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13.mars.201913.3.2019 // Les Crises

François Begaudeau : « Populisme est un mot creux, et sans contenu »

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Source : France Inter, François Begaudeau, 28-01-2019

L’invité du week-end (8h20 – 26 Janvier 2019 – François Bégaudeau)

Source : France Inter, François Begaudeau, 28-01-2019

 


La bourgeoisie est-elle toujours en marche ?

François Bégaudeau, écrivain et scénariste, est l’invité de la Grande table pour « Histoire de ta bêtise » (Fayard, janvier 2019), parole d’un « tu » contre la « bêtise » de la bourgeoisie.

L’écrivain François Bégaudeau, auteur en 2011 chez verticales de La Blessure, la vraie, et l’an passé de En guerre, réalisateur en 2017 d’un film documentaire, N’importe qui, où il s’interrogeait déjà sur le sens de la démocratie. Il publie aujourd’hui Histoire de ta bêtise chez Pauvert.

La politique est un art noble si elle s’articule au réel.
(François Bégaudeau)

Un essai où un  » je » parle à « tu ». Où « je ne viens pas te juger mais te nommer ». Une adresse à la bourgeoisie, à ce « tu » auquel il s’adresse et dans le groupe duquel il semble aussi se ranger par moments pour mieux le critiquer.

Dans ma journée, je suis traversé par des affects bourgeois.
(François Bégaudeau)

En même temps, réflexion sur ces mots « symboliquement chargés » et ceux qui sonnent creux, « Populisme », « post-vérité », « complotisme »…utilisés pour disqualifier, des mots comme populisme, et sur ce peuple que flattent les populismes. Peuple des autres, dans l’inconscient social de ce « tu » que l’essai désigne opposition aux classes populaires.

Un acte sans parole n’est pas un acte politique.
(François Bégaudeau)

François Bégaudeau ne livre pas une approche d’économiste s’exprimant à l’aune des revenus, mais une regard d’écrivain, par ses paroles de parole, et ses réflexes de classe.

Source : France Inter, François Begaudeau, 28-01-2019

 

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Commentaire recommandé

Fabrice // 13.03.2019 à 07h09

Même si l’approche de monsieur Begaudeau parfois est irritante il faut lui admettre des moment que j’aime voir et revoir contre certains « chiens de garde » c’est certes facile pour son intelligence mais il faut l’avouer jouissif : https://youtu.be/_fa0RHTkSeE

57 réactions et commentaires

  • Fabrice // 13.03.2019 à 07h09

    Même si l’approche de monsieur Begaudeau parfois est irritante il faut lui admettre des moment que j’aime voir et revoir contre certains « chiens de garde » c’est certes facile pour son intelligence mais il faut l’avouer jouissif : https://youtu.be/_fa0RHTkSeE

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  • Pinouille // 13.03.2019 à 07h30

    F Begaudeau est aussi passé dans une bonne émission où on lui a laissé le temps de développer ses idées: https://www.youtube.com/watch?v=sQ7bcSOPq7o
    A voir

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    • Sandrine // 13.03.2019 à 19h48

      Également a conseiller cette vidéo où Begaudeau aborde son intérêt pour le christianisme et le lien que cela peut avoir avec sa vision sociale de la lutte des classes
      https://m.youtube.com/watch?v=v4J1hU7XR3w

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  • Sandrine // 13.03.2019 à 08h25

    Le mot « bourgeoisie » n’est-il pas un mot creux?
    Ok ça sonne bien, mais au-delà ? Est-ce que ça décrit vraiment ce que B. Entend décrire (et qu’il ne définit pas vraiment autrement que en tant que « classe dominante » ce qui est fait très vague)

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    • PERO // 13.03.2019 à 08h52

      lisez Marx si vous trouvez que « bourgeoisie » et « classe dominante » sont des notions très vagues.

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    • douarn // 13.03.2019 à 09h27

      « Le mot « bourgeoisie » n’est-il pas un mot creux? »
      Je ne crois pas, il me semble au contraire rempli de sens. Selon moi, mais il peut y avoir d’autres manières de voir la chose, les bourgeois sont les habitants des bourgs. Ceux qui, sans se salir ni user leurs corps, réalisent une plus-value sur les productions matérielles des autres, à savoir ceux qui habitent dans les campagnes ou travaillent dans les fabriques.

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      • Sandrine // 13.03.2019 à 09h55

        Un artisan se salit et les compagnons du maitre travaillent aussi dans des bourgs..
        Je crois qu’il faut essayer de se départir de la charge affective et moralisante associée à la critique de la domination héritée du marxiste si on veut arriver à comprendre quelque chose et à agir sur le monde actuel.

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        • astap66 // 13.03.2019 à 13h15

          Heu…Marx n’est absolument pas « affectif » et « moralisant ». C’est même à mon avis ce que ceux qui n’ont pas lu Marx, ou n’ont lu que des extraits de Marx, et notamment du Capital, ont le plus de mal à comprendre.
          Il a par contre combattu, sous toutes ses formes, la domination (esclavage, domination masculine, colonisation, capitalisme) pas parce que les dominés seraient « meilleurs » que les dominants, mais parce que la lutte contre toute forme de domination est la seule condition de la liberté effective de l’homme ou de la femme.
          Marx décrit un système de production (le capitalisme), et, partant de l’abstraction d’un système capitaliste pur, arrive à faire la lumière sur les fondements de ce système, et ses tendances propres.
          Il permet de comprendre pourquoi les choses (l’argent, les marchandises en général) que les hommes produisent, en viennent à aliéner entièrement leur existence, à la vampiriser.
          On en est aujourd’hui à ce point d’absurdité que sauver des vies serait moins rentable que les détruire…
          Concernant la Grèce, par exemple, le taux de mortalité et le taux de mortalité infantile ont augmenté du fait de la diminution des dépenses de santé dans les hôpitaux publics, ce qui serait une sage décision économique.
          Par contre, la production de cigarette est dans notre système une activité économique rentable, source de valeur…
          Mais on produit pour quoi, en fait ?…

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          • Calal // 13.03.2019 à 14h49

            Du fait de la diminution des dépenses de santé: grosso modo, plus le PIB augmente mieux ça va? L’armée US avec son budget de la défense est meilleure que l’armée russe?

            Quand on est avance dans la décadence, y moyen de faire mieux avec moins.mais y a du rentier a dégager,voir du  » rentier de gauche »

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          • Sandrine // 13.03.2019 à 15h09

            @astap66
            Je me suis mal exprimée (avec une faute de frappe en plus) : l’accusation de moralisme affectif ne visait pas l’œuvre de Marx mais son héritage. Ou plutôt ceux qui reprennent certains éléments du marxisme (la critique de la domination essentiellement) mais en font une reinterpretation caricaturale « à leur sauce » qui détourne le sens originel des concepts qu’ils reprennent à leur compte.

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          • Pinouille // 13.03.2019 à 16h20

            « On en est aujourd’hui à ce point d’absurdité que sauver des vies serait moins rentable que les détruire… »
            Quoi qu’on en dise, une vie a une valeur finie (cad non infinie). La valeur que l’on donne à une vie est variable d’une personne à l’autre, mais elle reste finie. Dans le cas contraire, la vie ne serait pas possible.
            Exemple: réduire à zéro le nombre de morts sur la route est envisageable, mais aurait un coût prohibitif pour les déplacements routiers. Ou un coût qui induirait des sacrifices par ailleurs, qui coûterait aussi en vies humaines.
            Toute notion de valeur et de coût induit une notion de rentabilité. Croire qu’il peut en être autrement est à mes yeux une impasse.
            Pour info, le coût d’une vie humaine est officiellement arrêté en France à 3 millions €: https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/application-france-securite-31747/
            Il est certainement différent dans d’autres pays. Moindre dans les pays plus pauvres.

            « Mais on produit pour quoi, en fait ?… »
            Pour satisfaire toute une série de besoins dont Maslow a établi une hiérarchisation pyramidale convaincante.
            Chacun peut se faire son opinion sur les priorités que les autres ont choisi dans la satisfaction de leurs besoins. Toutefois, tenter d’imposer une unique hiérarchie à l’ensemble de la population me paraît d’emblée voué à l’échec.

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            • astap66 // 13.03.2019 à 20h35

              @Pinouille
              « Toute notion de valeur et de coût induit une notion de rentabilité. Croire qu’il peut en être autrement est à mes yeux une impasse »
              C’est en gros ce qu’avait théorisé Murray Weidenbaum, un des piliers du néolibéralisme sous Reagan. L’analyse coût/benefice devait être un nouveau critère de décision en matière de régulation des activités économiques.Il préconisait de mesurer les coûts pour l’entreprise d’une réglementation visant à diminuer les effets de la pollution aux « gains » pour la collectivité. Une méthode d’évaluation appelée DFE (Discounted Future Earning) consistait à comparer la valeur des vies sauvées (la vie d’un cadre étant plus élevée que celle d’un ouvrier, celle d’une femme noire de 85 ans évaluée à 123 dollars, celle d’un enfant handicapé étant « déficitaire »…) à celle des dépenses envisagées.
              Cette théorie a fait jusrisprudence aux Etats Unis.
              C’est une approche. Mais comment envisager le « coût » de la destruction de la planète pour les générations futures ?

              « tenter d’imposer une unique hiérarchie à l’ensemble de la population me paraît d’emblée voué à l’échec »…Pourtant, c’est bien ce qui se passe EN PRATIQUE pour tous ceux qui, privés d’emploi, ou contraints à un travail précaire et mal payé, doivent accepter des conditions intolérables de logement, de subordination, de flicage par la CAF et Pôle Emploi, …pour simplement survivre.

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            • Pinouille // 13.03.2019 à 21h05

              « Mais comment envisager le “coût” de la destruction de la planète pour les générations futures ? »
              C’est certainement l’un des plus grands défis qui s’offrent à nous. Comme je l’ai déjà écrit sur ce site, certains y réfléchissent et proposent une nouvelle comptabilité avec deux nouveaux volets: social et environnemental. J’aime y croire.

              « Pourtant, c’est bien ce qui se passe EN PRATIQUE… »
              Je ne vous donne pas tort, mais on ne parle pas de la même chose.

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            • Sandrine // 14.03.2019 à 10h15

              Si Pinouille, Astapp 66 et vous parlez bel et bien de la meme chose.
              Simplement, vous décrivez les choses telles qu’elle devraient etre si l’utopie néo-libérale marchait (« chacun devrait pouvoir mettre librement ses priorités sur ses besoins à satisfaire ») et Astapp 66 décrit les choses telles qu’elles sont lorsque l’on laisse les théoriciens du néo-libéralisme mettre en application leurs thèses (seule une toute petite minorité peut profiter de l’agrément de de « faire ses propres choix », les autres subissent et peinent à survivre)

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            • Pinouille // 14.03.2019 à 18h53

              “chacun devrait pouvoir mettre librement ses priorités sur ses besoins à satisfaire”
              Vous déformez, une fois de plus, mes propos…

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            • Sandrine // 14.03.2019 à 19h57

              « Vous déformez mes propos » c’est un peu facile, non?
              Ce n’est pas parce que je ne recopie pas mot à mot ce que vous avez écrit, que je les déforme…
              J’ai lu suffisamment souvent vos commentaires sur ce site pour être sure que mon commentaire ci-dessus ne « déforme » pas vos propos.

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        • Bhhell // 13.03.2019 à 13h32

          Là vous bottez en touche, car la définition donnée est synthétique. Plus vous êtes riche, plus la proportion des revenus du travail devient dérisoire. Le but de la bourgeoisie est donc de protéger les revenus du capital au détriment de ceux du travail. Si l’on veut arriver à comprendre quelque chose et à agir sur le monde actuel, il faudrait commencer par appeler un chat un chat, et reconnaître cet antagonisme fondamental. Aussi fondamental que celui qui existait entre l’aristocratie de l’ancien régime et le peuple. La plus grande ruse du diable, c’est de vous faire croire qu’il n’existe pas. Cela s’applique à la bourgeoisie, comme aux classes dominantes (j’ose la simplification binaire) avant elle

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          • Sandrine // 13.03.2019 à 15h16

            Le commentaire s’adresse a moi?
            Si c’est le cas, non je ne botte pas en touche. Je dis simplement que la « métaphore » du bourgeois (habitant des villes) pour nommer les bénéficiaires de l’organidation capitaliste de la société n’est pas éclairante pour la période que nous vivons.
            Le mot est très romantique. Mais il n’est pas assez précis.

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            • jp // 13.03.2019 à 20h56

              je prends un exemple extrême pour illustrer :
              un bourgeois c’est quelqu’un de valide (pas handicapé) qui ne nettoie pas ses propres WC sous des tas de prétextes et trouve toujours une femme de ménage payée pas chère pour le faire à sa place

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            • Sandrine // 14.03.2019 à 09h32

              JP. Ce que vous décrivez ça s’appelle la division du travail et même Marx reconnait que c’est là l’origine de la domination et des classes sociales.On peut évidemment croire comme lui que l’abolition de la propriété entraînera l’avènement d’une société sans classe. J’ai personnellement du mal à croire que l’on pourra abolir facilement la division du travail.
              Alors pour que la division du travail ne soit plus une source d’aliénationPeut-être faudrait-il commencer par ne pas trouver dégradant le travail qui consiste à récurer les chiottes. En lisant votre commentaire, quelque chose me dit que ce n’est pas gagné

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          • Pinouille // 13.03.2019 à 16h51

            « Plus vous êtes riche, plus la proportion des revenus du travail devient dérisoire. »
            Je tente de nuancer cette affirmation qui se base sur des concepts marxistes amha un chouia datés:
            Il me semble que nous vivons une période où la valeur ajoutée du travail manuel décroit avec la concurrence des machines. D’autre part, la valeur ajoutée du travail intellectuel augmente car il faut concevoir ces machines et gérer des organisations de plus en plus techniques/complexes. Et tout ceci demande de plus en plus de capital. Et gérer le capital est un travail qui crée (ou détruit) beaucoup de valeur ajoutée.
            Les revenus des individus sont plus ou moins liés à la valeur ajoutée qu’ils créent.
            La question est moins de savoir ce que chacun mérite, en terme de revenus, que de déterminer quel équilibre minimum doit être respecté pour que le lien social subsiste et que l’économie continue à tourner.

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            • Larousse // 13.03.2019 à 20h04

              Pinouille – équilibre minimum vous dites ?
              ça me paraît un peu pingre, radin, raide comme espoir. Si c’est ça on y est déjà à l’équilibre minimum ! Il tient grâce au LBD 40 (bientôt 50 pourquoi pas !) au lacrymo, etc… Les Gilets Jaunes sont épuisés… Macron nous a bien enflé avec son Grand Débat… Finalement, il connaît bien les Français, en tous cas la frange de « pétochards » et sa bourgeoisie qui trahit régulièrement les intérêts de son pays… Bref, attendons encore un peu plus le déclin final et malheureusement ça pêtera mal…
              S’il y a un équilibre, il faut qu’il soit médian et favorable au plus grand nombre pour résoudre tous les problèmes qui s’accumulent.

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            • astap66 // 13.03.2019 à 20h48

              Mais les machines sont du travail, Nom de Dieu !!!
              Du travail mort, mais du travail quand même ! Comme l’argent !
              Et comme capital, c’est aussi un moyen de s’approprier le travail d’autrui !
              Et oui, gérer le capital est aussi un travail car, comme Marx l’a démontré, le capital vampirise tout, y compris ceux qui croient le contrôler.
              Avant d’écrire que les concepts marxistes sont datés, lisez les 4000 pages du capital. Vous changerez d’avis.
              https://www.youtube.com/watch?v=gK8vn7dh3-0

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            • bhhell // 14.03.2019 à 08h50

              Manifestement, vous ne savez pas que nous sommes revenus à des économies de rente de type aristocratique qui se traduisent par une hyper concentration des richesses. L’économie industrielle, écologiquement catastrophique, répétons le, n’est plus qu’un secteur marginal colonisé, infiltré par le secteur financier. La croissance exponentielle du capital financier et des intérêts est bien plus rapide que celle de l’économie. Finance, assurance et immobilier ont aspiré toute l’économie réelle, au bénéfice des 5% les plus riches. Le rachat de ses propres actions pour des toucher des bonus mirobolants, voilà ce qui demande de plus en plus de capital. ET pour finir, il semble vous avoir échappé que la corrélation entre valeur ajoutée et revenu du travail a été coupée il y a bien longtemps, depuis que la méga fumeuse théorie du ruissellement est appliquée par les ânes qui nous gouvernent.

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            • Pinouille // 14.03.2019 à 18h57

              « Manifestement, vous ne savez pas que … »
              Depuis le temps que je parcours les commentaires de ce site, je pense être parfaitement au courant de ce type de discours. Je le partage en partie. C’est juste que j’essaye de le nuancer car il n’explique pas tout.

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    • Patapon // 13.03.2019 à 10h15

      Faute de mieux, je garde ce mot qui a une histoire et un sens historique. Il décrit des intérêts, des capitaux, des rentes, des connivences, des stéréotypes de pensée, transmis au sein des familles, surdéterminant le destin et les préférences des individus et pratiquant volontiers le mépris culturel, la stigmatisation du « mauvais goût » et de la « vulgarité ».
      La punchline de Bégaudeau est absolument « capitale ». La remise au jour de cette conflictualité est absolument nécessaire. Non pas pour la dépasser, mais pour la résoudre. La tentative de la dépasser par le déni a échoué.

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      • Sandrine // 13.03.2019 à 11h03

        Parler de « la bourgeoisie » en tant que concept d’origine marxiste, c’est une chose.
        Mais Bregaudeau parle plutôt « des bourgeois » d’un point de vue anthropologique et psychologique. C’est dans ce sens que je trouve cette catégorie discutable, car je ne sais pas si elle existe vraiment de manière aussi précise et définie.
        A la limite, on pourrait parler d’une certaine forme de racisme de classe inversé de la part de Bregaudeau (avec une variante de la « haine de soi » le concernant plus particulièrement)

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        • Florent // 13.03.2019 à 12h39

          L’orthographe de son nom est Bégaudeau.

          Pour en côtoyer tous les jours au boulot, les gens décrits par Bégaudeau existent bel et bien.

          Le bouquin qu’il vient de sortir convient tellement à ma cheffe que j’hésite à le lui offrir.

          Racisme de classe ? Haine de soi ? Je crois qu’il aborde ce sujet dans son livre et dans certaines entrevues disponibles en ligne.

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        • Patapon // 13.03.2019 à 13h25

          Finalement, est-ce anodin qu’on ait tant cherché à nettoyer ce mot, le passer à l’eau de javel, le vider de toute incarnation, presque le ringardiser ? Ce n’est que de guerre lasse contre la justesse de la modélisation marxiste qu’il survit malgré tout. Et la nature n’aimant pas le vide, ce mot si énorme ne demande qu’à se remplir à nouveau. Une arme redoutable.

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          • Sandrine // 13.03.2019 à 15h18

            C’est peut-être juste une forme de conservatisme intellectuel

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  • lemoine001 // 13.03.2019 à 09h18

    Pour faire suite à Sandrine et Pero sur « la bourgeoisie est-elle une classe ? ».
    1) toute société est structurée selon deux grands rapports qui correspondent aux enjeux de toute vie : la production et la reproduction.
    2 ) Tout rapport implique deux pôles (par définition). L’enjeu de la reproduction est celui qui met en rapport deux composantes de la société : les hommes et les femmes. Le rapport peut être appelé « rapport social de sexe »
    3) l’enjeu de la production oppose ceux qui possèdent les moyens de production et ceux qui les mettent en oeuvre. Sa forme varie selon le mode de production. Dans la société capitaliste, il oppose deux pôles : la bourgeoisie et le prolétariat.
    4) ceux-ci ne sont donc pas à proprement parler des classes mais des pôles du rapport de production.
    Lire: https://lemoine001.com/2015/05/07/proletariat-et-lumpenproletariat/

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    • Sandrine // 13.03.2019 à 09h52

      @Pero et Lemoine
      Je ne parlais pas du principe de fond mais du choix du mot, aujourd’hui en 2019 étant donné que dans son intervention, Bregaudeau critique l’emploi de mot creux, en l’occurrence « populisme ».

      Le mot de « bourgeoisie, s’il pouvait être éclairant et percutant à l’époque de Marx, s’applique beaucoup moins bien à la période actuelle. Je trouve que Brégaudeau fait un choix esthétique avec ce mot « bourgeoisie », mais que du coup ça rend l’ensemble de sa critique sociale et politique un peu cosmétique qui vous me permettez le jeu de mot.
      Même si on s’en tire comme @Lemoine avec la notion de « Pole » bourgeois, ce mot est dépassé à mon avis (un peu comme les termes « gauche » et « droite »).

      Le « bourgeois », c’est l’habitant des villes, vivant essentiellement d’artisanat (industrie) et de commerce. Historiquement, il a remplacé l’ancienne aristocratie propriétaire des terres et des charges militaires. Mais aujourd’hui l’essentiel des outils de domination a trait à la maitrise de la technologie (notamment la technologie financière). Ne faudrait-il pas mieux parler de quelque chose comme « technocrates »

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      • lemoine001 // 13.03.2019 à 10h12

        Begaudeau se réclame avant tout de Deleuze c’est-à-dire d’une philosophie qui a renoncé à l’idée même de vérité. Là-dessus Deleuze est très clair, il dit : « La philosophie ne consiste pas à savoir, et ce n’est pas la vérité qui inspire la philosophie, mais des catégories comme celles d’Intéressant, de Remarquable, ou d’Important qui décident de la réussite ou de l’échec. Or on ne peut pas savoir avant d’avoir construit. »
        Du coup ce qu’il oppose au « creux » (dent creuse) c’est le clinquant, l’intense. Chez Marx, il n’y a rien ni de l’un ni de l’autre. Il y a des concepts, de vrais concepts et une recherche scrupuleuse du vrai. Chez Marx, on trouve une vraie matière pour critiquer Begaudeau. Mais un Deleuzien n’admet pas la critique car selon Deleuze « Discuter, c’est un exercice narcissique où chacun fait le beau à son tour : très vite, on ne sait plus de quoi on parle. »

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  • Damien // 13.03.2019 à 10h18
  • Fritz // 13.03.2019 à 10h20

    Populisme ? Un mot creux ? Dans la bouche des bourgeois, oui, c’est une insulte creuse.
    Mais la défense du peuple n’est pas une cause creuse. Ils nous revient de revendiquer cette cause, de rendre son sens originel à ce mot superbe : populisme.

    Il y eut le populisme russe (« aller au peuple »), le populisme états-unien contre les banques… pourquoi ne pas prolonger le mouvement des Gilets jaunes par un populisme français ? Un « mouvement populiste » qui s’intitulerait comme tel, ça aurait de l’allure ! Et les deux côtés de la barricade seraient clairement définis : les populistes qui défendent le peuple, les antipopulistes qui méprisent et haïssent le peuple.

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    • Sandrine // 13.03.2019 à 10h53

      Reste à définir la notion de peuple. Pas sûr que les gilets jaunes aient tous la même définition de ce qu’est le peuple

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      • lemoine001 // 13.03.2019 à 11h36

        Peuple : « ensemble des humains vivant en société sur un territoire déterminé et qui, ayant parfois une communauté d’origine, présentent une homogénéité relative de civilisation et sont liés par un certain nombre de coutumes et d’institutions communes ». ou « ensemble des personnes qui n’appartiennent pas aux classes dominantes socialement, économiquement et culturellement de la société ».

        Seul le contexte de l’usage permet de savoir quelle définition est retenue.

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        • Tassin // 13.03.2019 à 21h24

          Version simplifiée : Peuple = ceux sur qui s’exerce le pouvoir.

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    • PsYXXXX // 13.03.2019 à 11h25

      Le peuple c’est pas comme l’opinion publique décrite par Bourdieu ? Inexistant.

      Moi je préfère parler de classe. Je reste Marxiste… Le peuple peut parfaitement lutter contre son intérêt.

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    • Owen // 13.03.2019 à 12h46

      « les populistes qui défendent le peuple, les antipopulistes qui méprisent et haïssent le peuple ».

      L’antonyme de populiste, revendiqué par Onfray, est encore plus éclairant: « populicide ».
      Avec ce mot, vient naturellement la question qui aide celle de Sandrine: « Qu’est-ce qui tue un peuple ? ».

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  • Haricophile // 13.03.2019 à 12h30

    Ce qui est très perturbant dans cette video c’est qu’on laisse parler l’invité.

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    • Jean Aymard // 13.03.2019 à 14h46

      C’est surtout qu’il ne se laisse pas interrompre quand les chroniqueurs lui posent des questions en pleine explication. Leur méthode permet d’avoir des réponses tronquées donc non finalisées, ce qui leur permet de disserter ensuite sur les lacunes et les imprécisions du raisonnement. Mais il ne s’est pas laissé faire, à raison.

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  • Louis Robert // 13.03.2019 à 12h49

    En France à l’heure actuelle, « populisme » en son sens premier, désigne une lame de fond de colère sociale fortement revendicatrice, appuyée par 75-80% d’une population, dirigée contre un Pouvoir austère, sourd, hostile et criminellement répressif.

    Ce vocable sert notamment au Pouvoir et au 20-25% restant à diaboliser l’ « ennemi intérieur » (définition à suivre).

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    • Louis Robert // 13.03.2019 à 19h28

      « Ennemi intérieur » = df: majorité citoyenne massive qui réclame, multiples raisons bien fondées, documentées et invoquées à l’appui, l’abolition du Pouvoir ainsi que du système politique, économique et social d’un état, au profit d’un nouvel ordre national directement issu du peuple, par le peuple et pour le peuple, seul et unique souverain.

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  • calal // 13.03.2019 à 14h03

    il y a des ouvriers qui defendent la propriete privee et des bourgeois qui n’y attachent pas tant d’importance:

    oui,et cela s’explique par le temps mis pour accumuler le capital: un ouvrier qui mettra 30 ans pour etre proprietaire de sa residence principale y sera davantage attache qu’un musicien qui a fait un tube oneshot, a gagne 3 millions d’euros en un an et donnera des lecons de « gauchisme ».
    bon maintenant avec une economie dirige par des banques et la dette,difficile de constituer un capital avec un livret a a 1.5% ,on va donc emprunter n’importe quelle somme sur n’importe quelle duree tant que la mensualite reste supportable pour acheter n’importe quoi a n’importe quel prix.

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    • lemoine001 // 14.03.2019 à 09h25

      Il faut distinguer propriété d’usage et propriété lucrative.

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  • Julie // 13.03.2019 à 14h38

    entre Begaudea qui fait du Michéa et F Culture qui fait du Berruyer, ça sent la révolution
    https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/entendez-vous-leco-du-mercredi-13-mars-2019

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    • Calal // 13.03.2019 à 15h42

      Plutôt la proximité d’élections: il faut faire baisser la pression…

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  • Arnaud // 13.03.2019 à 21h03

    Dommage qu’il fasse figurer Deleuze et Foucault dans la tradition radicale (entendue au sens noble du terme). L’abandon des notions transcendantes de « justice » et de « vérité » est en partie responsable de la faillite de la gauche post 68arde. De plus, le relativisme extrême qu’est celui de ces penseurs supprime la possibilité même d’une critique du pouvoir tout comme il empêche la formulation d’un projet cohérent de société.

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  • Araok // 13.03.2019 à 23h06

    Bonsoir
    Un des contributeurs spécialistes de Marx aurait-il la gentillesse de me conseiller un petit livre d’introduction au marxisme? Ça serait sympa. Merci d’avance

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    • lemoine001 // 14.03.2019 à 09h21

      Lisez Mars lui-même. Ce qu’il a publié lui-même est très accessible. Il faut seulement que vous sachiez que les écrits de Marx sont des critiques : critique de l’Hegelianisme de gauche (La sainte famille – l’idéologie Allemande) critique de la philosophie du droit de Hegel, critique de l’économie politique(Le Capital, contribution à la critique de l’économie politique), critique de Proudhon (misère de la philosophie), critique de Dühring (anti dühring de Engels) etc.
      Ce qu’on appelle le marxisme s’inscrit en creux dans ces critiques. Il n’y a donc pas de doctrine Marxiste, encore moins de système. Donc aucune pensée dogmatique ou achevée (encore moins une pensée totalitaire !) comme le disent des gens malveillants.

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      • Calal // 14.03.2019 à 11h37

        De mes souvenirs,lire le capital est fatiguant car très abstrait.il vaut mieux trouver un échelon intermédiaire surtout si on est jeune ou peu au courant des choses économiques ou politiques.mais il faut être capable d’examiner la réalité avec des concepts issus de Marx car cela apporte toujours une perspective pertinente.internet est un atout pour les jeunes générations si on se donne la peine de chercher ce dont on a besoin ou envie sans se laisser importuner par des contenus pousses en avant par « le réseau »

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        • Renard // 15.03.2019 à 04h12

          Lire Jaurès me semble bien plus important que lire Marx pour moi, car Jaurès est le penseur complet et définitif du socialisme.

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        • Araok // 15.03.2019 à 09h30

          Merci, c’est juste cet échelon intermédiaire que je cherche.
          Amicalement

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      • Araok // 15.03.2019 à 09h29

        Merci de votre réponse, sincèrement. Mais elle est totalement dissuasive, tellement elle me fait prendre conscience de mes lacunes ( Hegel, Proudhon, During…)
        Amicalement

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    • Louis Robert // 15.03.2019 à 12h35

      Lisez le Manifeste de Marx: « Un spectre hante l’Europe, le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le Pape et le Czar, Metternich et Guizot, les radicaux de France et les policiers d’Allemagne. Quelle est l’opposition que n’ont pas accusée de communisme ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l’opposition qui, à son tour, n’a pas relancé à ses adversaires de droite ou de gauche l’épithète flétrissante de communistes ? »

      Lisez le Manifeste.

      http://classiques.uqac.ca/classiques/labriola_antonio/essais_materialisme_historique/Essai_3_Manifeste_PC/labriola_appen_manifeste.doc

      Le Manifeste est l’Introduction à Marx. Il faut surtout, surtout en France, apprendre Marx de MARX… et de personne d’autre. Marx avant le « marxisme ». Comme disait l’immortel Basho, il faut apprendre l’arbre de l’arbre, la fleur de la fleur, l’oiseau de l’oiseau…

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Matsuo_Bashō

      Bonne lecture!

      Cdmt

      PS Et comme ajoutait le vénéré philosophe Alain (Émile Chartier), lire le texte intégral…sans introduction, sans notes ni commentaires… et pas un résumé. Oui, intégralement, en entier et tout cru! — Cela vaut pour toutes les œuvres des Immortels, les vrais.

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      • lemoine001 // 15.03.2019 à 13h10

        Araok / Si vous voyez les choses comme cela, lisez Begaudeau. Ce sera plus simple encore.

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