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15.mai.201815.5.2018
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Charles Maurras, antisémite forcené (1/2) : le programme antijuif 1911-1913

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La période est apparemment au blanchissement de certaines figures de l’antisémitisme français, dont on nous explique qu’il y a urgence à rééditer leurs oeuvres – alors que bon nombre de livres de résistants et de témoins critiques de l’époque sont depuis longtemps épuisés.

Comme elle est souvent adoucie, et en complément de l’article paru ce jour, voici la vision réelle de Charles Maurras sur les Juifs – ces textes ayant été omis de l’anthologie du « poète et philosophe » (peut-être car elle a été appelée « L’avenir de l’intelligence » ?)… (source)

  1. Le Programme Antijuif de Charles Maurras (1911)
  2. Maurras contre le « juge juif »
  3. Maurras pendant l’Occupation
  4. La présentation faite par le biographe Olivier Dard (1/2)
  5. Pour approfondir
  6. Annexe : le Programme Antijuif de Maurras de 1911-1913

I. Le Programme Antijuif de Charles Maurras (1911)

Nous vous proposons ces quelques textes de Charles Maurras, parus dans l’Action Française (AF) en 1911-1913, pour que personne n’oublie quelle était vraiment sa vision. Nous publions les articles en texte intégral en annexe.

II. Maurras contre le « juge juif »

En décembre 1912, un banquet de la ligue à Versailles est perturbé par des contre-manifestants. La police intervient ; Maurras s’interpose. Accusé d’avoir violemment agressé un policier, il est inculpé puis condamné par le tribunal correctionnel de Versailles, présidé par le juge Worms. Cette peine sera finalement relevée en octobre 1913.

Au début de l’audience, il accepte de décliner son identité, mais, lorsque le juge pose la première question – a-t-il déjà été condamné ? –, Maurras lui fait la réponse suivante : « Monsieur le Président, maintenant que vous connaissez mon état civil, je dois dire que je connais le vôtre. Je suis Français, vous êtes de nationalité juive. Il m’est impossible de répondre à un juge juif. »

Un tumulte éclate. Worms, gêné, lui dit qu’il aurait pu le récuser. Maurras, qui s’attendait à cette réponse, reprend le fil de sa dialectique : « Je n’ai pas voulu de récusation. Je ne vous connais pas, vous ne me connaissez pas. Je ne saurai donc invoquer d’inimitié capitale. D’autre part, nous ne sommes pas des sophistes : je n’ai pas voulu considérer comme déjà existante une législation que je travaille à créer. » :

III. Maurras pendant l’Occupation

Évidemment, le programme antisémite de Maurras va être mis en oeuvre par Vichy. Voici sa réaction au statut juif d’octobre 1940 qu’il juge « excellent » :

Tout comme il approuve le même jour la confiscation de biens juifs, « acte de justice » pour « faire le plus de bien possible à l’État » :

Maurras est en effet obsédé par « l’or juif » ;

Charles Maurras approuve évidemment la création « inévitable » du Commissariat aux affaires juives en 1941 (qui sera dirigé par certain de ses proches), « monument consacré à la défaite de l’Ennemi intérieur » – mais il regrette qu’il n’y ait pas un réel » barrage d’ensemble » :

Maurras continue à attaquer très régulièrement les juifs dans l’Action française, comme encore ici le 26 octobre 1943, où il dénonce « l’intérêt juif » qui « a emporté les États-Unis à la guerre » (dire qu’on pensait que c’était les Japonais…), avec les « armées youpines » qui se préparent à débarquer, « troupe barbare qui marche sous le drapeau juif déployé pour la conquête de l’univers » :

10 jours après le débarquement, Maurras continue à se déchaîner contre « le corrupteur juif » qui « spolie systématiquement » les classes moyennes et contre « la juiverie » qui peut « continuer d’étendre ses tentacules sur le vaste monde » :

(Source : L’Action Française, disponible sur Gallica)

IV. La présentation faite par le biographe Olivier Dard (1/2)

Rappelons qu’Olivier Dard est le biographe, de Maurras, fort controversé, mais apprécié de l’extrême-droite. Nous avons déjà pointé sa complaisance envers Maurras dans ce billet et celui-ci.

Analysons donc la façon dont ont été présentés les éléments précédents par Olivier Dard dans sa biographie « Charles Maurras – Le maître et l’action » (le sous-titre ne figurant pas sur la couverture)

4-1 Le programme Antijuif

Cela semble très étonnant, mais il semble bien que la SEULE mention de ce programme se trouve dans l’Introduction :

On ne trouve d’ailleurs dans le corps de l’ouvrage qu’une quinzaine de références à l’antisémitisme :

Le service minimum est assuré, mais on sent parfois une forte tendance à en amoindrir la portée :

4-2 « Il m’est impossible de répondre à un juge juif »

Il semble qu’Olivier Dard ait omis de signaler cet élément et sa condamnation à 8 mois de prison dans sa biographie… (source)

4-3 Maurras durant l’Occupation

Voici les seuls éléments que nous avons trouvés dans la très courte partie de la Biographie consacrée à l’Occupation :

Nous laissons le lecteur apprécier…

Pour approfondir

Pour les passionnés, je vous renvoie vers cet article de synthèse de Laurent Joly : (1/2) Les débuts de l’Action française (1899-1914) ou l’élaboration d’un nationalisme antisémite :

« Maurras et ses partisans ne sont pas tous racistes « au sens physique » du terme, conception d’ailleurs floue ; mais ils croient à la transmission héréditaire et spirituelle des caractères. Par essence, le Juif est jugé inassimilable : « J’ai vu ce que devient un milieu juif, d’abord patriote et même nationaliste, quand la passion de ses intérêts proprement juifs y jaillit tout à coup : alors, à coup presque sûr, tout change, tout se transforme, et les habitudes de cœur et d’esprit acquises en une ou deux générations se trouvent bousculées par le réveil des facteurs naturels beaucoup plus profonds, ceux qui viennent de l’être juif », justifiera Maurras au début de l’Occupation…

Il est donc trompeur de prendre à la lettre les reconstructions opérées par Charles Maurras, comme le font les admirateurs du « Maître » mais aussi, parfois, des historiens abusés par sa dialectique. L’ « antisémitisme d’État » a été théorisé au moment de la période radicale et « révolutionnaire » de l’AF ; les atténuations ultérieures – les « Juifs bien nés », les « services rendus », etc. – qu’on lui associe généralement à tort ne sont pas encore à l’ordre du jour. L’ « antisémitisme d’État » n’est pas une doctrine plus « modérée » que l’antisémitisme dit « de peau » ; il infère simplement que l’État, lorsqu’il sera « restauré », réglera le « problème juif » par le haut. En ce sens, la rhétorique élaborée par Maurras dans les années 1911-1913 annonce ce qui s’est effectivement produit en 1940… […]

Chez Charles Maurras, la haine du Juif occupe une place prépondérante tant dans son univers mental que dans la construction politique qu’il a élaborée. Et il est exagéré de mettre, comme on le fait souvent, son antisémitisme sur le même plan que ses sentiments à l’égard des protestants et des francs-maçons, et de ne le considérer que comme une conséquence de son idéologie antilibérale et monarchiste. Habituellement virulent contre ses adversaires politiques, Maurras peut modérer son point de vue vis-à-vis des protestants, comme les Monod par exemple. Il ne manifestera jamais la même clémence à l’égard d’un Juif. Ce dernier peut rendre des services à la nation, il ne sera jamais un vrai Français.

C’est dans l’antisémitisme que Maurras et ses partisans se montrent le plus violents, le plus haineux : « Nous n’attaquons pas les protestants ; nous nous défendons contre eux, ce qui n’est pas la même chose. Nous n’avons jamais demandé d’exclure les protestants de l’unité française, nous ne leur avons jamais promis le statut des Juifs. »  Au bout du compte, le Juif constitue le seul véritable et inconciliable ennemi de l’intérieur. Contre lui, l’AF mène une « guerre d’indépendance » ; contre les protestants et les francs-maçons, il s’agit d’une bataille d’idées : « Nous en avons à leur gouvernement et à leur tyrannie, non à leur existence… » »

Annexe : le Programme Antijuif de Maurras de 1911-1913

Selon Laurent Joly, ge mars 1908 jusqu’en août 1914, près de 67 % des 800 articles que Maurras livre au journal comportent des attaques contre les Juifs – une quarantaine d’articles sont entièrement consacrés à la question juive

Voici les textes de Maurras de cet épisode, qu’il a finalement renoncé à publier sous forme de livre (nous les publions bien entendu pour dénoncer la complaisance dont bénéficie Maurras).

La délation se poursuit, entre autres, les 3 mars, 4 mars, 9 mars, 13 mars, 14 mars, 25 mars, 28 mars, 2 avril, 8 avril, 1er juin, 7 juin, 4 juillet, 3 octobre

De bien belles méthodes, qui ressurgiront dramatiquement quelques années plus tard…

Olivier Berruyer (merci à JP pour son aide)

Commentaire recommandé

ThylowZ // 15.05.2018 à 10h44

Mais en quoi l’antisémitisme de Maurras (que le Figaro ne nie pas) fait de lui un poète irrecevable?

Je n’aime pas cette tendance qu’on a à juger la globalité d’une personne sur un aspect parcellaire de ses opinions, aussi condamnables soient-elles.

Voltaire était un antisémite raciste et anticlérical. Est-ce que tout ce qu’il a écrit est à jeter pour autant?

30 réactions et commentaires

  • Sud // 15.05.2018 à 09h27

    Allez!… Je me lance :
    On reste confondu par le volume de travail que vous avez accompli avec « JP » pour produire un tel dossier. Il fait l’effet d’une allumette frottée près d’un baril de poudre. Espérons qu’elle se consumera avant d’être posée sur lui. Car au-delà… Comment dire ?…
    Dans un de ses savoureux billets, avant son bannissement, M. Sapir disait avoir lu d’une fesse discrète une contribution sur laquelle il était tombé…
    Oui. Bon…, toussa toussa. Et comment va la Phynance ?
    Aujourd’hui, bien sûr, pas en 1911.

      +6

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  • Riboul // 15.05.2018 à 09h43

    Encore des types aujourd’hui qui se réclament de ces tarés, cela avec la bienveillance du pouvoir et d’une frange non négligeable de la sphère médiatique. Remplacez toutes les occurrences « juif » dans ces documents par « musulman » et on retrouvera avec un certain effarement pas mal de similitudes avec ce qu’on voit paraitre aujourd’hui encore.

      +20

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    • Haricophile // 15.05.2018 à 10h27

      Les gens qui vivent par et pour la haine n’ont guère changé.

        +4

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      • Ananymous // 15.05.2018 à 20h57

        Moui…

        Et Jules Ferry ? Il pensait quoi des peuples qu’ il fallait civiliser ? Qui peut bien rendre hommage et se reclamer de cet odieux personnage ?

        Et Napoléon… Cet affreux jojo imperialiste. Qui a fait tant de mort. Il faut vraiment effacer toute trace historique à son sujet.

        Et les carolingiens et l église catholique qui ont conquis et imposes une civilisation par le sang… Sacrés brigands !

        Non mais ces affreux Republicains révolutionnaires qui ont massacrés… Les affreux.

        Tous des grands méchants. Pas beaux.

        Comme dirait l autre. Autres temps, d autres moeurs…
        Les vainqueurs écrivent l histoires.
        A chaque temps ses mythes fondateurs, ses heros et ses dogmes.

        En conclusion et pour rester poli : epargnez nous votre moraline nihiliste morbide. Votre volonte d effacement de l histoire de la France.

          +23

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        • Riboul // 16.05.2018 à 04h05

          Et hop une petite tentative de diluer l’antisémitisme producteur de millions de morts dans un cycle de l’histoire qui serait naturel.
          Une bonne illustration de mon propos en somme.

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          • Ben // 16.05.2018 à 14h38

            Je ne sais pas s’il faut éclaircir cette expression sur le plan du concept, mais il me paraît évident que votre commentaire abonde dans le sens de celui qui précède le vôtre. De manière certes ambiguë mais somme toute assez convaincante.

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  • ThylowZ // 15.05.2018 à 10h44

    Mais en quoi l’antisémitisme de Maurras (que le Figaro ne nie pas) fait de lui un poète irrecevable?

    Je n’aime pas cette tendance qu’on a à juger la globalité d’une personne sur un aspect parcellaire de ses opinions, aussi condamnables soient-elles.

    Voltaire était un antisémite raciste et anticlérical. Est-ce que tout ce qu’il a écrit est à jeter pour autant?

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    • Le Minotaure // 15.05.2018 à 18h30

      [modéré] Sinon me problème n’est pas tant de publier es oeuvres de Maurras, voir même d’en célébrer les qualités littéraires, mais de passer sous silence ou d’adoucir le caractère violemment antisémite de sa pensée. Antisémitisme bien pire que celui de Voltaire puisqu’il est l’un des éléments centraux de la doctrine de Maurras.

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    • Emmanuel B // 15.05.2018 à 23h41

      Votre exemple est bien mal choisi. Voici une courte synthèse sur le cas de Voltaire : http://societe-voltaire.org/cqv/antisemite.php

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  • LH // 15.05.2018 à 10h58

    Tentez vous de montrer patte blanche à ceux qui vous on accusé de complotisme au lancement du Decodex?
    Quel intéret de mettre l’accent sur ce pan de Maurras? Ca va vous prendre tout votre temps de faire de même avec un grand nombres d’hommes de lettres français… Voltaire, Hugo, Montesquieu, Rousseau, Diderot,… la liste pourrait être longue parmi les antisémites, misogynes, racistes, et j’en passe.

    Un lecteur saura sélectionner le bon grain de l’ivraie, nul besoin de notice ou d’avertissement sur tel ou tel auteur/ouvrage, ni de décodex…

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    • Mr K. // 15.05.2018 à 14h58

      Il ne vous aura pas échappé qu’à part l’ordurier Maurras, quel écrivain a théorisé et appelé continument à un « anti-sémitisme d’état » qui sera mis en application quelques décennies plus tard?

      Il ne vous aura pas échappé non plus que le retrait de la « notice Maurras », destinée auparavant au « Livre des commémorations nationales » 2018, l’a été parce qu’elle ne parlait pas de son anti-sémitisme.

      Pour qu’un lecteur de la notice d’Olivier Dard sur Maurras soit en mesure comme vous le suggérez, de « séparer le bon grain de l’ivraie », encore faut-il que la plante nuisible « anti-sémitisme » y soit présente.

      C’est bien l’absence de l’ivraie « anti-sémitisme » de la notice d’Olivier Dard sur Maurras, déclenchant une polémique parfaitement justifiée, qui a amené son retrait, pas le fait que cette notice existe.

      Ou autrement dit c’est Olivier Dard qui est le premier responsable du retrait de la « notice Maurras » qu’il a de toute évidence mal rédigée.

        +10

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      • Mr K. // 15.05.2018 à 16h01

        Complément :
        Je crois que la publication simultanée ce même jour des deux billets concernant Maurras (tous deux avec suite à venir) n’est pas le fruit du hasard.

        Ce billet d’Olivier Berruyer est donc indispensable pour bien mettre en perspective l’ampleur des manquements de la notice d’Olivier Dard sur Maurras (voir autre billet).

        Beaucoup plus largement je crois, avec Annie Lacroix-Riz, qu’Olivier défend ici l’Histoire comme devant être à l’abri d’une réécriture idéologique, au gré d’intérêts particuliers, autant que faire se peut.

        Le billet du 11 mai 2018,  » Quelle est la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne en 1945 ? » allait aussi dans ce sens.

        @ LH. Ainsi votre « pour montrer patte blanche » me parait particulièrement faible et hâtif.

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  • fox 23 // 15.05.2018 à 14h08

    Il y a non seulement cet aspect anti-juif qu’il est bon de gommer à notre noble époque (les manuels d’Histoire rangent même François Mitterrand dans les grands résistants) mais plus généralement tout ce qui peut glorifier la France Résistante, la vraie, celle qui est tombée au Mont-Valérien ou dans les camps de concentration.
    Les derniers félons ont même réussi à trouver une résistance dans le microcosme vichyssois et certains enseignent !

      +12

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  • Sandrine // 15.05.2018 à 14h25

    On voit dans ce billet que le fait de considérer la judéité comme une nationalité était un argument antisemite entre les deux guerres.

      +5

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  • ben // 15.05.2018 à 14h59

    Dard a également publié un ouvrage sympa pour l’intellectuel fasciste du PPF Bertrand de Jouvenel. Lequel a réussi, comme tant d’autres collabos, a réintégrer la bonne société via les amitiés américaines d’après guerre et le projet européiste.
    Des individus aussi sinistres que Belin ou Lehideux, et tout un tas de copains du CNPF issus de Vichy vont impulser la politique de blanchiment de cette période méconnue que fut l’occupation grâce à des Think Tanks européistes comme le « Comité européen pour le progrès économique et social ».
    La Société du Mont Pèlerin et d’autres organisations influentes restent des objets d’étude encore trop peu connus.

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/08/28/bertrand-de-jouvenel-histoire-d-une-rehabilitation_1088761_3260.html

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_europ%C3%A9en_pour_le_progr%C3%A8s_%C3%A9conomique_et_social

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Centre_des_hautes_%C3%A9tudes_am%C3%A9ricaines

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    • Sandrine // 15.05.2018 à 15h11

      Oui et dans me même temps un intellectuel aussi important que Julien Benda (« La trahison des clercs ») est tombé dans l’oubli le plus sonore et ses œuvres ne sont pas rééditées.

        +3

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      • Le Minotaure // 15.05.2018 à 15h26

        Lire le troisième livre de la « trilogie » de Zeev Sternhell sur le fascisme français : « Ni droite, ni gauche, l’idéologie fasciste en France », consacré à tous ces courants des années 1930. Et de préférence dans la dernière édition poche où Sternhell polémique longuement avec les historiens français du fascisme.
        http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-histoire/Ni-droite-ni-gauche

        Autre livre : « De Vichy à la communauté européenne » , Anthonin Cohen, PUF où sont longuement étudiées les continuités idéologiques et les passerelles politiques entre les « planistes » du régime de Vichy et les technocrates des débuts de la construction européenne.
        https://www.puf.com/content/De_Vichy_à_la_Communauté_européenne

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        • Ben // 15.05.2018 à 23h10

          Merci pour la ref. Anthonin Cohen. Je ne connaissais pas. Je vais le lire.

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    • Pepin Lecourt // 16.05.2018 à 14h38

      A propos des collabos il est utile de se pencher sur leurs origines, de quels horizons nombre d’entre eux provenaient avant la débâcle de 40 comme l’a fait l’historien israélien Simon Epstein dans son fort dérangeant livre :  » Un paradoxe français : Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance  » !

        +0

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  • Essonnien // 15.05.2018 à 17h01

    Autres temps, autres mœurs, De Gaulle était abonné à l’Action Française et avait Maurras comme livre de chevet … Nous jugeons avec nos yeux d’aujourd’hui une histoire vieille d’un siècle, et comme disait l’un des commentateurs, Voltaire était antisémite, faut il toujours jeter le bébé avec l’eau du bain ? Etre antisémite avant la deuxième guerre mondiale était courant (on prendra comme point de départ l’affaire Dreyfus), cela le fut beaucoup moins ensuite au vu de ce que l’antisémitisme avait engendré comme Golem tout particulièrement avec le nazisme ….

      +11

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    • Sandrine // 15.05.2018 à 18h44

      Oui, mais à ma connaissance De Gaulle n’a jamais été antisemite, en tout cas, il ne l’a jamais exprimé publiquement.
      D’autre part, l’anti-judaïsme des penseurs des lumières n’etait pas un anti-sémitisme à caractère raciste. Ils étaient hostiles au judaisme comme ils étaient hostiles aux autres religions.

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    • Le Minotaure // 15.05.2018 à 18h45

      Oui De Gaulle était fondamentalement un maurrassien, avec pour lui un solide sens des réalités qui lui a valu d’éviter la collaboration et de renoncer à la chimère d’un retour à la royauté. L’application de la pensée de Maurras par De Gaulle, c’est le coup d’Etat de 1958 et la création des institutions antidémocratiques de la Veme République, dont on souffre encore aujourd’hui.

      Par ailleurs, je pense qu’il est peu pertinent de mettre sur le même plan l’antisémitisme du XVIIIe siècle et celui postérieur à l’affaire Dreyfus. Voltaire était antisémite mais ça n’a jamais été un élément central de ses idées politiques. Et concrètement l’application de la pensée des Lumières, ça a été l’abolition du statut des Juifs par la Révolution française.

        +1

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      • Sandrine // 15.05.2018 à 20h29

        De Gaulle était surtout proche des idées de C.Peguy.
        Sa famille était dreyfusarde.
        Et de Gaulle s’est distancié de Maurras dès les accords de Munich. Il était résolument contre, contrairement à Maurras (l’hostilité aux accords de Munich est d’ailleurs l’une des caractéristiques commune de ceux qui, à l’extreme-droite s’engageront dans la résistance des 40)

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        • Le Minotaure // 15.05.2018 à 22h11

          Oui tu as raison Sandrine, mais De Gaulle garde l’idée du corporatisme, qui est un élément de la Ve République. Pour moi c’est le coeur de toutes es idéologies de la troisième voie, ce qui les unifie, même si elles peuvent prendre des formes très différentes et les acteurs qui les incarnent suivre des parcours divers.

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  • aleksandar // 15.05.2018 à 18h51

    Il est toujours facile de juger les gens un siècle après en dehors du contexte de l’époque.
    Facile et confortable.
    En fait, je m’en fous que Maurras soit antisémite ou pas.
    C’est de l’Histoire.
    Le monde d’aujourd’hui c’est le massacre des palestiniens par Israël.
    C’est ce monde d’aujourd’hui que nous donnerons a nos enfants, pas celui d’ici y a 70 ans.
    Et pour le moment ce monde est aussi lâche et hypocrite, en particulier la France d’aujourd’hui qu’a l’époque de Maurras.

      +26

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    • Ben // 15.05.2018 à 23h27

      Pas d’accord. La question qui se pose est moins sur l’oeuvre et les méfaits de Maurras que sur l’époque actuelle. Il s’agit avant tout de l’historiographie qui se fait en cette année 2018. Et c’est particulièrement lourd de signification et de conséquences. On aurait tort de négliger l’écriture de l’Histoire. Le scribe n’est jamais neutre et il engage l’avenir.

        +3

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  • Alfred // 15.05.2018 à 19h33

    J’ai bien du mal à trouver le D du CQFD dans votre propos qui me semble confus (à moin que vous ne vous censuriez). Comment « redevenir intelligents » si nous laissons l’enseignement de l’histoire au mains « de ceux qui veulent aller dans ce sens là » (merci de préciser un peu « ce sens là » au passage)? Il sera assez difficile de « tourner nos canons vers les bonnes cibles » lorsque vous serez devenu archiminoritaire à penser contre le vent de l’idiocratie (et vous même la « bonne cible » pour une majorité endoctrinée). Et quand  » ça pettera » ce sera peut être que les oligarques auront lâché leurs chiens innocents (car simplement éduqués dans la haine de vous) à vos basques. Bref. Il me semble toujours dangereux d’abandonner le terrain du combat idéologique puisque s’y définit le futur.

      +1

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  • ai // 16.05.2018 à 00h36

    A ce compte là on ne pourra plus lire grand monde, si l’on juge toujours les gens du passé à l’aune de la morale d’aujourd’hui. Faudra t’il aussi exiger de chaque peintre qu’il nous livre le fond de sa pensée ou doit t’on brûler les tableaux des mal-pensants?

    Si çà se trouve mon boulanger vote pas-bien , ai-je le droit d’aimer encore ses baguettes??

    Est ce que Martin luther king peut être encore cité, lui qui avait un comportement avec les femmes qu ‘on ne tolérerait plus de nos jours? Etc etc etc

      +10

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  • Pepin Lecourt // 16.05.2018 à 10h21

    je ne sais pas si c’est une bonne idée de ressortir ces documents car je crains que leur interprétation ne soit fort différente selon les à priori du lecteur !

    Les pro-sémites y verront l’horreur des idées anti-sémites et des comportements qu’elles ont induit.

    Les anti-sémites d’aujourd’hui n’y verront qu’une confirmation de leur vision actuelle du juif !

    Mais les hésitants, surtout avec ce qui se passe en ce moment au Proche-Orient, vont-ils basculer dans un sens…mais lequel ?

    Pari risqué !

      +2

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