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11.octobre.202011.10.2020 // Les Crises

États-Unis : La redistribution des revenus par le haut a permis aux 1% les plus riches de capter 50 000 milliards de dollars

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Source : Time, Nick Hanauer, David M Rolf
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Hanauer est un entrepreneur et un investisseur en capital-risque, le fondateur de l’incubateur de politique publique Civic Ventures, et l’animateur du podcast Pitchfork Economics. Rolf est le fondateur et le président émérite de SEIU 775 et l’auteur de The Fight for Fifteen (New Press, 2016)

Comme beaucoup des victimes les plus durement touchées par le virus, les États-Unis ont été frappés par la pandémie de Covid-19 en raison de conditions préexistantes. Une infrastructure de santé publique effilochée, des fournitures médicales insuffisantes , un système d’assurance maladie basé sur l’employeur, perversement inadapté à la situation, ces problèmes et d’autres encore contribuent certainement au nombre de morts. Mais en s’attaquant aux causes et aux conséquences de cette pandémie – et à son impact cruellement inégal – « l’éléphant dans la pièce » s’avère être l’extrême inégalité des revenus.

Quelle est la taille de cet « éléphant » ? Un montant stupéfiant de 50 000 milliards de dollars. C’est ce que la redistribution des revenus vers le haut a coûté aux travailleurs américains au cours des dernières décennies.

Il ne s’agit pas d’une simple approximation sur un coin de table. Selon un nouveau document de travail percutant, rédigé par Carter C. Price et Kathryn Edwards de la Rand Corporation, si les distributions de revenus plus équitables des trois décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale (1945 à 1974) s’étaient simplement maintenues, le revenu annuel global des Américains gagnant moins du 90e centile aurait été supérieur de 2,5 billions de dollars rien qu’en 2018. Ce montant équivaut à près de 12 % du PIB, soit plus du double du revenu médian, ce qui est suffisant pour payer 1 144 dollars de plus par mois à chaque Américain travaillant dans les neuf déciles inférieurs. Chaque mois. Chaque année.

Price et Edwards ont calculé que le montant cumulé de notre expérience de quatre décennies d’inégalité radicale avait atteint plus de 47 000 milliards de dollars entre 1975 et 2018. À un rythme récent d’environ 2,5 mille milliards de dollars par an, nous estimons que ce chiffre a franchi la barre des 50 mille milliards de dollars au début de 2020.

Ce sont 50 mille milliards de dollars qui seraient allés dans les salaires des travailleurs américains si l’inégalité était restée constante – 50 mille milliards de dollars qui auraient permis de construire une économie bien plus grande et plus prospère – 50 mille milliards de dollars qui auraient permis à la grande majorité des Américains d’entrer dans cette pandémie en bien meilleure santé, plus résistante et plus sûre financièrement.

Comme le montre le rapport de la Rand [dont les recherches ont été financées par le Fair Work Center dont le co-auteur David Rolf est membre du conseil d’administration], la marée montante n’a certainement pas soulevé tous les bateaux. Elle n’a même pas soulevé la plupart d’entre eux, car presque tous les bénéfices de la croissance de ces 45 dernières années ont été captés par ceux qui sont au sommet. Et comme l’économie américaine connaît une croissance radicalement inégale, elle freine elle-même la croissance économique.

Les gens participent à une « marche contre les milliardaires » le 17 juillet à New York. La manifestation a demandé au gouverneur Andrew Cuomo de faire passer une taxe sur les milliardaires et de financer les travailleurs exclus du chômage et des programmes d’aide fédéraux. Spencer Platt-Getty Images

Même l’inégalité est ressentie de manière inégale. Les travailleurs à bas salaire et leurs familles, et plus particulièrement les personnes de couleur, souffrent de taux beaucoup plus élevés d’asthme, d’hypertension, de diabète et d’autres comorbidités liées au Covid-19. Mais ils sont également beaucoup moins susceptibles d’avoir une assurance maladie et beaucoup plus susceptibles de travailler dans des secteurs « essentiels » où les taux d’exposition et de transmission des coronavirus sont les plus élevés.

Il n’est donc pas surprenant, selon le CDC, que le Covid-19 inflige « un fardeau disproportionné de maladies et de décès parmi les groupes de minorités raciales et ethniques ». Mais imaginez à quel point tous les travailleurs américains seraient plus en sécurité, en meilleure santé et plus autonomes si ces 50 000 milliards de dollars avaient été versés en salaires au lieu d’être canalisés vers les profits des entreprises et les comptes offshore des super-riches. Imaginez à quel point le peuple américain serait plus riche et plus résistant. Imaginez combien de vies supplémentaires auraient été sauvées si notre peuple avait été plus résistant.

Il est facile de voir comment un virus aussi mortel, et les mesures draconiennes nécessaires pour le contenir, pourraient déclencher une dépression économique. Mais regardez droit dans les yeux d « l’éléphant dans la salle », et il est impossible de nier les nombreuses façons dont notre extrême inégalité – une maladie exceptionnellement américaine – a rendu le virus plus mortel et ses conséquences économiques plus graves que dans toute autre nation avancée.

Pourquoi notre nombre de morts est-il si élevé et notre taux de chômage si ahurissant ? Pourquoi notre nation était-elle si peu préparée et notre économie si fragile ? Pourquoi avons-nous manqué de résistance et de volonté pour contenir le virus comme la plupart des autres nations avancées ? La raison nous saute aux yeux : une ruée vers l’inégalité croissante qui piétine la vie et les moyens de subsistance de la grande majorité des Américains, année après année.

Bien sûr, le cas chronique de l’extrême inégalité en Amérique n’est pas nouveau. De nombreuses autres études ont documenté cette tendance, en ont décrit l’impact et en ont analysé les causes. Mais là où d’autres ont brossé un tableau en termes de parts globales du PIB, de croissance de la productivité ou d’autres statistiques froides et concrètes, le rapport de la Rand fait directement apparaître le prix de l’inégalité en le libellant en dollars – pas seulement le chiffre global de 50 000 milliards de dollars, mais des détails démographiques granulaires.

Par exemple, êtes-vous un Noir typique qui gagne 35 000 dollars par an ? Vous êtes payé au moins 26 000 dollars de moins par an que si la répartition des revenus était restée constante. Êtes-vous un travailleur à plein temps, dans la force de l’âge, ayant fait des études universitaires et gagnant 72 000 $ ? Selon l’indice d’inflation utilisé (respectivement l’ECP ou l’IPC), l’inégalité croissante vous coûte entre 48 000 et 63 000 dollars par an. Mais quels que soient votre race, votre sexe, votre niveau d’éducation, votre urbanité ou vos revenus, les données montrent que si vous gagnez moins du 90e centile, la restructuration des revenus vers le haut depuis 1975 sort de votre poche.

Les gens font la queue devant le Kentucky Career Center pour trouver de l’aide dans le cadre de leurs demandes de chômage à Francfort, Kentucky, États-Unis 18 juin. Bryan Woolston-Reuters

Comme l’expliquent Price et Edwards, de 1947 à 1974, les revenus réels ont augmenté à un rythme proche de celui de la croissance économique par habitant, quel que soit le niveau de revenu. Cela signifie que pendant trois décennies, ceux qui se trouvaient au bas et au milieu de la distribution ont vu leurs revenus augmenter à peu près au même rythme que ceux du haut.

C’est à cette époque que l’Amérique a constitué la classe moyenne la plus importante et la plus prospère du monde, une époque où les inégalités entre les groupes de revenus n’ont cessé de se réduire (même si des inégalités choquantes entre les sexes et les races ont largement subsisté). Mais vers 1975, cette ère extraordinaire de prospérité largement partagée a pris fin. Depuis lors, les Américains les plus riches, en particulier ceux qui se situent dans les 1 % et 0,1 % supérieurs, ont réussi à s’approprier une part toujours plus importante de la croissance économique de notre pays – en fait, presque toute la croissance – leurs revenus réels ont grimpé en flèche, la grande majorité des Américains n’ayant guère progressé, voire pas du tout.

Et si la prospérité américaine avait continué à être largement partagée, combien un travailleur lambda gagnerait-il de plus aujourd’hui ? Une fois les données compilées, il est assez simple de répondre à ces questions. Price et Edwards examinent le revenu imposable réel de 1975 à 2018.

Ils comparent ensuite la répartition réelle des revenus en 2018 à une situation contrefactuelle qui supposerait que les revenus ont continué à suivre la croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant, soit une augmentation de 118 % par rapport aux chiffres de 1975. Que l’on mesure l’inflation en utilisant l’indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE), plus conservateur, ou l’indice des prix à la consommation pour tous les consommateurs urbains (CPI-U-RS), plus couramment cité, les résultats sont sidérants.

Source : Rand. Graphique : Mary Traverse pour Civic Ventures

À tous les niveaux de revenus jusqu’au 90e centile, les salariés perçoivent aujourd’hui une fraction de ce qu’ils auraient perçu si l’inégalité était restée constante. Par exemple, au revenu individuel médian de 36 000 dollars, les travailleurs sont pénalisés de 21 000 dollars par an – 28 000 dollars si l’on utilise l’IPC – un montant équivalent de 10,10 à 13,50 dollars de plus par heure. Mais selon Price et Edwards, cela sous-estime en fait l’impact de l’inégalité croissante sur les travailleurs à faibles et moyens revenus, parce qu’une grande partie des gains au bas de la distribution ont été largement « entraînés par une augmentation des heures et non par une augmentation des salaires ».

Pour tenir compte de cette situation, ainsi que de l’évolution des schémas de participation au marché du travail, les chercheurs répètent leur analyse pour les travailleurs à plein temps, toute l’année, dans la force de l’âge (25 à 54 ans). Ces résultats sont encore plus frappants : « Contrairement aux schémas de croissance des années 50 et 60 », écrivent Price et Edwards, « la majorité des travailleurs à temps plein n’ont pas bénéficié de la croissance économique des quarante dernières années ».

Source : Rand. Graphique : Mary Traverse pour Civic Ventures

En moyenne, l’extrême inégalité coûte au travailleur à temps plein avec un revenu médian environ 42 000 dollars par an. Corrigés de l’inflation par l’IPC, les chiffres sont encore pires : la moitié des travailleurs à temps plein (ceux dont le revenu est égal ou inférieur au revenu médian de 50 000 dollars par an) gagnent aujourd’hui moins de la moitié de ce qu’ils auraient gagné si les revenus de l’ensemble de la distribution avaient continué à suivre le rythme de la croissance économique.

Et c’est par travailleur, et non par ménage. Aux 25e et 50e centiles, les ménages composés d’un couple marié avec un travailleur à temps plein gagnent en 2018 des milliers de dollars de moins qu’un ménage comparable en 1975 – et 50 000 et 66 000 dollars de moins respectivement que si les inégalités étaient restées constantes – une situation difficile aggravée par les coûts croissants du maintien d’une vie digne dans la classe moyenne. Selon Oren Cass, directeur exécutif du groupe de réflexion conservateur American Compass, le travailleur masculin médian avait besoin de 30 semaines de revenu en 1985 pour payer son logement, ses soins de santé, son transport et l’éducation de sa famille.

En 2018, cet « indice du coût de la prospérité » était passé à 53 semaines (plus de semaines que dans une année réelle). Mais une approche contrefactuelle ( prenant pour hypothèque que les revenus ont continué à suivre la croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant) révèle un tableau encore plus sombre : en 2018, le revenu combiné des ménages mariés avec deux travailleurs à temps plein était à peine supérieur à ce que le revenu d’un ménage à un seul revenu aurait gagné si l’inégalité était restée constante. Les familles à deux revenus travaillent aujourd’hui deux fois plus d’heures pour conserver une part du gâteau de plus en plus réduite, tout en luttant pour payer les frais de logement, de santé, d’éducation, de garde d’enfants et de transport qui ont augmenté deux à trois fois plus vite que le taux de l’inflation.

Cette redistribution spectaculaire des revenus de la majorité des travailleurs vers ceux qui sont au sommet est si complète que même au 95e centile, la plupart des travailleurs gagnent encore moins qu’ils ne l’auraient fait si l’inégalité était restée constante.

Ce n’est qu’au 99e percentile que les revenus augmentent plus vite que la croissance économique : à 171 % du taux du PIB par habitant. Mais même ainsi, la disparité est sous-estimée. « La croissance moyenne des revenus pour le premier pour cent était sensiblement plus élevée », écrivent Price et Edwards, « à plus de 300 pour cent du taux réel du PIB par habitant ».

Plus votre revenu est élevé, plus votre pourcentage augmente. En conséquence, la part des 1 % les plus riches dans le revenu imposable total a plus que doublé, passant de 9 % en 1975 à 22 % en 2018, tandis que les 90 % les plus pauvres ont vu leur part de revenu diminuer, passant de 67 % à 50 %. Cela représente un transfert direct de revenus – et, avec le temps, de richesses – de la grande majorité des travailleurs américains à une poignée d’entre eux au sommet de la hiérarchie.

Source : Rand. Graphique : Mary Traverse pour Civic Ventures

Mais compte tenu de l’évolution de la composition démographique de la population active américaine, ces chiffres globaux ne peuvent en dire long. La main-d’œuvre américaine est aujourd’hui plus instruite et plus urbaine qu’en 1975. Elle est également beaucoup moins blanche et masculine : les hommes blancs sont passés de plus de 60 % de la population active en âge de travailler en 1974 à moins de 45 % en 2018.

Ces changements sont importants, car s’il y avait beaucoup plus d’égalité entre les distributions de revenus en 1975, il y avait également plus d’inégalité en leur sein, notamment en ce qui concerne le sexe et la race.

Par exemple, en 1975, le revenu médian des femmes blanches ne représentait que 31 % de celui des hommes blancs. En 2018, les femmes blanches gagnaient 68 % de ce revenu. De même, le revenu médian des hommes noirs par rapport aux revenus de leurs homologues blancs est passé de 74 % en 1975 à 80 % en 2018.

Il est clair que les disparités de revenus entre les races, et en particulier entre les hommes et les femmes, se sont réduites depuis 1975, et c’est une bonne chose. Mais malheureusement, cette réduction est davantage le résultat de quatre décennies de stagnation ou de baisse des salaires pour les hommes blancs à faibles et moyens revenus que de gains substantiels pour les femmes et les non-blancs.

Source : Rand. Graphique : Mary Traverse pour Civic Ventures

On a beaucoup parlé des griefs des hommes blancs à l’époque de Trump, et étant donné la baisse ou la stagnation de leurs revenus réels, on peut comprendre que certains hommes blancs puissent se sentir lésés. Les hommes blancs, non urbains et sans formation universitaire, ont la croissance salariale la plus lente dans toutes les catégories démographiques. Mais mettre leurs malheurs sur le compte de la concurrence des femmes ou des minorités serait manquer complètement la cible.

En fait, les hommes blancs gagnent toujours plus que les femmes blanches, quelle que soit la répartition de leurs revenus, et nettement plus que la plupart des hommes et des femmes non blancs. Seuls les hommes américains d’origine asiatique gagnent plus. Pourtant, il n’existe aucune justification morale ou pratique à la persistance d’une quelconque disparité de revenus fondée sur la race ou le sexe.

Les pertes de revenus contrefactuelles du tableau ci-dessus semblent très inégales car l’extrapolation est faite à partir des niveaux injustifiés de 1975 de l’inégalité entre les races et les sexes. L’inégalité est supposée être restée constante tant entre les distributions de revenus qu’au sein de celles-ci – que les femmes et les non-blancs n’ont pas réduit l’écart de revenus avec les hommes blancs.

Mais tel n’est pas notre objectif. Dans une économie libérée des préjugés raciaux et sexistes, et qui partage les fruits de la croissance sur l’ensemble des distributions de revenus, la perte de revenus contrefactuelle la plus appropriée pour tous les groupes de ce tableau serait la perte agrégée pour « Tous les groupes » : un revenu médian de 57 000 dollars par an pour tous les adultes ayant des revenus positifs (92 000 dollars pour les travailleurs à plein temps dans la force de l’âge). Ce serait le revenu de tous les travailleurs au 50e centile, indépendamment de la race ou du sexe, si l’inégalité entre les races et les sexes au sein des distributions avait été éliminée et si l’inégalité entre les distributions n’avait pas augmenté.

Cette mesure nous permet de constater qu’en dollars réels, les femmes et les non-blancs ont en fait perdu plus de revenus que les hommes blancs en raison de l’inégalité croissante, car à partir de leur position défavorisée en 1975, ils avaient beaucoup plus à rattraper potentiellement. Le PIB par habitant a augmenté de 118 % au cours des quatre décennies suivantes, il y avait donc beaucoup de nouveaux revenus à répartir.

Si la majorité des hommes blancs n’ont pratiquement pas bénéficié de cette croissance, ce n’est pas parce qu’ils ont perdu des revenus au profit des femmes ou des minorités, mais parce qu’ils les ont perdus au profit de leurs homologues masculins, majoritairement blancs, qui se situent dans le premier pour cent et qui ont bénéficié de la quasi-totalité de la croissance des revenus. Selon l’économiste Thomas Piketty, les hommes représentaient 85 % des revenus les plus élevés au milieu des années 2010 et, bien qu’il ne le précise pas, ces hommes sont majoritairement blancs.

Ainsi, le principal facteur d’augmentation des inégalités au cours des quarante dernières années est de loin l’augmentation spectaculaire des inégalités entre les hommes blancs.

Les gens participent à une « marche contre les milliardaires » le 17 juillet à New York . Spencer Platt-Getty Images.

Les données sur la répartition des revenus en fonction du niveau d’éducation sont tout aussi révélatrices, car elles rappellent le mensonge sur la notion de « déficit de compétences » – un discours dominant qui a fait valoir que l’inégalité croissante est en grande partie la conséquence du fait qu’une majorité de travailleurs américains n’ont pas acquis les compétences supérieures nécessaires pour être compétitifs dans notre économie mondiale moderne. Si les travailleurs étaient mieux éduqués, ce récit affirme qu’ils gagneraient plus d’argent. Problème résolu.

En effet, à chaque répartition des revenus, la prime à l’éducation a augmenté depuis 1975, le revenu des diplômés de l’enseignement supérieur ayant augmenté plus rapidement que celui de leurs homologues moins éduqués. Mais cet écart croissant est davantage la conséquence de la baisse des revenus des travailleurs sans diplôme universitaire que de l’augmentation des revenus réels de la plupart des travailleurs avec un diplôme universitaire.

En effet, non seulement les travailleurs sans diplôme n’ont bénéficié d’aucun des gains de quatre décennies de croissance économique, mais en dessous du 50e centile, ils ont en fait vu leurs revenus réels diminuer. Les travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur s’en sortent mieux. Le revenu réel médian des travailleurs à temps plein titulaires d’un diplôme sur quatre ans est passé de 55 000 dollars par an en 1975 à 72 000 dollars en 2018. Mais il est encore loin des 120 000 dollars qu’ils gagneraient si leur revenu augmentait avec le PIB par habitant. Même au 90e centile, un travailleur à temps plein ayant fait des études supérieures et gagnant 191 000 dollars par an gagne moins de 78 % de ce qu’il aurait gagné si les inégalités étaient restées constantes.

La réalité est que les travailleurs américains n’ont jamais été aussi bien formés. En 1975, seuls 67 % de la main-d’œuvre adulte américaine avaient un diplôme d’études secondaires ou supérieures, alors que 15 % seulement avaient obtenu un diplôme universitaire sur quatre ans. En 2018, 91 % des travailleurs adultes avaient terminé leurs études secondaires, tandis que le pourcentage de diplômés universitaires dans la population active avait plus que doublé pour atteindre 34 %. En chiffres bruts, la population des travailleurs adultes ayant un diplôme d’études secondaires ou moins a diminué depuis 1975, tandis que le nombre de travailleurs ayant un diplôme obtenu sur quatre ans a plus que quadruplé.

Source : Rand. Graphique : Mary Traverse pour Civic Ventures

Il est impossible d’affirmer qu’un « déficit de compétences » est responsable de l’inégalité croissante des revenus lorsque le taux de réussite scolaire augmente plus rapidement que le taux de croissance de la productivité ou du PIB par habitant. Oui, les travailleurs titulaires d’un diplôme universitaire s’en sortent mieux que ceux qui n’en ont pas. L’économie que nous avons bâtie au cours des 45 dernières années a été plus inégale pour certains que pour d’autres. Mais en dessous du 90e centile, même les diplômés de l’enseignement supérieur sont victimes d’une tendance à l’inégalité radicale qui dure depuis des décennies et qui les prive de la plupart des avantages de la croissance économique.

La règle d’or des économies de marché est que nous faisons tous mieux lorsque nous faisons tous mieux : lorsque les travailleurs ont plus d’argent, les entreprises ont plus de clients et embauchent plus de travailleurs. Soixante-dix pour cent de notre économie dépend des dépenses de consommation. Plus la croissance des revenus réels est rapide et étendue, plus la demande des produits et services que les entreprises américaines produisent est forte.

C’est le cycle vertueux par lequel les travailleurs et les entreprises ont prospéré ensemble au cours des décennies qui ont immédiatement suivi la Seconde Guerre mondiale. Mais à mesure que les salaires ont stagné après 1975, la demande des consommateurs a stagné elle aussi, et à mesure que la demande a ralenti, l’économie a fait de même. Selon un rapport de l’OCDE publié en 2014, l’augmentation des inégalités de revenus a réduit de neuf points la croissance du PIB américain au cours des deux dernières décennies, un déficit qui s’est certainement creusé au cours des six dernières années, alors que les inégalités continuaient de s’accentuer. Cela représente environ 2 000 milliards de dollars de PIB qui sont gaspillés, année après année, par des choix politiques qui limitent intentionnellement la capacité de gain des travailleurs américains.

Le Covid-19 est peut-être le déclencheur de notre crise actuelle, mais ce n’est pas sa seule cause. En effet, même si nos dirigeants politiques avaient fait tout ce qu’il fallait sur le moment, notre réponse à la pandémie se serait enlisée dans le sillage d’une extrême inégalité : une redistribution à la hausse des richesses et des revenus de 50 000 milliards de dollars – 297 000 dollars par foyer – qui a laissé nos familles, notre économie et notre démocratie bien moins capables de lutter contre ce virus que dans d’autres nations avancées.

C’est l’Amérique qui est tombée dans la pandémie du Covid-19 et la catastrophe économique qu’elle a déclenchée : une Amérique dont l’économie a diminué de 2 000 milliards de dollars et dont la population active est plus pauvre de 2 500 milliards de dollars par an à ce qu’elle aurait été si les inégalités étaient restées constantes depuis 1975. C’est une Amérique où 47 % des locataires doivent supporter des coûts alourdis, où 40 % des ménages ne peuvent pas couvrir une dépense d’urgence de 400 dollars, où la moitié des Américains de plus de 55 ans n’ont aucune épargne-retraite.

C’est une Amérique où 28 millions de personnes n’ont pas d’assurance maladie, et où 44 millions d’Américains sous-assurés ne peuvent pas se permettre de payer les franchises ou le reste à charge de leur assurance. C’est une Amérique qui s’est empressée de rouvrir son économie au beau milieu d’une pandémie mortelle parce que les entreprises étaient trop fragiles pour survivre à une fermeture prolongée et les travailleurs trop impuissants et appauvris pour refuser l’appel du retour au travail.

Des rectangles conçus pour aider à prévenir la propagation du coronavirus en encourageant la mise en place d’une ligne de distanciation sociale dans un campement de sans-abri autorisé par la ville, au Civic Center de San Francisco, le 21 mai. Noah Berger-AP

Certains attribuent la situation actuelle des travailleurs américains aux changements structurels de l’économie sous-jacente, à l’automatisation et surtout à la mondialisation. Selon ce récit répandu, les salaires plus bas des 40 dernières années ont été le prix malheureux mais nécessaire pour maintenir la compétitivité des entreprises américaines sur un marché mondial de plus en plus impitoyable.

Mais en fait, le transfert de richesse de 50 000 milliards de dollars que documente le rapport de la Rand s’est produit entièrement au sein de l’économie américaine, et non entre celle-ci et ses partenaires commerciaux. Non, cette redistribution vers le haut des revenus, des richesses et du pouvoir n’était pas inévitable. C’était un choix – un résultat direct des politiques de ruissellement que nous avons choisi de mettre en œuvre depuis 1975.

Nous avons choisi de réduire les impôts des milliardaires et de déréglementer l’industrie financière. Nous avons choisi de permettre aux PDG de manipuler le prix des actions par le biais de rachats d’actions et de se récompenser généreusement avec le produit de ces rachats. Nous avons choisi de permettre aux entreprises géantes, par le biais de fusions et d’acquisitions, d’accumuler le vaste pouvoir monopolistique nécessaire pour dicter à la fois les prix pratiqués et les salaires versés.

Nous avons choisi d’éroder le salaire minimum, le seuil des heures supplémentaires et le pouvoir de négociation du travail. Pendant quatre décennies, nous avons choisi d’élire des dirigeants politiques qui placent les intérêts matériels des riches et des puissants au-dessus de ceux du peuple américain.

D’autres nations souffrent moins du Covid-19 parce qu’elles ont fait de meilleurs choix, et la bonne nouvelle est que l’Amérique le peut aussi. L’économie est un choix. Nous pourrions choisir d’augmenter le salaire minimum fédéral à 15 ou 20 dollars de l’heure et le lier à la croissance de la productivité comme dans les décennies précédant 1975. Nous pourrions choisir de revaloriser le travail afin que la majorité des Américains gagnent à nouveau un salaire horaire et demi pour chaque heure travaillée au-delà de 40 heures par semaine.

Nous pourrions choisir d’offrir des soins de santé, des services de garde d’enfants et une éducation de qualité et abordables à tous les Américains, tout en modernisant nos systèmes d’assurance sociale et de retraite afin que les travailleurs contractuels et les employés ne soient pas laissés pour compte. Nous pourrions choisir de faciliter la syndicalisation des travailleurs et de défendre les droits et les intérêts de ceux qui ne le peuvent pas. Nous pourrions choisir de construire une Amérique plus équitable, plus résistante et plus prospère – une Amérique qui développe son économie en y incluant intentionnellement tous les Américains. Mais étant donné la redistribution radicale des richesses et du pouvoir de notre nation ces 40 dernières années, ce ne sera pas facile.

Les gens font la queue pour recevoir un don de la banque alimentaire au Barclays Center le 15 mai à Brooklyn. Dans l’arène sportive, les files d’attente s’enroulent autour du bloc alors que les New-Yorkais sont confrontés au chômage et à d’autres difficultés financières provoquées par l’épidémie de Covid-19. Stephanie Keith-Getty Images.

Ce dont les travailleurs américains ont besoin, ce sont de multiples innovations simultanées pour reconstruire le pouvoir des travailleurs, depuis la modification des lois du travail existantes jusqu’aux négociations sectorielles, en passant par la création de nouvelles associations professionnelles et d’organisations à but non lucratif à large base.

Par exemple, imaginez une AARP [Association américaine des personnes retraitées, NdT] pour tous les travailleurs américains, qui se consacre sans relâche à la fois à l’augmentation des salaires et à la réduction du coût de la prospérité – une organisation de masse si importante et si puissante que nos dirigeants politiques n’oseront pas regarder ailleurs. Ce n’est qu’alors, en associant le pouvoir au pouvoir, que nous pourrons ouvrir la voie à la promulgation des lois et des politiques nécessaires pour garantir que cette économie de ruissellement ne menace plus jamais notre santé, notre sécurité et notre bien-être.

Il n’y a guère de preuves que le gouvernement actuel ait un quelconque intérêt à gérer cette crise. Nous espérons qu’une administration Biden fera preuve d’audace historique. Mais ne vous y trompez pas, nos systèmes politiques et économiques s’effondreront en l’absence de solutions à la mesure de l’ampleur du problème. L’objectif central de la politique économique de notre nation ne doit être rien de moins que le doublement du revenu médian. Nous devons réduire considérablement les inégalités entre les distributions tout en éliminant les inégalités raciales et de genre en leur sein. C’est la norme à laquelle nous devrions soumettre les dirigeants des deux partis. Préconiser moins serait lâche ou malhonnête, ou les deux.

Source : Time, nick Hanauer, David M Rolf, 14-09-2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Jean // 11.10.2020 à 07h15

« Bien que l’article n’utilise pas le terme «classe» – un concept qui relève du tabou dans l’analyse politique en pleine campagne menée par le New York Times pour expliquer chaque question sociale à travers le prisme de la «race» – les données produites par les chercheurs de RAND, Carter C. Price et Kathryn Edwards, montrent clairement que c’est le facteur déterminant de la répartition des revenus. Il a noté que, «quels que soient votre origine ethnique, votre genre, votre niveau de scolarité ou votre revenu, les données montrent que si vous gagnez en dessous du 90e centile, la redistribution incessante des revenus vers le sommet de la société depuis 1975 s’est produite aux dépens de votre porte-monnaie». »

Source : https://www.wsws.org/fr/articles/2020/10/10/ineg-o10.html

22 réactions et commentaires

  • Jean // 11.10.2020 à 07h15

    « Bien que l’article n’utilise pas le terme «classe» – un concept qui relève du tabou dans l’analyse politique en pleine campagne menée par le New York Times pour expliquer chaque question sociale à travers le prisme de la «race» – les données produites par les chercheurs de RAND, Carter C. Price et Kathryn Edwards, montrent clairement que c’est le facteur déterminant de la répartition des revenus. Il a noté que, «quels que soient votre origine ethnique, votre genre, votre niveau de scolarité ou votre revenu, les données montrent que si vous gagnez en dessous du 90e centile, la redistribution incessante des revenus vers le sommet de la société depuis 1975 s’est produite aux dépens de votre porte-monnaie». »

    Source : https://www.wsws.org/fr/articles/2020/10/10/ineg-o10.html

      +8

    Alerter
  • anatole27 // 11.10.2020 à 08h05

    Idem en France ou la fortune de Bernard Arnault est passée de 46900 Miliards d’Euros
    à 100000 Milliards d’euros en l’espace de 3 ans . C’est ce que dit le magazine Challenges que le milliardaire vient de racheter en viager

    https://www.challenges.fr/classements/fortune/bernard-arnault-et-sa-famille_13

    https://www.alternatives-economiques.fr/herve-nathan/lvmh-acquiert-challenges-viager/00094123

      +1

    Alerter
    • Linder // 11.10.2020 à 08h45

      Erreur d’un facteur 1000, pensez à vous relire.
      Sa fortune (estimée) il y a 3 était soit de 46,9 milliards soit de 46 900 millions, même remarque pour l’estimation 3 ans plus tard.

        +6

      Alerter
      • anatole27 // 11.10.2020 à 09h35

        Merci pour cette correction @Linder
        c’est en effet une estimation qui ne tient pas compte des biens personnels (biens immobiliers, voitures, œuvres d’art…)

        https://www.youtube.com/watch?v=cmPtQePenYQ

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      • Patrick // 11.10.2020 à 20h25

        La fortune en question vient juste de la valorisation de ses actions, au cours artificiellement gonflée.
        Si la bourse s’effondre, sa fortune va faire de même.

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        • Florent // 14.10.2020 à 20h14

          Oui on la connaît celle-là, il y a d’ailleurs toujours quelqu’un pour la rappeler. Faire croire que sa fortune s’effondrerait en cas d’effondrement de la bourse, c’est prendre les gens pour des idiots. Quoi je serai presque aussi riche que lui si 100% de la valeur de lvmh tombait… Lavage de cerveau de la classe bourgeoise.

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  • calal // 11.10.2020 à 08h13

     » en 2018, le revenu combiné des ménages mariés avec deux travailleurs à temps plein était à peine supérieur à ce que le revenu d’un ménage à un seul revenu aurait gagné si l’inégalité était restée constante.  »

    « La main-d’œuvre américaine est aujourd’hui plus instruite et plus urbaine qu’en 1975. Elle est également beaucoup moins blanche et masculine : les hommes blancs sont passés de plus de 60 % de la population active en âge de travailler en 1974 à moins de 45 % en 2018. »

    Mesdames, soyez les bienvenues dans la plantation…on vous laisse y bosser…nous,les hommes blancs,on va vous regarder faire vos preuves,assis au bord du fleuve,un brin d’herbe au coin des levres…
    ps:faudrait peut etre penser a vous syndiquer…

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  • calal // 11.10.2020 à 08h27

    L' »enrichissement » des 1% les plus riches serait une consequence de la necessite de desendetter les economies occidentales en augmentant la valeur des actifs (actions,immo etc).

    https://www.youtube.com/watch?v=PHe0bXAIuk0&feature=youtu.be

    dans cette video,ray dalio explique les cycles economiques dus au credit. Pour lui,le developpement du credit induit un cycle de 20 ans de boom je crois puis 10 ans de « lost decade » ou il faut diminuer l’effet de levier de l’endettement. Pour reussir ces 10 ans de correction d’un endettement trop massif et sous peine de « depression »,il faut que les banques centrales et les etats conduisent ensemble une certaine politique economique avec un certain doigte.

    Cette politique economique combinerait augmentation des depenses publiques,annulation de certaines dettes,impression de monnaie supplementaire et augmentation de la valeur des actifs anciens.Ce serait pour cela que les riches deviennent plus riches…

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    • step // 11.10.2020 à 11h02

      bigre j’ai dû louper le dernier boom de 20 ans. Car cela fait bien une 30 aine d’années que je n’entends que le mot rigeur, stagnation des revenus et sacrifice dans l’action de nos décideurs. Votre Ray dalio a l’air de vouloir justifier du temps présent en inventant un cycle qu’honnêtement je n’ai jamais vu.

        +8

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      • jp // 11.10.2020 à 15h01

        ça fait plus de 40 ans en fait, je me souviens du plan Barre en 1976…

        https://www.franceculture.fr/politique/petite-histoire-des-plans-de-rigueur

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      • Calal // 11.10.2020 à 16h16

        Oui,Ray dalio est dans la finance et sa version est la version « optimiste », non complotiste.
        La version explicative des complotistes se résume par ce modèle :  » par l’inflation ( augmentation des crédits et de la création monétaire) puis par la déflation ( diminution des crédits ), les banques s’approprieront le monde).

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      • Patrick // 11.10.2020 à 20h39

        On n’entend le mot rigueur mais on ne la voit jamais.
        Les gouvernements sont parfaitement incapables d’être rigoureux, c’est trop cher sur le plan électoral.
        Donc .. la faillite arrive à grand pas.

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    • Patrick // 11.10.2020 à 20h30

      Ça peut marcher si les banques centrales et le gouvernement ne font pas d’âneries.
      Ça fait 50 ans que l’on est parti dans une émission monétaire continue (d’abord le dollar , puis le yen et maintenant tout le monde). Ça a entraîné une débauche de crédit et de dettes (publiques ou privées).
      Et là ça se termine.

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      • calal // 12.10.2020 à 07h58

        oui on peut eventuellement y croire si on est optimiste. Historiquement, ca foire plutot et ca se termine par des guerres pour apurer le systeme…Le truc c’est de ne pas faire partie des gens qui vont etre « purges » comme un bebe jete avec l’eau du bain.

        Rappel d’une propositon de cycle long:
        1915-1945 derniere purge-dernier hiver
        1945-1975 printemps-pib en concordance avec la creation monetaire
        1975-2005 ete- creation monetaire et credit > production industrielle
        2005-2035 automne- total delire niveau creation monetaire >> production industrielle
        2035-2065 prochain hiver-prochaine purge…

        des phases de 30 ans soit presque toute une vie d’adulte… c’est long…

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        • Patrick // 12.10.2020 à 08h11

          oui, mais à priori la purge risque d’être plus rapide et arrivera avant 2035.
          Le prochain sujet du forum de Davos sera « le grand Reset  » !!

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  • lois-economiques // 12.10.2020 à 11h35

    Le souhait de faire de la croissance comme seule finalité des politiques économiques induit nécessairement l’augmentation des inégalités dès que l’économie d’un pays a atteint un stade de développement avancé.
    Ce sont des mathématiques, rien que des mathématiques en dehors de toute idéologie et de toute analyse sociologique.
    http://www.toupie.org/Textes/Croissance_probleme.htm
    Quant nous aurons enfin compris ce mécanisme, alors une réorientation des politiques économiques sera vue comme une évidence aussi surement que nous avons revu notre place au sein de l’Univers après la révolution Copernicienne.
    La décroissance (de toute la croissance nuisible des 40 dernières années) sera vue alors comme la seule et unique solution rationnelle.

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    • Patrick // 12.10.2020 à 13h12

      Pas de problème avec la décroissance , il suffira de diminuer les salaires et les pensions de retraite de 10, 20 , … 50 .. 80% , et virer la moitié des services publics , au moins ceux qui sont ou seront devenus inutiles.
      c’est ce qu’il faudra faire , mais ça va être compliqué à expliquer 🙂

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      • Lois-economiques // 12.10.2020 à 13h20

        Là, vous avez strictement rien compris et surtout pas lu l’article donné en référence.
        Mais bon continuez à écrire n’importe quoi c’est le meilleur moyen de progresser surtout en sciences mathématiques.

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        • Patrick // 12.10.2020 à 14h49

          Je suis tout à fait d’accord avec le contenu de l’article.
          Nous sommes effectivement dans une phase de fausse croissance , payée par des montagnes de fausse monnaie. Et tout ça, ça paie la Sécu, les retraites et toute la fonction publique.
          Tout le monde s’y accroche parce que sinon il va falloir dire que la fête est finie et revenir à un niveau de vie conforme à notre production de vraie richesse, avec en plus la baisse de notre consommation énergétique .. va falloir aller planter des patates 😁

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          • lois-economiques // 12.10.2020 à 17h27

            L’article dénonce en effet une croissance par la dette qui appauvrit de fait notre société, l’argent capté par cette croissance a induit une augmentation considérable de travail nuisible destiné aux plus riches ayant accaparé l’accroissement monétaire. La décroissance économique consiste à réduire drastiquement les revenus de ces citoyens afin de réduire le travail nuisible qu’ils ont généré.
            Grosso modo revenir 40 ans en arrière.
            En conséquence et jusqu’au moment où les contraintes écologique et non économiques seront nécessaires, la décroissance va ENRICHIR la majorité des citoyens exactement par l’effet inverse que la croissance les a appauvrit.
            Dire, d’un point vue économique, que la décroissance consiste pour la majorité à voir son niveau de vie baisser, est un non sens, car c’est exactement l’inverse qui se produirait !

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      • christian gedeon // 16.10.2020 à 16h39

        Ah oui,çà va être compliqué. Et les mêmes qui hurlent aujourd’hui contre la croissance pleureront demain pour son retour. Ces histoires de decroissance sont proprement ahurissantes.Penser que çà rendra les pauvres moins pauvres est inquiétant.Parler de croissance raisonnée ma parît bien plus adapté. les objectifs peuvent être révisés,voire bouleversés. Il n’y pas d’autre solution que le retour à la production in situ au sens large. je parle bien de production tangible. Pas de poduction de « services « . Il ne faut pas tout mélanger. Avoir un I Phone à 700 balles et ne pas voulir payer son kilo de patates 2.5 euros! ET personne ne force « les gens  » à consommer comme des malades ce qui est inutile ou marginal et à rogner suèr les dépenses essentielles. Mais bon,çà ,suppose un peuple adulte et responsable.

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  • BOURDEAUX // 12.10.2020 à 19h08

    Sans nier le fond de l’article sur l’inégalité pathologique des revenus, je trouve parfaitement absurde et même fantaisiste l’hypothèse selon laquelle les revenus auraient dû, dans l’idéal augmenter autant que le PIB. Ce n’est pas parce que le chiffre d’affaire d’une entreprise est multiplié par 2 que les salaires peuvent l’être aussi ; il faut bien d’autres choses pour y pourvoir, en premier lieu l’augmentation de la productivité.

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