h03

    Pour ce centenaire de la victoire de 14-18 je rend hommage au maréchal Pétain.
    A quand le procés de Robert Shuman, qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain, fait parti du 1er gouvernement de Laval et fricoté avec les autorités Allemandes. A quand le procès de Mitterrand qui a reçu la Francisque. A quand le procès du pére de Giscard qui lui aussi a reçu la Francisque…..
    A quand le procès de Walter Hallstein, nazis chargé par Hitler de fonder la nouvelle europe et qui, exfiltré par les Américains en 1945, reviendra 10 ans plus tard pour mettre cette europe en place.
    A quand la condamnation de la société Ford dont le fondateur Henry Ford, anti-sémite notoire, a été décoré des mains de Goerings de l’ordre allemand de l’Aigle. Récompense pour son soutien indéfectible au nazisme.

      +71

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    • Seraphim // 08.11.2018 à 11h26

      Manqueriez-vous de personnes à honorer? Tous les poilus ont disparu, certes. Que ne proposez-vous, pour que l’honneur et l’hommage soit rendus, un « régiment immortel » semblable à celui que le peuple russe a créé, contre son propre gouvernement, d’abord à Tomsk en Sibérie, puis à travers tous le pays, pour commémorer la victoire de 45? Celui où chacun porte un portrait d’un membre de sa famille ayant activement fait la guerre. Poutine lui-même s’y est rangé, portant désormais le 9 mai le portrait de son propre père dans cet extraordinaire défilé. Celui-ci reste, indirectement, celui des soldats, toujours vivants dans le coeur de leurs descendants. Voilà une solution sans conflit, sans haine, mais vivante, noble et….vraie! Le sacrifice n’est pas dénaturé (par une danse de jeunes Allemands sur les tombes comme on l’a vu faire), la vie l’emporte certes, mais dans le souvenir et le respect.

        +25

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  • Maxhno // 08.11.2018 à 08h06

    Un bon antidote a la vision volontairement étriquée de la propagande institutionnelle.
    Vive la France – Michel Audiard – 1974
    https://www.youtube.com/watch?v=Zdk2skqen3A

      +8

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  • DUGUESCLIN // 08.11.2018 à 08h13

    A la lecture de ce procès, il semble qu’il y ait eu un dilemme politique qui a frappé et divisé la France.
    Deux visions politiques qui se voulaient pourtant patriotiques.
    L’une était l’espoir d’une Europe libérée de l’empire britannique en acceptant provisoirement la domination allemande et avec le projet dans un deuxième temps de libérer la Russie du soviétisme.
    L’autre de libérer la France de l’occupation allemande, mais sous domination anglo-américaine et d’accepter la division en deux blocs.
    De Gaulle a voulu que la France soit dans le camp des vainqueurs, pour lui éviter la mise sous tutelle américaine et, par la suite, pouvoir bouter l’OTAN hors de France, pour la rendre indépendante des deux blocs.
    Après le départ de De Gaulle, à coup de mai 68 et autres moyens, les vainqueurs ont réussi à soumettre l’Europe occidentale.
    Après la chute de l’union soviétique, ces mêmes « vainqueurs » espèrent encore soumettre la Russie, le dernier bastion européen qui leur échappe.
    Il ne s’agit de ma part que d’une vision globale, d’une impression d’ensemble qui mérite surement d’être discutée.

      +36

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    • Guadet // 08.11.2018 à 11h04

      De Gaulle me semble beaucoup plus patriote que Pétain. Ce dernier et ses services de collaboration avaient plutôt en vue une Europe autoritaire, sous inspiration allemande, et tournée contre la Russie. Étant donné par ailleurs qu’Hitler était un grand admirateur de l’empire britannique et des USA, avec leur impérialisme mondialiste et leur racisme, et qu’il aurait préféré être l’allié de ceux qui étaient son modèle, on peut dire que Manu est un parfait disciple de Pétain.
      À part que le problème est complexe et que beaucoup de collabos croyaient en effet lutter aussi contre l’impérialisme anglo-saxon. Mais c’est comme certains européistes très naïfs d’aujourd’hui.

        +7

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    • Ledufakademy // 08.11.2018 à 11h43

      Faites vous vous même votre opinion :
      https://youtu.be/3CWagIf0T3M
      Il y a plusieurs vidéos pour avoir la totale.
      Je répète ce que j’ai dit a Olivier …
      1- Se mettre dans le contexte historique, l’antisémitisme y était assez banalisé (cf conf de Zemmour a la grde synagogue de Paris)
      2- De Gaulle a joué son rôle de la France libre, en expat.
      3- La résistance les gaziers pas toujours très net non plus
      4- Le maréchal à lui aussi fait le sale boulot en tant qu’occupé pas l’Allemagne nazie

      C’est une des histoires de cette période, les vainqueurs l’écrivent et uniquement eux.

        +9

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      • Emmanuel // 09.11.2018 à 20h33

        « Le maréchal a lui aussi fait le sale boulot en tant qu’occupé par l’Allemagne nazie » : dites-le à ceux qui se sont battus du côté de la Résistance, y compris à ceux qui ont été capturés et torturés par la Milice…. sale boulot en effet, et à relire les attendus de la cour, il semble que Pétain ait bien fait le job non sans une certaine vocation. Triste sire, qui ne mérite pas d’écorner les livres d’histoire.
        Aujourd’hui, c’est malheureux de choisir cette personnalité au moment de la commémoration du centenaire….. A moins qu’il ne s’agisse ni plus ni moins d’une opération de diversion. Il faut bien donner quelques sujets de discussion pour le journal du 20 heures, vu qu’il n’y a plus rien au magasin….

          +1

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    • Blabla // 08.11.2018 à 11h46

      De Gaulle faisait (ou tentait de faire) ce que font les Britanniques avec l’Europe continentale et les USA avec le monde : jouer avec la seconde puissance pour limiter l’influence de la première (Allemagne/France ou Chine/Russie).
      C’est la meilleure façon d’éviter de se retrouver avec une laisse sur le cou, mais la servitude semble avoir des charmes que je ne comprends pas auprès de nos dirigeants

        +9

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  • Caliban // 08.11.2018 à 08h21

    Les historiens ont fait et refait l’histoire de M. Pétain, qui était ministre sous quasiment tous les gouvernements de l’entre-deux guerres. Il était de fait devenu un homme politique, même s’il avait la sagesse de ne pas exposer au grand jour sa vision réactionnaire de l’histoire de France. Son accession au sommet de l’Etat doit
    • un peu aux circonstances (personne ne lui aurait confié les manettes)
    • à ses intrigues de couloir
    • à la mémoire de la boucherie de 14

    C’est cette mémoire que M. Macron manipule aujourd’hui. A des fins bassement politiques, il exhume le cadavre de Pétain : cela ne coûte rien à son budget et cela fait le « buzzzz ».

    Mais quitte à nous prendre pour des imbéciles et à nous faire respirer à loisir du « parfum des années 30 », pourquoi ne pas pousser un peu la comparaison. Deux hommes politiques qui avancent masqués pour accéder au pouvoir et qui une fois en place trahissent la République qui les a pourtant nourris, éduqués, élevés …

    N’est-ce pas cette commune trajectoire politique qui serait la raison de la mansuétude de M. Macron à l’égard de M. Pétain ?

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  • Evariste // 08.11.2018 à 08h25

    Ce document hisotrique (grand merci à OB) est absolument essentiel parce que les attendus de la cour montrent de façon implacable la haute trahison de Pétain.
    Ce n’est pas par plaisir de remuer de vieux souvenirs. On ne peut pas s’empêcher de voir le parallèle entre l’idéologie qui animait Pétain, Laval etc et celle des « élites » macronistes qui, dans un contexte différent mais avec la même détermination, veulent à nouveau dissoudre le pays dans une europe dirigée par un pays qui, lui, renonce moins que jamais à sa souveraineté, l’Allemagne. Certes il n’y a plus l’obsession raciste antisémite (quoi que…) mais il y a toujours la peur du peuple, méprisé et qu’on n’hésite pas à violenter lorsqu’il s’insurge.
    Pour l’anecdote, il y a 35 ans mon père m’avait dit « j’espère que jamais l’Allemagne ne se réunifiera car si cela arrive elle redeviendra une puissance dominatrice et dangereuse ». Pour ce résistant de la première heure, par ailleurs excellent connaisseur de l’Allemagne d’après guerre (où je suis né…), ce n’était pas une crainte irrationnelle ou bêtement germanophobe. La trahison actuelle des « élites » françaises, leur fuite en avant et leur allégeance hallucinante à la politique allemande, sont autant de signaux qui annoncent le bégaiement d’une Histoire qu’on aurait tort de jeter dans l’oubli.

      +47

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    • Ledufakademy // 08.11.2018 à 12h21

      Tu as raison rallumez la flamme anti-allemande.
      On lit de tout parfois

        +1

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  • Gabriel51 // 08.11.2018 à 08h27

    Les moralistes nous fourvoient en méprisant la réalité historique.
    Capitaine, de Gaulle travailla pour Pétain.
    N’en déplaise aux révisionnistes et autres manichéens, Pétain fut un héros en 1918 ET un salaud en 1940.
    L’histoire n’est pas une promenade de santé.

    Quels sont les états de service des moralistes ?

    Pascal : « La vraie morale se moque de la morale ».

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    • Caliban // 08.11.2018 à 12h56

      Merci pour votre leçon sur l’Histoire

      Seul hic, elle n’est pas faite pour juger des hommes mais pour décrire des faits.

      Donc on récapitule les faits. Voici la vision que les Français ont eu de Pétain aux différentes époques :
      • en 1918 Pétain est célébré comme le général ayant mis fin aux boucheries inutiles de Joffre et comme un gradé proche des troupes (avec ce bémol qui n’est pas passé inaperçu à l’époque, celui d’avoir fait fusillé des soldats pour l’exemple)
      • en 1940 Pétain est encore célébré par une majorité de Français comme étant celui qui va sauver la France d’un châtiment des boches
      • en 1944 Pétain est lâché de toutes parts pour sa politique de Collaboration

      Les historiens ont établi depuis qu’il ne fut pas ce vieillard gâteux manipulé par Laval, telle que la France gaullienne a voulu le présenter dans une volonté d’apaisement national. Pétain avait un vrai projet réactionnaire / contre-Révolutionnaire depuis les années 30.

      Pétain n’était donc ni un salaud, ni un héros, mais un homme politique d’extrême-droite qui a tenté de profiter des circonstances de l’Occupation allemande pour mener à bien son projet réactionnaire, la Révolution nationale.

      L’Histoire ne juge pas, elle décrit les faits tels qu’ils se sont passés, au moment où ils se sont passés. A ne pas confondre avec la Mémoire, qui elle est hautement subjective et manipulable 🙂

        +28

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      • LH // 08.11.2018 à 13h54

        Dans votre recherche d’objectivité historique, vous avez tout de même jugé utile de rajouter « d’extrême-droite » pour le désigner.

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        • Le Minotaure // 08.11.2018 à 17h18

          « Quels sont les Etats de service des moralistes ? »

          Je pense que peu d’entre eux ont été complices actifs d’un génocide, ce qui les place tous au dessus de Pétain.

            +3

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          • LH // 08.11.2018 à 17h43

            Commentaire affligeant de niaiserie et de bêtise. Comme avait dit Mitterrand dans une célèbre interview, en substance, comment ces moralisateurs se seraient comportés dans ces années là? Dans quel camp se seraient-t-ils trouvés?

              +7

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            • Le Minotaure // 08.11.2018 à 18h25

              La grande majorité des gens à cette époque n’ont été ni dans un camp ni dans l’autre. Ils ont fait le dos rond dans le contexte d’une occupation militaire étrangère relayée par un régime ultra-repressif. Ca n’a rien de glorieux mais ça reste infiniment moins avilissant que l’action de Pétain et des autres hommes à la tête des institutions de Vichy.

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            • LH // 08.11.2018 à 18h38

              Il n’était pas question de « la grande majorité des gens » et encore moins des gens de l’époque, uniquement des moralisateurs actuels.

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            • Le Minotaure // 08.11.2018 à 19h03

              En tout cas, il est difficile de présenter des « états de service » plus déplorables que ceux de Pétain en 1940-1944.

                +7

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        • Caliban // 08.11.2018 à 17h36

          @LH

          Le terme extrême-droite est un courant politique qui va de 1789 à aujourd’hui, fait de :
          • réaction, c’est à dire la condamnation des principes révolutionnaires (c’est la composante Réactionnaire, littéralement la volonté d’un retour en arrière, présente dès la Révolution et incarnée d’abord par les Nobles et les curés)
          • nationalisme fermé (composante qui est apparue au XIXe avec l’avènement des Nations … avant on avait des fiefs, puis des royaumes, puis « on est chez nous ! »)
          • racisme racialiste (à la même époque, avec un fort développement en France pour justifier sa « mission civilisatrice » et sur des bases pseudo-scientifiques extraites d’un darwinisme mal digéré)

          Pétain qui est un homme du XIXe est un condensé de ces composantes propres à l’extrême-droite.

          Bien évidemment aujourd’hui l’extrême-droite a muté mais on retrouve bien ces traits profonds.

          Le racialisme a certes changé de forme car ce discours n’est plus tenable, le racisme est désormais davantage culturel (l’idée de cultures fondamentalement incompatibles, suivez mon regard vers le Sud et Huntington)

          Et la « résurrection » de Pétain par l’officialité est du pain béni pour la SARL Le Pen, cela fait des décennies qu’ils essaient de sortir son cadavre du placard, et avec lui gratter la plaie de la Collaboration.

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          • LH // 12.11.2018 à 11h44

            Je connais bien cette explication usuelle de l’extrême droite, merci.

            « Courant » politique, « fait de ». Il n’y a pas de définition claire de ce que signifie « extrême droite », on ne parle pas d’un axiome mathématique mais d’un « courant » (terme déjà originellement assez vague pour rester dans le thème…). Et en partant de 1789, vous y mettez donc toute une série de mouvements politiques forts différents.

            Ce terme ne peut que desservir une compréhension fine de l’histoire tant chaque mouvement politique se doit être étudié en regard du contexte historique dans lequel il s’inscrit.

            Extrême droite est un terme utilisé bien trop gratuitement, à l’instar de facho, raciste, xénophobe, pour jeter l’anathème et le discrédit d’emblée sur une personne ou un mouvement politique.

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  • Pierre Kiroul // 08.11.2018 à 09h02

    Si je ne me trompe pas, nous célébrons le centenaire de la Victoire de 1918, c’est-à-dire le 11 novembre 1918, et non pas le 8 mai 1945. Pourquoi vouloir absolument tout mélanger ? Une volonté de prouver quelque chose ? Un intérêt caché ? L’intention d’attirer l’attention sur autre chose que ce que l’on est en train de célébrer ?
    L’Histoire est l’Histoire, et toute tentative d’interprétation dans un sens ou dans un autre me paraît tendancieuse ou du moins partiale. C’est évident, il y a eu deux Pétain ; celui de la guerre 1914-1918, et le deuxième Pétain de la guerre 1939-1945. Ils doivent être étudiés séparément dans deux contextes différents. Honnêtement et impartialement, sans parti pris ni faiblesse. Pourquoi vouloir absolument réécrire l’histoire telle qu’elle s’est déroulée, et en tirer des conclusions toujours discutables ?

    P.S. : Quand aux grands inquisiteurs et juges qui condamnent sans faiblesse et sans risques les acteurs d’une époque qu’ils n’ont pas vécue, je leur conseillerais de ne pas creuser trop non plus en matière d’Histoire de la guerre 1939-1945 (spécialement la période 1939-1940), car si je me souviens bien un certain Mitterrand… et d’autres. De ce côté là cela n’a pas été très brillant non plus.

      +19

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    • Le Minotaure // 08.11.2018 à 17h43

      Mitterrand et Pétain c’est le même moule idéologique dans les années 1930. Par ailleurs, sans l’exonérer, la responsabilité de Mitterand à l’époque n’est pas du même ordre. Il n’y a qu’une poignée d’hommes qui peuvent prétendre à une responsabilité aussi importante que Pétain dans la mise en place de la Révolution nationale, la collaboration et la complicité à la mise en oeuvre du génocide des Juifs en France.

      Et oui, ce Pétain est bien le MÊME homme que celui de 1916, ce qui rend problématique qu’on lui rende hommage.

        +3

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    • Emmanuel // 09.11.2018 à 20h58

      Désolé, mais jusqu’à preuve du contraire, une personne humaine ne peut pas être divisée en deux parties distinctes – c’est pourquoi on dit « un individu ». D’où l’ineptie de vouloir réhabiliter un « morceaux » de Pétain. D’ailleurs, quand les politiques parlent d’histoire, ils font de la politique, et surtout pas de l’histoire. Donc la question est : quel est le sens politique de Macron à vouloir « relativiser » Pétain : peut-être justement être raccord avec son « en même temps ». Mais là, il apporte la démonstration de la fausseté de cette « philosophie » ; ou peut-être une version « post-moderne » de la collaboration…Enfin, pour ajouter un commentaire à votre post-scriptum, les attendus du jugement sont là et suffisent à eux-mêmes. Juger un tel jugement, ce serait un peu présomptueux !

        +1

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  • ima // 08.11.2018 à 09h11

    De Gaulle avait raison, Pétain était devenu un paon à qui il fallait tous les pouvoirs tous les honneurs, le premier nommé servi de nègre au second afin qu’il accède à l’académie française !
    De 1922 à la seconde guerre mondiale, c’est lui qui décida de tout au niveau armée (de terre) et armement, il est LE responsable de la débâcle qu’il souhaitait depuis longtemps, grand admirateur de Mussolini qu’il était. Dans cette droite ligne, il aida au développement dans l’armée des réseaux d’extrême droite.
    Par contre je ne sais pas la raison qui le fit passer au rang de héros lors de la 1ère guerre mondiale, si ce n’est sans doute d’être un peu moins inhumain (juste un peu) que ses collègues vis à vis de la piétaille.
    Il n’a pas supprimé les fusillés pour l’exemple, mais juste réduit leur nombre.
    Cela dit, il était l’archétype de l’étoilé de cette période, toute arme confondue, dont la seule ambition était de faire tomber « la Gueuse », la République.

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    • UnKnown // 08.11.2018 à 17h45

      Les responsables de la débâcle de 40, ce sont Gamelin et tout le système de la 3è République.
      Quand à l’action de Pétain à Verdun, elle fut basée sur un simple constat: la dureté des combats était telle que le moral de la troupe s’effondrait, il fallait améliorer la condition du soldat, point. Meilleure nourriture, freinage au sujet des exécutions, retour des permissions pour les poilus, etc, bref toute la logistique et le soutien qu’il faut pour maintenir le niveau de combativité, et qui n’existait pratiquement pas à Verdun avant son arrivée.
      Il n’est certes pas le responsable direct du dégagement des forts et de la victoire dans cette mêlée sanglante, mais sans les normes qui ont été mises en place durant son passage, Nivelle et les autres généraux auraient eu à disposition des troupes dans un tout autre état.

      Et la généralisation des mesures prises par Pétain fait que l’Armée Française, malgré les affres des combats et l’absurdité récurrente de ses offensives, est une armée plutôt épargnée par la désertion. (au contraire de l’armée Allemande, qui s’effondre progressivement dès la fin 1916, avec entre 700 000 et 2 000 000 de déserteurs, ou encore l’armée Italienne, dans les 200 000 déserteurs alors que les officiers Italiens traitaient leurs hommes comme des chiens)

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    • Emmanuel // 09.11.2018 à 21h12

      Vous avez raison de soulever, ce qui pour moi demeure un mystère, surtout de la première guerre mondiale : comment cette boucherie a pu avoir lieu. Les documentaires qui montrent l’état de choses, laissent pantois…. on a envoyé des hommes se faire massacrer comme des mouches face à des mitraillettes et sous une pluie d’obus….par millions. La décence de l’histoire serait de ne pas « panthéiser » tous ces généraux et maréchaux (si géniaux (sic !)), quels que soient leur bord, qui ont pris part à ce massacre. Pour qui aime la littérature, souvenait vous du début de « Voyage au bout de la nuit » de Céline : témoin de son époque, il exprime exactement la « connerie » de la situation…Mettez-vous à la place d’un marsien qui aurait assisté à cette guerre : il se serait dit, ils sont fous (et vraiment stupides) ces humains !

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      • UnKnown // 12.11.2018 à 11h32

        Le dogme militaire en place à l’époque chez chaque belligérant est le principal responsable de ce gâchis en hommes (d’un point de vue militaire). Des concepts et doctrines d’emploi complètements dépassées par rapport à la réalité technologique: A savoir, une disproportion dans la puissance de l’artillerie et des armes d’infanterie, qui contrent absolument toute possibilité d’offensive « à l’ancienne ». On en est encore en 1914 à penser les batailles avec des colonnes d’attaques qui vont engager l’ennemi une fois arrivé à 200/300m de lui, par volées de carré d’infanterie, quand le fusil en dotation est capable de tirer 10 coups à la minute avec 2000m de portée…

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  • Fritz // 08.11.2018 à 09h16

    Je pense personnellement que Philippe Pétain aurait dû être fusillé après sa condamnation. D’autres maréchaux de France avaient été exécutés, comme Michel Ney en 1815. Celui-ci avait trahi les Bourbons, celui-là a trahi son pays après l’avoir défendu magnifiquement en 1916 et 1917. On en a fusillé pour moins que ça.

    La partie « complot prémédité » avec mention du CSAR me semble la plus faible de l’acte d’accusation. De Gaulle s’en irritait, car c’est l’armistice réclamé à cor et à cri par Pétain et Weygand qui était pour lui la faute capitale. Ni l’un ni l’autre ne parlaient d’abattre « la Gueuse ». Ajoutons que le procureur Mornet (et son acolyte Bouchardon) ne suscite guère la sympathie, et sa tombe dans l’Indre est complètement abandonnée.

    https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article4081

    Mornet, c’est celui qui voulait faire fusiller Laval sur son brancard, après la tentative de suicide au cyanure de Pierre Laval, au matin de son exécution (Fred Kupferman, Laval, Tallandier, p. 595).

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    • Jean Neymar // 08.11.2018 à 12h08

      [modéré] je me permets de citer un extrait de l’introduction aux « Impressions d’audiences » , chroniquées par le grand Léon Werth, en page 13 :
       » Le procureur général Mornet – l’homme qui condamna Mata Hari mais qui surtout a travaillé pendant l’Occupation, bien qu’il fût à la retraite, à la commission de révision des naturalisations et fait ainsi déporter près de sept milles personnes »

      Tout Léon Werth est à lire, en particulier Clavel soldat si l’on s’intéresse à la première guerre mondiale.

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    • ima // 08.11.2018 à 14h35

      Mon cher Fritz, relisez l’Histoire, pas celle écrite par les cireurs de bottes de nos généraux factieux mais celle s’appuyant sur les archives, celle où les yeux se dessillent, ce fut pour moi la participation de Mermoz au titre de n°2 des Croix de Feu de de La Roque ! Plus de 50% du conseil supérieur de la guerre était sous la coupe de la Cagoule, les 3 armes confondues !
      Bien sur qu’il était question d’abattre la Gueuse et tout ce que représentait la République, surtout après le Front Populaire et l’obligation, pour la classe hyper dominante de reconnaître certains droits au peuple, un minimum mais trop encombrant pour ces gens !

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      • Fritz // 08.11.2018 à 17h59

        Mermoz croix-de-feu ! Ciel ! Excusez-moi, mais je le savais depuis de longues années…
        Où est le problème ? Les Croix-de-feu, c’est bien le mouvement qui a refusé de prendre d’assaut le Palais Bourbon le 6 février 1934 !

        Tant que vous y êtes, conseillez-moi l’audition recueillie d’ Henri Guillemin !
        Et dans votre zèle prosélyte, vous avez oublié la fameuse formule : « Plutôt Hitler que Blum » … Dommage que ces mots aient été imputés par Emmanuel Mounier à la bourgeoisie, et jamais prononcés au premier degré ! Si on en croit les archives, celles où les yeux se dessillent…

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  • villegagnons // 08.11.2018 à 09h17

    Il y a le discours et l’intention du discours surtout quand un discours est adressé aux Français.
    Macron parle aux français, comme de Gaulle, dans ses Mémoires, a voulu parler aux français en sauvant l’honneur du général Pétain (et pas celle du Maréchal), qui par son Traité de réforme de l’armée a fait économiser beaucoup de pertes humaines à notre nation : (il a tiré en gros les leçons stratégiques des boucheries pour penser d’autres stratégies militaires qui seront reprises par de Gaulle) :
    https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Guerre_mondiale_1914-1918
    Je pense que Macron souhaite dire aux Français que beaucoup se sont lavés les mains en faisant porter le chapeau à leurs supérieurs alors que la collaboration passive frôlait souvent la collaboration active. A tel point que lors des purges, les délations étaient difficiles à vérifier et que certains militaires ont pu être fusillés par erreur ou, au contraire, qu’on aurait pu fusiller beaucoup plus de monde que l’on ne le croit…Mais il fallait suturer la plaie au plus vite. Macron souhaite nous dire qu’il n’y a une frontière ténue entre l’activisme et la passivité, qu’il revient à chacun de ne pas reproduire les erreurs du passé, que finalement le pêché par omission est un pêché comme les autres.
    C’est un discours moraliste de droite normalement mobilisateur. « mobiliser » est le verbe « d’en marche ».
    Se mobiliser, c’est aussi s’engager dans l’armée ou tout autre mobilisation qui soit dans l’intérêt de la France.
    Mais surtout, se mobiliser c’est être toujours être mobile comme kairos, c’est voiler toujours et encore sa position à l’ennemi. Toute histoire nationale doit être fausse pour ne pas que l’ennemi identifie nos faiblesses.

      +10

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    • Yannis // 09.11.2018 à 20h02

      Comprendre c’est aussi excuser comme dirait l’autre… Macron est juste en train d’instrumentaliser l’histoire récente de France, on verra bien ce que l’Histoire fera de cet ectoplasme.

      J’ajouterai que comme Macron, une grande partie de la population française est devenue nihiliste, adore se flageler ou invectiver son voisin de tous les meaux. Elle n’est plus fière ni de sa culture et de sa philosophie, de ce qui s’appelle encore l’esprit, ni des plus beaux épisodes de son histoire, Hop là, avant de me faire traiter de vilain souverainiste nationaliste réac, je donnerai juste l’exemple de la Révolution, évènement hautement emblématique, qui n’appartient pas que à l’histoire de notre pays, mais à celle de l’humanité. Un héritage qui est de plus en plus minimisé, car finalement les grandes directions politiques ne sont pas si diverses. Aujourd’hui c’est la réaction et le conservatisme qui partout sont mis en avant, sous toutes ses formes, selon toutes les stratégies possibles.

        +1

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    • Emmanuel // 09.11.2018 à 21h38

      Sur le premier point, ça se défend en effet, compte tenu du souvenir de la boucherie de la première guerre. En revanche, il y a une différence entre collaborer activement, ou simplement s’abstenir, ou encore résister ou s’opposer activement. Et cela porte sur les petites choses comme sur les grandes choses. C’est quand même une leçon de la vie de pouvoir faire cette distinction. Ce n’est pas la même chose. De là à vouloir faire porter le chapeau à d’autres, à vouloir trouver des boucs émissaires, ou à vouloir faire la morale….que nenni !

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  • Sam // 08.11.2018 à 09h22

    https://www.youtube.com/watch?v=DuWkjVhgm_E
    5h de Henri Guillemin sur Pétain.
    Il y a de nombreuses autres sources qui attestent que Pétain est tout sauf le « héros de Verdun », qui serait plutôt Nivelle mais qui après le désastre du Chemin des Dames tombe en disgrâce.

    De plus, l’indignité nationale lui ôte son titre de Maréchal : « perte du rang dans les forces armées et du droit à porter des décorations ».
    Par son hommage, Macron commet donc un acte illégal, en plus d’être lui même indigne.
    Le macronisme est un néo-pétainisme, d’où l’hommage j’imagine…

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    • Alfred // 08.11.2018 à 11h31

      Le macronisme est AUSSI un amateurisme. Cet hommage c’est juste de la poudre aux yeux inconséquente, de la com pour occuper les tv et faire oublier le prix de l’essence. C’est rien. Vous avez déjà passé plus de temps à refléchir sur le sujet que le micron lui-même (sans parler de ses ministricules).

        +17

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      • Gravart // 08.11.2018 à 23h35

        “de la com pour occuper les tv et faire oublier le prix de l’essence”

        Vous vous compliquez encore trop la vie, tout ça c’est juste un calcul électoraliste. La seule question qui vaille est : Qui Macron peut-il encore draguer et peut-être séduire?

          +4

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    • Fredp // 08.11.2018 à 20h07

      Notre Président sait très bien de quoi il parle et ce qu’il fait. Il a d’ailleurs repris le slogan « En marche ».
      Pas la peine d’aller chercher plus loin, il nous dit clairement toute la vérité et pourquoi il est là.
      « La réalité dépasse la fiction »

        +3

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  • Jefresi // 08.11.2018 à 09h22

    En ces jours de commémoration de la fin de la première guerre mondiale, en passe de devenir la commémoration de toutes les guerres (joyeux méli-mélo en perspective) le rappel du jugement de Pétain et de ses acolytes montre que l’histoire est faite par les hommes et que certains y ont une place prépondérantes pour en entraîner d’autres dans leurs sombres destins. En lisant ces documents il n’est pas possible de ne pas faire de parallèle avec la situation politique actuelle. Il est notoirement dommage que le rôle des partis politiques tant en 1914 qu’en 1940, pour ces deux guerres mais pas seulement, n’ont pas été évoqués dans les attendus. En fait, ce jugement n’évoque que certains faits provenant d’individus en charge de la gestion des intérêts d’une classe sociale exerçant le pouvoir pour son compte au détriment du plus grand nombre qui le subissent…

      +4

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  • Marie // 08.11.2018 à 09h35

    Reconnaître l’artisan de la victoire de 1918 ce n’est pas occulter la capitulation du vieil homme quelques années plus tard. Ou alors c’est du révisionnisme…Les groupes de pression ont un pouvoir effrayant…

      +8

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    • Caliban // 08.11.2018 à 13h00

      « l’artisan de la victoire de 1918 »
      … euh ? vous êtes sûre de vous ou c’est juste parce que c’est écrit dans les manuels ?

        +10

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    • Chris // 08.11.2018 à 15h08

      Les poilus furent artisans de la victoire de 1918. Sans eux, rien n’advenait.
      http://expositions.bnf.fr/guerre14/pedago/03.htm
      Proportionnellement à sa population, la France est, parmi les belligérants de la Première Guerre mondiale, le pays qui a perdu le plus grand nombre d’hommes : un soldat sur cinq y est mort (plus d’1,4 million au total).
      Mais c’est sans compter plus de trois millions de blessés dont près d’un million a droit au versement d’une pension d’invalidité (600 000 invalides, 300 000 mutilés et amputés, 42 000 aveugles, 15 000 gueules cassées).
      100 000 « soldats de la honte », marqués psychologiquement par la guerre, ne furent jamais pris en considération mais plutôt stigmatisés comme lâches, tout comme les « mutilés volontaires ».

        +9

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      • Malbrough // 09.11.2018 à 06h08

        Je n’est pas le souvenir que les poilus de 14/18 vénéraient leurs généraux qui les envoyaient au massacre sans vergogne par dizaines voire centaines de milliers , massacres souvent parfaitement vains et inutiles .( attaques sous le feu de mitrailleuses parfaitement encasematées, des canons lourds , sur des hauteurs , et de l’aviation …)
        Lire à ce sujet le « gâchis des généraux » en ldp
        Vraiment quand je pense à la guerre de 14/18 je pense essentiellement aux souffrances infinies des soldats martyres , mais pas au commandement bien à l’abri , faisant ripaille et effectivement pour la plupart nostalgiques de la monarchie et défendant les intérêts de la grande bourgeoisie .(le sabre et le goupillon)
        Comment peut on se réunir devant la flamme du soldat inconnu ou devant les monuments aux morts et faire l’apologie d’un Pétain ou tout autre haut gradé dont tous sont sortis vivants et décorés ?

          +11

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    • Babar // 08.11.2018 à 18h29

      Il n’y a pas 2 « Pétain », ce sont 2 périodes différentes de la vie du même homme. Pétain, peu avant la seconde guerre mondiale avait été nommé ambassadeur à Madrid ou il était proche de Franco lequel traitait avec Hitler. Par ailleurs il se voyait un destin national, et c’est en raison de sa notoriété acquise lors de la 1ère guerre mondiale qu’il a pu se faire appeler à la tête de la nation, avec l’assentiment de la puissance occupante lors de la débâcle. Il y a donc une continuité dans le personnage et louer la première partie de sa vie ne peut que choquer les parents des victimes de camps de concentration dont on sait désormais que Pétain avait de sa main, aggravé les conditions de désignation des juifs pour la déportation.

        +6

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    • Caliban // 08.11.2018 à 19h34

      @Chris

      Dans le fond je suis évidemment d’accord, ce n’est pas un gradé qui par son génie a fait gagné la bataille. C’est une façon de faire l’Histoire qui n’a plus court.

      Mais d’un point de vue philosophique, je ne suis pas certain qu’il y ait eu une victoire de qui que ce soit. Vous rappelez vous-même les chiffres de ce massacre d’innocents victimes endoctrinées par le nationalisme et la soif de revanche.

        +2

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  • Fritz // 08.11.2018 à 09h37

    Maintenant, pour être équitable, il faudrait reproduire les plaidoiries des avocats de Pétain.

      +20

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    • Ledufakademy // 08.11.2018 à 12h25

      Pas mieux.

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    • Chris // 08.11.2018 à 15h09

      En effet, ce serait intéressant à défaut d’être équitable.

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  • Ardéchoix // 08.11.2018 à 09h38

    Dans les pas du maréchal Pétain, un homme Joseph Darnand qui reçoit la médaille militaire le 25 juillet 1918 des mains du général, après un coup de main en 1918 qui fait basculer la guerre. Ou comment on passe de héros de guerre en 1918 à boucher des Français en 1940.
    https://www.dailymotion.com/video/x42jops

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    • Fritz // 08.11.2018 à 09h51

      C’est la responsabilité de Pétain : amener des héros comme Darnand à la kollaboration, à l’infamie, et au poteau d’exécution, le 10 octobre 1945.

      Et en plus, Pétain s’est lavé les mains lorsque la situation s’est retournée contre Darnand (lettre de Pétain à Laval, 6 août 1944 : « la tache la plus honteuse de la période troublée que nous traversons ») . C’est infect. Darnand a répondu à Pétain le 11 août :

      « Pendant quatre ans, j’ai reçu vos compliments et vos félicitations. Vous m’avez encouragé. Et aujourd’hui, parce que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’Histoire de France ? On aurait pu s’y prendre un peu plus tôt »

      Darnand est mort debout, Pétain est mort couché dans son lit.

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  • R. // 08.11.2018 à 09h59

    Cette polémique est absolument déplacée. Refaire ou simplement confirmer le procès de Pétain en 45 est simplement hors de propos. On peut trouver assez à redire sur le médiocre et toxique Macron sans mélanger les deux guerres, et si on parle des héros de la première, Pétain en fait partie.

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    • Sandrine // 08.11.2018 à 11h08

      En 1916, Petain a gagné une bataille (enfin, pas tout seul, bien sur) mais en 1940, il a fait perdre la guerre à la France. Avec cette défaite la France a perdu définitivement tout crédit international et son rôle mondial, depuis, n’a cessé de décliner. L’incroyable tour de passe-passe de de Gaulle pour faire figurer la France malgré tout dans le peloton de tete du camp des vainqueurs en 45 n’a pas survécu au général. Par contre, l’effondrement de 1940 est dans toutes les mémoires.
      Pétain est une sorte d’archétype, un symole de cette partie des élites françaises qui n’a plus foi en la France depuis la révolution française et qui à l’image des émigrés de Coblence croit pouvoir trouver son salut du coté de l’Allemagne.

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      • Le Minotaure // 08.11.2018 à 17h49

        C’est tout a fait lié, c’est le même homme. Il y a une différence entre décrire le rôle de Pétain à Verdun et lui rendre un hommage officiel de la République.

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      • Jérôme // 08.11.2018 à 22h56

        Vous commettez un contresens. Il y avait des collaborateurs anti-allemands, et Pétain en faisait partie. Ils se sont fourvoyés parce qu’ils ont cru pouvoir préparer le redressement de la France et sa libération du joug allemand de l’intérieur. Or c’était une absurdité parce que les allemands n’étaient pas idiots et disaient qu’ils ne laisseraient jamais la France se redresser.

        Ceux qui ne croyaient plus en la France, c’etaient les pacifistes qui préféraient se soumettre à l’Allemagne que de devoir la combattre parce que « plus jamais ça ! »

        Les mêmes qui voulaient déjà faire l’Europe supranationale dans l’entre d’eux-guerres avec la république de Weimar, et qui voudront de nouveau la faire après la 2ème guerre mondiale avec l’Allemagne dénazifiée et cette fois sous tutelle américaine.

        Je vous renvoie à Simon Epstein.

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        • Sandrine // 09.11.2018 à 09h38

          Je suis désolée, mais les faits sont là. Dans le camp de la droite réactionnaire à laquelle appartenait Pétain, y avait certes beaucoup de germanophobes convaincus, mais certains ont fait le choix de se battre jusqu’au bout au coté du Général de Gaulle, tandis que d’autres ont cru à la supériorité technique des Allemands et se sont agenouillés devant eux.

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          • Le Minotaure // 09.11.2018 à 12h47

            Il faut arrêter de réduire la collaboration de Pétain a une grosse erreur d’appréciation stratégique.

            Certes Pétain espérait sans doute rétablir l’influence de la France, mais il partageait la vision politique des nazis sur énormément de points. Il a intrigué et profité de la défaite pour abattre la République et instaurer un régime ultra-répressif et réactionnaire qui a toutes les caractéristiques du fascisme. Il a participé à plein au génocide des Juifs européens, encouragé la « croisade européenne contre le bolchevisme », c’est à dire une des invasions les plus abominables de l’Histoire de l’humanité.

            Bref le problème de Pétain n’est pas qu’il s’est fourvoyé, mais que le programme politique de la Révolution nationale convergeait sur beaucoup de points avec le nazisme.

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          • Jérôme // 10.11.2018 à 02h07

            Je n’ai jamais dit le contraire, Sandrine.

            Mais dans la faible minorité des gens d’extrême-droite, il y a eu les plus gros contingents de résistants de la 1ère heure. Jusqu’au 22 juin 1941 et au basculement des communistes, les résistants les plus nombreux sont des gens très à droite (Leclerc, Messmer, d’Astier de la Vigerie, Cordier, , Heurtaux, de Wavrin, Guillain de Bénouville, Armbruster, de La Bardonnie, Hettier de Boislambert, Mangin fils, Tissier, … etc).

            Les gros bataillons de la collaboration ce sont les modérés allant du centre-droit à la gauche non communiste. Avec le pompon qui revient à Déat et Doriot qui étaient de gauche dure.

            Bref, la collaboration n’a rien de spécifiquement de droite ou d’extreme droite. La gauche collabo, le centre collabo et le centre-droite collabo en ont juste fait les boucs émissaires des fautes qu’ils ont commis ensemble avec la petite minorité que représentaient des gens d’extrême-droite parmi les collabos.

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            • Sandrine // 10.11.2018 à 09h41

              La fascination pour l’Allemagne a de toute façon toujours été le cas d’une frange plutôt libérale de l’elite (Qu’on se rappelle Grrmaine de Stael et son « De l’Allemagne »).

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            • Le Minotaure // 10.11.2018 à 21h01

              Déat et Doriot n’étaient absolument pas de la gauche dure. Ils étaient issus de la gauche (SFIO et PC) et ont dérivé vers ma DROITE, pas vers la gauche. Les Néo-socialistes ont rompus sur la question de la rupture avec le capitalisme. Doriot organise en 1937 le Front de la liberté avec plusieurs partis de droite et conservateurs, avec l’anticommunisme comme axe de campagne.

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        • Jérôme // 11.11.2018 à 13h18

          Au Minotaure :

          Déat, un moment numéro 3 de la SFIO, ne l’a trouvait pas assez autoritaire. Vous appelez cela comment ? Moi, de la gauche dure.

          Quant au PCF où Doriot a fait toute sa carrière, si ce n’était pas la gauche dure et même alors l’extrême-gauche, alors le pape est athée !

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          • Sandrine // 11.11.2018 à 22h16

            Mussolini était aussi issu de l’extreme-gauche. Et pourtant, il est devenu ce qu’on sait.
            C’est ça le fascisme. La rupture avec les filiations et les traditions, mais dans un sens réactionnaire et non pas progressiste.

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          • Le Minotaure // 12.11.2018 à 12h49

            « Déat, un moment numéro 3 de la SFIO, ne l’a trouvait pas assez autoritaire. Vous appelez cela comment ? Moi, de la gauche dure. » Il la voulait plus autoritaire, plus nationaliste et abandonner l’idée de lutte des classes.

            Quand à Doriot, il a créer le PPF avec l’anticommunisme comme mot d’ordre central, en s’alliant en 1937 avec les partis traditionnels de la droite conservatrice.

            Ce n’est pas parce que des individus ont été à gauche ou à l’extrême gauche à une période de leur vie que cette étiquette reste pertinente plusieurs années après.

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      • Emmanuel // 09.11.2018 à 21h56

        Merci Sandrine de ce rappel : mon père qui a été contemporain de cette période, ne manque pas de le rappeler : l’effondrement de la France en 1940 (en 3 semaines ? – ce qui en dit long sur la situation ! ) – et De Gaulle écarté systématiquement, en particulier par les Américains ; la France ayant perdu tout crédit international. N’empêche que le « tour de passe-passe » de De Gaule apparait encore plus improbable : de quoi nourrir quand même quelque espérance….(!).

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  • s // 08.11.2018 à 10h24

    Un héros, ce n’est pas Pétain, c’est le soldat anonyme qui perd un bras, une jambe, revient paralysé parce qu’il a pris des éclats d’obus dans la colonne vertébrale, meurt, après une longue agonie à cause du gaz moutarde – entre autres- , se retrouve avec « la gueule cassée » et tout cela souvent à 20 ans. Alors franchement, faire de Pétain un héros …

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    • Ardéchoix // 08.11.2018 à 10h59

      Je vous rejoint complétement : les héros sont les soldats pas les généraux, dans un livre sur les combats de 14.18 une anecdote. Derrière les lignes un général avec la peur au ventre mais bien a l’abri dans sa casemate, demandait au planton situé devant la porte d’entrée chaque fois qu’un obus tombait pas très loin.
      – où il est tombé ?
      Et le soldat lui répondait avec humour.
      – parterre mon général .

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      • villegagnons // 08.11.2018 à 11h39

        C’est la raison pour laquelle Pétain n’a pas écrit un traité de stratégie militaire mais une « Histoire du soldat à travers les âges ». (manuscrit authentifié en 2011). Pétain a pensé la guerre en se mettant, pour la première fois de l’histoire, du côté des soldats et non du côté des généraux…Mais cette stratégie d’évitement n’a pas produit le but espéré. La capitulation entraîne la confusion entre le soldat et le civil. Le civil doit devenir soldat (résistant) et le soldat doit devenir anti-résistant (car il a capitulé). Tous les conflits actuels sont le produit de cette analyse… Plus on limite les pertes humaines militaires, plus le civil doit porter le tribut des guerres. C’est une question d’analyse temporelle, soit l’on paye le tribut tout de suite, soit on échelonne la dette sur des générations, en espérant qu’une génération annule cette dette en enclenchant un nouveau conflit dont l’issue serait la victoire.

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  • Serge WASTERLAIN // 08.11.2018 à 10h48

    Macron en voulant honorer Pétain comme Maréchal de France, le réhabilite et se déshonore auprès de la France, mais ne la déshonore pas.
    Honorer Pétain pour son rôle de chef des armées en 1918, c’est oublier qu’outre la peine de mort prononcée contre lui à l’issue de son procès, il a également été condamné à l’indignité nationale ce qui implique qu’il a perdu tout grade et décorations militaires et autres le 25 août 1945. C’est-à-dire que personne ne peut faire prévaloir sa nomination de général en chef des armées en mai 1917 et encore moins sa médaille militaire lui attribuée en août 2018, ainsi que son titre de maréchal de France et le bâton qui va avec. Seule lui reste le statut de combattant dans la limite, ou un général peut combattre !

    Pensons à tous les déportés de France, juifs, résistants, tziganes…, pensons aux soldats et résistants français et étrangers morts pour libérer l’Europe et la France du joug nazi, pensons aux centaines de milliers de prisonniers captifs en Allemagne, pensons aux STO, bref, pensons à tous ceux qui ont soufferts si pas à cause, grâce à la complicité de Pétain. Penser à ces morts qui se retournent aujourd’hui dans leur tombe et aux vivants qui n’auraient jamais cru vivre pareille humiliation ! Allons-nous les laisser bafouer de la sorte ! Avons-nous perdu à ce point le (bon) sens commun qu’aucune action de réprobation digne de ce nom ne se manifeste !

    Après avoir bradé Alstom quand il était Ministre de l’économie à General Electric, c’est-à-dire aux USA, fleuron mondial des turbines nucléaires indispensables à la propulsion de nos sous-marins et de bien d’autres industries stratégiques, Macron, ce triste sire vient de montrer une fois de plus qu’il n’a pas la stature d’être Président de la France et est indigne d’être le chef de nos armées et, comme celui qu’il a voulu honorer aujourd’hui, il mérite d’être jugé et condamné par la Haute cour de Justice de la République après avoir été destitué par sa petite sœur du parlement !

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  • Ando // 08.11.2018 à 10h51

    La France de 1940 n’avait pas vraiment envie d’une mobilisation totale contre l’Allemagne, comme celle qui fut conduite par Gambetta contre la Prusse. Nous n’étions plus vraiment une grande puissance et sans l’allié russe crucial de 1914 faire le poids face aux Allemands etait tache… compliquée . Vaincue en deux semaines le pays a accueilli avec soulagement l’armistice de Petain. La guerre ayant été gagnée par d’autres, même si la contribution de l’armée d’Afrique paradoxalement petainiste fut significative, il fallu bien une fois libérés du joug germain laver notre honneur ou plutôt notre blessure collective d’ego. On condamna donc le vieil homme qui nous avait aidé à renoncer. Petain a bien été un grand soldat en 1914 même s’il a sombré ensuite, et bien sûr il n’aurait jamais fallu accepter l’armistice en 1940.

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    • Alfred // 08.11.2018 à 11h43

      « Vaincue (sic) en deux semaines le pays a accueilli avec soulagement l’armistice de Petain… »
      Qu’est qu’il faut pas lire. Vous savez combien de soldats français sont morts en un moins et demi? 60000. Sans compter les blessés et les éclopés. Pour des gens qui « n’avaient pas envie de se battre » il semblerait quand même qu’un grand nombre a fait preuve de courage. Merci d’arrêter de leur cracher dessus à chaque fois que l’on parle de l’époque. Par certains l’armistice a été accueilli avec consternation. Dans ma famille on se souvenait de l’hébétude, de la colère et de la consternation. Jamais entendu parler de soulagement en 1940. Vous parlez peut être d’un milieu plus bourgeois?

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      • Le Minotaure // 08.11.2018 à 17h56

        60 000 soldats français tués et 38 000 allemands, soit un rapport de perte équivalent à celui de la première guerre mondiale, avec des combats d’une intensité terrible, notamment en juin APRÈS Sedan, sur les rives de la Meuse. À noter aussi la sèche défaite subie par l’armée italienne, venue participer dans les deux dernières semaines à la Curée, dans les Alpes. Défaite anecdotique mais révélatrice.

        L’armée français n’a pas souffert d’un manque de combativité, mais de doctrines militaires surannées et de la trahison d’une grande partie des élites politiques et militaires intéressées à abattre la « Gueuse ».

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      • Ando // 08.11.2018 à 20h14

        Plutôt d’un milieu militaire en l’occurrence. Je sais que l’armée française s’est bien battue ces quelques semaines et que les actes de bravoure ne manquerent pas. Je dis que cette lutte a duré… deux semaines. Comment s’appelait donc le maire de la ville de Lyon qui devant l’arrivée attendue de la Wehrmacht declara sa ville ‘ville ouverte’ afin d’eviter des ‘destructions non nécessaires’ a sa bonne ville? Si l’Union soviétique avait plié en deux semaines il n’y aurait plus de Russie aujourd’hui et plus d’Europe sans doute non plus, en tout cas il subsisterait une Europe particulièrement hideuse. Il y a des peuples qui sont capables de sacrifier 15% de leur population adulte male pour ne pas plier en deux semaines. Eux ils gagnent les guerres qu’ont leur fait.

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        • Sandrine // 09.11.2018 à 12h20

          Oui, ben justement. Peut-être que les dirigeant de l’URSS avaient plus d’intérêt à gagner la guerre qu’à la perdre, contrairement aux dirigeants français de l’époque….

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        • hong xiu quiang // 09.11.2018 à 13h01

          La Russie profite de sa profondeur stratégique accrue d’ailleurs par l’annexion de la moitié est de la Pologne (Pacte Germano-Soviétique). Staline est un malin.Le choc a néanmoins été rude, presque fatal. Mais les allemands s’étant arrêté à 50 km de Moscou à peine on mesure le rôle joué par ces 3-400 km gagné par Staline et Molotov.
          Les allemands sont eux même surpris par leur facile victoire à l’ouest qui leur donne une confiance démesurée. Elle est due à l’autonomie opérationnelle confiée à de grosses concentrations motorisées. Guderian, Rommel etc…font un peu ce qu’ils veulent, ils inventent en temps réel ce qu’on appelle la blitzkrieg mais qui n’est que l’application avec des moyens modernes de la tactique des corps-francs, mise au point en 14-18 (en gros pénétrer les lignes adverses en cherchant le point de moindre résistance et sans se préoccuper de ce qui se passe à côté, foutre le maximum bordel le plus en arrière possible des lignes ennemies,voire ensuite ce qui se passe. Lire « Orages d’acier » de E. Jünger pour comprendre la mentalité de tels combattants, à comparer avec Barthas, le tonnelier, infiniment plus humain). C’est un peu malgré l’Etat Major (et Hitler) que se gagne la campagne de France. Sans ces fous de guerre, pas de nette victoire et probablement un long conflit.
          On n’avait que de bons combattants et de bons armements (supérieurs à ceux de la Wehrmacht). Pas de doctrine de combat adéquate, un commandement rétrograde, à l’image de Pétain. On n’a pas eu le temps de s’adapter (comme en 14), en une semaine la défaite était actée.
          Trahison des élites ? Todd en parle, pour notre temps, et conclut à « cécité ».
          Mais au fond, Pétain qui voulait pour vaincre un régime « de fer », autoritaire, nationaliste et populiste a t-il eu réellement tort ? C’est bien ce qu’à fait Staline, effectif vainqueur (avec tous les russes) de la II°…Mais un vieux réac peut-il faire un dictateur ? Il n’avait pas les moyens de son ambition (qui requiert une sauvagerie sans remords, « bolchevique »), c’est son côté pathétique.
          Peut-être pour ça que Macron l’aime bien…entre aveugles pathétiques et rétrogrades, on se comprend.

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          • Sandrine // 09.11.2018 à 16h14

            Le problème de la France en 40, ce n’était pas l’absence de dictature mais l’absence de stratégie militaire adaptée et surtout l’absence de volonté de poursuivre la guerre de la part du haut commandement. Dès le 26 mai, Weygang se déclare partisan de l’armistice…
            D’une certaine façon, les Soviétiques peuvent dire merci aux Français d’avoir cédé si facilement aux Allemands. Ceux-ci, ivres de leur victoire éclair contre ce qui était à l’époque l’une des plus grosses armées du monde (si ce n’est la plus grosse) se sont crus invincibles et cela leur a certainement joué des tours lors de l’opération Barbarossa.

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            • Jérôme // 10.11.2018 à 02h19

              Et vous savez pourquoi ? Parce que dès le 25 mai, les britanniques lâchent la France et ce faisant ils fichent en l’air le projet de contre-offensive en tenailles que Weygand avait monté mais qui nécessitait que le corps expéditionnaire britannique participe. Or le 25 mai, Lord Gort, sur ordre de Churchill, abandonne le champ de bataille et fait retraite vers Dunkerque.

              Avec pour résultat que la contre-offensive ne peut plus réussir.

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            • Sandrine // 10.11.2018 à 09h51

              Faire porter le chapeau aux Anglais de l’impéritie du commandement français, c’est un peu gonflé quand même… C’etait les Français qui avaient le commandement suprême, pas les Anglais. Ceux-ci, comprenant dans quelle galère les avaient entraînés les Français on cherché in extremis à sauver les meubles pour se concentrer sur la defense de leur île. On peut difficilement les en blâmer.
              Les Français auraient pu essayer de faire de même de leur côté, mais il en a été décidé autrement.

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            • Jérôme // 10.11.2018 à 16h02

              De quels français parlez-vous ? A chaque jour suffit sa peine. Weygand n’ est pas responsable de la défaite. La 4ème République a même envisagé de l’élever au rang de maréchal mais il a eu la décence de refuser.

              Quand on mène une guerre de coalition, l s 2 alliés sont responsables. Le plan consistant à avancer en Belgique et aux Pays-Bas (offensive Dyle-Breda) en mai 1940 était un choix politique imposé par les dirigeants politiques franco-britanniques aux militaires, en complète contradiction avec la stratégie et les équipements défensifs que ces mêmes dirigeants avaient imposés à l’armée pendant 15 ans. Que Gamelin et ses sbires aient été des nullités sclérosées est une chose.

              Weygand, lui, a pondu à l’arraché un plan de dernière chance qui aurait pu réussir parce que l’offensive allemande était en fait décentralisée m, non maîtrisée, les unités de base fonçant plus loin que ce que l’état-major leur avait ordonné. Il d’attaquer le fer de lance allemand sur les flancs, par le nord et par les sud. Mais les britanniques, indispensables sur la tenaille nord, nous ont lâchés, vouant cette contre-offensive de la dernière chance à l’echec. C’est un fait historique. Ils ont leur part de responsabilité dans la débâcle française, 40 millions de français faisant face à 80 millions d’allemands et devant aussi parer à la menace de 48 millions d’italiens. Le tout après avoir tout fait dans l’entre deux-guerres pour entraver la France, redresser l’Allemagne puis la réarmer.

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            • Sandrine // 10.11.2018 à 19h56

              Nous n’allons certes pas régler ici cette question sur laquelle s’écharpent les historiens depuis longtemps.
              Vous avez cependant tout à fait raison de souligner la responsabilité des politiques dans la débâcle puis la décision de l’armistice. Le gouvernement de la France s’est literallement effondré en quelques jours.
              J’avoue d’ailleurs que quand j’entends Todd se demander à propos de Macron « s’il y a un pilote dans l’avion » je pense toujours à ce sinistre épisode de Mai-juin 40 et ce n’est pas rassurant…

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            • Le Minotaure // 10.11.2018 à 21h04

              L’armée française n’a pas combattu 2 semaines mais 2 mois. Par ailleurs en URSS les Allemands organise ouvertement dès le début une guerre d’anéantissement et d’extermination , d’une violence sans commune mesure avec la campagne de France. Il est rapidement clair pour tous les peuples d’URSS qu’il n’y a aucune autre issue que la lutte.

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            • Sandrine // 11.11.2018 à 09h11

              @le Minotaure, vous avez raison sur l’URSS (qui a cependant eu son armée Vlassov ) mais pour la bataille de France, ce n’est pas faux de dire que l’armré française a combattu 2semaines. L’offensive a eu lieu le 10 mai, le discours de Petain appelant à la cessation des combats le 17 juin, et comme dit plus haut, Weygand se prononce en faveur de l’armistice dès le 26 mai.
              Par contre, c’est vrai que la base a combattu avec acharnement du début jusqu’à la fin (et dans certains cas, il a fallu menacer de cours martiale ceux qui ne voulaient pas arrêter de se battre quand l’ordre de cessation des combats a été donné)

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    • Ando // 10.11.2018 à 17h05

      J’oubliais : ne en 1856 Philippe Petain avait 85 ans quand le pays lui confia en 1941 la fonction de ‘Chef de l’Etat français ‘.

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      • Le Minotaure // 10.11.2018 à 21h07

        Il n’y a pas été contraint hein. Il a activement intrigué pour obtenir le pouvoir. Son âge ne constitue en rien une circonstance atténuante.

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        • Ando // 11.11.2018 à 00h04

          Certes. Mais quand on doit affronter les pires heures de son histoire on ne confie pas son destin collectif à un vieillard dans l’âge du risque de la dégénérescence cérébrale. Que le système politique français de ces années là ait permis cette bizarrerie dramatique en dit beaucoup sur une forme de déliquescence ou d’effondrement d’avant guerre.

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          • Le Minotaure // 11.11.2018 à 02h11

            Franchement dans cette affaire l’âge de Pétain est très secondaire. Un courant minoritaire mais puissant, qui agglomérait des hommes venues de toutes les tendances politiques (du PCF à la droite conservatrice) s’était construit en France, autours du projet d’abattre la république au profit d’un ordre corporatif. Ils ont très bien saisi le traumatisme de la défaite pour en finir avec la gueuse.

            Voir la trilogie de l’historien Zeev Sternhell sur cette question.

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  • Le Rouméliote // 08.11.2018 à 11h10

    « que des concessions économiques et financières suivaient, susceptibles de ruiner pour toujours notre pays »… Tout comme notre Micron !

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  • Serge WASTERLAIN // 08.11.2018 à 11h11

    Ci-après le lien URL de la fiction en quinze épisodes reconstituant une partie de du procès de Pétain d’après son compte rendu sténographique publié en 1949.
    il a été rediffusé sur France Culture à l’occasion du 15ème anniversaire de ce procès :
    https://www.youtube.com/watch?v=vj9YTVZhBos&list=PLiN-7mukU_RGhtuUerSOuxuQOXO7kiei8

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  • Ledufakademy // 08.11.2018 à 11h34

    … et cela va dériver vers la shoah donc les nazis donc le FN.
    C’est juste fabuleux le mindKontrol appliqué aux êtres faibles.

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  • Fred // 08.11.2018 à 12h09

    Bref, la France a perdu la guerre que ses « élites » ont déclarés a l’Allemagne.
    A quoi bon accabler Pétain.

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    • Le Minotaure // 08.11.2018 à 18h01

      Au hasard la Révolution nationale et la destruction de la République ? La traque des opposants et résistants ? Le statut des Juifs promulgué dès octobre 1940 ? La complicité active dans le génocide de ces derniers ?

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  • BOURDEAUX // 08.11.2018 à 12h10

    De melenchon au front national, les politiciens, une fois de plus n’ont pas raté l’occasion de démontrer leur veulerie. D’abord en accusant Macron de « réhabiliter Pétain » au motif qu’il s’est prêté à une cérémonie à laquelle se sont prêté tous ses prédécesseurs, mais sans s’en cacher, lui. Ca, déjà, c’est abject. Ensuite, et par conséquent, en se distribuant des brevets de résistant sur le dos de Macron, eux, des résistants en chambre. Ce petit remue-ménage nous apprend deux choses : sur le fond, nos politiciens conçoivent l’histoire de façon simpliste et manichéenne, ce qui en dit long sur leur niveau intellectuel ; et sur la forme, ils sont prêts à instrumentaliser une histoire complexe qu’ils n’ont pas vécue pour servir de minables petits intérêts sondagiers. C’est à vomir…

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    • Sam // 08.11.2018 à 15h38

      « Veulerie, abject, résistants en chambre, simpliste et manichéen, niveau intellectuel, minables, vomir… »

      Macron qui parle de Pétain ? Non non, ceux qui critiquent cette énorme faute de communication.

      Cette façon de s’offusquer est simpliste et manichéenne, certes, mais surtout très malhonnête. Vous inversez la vérité tel un macroniste primaire : c’est Macron qui prête le flanc à la critique par sa nullité et ses saillies verbales grotesques et indignes de sa fonction.
      Les autres le critiquent ? Sans blague…

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  • Louis Robert // 08.11.2018 à 12h13

    C’est sous Pétain que fut condamné à mort l’homme engagé à sauver l’honneur de la France, Charles de Gaulle.

    « Personne n’est oublié
    Rien n’est oublié »

      +10

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  • Pierre D // 08.11.2018 à 13h12

    Le véritable procès de Pétain a été fait à Riom en 1942 et le procureur était Blum.

    Aucune allusion n’est faite dans les attendus le rôle de Pétain dans le crime contre l’humanité perpétré sous sa responsabilité dans le Rif marocain… un génocide par le gazage des population civiles.

    Quiconque aurait succédé à Nivelle aurait été un « grand soldat ».

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  • riton // 08.11.2018 à 13h14

    Envoyer des milliers de gars au casse-pipe en étant bien planqué à l’arrière …

    Il est où l’héroïsme ?

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  • Chris // 08.11.2018 à 13h49

    Lourd ?
    Mais tellement instructif sur ce qui se passe actuellement au sein de l’Union Européenne !
    Quand je relis les attendus du jugement, c’est toute l’histoire 30-45 qui redéfile sous mes yeux, cette histoire que nos gosses ne trouveront jamais dans leur manuel d’histoire et pour cause !
    Car on retrouve exactement leurs clones (voire descendants) dans la politique actuelle de soumission au modèle allemand.
    Ou quand la pax germania précédait la pax americana !
    Pour compléter mon propos :
    Walter Hallstein, un nazi devenu président de la commission européenne, La Gazette Française
    « Pour Vichy, il faut « imiter l’Allemagne » qui est un exemple à suivre. L’argument économique est utilisé en affirmant que cette nouvelle Europe permettrait de libérer le marché ce qui à terme favoriserait les échanges commerciaux. Pour le régime de Vichy, la France est trop petite pour faire face au monde extérieur. Pour peser, elle doit occuper une place importante dans cette nouvelle Europe.
    (ex: Bruxelles concède 2,8% à la France avec déficit, mais refuse 2,4% à l’Italie avec excédent primaire).
    http://www.vududroit.com/2018/11/macron-annees-30-ignorance-aveuglement/
    L’aveuglement de Macron et son refrain « défense européenne » après Thales, Safran, Dassault, Male, Alstom, Airbus, etc… :
    https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/observation-spatiale-quand-l-allemagne-se-joue-de-la-france-760854.html
    Les ressemblances entre Pétain et Macron ne sont même plus troublantes : elles sont frappantes… et frappent à mort ce qui reste de notre industrie.

    Lourd ?
    Au train où ça va, ne vous restera plus qu’un tête-à-tête avec les hordes migratoires déclassées par Merkel, tandis que vos enfants partent en Allemagne faire leur STO, version XXe siècle !

      +16

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    • Chris // 08.11.2018 à 13h50

      Oups, XXI siècle. Merci de corriger.

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  • Menthe // 08.11.2018 à 15h43

    Qui mérite de rester dans notre mémoire sinon toutes les victimes de cette sale guerre au service des intérêts capitalistes de l’époque, appâtés déjà par les perspectives de la mondialisation et dont la voracité augure celle des temps présents? Est-ce pour nous les faire oublier qu’on nous sert à dessein un motif de polémique à forte valeur émotionnelle, ou le scribe de service a-t-il cru bon de chercher dans les discours de De Gaulle une citation tronquée afin qu’elle soit percutante? Les deux sans doute! Pour ma part, je n’aurais de pensée que pour toutes les victimes, y compris les fusillés pour l’exemple, que j’honorerai à travers la personne de mon grand oncle Maurice mort à 20 ans, au front, et dont je garde précieusement la montre de gousset percée de la balle qui l’a tué. Quant aux maréchaux, instruments sans conscience et pour la gloire, des vautours de l’époque, ma foi, ils sont morts dans leur lit à un âge vénérable…

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  • Theoltd // 08.11.2018 à 17h43

    Personne ne pose la question Pourquoi? pourquoi Petain, qui était un patriote en 18, a t il agit de la sorte?
    Peut être savait il que cette guerre la était une fausse guerre, (Hypothèse) que les Allemands ne pouvaient gagner, (Hypothèse) et a t il tenté de passer a travers, avec le minimum de dégâts. (ce qui est le cas d’ailleurs, les Allemands ayant dans l’ensemble respecte la France sous l’occupation, respecté dans le sens des infrastructures évidemment.). peut être avait il appris que c’était une guerre de conquête de la Russie? (Hypothèse) Et non pas une guerre contre l’Europe. (Hypothèse) Bref, aucun recherche ne semble avoir été faite sur Petain et ses rapports avec les Etats Unis ou l’Angleterre, ses relations avec les autres dirigeants. Son opinion sur la Russie, etc…..

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    • Le Minotaure // 08.11.2018 à 18h12

      Ces hypothèses renvoient à une très vieille thèse (« le bouclier et l’épée ») battue en brèche depuis très longtemps par l’historiographie.

        +3

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    • Caliban // 08.11.2018 à 19h40

      Pourquoi tant d’hypothèses alors que de nombreux historiens ont déjà fait le travail d’enquête, dépouillé les archives etc. C’est vraiment triste de lire ce genre de propos. Au lieu de faire l’effort de vous renseigner vous préférez divaguer. Si vous n’avez pas l’info, c’est pas nécessairement qu’on vous la cache, c’est que vous ne savez pas la chercher.

      Certains accumulent le savoir, tandis que d’autres le vaporisent.
      O tempora o mores !

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  • Double-jeu // 08.11.2018 à 17h52

    Sans avoir la prétention de refaire le procès de Philippe Pétain 70 ans après, et sans nier son implication dans la collaboration et les crimes relatifs à cette dernière, il me semble utile d’entendre la voix d’un des premiers concernés, par ailleurs cité dans l’article.

    https://www.youtube.com/watch?v=69blTNSI_tk

    P.S : si quelqu’un parvient à mettre la main sur l’ensemble de la déposition, je suis preneur.

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  • LBSSO // 08.11.2018 à 18h22

    E Macron n’est décidément pas le général.

    1) Non : Pétain n’était pas l’allié (bouclier) de De Gaulle (glaive) (ex : cf projet de message de la main de Pétain d’avril 42 conservé par son médecin personnel)
    Oui : Pétain règle des comptes avec la République (ex : cf cagoulards) et les juifs qu’ils considèrent comme responsables de la décadence de la France (ex :cf mesure contre les enseignants juifs)
    Oui : Pétain en collaborant a permis qu il y ait moins de victimes juives en France que dans les pays directement administrés par les allemands. Mais.Mais :
    -ce n’était par « sympathie » pour les juifs mais pour préserver la « souveraineté » de la France régie désormais selon son idéologie sordide.
    – les forces militaires allemandes économisées ainsi par Hitler ont réalisé leurs exactions ailleurs.

    2) Qu’avait donc en tête E Macron lors de ses déclarations spontanées ?
    Hypothèse : après un début de quinquennat difficile vis-à-vis de l’armée (cf Gl Pierre de Villiers ) alors que notre armée est engagée, et enfin alors que les français sont sensibles au thème de la sécurité , il donne des gages à l’armée. D’ailleurs E Macron répète le mot célébrer la « victoire » et non la « paix », ce qui ne peut que séduire les militaires.

    3)D’un point de vue de l’Histoire , E Macron a raison .Toutefois, avec sa déclaration ,en reprenant la thèse des deux Pétain , il égalise Mémoire nationale (ce que l’ « on » décide de retenir de l’Histoire *) et Histoire ( recherche historique).
    Un seul homme avait la légitimité pour un tel acte. C’est De Gaulle. Il l’a fait en 1966.

    (Ce ne sont que des réflexions, issues de rencontres et lectures. 20 ans auparavant, je n’avais pas les mêmes. A coup sûr, elles évolueront).

    (*) Mémoire.Ex: célébrer la victoire et le culte des chefs militaires ou la paix et les poilus.

      +5

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  • Koui // 08.11.2018 à 21h56

    Hitler a aussi fait des autoroutes. Faut il célébrer le bâtisseur? Merci en tout cas de rappeler son jugement d’infamie quand notre président éprouve le besoin de rappeler le nom de ce traître. D’ailleurs, ce tyran a fait gazer les civils lors de la guerre du Rif avant d’envoyer les juifs qu’il haïssait à la chambre à gaz. Alors c’est aussi un monstre tueur d’enfants, président, que tu tentes de réhabiliter sournoisement par la bande. Après la tentative de commémoration de Charles Maurras, la macronie commence a sentir le cagoulard rance.

      +3

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  • Nanie // 09.11.2018 à 00h36

    Pétain a trahi les Français et traîné dans la boue les valeurs démocratiques de la République. Quant à ses prouesses militaires de 14-18 il les doit au sang versé des poilus et de la France entière. En fait, il n’a fait que son devoir de soldat en défendant le territoire français. Il ne mérite aucune reconnaissance particulière…et reste un traître dans la conscience des Français.

      +2

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  • Czerny // 09.11.2018 à 09h03

    Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mourraient. Ils en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerre de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible. Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale.

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