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11.juin.201811.6.2018 // Les Crises

De l’autosuffisance nationale, par John Maynard Keynes

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Ce texte, peu connu, est pour moi un des plus importants et visionnaires de Keynes, et date de 1933. Le texte original, « National Self-Sufficiency », a été publié par The Yale Review, vol.22, n˚ 4 (juin 1933), p. 755-769..

Toute ressemblance avec une situation existante ne serait nullement fortuite.

P.S. par facilité de lecture et de diffusion, je vous propose aussi ce texte en pdf ici

 Comme la plupart des Anglais, j’ai été élevé dans le respect du libre-échange, considéré non seulement comme une doctrine économique qu’aucune personne rationnelle et instruite ne saurait mettre en doute, mais presque comme une composante de la morale. Je considérais les entorses à ce principe comme stupides et scandaleuses. Je pensais que les inébranlables convictions de l’Angleterre en matière de libre-échange, maintenues depuis près d’un siècle, expliquaient sa suprématie économique devant les hommes et sa justification devant Dieu. En 1923, j’écrivais encore que le libre-échange s’appuyait sur des « vérités » fondamentales qui, énoncées avec les réserves d’usage, ne pouvaient être contestées par quiconque comprend le sens des mots.

Quand je relis ce que j’écrivais alors à propos de ces vérités fondamentales, je ne pense pas être en contradiction avec moi-même. J’ai cependant changé d’orientation, comme beaucoup de mes contemporains. Ma connaissance de la théorie économique a de fait évolué, et je n’accuserais plus Monsieur Baldwin, comme je le faisais alors, d’être« une victime de l’erreur protectionniste dans sa forme la plus grossière » parce qu’il pensait, dans les conditions qui étaient celles de l’époque, que des droits de douane pouvaient aider à réduire le chômage dans notre pays. Mais c’est autre chose qui m’a fait changer d’avis : mes espoirs, mes préoccupations et mes craintes ont changé, comme ceux de beaucoup, voire de la plupart des gens de notre génération, dans le monde entier. C’est un long processus, que celui de s’arracher à des modes de pensée qui étaient ceux d’avant la guerre, ceux du XIXe siècle. Il est surprenant de constater combien un esprit traîne d’oripeaux obsolètes même après avoir changé ses conceptions centrales. Mais aujourd’hui enfin, après avoir parcouru un tiers du XXe siècle, nous sommes, pour la plupart d’entre nous, en train de sortir du précédent, et d’ici que nous arrivions à la moitié de ce siècle, il se peut que nos façons de penser et nos préoccupations soient aussi différentes des méthodes et des valeurs du XIXe que chaque siècle a pu l’être du précédent.[…]

L’ouverture internationale n’est pas facteur de paix

D’abord, la question de la paix. Nous sommes aujourd’hui pacifistes avec une telle force de conviction que si les tenants de l’internationalisme économique pouvaient l’emporter sur ce point, ils retrouveraient vite notre appui. Mais il n’est pas évident que concentrer ses efforts sur la conquête de marchés étrangers, introduire dans les structures économiques d’un pays les ressources et l’influence de capitalistes étrangers et dépendre étroitement des politiques des autres pour sa propre vie économique garantisse la paix entre les nations. L’expérience et la prévoyance nous permettraient même d’affirmer le contraire. La protection par un pays de ses intérêts à l’étranger, la conquête de nouveaux marchés, le développement de l’impérialisme économique, sont les éléments incontournables de la politique de tous ceux qui veulent maximiser la spécialisation internationale et la diffusion géographique du capital, où que soit installé celui qui le possède. Si l’on pouvait éviter les fuites de capitaux, les politiques intérieures seraient plus faciles à déterminer. Il y a un véritable divorce entre les propriétaires et les vrais gestionnaires lorsque, par suite de la forme juridique des entreprises, leur capital est réparti entre d’innombrables individus qui achètent des actions aujourd’hui, les revendent demain et n’ont ni la connaissance ni la responsabilité de ce qu’ils ne possèdent que peu de temps. C’est déjà grave à l’intérieur d’un pays, mais les mêmes pratiques étendues à l’échelle internationale deviennent intolérables en période de tension – je ne suis pas responsable de ce que je possède et ceux qui gèrent mon bien n’ont pas de comptes à me rendre. Un calcul financier peut montrer qu’il est avantageux pour moi d’investir quelque part dans le monde où l’efficacité marginale du capital est maximale ou bien le taux d’intérêt le plus élevé. Mais on voit à l’expérience que le fait que le propriétaire soit éloigné de la gestion est préjudiciable aux relations entre les hommes, et que cela provoque tôt ou tard des tensions et des inimitiés qui finissent par réduire à néant les calculs financiers.

Je me sens donc plus proche de ceux qui souhaitent diminuer l’imbrication des économies nationales que de ceux qui voudraient l’accroître. Les idées, le savoir, la science, l’hospitalité, le voyage, doivent par nature être internationaux. Mais produisons chez nous chaque fois que c’est raisonnablement et pratiquement possible, et surtout faisons en sorte que la finance soit nationale. Cependant, il faudra que ceux qui souhaitent dégager un pays de ses liens le fassent avec prudence et sans précipitation. Il ne s’agit pas d’arracher la plante avec ses racines, mais de l’habituer progressivement à pousser dans une direction différente.

Pour toutes ces raisons, j’ai donc tendance à penser qu’après une période de transition, un degré plus élevé d’autosuffisance nationale et une plus grande indépendance économique entre les nations que celle que nous avons connue en 1914 peuvent servir la cause de la paix, plutôt que l’inverse. De toute façon, l’internationalisme économique n’a pas réussi à éviter la guerre, et si ses défenseurs répondent qu’il n’a pas vraiment eu sa chance, son succès ayant toujours été incomplet, on peut raisonnablement avancer qu’une réussite plus achevée est fort improbable dans les années qui viennent.

Coûts et avantages du patriotisme économique

Mais laissons de côté ces questions d’appréciation, où chacun reste attaché à sa propre opinion, pour nous tourner vers un sujet plus purement économique. Au XIXe siècle, le partisan de l’internationalisme économique pouvait à juste titre soutenir que sa politique contribuait à l’enrichissement rapide du monde, qu’elle favorisait le progrès économique, et que faire marche arrière nous aurait gravement appauvris, ainsi que nos voisins. Ceci soulève la question de l’équilibre entre les avantages économiques et non économiques, qui n’est jamais facile à trancher. La pauvreté est une calamité, et les gains économiques un authentique bienfait qui ne doit pas être sacrifié à d’autres, sauf s’il est clair qu’il pèse moins lourd dans la balance. Je pense qu’au XIXe siècle les gains de l’internationalisme économique l’emportaient sur ses inconvénients pour deux raisons. À une époque où de nouveaux continents se peuplaient par une émigration massive, il était normal que les hommes emportent avec eux dans les mondes nouveaux les fruits matériels de la technique du monde ancien, représentant l’épargne accumulée de ceux qui les envoyaient. L’investissement de l’épargne britannique allait permettre aux ingénieurs britanniques d’installer les voies ferrées et le matériel roulant qui transporteraient des émigrants britanniques vers de nouvelles terres et de nouveaux pâturages, et une partie des produits reviendrait légitimement à ceux dont la frugalité avait produit cette épargne. Cet internationalisme économique ne ressemble en rien à la participation prise par un spéculateur de Chicago dans une entreprise allemande, ou à celle d’une vieille fille anglaise dans les investissements de la municipalité de Rio de Janeiro. C’était néanmoins le type d’organisation nécessaire pour permettre la première internationalisation, qui a finalement conduit à la deuxième. Par ailleurs, à une époque où les niveaux d’industrialisation et les possibilités d’apprentissage technique étaient extrêmement inégaux dans les différents pays, on pouvait tirer des avantages considérables d’une spécialisation nationale poussée.

Mais je ne suis pas persuadé qu’aujourd’hui les avantages économiques de la division internationale du travail soient comparables à ce qu’ils furent. Soyons clair : je ne pousserai pas mon raisonnement au-delà d’un certain point. Un niveau élevé de spécialisation internationale est nécessaire dans un monde rationnel, chaque fois qu’il est dicté par d’importantes différences de climat, de ressources naturelles, d’aptitudes naturelles, de niveau de culture et de densité de population. Mais pour une gamme de plus en plus large de produits industriels, et peut-être également de produits agricoles, je ne pense pas que les pertes économiques dues à l’autosuffisance soient supérieures aux avantages autres qu’économiques que l’on peut obtenir en ramenant progressivement le produit et le consommateur dans le giron d’une même organisation économique et financière nationale. L’expérience prouve chaque jour un peu plus que beaucoup de processus modernes de production de masse peuvent être maîtrisés dans la plupart des pays et sous presque tous les climats avec une efficacité comparable. De plus, à mesure que la richesse s’accroît, le logement, les services à la personne et les équipements locaux, qui ne peuvent pas faire l’objet d’un commerce international, prennent une part de plus en plus importante dans l’économie nationale, au détriment des produits de base et des objets manufacturés. Si les coûts de ces derniers produits augmentaient modérément, à cause d’une plus grande autosuffisance nationale, les conséquences ne seraient pas très graves, en comparaison avec les avantages de nature différente. En bref, l’autosuffisance nationale, même si elle a un coût, est un luxe que nous aurions les moyens de nous offrir, si nous le souhaitions.

Y a-t-il assez de bonnes raisons pour que nous le souhaitions ? L’orientation que je développe va peiner nombre de mes amis, éduqués à l’ancienne et à juste titre choqués par le gaspillage et les pertes économiques allant de pair avec le nationalisme économique qu’ils ont connu. Je vais tenter de l’expliquer en des termes avec lesquels ils puissent être d’accord.

Le capitalisme international et néanmoins individualiste, décadent mais dominant depuis la fin de la guerre, n’est pas une réussite. Il n’est ni intelligent, ni beau, ni juste, ni vertueux, et il ne tient pas ses promesses. En bref, nous ne l’aimons pas et nous commençons à le mépriser. Mais quand nous nous demandons par quoi le remplacer, nous sommes extrêmement perplexes.

 D’année en année, il devient plus évident que le monde s’engage dans diverses expériences politico-économiques correspondant à des tempéraments nationaux et à des environnements historiques différents. L’internationalisme économique des libre-échangistes du XIXe siècle supposait que le monde entier était ou serait organisé sur la base d’un capitalisme concurrentiel et de la liberté du contrat privé protégé de façon inviolable par la loi. Ce modèle pouvait en être à divers stades de développement et de complexité, mais il était toujours conforme à un type uniforme qu’il convenait de chercher à perfectionner, et certainement pas à détruire. Le protectionnisme du XIXe siècle était une vilaine tache sur l’efficacité et le bon sens de cet ordre des choses, et il ne modifiait en rien l’idée générale que l’on se faisait des caractéristiques fondamentales de l’économie.

Mais aujourd’hui des pays remettent en question ce modèle. La Russie est encore seule à mener son expérience très particulière, mais d’autres abandonnent les théories du XIXe siècle. L’Italie, l’Irlande, l’Allemagne s’intéressent de près à de nouvelles formes d’économie politique. Je prévois qu’à leur suite bien d’autres pays vont chercher, chacun de son côté, de nouvelles idoles économiques. Même la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, qui respectent encore strictement l’ancien modèle, aspirent sans le montrer à un nouveau concept économique. Nous ne savons pas quelle sera l’issue. Nous sommes tous sur le point de faire beaucoup d’erreurs. Personne ne peut dire lequel des nouveaux modèles se révélera le meilleur.

Mais voici ce que j’en pense aujourd’hui. Chacun de nous a ses préférences. Nous ne croyons pas être déjà sauvés, et nous voulons tous travailler à notre propre salut. Nous ne souhaitons donc pas être à la merci de forces mondiales s’efforçant d’instaurer un quelconque équilibre général conforme aux principes idéaux -si l’on peut dire- d’un capitalisme du laisser-faire. Il reste des gens qui s’accrochent aux vieilles idées, mais aujourd’hui ils ne représentent une force sérieuse dans aucun pays. Nous souhaitons -du moins pour l’instant, et aussi longtemps que durera cette phase de transition expérimentale- être nos propres maîtres, aussi libres que possible des ingérences du monde extérieur.

Par conséquent, vue sous cet angle, une politique de renforcement de l’autosuffisance nationale ne doit pas être considérée comme un idéal en soi, mais comme le moyen de créer un environnement dans lequel d’autres idéaux pourront être poursuivis commodément et en toute sécurité.

Laissez-moi vous en donner un exemple aussi simple que possible, choisi parce qu’il est en relation avec des idées qui m’ont beaucoup occupé l’esprit ces derniers temps. Dans les activités économiques quotidiennes, qu’il faut distinguer de celles qui sont dirigées de façon centralisée, je suis favorable au maintien d’autant de décision et d’initiative privées qu’il est possible. Mais j’ai fini par être convaincu que le maintien de la structure de l’entreprise privée est incompatible avec le degré de bien-être matériel que l’avancée des techniques nous permettrait, à moins que le taux d’intérêt ne tombe à un chiffre nettement inférieur à celui auquel il devrait être fixé par le jeu naturel des forces opérant selon les anciennes règles. En fait, la transformation de la société à laquelle irait ma préférence demanderait que le taux d’intérêt baisse jusqu’à disparaître dans les trente prochaines années. Mais ce n’est pas près d’arriver, dans un système où ce taux, une fois pris en compte le risque et les autres facteurs, a tendance à s’uniformiser à un niveau mondial sous l’effet du jeu normal des forces financières. Pour de multiples raisons que je ne peux développer ici, l’internationalisme économique, avec ce qu’il comporte de libre mouvement de capitaux et de fonds à investir, aussi bien que de libre échange de marchandises, peut condamner mon propre pays, pour une génération, à un niveau de prospérité matérielle inférieur à celui qu’il pourrait atteindre dans un système différent.

Mais ce n’est qu’une illustration. Ce que je soutiens, c’est que la nouvelle génération n’a rien à attendre d’un système économique mondialement uniforme, qui était, en gros, celui du XIXe siècle, et que nous devons être aussi peu soumis que possible à l’influence des changements économiques décidés ailleurs, afin de pouvoir faire nous-mêmes les expériences que nous souhaitons, pour aller vers la République sociale idéale du futur. Je pense qu’une démarche délibérée vers une plus grande autosuffisance nationale et un plus grand isolement économique nous faciliterait la tâche, dans la mesure où cela n’aurait pas un coût excessif.

Les méfaits de la course à la rentabilité à tout prix

Cette nouvelle façon de voir les choses a une autre explication. Le XIXe siècle a donné une place extravagante à ce que l’on peut désigner, pour faire court, aux « résultats financiers », promus critère d’appréciation de toute action, qu’elle soit publique ou privée. Mener sa vie était devenu une sorte de parodie du cauchemar d’un comptable. Au lieu d’utiliser leurs ressources matérielles et techniques, toujours croissantes, pour bâtir une cité splendide, les hommes construisaient des taudis. Et ils pensaient que c’était une bonne chose, qu’il fallait le faire parce que, selon les critères de l’entreprise privée, les taudis sont « rentables », alors qu’une ville superbe aurait été, selon eux, une dépense d’une folle prodigalité et qui aurait, dans le langage stupide des financiers, « hypothéqué l’avenir » – même si personne ne peut comprendre comment la construction, aujourd’hui, de grands et magnifiques édifices pourrait appauvrir l’avenir, sauf à avoir l’esprit farci d’analogies fallacieuses avec une comptabilité inappropriée. Même aujourd’hui, je passe mon temps – moitié pour rien, moitié avec succès – à tenter de convaincre mes compatriotes que la nation tout entière s’enrichirait à coup sûr si les hommes et les machines inemployés étaient utilisés pour construire les logements dont nous avons tant besoin plutôt qu’en les payant à ne rien faire. Car les cerveaux de cette génération sont tellement obscurcis par de faux calculs qu’ils se défient de conclusions qui seraient évidentes s’ils ne faisaient pas une confiance aveugle à un système de comptes financiers contestant la rentabilité d’une telle politique. Nous devons rester pauvres parce qu’il n’est pas rentable d’être riches. Nous devons vivre dans des taudis, non pas parce que nous ne pouvons pas construire des palais, mais parce que nous « n’en avons pas les moyens ».

La même règle de calcul financier, autodestructrice, régit chaque moment de la vie. Nous détruisons la beauté de la campagne parce que les splendeurs d’une nature qui n’appartient à personne n’ont aucune valeur économique. Nous sommes capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’ils ne rapportent aucun dividende. Londres est l’une des villes les plus riches de l’histoire de la civilisation, mais elle ne « peut pas se permettre » les réalisations les plus ambitieuses dont sont capables ses habitants, parce qu’elles ne sont « pas rentables ».

Si j’étais au pouvoir, aujourd’hui, j’entreprendrais avec détermination de doter nos grandes villes de tous les équipements artistiques et culturels susceptibles de répondre aux attentes individuelles les plus ambitieuses des citoyens de chacune de ces villes. Je suis convaincu que ce que nous savons créer, nous en avons les moyens, et que l’argent ainsi dépensé sera non seulement plus utile que n’importe quelle allocation de chômage, mais qu’il rendra inutiles ces allocations. Parce qu’avec ce que nous avons dépensé pour les chômeurs en Angleterre depuis la guerre nous aurions pu faire de nos villes les plus magnifiques réalisations humaines du monde.

De même, nous avons considéré qu’il nous fallait absolument ruiner les paysans et détruire une économie fondée sur des traditions très anciennes pour gagner quelques centimes sur une miche de pain. Rien ne devait échapper à l’autel de Moloch et de Mammon réunis ; nous devions tout sacrifier à ces monstres dont le culte nous permettrait de vaincre la pauvreté et conduirait sûrement et aisément la prochaine génération, portée par l’intérêt composé, vers la paix économique.

Nous avons perdu nos illusions, non pas que nous soyons plus pauvres qu’avant – au contraire, même aujourd’hui, nous bénéficions, du moins en Grande-Bretagne, d’un niveau de vie plus élevé que jamais -, mais parce que les valeurs autres qu’économiques semblent avoir été sacrifiées. En pure perte, dans la mesure où notre système économique ne nous permet pas de tirer le meilleur parti de la richesse autorisée par le progrès technique, qu’il en est même loin, ce qui nous amène à penser que nous aurions pu faire une bien meilleure utilisation de ces possibilités inexploitées.

Mais dès que nous nous permettons de ne pas respecter le critère du profit comptable, nous commençons à changer notre civilisation. Nous devons le faire très prudemment, avec beaucoup de précautions, et en toute conscience. Parce que pour une grande partie de l’activité humaine il sera sage de maintenir les critères financiers habituels. C’est l’Etat plus que l’individu qui doit changer ses critères. Ce sur quoi il nous faut tirer un trait, c’est la conception d’un ministre des Finances qui serait le président d’une sorte de société par actions. Et si les fonctions et les objectifs de l’Etat doivent être étendus, le choix de ce qui doit être produit dans un cadre national et de ce qui doit faire l’objet d’échanges avec l’étranger devra figurer en bonne place parmi les priorités de la politique.

Trois écueils à éviter

De ces réflexions sur les finalités propres à l’Etat, je reviens au monde de la politique contemporaine. Après avoir cherché à comprendre, en toute impartialité, les idées qui fondent le besoin ressenti par tant de pays d’une plus grande autosuffisance nationale, il nous faut examiner avec soin si, dans la pratique, nous ne sommes pas en train de rejeter trop facilement des acquis importants du XIXe siècle. Je trouve que dans tous les pays, sans exception, où les partisans de l’autosuffisance nationale ont pris le pouvoir, beaucoup de bêtises ont été commises. Mussolini est peut-être en train de parvenir à l’âge de raison, mais la Russie offre le pire exemple que le monde ait connu d’incompétence administrative et sacrifie à des idiots à peu près tout ce qui fait que la vie vaut d’être vécue. L’Allemagne est entre les mains d’irresponsables déchaînés – il est donc trop tôt pour juger sa politique économique. L’Etat libre d’Irlande, trop petit pour parvenir à un niveau élevé d’autosuffisance nationale, qu’il devrait payer d’un coût économique très élevé, est en train de débattre de plans qui pourraient le ruiner s’ils étaient mis en oeuvre.

Dans le même temps, les pays qui conservent ou adoptent un protectionnisme pur et dur, à l’ancienne, modernisé par l’adoption de quelques mesures de contingentement, font des choses rationnellement indéfendables. Si donc la Conférence économique mondiale [Cette conférence s’est tenue à Londres en 1933 pour tenter d’organiser une réponse multilatérale aux effets de la crise économique du début des années 1930] débouche sur une réduction mutuelle des droits de douane et ouvre la voie à des accords régionaux, on ne pourra que sincèrement s’en féliciter. Je ne voudrais pas que l’on croie que j’approuve ce qui est actuellement fait par les politiques au nom du nationalisme économique. Loin de là. Mais mes critiques sont celles d’un homme portant un regard amical et sympathique sur les expéri mentations menées avec obstination dans le monde contemporain, qui souhaite qu’elles réussissent, qui a lui-même des projets dans ce sens et qui, en dernier ressort, préfère n’importe quoi plutôt que ce que les rapports financiers appellent « l’opinion de Wall Street ». Et j’essaie de montrer que le monde vers lequel nous nous dirigeons avec difficulté est bien différent de l’idéal économique internationaliste de nos pères, et que les politiques actuelles ne doivent pas être jugées selon les règles du credo précédent.

 Je vois dans le nationalisme économique et dans les mouvements en faveur de l’autosuffisance nationale trois dangers majeurs qui compromettent leurs chances de succès.

Le premier est la Bêtise – la bêtise du doctrinaire. Il n’y a rien de surprenant à la trouver dans ces mouvements qui sont passés sans transition du stade des propos excessifs d’après-dîner à celui de l’action. On a du mal, au début, à distinguer le discours brillant qui a permis d’emporter l’adhésion des foules et le fond du message, beaucoup plus terne. Passer de l’un à l’autre n’a rien de cynique. Les mots doivent avoir de la force, car ils portent les idées qui partent à l’assaut de l’absence de pensée. Mais lorsqu’on a atteint les sièges du pouvoir et de l’autorité on ne devrait pas se permettre de licence poétique. Il faut alors compter, au centime près, ce que l’on avait considéré comme méprisable quand il fallait faire assaut de rhétorique. Si elle veut survivre, une société qui expérimente doit être beaucoup plus efficace que celle qui est installée dans sa routine. Il lui faut utiliser à fond toutes ses capacités économiques, et elle ne peut pas se permettre de céder à la stupidité ou à l’irréalisme des doctrinaires. Quand un doctrinaire passe à l’action, il doit, pour ainsi dire, oublier sa doctrine. Car celui qui, dans l’action, reste prisonnier de son discours, manquera probablement son but.

Le second danger – pire que la bêtise – est la Précipitation. Citons Paul Valéry : « Le résultat des luttes politiques est de troubler, de falsifier dans les esprits la distinction entre ce qui est important et ce qui est urgent. » La transition économique d’une société doit être menée lentement. Les arguments que je viens de développer ne portent pas sur une révolution brutale, mais sur une tendance séculaire. La Russie nous donne aujourd’hui un exemple terrifiant des maux provoqués par une précipitation démentielle et inutile. Les sacrifices et les pertes inhérents à la transition sont beaucoup plus graves quand on avance à marche forcée. Je ne crois pas que le caractère progressif soit inévitable, mais je crois à la progressivité. C’est d’autant plus vrai que lorsqu’on s’achemine vers une plus grande autosuffisance nationale et vers une planification de l’économie interne. Il est dans la nature des processus économiques de s’inscrire dans la durée. Une transition trop rapide provoquera une telle destruction de richesse sans contrepartie que le nouvel état des choses sera, au début, bien pire que l’ancien, et que la grande expérimentation sera discréditée. Car les hommes jugent impitoyablement selon les résultats, et même selon les premiers résultats.

Le troisième danger, le pire des trois, est l’Intolérance et la répression de toute critique éclairée. Les nouveaux mouvements arrivent généralement au pouvoir par la violence plus ou moins ouverte. Ils n’ont pas convaincu leurs opposants, ils les ont terrassés. La méthode moderne – que je trouve désastreuse, au risque de paraître vieux jeu – consiste à utiliser la propagande et à s’emparer des médias. Il est considéré comme habile et efficace d’empêcher toute idée de se développer et d’utiliser les moyens du pouvoir pour paralyser la réflexion. Ceux qui ont considéré que ces méthodes étaient nécessaires pour parvenir au pouvoir sont tentés de continuer à se servir, pendant la période d’édification de la nouvelle société, des mêmes outils dangereux qui leur ont servi à s’introduire dans la place.

C’est encore la Russie qui fournit un exemple des terribles erreurs que commet un régime lorsqu’il s’affranchit de toute critique. L’incompétence qui caractérise la conduite des guerres, que ce soit d’un bord ou de l’autre, s’explique de la même façon, l’organisation hiérarchique mettant le haut commandement à l’abri de la critique. Je n’admire pas sans réserve les politiciens, mais eux du moins baignent dans la critique, ce qui leur donne une incontestable supériorité sur les militaires. Les révolutions ne réussissent que parce qu’elles sont menées par des hommes politiques contre des soldats. Cela peut sembler paradoxal, mais qui a jamais entendu parler d’une révolution réussie menée par des soldats contre des politiciens ? Cela étant, nous haïssons tous la critique. Seule une conviction profonde nous permet de nous y soumettre de bonne grâce.

Les nouveaux modèles économiques vers lesquels nous avançons à tâtons sont, par nature, au stade de l’expérimentation. Nous n’avons pas en tête, prête à l’emploi, l’idée exacte de ce que nous voulons. Nous la découvrirons chemin faisant, et nous devrons lui donner forme en fonction de notre expérience. Ce processus de critiques courageuses, libres et sans merci est la condition sine qua non du succès final. Nous avons besoin du concours de tous les esprits brillants du moment. Staline a éliminé tout esprit critique, tous ceux qui faisaient preuve d’indépendance, même lorsqu’ils avaient de la sympathie pour sa cause. Il a créé un climat dans lequel le fonctionnement intellectuel s’est atrophié. Les délicates circonvolutions du cerveau ont été pétrifiées. Le son assourdissant du mégaphone remplace les souples inflexions de la voix humaine. Les idioties de la propagande stupéfient même les oiseaux et les bestiaux. Que Staline soit un exemple terrifiant pour tous ceux qui veulent faire des expériences. Si ce n’est pas le cas, je retournerai vite à mes vieux idéaux du XIXe siècle et à l’héritage intellectuel construit sur la réflexion que nous cherchons aujourd’hui à détourner pour atteindre nos propres objectifs.

John Maynard Keynes, 1933

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Commentaire recommandé

Patrick // 11.06.2018 à 08h50

Ne vous inquiétez pas , tout l’équilibre actuel repose sur des montagnes de dettes et le pétrole pas cher qui coule à flot.
Une bonne partie des entreprises et de leur capitalisation boursière ne repose que sur la planche à billets des banques centrales.
On ne devrait donc pas tarder à revenir à une économie d’autosuffisance mais ça va faire mal , nos économies ne sont absolument pas prêtes.

63 réactions et commentaires

  • Emmanuel // 11.06.2018 à 08h09

    « Le premier est la betise – la bêtise du doctrinaire  » ; phrase à appliquer aujourd’hui à la cohorte de ces brillants esprits formés en masse dans les écoles de commerce ou dans les High school, sensés représenter l’élite du moment, et soumis à la religion féroce de l’ultralibéralisme, jusqu’à faire inscrire le dogme dans un traité constitutionnel et de vouloir l’imposer par la force à la planète entière …merci pour ce texte rafraîchissant l’esprit, d’un homme très honorable qui essaye de penser l’économie avec un maximum de bon sens et pour le bien commun….

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  • Patrick // 11.06.2018 à 08h50

    Ne vous inquiétez pas , tout l’équilibre actuel repose sur des montagnes de dettes et le pétrole pas cher qui coule à flot.
    Une bonne partie des entreprises et de leur capitalisation boursière ne repose que sur la planche à billets des banques centrales.
    On ne devrait donc pas tarder à revenir à une économie d’autosuffisance mais ça va faire mal , nos économies ne sont absolument pas prêtes.

      +30

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    • Vlois // 11.06.2018 à 09h24

      Oui, à quel prix ? Quel est le tribut humain à payer ? Surtout que ceux qui vont payer ne seront pas ceux qui nous amené ci, je dirais, comme d’habitude que c’est le peuple qui paiera la facture tandis qu’ils échapperont avec leurs bénéfices, pas de Nuremberg pour ces criminels.

        +10

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      • Patrick // 11.06.2018 à 09h41

        ça risque d’être très cher.
        La plus grosse partie de nos sociétés ne présente aucune forme de résilience à un effondrement rapide , imaginez la Région Parisienne sans le flux continu des camions qui l’approvisionnent chaque jour et avec un approvisionnement restreint en énergie.

        Quelques prévisions intéressantes qui peuvent servir de point de départ d’une étude . Dommage qu’ils n’explicitent pas plus leurs hypothèses.

        http://www.deagel.com/country/forecast.aspx

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    • kèsse // 11.06.2018 à 12h00

      « Ne vous inquietez pas, je vous promet le chaos qui a toute les chances d’arriver d’après mes connaissances partielles et obscures sur l’ordre économique et la marche du monde. »

      Vous rendez vous compte de l’image d’embrigadement sectaire et d’auto-suffisance que vous renvoyez, Patrick.

        +3

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      • Patrick // 11.06.2018 à 12h23

        au contraire , rien de sectaire et pas d’embrigadement.
        je suis profondément libéral et attentif au monde qui m’entoure et spécialement à l’économie, donc :
        Dette publique française ( avec le hors bilan ) : pas loin de 6000 milliards d’€, je n’ai pas les chiffres pour la dette privée mais ça doit être croquignolesque.
        Dette Mondiale ( publique + privée ) : 233.000 milliards de $
        Etat des banques françaises et européennes : comptablement en faillites , maintenues en vie par la BCE
        Etat des autres banques : à priori pas mieux.
        Etats des entreprises : de la dette , encore de la dette.

        Solution ? le fameux Reset de notre amie Christine Lagarde ?

        et pour l’énergie ? ( l’autre drogue dure de nos sociétés ) on va remplacer le nucléaire et le pétrole par des éoliennes ?

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        • Bibendum // 11.06.2018 à 13h34

          Vous témoignez de ce qu’on a pas écouté Saint Exupéry; le monde ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants.

          D’où ces foutues dettes pour s’offrir le  » jouir sans entrave » de la méga révolution de 68 et de Co(nr)ad al’bendit

          Elle est pas belle la vie ? Maintenant faut payer et c’est pas cool.

          Allé, cherchons des coupables pour nous laver les fesses…. Les autres

            +2

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          • jerome // 11.06.2018 à 14h56

            La dette d’aujourd’hui correspond à la monnaie qui circule. Elle nous sert à faire des échanges…et elle est aussi la monnaie qui servira aux générations suivantes. Nous ne transférons pas la dette publique seule à nos enfants, mais « accompagnée » d’une somme de même montant que la dette, (mal) répartie sur les comptes en banques des générations futures.

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            • Bibendum // 11.06.2018 à 16h42

              Amen…. Le flouz, chui à l’église, j’brule un cierge…. Et le curé 🙂

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            • Bibendum // 11.06.2018 à 16h58

              Vous confondez monnaie fiduciaire:

              « La monnaie fiduciaire est la monnaie comprenant les pièces et les billets de banque[1], c’est un instrument financier dont la valeur nominale est supérieure à la valeur intrinsèque : la confiance (fiducia en latin) que lui accorde l’utilisateur comme valeur d’échange, moyen de paiement, et donc comme monnaie, repose sur un principe de garantie défendu par une institution centralisatrice. »

              Et monnaie scripturale:

              « Les dépôts bancaires dans les comptes courants forment ce qu’on appelle la monnaie scripturale. La possession de monnaie par un titulaire de compte est matérialisée par une écriture en compte. Ces écritures longtemps tenues dans des registres sont maintenant gérées par informatique[1]. Ils forment l’essentiel de la masse monétaire, très loin devant les billets et les pièces (environ 90 % de la masse monétaire) »

              Rajoutez à celles-ci l’argent dette, qui n’est qu’une filouterie bancaire consistant à créer des lignes, ex nihilo, dans la colonne de passif des cahiers comptables et vous avez une belle bulle qui peut-être explosera, ou pas, sauf si elle explose, ou pas, à moins qu’elle explose quand même, ou pas. Mais bon, comme toute monnaie, c’est la confiance qui compte (en banque) donc ça explosera pas, ou pas.

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            • calal // 11.06.2018 à 18h56

              elle sert a faire des echanges? Comme par exemple les echanges que se font entre eux les algos des banks too big too fail pour acheter et vendre des actions toutes les 3 nanosecondes? ca c’est de l’echange effectivement et il en faut de la monnaie pour ca…chaque fois qu’un banquier creer un nouveau produit financier synthetique faut creer l’argent necessaire aux echanges? creer de la monnaie pour chaque cds?cette monnaie est equivalente a la monnaie que je gagne par mon travail?

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            • RGT // 12.06.2018 à 19h44

              @ Bibendum :
              Je tiens à rappeler aux lecteurs que seule la monnaie fiduciaire possède une valeur « garantie » (par l’état).

              Dans le cas de monnaie scripturale (monnaie bancaire sous forme de chèques, virements ou électronique) il n’y a AUCUNE garantie.

              Vous avez par exemple 1 000 € sur votre compte.
              Si vous faites un chèque de ce montant la banque peut honorer ce chèque… ou pas, selon son « bon plaisir » et sans aucune possibilité pour vous de changer cette décision.

              Autre exemple encore plus évocateur et tout à fait possible : Vous empruntez 1 000 € à votre banque qui sont alors versé sur votre compte.
              La banque a des difficultés de trésorerie et les comptes sont « siphonnés » pour renflouer la banque (« bail in » décidé arbitrairement par l’UE)…
              Vous n’avez donc plus rien sur votre compte MAIS… Vous devrez rembourser les 1 000€ que la banque vous a prêté, même si vous ne pourrez jamais en profiter.

              Tout ça parce que lorsque vous déposez (ou que la banque transfère) de la monnaie sur votre compte vous n’êtes plus propriétaire de cette monnaie mais vous êtes titulaire d’une CRÉANCE de la banque qu’elle peut honorer… ou pas !!!

              Par contre, si vous posséder des VRAIS billets émis par la banque centrale de votre pays, ces billets sont GARANTIS par l’état et le risque « d’évapoartion » est infiniment plus faible.

              La meilleure monnaie consiste à posséder des biens physiques échangeables mais je vois mal (pour l’instant) mes concitoyens aller acheter une salade avec des clous ou un pneu de vélo avec des patates.
              Par contre, en cas de faillite bancaire ou étatique vous pourrez toujours clouer des planches ou manger des patates, ce vous ne pourrez pas faire avec des les billets, les chèques ou les cartes bancaires.

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      • Pinouille // 11.06.2018 à 15h00

        @kèsse
        Sans ironie aucune, votre remarque m’interroge.
        Soit vous ne connaissez pas le détail de la situation économique et financière de nombreux pays occidentaux, que l’on (tout comme Patrick) peut aisément qualifier de critique. Auquel cas, votre remarque est à nuancer de ce paramètre.
        Soit vous connaissez ce détail, mais ne partagez pas du tout les conclusions de Patrick (que je partage pour ma part). Auquel cas, je serai personnellement heureux que vous puissiez proposer un autre scénario plausible qui ne passerait pas par une catastrophe de grande ampleur. Comme une issue à l’apocalypse programmée.
        Votre réponse aura toute mon attention.

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        • WASTERLAIN // 11.06.2018 à 17h35

          Voici comment est fabriqué la masse monétaire, toute la masse monétaire, qu’elle soit fiduciaire qui ne représente que +/- 3% de l’argent en circulation, que scripturale.
          C’est la version courte, dans le bandeau de droite il y a des versions plus longues et détaillée.
          https://www.youtube.com/watch?v=kgA2-bWXSN4

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  • un citoyen // 11.06.2018 à 08h57

    Et cette recherche d’un nouveau modèle économique continue, les avertissements de J.M Keynes sont toujours valables. Ne pas se précipiter, être prudent et ne pas se leurrer dans des bêtises, savoir accepter les opinions contraires : de sages conseils.
    A méditer en France, où pour qu’un parti ait des chances d’être fiable il faut au minimum que son programme économique soit cohérent. Il faut donc que les partis d’opposition français éclaircissent (ou continue à éclaircir) leurs plans alternatifs le mieux possible et ne cherchent pas forcément à attirer les foules, la confiance avec les citoyens étant devenue affaiblie sur ce point. C’est la construction d’un nouveau modèle économique qui doit primer.
    En Italie, avec C.Borghi et A.Bagnai dans la Lega c’est rassurant mais prudence, car si la Lega (que je connais peu, de même pour le M5S) se focalise trop sur des questions identitaires ou autres et n’écoute pas trop ses économistes, comme ce fût le cas avec le FN, cela n’apportera rien à part une perte de temps et éventuellement des catastrophes.

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    • Patrick // 11.06.2018 à 12h49

      De toute façon , c’est le modèle économique et son succès ( ou pas ) qui font la différence pour les citoyens. Des gens qui ont le ventre plein se révoltent rarement.
      Par contre , les échecs successifs qui ont laissé les gens dans la mouise incitent à vouloir renverser la table , si en plus s’y ajoutent des problèmes comme l’immigration non contrôlée alors là les extrémistes jouent sur du velours. Surtout quand en plus les zélites au pouvoir méprisent le peuple ( derniers exemples avec les Démocrates aux USA et le partis pro-UE en Europe ).

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      • un citoyen // 11.06.2018 à 22h54

        Pour les gens qui ont le ventre plein, oui il est évident qu’il y en a moins parmi eux qui seraient susceptibles de se révolter, mais le fait de pouvoir vivre financièrement sans soucis ne signifie pas que tout va bien pour autant car, pour au moins une partie d’entre-eux, il se peut que la philosophie employée par des plus grands et dont ils dépendent ne leur convienne pas. Sans oublier ceux qui peuvent aussi se révolter par solidarité (s’il n’y a que nous qui peuvent vivre bien, quel intérêt ?). Mais j’ignore leur proportion ceci dit en écrivant cela.

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  • DUGUESCLIN // 11.06.2018 à 09h26

    Certes, Staline a bien tenté d’effacer tout esprit critique, mais il n’est pas le seul.
    Actuellement que ce soit dans les médias et même à l’école, l’esprit critique est considéré comme suspect.
    Un pouvoir qui n’accorde pas au peuple toutes les informations et connaissances, qu’il soit issu d’idéologies, ou du pouvoir financier, qui a la main mise sur l’économie et la politique, n’est pas enclin à développer l’esprit critique.
    Ces pouvoirs sont appelés totalitaires, mais le problème c’est que les anciens opposants au totalitarisme sont eux-mêmes totalitaristes et que les financiers savent les utiliser pour conserver leur pouvoir.
    On ne peut que constater dans les pays occidentalistes d’Europe de l’ouest un totalitarisme rampant qui réduit de plus en plus l’esprit critique et la liberté d’opinion, mais cette fois au nom des droits de l’homme et de la démocratie. De sorte qu’étant moins visible que chez les soviets, ça la rend plus efficace. L’Europe de l’est est plus pertinente que l’ouest concernant le totalitarisme, elle a le recul que nous n’avons pas et découvrent que ça n’est pas mieux chez les européistes contrairement à ce qu’ils croyaient après la perestroïka.

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  • Sandrine // 11.06.2018 à 09h34

    Autosuffisance.. ok.
    Mais Keynes était anglais à une époque où la GB régnait sur le plus grand empire colonial du monde. Quand on est un petit pays sans production d’énergie suffisante et sans accès aux terres rares, peut-on raisonnablement s’appuyer sur les travaux de Keynes?

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    • Patrick // 11.06.2018 à 09h49

      Ce qui est sur c’est que la France ne peut pas être autosuffisante pour tout.
      Les seuls qui pourraient prétendre à l’autosufficance sont les Russes , mais ils sont à peine deux fois plus nombreux que nous sur un territoire 30 fois plus grand avec des réserves énormes de gaz et de pétrole , on devrait peut-être essayer de les envahir 🙂

      On pourrait quand même essayer l’autosuffisance pour un certain nombre de choses mais ça va être compliqué. Pour acheter du gaz et du pétrole , il nous faut de l’argent , donc vendre nos produits à l’étranger , donc accepter de laisser entrer les marchandises étrangères.
      Ou alors changer complètement de mode de vie ???? mais avant il faudra limiter la population et la répartir sur tout le territoire ?

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      • Brigitte // 11.06.2018 à 10h33

        Patrick, l’autosuffisance ne peut pas être totale mais elle doit être recherchée autant que possible quand elle permet d’assurer l’indépendance nationale et l’harmonie sociale. L’agriculture est l’exemple parfait. Les Russes ont une politique agricole qui va vers l’autosuffisance, pour cause de boycott alors que nous faisons l’inverse, nous avions une autosuffisance et nous la perdons, pour cause de libre échange justement. Dans le domaine énergétique et du transport, nous faisons aussi marche arrière: le libre échange vous dis-je….L’UE n’est que l’enrobage de la pilule. La France est malade de ça, du libéralisme béat, alors qu’elle pourrait se soigner au protectionisme intelligent.

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        • RGT // 12.06.2018 à 20h07

          Concernant l’auto-suffisance alimentaire, elle est tout à fait possible à condition que les français acceptent de ne plus avoir des lubies délirantes du style manger des fraises en janvier.

          Si déjà ils se contentaient de produits locaux de saison ça coûterait largement moins cher et surtout l’impact environnemental serait énorme.

          C’est surtout un problème « culturel » : Ne pas con-sommer au gré de ses envies mais en fonction des cycles naturels locaux.
          Par contre les habitants des grosses concentrations urbaines risquent de souffrir : Il faudra bien approvisionner ces centres urbains mais à partir de zones rurales de plus en plus éloignées…

          A mon avis, l’autosuffisance nationale n’est pas suffisante : Il faut parvenir à une autosuffisance locale car lorsque le « Dieu Pétrole » nous aura abandonnés le transport de denrées diverses deviendra TRÈS compliqué, même au sein d’une même nation.

          J’espère me tromper mais je sens bien que le principal problème sera la fin de l’énergie pas chère et abondante qui ne devrait pas tarder.
          Ce qui ne sera pas un grand mal pour les autres espèces qui souffrent de notre appétit énergétique démesuré qui dévaste l’écosystème.

          Le RESET ne viendra pas d’un problème financier (qui sera TOUJOURS sauvé par les « dirigeants »), il viendra d’un problème énergétique.

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          • Brigitte // 13.06.2018 à 08h39

            RGT, l’alimentaire c’est du culturel bien évidemment. Notre culture culinaire se ringardise, tout comme notre langue, mondialisation oblige. La cuisine maintenant est internationale et les produits circulent au mépris des saisons et des contraintes climatiques.Un suédois qui veut faire un plat méditerranéen pour Noël n’a qu’à franchir la porte de son super marché local.
            Il ne faut pas confondre protectionisme et autarcie. Le protectionisme n’exclue pas les échanges. Les labels géographiques protégés sont du protectionnisme. Mais il faut aller plus loin, changer les règles du commerce et de l’urbanisme. Prévoir des ratios de terres agricoles et maraichères au km2, y compris dans les villes. Apprendre l’agriculture à l’école.
            Pour ma part j’ai créé une association qui propose de nouveaux métiers liés à l’environnement et l’agriculture mais Pôle Emploi me snobe et les demandeurs d’emploi ne se bousculent pas à ma porte…

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            • RGT // 13.06.2018 à 18h37

              Finalement, vous me semblez être « castriste »… Comme moi 😉

              Suite à l’embargo US et à la chute de l’URSS les cubains ont appris à se débrouiller pour s’alimenter avec les moyens du bord (sans transports, sans engrais, sans machines, sans pétrole).

              Certes ça a été « délicat » au début car ils partaient de RIEN.

              Mais heureusement le système éducatif excellent de ce pays a permis à de très nombreux agronomes de trouver rapidement des solutions efficaces et le peuple cubain n’a jamais connu la malnutrition.

              Certes ils ne mangent pas tous les jours des « big mac », mais par contre leur alimentation est bien plus saine (et naturelle) que la bouffe inqualifiable que nous sommes parfois contraints d’ingurgiter par manque de choix.
              Et l’état de santé de cette population s’en ressent : Ils sont beaucoup moins malades que leurs voisins pourtant « bien mieux nourris ».

              Personnellement, je ne mange pratiquement plus de viande. Je me nourris essentiellement des aliments qui poussent tous seuls (sans engrais ni pesticides) dans mon jardin, de quelques œufs (des « insecticides naturels » que sont les poules), d’un peu de miel provenant de mes ruches et aussi de fruits de saison qui s’épanouissent dans le verger (pommes, poires, abricots, cerises, pêches, prunes,…).
              Et aussi de « mauvaise herbe » : Les fraises locales sont un vrai « chiendent » et envahissent tout…
              Et ce sont des fraises naturelles, même pas arrosées (comme le reste du jardin, la pluie suffit) qui sont charnues et d’un goût irremplaçable (quand on en goûte on ne peut plus manger de fraises « élevées en batterie »).

              Et ça ne demande pas un travail excessif : Au maximum une demi-journée par semaine en période de récolte ou de plantations. Le reste du temps c’est la sieste en regardant faire la nature.

              Il devrait être possible « d’augmenter les rendements » mais à quel prix ?
              Comme ma production me suffit je ne vais surtout pas me fatiguer.

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    • Pinouille // 11.06.2018 à 09h51

      « peut-on raisonnablement s’appuyer sur les travaux de Keynes? »
      Vous n’avez pas tort sur le fond, mais l’idée n’est pas de tout prendre aveuglément. On ne peut s’empêcher de lui accorder une certaine pertinence quand il avance par ex (parmi tant d’autres): « nous avons considéré qu’il nous fallait absolument ruiner les paysans et détruire une économie fondée sur des traditions très anciennes pour gagner quelques centimes sur une miche de pain. »

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      • Defrance // 16.06.2018 à 18h42

        Rxact,
        je suis souvent au Vietnam, pays ou la nourriture est abondante, pousse partout sans quasiment aucun pesticide ou engrais ( trop cher) et tout l monde peut vivre correctement ?
        ce qui me pousse a ecrire est qu’au centre du Vietnam Quy Nhon la tres grande université , à 100 metre de la plage a deux statues face à face dans une allée :
        : Keynes et Marx !

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    • Pinouille // 11.06.2018 à 10h11

      Amha, l’idée n’est pas de se jeter à corps perdu dans l’autosuffisance. C’est plutôt, comme le suggère Keynes dans le texte, d’analyser plus finement qu’aujourd’hui ce qui a de la valeur: ne pas tout céder à la valeur comptable et à la rentabilité purement financière d’un investissement (« les valeurs autres qu’économiques semblent avoir été sacrifiées »).
      Par exemple, ce type d’analyse a lieu actuellement vis à vis de la SNCF.
      Mais les finances publiques sont dans un tel état que nous lui sacrifions beaucoup.

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  • Chris // 11.06.2018 à 09h45

    « De toute façon, l’internationalisme économique n’a pas réussi à éviter la guerre, et si ses défenseurs répondent qu’il n’a pas vraiment eu sa chance, son succès ayant toujours été incomplet, on peut raisonnablement avancer qu’une réussite plus achevée est fort improbable dans les années qui viennent ».
    J’ai immédiatement penser à la citation d’Einstein : « la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ».
    Ceci confirme amplement ma conviction : notre monde est foldingue ! Des milliards de Folamour qui s’ignorent dont quelques millions irrécupérables.
    Je remarque au passage la fixation de Keynes sur la Russie…
    En conclusion, les survivants du système reviendront par défaut (d’énergie !) à l’auto-suffisance. Je ne le verrai pas mais le changement de paradigme sera… apocalyptique.
    Tiens, le monde juif peut se réjouir lui qui attend l’apocalypse depuis si longtemps, sauf que ce ne sera pas la félicité imaginée !

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  • Pinouille // 11.06.2018 à 09h45

    Merci OB pour ce texte très éclairant. Des textes de cette qualité se font rares dans nos médias.

    « Toute ressemblance avec une situation existante ne serait nullement fortuite. »
    C’est en effet ce qui saute aux yeux: presque un siècle plus tard, les questionnements économiques sont les mêmes… à quelques détails prêt: comme le dit bien justement Patrick ci dessus, nous sommes allé au bout du bout de la logique capitaliste/libre-échangiste, au point où tous les scénarios se terminent dans la douleur pour les pays occidentaux.
    Il serait intéressant, un jour, d’analyser les raisons d’une telle persévérance dans ce qui va bientôt éclater au grand jour comme étant une des plus grandes erreurs contemporaines. Elles ne peuvent être que multiples (aveuglement idéologique, plus jamais une nouvelle guerre mondiale, laisserfairisme, qualité discutable de certains de nos dirigeants, etc…).

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    • Patrick // 11.06.2018 à 10h12

      Les responsabilités sont collectives aidés en cela par des politiciens aux qualités effectivement discutables qui ne souhaitent qu’une chose , être élus.

      Que veulent les peuples ? des voitures, des congélateurs et l’air conditionné + des camping-cars , des vacances à l’autre bout du monde ..

      Que promettent les politiciens ? du pouvoir d’achat et tout ce que veulent les peuples ..

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      • Pinouille // 11.06.2018 à 15h29

        Il y a de ça, en effet.
        Mais il ne faut pas minimiser l’aspect « géopolitique » de la chose. La course à la croissance est non seulement celle de l’augmentation du niveau de vie, mais aussi celle de la puissance économique.
        Un pays économiquement fort a les moyens de peser sur le monde, et donc de garantir/pérenniser son statut/influence et donc son indépendance/autonomie, et le niveau de vie de ses citoyens.
        Ceux qui prônent la décroissance se soucient guère de cet aspect, pourtant crucial.

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        • Bibendum // 11.06.2018 à 17h39

          Vois avez raison un peu tous les deux selon mon humble moi. Une théorie Patrick/Pinouille, la PP ? La 2P ? La Patr-ouille ? La Pin-atrick ? Hum… J’émets des réserves pour la dernière 😉

          Mais plus sérieusement, oui nous sommes co-responsables, en tant que consommateurs, de la situation. Mais non, en fait, parce que informés, instruits, à rebours de la catastrophique réalité.

          Et non la géopolitique n’explique pas la situation, du moins pas toute la situation. On peut être fort sans pour autant être brute et benêt.

          Il est possible que la prochaine puissance économique change de paradigme. Et plutôt que de privilégier la quantité elle choisisse la qualité.

          Mais c’est pas ce que me dit l’oracle. Néo n’a pas encore choisis sa pilule et l’agent Smith infiltre le réseau…

          À suivre 🙂

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    • jerome // 11.06.2018 à 15h02

      Au cœur du problème se situe la difficulté que les gens ont à se rendre compte qu’il y a eu un changement essentiel dans le fonctionnement de nos systèmes monétaires depuis les années 1970.
      Les accords de Bretton Woods à la sortie de la guerre avaient établi un prix de l’once d’or à 35 dollars et chaque monnaie nationale était adossée elle-même au dollar. Quand un pays décidait d’augmenter sa masse monétaire, l’État était autorisé à utiliser, ou plutôt à mettre en réserve dans sa banque centrale une quantité d’or correspondante à la quantité d’argent que l’État souhaitait fabriquer.
      Depuis 1971, le gouvernement peut dépenser autant qu’il le souhaite dans la mesure où il y a suffisamment de biens et services à vendre, même s’il n’a aucun or en réserve. C’est un changement énorme. Indépendamment du fait que le gouvernement ait dépensé plus ou moins que ses revenus, quel que soit le jour particulier, le gouvernement a toujours la même capacité à dépenser.
      Il n’y a pas de concept tel que le gouvernement « n’a plus d’argent » ou qu’il ne soit pas capable de financer un programme. Combien le gouvernement peut dépenser dépend entièrement de son choix. Il n’y a aucune restriction sur sa capacité financière. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de restriction à ses dépenses. Clairement, il y en a, la quantité de biens et services qui sont à vendre, le travail des gens au chômage inclut (c’est à dire en comptant les biens et services que les chômeurs pourraient échanger s’ils avaient un travail).

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      • Patrick // 11.06.2018 à 15h56

        Info intéressante : à la sortie de la guerre l’once d’or valait 35$ , aujourd’hui l’once d’or vaut 1300 $ , ça en dit long sur la valeur du papier monnaie.

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    • calal // 11.06.2018 à 19h14

      Je mets mon espoir dans le gouvernement trump et les us. Ils sont en train de corriger le tir ( fin du libre echange ou moins de) . Trump va commencer a assecher le marais en europe. Des leaks issus de la nsa et de la cia vont sortir via des « lanceurs d’alerte » ou des journalistes pour « mater » tous les dirigeants europeens qui essayeraient de mettre des batons dans les roues de trump.

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      • Bibendum // 11.06.2018 à 20h49

        Oui, l’espoir c’est bien et ça mange pas de pain.

        Mais si Trump tien bien la barre, sans incident de parcours, ça veut dire quoi pour nous, je veux dire, nous les sans dents d’Europe, tout en bas de la pyramide ?

        Si les May, Merkel, Macron, Trudeau flippent, c’est pas pour nous et nos beaux yeux. C’est pour leur pouvoir adossé à un gros tas de pognon qui va fondre comme neige au soleil.

        Nous connaissions l’austérité, on va goûter la misère.

        Le libre échange, arnaque mise au point en Angleterre, exporté partout mais géré par la City, a sacrifié la classe moyenne occidentale, lettrée, éduquée, formée au long des siècles, pour la muer en consommateurs acculturés, friands de produits low-cost fabriqués pour peanuts par des esclaves offshores.

        Rien que pour nous, la France, nantis de 2000 milliards de dettes et des taux qui devraient remonter. Hum… Pas joyeux.

        Je crois que la FED se réunit cette semaine pour réévaluer son bilan, avec de fortes probabilités qu’elle réduise ce bilan, résultat des QE et qu’elle remonte ses taux. Re pas joyeux.

        Quant à nous tourner précipitement vers l’est, avec toutes les amabilités que nous leurs avons adressées, ma foi, souhaitons qu’ils ne soient pas trop rancuniers pour accepter de nous entretenir un peu le temps qu’on se réveille.

        Oui, quelque part la fin du libre échange, si fin il y a, c’est une presque bonne nouvelle. Elle s’accompagne d’une vraie mauvaise; les temps vont êtres difficiles. Très…

        Souhaitons nous bonne chance.

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  • nulnestpropheteensonpays // 11.06.2018 à 10h05

    entre temps nous en sommes arrivé après des années de propagande effrayantes , nous jetant les uns contre les autres , a un système de contrôle des populations si efficace , qu’il permet a ceux qui ont le pouvoir ,de s’affranchir de toute justice. Aujourd’hui les producteurs de colza bloquent des raffineries , et en mon fort intérieur , j’aimerais que le gouvernement leurs fasse [MODERE] par ses robot cops , parce que la fnsea n’était pas là contre la loi travaille , ou les étudiants . ouais et je suis agriculteur …

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  • Brigitte // 11.06.2018 à 10h11

    85 ans n’auront donc pas suffit à ébranler le dogme principal du capitalisme: le libre échange. Le communisme et le national-socialisme ont été des échecs cuisants. On ne remplace pas un dogme par un autre sans risque de commettre une erreur, encore plus grande. L’expérience doit servir de guide pour construire un autre modèle.
    Or, l’économie n’est pas une science, elle dépend de conditions politiques pour s’exercer. La politique, c’est le rapport de forces, l’affrontement et le compromis.
    Les échecs du communisme sont politiques avant d’être économiques.
    Ce sont donc les expériences politiques qui manquent, faute de pouvoir user d’autre chose que de la force pour renverser un pouvoir établi. C’est tout le dilemme du changement. La répression, la propagande, l’apathie politique du peuple sont autant de façons de maintenir un système en place.
    Le protectionisme économique doit s’accompagner d’une politique de cohésion nationale, d’ouverture sociale, d’une vraie démocratie participative. Les expériences se font attendre….

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    • Bibendum // 11.06.2018 à 18h00

      85 ans de capitalisme ? Diantre, je l’aurai bien multiplié par 3, voire par 5

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      • Brigitte // 11.06.2018 à 20h38

        85 ans depuis l’écriture du papier de Keynes (1933-2018).

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  • jules vallés // 11.06.2018 à 10h58

    «  »Car les cerveaux de cette génération sont tellement obscurcis par de faux calculs » »: décoloniser les imaginaires..
     » nous avons considéré qu’il nous fallait absolument ruiner les paysans et détruire une économie fondée sur des traditions très anciennes pour gagner quelques centimes sur une miche de pain. »
    Le « NOUS » est très intéressant, personnellement j’achète du pain bio, plusieurs fois + cher qu’à pâteàpain et autres empoisonneurs… sinon, comme le préconisent les partisans du «  »retour à la bougie et aux grottes » », il est indispensable de remettre en cause la religion du progrès

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  • Frexit // 11.06.2018 à 12h39

    Magnifique texte qui nous rappelle qu’il ne faut jamais s’enfermer et enfermer les autres dans le carcan d’une pensée unique.
    Mais aujourd’hui, la situation est différente : le système économique mondial actuel est voulu et imposé par une oligarchie (pour faire court : les grandes multinationales au service de leurs actionnaires) à qui il profite. Cette oligarchie n’a qu’un seul but : s’enrichir encore et encore. On assiste à une course à la capitalisation boursière : quelle sera la première entreprise à atteindre 1000 milliards de dollars? Il n’y a jamais eu autant de milliardaires. Cette oligarchie a pris le pouvoir politique (Etats-Unis, Commission Européenne, BCE, FMI, OMC, partis politiques) et contrôle l’information (chaines de télévision, journaux et magazines). Le bien des peuples n’est pas son affaire.

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  • bm607 // 11.06.2018 à 12h54

    « Le troisième danger, le pire des trois, est l’Intolérance et la répression de toute critique éclairée. Les nouveaux mouvements arrivent généralement au pouvoir par la violence plus ou moins ouverte. Ils n’ont pas convaincu leurs opposants, ils les ont terrassés. La méthode moderne – que je trouve désastreuse, au risque de paraître vieux jeu – consiste à utiliser la propagande et à s’emparer des médias. Il est considéré comme habile et efficace d’empêcher toute idée de se développer et d’utiliser les moyens du pouvoir pour paralyser la réflexion. Ceux qui ont considéré que ces méthodes étaient nécessaires pour parvenir au pouvoir sont tentés de continuer à se servir, pendant la période d’édification de la nouvelle société, des mêmes outils dangereux qui leur ont servi à s’introduire dans la place. »
    Quel visionnaire ce Keynes, il avait même prévu l’arrivée de Mc Rond chez nous ! Car c’est tout à fait ça, ce troisième et pire danger, ce qu’à fait (campagne de presse avant l’élection) et continue (loi « fake news » selon le langage de nos maître$) notre Zupiter.

    Et quand il dit, au sujet de la bêtise :
    « On a du mal, au début, à distinguer le discours brillant qui a permis d’emporter l’adhésion des foules et le fond du message, beaucoup plus terne. »
    Là plus aucun doute sur celui dont il parle.

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    • Patrick // 11.06.2018 à 15h57

      attention !! on ne dit plus une critique éclairée , maintenant on dit une Fake News !!

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  • Le Belge (ex-Le Wallon) // 11.06.2018 à 13h04

    A livre attentivement : « A ouvrir après l’apocalypse » de Lewis Dartnell (ISBN : 978-2-7096-4698-7), 2015, aux éditions JC Lattès.

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  • Alfred // 11.06.2018 à 15h43

    Merci pour ce texte (et bien vu pour le format pdf qui facilite effectivement la circulation). J’ai bien peur par contre que le temps que ce genre de message imprègne les consciences et qu’une sorte de retour de balancier colbertien advienne ils soit bien trop tard.

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  • nulnestpropheteensonpays // 11.06.2018 à 17h11

    a quel moment allons nous servir des armes qu’ils se façonnent ? nous sommes 70 millions de français , avec quelques euro par personne , on peut faire du lobbying et faire voter les lois que nous souhaiterions voir voter . Il y a suffisamment de media indépendant pour faire circuler cette info et la mettre en place . Y’a pas une grosse tête là pour monter ça ?

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    • Bibendum // 11.06.2018 à 18h02

      Si si, moi j’ai la grosse tête 🙂 🙂 🙂
      Il faut les monter où les 70 millions X qqs euros ? Chez moi il y a un peu de place…

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  • LA ROQUE // 11.06.2018 à 17h40

    « Le troisième danger, le pire des trois, est l’Intolérance et la répression de toute critique éclairée.La méthode moderne consiste à utiliser la propagande et à s’emparer des médias.
    Il est considéré comme habile et efficace d’empêcher toute idée de se développer et d’utiliser les moyens du pouvoir pour paralyser la réflexion. »
    J’ai l’impression que John Maynard Keynes nous décrit les pratiques politiques de Mr Macron…

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  • Maurice // 11.06.2018 à 18h35

    Encore un petit effort et tout finira mal !
    (Catulle, il y a PLUS DE DEUX MILLE ANS…)

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  • Nessub // 11.06.2018 à 19h34

    Ses vieux idéaux du XIX ème … il ne fait aucun cas de la misère terrible qui régnait à Liverpool entre-autre… Cette engeance de gens spécialisés dans le fric sont dans leur monde et ne comprennent pas Le Monde. Les tergiversations de cet individu m’agacent par leur hypocrisie . Quand un Anglo-Saxon parle ou évoque la morale : soit j’ai des hauts le coeur, soit un sentiment de haine extrême envers ce peuple de pillards sans foi ni loi.

    Le malheur du monde depuis des siècles vient de ces gens. L’Europe c’est eux, la guerre c’est eux, la colonisation c’est eux et le pillage c’est toujours eux. Anglo-Saxon et mensonge sont synonymes.

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    • IMBERT Olivier // 11.06.2018 à 22h17

      ce que vous dites j’essaie de le dire avec moins de sentiments et plus de certitude que la théorie économique et critique convenable n’est pas celle là, mais celle de Marx qui déjà avait fait mieux comme « Vision de visionnaire » même si ce n’est pas le style de se explications et prédictions théoriques et cela prend et avait pris cette forme, parfois aussi polémique et ironique que Sir Keynes:Nous voyons là clairement en quoi le conservatisme de Keynes, inspire ceux qui disent qu’avant 1991 la politique de L’URSS ou de la Russie était non économique, ou des nuances de Krugman repris par Sapir en matière de modèle standard nuancé de la protection nationale possible. Et cela, en effet le protectionnisme comme alternative au libre-échange, apparaît considérer l’orientation de Mussolini réussie, et l’Allemagne qui réfléchit à prendre la même voie alors que la Russie à défaut de la critique acceptée par/dans l’Etat parlementaire et ses classes représentées voire en bicaméralisme( on voit que Popper avec la société ouverte et ses ennemis n’a pas été mal accueilli par Keynes) suit une voie vraiment hors de toute réussite économique! Nous voyons donc bien que comme les mercantilistes ou les physiocrates, opposés aux libre-échangistes; autour de Smith et de Say, ce genre de politique notamment financière et monétaire nationale n’est là qu’au service des grands groupes capitalistes à ancrage national mais aussi dans une configuration où la colonisation appelée ici émigration devient une décolonisation s’affranchissant, sauf très curieusement par une division internationale du travail de la dépendance de la patrie impériale d’origine! Keynes est bien un économiste qui considère comme les robinsonnades du début de la théorie économique, toute alternative économique( en tant que satisfaction (et productions industrielles) des besoins populaires) comme impossible car pour lui ce qui est économique en libre-échange contrôlé par la politique de financement donc de soutien national-social des demandes, est seulement la critique du libre -échange appelé de l’offre, par la protection ou providence d’Etat ou demande; et inversement la critique de la demande ou providence d’Etat par le libre-échange international, comme national qui là n’est plus en question depuis la sortie du féodalisme par la révolution des « Steuart » en Tory’s, par la loi sur les enclosures; la guerre à l’échelle de la politique internationale ou étrangère est cette conséquence d’une sorte de politique mondiale d’enclosure! C’est en cela que Keynes peut dire de Marx et Malthus qu’ils sont ceux qui ont porté l’importance de la demande comme réalisation de l’offre productive, il ne peut en revanche produire, lui, une théorie économique, surtout ses bases en principes, lois et concepts valides pour toutes les sociétés modernes( d’ailleurs aussi antique et féodale quand elles sont monétaires et techniciennes) rationalistes de la production capitalistes ou socialistes, car son humour de lord anglais ou son fétichisme de Robinson sans Vendredi visible autre qu’en domestique, près du fascisme lui refuse!

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      • clgz11 // 12.06.2018 à 03h35

        Comparer des auteurs et des œuvres est une chose difficile, et plus encore quand ces auteurs-là s’appellent Marx et Keynes.

        Il est bien évident qu’un marxiste pur et dur n’acceptera jamais les théories keynésiennes. Tout comme un keynésien ne sera jamais, ni marxiste, ni communiste, c’est l’évidence même.

        Cela n’empêche pas de reconnaître que ces deux personnages ont marqué de leur empreinte la science économique.

        Comme disait Joseph Aloïs Schumpeter, détesté aussi bien par les keynésiens que par les marxistes (ou marxiens), Marx fut un très grand économiste. Et Keynes aussi.

        Sauf que Marx fut plus que cela puisqu’il dirigea la IIIe Internationale communiste, contrairement à un Keynes qui, comme économiste de salon et professeur à Cambridge, fut un conseiller de différents gouvernements, et du gouvernement anglais, en particulier, durant sa vie active.

        ****

        Sans vouloir discuter, ici, du bienfondé des arguments soutenus par Marx et Keynes, disons simplement que l’un voulait « culbuter, à son époque, le capitalisme, au profit du prolétariat dirigé par un parti unique (ce que fera Lénine, et Staline après lui, dans l’ex URSS ) alors que Keynes voulait réformer le capitalisme (fondé lui-même sur l’économie de marché) en le tempérant grâce au pouvoir de l’Etat.

        ****

        Quand, ceci étant dit, vous, Olivier Imbert, mettez en opposition, dans vos remarques, la théorie de l’offre, à celle de la demande, en alléguant que la seconde nommée fut défendue par Keynes, une telle remarque renvoie à un débat qui n’aura lieu qu’avec les gouvernements de Ronald Reagan aux USA, et de Margaret Thatcher en Angleterre.

        Or, du temps de Keynes, celui s’appuyait, pour les critiquer, sur les économistes classiques, et sur cette fameuse loi de Say, pour la critiquer également, en disant que cette loi était invalidée par la réalité des faits.

        Mais ce que Say n’a jamais démontré, dans ses écrits, c’est que l’économie capitaliste repose sur le crédit, et que cette seule considération détruit la théorie selon laquelle, s’il existe, effectivement, des déséquilibres partiels, d’une entreprise à l’autre, ou d’un secteur de l’économie à l’autre, il ne pouvait exister, selon Say, de crise générale, puisque celle-ci présuppose que tous les secteurs sont affectés en même temps par la crise.

        Au-delà, Keynes va démontrer qu’une économie nationale donnée travaille en sous-capacité, du point de vue de ses ressources, si le taux d’intérêt associé aux investissements dépasse son niveau correspondant au plein emploi des ressources.

        Sauf que dans la théorie de Keynes, ce taux d’intérêt, au lieu de résulter de la confrontation entre l’épargne et l’investissement, résultait d’autres considérations.

        Quant à l’épargne elle-même, étant le corollaire obligé de l’investissement dans une économie reposant sur le crédit, c’est lui, investissement, qui, dans la théorie de Keynes, détermine le niveau de l’épargne, plutôt que le contraire.

        Et ce même investissement repose, selon cette même théorie, sur l’anticipation des entrepreneurs quant à l’avenir de leurs profits, plus précisément sur la relation entre lesdits profits et l’intérêt à payer sur les fonds d’emprunt destinés à financer les investissements permis grâce à eux. .

        Or si, à ce niveau, Keynes était un économiste classique, plus exactement néoclassique (i.e. à la Marshall) en disant que les entrepreneurs investiront (et donc accroîtront la taille de leur entreprise) jusqu’au point où l’efficacité marginale (ici en décroissance) du capital investi par eux, égalise le taux d’intérêt (sous-entendu : à verser sur les fonds prêtables destinés à financer de pareils investissements), ce même Keynes va complètement réformer la théorie classique avec ses considérations sur le taux d’intérêt.

        ****

        Voilà pour ce qui concerne l’un des aspects de la question sur le plan théorique.

        Sur le plan pratique, il faut savoir que les théoriciens de l’offre naquirent dans les années 1980, en réponse à la stagflation des années 1970-1980.

        Ces théoriciens ont, dès cette date, critiqué les théories keynésiennes en soulignant que celles-ci avaient conduit, précisément, à cette fameuse stagflation, autrement dit à la coexistence, dans tous les pays du premier monde, de l’inflation des prix et d’un important volet de chômage.

        A partir de là, d’augustes Prix Nobel, en économie, vont nous démontrer que la croissance économique repose, en chaque pays, sur d’autres considérations que les théories keynésiennes. En quoi ils vont s’employer à détricoter tout ce que Keynes avait construit, sur le plan intellectuel, et notamment l’argument selon lequel les Etats doivent, à travers leur gouvernement, intervenir activement, en économie – tant sur le plan budgétaire que sur le plan monétaire – afin de soutenir le plein emploi des ressources, et notamment celles fournies par les travailleurs salariés.

        Et pour se justifier, ils vont s’appuyer sur les chiffres de la décennie 1970-1980.

        A partir de là, d’autres têtes pensantes, de l’économie, issues du même bord que les premières, vont démontrer que l’Etat gaspille, avec les entreprises publiques, des ressources, et que celles-ci seront mieux utilisées une fois aux mains des entreprises privées (banques comprises), pour autant que celles-ci soient en concurrence les unes avec les autres.

        ****

        Je ne vais pas raconter, ici, comme économiste keynésien de formation, et historien passionné de ces questions, toute l’histoire qui s’est accomplie, en économie, depuis cette date, jusqu’au temps actuels, sinon pour constater que la crise mondiale des années 2009-2013/2014 a remis les théories keynésiennes sur le devant de la scène – sauf, bien évidemment, aux yeux des marxistes purs et durs pour qui celles-ci sont de la pipette.

        Le problème, s’agissant de tous les communistes qui se réclament de Marx, est que tous les pays communistes qui se sont réclamés de son idéologie, ont failli, jusqu’ici, au cours de leur mission historique.

        On peut toujours invoquer, il est vrai, qu’ils ont failli en n’appliquant point, dans toute son étendue, le modèle que Marx avait conçu dans ses écrits. Sauf qu’un pareil reproche ne vaut pas plus que celui affiché, actuellement, par tous les économistes néo-libéraux, quand ces derniers nous disent que le modèle qu’avait conçu, au départ, Adam Smith ou Jean Baptiste Say, et qui sera affiné, plus tard – équations mathématiques à l’appui – par Léon Walras et tous les économistes néolibéraux (autrichiens compris), n’a jamais été pratiqué dans toute sa pureté.

        Tout cela prouve au moins une chose : que tous ces théoriciens sont des gens aussi éloignés des réalités concrètes que peuvent l’être des professeurs chaque fois que ceux-ci n’ont jamais posé leurs guêtres ailleurs que devant des auditoires composés d’étudiants aussi éloignés qu’eux des réalités concrètes.

        Et là est le drame des sociétés actuelles : voir leur gestion être confiée, sur le plan économique, à des théoriciens qui ignorent quasiment tout – à force d’être éloignés des réalités concrètes – de la manière dont les sociétés humaines fonctionnent – que celles-ci aient vécu sous l’Antiquité, au Moyen Age ou à l’époque moderne.

        A bon entendeur, salut !

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        • Pinouille // 12.06.2018 à 10h12

          « Et là est le drame des sociétés actuelles: … »
          Je ne suis pas économiste et encore moins historien, mais il me semble qu’il y a confusion dans les termes: la gestion de la société, c’est la définition de la politique.
          Que des théoriciens aient pu avoir la prétention de produire un modèle économique supérieur aux autres, c’est une chose. Que des politiques s’inspirent plus ou moins aveuglément de certaines théories économiques, c’en est une autre. C’en est encore une autre que d’affirmer que ces théoriciens gèrent (mal) les sociétés actuelles…

          « à force d’être éloignés des réalités concrètes »
          Argument populiste par excellence. Il y a une différence entre être éloigné des réalités concrètes et ne pas accorder à certains l’importance qu’ils estiment individuellement mériter. Un économiste, un politique n’est pas un dieu.
          NB: K Marx n’a-t-il pas vu un de ses enfants mourir de faim?

          « A bon entendeur, salut ! »
          Vanité?

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          • clgz11 // 12.06.2018 à 21h40

            Pinouille, vous avez raison de dire que ce sont les politiques qui décident – lorsqu’ils sont au gouvernement – ce qui est bon pour la société, et non les économistes.

            Toujours est-il depuis les années 1980, ce sont le monétarisme et Milton Friedman, sur le plan de la gestion monétaire publique, par les banques centrales ; ainsi que Friedrich von Hayek, et les théoriciens de l’offre (américains pour la plupart), sans parler des ordo-libéraux allemands actuels, qui dictent la marche à suivre, en matière de politique économique appliquée par les gouvernements des différents Etats de l’Occident (cette politique que l’on peut résumer sous le terme de néolibéralisme), depuis cette époque .

            Certes, il existe des variantes, d’un pays à l’autre, qu’il s’agisse des USA dirigés actuellement par un Donald Trump qui a décidé, contrairement à ses prédécesseurs, de privilégier les producteurs américains et le marché intérieur, et de pénaliser, concomitamment, la concurrence étrangère, par des droits de douane ; ou qu’il s’agisse, à l’intérieur de l’Union Européenne, de pays aussi dissemblables que peuvent l’être l’Allemagne, la Finlande, la Grèce ou l’Espagne, eu égard à leurs performances économiques respectives.

            Quant à l’ex URSS, ses responsables politiques se sont bel et bien inspirés du marxisme-léninisme, et, donc des théories de Karl Marx, en économie politique notamment, au moment d’installer le communisme suite à la Révolution d’Octobre de 1917.

            Quant à la Chine actuelle, elle est en train de faire, à mon avis, la nique aux pays de l’Occident, et ceci sur le terrain même du capitalisme, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes quand on connaît son histoire récente.

            Sauf que son capitalisme à elle n’a rien à voir avec le néolibéralisme.

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  • clgz11 // 11.06.2018 à 20h46

    Suite à l’article de Keynes, on peut mentionner deux choses : la première est que cet auteur a écrit son article en 1933, soit au plus fort de la grande crise des années trente. Et la seconde est qu’il a développé, au fil de ses études, une théorie du taux d’intérêt très originale.

    En effet, à l’inverse de ses prédécesseurs – tous économistes de tendance classique -, il a considérer que le taux d’intérêt, au lieu d’équilibrer l’épargne globale et l’investissement global, à l’intérieur d’un revenu global donné, est le déterminant, à l’intérieur d’un volume d’épargne donné, entre la part de l’épargne consacrée à la spéculation, et celle consacrée à la thésaurisation de la richesse sous forme liquide.

    Or, quand on lit, sous la plume de Keynes, que celui-ci était un partisan d’économies nationales plus autocentrées que celles associée à un grand commerce international entièrement libéralisé, il faut partir du principe que cet auteur avait, sous les yeux, cette grande crise des années trente durant laquelle les agents de l’économie préféraient thésauriser leur épargne, sous forme liquide, plutôt que l’investir dans l’économie réelle (que ce soit en le prêtant à des banquiers qui, en le prêtant, à leur tour, à des entreprises, favoriseront l’investissement ; ou que ce soit en participant directement, comme actionnaires ou créanciers obligataires, au développement desdites entreprises).

    Or cette propension, manifestée par les agents économiques, à thésauriser leur épargne sous forme liquide, empêchait, selon Keynes, le taux d’intérêt de descendre au niveau correspondant au plein emploi des ressources.

    Et parce que l’investissement généré par les entreprises privées (avec le concours des banques et du marché des capitaux) n’était pas suffisant, selon cet auteur, il appartenait aux pouvoirs publics de suppléer à cette carence en élevant le niveau de l’investissement public (lui-même devant être financé, qui par un emprunt sur le marché des capitaux, qui par l’impôt – sur les hauts revenus et la fortune, notamment), qui enfin – mesure extrême, non mentionnée, dans ses études, par Keynes lui-même, sauf erreur de ma part – par la création monétaire).

    ****

    Ceci dit, quand on lit, sous la plume de Keynes, que la circulation des biens et des capitaux, et, accessoirement, des personnes, au niveau international, n’a pas donné les résultats escomptés, une fois la Première Guerre Mondiale achevée, il faut ajouter une chose qu’on ne lit pas dans l’article susmentionné, mais qui figure néanmoins noir sur blanc dans l’œuvre de Keynes : à savoir que ce dernier fut l’un des tout premiers économistes à s’être opposé aux accords de Versailles issus de la Grande Guerre, et notamment à l’obligation, faites aux Allemands, de payer des Réparations de Guerre.

    Car Keynes, qui avait bien étudié le dossier, savait que ceux-ci jamais ne seraient en mesure de payer lesdites Réparations.

    Quand donc, sachant cela, on analyse le commerce international, tel qu’il prévalut durant la période comprise entre les deux Grandes Guerres Mondiales, on constate qu’il fut biaisé pour deux raisons : la première est que les Etats-Unis étaient devenus, du fait même de la Grande Guerre, le dépositaire unique du système monétaire international reposant sur l’étalon-or, en quasi-monopolisant le stock d’or mondial après la guerre. Et la seconde chose est que les pays défaits dans la Grande Guerre durent payer, aux pays vainqueurs, des Réparations qui obérèrent la reprise économique, chez eux, après la guerre.

    De plus, la suprématie des Etats-Unis, pour la raison indiquée, mit les banques privées américaines en état d’être les seules garantes, à travers leurs prêts en dollars aux autres nations, des monnaies circulant chez ces dernières.

    Or si pareil appui permit à celles-ci (Allemagne, Pays de l’Europe de l’Est, etc.) de cheminer vers la prospérité, après la Grande Guerre, la santé économique des différents pays, du fait de sa dépendance à l’égard des capitaux américains dans un premier temps, et des capitaux transitant par la City de Londres dans un second, s’en ressentit, quand eux-mêmes, capitaux, quittèrent ces pays afin de s’investir à Wall Street, chose qui s’accéléra dès la fin de 1928, puisque, dès cet instant, la bourse de Wall Street fit des bonds prodigieux, permettant aux investisseurs spéculateurs de s’enrichir, et à certains de faire fortune.

    Or pareil mouvement cessa d’exister dès le krach boursier d’octobre 1929 à Wall Street.

    S’ajoute à cela le fait qu’aux Etats-Unis même, qui étaient pourtant le pilier du capitalisme renaissant, après la Première Guerre Mondiale, les revenus étaient inégalement distribués, durant toute la décennie 1920-930, entre ceux réservés au facteur travail d’un côté, et ceux réservés au facteur capital de l’autre.

    Et si la consommation put se soutenir aux USA, jusqu’au krach de 1929, ce fut grâce au crédit, lequel permit aux ménages américains d’acheter, à crédit, précisément, des biens (voitures, appareils ménagers, radios, etc.) que leur revenu courant les rendait incapables d’acheter.

    Quoi qu’il en soit, tout cela partira à vau l’eau après le krach boursier, lui-même étant la réponse obligée à une spéculation qui fut énorme, à la bourse de Wall Street, avant pareil effondrement.

    Et quand la crise s’accéléra, aux Etats-Unis comme ailleurs, après le krach, il se trouve que le chômage, en s’amplifiant, créa du mécontentement, non seulement aux Etats-Unis, mais dans tous les pays, poussant certains d’entre eux, comme l’Allemagne, à renier l’économie de marché au profit d’une économie entièrement pilotée par les pouvoirs publics.

    ****

    Or c’est tout cela que Keynes avait devant les yeux, en 1933, au moment d’écrire l’article qu’on a lu ci-dessus.

    Et si, dans cet article, il considérait que la libre circulation des biens et des capitaux, à l’échelle internationale, n’était pas aussi bénéfique – tant pour des raisons politiques que pour des raisons économiques – que certains économistes veulent bien le dire, il différait, sur cette question, des autres économistes, en soutenant (comme on l’a vu plus haut), que les agents économiques (Etats, entreprises, banques, particuliers, etc.) devaient payer, sur leurs emprunts, des taux d’intérêt trop élevés, relativement à ce qu’ils auraient dû être pour occuper toutes les ressources en chômage à travers le pays.

    Mais cela signifie aussi que le grand fauteur de troubles était, d’après cet auteur, les spéculateurs internationaux qui, en déplacant de manière incessante, leurs capitaux, d’un pays à l’autre, créaient du malaise, sur le plan politique et social, auprès des nations soumises à un pareil mouvement. De plus, ces mêmes spéculateurs, en exigeant, sur leurs placements, des taux d’intérêt indus, empêchaient le retour, en chaque pays, au plein emploi des ressources.

    ****

    On peut ajouter (en rapport avec la théorie émise par Keynes) que le déficit commercial d’une nation, dans ses rapports d’échange avec les autres pays, a débouché, toujours et partout, sur une dépréciation de sa devise sur le marché des changes, ainsi que sur la hausse des taux d’intérêt à valoir sur la dette de l’Etat concerné (ou, ce qui revient au même, sur les emprunts de celui-ci auprès du marché international des capitaux).

    Même remarque si les comptes publics dudit Etat étaient, à cette époque, en déficit. Ce qui était effectivement le cas, durant la crise des années trente, dans la plupart des pays, obligeant les gouvernements de ces derniers à abandonner, les uns après les autres, l’étalon-or, en tant que système monétaire sous-tendant, à l’époque, le commerce international.

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    Et puisque que Keynes était, comme économiste, un ressortissant de la Grande Bretagne, le gouvernement britannique fit deux choses, pour sortir la Grande Bretagne de la crise, durant les années 1930 :

    a) il centra l’économie du pays sur ses anciennes colonies, et ceci dès l’introduction du tarif (en anglais Tariff) Smoot – Haley, en 1930, par les Etats-Unis (soit à l’époque où Hoover en était le président),

    b) il procéda à une dévaluation de la livre sterling (par rapport aux autres devises, et au dollar notamment), de 30%, en septembre de l’année 1930.

    En quoi pareille dévalution correspondit à un abandon du régime monétaire fondé sur l’étalon or, permettant ainsi une amélioration immédiate de la balance commerciale britannique (laquelle était devenue déficitaire depuis que les autorités de la Grande Bretagne avaient voulu rétablir la livre sterling à sa parité or d’avant la Première Guerre mondiale, en 1925).

    Ces deux mesures, une fois additionnées, se traduisirent, à l’intérieur de l’empire britannique, par la création d’un bloc-sterling qui reposa lui-même sur une politique monétaire expansionniste, de la part de la Banque d’Angleterre, elle-même abaissant, dès la dévaluation de la livre, en 1931, son taux d’escompte à 2,5% par an, afin d’encourager le crédit et la croissance de l’économie au sein du bloc sterling.

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    • clgz11 // 12.06.2018 à 03h55

      Erratum :

      Dans la phrase suivante : :

      b) il procéda à une dévaluation de la livre sterling (par rapport aux autres devises, et au dollar notamment), de 30%, en septembre de l’année 1930.

      l’année en question était 1931.

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  • serge Clérissi // 12.06.2018 à 14h55

    Keynes a fini par remettre en cause le libre-échange au vu des chaos provoqués par la spéculation et le sous-emploi qui en découle. Le mécanisme essentiel en jeu dans ce modèle est bien la théorie des avantages comparatifs associée aux différences de législations entre pays, dont profite le capital financier à court terme, mais qui entraine l’économie dans une spirale déflationniste destructrice de valeur. Autrement dit, les « avantages comparatifs » trouvent leur limite lorsque les conditions du « marché » sont déséquilibrés par des règlements et des normes inégales, ce qui entre états est souvent le cas. Comment dans ces conditions continuer à cautionner une telle gabegie et un tel gâchis ?

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  • clgz11 // 13.06.2018 à 00h09

    L’article de Serge Clérissi est très intéressant en ce sens qu’il met en avant, pour justifier les propositions de Keynes, la théorie des avantages comparatifs.

    On peut abonder dans son sens en disant que Keynes avait d’autres préoccupations, à l’esprit, que la théorie des avantages comparatifs, au moment de formuler les théories qu’il a formulées.

    Keynes ayant connu la Grande Crise des années trente, est intervenu, à un moment donné, à la Radio (j’ignore si les auditeurs étaient des Américains ou des Anglais, durant pareille intervention) afin de leur demander de consommer plus (et donc de dépenser plus, de leur revenu, en biens de consommation), afin de soutenir la conjoncture de cette époque.

    Car cet auteur, en ayant, sous les yeux, une économie nationale (qu’il s’agisse des USA ou de la Grande Bretagne, finalement peu importe) reposant sur une très faible consommation (on était là, au plus fort de la crise, soit durant les années 1930-1032), exhorta les épargnants, ou tous ceux disposant d’un revenu, à consommer plus, afin de relancer la conjoncture.

    ****

    Il est donc tout à fait illusoire, sachant cela, d’interpréter la théorie de Keynes, à l’aune de celles, concoctées, à leur propre époque, par Adam Smith dans un premier temps, et par David Ricardo dans un second, à propos des avantages comparatifs que chaque pays possède, en matière économique, pour produire ceci plutôt que cela.

    On ajoutera que cette théorie, si elle peut paraître reposer sur les législations différentes, d’un pays à l’autre, repose, sur le fond, sur une réalité économique qui a justifié lesdites législations.

    Cette fameuse théorie, des avantages comparatifs, a beau avoir été affinée par des économistes, dans des temps plus récents, tels que Heckchser, Olhin ou Samuelson, elle repose, dans son fondement, sur un David Ricardo qui s’en est expliqué, dans son œuvre, au moment de comparer l’Angleterre et le Portugal, dans leurs échanges réciproques.

    Mais quelle que soit le crédit que l’on peut accorder à cette théorie, formulée, en son temps, par avid Ricardo, Keynes, lui, après avoir vécu la Grande Crise des années trente, constata que cette théorie méritait d’être réformée (au sens, ici, de reposer sur une plus grande autarcie, de la part des différents pays, sur le plan économique, que ce n’était le cas jusque là).

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    • IMBERT Olivier // 13.06.2018 à 17h47

      Pour ce qui concerne Marx et Keynes( qui écrit tout de même une théorie générale de la monnaie de l’emploi etc…) il me semble qu’il y a un problème qui fait que vous articulez directement une théorie explicative( donc même avec l’incorporation d’aléa, il faut que ce soit des aléas contrôlés, comme aussi ce qu’on néglige- il faut une » théorisation de la négligence acceptable pour rester dans l’objectivité) à une politique économique( macro mais donc aussi avec l’inclusion des microéconomies disons les comportements de groupes industriels) comme non seulement une déduction mais même une application automate ou mécanique avec un seul rouage ou une seule décision par exemple de taxe ou de finance( le taux d’intérêt). Or une théorie si elle veut être objective même avec des « probabilités »simples elles doit expliquer les ou toutes les politiques économiques et donc le mouvement d’ensemble qui peut résulter de diverses politiques et pas seulement laisser à l’histoire de suivre les décisions de politiques économiques et de ceux qui appellent à en changer de manière historiques (chroniques-journalistiques incluses) ou descriptives. Or il me semble que Marx s’intéresse dès les fondements de sa théorie à des concepts qui incluent le protectionnisme et l’impôt- y compris la protection sociale- l’hygiène et la sécurité de vie des salariés productifs- et son alternance en raison de nécessité d’ajustement macroéconomique mais aussi en raison d’affrontements inter- capitalistes et rentiers ou commerçants et financiers comme industriels, des orientations de branches et secteurs, comme d’ailleurs en raison de luttes de classes organisée institutionnalisée ne serait-ce que par les inspecteurs des fabriques, ou spontanées qui oblige au progrès par exemple technique mais aussi aux coopérations qui finissent par apparaître comme productrice de profit ou de plus-value relative. Et cela le conduit à penser et il ne prétend pas être le premier l’accumulation qu’il distingue de la thésaurisation- retrait de la circulation ou reproduction élargie- qui conduit à une centralisation et une concentration, et cela dans des cycles qui alternent des crises dont certaines sont de production, d’autres de surproduction soit de secteur et de branche soit globale, et d’autres dues aux mouvements financiers erratiques ou aux décisions de pouvoir d’Etat…Tout cela n’a rien à voir avec une politique de classe révolutionnaire si ce n’est les premières décisions en fonction de l’analyse concrète, orientée par l’expropriation notamment du secteur financier comme il le conseille vivement et en vain à la commune! Mais ce qui reste de théorique chez Marx c’est justement la théorie de la valeur et de la (sur)valorisation distinguée des prix tant de production que de marché et cela par une théorie de la monnaie non seulement nationale, mais mondiale qui donc produit aussi une possibilité d’analyse des échanges intérieurs comme extérieurs en se passant de la seule mesure empirique des prix nominaux et en intégrant continuellement et la valeur d’échange et la valeur d’usage, jusque dans la distinction de la circulation monétaire et du paiement, car il a une autre mesure empirique possible par le travail abstrait et le concept d’équivalent général! Et donc je dis que la théorie de Marx est plus universel de l’économie politique des sociétés civiles nationales industrielles modernes, que celle de Keynes ou de néo-ricardo-keynésiens et que justement, lui sait ce que le socialisme fait ou doit faire à la bourgeoisie( financière commerçante industrielle), comme aux rentiers( agricoles ou mines etc…) mais il ne dit pas comment cela ne se dévine pas en U-topia. Sur ce, il prévoie ou anticipe certaines nécessités et c’est ce qui se passe et s’est passé c’est que la monétarisation ou monétisation ou entrepreneurialisations des échanges- transports notamment intermédiaires, et entre Etats-nations ayant tout de même une division du travail notamment aussi en raison de cela qui contribue à la valeur qui est leur nature ou géographie voire leur climat-et écologie, qui sont indépendant des monopoles privés et en actions voire obligations privées rendues hyperboliques et non soumis la maîtrise politique et donc à mon avis démocratique populaire.Et cela c’est ce que n’entrevoit pas Keynes comme économiquement possible. Curieusement que ce soit Keynes( et personne ne dit rien du fait que son article trouve que Mussolini cela montre un peu la voie) ou certains faisant l’impasse à propos de la Russie sur son passé très socialiste et qui a montré sa résistance dans la transition essayée mais peut performante et très peu accepté par le peuple, eux disent alors seulement que c’est non-économique, alors qu’on y satisfait des besoins pour l’industrie militaire et civile comme poru soi, et il semble qu’en ce moment, il y ait de ce côté autre chose que simplement l’ignorance de la nécessité de la propriété privée des industries patriotiques et aidées nationalement. Donc Keynes a une théorie des limites de l’offre et des recherches sommatives-cumulatives de profits par l’offre, y compris l’offre de monnaie; mais il a ensuite une politique économique qui est soumise aux mêmes lois de la monnaie et de l’emploi salarié que la politique de l’offre micro-économique! Mais sa théorie ne pense pas les limites de ses propositions théoriques en dehors de très peu d’indicateurs mesurant les interventions nécessaire et les cadres normatifs à ne pas dépasser. Du coup, il ne lui reste plus qu’à considérer la guerre comme déjà Aristote l’expliquait pour rationaliser le Budget- et sa chrématistique irrationnelle- comme substitue à la colonisation ou émigration et donc il ne peut pour conserver l’empire du capital privée et la vie des groupes nationaux ni expliquer les économies qui sont à la fois intégrées mondialement et sans pouvoir non-politiques populaires ni éviter la fatalité de la guerre des monopoles et des Etats patriotiques. Donc sa théorie est à la fois peu explicative et distincte de celle de Hume et Ricardo, et en plus en effet assez proche de considérer le fascisme comme honorable y compris pour les allemands en 1933, alors que le socialisme lui paraît incompréhensible et incapable de faire ce qu’il a pourtant fait et qu’il continue à faire; Sur ce la théorie de Marx du capitalisme est indépendante des politiques révolutionnaires, mais sa théorie comporte des éléments d’explications de toutes les économies politiques monétaires se succédant dans l’histoire…et donc je dis que la théorie de la monnaie de Marx, ainsi que sa théorie de l’emploi est plus objective du capitalisme et des politiques économiques micro-et macro que celle de Keynes même s’il n’y a aucun Etat ayant fait de la pensée de Marx des révolutions. Et, de plus, Marx et les marxistes ne parlent pas d’application pragmatique mais de pratiques de luttes de classes et aussi de démocratie économiques en tant que pratique informée certes par des comptables d’Etat et d’entreprises, mais pas de liens mécaniques entre une théorie et ses décisions entendues comme de simples conséquences logiques de l’identité( offre ou demande comme A ou Non A, par exemple et non structurales et articulées comme le sont certaines structures en déséquilibres ou contradictions.

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      • clgz11 // 14.06.2018 à 02h51

        Je ne prétendrai jamais, pour répondre à M. Imbert, que Keynes n’avait pas lu Ricardo et ignorait la théorie des avantages comparatifs émanant de lui. Je dis seulement, dans mon analyse du texte de Keynes (voir son article qui est l’objet de cette chronique), qu’ayant vécu la Grande Crise des années trente, il en avait conclu que des économies auto-centrées étaient, en chaque pays, moins préjudiciables, car mieux contrôlées par les gouvernements des différents Etats, qu’une économie monde entièrement soumise aux forces du marché, et notamment en raison de la volatilité associée à la très grande mobilité des capitaux.

        Quant à Marx, il faut, je crois, distinguer le Marx politicien qui désira implanter le communisme, du Marx économiste qui fit une analyse exhaustive du capitalisme, non seulement comme mode de production, mais comme système social reposant sur le salariat d’une part, et la plus-value produite par les salariés d’autre part.

        Et sa théorie de valeur a été émise par lui, précisément, pour démontrer que le profit des entreprises (toutes tendances et catégories confondues) était de la plus-value, autrement dit du travail non payé à l’ouvrier.

        Ceci dit, Marx a pris soin de raccorder cette théorie avec la réalité du monde capitaliste selon laquelle les prix de marché des différents biens, au lieu d’osciller autour de cette fameuse valeur, oscillait autour de leurs prix de production – eux-mêmes se distinguant des valeurs en travail, telles que figurant dans l’œuvre de Keynes, par le fait que toutes les entreprises, quel que soit leur domaine d’activité, n’oeuvraient point, par unité d’investissement, avec la même dotation en capital (au sens de machines, etc.) d’un côté, et en travail rémunéré par un salaire de l’autre.

        Par ailleurs Marx a constaté, en analysant le capitalisme sous toutes les coutures, que celui-ci produisait des cycles, et que la monnaie de crédit participait de leur formation. Et les gouvernements des Etats aussi.

        Mais tout cela (je veux dire la présence des cycles liés à la monnaie de crédit d’un côté, et aux besoins, manifestés par les entreprises, de faire du profit, pour pouvoir survivre en tant qu’unités indépendantes se mouvant au sein d’un univers concurrentiel), Marx ne fut pas le seul à l’avoir découvert. En revanche on peut le créditer d’avoir été le premier à avoir démontré, avec sa théorie de la valeur travail, que les entreprises oeuvrant sous le régime du capitalisme, en étant obligées de constamment moderniser leur appareil de production en substituant du capital (au sens de machines – aujourd’hui on parlerait de robots) au travail, font que le taux de profit desdites entreprises était forcément amené à baisser, dans la théorie de Marx, dans la longue période, puisque, d’après lui, le facteur travail était seul créateur de valeur, et donc de la plus-value incluse en elle – elle-même, plus-value, correspondant à du travail non payé à l’ouvrier.

        Et Marx alla même plus loin en considérant que la rente du propriétaire foncier et l’intérêt de l’épargnant investisseur étaient des composantes, en compagnie du profit des entreprises (toutes catégories confondues) de cette fameuse plus value.

        Marx étant un observateur attentif du capitalisme et de son évolution, il fut, bien évidemment, très attentif à la formation des mouvements ouvriers (chartistes notamment) et à l’amélioration du sort des travailleurs voulus par eux (que ce soit sur le plan du revenu, des conditions de travail en entreprise, ou de la provision à constituer pour ses vieux jours).

        Il fut également attentif aux droits de douane émise par certains Etats, et finalement à tout ce qui faisait le fond, en chaque pays, du capitalisme à son époque.

        Toujours est-il que Marx s’employa surtout, selon moi, à démontrer (en quoi, c’est vrai, il fut un savant qui plana à une autre altitude que Keynes et les autres économistes) que le capitalisme était un mode transitoire, et que celui-ci devait être dépassé (selon une loi historique qui, dans son esprit, reposait sur la dialectique de Hegel) par le communisme.

        Quant à Keynes, n’était pas un révolutionnaire, mais un libéral, il fut contraint, par ses propres analyses économiques. à propos des effets néfastes du capitalisme, et notamment quand celui-ci débouche sur des crises, de modérer ce libéralisme en le tempérant par un rôle plus actif, de la part des gouvernements des différents Etats.

        Quant à M. Imbert, étant un philosophe imbu de marxisme, il mérite le respect en défendant les idées qu’il défend. Toujours est-il que le communisme réel n’a pas démontré, jusqu’à ce jour, être à la hauteur des beaux et grands discours professés par tous les idéologues qui se réclament du communisme, pour faire le bonheur de l’humanité. A commencer par Marx lui-même.

        Car si l’on peut créditer Marx d’avoir été un des plus grands observateurs de son temps, s’agissant du capitalisme qu’il avait devant les yeux, on est bien obligé d’admettre que sa théorie économique, en étant une critique adressée à la théorie émise par les économistes bourgeois, se voulait être révolutionnaire en ce sens qu’elle devait pousser le prolétariat à prendre le pouvoir, ce que firent Lénine et les Bolchéviques, dans la Russie tsariste, en 1917.

        Que Marx eût renié, s’il avait vécu, les conséquences associées à une pareille révolution, le fait est que celle-ci conduisit forcément à une dictature qui, même si elle fut conduite au nom du prolétariat, se traduisit, dans les faits (nous sommes, ici, dans l’ex URSS), par une dictature du Parti Unique sur le prolétariat.

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    • serge Clérissi // 16.06.2018 à 13h42

      Merci de remettre en perspective mon propos. Lorsque vous dites: « On ajoutera que cette théorie, si elle peut paraître reposer sur les législations différentes, d’un pays à l’autre, repose, sur le fond, sur une réalité économique qui a justifié lesdites législations. » En effet les différentes législations peuvent se justifier par des niveaux de développements économiques différents mais les mettre en concurrence par le biais d’un chantage à l’emploi relève d’un opportunisme sans vergogne en ce qui concerne les actionnaires et d’une trahison envers les peuples pour les politiciens qui le permet.

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  • serge Clérissi // 17.06.2018 à 16h50

    Outre le fait que la théorie des « avantages comparatifs » appliquée à un marché de la main-d’œuvre déséquilibré conduit à déprécier cette dernière, l’accumulation de capital qui en résulte et ne trouve emploi invalide aussi la théorie de « la destruction créatrice » de Schumpeter. Les déséquilibres de marché accentués par la politique de « l’offre » et le libre-échange mettent en échec les théories économiques libérales dont se prévalent les économistes orthodoxes. Il me semble qu’avant de justifier la mise en place du libre-échange il faudrait s’assurer que les marchés soient à l’équilibre (entre l’offre et la demande) et que les législations soient harmonisées, sinon les forces du marché, loin de s’équilibrer ( Debreu en a démontré le précaire auto-équilibre ) détruisent les législations censés le réguler.

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