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10.octobre.201910.10.2019 // Les Crises

En Russie il y a des « oligarques », et en Amérique des « hommes d’affaires »

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Source : Fair, Alan Macleod, 14-09-2019

Une analyse de 150 articles de CNN, Fox News et du New York Times indique que le terme « oligarques » semble réservé aux milliardaires slaves

Même dans les médias commerciaux, vous verrez de temps en temps faire références aux États-Unis comme une « oligarchie ». C’est le jugement de Jimmy Carter, l’ancien président, mais aussi d’études académiques de référence et même d’éditoriaux dans nos médias les plus prestigieux (Washington Post, 4/8/14 ; New Yorker, 4/18/14, par exemple). En effet, Paul Krugman le dit dans le New York Times (11/3/11, 5/15/15, 7/15/19) depuis des années. Trois hommes seulement détiennent plus de patrimoine que la moitié la plus pauvre du pays réunie, et les plus riches utilisent leur fortune pour influencer les médias, la société et le gouvernement.

Le non-oligarque David Koch. (crédit photo : Fred Thompson)

Mais, si les États-Unis sont une oligarchie, qui donc sont les oligarques ? Un des candidats, qui a fait couler de l’encre ces derniers temps, est le multi-milliardaire conservateur David Koch, décédé le 23 août (FAIR.org, 9/5/19). Koch était la 11e personne la plus riche et la 29e plus puissante du monde avec, selon Forbes, une fortune de plus de 50 milliards de dollars. Ce magnat de la chimie et des énergies fossiles a utilisé ses immenses richesses pour financer les climato-sceptiques et bloquer les initiatives visant à lutter contre la dégradation du climat. Il a financé une multitude de causes de droite, y compris le Tea Party, des médias conservateurs, des politiciens et des think tank. Koch a savonné la planche aux syndicats, s’est opposé aux limitations des armes à feu, a bloqué des projets de transport en commun et a contrecarré les tentatives de nationalisation du système de santé. Ainsi, avec son frère Charles, ils ont façonné le Parti Républicain et la société moderne plus que n’importe qui d’autre.

Pourtant, dans leurs nécrologies, même les médias s’adressant aux publics les plus progressistes se sont abstenus d’employer ce terme à son sujet. Le Washington Post (8/23/19) et NBC (8/23/19) ont préféré parler de « philanthrope ». CBS News (8/23/19) l’a également décrit comme tel, le présentant comme une « icône » qui « a dépensé des millions dans différents hôpitaux en faveur de la recherche sur le cancer ». Pendant ce temps, le New York Times (8/23/19) braquait les projecteurs sur cet « urbain philanthrope sociable et mondain », qui a fait un don d’un milliard de dollars à des œuvres de bienfaisance. (Voir FAIR.org, 9/5/19). Le ton de ces articles était foncièrement le même que celui de médias plus conservateurs, comme Fox News (8/24/19) ou le Wall Street Journal (8/23/19).

Cette couverture médiatique a suscité un fort mépris en dehors de la sphère des médias commerciaux. La journaliste indépendante Caitlin Johnston (Medium, 8/23/19) a fait remarquer que si Koch avait été Russe, il aurait été qualifié d’« oligarque », tandis que Adam H. Johnson de The Appeal a twitté (8/23/19) que « oligarque » était un terme connoté réservé à l’élite des pays étrangers ennemis, et non à nos ploutocrates [The Appeal est un organe de presse spécialisé sur la justice criminelle qui vise l’information du grand public et à mettre les dirigeants devant leurs contradictions, NdT].

Qui est – ou n’est pas – un oligarque, selon les médias

Pour mettre ces critiques à l’épreuve, FAIR a analysé les 50 articles les plus récents sur les sites web du New York Times, de CNN et de Fox News en faisant une recherche du terme « oligarque ». (La documentation complète, y compris la liste complète des sources utilisées, se trouve ici). L’étude visait à déterminer :

1- Qui est considéré comme un oligarque ?

2- Quels sont les pays qualifiés d’oligarchies ?

Yevgeny Prigozhin, Oleg Deripaska, Viktor Vekselberg, Victor Pinchuk, Roman Abramovich, Aras Agalarov : C’est la liste complète – et 100% slave – des personnes considérées par CNN comme étant des « oligarques ». En effet, seulement deux articles, sur cet échantillon de 150, ont mentionné des Occidentaux comme tels : un éditorial du New York Times (15/7/19) qui décrivait des gens comme Elon Musk et Richard Branson comme des « spatio-oligarques » et une tribune de Tucker Carlson Tonight (Fox News, 4/2/19) dans laquelle une représentante de la NRA [le lobby pro-armes à feu, NdT] attaquait Cory Booker, un militant en faveur du contrôle des armes, l’accusant d’être un « oligarque constitutionnel ». Tous les autres venaient de Russie ou d’anciens pays du bloc de l’Est.

La Russie était décrite comme une oligarchie dans 89 des 150 articles étudiés, l’Ukraine dans 35 d’entre eux. Ce vocable a également été employé pour d’autres États de l’ancien bloc de l’Est dans 13 articles : la Moldavie (6 fois), le Kazakhstan (2 fois), la Hongrie (2 fois), la Géorgie (2 fois) et l’Azerbaïdjan (1 fois). Il y a aussi eu le Guatemala (1 fois). Au total, 98 % des mentions de pays liés aux oligarques se rapportaient soit à la Russie, soit à des États autrefois sous la coupe de l’Union soviétique.

En revanche, 1 % seulement des articles évoquent un lien entre les États-Unis et des oligarques, ce qui est d’autant plus remarquable que tous les titres de l’échantillon sont étasuniens et qu’ils consacrent beaucoup plus de temps, d’espace et de mots aux questions américaines que celles intéressant l’Europe de l’est.

La connotation ethnique du terme oligarque est apparue très clairement, et à deux reprises, dans un article du New York Times (5/22/19) sur l’évolution du monde du football (c’est nous qui soulignons) :

En 1997, l’homme d’affaires égyptien, propriétaire d’un grand magasin, Mohamed al-Fayed, a pris les rênes de Fulham, une équipe londonienne de seconde division, et l’a conduite à la promotion en 1ère ligue ; en 2003, Roman Abramovitch, oligarque russe ayant fait fortune dans le pétrole, l’aluminium et l’acier a acheté [le club de] Chelsea ; en 2007 Stan Kroenke, le mari de l’héritière Wal-Mart, s’est mis à acquérir des parts du club d’Arsenal. La même année, la famille qui avait détenu Liverpool pendant un demi-siècle l’a cédé à deux hommes d’affaires américains, Tom Hicks et George Gillett.

Le vocable « oligarque », défini par le Cambridge Dictionary comme un individu, ou un groupe de personnes puissantes, exerçant le pouvoir sur un pays ou une industrie, est évidemment tout autant applicable à la dynastie Walton [de Wallmart] qu’à un géant de l’industrie minière comme Abramovich, mais les milliardaires américains sont simplement des « hommes d’affaires », quand ils ne sont pas des « philanthropes », tandis que les russes sont les « oligarques ». En d’autres termes, nos élites se consacrent à l’activité économique ordinaire, ou cherchent à améliorer le sort de l’humanité, tandis que les leurs dominent la politique de façon néfaste.

« Surtout en Russie » (Late Night, 7/20/17).

De nombreux articles soulignent les liens apparents de ces oligarques avec le président Vladimir Poutine (par exemple CNN, 3/20/19, 3/22/19), même lorsque les oligarques en question ne sont pas originaires de Russie (Fox News, 3/21/19, 5/14/19). L’animateur du Late Show, Stephen Colbert, (7/20/17) a défini le terme oligarque comme étant, en langue russe, « un gars riche qui ne demande pas d’où vient son argent » (en fait, ce terme vient du grec ancien). Pour être honnête, Colbert plaisantait sur l’utilisation sélective du mot en expliquant que « là-bas, le système politique est contrôlé par de riches élites qui achètent de l’influence et tirent les ficelles du gouvernement, alors qu’en Amérique, on parle anglais ».

En revanche, le Directeur du Renseignement National, James Clapper, semblait très sérieux en tenant des propos xénophobes selon lesquels les Russes avaient un « penchant génétique » pour les desseins répréhensibles comme le népotisme et la recherche du profit. L’invité d’une des émissions de Fox News (5/7/19), a employé le terme de « Russe » avant de se reprendre et de désigner un « oligarque ukrainien », signifiant que la région était un amas de Slaves sournois, complotant et squattant.

Ces trois médias font à peu près le même emploi du terme. Fox News tend à faire plus référence à l’Ukraine — car la chaîne couvre de près l’histoire des liens entre le fils de Joe Biden, Hunter, et un chef d’entreprise ukrainien, tandis que CNN, qui a mis des moyens sur le « Russiagate », cherche les liens personnels entre les oligarques et Vladimir Poutine. Mais dans l’ensemble, ces trois médias ont affiché une tendance commune quant à la façon dont ils appliquaient le mot et à qui ils l’appliquaient.

Emploi du mot « oligarque » au NYT, à CNN, et à Fox News

Bien qu’ils n’attribuent pas l’étiquette « oligarques » à nos élites fortunées et puissantes, les médias commerciaux américains reconnaissent, de temps à autres, que les États-Unis eux-mêmes sont une oligarchie. C’est cependant très rare et circonscrit à des articles consacrés à ce point précis. Pour le reste, les États-Unis sont quasi exclusivement présentés par les médias comme une démocratie, une puissance au service du bien dans le reportage.

Et quand une personnalité politique comme Bernie Sanders suggère que [nos] oligarques ont une emprise sur les médias, les rédacteurs en chef réagissent vivement, clamant au « ridicule » et à la « théorie du complot ». Quel étrange pays que sont les États-Unis, une oligarchie sans oligarques.

Alan MacLeod @AlanRMacLeod est membre du Glasgow University Media Group. Son dernier ouvrage, Propaganda in the Information Age : Still Manufacturing Consent, est sorti en mai 2019 chez Routledge.

Source : Fair, Alan Macleod, 14-09-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Galvan // 10.10.2019 à 07h31

Ceci est tout aussi valable pour les etats-unis que pour la france et la plupart des pays européens (a l’exception peut-être de la suisse) …
Quand on sait que les groupes de presse français appartiennent quasiment tous a 9 oligarques…

23 réactions et commentaires

  • Galvan // 10.10.2019 à 07h31

    Ceci est tout aussi valable pour les etats-unis que pour la france et la plupart des pays européens (a l’exception peut-être de la suisse) …
    Quand on sait que les groupes de presse français appartiennent quasiment tous a 9 oligarques…

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    • marc // 13.10.2019 à 11h05

      pourrais-je savoir pourquoi la suisse ferait peut etre exception?

        +1

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  • Daniel // 10.10.2019 à 08h18

    « la neige est noire », ou comment peu à peu amener la population a changer la signification d’un mot.
    L’analyse faite sur le mot Oligarque est exemplaire de cela : cela désigne le « méchant » Russe comme l’analyse le souligne.
    cette analyse peut être faite également sur les mots : « liberté », « bonheur », « solidarité » (tous les principes de base d’une vie en commun centrée sur l’homme) et pour aller dans des mots plus particulier : « richesse », « dette », « pragmatisme », « nature » …
    d’ailleurs le mot « crise » que désigne-t-il ?

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    • Papagateau // 10.10.2019 à 08h33

      Le pire, c’est qu’ils savent très bien revenir au sens « ancien » d’un mot… quand ça les arrange.

        +13

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  • RGT // 10.10.2019 à 08h35

    La rubrique nécrologique de Bernard Arnault (ou un de ses congénères) sera-t-elle aussi dithyrambique que celle de David Koch ?

    Je n’en doute pas un seul instant, les médias appartenant à cette catégorie de personnes complètement mégalomanes et dont le seul objectif, en dehors bien sûr d’amasser des fortunes de plus en plus colossales, et de se présenter comme de « grands humanistes » et de passer à la postérité.

    En France, ils ne sont pas des « philanthropes », ils sont des « mécènes » qui pare leur « générosité » permettent un fonctionnement « harmonieux » de la vie politique.

    Ne vous étonnez donc pas si vous vous retrouvez avec de sinistres individus dans TOUS les gouvernements successifs dont le seul objectif est de « faciliter la vie » de ces ploutocrates au détriment de l’ensemble de la population.

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    • Patoche // 10.10.2019 à 09h05

      Nous avons déjà eu droit pendant au moins 3 jours à la ´´France sous le choc ´´ du décès du grand capitaine d’industrie accessoirement patron de Total.
      Le pays allait-il s’en remettre ?
      La plupart des français ignoraient son existence. Personnellement j’avais repéré sa moustache.

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      • Fritz // 10.10.2019 à 10h15

        Vous parlez de Christophe de Margerie ? Il est mort à Moscou, et donc il était un peu oligarque sur les bords.
        Mais si son avion s’était écrasé à Paris ou à New York, il resterait à 100 % un grand capitaine d’industrie.

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        • EugenieGrandet // 10.10.2019 à 22h07

          Je pensais que notre oligarchie, c’était « nos » milliardaires détenant (i.e. propriétaires et pas dirigeants) de plus ou moins grandes entreprises: LVMH, Kerîng, Dassault, Free, L’Oreal, …) qui en plus contrôlent la plupart des médias .

          Si vous mettez les millionnaires qui ne sont « que » des dirigeants d’entreprise parmi les oligarques, on ne va plus s’y retrouver.

          Non vraiment aucun rapport. Ou alors je n’ai rien compris. Ou plutôt si, je comprends trop bien.

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    • RGT // 10.10.2019 à 18h41

      S’il avait encore plus truandé le fisc il aurait eu droit à des obsèques nationales et nous aurions été « sous le choc » pendant au moins un mois.

      C’est d’ailleurs ce qui risque d’arriver si le « divin » Carlos G… venait à nous quitter (ce qui devrait obligatoirement arriver, nous sommes TOUS destinés à mourir un jour).

      Au niveau fraudes, truandage fiscal, arnaques en tous genres je pense qu’il doit entrer au panthéon des « grands hommes » de ce millénaire.

      Les autres sont vraiment des amateurs, des « gagne-petit » comparés à lui, même « Nanard la gouaille ».
      Et pourtant…

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  • Octave_Key // 10.10.2019 à 08h59

    Les oligarques n’existent que dans les pays où règne un « régime ».
    Les Etats-Unis d’Amérique ont un gouvernement, et non un régime.
    Il ne peut donc pas y avoir d’oligarques aux USA.
    Si vous êtes d’accord avec cette analyse, cliquez sur le pouce bleu ci-dessous. Les auteurs des trois premiers clics gagneront un séjour d’un an, tous frais payés, à la colonie de vacances de Guantanamo.

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  • Owen // 10.10.2019 à 09h16

    On oublie, bien sûr (ou ‘évapore’, en langage orwellien), que ces oligarques ont fleuri sous Elstine, pas Poutine.

    Les Chicago boys, qui se sont fait la main au Chili de Pinochet : utiliser une dictature pour lancer un raid économique sur le secteur public, ont été accueillis à bras ouverts par Boris Elstine.
    Les industries furent bradées à vil prix aux proches du président et des Chicago boys qui ont touché la fortune. Pendant ce temps, la pauvreté, le chômage et la famine a jeté des millions de Russes dans rues, pour ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir un lopin de terre à la campagne. Pour la seule année 1992, la consommation chuta de 40%…
    En 1993, le parlement décida d’abroger les pouvoirs spéciaux jusqu’ici accordés à Eltsine. Ce dernier décréta alors l’état d’urgence. Le 21 septembre il opta pour la solution Pinochet et fît dissoudre le parlement. L’occident pesa de tout son poids du côté d’Eltsine.
    Eb 1998, 80% des fermes Russes étaient en faillite et 70.000 usines d’Etat avaient fermé. En 8 ans, le nombre de Russes vivant dans la rue avait augmenté de telle façon, que certains parlent de plusieurs dizaines de millions de personnes…
    Pendant ce temps, Moscou était devenue la ville où l’on trouvait le plus de milliardaires au monde…

    Dans cet article: https://blogs.mediapart.fr/max-emilien/blog/160717/de-pinochet-macron

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    • EugenieGrandet // 10.10.2019 à 10h08

      Non, je ne dirais pas que ce n’était pas un bradage à vil prix (et de mémoire, ça ne commence pas avec Eltsine mais juste avant la fin du mandat de Gobatchev) : Un russe (ou d’un citoyen de l’ex Union soviétique) est un oligarque par le fait d’avoir obtenu des actifs soviétiques au prix soviétique et de les avoir valorisés au prix international (pétrole, acier, telecom, nucléaire, …)

      Par ailleurs, le pouvoir politique russe (V Poutine et al.) a plutôt su gérer ses oligarques; Ce ne sont pas ces derniers qui ont « géré » et « gèrent » la Russie: l’auteur oublie les pactes de Poutine avec les oligarques qu’il leur impose le 28 juillet 2000: « vous ne faites pas de politique et je ne me mêle pas de vos affaires industrielles ». Tous le respecteront sauf Khordorkovsky à qui il arrivera des misères. Et rebelote en 2014 quand il les convoque pour leur dire en substance: le pays souffre, vous savez d’où vient votre fortune alors vous devez faire revenir une partie de vos avoirs en Russie. La plupart obtempèreront (les rares autres ont abandonné l’idée de revenir en Russie un jour…)
      .
      Enfin, souvenez vous de cette phrase (apocryphe?) d’Henri Ford: « je peux expliquer l’origine de toute ma fortune sans aucun problème à l’exception du premier dollar »

        +10

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      • Owen // 10.10.2019 à 12h05

        Ce qui est sûr est que la « thérapie de choc » elstinienne a été un désastre complet, dénoncé notamment par l’UNICEF. Il faut avoir subi une guerre dans son pays, en général, pour perdre 50 % du PIB. En outre, les intrigues constitutionnelles permanentes entre lui et Gorbatchev ont miné le pouvoir central, substitué par un gouvernorat « gris » dans ce pays géant où chacun pouvait y décider ses lois.

        La remontée spectaculaire du PIB avec l’arrivée de Poutine atteste de son caractère et de sa compétence. Il a reconstitué un pouvoir central fort, avec une Douma fonctionnelle. Et, comme vous l’indiquez, il a su imposer des règles du jeu avec le nouveau capitaliste formé de manière sauvage.

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      • sim // 11.10.2019 à 16h41

        Et comment appelle-t-on les occidentaux qui rachetèrent l’industrie d’Allemagne de l’est pour une bouchée de pain à la réunification en profitant de l’asymétrie économique ?

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  • jules Vallés // 10.10.2019 à 09h44

    Par n’importe quel biais qu’on analyse l’action des grands médias, on arrive immanquablement à la même conclusion, ce n’est pas de l’information ce sont des outils de PROPAGANDE…

      +22

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  • Jean D // 10.10.2019 à 10h13

    Les oligarques, c’est les slaves
    Les fondamentalistes, les arabes

    … il y a des étiquettes qui une fois collées ont du mal à partir. Non pas qu’elles décrivent le réel mais parce que dans la colle se trouve une sorte de « meta-discours ».

    • Ce qui est dit explicitement : les méchants c’est les autres
    • Ce qui est dit implicitement : les bons c’est nous

    Quand on emploie le mot oligarque, on dénonce (les Russes) mais en même temps on légitime (nos escrocs).

    Quand on dénonce les fondamentalistes (musulmans), on couvre d’un voile pudique nos fous de dieu (les Evangélistes qui annoncent l’Apocalypse, les Juifs orthodoxes qui confondent Torah et cadastre…)

    Il est probable que ce soit l’implicite qui fasse coller durablement une étiquette, pas un vague rapport au réel. Ce qu’elle cache est sans doute plus important que ce qu’elle est sensée désignée et son emploi nous renseigne avant tout sur celui qui la colle 🙂

      +36

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    • Jean D // 10.10.2019 à 20h17

      Haricophile

      Peut-être, mais je ne vois pas bien le rapport avec la logique sectaire.

      Je vois en revanche un rapport direct entre ce que souligne cet article et la linguistique. Sans être un spécialiste on peut détecter dans la vie de tous les jours, que ce soit dans nos échanges directs ou la consommation d’information médiatisée, des usages suspects du langage.

      Dans ce qui me semble suspect, ce sont
      • les expressions toutes faites qui reviennent sans cesse dans la bouche / sous la plume des journalistes comme si elles allaient de soit. Ici un strike : « les oligarques proches du maître du Kremlin »
      • les anglicismes qui gagnent du terrain (ce n’est pas une nouveauté, ni l’évolution ni les dénonciations) et qui charrient leur lot de représentations du monde. Beaucoup sont liés aux techniques de management (déjà un anglicisme) diffusées depuis 40 ans depuis les Etats-Unis
      • …

      Il existe des « techniques » pour se déjouer en partie ces ruses du langage et démasquer les non-dits / les présupposés :
      • l’étymologie, c’est à dire la la polysémie des mots à travers le temps
      • ne jamais croire qu’un mot est univoque et qu’on l’emploie « au hasard » parmi toute la panoplie de synonymes, il y a beaucoup d’inconscient dans le langage

        +3

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  • Fritz // 10.10.2019 à 10h16

    Chez les surhommes occidentaux, dites : chefs d’entreprise
    Pour les sous-hommes slaves, dites : oligarques

      +8

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  • moshedayan // 10.10.2019 à 17h17

    Je vous livre ma vision : à partir de ce que j’ai vécu. En 1990-1991, en URSS ils n’existaient que des apparatchikis et des directeurs de Kombinat (tous membres du PCUS ! ) et des coopérateurs à la fortune moyenne.
    Les privatisations ont été captées par les apparatchikis, aidés par des directeurs de banques et des banques étrangères. L’estimation était faite au prix soviétique effectivement.
    Mais ! les privatisations eurent lieu dans un contexte de dépression, de chute vertigineuse de la valeur des biens en rapport avec le cours du rouble. Les montages financiers ont été réalisés par des banques russes mais aussi étrangères -en couverture. Certains montages financiers furent aussi parfois douteux (cf, les banques MMM et autres qui ont disparu… ). Dire que ces biens ont été bradés me paraît proche de la réalité.
    Les lois d’ouvertures d’archives étant ce qu’elles sont, on ne connait pas l’ampleur des interventions étrangères (FMI et banques occidentales) dans la « grande kermesse eltsinienne » mais une chose est certaine, elle est au moins énorme voire peut-être gigantesque.
    Autre question majeure : était-il légitime que la nomenklatura devienne une nouvelle bourgeoisie ?

      +9

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    • lon // 11.10.2019 à 13h09

      L’histoire de l’URSS démontre qu’il ne faut que quelques décennies à une élite « révolutionnaire » ayant viré l’ancienne , pour arriver et même dépasser son niveau de corruption et d’incompétence . Peut-être à mettre sur le compte de l’accélération de l’histoire ….

        +1

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  • Haricophile // 10.10.2019 à 19h35

    En URSS ou au Vénézuella il y a un «régime», aux US et en France il y a un Président.

      +2

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  • lon // 11.10.2019 à 13h13

    L’emploi du mot  » régime » n’est bien sûr pas innocent , il confirme dans l’esprit grand public que les pauvres peuples de ces pays doivent se serrer la ceinture .

      +1

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  • MrTh // 13.10.2019 à 10h39

    Koch Industries est l’archétype de la boite américaine qui se prend pour un Etat et ne respecte aucune Loi, surtout en dehors des États-Unis.

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