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16.juillet.201816.7.2018 // Les Crises

Du fond des ghettos, des réserves et des coins reculés de l’Amérique. Par Don North

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Source : Don North, Consortium News, 08-06-2018

Don North faisait partie d’une équipe d’ABC News sur la route de St. Patrick à New York jusqu’au cimetière d’Arlington, suivant le cortège funèbre de Robert Kennedy, qui a été enterré il y a 50 ans aujourd’hui, le 8 juin 1968. Voici le reportage que Don a lu à l’antenne.

D’ici, au pied des colonnes grecques du côté sud du Mémorial de Lincoln, il y aura une vue très frappante du cortège funèbre du sénateur Robert Kennedy.

La première vue du cortège se fera à travers les arbres lorsqu’il quittera l’avenue de la Constitution pour se diriger vers la promenade Henry Bacon… une petite rue bordée d’arbres. Il sera alors bien en vue lorsqu’il empruntera le cercle autour du monument commémoratif de Lincoln. Il passera directement en dessous de moi entre les monuments honorant deux grands Américains, Washington et Lincoln.

C’est vraiment le cœur majestueux de cette ville du Capitole.

Le long du train funéraire de Robert F. Kennedy. (Getty)

A droite de la piscine réfléchissante se trouve « Resurrection City » avec une légère brume de déchets brûlés suspendue au-dessus. À travers les arbres qui bordent la rue, je vois les cabanes de contreplaqué délabrées et les flaques d’eau et de boue à l’intérieur du campement. C’est une tache sur ce paysage pittoresque, mais c’est le genre que Robert Kennedy approuverait, car ce sont les gens qu’il a cherché à soustraire aux ghettos qu’il représente, dans les villes, les réserves d’Indiens et les coins perdus d’Amérique.

Quelque 2 000 résidents de Resurrection City [campement installé par la Campagne pour les pauvres en 1968, le long du parc entre le Mémorial Lincoln et le Monument à Washington, NdT] s’alignent dans la rue devant leur camp pour rendre un dernier hommage à un homme qu’ils considéraient comme leur champion. Une délégation de 25 membres de la Marche des Pauvres rejoint leur leader, le Révérend Ralph Abernathy à la gare de l’Union pour se joindre à la procession funèbre jusqu’à la tombe.

Le cortège funéraire passe maintenant devant le Mémorial de Lincoln en direction du pont commémoratif qui enjambe le Potomac. Passant entre les grands cavaliers dorés à l’entrée du pont, le voyage du regretté sénateur jusqu’à sa tombe est presque terminé.

En face, on a une vue sur la Demeure de Custis-Lee [aussi nommée Arlington House, NdT] dans le cimetière national d’Arlington. Une pente d’herbe verdoyante s’étend en dessous le manoir et de cette distance, à près d’un mille de distance, la tombe du président John Kennedy n’est qu’un minuscule carré. Le sénateur Kennedy est passé à ce même endroit il y a quatre ans et demi en marchant derrière l’affût de canon transportant son frère assassiné.

Aujourd’hui, il n’y a pas d’affût de canon ou de cheval non monté et pas de battements de tambour étouffés… mais la tristesse de cette journée de novembre est là et l’amour et le respect pour un leader perdu est également là cet après-midi au Mémorial de Lincoln.

C’est quelque peu ironique, mais cela sied à la mémoire du sénateur Kennedy que ce dernier groupe de personnes qui bordent sa route vers la tombe alors qu’il quitte la ville sont en grande partie les pauvres de Resurrection City… les mêmes personnes dont il a défendu la cause avec tant d’éloquence et dont il a compris les problèmes et pour lesquels il s’est battu. De ces personnes, il se rend à Arlington où ses restes reposeront aux côtés de soldats américains, dont beaucoup sont morts au Vietnam, une guerre que le sénateur Kennedy a combattu pour y mettre fin.

Cela me rappelle l’un des moments les plus émouvants de cette triste journée où son frère, le sénateur Ted Kennedy, faisant l’éloge funèbre de son frère décédé à la cathédrale St. Patrick

Ted Kennedy : Éloge funèbre à la cathédrale Saint Patrick. (Photo by Rolls Press/Popperfoto/Getty Images)

ce matin a dit :

« Il a vu le mal et a essayé de le redresser.

« Il a vu la souffrance et a essayé de la soulager

« Il a vu la guerre et a essayé de l’arrêter. »

Le corbillard est maintenant passé. Robert Kennedy a quitté Washington pour la dernière fois.

Il aurait dû mourir plus tard, car il avait beaucoup à faire, ce qui n’est peut-être pas encore fait.

Il a été tué par la haine à Los Angeles. Aujourd’hui, ici à Washington, il sera enterré avec amour.

Reportage de Don North pour ABC News à partir du Mémorial de Lincoln sur le cortège funèbre du sénateur Robert Kennedy.

Voici un reportage d’ABC News sur ce jour des funérailles et sur la procession pour Robert Kennedy, de la cathédrale St Patrick le long de la voie ferrée de Pennsylvanie et à travers les rues de Washington jusqu’à son dernier lieu de repos à Arlington :

Photographies de Paul Fusco pour le Magazine Life des foules alignées le long des voies de chemin de fer.

Don North, un ancien correspondant de guerre qui a couvert la guerre du Vietnam et de nombreux autres conflits dans le monde, est l’auteur de Inappropriate Conduct, l’histoire d’un correspondant de la Seconde Guerre mondiale dont la carrière a été anéantie par le complot qu’il a découvert.

(Photo par Louis Liotta/New York Post Archives / (c) NYP Holdings, Inc. via Getty Images)

Jacqueline Kennedy avec ses enfants aux funérailles de Robert Francis Kennedy. (Photo par Rolls Press/Popperfoto/Getty Images)

(Photo par PL Gould/Images)

Source : Don North, Consortium News, 08-06-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Owen // 16.07.2018 à 06h58

Le cortège funèbre qui a attiré le plus de monde, peut-être dans l’histoire humaine, est celui de Gamal Abdel Nasser en 1970. 5 millions de personnes, 1 égyptien sur 7 s’est déplacé pour les adieux. Seul Joseph Staline a vu le même nombre de personnes venir à ses funérailles, dans un pays plus nombreux où le culte du chef d’état était obligatoire.

13 réactions et commentaires

  • Owen // 16.07.2018 à 06h58

    Le cortège funèbre qui a attiré le plus de monde, peut-être dans l’histoire humaine, est celui de Gamal Abdel Nasser en 1970. 5 millions de personnes, 1 égyptien sur 7 s’est déplacé pour les adieux. Seul Joseph Staline a vu le même nombre de personnes venir à ses funérailles, dans un pays plus nombreux où le culte du chef d’état était obligatoire.

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    • ouvrierpcf // 17.07.2018 à 12h27

      Macron à l’enterrement de JOHNNY Macron au stade Macron avec les joueurs Macron au Pantheon Macron au défilé Macron à VESRSAILLES penda,nt ce temps là discrètement lAsssemblée Nationale est réunie cette nuit pour faire adopter une loi (anti constitutionnelle) Macron pour qu’il puisse parler à…VERSAILLES si ce n’est pas le culte de la personnalité qu’est ce alors et il n’est élu que depuis 1an!! quand j’allume am télé si je ne vois pas Macron je cherche la panne je tripote mon décodeur ou ma box !! OWEN on vous ment ou vous êtes complice

        +4

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      • Owen // 17.07.2018 à 15h33

        Et bientôt, Macron au Fort Brégançon pour partager l’apéro avec vous pendant le barbecue au camping.

        Je n’ai pas de TV depuis longtemps, mais j’imagine l’omniprésence macronienne au moins égale à celle de Sarkozy. Avec une personnalité plus lisse, « hors » partis droite gauche, ça doit être irrésistible pour les médias de se laisser aller au culte du Zupiter des peuples.

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  • Toff de Aix // 16.07.2018 à 08h55

    Pour certaines personnes dans ce monde, un leader qui va contre leurs intérêts ne dispose que de deux options : soit il est acheté, et il file droit, soit il est enterré… Avec amour ou pas, quelle importance ?

    De Gaulle, « lorsqu’il rentre des obsèques de Kennedy, il se confie à Alain Peyrefitte [alors ministre de l’Information] et lui dit : «Vous savez, tout ça n’est pas une affaire de cow-boy, c’est une affaire d’OAS.» Et il ajoute : «De toute façon, on ne saura jamais la vérité, parce que si on connaît la vérité, il n’y a plus d’Etats-Unis.» (tiré d’un article de libé, qui l’a lui-même extrait des mémoires de Peyrefitte « C’était de Gaulle »).

    Kennedy voulait mettre fin à la folie du Vietnam, et ça n’était absolument pas envisageable pour le complexe militaro industriel, qui a l’époque opérait encore dans l’ombre. Pas comme aujourd’hui, comme après le 11 septembre, et les Bush & compagnie…

    Comme par hasard l’administration Trump déclassifie des milliers d’archives de cette période maintenant, comme la loi américaine l’y oblige… Mais en laisse des milliers d’autres au secret, bien cachées.

    Nous ne saurons jamais la vérité.

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    • Bovin // 16.07.2018 à 12h15

      Si. Nous saurons un jour la vérité. Et ce jour approche. Une fois les Etats-Unis désintégrés. Ce qui est en cours.
      Vivement la vérité donc.

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  • fox 23 // 16.07.2018 à 10h21

    « Il a vu la guerre et a essayé de l’arrêter ». Mmmmm, Quand on relit ses archives déclassifiées, ce n’est pas trop l’image qu’on en a.
    Pour rappel, il avait demandé à la CIA de monter une opération sous faux drapeau avec 6 Mig soviétiques récupérés. Ces avions auraient attaqué une base US permettant, avec leurs cris d’orfraies habituels, de convaincre population et « alliés » de se lancer dans une guerre contre les Rouges.
    Notre seule chance fut que la CIA déconseille ce plan pour lequel une commission d’étude avait quand même été mise en place !
    Ne jamais oublier, le seul livre d’Histoire des Etats-Unis pour écoliers et étudiants, c’est Hollywood….

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    • Renard // 16.07.2018 à 11h57

      Oui mais faut-il croire les archives déclassifiés de la CIA ?

      Il y a encore de trop gros intérêt en jeu pour pouvoir dire la vérité, même 50 ou 70 ans aprés. Dans l’assassinat de JFK on soupçonne tout de même la CIA d’avoir organisé un coup d’Etat dans leur propre pays, vous croyez qu’ils vont balancer la vérité tout tranquillement passé un bref délai ? Ils peuvent même trafiqués leurs archives pour pourrir la réputation de ceux qui étaient leurs adversaires, bref tout est possible..

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      • fox 23 // 16.07.2018 à 12h08

        Non Renard, ce ne sont pas les archives de la CIA, Dieu me garde de fouiller dans ces poubelles, mais de celles de la famille Kennedy !!!

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        • Renard // 16.07.2018 à 17h27

          Vous me rassurez M.Fox, j’ai parlé trop vite mais il est vrai aussi qu’une histoire où la CIA joue le rôle de modérateur des passions guerrières m’avait paru louche.

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  • RGT // 16.07.2018 à 19h58

    Quoi de plus « banal » qu’un assassinat politique ?

    Ensuite ce triste sort est réservé à ceux qui sortent du « droit chemin », qui refusent toute compromission, toute corruption et qui ne fléchiront pas si on s’en prend à leurs proches.
    Et ceux qui en savent un peu trop et qui pourraient foutre le bordel si leur parti les répudie…
    Sans compter ceux qui ont dépassé les « limites de la décence » dans ce milieu pourtant favorable aux « petits arrangements ».

    Il n’y a pas que les USA qui se sont illustrés dans des assassinats ou des « suicides » (3 balles dans la tête tirées par derrière avec les mains attachées dans le dos – Il y en a qui veulent vraiment mourir de manière acrobatique).

    En France, quand on se contente d’examiner seulement les cas de Robert Boulin, Jean de Broglie, Joseph Fontanet, François de Grossouvre, Pierre Bérégovoy… ça commence à faire pas mal de politiciens morts dans la « fleur de l’âge »…
    Sans compter tous ceux moins connus que j’ai oublié…

    Si vous allez voir en Italie, en Allemagne, ou dans n’importe quel pays vous trouverez que le métier de politicien est assez risqué.

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    • vert-de-taire // 17.07.2018 à 19h19

      Le métier de politicien actif est dangereux.
      le métier de politicien suiviste est de tout repos.
      Et devinez quoi ?

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  • Dominique // 16.07.2018 à 20h13

    « Ce site devient très ‘américano-centré’, non ? »
    Ce site se veut un miroir du monde, c’est donc fatal.

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  • Betty // 21.07.2018 à 14h08

    De 1968 à 2018: « The number of encampments reported grew rapidly: Our research showed a 1,342 percent increase in the number of unique homeless encampments reported in the media, from 19 reported encampments in 2007 to a high of 274 reported encampments in 2016 (the last full year for data), and with 255 already reported by mid2017, the trend appears to be continuing upward. Twothirds of this growth comes after the Great Recession of 2007-2012 was declared over, suggesting that many are still feeling the long-term effects. »
    https://www.nlchp.org/Tent_City_USA_2017

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