Aujourd’hui, le futur est principalement appréhendé par deux prismes d’analyses : la collapsologie, autrement dit l’effondrement (climat, démographie, ressources…) et le transhumanisme (intelligence artificielle, eugénisme, etc.). Antoine BUÉNO est prospectiviste, il suit les travaux de la délégation à la Prospective et de la commission du Développement durable du Sénat. Il a également enseigné l’utopie et la science-fiction à Sciences-po. Il va nous aider à comprendre vers lequel de ces scénarios nous nous dirigeons à l’horizon 2100. D’ailleurs, n’y aurait-il pas une 3e voie ?
C’est ce que l’on va voir, dans cet entretien par Olivier Berruyer pour Élucid.
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Commentaire recommandé
Hum, dubitatif…
Le « raisonnement » qui consiste à penser que si « 1984 » ne s’est pas réalisé, c’est justement parce que ce roman d’anticipation a fait flipper suffisamment de monde pour que ça ne se réalise pas est quelque peu « spécieux », et m’a bien fait rire. Cette façon « d’expliquer » ce qui n’est pas arrivé m’a fait penser à la blague du fou qui met des petits cailloux sous son lit. Quand on lui demande pourquoi il fait ça, il répond : « c’est pour éloigner les girafes ». Et quand on lui répond, mais il n’y a pas de girafes ici, il répond : « bé, oui, vous voyez bien que ça marche… ». Mais cela m’a également fait penser à tous ces économistes ou politiques qui vous expliquent après coup pourquoi leurs théories n’ont pas fonctionné.
Je vous propose par ailleurs de compter le nombre d’occurrences qui suivent le raisonnement booléen : « Si…, alors… » ; mais aussi de prémisses affirmées comme acquises, alors qu’en réalité nous ne sommes que dans des probabilités qui pourront s’avérer totalement nulles face à un évènement ou un paramètre qui n’était pas dans l’équation (d’où souvent le sentiment de raisonnements « tronqués » ou non aboutis).
Malheureusement, je crains que le monde n’avance pas tout à fait selon ce type de « logique ». Des évènements apparemment infimes ont souvent eu de grandes conséquences et vice-versa. Pour le constater, il faut se pencher sur les histoires politiques qui sont celles qui illustrent le mieux les théories du chaos. Juste un exemple qui a tout changé en Angleterre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_enclosures . Et il est rare que pour tous les grands bouleversements de société, on ne retrouve pas un évènement unique qui a tout changé ou plutôt, tout fait basculer.
Bref, j’ai toujours ressenti la prospective comme une branche des arts divinatoires et ce n’est pas Antoine Buéno qui va me faire changer de perception et me réconcilier avec son « utilité ». La politique, ça doit être du « ici et maintenant », raisonner à partir d’un futur hypothétique (même si sa probabilité est forte) ne peut pas constituer un programme politique. Quand notamment les écolos voudront bien le comprendre, et qu’ils proposeront autre chose qu’un monde de privations, ils (re)deviendront audibles.
17 réactions et commentaires
Hum, dubitatif…
Le « raisonnement » qui consiste à penser que si « 1984 » ne s’est pas réalisé, c’est justement parce que ce roman d’anticipation a fait flipper suffisamment de monde pour que ça ne se réalise pas est quelque peu « spécieux », et m’a bien fait rire. Cette façon « d’expliquer » ce qui n’est pas arrivé m’a fait penser à la blague du fou qui met des petits cailloux sous son lit. Quand on lui demande pourquoi il fait ça, il répond : « c’est pour éloigner les girafes ». Et quand on lui répond, mais il n’y a pas de girafes ici, il répond : « bé, oui, vous voyez bien que ça marche… ». Mais cela m’a également fait penser à tous ces économistes ou politiques qui vous expliquent après coup pourquoi leurs théories n’ont pas fonctionné.
Je vous propose par ailleurs de compter le nombre d’occurrences qui suivent le raisonnement booléen : « Si…, alors… » ; mais aussi de prémisses affirmées comme acquises, alors qu’en réalité nous ne sommes que dans des probabilités qui pourront s’avérer totalement nulles face à un évènement ou un paramètre qui n’était pas dans l’équation (d’où souvent le sentiment de raisonnements « tronqués » ou non aboutis).
Malheureusement, je crains que le monde n’avance pas tout à fait selon ce type de « logique ». Des évènements apparemment infimes ont souvent eu de grandes conséquences et vice-versa. Pour le constater, il faut se pencher sur les histoires politiques qui sont celles qui illustrent le mieux les théories du chaos. Juste un exemple qui a tout changé en Angleterre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_enclosures . Et il est rare que pour tous les grands bouleversements de société, on ne retrouve pas un évènement unique qui a tout changé ou plutôt, tout fait basculer.
Bref, j’ai toujours ressenti la prospective comme une branche des arts divinatoires et ce n’est pas Antoine Buéno qui va me faire changer de perception et me réconcilier avec son « utilité ». La politique, ça doit être du « ici et maintenant », raisonner à partir d’un futur hypothétique (même si sa probabilité est forte) ne peut pas constituer un programme politique. Quand notamment les écolos voudront bien le comprendre, et qu’ils proposeront autre chose qu’un monde de privations, ils (re)deviendront audibles.
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AlerterMonde de privations ou la fin du gaspillage ? Marx n’a jamais parlé ou même envisagé un monde avec 7 milliards de personnes, à son époque il y a sur terre moins de 1 milliards d’habitants, la France est la Chine de l’Europe avec 25 millions, en Angleterre il y a tout au plus 8 millions.
Le marxisme comme le capitalisme partagent au moins une chose, la croissance sans limite.
Le rapport du Club de Rome c’est en 1963, le relire permet de comprendre que ce n’était pas de la divination et que les hypothèses exposées dans ce livre se réalisent maintenant comme prévues (hélas).
René Dumont avait déjà raison quand il s’est présenté aux élections présidentielles en 1974. dans la période dite des trentes glorieuses. Il avait l’air d’un illuminé pour certains…
+8
Alerter@6422amri,
Il n’y a pas que la taille de la population que la plupart des économistes du 18ème et 19ème siècle n’avaient pas anticipé, il y a aussi la naissance de « l’upper classe » qui me semble beaucoup plus déterminante aujourd’hui, pour notre avenir, que le nombre d’individus vivant sur cette planète.
Le rapport Meadows, dès 1972, établit plusieurs scénarios possibles en fonction de données physiques. Un bon prospectiviste aurait prédit que le pire d’entre eux était le plus probable, car c’est finalement l’avidité sans limite d’une poignée d’entre-nous qui aura déterminé notre avenir à tous. Marx dénonçait l’aliénation par le travail des classes laborieuses, à celle-ci s’est ajouté l’aliénation par la surconsommation.
+8
AlerterPoignée d’entre-nous ? Je serais le dernier a ne pas trouver scandaleux les yachts privés avec hélicoptères, les maisons avec 20 salles de bains et chambres, les piscines avec des incrustations en or, etc mais…
20 % de la population mondiale, dont je suis comme vous, consomme 80 % de tout, les autres se partagent les restes. 90 % de la population mondiale n’a jamais voyagé.
Marx a aussi parlé du fétichisme de la marchandise bien avant les situationnistes et sur ce point à une époque, ou la publicité (dont le premier nom sera la réclame) était inconnue, les objets construits pour durer, etc…il a été un précurseur.
Ce qui nous semble habituel, si l’on est sérieux, ne devrait plus être possible. Le tourisme (première industrie mondiale), la consommation de thé, de café, la fin du transport aérien pour tous, une paire de chaussures par année, par personne, plus de fruits exotiques, fabriquer des objet simples, réparables, etc, la fin de l’électronique pour tous, sans limite, des vélos, oui, mais pas en carbone…réparables.
Il reste les délires style Elon Musk dont on ne doit pas oublier que l’essentiel de ses activités consiste à remplacer la NASA et a travailler pour l’industrie militaire (pas seulement américaine en plus).
+4
Alerter@6422amri,
« 20 % de la population mondiale, dont je suis comme vous, consomme 80 % de tout, les autres se partagent les restes. 90 % de la population mondiale n’a jamais voyagé. »
Je n’ai pas prétendue que les habitants des pays riches étaient irréprochables, c’est même pour cette raison que la problématique de la surconsommation me parait actuellement plus déterminante que celle de la surpopulation. Plus on est riche plus on consomme et les toxicomanes de l’enrichissement personnel devraient être les premiers à être dans l’obligation de réduire leur consommation. Mais ça n’arrivera pas car la concentration des richesses implique la concentration des pouvoirs.
« Marx a aussi parlé du fétichisme de la marchandise bien avant les situationnistes et sur ce point à une époque, ou la publicité (dont le premier nom sera la réclame) était inconnue, les objets construits pour durer, etc…il a été un précurseur. »
Le fétichisme de la marchandise dénonce les rapports marchands et la place de la marchandise qui occulte les conditions de sa production. A l’époque où vivait Marx la surconsommation et le gaspillage ne s’était pas encore généralisés dans les pays riches au point d’être le principal vecteur de notre suicide collectif. Aussi j’ai une mauvaise nouvelle pour vous, il est déjà trop tard, et ils ne nous restent qu’à espérer que cette leçon, qui va être durement apprise, soit suffisante pour faire changer radicalement les survivants.
+4
Alerter> Je n’ai pas prétendue que les habitants des pays riches étaient irréprochables, c’est même pour cette raison que la problématique de la surconsommation me parait actuellement plus déterminante que celle de la surpopulation.
Je cherry pick, déso. Il y a un exemple qui devrait nous donner des perspectives, il est bête, et ils sont nombreux, produire un litre de coca nécessiterait 70L de flotte, si au lieu d’interdire le produit, on interdisait, ou plutôt, quantifiait, le maximum de consommation de flotte au litre de coca, afin de (!), jouer des règles de la concurrence et du libre marché pour que l’innovation s’empresse de rechercher et de trouver une solution ?
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Alerter@pseudo,
70 littres cela me parait beaucoup… vous avez des sources ?
Le problème de la surconsommation ne serra pas résolue car cela nécessiterait de résoudre aussi le problème de la répartition des richesses, dans ce pays et sur cette planète.
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AlerterAvec le réchauffement climatique on pourra peut être faire pousser du café sous nos latitude. Faut pas désespérer :)=
+1
Alerter@6422amri
Vous êtes totalement hors sujet de mon commentaire… J’aborde un problème à mon avis central concernant la façon de faire de la politique, mais aussi de raisonner et vous ramenez Marx… celui qui a fait et fait toujours illusion en ayant donné la plus simpliste explication aux malheurs du monde ; c’est-à-dire l’exemple même de raisonnements biaisés qui dès mon adolescence (après avoir lu le Capital et autres ouvrages communistes) m’a fait choisir l’anarchie.
Pour faire de la politique, la logique et les conséquences des valeurs humaines que l’on choisit suffisent amplement, et je n’ai pas besoin du rapport du Club de Rome (de 1972 et non pas 1963) ni de quiconque, pour avoir le désir de tout changer : la colère face aux injustices de ce monde et savoir ce que je veux suffisent.
En 1974, suite au changement de paradigme monétaire de 1971 imposé unilatéralement par les USA et aux crises pétrolières qui s’en sont suivies, nous étions déjà, à mon sens totalement sortis des 30 Glorieuses. René Dumont était un altermondialiste issu de la contre-culture qui existait déjà depuis plus de 10 ans et je ne vois pas plus ce qu’il vient faire dans vos dires.
Il avait raison, oui certainement, mais en disant cela vous oubliez un peu vite qu’il n’était pas seul. Les mouvements hippies étaient à mon sens les seuls vrais révolutionnaires… et ce qui me fait dire cela c’est qu’ils ont été combattus aussi bien par les réactionnaires que par les politiques soi-disant de gauche (PS et PCF).
Bref, si vous souhaitiez me convaincre que les prospectivistes sont utiles, c’est raté. Et si vous vouliez me convaincre qu’on a besoin d’eux pour que les gens pensent autrement et fassent des choix différents, c’est encore raté.
+2
AlerterEn gros dès les début il nous explique qu’il n’a aucune obligation d’être rigoureux dans ses « prédictions » puisque personne ne lui en tiendra rigueur. Je me suis arrêté après qques minutes. Clairement ce monsieur a pris la place de qqun d’autre qui aurait mérité d’être connu.
+3
Alerter@Mahr1980,
Je pense aussi que ce monsieur donne une mauvaise idée de ce qu’est la prospective qui n’est pas uniquement un exercice de l’imagination, sinon nous connaitrions notre avenir en lisant les auteurs de romans d’anticipation. Le meilleur des mondes ou 1984 sont des tentatives réussis d’anticipations car leurs auteurs ne se contentent pas d’imaginer l’avenir, ils le déduisent aussi grâce à leur connaissance des rapports sociaux, de leurs évolutions, de l’Histoire, de la nature humaine… ce qui est un exercice difficile. Aussi la littérature d’anticipation, qui se donne pour objectif de mettre en scène un avenir réaliste, tombe rarement juste et les deux romans cités plus haut sont des exceptions dans ce genre littéraire.
+3
AlerterDans sa croyance au Space mining pour sauver la planète, il oublié la problématique énergétique. Son scénario ne résout qu’une partie de l’équation de la limitation des ressources, alors qu’il nous a expliqué juste avant que l’épuisement des ressources concernait l’eau, la terre, le pétrole (l’énergie) et les minéraux. Il faudrait proposer des scénarios incluant au moins ces 4 limitations pour être crédibles. Comme il le disait au début, la complexité du système est une des causes de sa fragilité et les scénarios du futur à imaginer doivent s’inscrire dans cette complexité pour avoir un minimum de sens.
+3
AlerterOn est pas obligé de baisser la natalité, on peut aussi monter la mortalité infantile. C’est ce qui pend au nez des Talibans : ça sert à rien de faire faire huit moudjahidines à chaque utérus si les trois quarts n’arrivent pas à l’age de reproduction…
Enfin bref, il a pas mal de biais le bonhomme… la bonne prospective à 100ans c’est un truc entre cyberpunk et les cavernes d’acier.
+2
AlerterJ’ai relevé le fait qu’il émet l’hypothèse qu’il pourrait y avoir deux fois plus de pétrole que l’on ne pensait, ou que les limite des équilibres planétaires se situaient un peu plus loin que prévu, et que ça remettrait en question le scénario Meadows. Est-ce que j’ai bien entendu ça ? Il ne tique pas non plus sur la courbe démographique présentée par Olivier. Est-ce qu’il ignore les exponentielles ?
+1
Alerter« Décroissance -> qu ‘il n’y aurait pas de corrélation entre masse de bien produits et qualité de vie de la population ».
Je ne connais pas de décroissant qui dise cela. Ou alors il fait de la mauvaise politique.
La décroissance implique que tu auras moins de trucs. Et effectivement cela commence par le chien en plastoc qui fait oui sur la plage arrière de la bagnole et le non renouvellement annuel de ton portable ou de ta bagnole.
Pour les matérialistes c’est un drame, pour des gens un peu détachés de ces considérations, un effort (qu’il faut mieux fournir que subir, car dans tous les cas, on le subira…)
+4
AlerterPlus il avance dans son discours plus on se demande entre le futur qu’il nous décrit et l’Effondrement ce qui serait le pire. On en est presque à souhaiter que l’Effondrement gagne la course. D’ailleurs en courant chercher des métaux dans l’espace il semble bien que c’est çà le Projeeeet…
Par ailleurs, en bon libéral il ne lui vient pas à l’idée que la démission de l’Etat (donc l’obsolescence de la souveraineté) est volontaire, résultat d’un choix idéologique traduit par de très concrètes lois et non pas issue d’une quelconque fatalité. La référence à Tocqueville indique la méfiance fondamentale envers la démocratie qu’il préfère confier à l’IA, dans une sorte de « pari pascalien » débile.
A noter qu’il n’est pas nécessaire de se projeter loin dans le futur pour réaliser le danger des manipulations génétiques « en appartement »: [modéré] . C’est tout de même un sérieux avertissement non ? A avancer le regard rivé à horizon on voit pas qu’on marche dans la merde !
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AlerterLa difficulté c’est de comprendre le monde tel qu’il est. On nous bombarde de statistiques dont on tire des probabilités. Mais, tout se passe au niveau Individuel. Ce matin je me lève et moi qui trie mes déchets chaque matin, parce que je suis mal lune, je décide de mettre mes plastiques dans les matières organiques alors que je sais que c’est le bordel assuré. Toute la chaîne de réutilisation va être perturbée. Ça va coûter des ronds. Les statistiques possiblement vont être faussées. Que va t’on en déduire. Comment nos concitoyens vont-ils réagirent ? Faut-il faire une nouvelle loi ? Qu’en est-il du crédit social ? Est-ce la faute de la NUPES ?
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