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14.janvier.202114.1.2021 // Les Crises

En 1872, le virus de la grippe a paralysé l’économie américaine en infectant les chevaux

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Source : Consortium News, Ernest Freeberg
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

C’était en quelque sorte une crise énergétique, écrit Ernest Freeberg.

Henry Bergh (en haut-de-forme) arrêtant une voiture à cheval surpeuplée, extrait du Harper’s Weekly, 21 septembre 1872. (Bibliothèque du Congrès)

En 1872, l’économie américaine était en plein essor alors que la jeune nation s’industrialisait et s’étendait vers l’ouest. Puis, à l’automne, un choc soudain a paralysé la vie sociale et économique. C’était une sorte de crise énergétique, mais il ne s’agissait pas d’une pénurie de combustibles fossiles. La cause en était plutôt un virus qui s’est propagé parmi les chevaux et les mules depuis le Canada jusqu’à l’Amérique centrale.

Pendant des siècles, les chevaux avaient fourni l’énergie essentielle à la construction et au fonctionnement des villes. Et voilà que la grippe équine montrait à quel point cette coopération était importante. Lorsque les chevaux infectés ont cessé de travailler, plus rien ne fonctionnait. La pandémie a déclenché une paralysie sociale et économique comparable à ce qui se passerait aujourd’hui si les pompes à essence s’asséchaient ou si le réseau électrique tombait en panne.

À une époque où beaucoup avaient hâte de voir le cheval être remplacé par les nouvelles technologies prometteuses, la vapeur et l’électricité, la grippe équine a rappelé aux Américains leur dette envers ces animaux. Comme je le montre dans mon nouveau livre, A Traitor to His Species : Henry Bergh and the Birth of the Animal Rights Movement [Un traître à son espèce : Henry Bergh et l’éclosion du mouvement pour les droits des animaux, NdT], cette prise de conscience a alimenté un mouvement de réforme naissant mais fragile : la croisade pour mettre fin à la cruauté à l’encontre des animaux.

Un monde soudainement ‘désarçonné’

La grippe équine est apparue pour la première fois fin septembre dans les pâturages à chevaux près de Toronto. En quelques jours, la plupart des animaux des écuries surpeuplées de la ville ont attrapé le virus. Le gouvernement américain a tenté d’interdire les chevaux canadiens, mais il a agi trop tard. En moins d’un mois, les villes frontalières étaient infectées et la « maladie du cheval canadien » était devenue une épidémie nord-américaine. En décembre, le virus a atteint la côte américaine du Golfe du Mexique et, au début de 1873, des foyers se sont déclarés dans des villes de la côte ouest.

Les symptômes de la grippe étaient sans équivoque. Les chevaux avaient une toux rauque et de la fièvre ; les oreilles tombantes, ils titubaient et parfois s’écroulaient, épuisés. Selon une estimation, elle a tué 2 % du nombre estimé de 8 millions de chevaux en Amérique du Nord. Beaucoup d’autres animaux ont souffert de symptômes qui ont mis des semaines à disparaître.

A cette époque, la théorie des germes pour expliquer les maladies était encore controversée, et ce n’est que 20 ans plus tard que les scientifiques identifieront le virus. Les propriétaires de chevaux n’avaient guère de bonnes solutions pour éviter l’infection. Ils désinfectaient leurs écuries, amélioraient l’alimentation des animaux et les couvraient de couvertures neuves. Un chroniqueur du Chicago Tribune a écrit que les nombreux chevaux maltraités et surmenés de la nation allaient mourir du choc relatif à cette soudaine débauche de gentillesse. À une époque où les soins vétérinaires étaient encore rudimentaires, d’autres gens ont préconisé des remèdes plus discutables : gin et gingembre, teintures d’arsenic et même un soupçon de guérison par la foi

Contrôleurs et passagers tirant un tramway à Boston lors de l’épidémie de grippe équine. (Getty Images)

Tout au long du XIXe siècle, les villes américaines très peuplées ont souffert de fréquentes épidémies de maladies mortelles telles que le choléra, la dysenterie et la fièvre jaune. Beaucoup de gens craignaient que la grippe équine ne se propage à l’homme. Bien que cela ne se soit jamais produit, le fait de priver l’économie de millions de chevaux représentait une menace en soi : cela revenait à couper les villes des approvisionnements essentiels en nourriture et en carburant à l’approche de l’hiver.

Les chevaux étaient trop malades pour sortir le charbon des mines, amener les récoltes au marché ou transporter les matières premières vers les centres industriels. Les craintes d’une « famine du charbon » ont fait monter en flèche les prix du combustible. Les produits pourrissaient sur les quais. Les trains refusaient de s’arrêter dans certaines villes alors que les dépôts regorgeaient de marchandises non livrées. L’économie a alors plongé dans une forte récession.

Tous les aspects de la vie étaient perturbés. Les saloons, faute de livraison de bière se sont retrouvés à sec et les postiers ont dû compter sur la « brouette express » pour transporter le courrier. Contraints de se déplacer à pied, les gens étaient moins nombreux à participer aux mariages et aux enterrements. Des entreprises désespérées engageaient des équipes humaines pour tirer leurs wagons jusqu’au marché.

Ruines dans le centre de Boston après l’incendie du 9 novembre 1872. (NYPL)

Pire encore, les pompiers ne pouvaient plus compter sur les chevaux pour tirer leurs lourds wagons-pompes. Le 9 novembre 1872, un incendie catastrophique a ravagé une grande partie du centre-ville de Boston alors que les pompiers, à pieds, arrivaient tardivement sur les lieux. Comme l’a dit un rédacteur, le virus a révélé à tout le monde que les chevaux n’étaient pas seulement une propriété privée, mais « les rouages de notre formidable machine sociale, dont l’arrêt signifiaites préjudices étendus aux gens de toutes classes et conditions. »

La croisade de la bienveillance d’Henry Bergh

Bien sûr, la grippe a avant tout frappé les chevaux – surtout lorsque des propriétaires désespérés ou insensibles les ont forcés à travailler pendant leur maladie, ce qui a très souvent entraîné la mort des animaux. Alors que des chevaux toussant et fiévreux titubaient dans les rues, il était évident que la vie de ces serviteurs infatigables était brève et cruelle. E.L. Godkin, le rédacteur en chef de The Nation, a qualifié la façon dont ils ont été traités de « honte pour la civilisation… digne de l’âge des ténèbres. »

Henry Bergh avait avancé cet argument dès 1866, lorsqu’il fonda l’American Society for the Prevention of Cruelty to Animals [ Société américaine pour la prévention de la cruauté envers les animaux, NdT] – la première organisation nationale consacrée à cette cause. Bergh avait passé la plus grande partie de sa vie adulte à poursuivre une carrière de dramaturge ratée, soutenu par un important héritage. C’est à l’âge de 53 ans qu’il a trouvé sa véritable vocation.

Moins motivé par l’amour des animaux que par sa détestation de la cruauté humaine, il a utilisé sa richesse, ses relations et ses talents littéraires pour faire pression sur l’Assemblée législative de New York afin qu’elle adopte la première loi moderne contre la cruauté. Cette loi leur conférant des pouvoirs de police, Bergh et ses collègues agents porteurs d’insignes ont parcouru les rues de New York pour protéger les animaux de toute souffrance inutile.

Carte à collectionner représentant Henry Bergh, vers 1870-1900. (Connecticut Digital Archive/Wikipedia)

De nombreux observateurs se sont moqués de l’idée même que des animaux devraient bénéficier d’une protection juridique, mais Bergh et ses partisans ont insisté sur le fait que chaque créature avait le droit de ne pas être maltraitée. Des milliers de femmes et d’hommes à travers le pays ont suivi son exemple, en adoptant des lois similaires et en créant des branches de la SPCA. Cette croisade a provoqué un large débat public sur la dette que les humains avaient envers les autres espèces.

Alors que la grippe équine faisait rage, Bergh s’est planté aux principaux carrefours de New York, arrêtant les chariots et les charrettes tirés par des chevaux pour inspecter les animaux afin de détecter les signes de la maladie. Grand et d’allure aristocratique, Bergh s’habillait impeccablement, portant souvent un haut-de-forme et arborant une canne en argent, son long visage encadré d’une moustache tombante. Affirmant que le travail des chevaux malades était dangereux et cruel, il a imposé à de nombreux attelages de retourner à leurs écuries et a parfois poursuivi les cochers au tribunal.

La circulation s’engorgeait, alors que les passagers grognons étaient contraints de marcher. Les sociétés de transport ont menacé de poursuivre Bergh en justice. Les critiques le ridiculisaient en le présentant comme un amoureux des animaux mal inspiré qui se préoccupait plus des chevaux que des humains, mais beaucoup plus de gens ont salué son travail. Au milieu des ravages de la grippe équine, la cause de Bergh a été à la hauteur du moment.

Le mausolée d’Henry Bergh au cimetière Green-Wood, Brooklyn, New York.
(Rhododendrites/Wikipedia, CC BY-SA)

Les droits des chevaux

À son acmé, l’épidémie a conduit de nombreux Américains à se demander si le monde qu’ils connaissaient allait un jour se rétablir, ou si le lien ancien entre les chevaux et les humains risquait d’être à jamais rompu à cause d’une mystérieuse maladie. Mais au fur et à mesure que la maladie poursuivait son avancée, les villes réduites au silence par l’épidémie se sont peu à peu redressées. Les marchés ont ré-ouvert, les dépôts de fret ont résorbé les retards de livraison et les chevaux ont repris le travail.

Pourtant, l’impact de cet épisode traumatisant s’est prolongé, forçant de nombreux Américains à envisager de nouveaux discours radicaux sur le problème de la cruauté envers les animaux. Finalement, l’invention des chariots électriques et du moteur à combustion interne a résolu les défis éthiques posés aux villes fonctionnant grâce au cheval.

Dans le même temps, le mouvement de Bergh a rappelé aux Américains que les chevaux n’étaient pas des machines insensibles mais des partenaires dans la construction et le fonctionnement de la ville moderne – des créatures vulnérables capables de souffrir et méritant la protection de la loi.

Ernest Freeberg est professeur d’histoire à l’université du Tennessee.

Source : Consortium News, Ernest Freeberg, 10-12-2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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calal // 14.01.2021 à 07h47

 » Finalement, l’invention des chariots électriques et du moteur à combustion interne a résolu les défis éthiques posés aux villes fonctionnant grâce au cheval. »

et c’est comme cela que des milliers de chevaux devenus inutiles ont fini dans les assiettes apres un passage dans les « boucheries chevalines ». Pareil en europe apres la 1ere guerre mondiale.

article historique tres interessant sur la vie en ville autrefois.merci les crises.

12 réactions et commentaires

  • calal // 14.01.2021 à 07h47

     » Finalement, l’invention des chariots électriques et du moteur à combustion interne a résolu les défis éthiques posés aux villes fonctionnant grâce au cheval. »

    et c’est comme cela que des milliers de chevaux devenus inutiles ont fini dans les assiettes apres un passage dans les « boucheries chevalines ». Pareil en europe apres la 1ere guerre mondiale.

    article historique tres interessant sur la vie en ville autrefois.merci les crises.

      +14

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    • Blabla // 16.01.2021 à 09h52

      et à cette heure, nous vivons dans une société basée sur le travail du Tiers-monde autant que sur les énergies fossiles. dussent les pays d’Afrique (par exemple) être ravagés par une épidémie ou une vague de révolutions et nous en sentirons l’impact chez nous… et plus sous forme d’inflation!

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  • L’étincelle // 14.01.2021 à 09h22

    Merci de cette information historique, qui nous alerte sur un fait certain : les maladies contagieuses existent toujours chez chevaux et les concentrer en espace fermé en accroît les risques Une loi universelle : le respect d’autrui contribue au mieux être de tous !!!!
    visiter les chevaux médiateurs systémiques intégrés ici : http://anthropopedagogie.com/

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  • L’illustre_inconnu // 14.01.2021 à 11h51

    On nous prépare à l’arrivée des robots remplaçant les humains malades du Covid?
    deux vidéo de chez Boston Dynamics pour illustrer un début?
    https://www.youtube.com/watch?v=5iV_hB08Uns
    https://www.youtube.com/watch?v=fn3KWM1kuAw

    La robotisation ne date pas d’hier mais les progrès ces dernières années son palpable.

      +3

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    • anatole27 // 14.01.2021 à 12h17

      Trois hypothèses US d’évolutions possibles :

      #3 TITANIC
      #2 AVATAR https://www.youtube.com/watch?v=spzgkoPxbBI
      #1 AVENGERS: ENDGAME l’hypothèse que développent les transhumanistes

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_plus_gros_succ%C3%A8s_du_box-office_mondial#Plus_gros_succ%C3%A8s_du_box-office

      Je trouve l’hypothèse AVATAR assez poétique

        +2

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      • Rémi // 15.01.2021 à 13h33

        Oui enfin regardez la densité de population dans avatar. Comment fait-on?
        Du temps de l’age de pierre la terre supportait une population de 200mio d’habitants (Avatar)
        Du temp de l’agriculture 500mio à 800mio
        Aujourd’hui 7500 mio
        A l’aube du XXIème siècle 11000 mio
        Oui on va un peu vers avenger end game. Un homme en interaction avec un environnement hitech qui assure notre survie et que nous developpons.
        La nature demeurant une sous couche il est probable cependant que petit à petit notre structure prendra moins de place lorsque la population diminuera lentement au cours du XXIIème siécle.
        Et encore les prévisions démographique évolue dans le sens d’une réduction de la population à l’aube du XXième siécle car la transition démographique accélére et avec elle la baisse de la fécondité.

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  • anne // 14.01.2021 à 20h48

    Merci d’avoir déniché cet article.. j’avais lu un article médical sur cette grippe chevaline.. illustré de quelques  » photos ». Les pompiers tiraient leur matériel, à  » pied », il y a eu meme une bataille  » indien contre soldats  » mais à pied.
    Les chevaux de  » poste » ou de transport, étaient logé dans des relais qui faisaient plusieurs étages ( sorte de mini HLM en bois, avec plan incliné pour que les chevaux puissent monter ).
    J’avais cherché il y a environ 10 ans, si nous avions eu la meme chose en europe, mais je n’ai rien trouvé.

      +2

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  • Bouddha Vert // 15.01.2021 à 00h58

    Les services mécaniques que nous ont rendu la gente des équidés était tellement puissantes qu’elle a marqué nos industries automobiles qui ont exprimé la puissance de leurs véhicules en « cheval vapeur » (environ 750W) et l’administration fiscal en « chevaux fiscaux »!
    Il nous faudrait, aujourd’hui, des millions de Bergh pour défendre le biologique en général, au nom de sa sensibilité, mais surtout parce que nous lui appartenons et qu’il assure des services nécessaires, vitaux, gratuits, indispensables pour le bon fonctionnement de notre vaisseau spatial.

      +2

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  • vert-de-taire // 15.01.2021 à 15h54

    « Il nous faudrait, aujourd’hui, des millions de Bergh pour défendre le biologique en général »
    Inutile (et vain) ‘ils’, nos dingues, fabriquent des hybrides tellement plus ‘smart’ !

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  • RGT // 16.01.2021 à 11h43

    Cet article passionnant nous fait surtout comprendre que l’être humain n’est qu’un parasite esclavagiste qui considère que tout lui est dû, opinion bien sûr largement « validée » par les « religions du livre » qui prétendent sans en apporter la moindre preuve que « Dieu créa l’univers (notion variable au fil du temps, désormais les humains veulent aller exploiter les ressources minières sur la Lune ou les astéroïdes…) pour que l’homme puisse se gaver à sa guise.

    Les animaux ne sont que la partie visible de l’iceberg mais le comportement humain est ainsi depuis des millénaires.

    Si l’esclavagisme a « à peu près disparu » (à prouver, à mon avis ce n’est pas du tout le cas) il n’en va pas de même pour le comportement des humains vis à vis des animaux qui ne sont qu’une « ressource » comme une autre destinés à être exploités et sacrifiés selon les besoins.

    Depuis ma plus tendre enfance je me suis toujours battu frontalement contre toutes les personnes qui maltraitaient les animaux…
    Je ne m’en souviens pas personnellement mais mes parents, alors que j’habitais dans un petit village de montagne, avaient dû intervenir à de nombreuse reprises lorsque j’étais intervenu pour défendre des animaux de maltraitances.

    Ma mère m’a même rappelé que lorsque j’avais 5 ans j’étais intervenu pour protéger un bouc que son « propriétaire » (comment peut-on considérer un être vivant comme un meuble ou un caillou ???) voulait castrer…

    Le bouc a réussi à préserver ses « noisettes », ce qui ne fût pas le cas pour son propriétaire qui s’est pris un coup de tête de ma part dans les « valseuses » (on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, surtout quand on est petit) lui ôtant toute possibilité de descendance.

    Énorme scandale dans le village, mais soutien total de mes parents qui approuvaient en secret mon acte pour préserver un animal de souffrances scandaleuses infligées par un « gros con ».

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  • Nourdjamil // 16.01.2021 à 23h03

    Le cheval a été crée pour servir l’homme. La grippe équine a servi de leçon à l’homme ingrat envers le cheval ! L’exploitation sauvage de l’animal domestique constitue un crime ! Les actions menées par madame Brigitte BARDOT méritent d’être saluées.

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  • daniel // 18.01.2021 à 09h20

    « des milliers de chevaux devenus inutiles ont fini dans les assiettes »

    Quand l’Europe de Bruxelles a subventionné l’industrie agricole, principalement allemande, en Pologne et Roumanie, des milliers de chevaux se sont retrouvés dans nos raviolis… avec tout une ‘industrie minière’ chypriote comme support.

    Sur le même sujet, grippe avicole= magret de canard dispo dans votre super.

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