Certains disent qu’il faut redouter l’inflation, d’autres estiment qu’elle est salvatrice pour notre économie, mais qu’en est t-il vraiment ?
Dans cette chronique, l’économiste Frédéric Farah explique de façon claire le principe de l’inflation. Augmentation des prix, chômage, production : découvrez comment ce phénomène impacte notre économie.
Chaque semaine sur ÉLUCID, vous retrouverez les Chroniques de vulgarisation de Frédéric Farah qui se divisent en deux catégories :
• Enseignements de l’histoire économique
• Déconstruction de la Novlangue économique
La Chronique de Farah, épisode 02
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Commentaire recommandé
Les « trente glorieuses » c’étaient quasiment la Corée du nord !!! Mouvements de capitaux strictement encadrés et surveillés, participations croisées des entreprises pour dissuader les OPA hostiles, marchés financiers tenus à l’écart des besoins de financements, libre-échange réduit à sa plus simple expression, protectionnisme intelligent, le plein emploi pratiquement assuré (200 000 chômeurs en 1962!), des syndicats puissants, des salaires indexés, une croissance forte qui permettait un rapport de force plus équilibré entre capital et travail.
Et puis la libéralisation tant attendue est arrivée ! L’économie s’est « ouverte » aux quatre vents, place au dumping social, à la finance reine, à la concurrence déloyale, aux salaires étrangers à ras des pâquerettes, aux régimes fiscaux attractifs, à la mondialisation « heureuse », enfin l’eldorado pour les entrepreneurs aventuriers en quête de profits mirifiques.
Résultat : 6 millions de chômeurs, l’effondrement de l’industrie (11% du PIB!), un déficit abyssal de la balance commerciale, un endettement faramineux, une croissance molle, des services publics affaiblis, des salaires gelés, un modèle social fragilisé. La « start-up nation » a fait illusion, le pays est en déclin accéléré.
Mais tout ça n’est rien, le seul et vrai problème c’est l’insécurité et l’immigration… Heureusement Macron est là pour nous sauver !
12 réactions et commentaires
Excellente analyse très pédagogique ; je retiens pour ma part l’acte décisif qu’a représenté la désindexation des salaires sur les prix : l’homme à l’origine de cette mesure se nomme Jacques Delors, alors président de la commission européenne, secondé par Pascal Lamy ; il déclare au moment du tournant de la rigueur (1983), « il faut désintoxiquer les français de l’indexation des salaires sur les prix ».
Du temps de l’inflation à deux chiffres, avec un salaire indexé, un emprunteur à taux fixe voyait son remboursement réduit de moitié en cinq ans ! Pour les fonctionnaires mais aussi pour les salariés du privé, les changements d’échelons, de qualification, le vieillissement sur le poste, se traduisaient par des augmentations qui s’ajoutaient au strict rattrapage des prix ; la masse salariale globale progressait alors au-delà de l’inflation, les travailleurs connaissaient une augmentation réelle de leur pouvoir d’achat.
Mais au même moment où on désindexe et impose la rigueur (désinflation compétitive), l’emprunt Giscard 1973 (7milliards de F empruntés, 94 remboursés sur 15 ans!), indexé lui sur l’or, répercute auprès des heureux souscripteurs (pour l’essentiel les institutionnels banques et fonds de placement),la formidable spéculation orchestrée autour du métal jaune, en servant des taux d’intérêts exorbitants que le pouvoir sous hégémonie PS refusera de remettre en cause au nom de la parole donnée…
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AlerterBonnes explications .
Il manque quand même l’analyse des conditions internationales actuelles qui vont nous impacter durablement.
Le lien inflation-production-salaire est valable dans une économie relativement fermée ( 30 glorieuses) , mais beaucoup moins quand une grande partie de la production est externalisée.
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AlerterLes « trente glorieuses » c’étaient quasiment la Corée du nord !!! Mouvements de capitaux strictement encadrés et surveillés, participations croisées des entreprises pour dissuader les OPA hostiles, marchés financiers tenus à l’écart des besoins de financements, libre-échange réduit à sa plus simple expression, protectionnisme intelligent, le plein emploi pratiquement assuré (200 000 chômeurs en 1962!), des syndicats puissants, des salaires indexés, une croissance forte qui permettait un rapport de force plus équilibré entre capital et travail.
Et puis la libéralisation tant attendue est arrivée ! L’économie s’est « ouverte » aux quatre vents, place au dumping social, à la finance reine, à la concurrence déloyale, aux salaires étrangers à ras des pâquerettes, aux régimes fiscaux attractifs, à la mondialisation « heureuse », enfin l’eldorado pour les entrepreneurs aventuriers en quête de profits mirifiques.
Résultat : 6 millions de chômeurs, l’effondrement de l’industrie (11% du PIB!), un déficit abyssal de la balance commerciale, un endettement faramineux, une croissance molle, des services publics affaiblis, des salaires gelés, un modèle social fragilisé. La « start-up nation » a fait illusion, le pays est en déclin accéléré.
Mais tout ça n’est rien, le seul et vrai problème c’est l’insécurité et l’immigration… Heureusement Macron est là pour nous sauver !
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AlerterLes 30 glorieuses : la dépense publique ne représentait que 30% du PIB.
Les 30 piteuses : on arrive à 60% du PIB .. et c’est la catastrophe.
On peut y ajouter 400.000 normes , 130.000 décrets , plus de 10.000 articles de lois , un code des impôts et un code du travail qui dépassent 3.500 pages
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AlerterEt faut-il rappeller le [modéré] qui, pour la France, a démarré tout ça https://www.google.com/url?q=https://www.dailymotion.com/video/x7hahj&sa=U&ved=2ahUKEwiytaSmi_TzAhXqyIUKHTelDIAQtwJ6BAgFEAE&usg=AOvVaw0eXnrhHmHgInguNTr6HP0u
Planque pendant la guerre passant ensuite à la banque Rotchild et premier ministre de De Gaulle
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Alerterpourquoi les prix augmentent ils?
-parce que nous sommes en automne et que c’est le temps de la speculation financiere a outrance:
https://www.lefigaro.fr/societes/edf-perd-400-millions-d-euros-en-speculant-sur-le-marche-de-l-electricite-20211029
Rappel du cycle du credit bancaire
-1915-1945 dernier hiver et remlise a zero des compteurs par la violence et les guerres
-1945-1975 printemps:les producteurs sont mis en avant
-1975-2005 ete: les commercants prennent la main
-2005-2035 automnes: les financiers et les speculateurs prennent la main et niquent la confiance dans la monnaie
-2035-2065 prochain hiver: les dictateurs,les violents prennent la main et resolvent leurs problemes non plus avec la monnaie et les contrats (detruite precedemment en automne) mais a grandes baffes dans la gueule de tous ceux qui ne sont pas d’accord
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AlerterRegardez simplement à qui profite le crime, à qui ces mesures « économiques » ont profité et au détriment de qui.
Quand on se souvient que Sarközy (il n’est pas le seul) a DONNÉ de l’argent public à de nombreuses grosses entreprises (Peugeot entre autres, mais pas que) pour les « sauver » et « préserver l’emploi » sans aucune contre-partie, qu’ont fait ces entreprises ?
Elles se sont servies de cette manne pour construire des usines dans des pays « low cost » afin de « préserver leur compétitivité » (entendez augmenter les dividendes des actionnaire$), ce qui s’est traduit par la fermeture de sites de production en France (« obsolètes » et qui n’étaient plus « productifs ») et la mise au chômage de centaines de milliers d’ouvriers.
Le contrat aurait pu stipuler que l’argent public DEVAIT être utilisé pour moderniser les outils de production français, mais bien sûr il n’en a rien été.
Quant aux banques, on les a sauvées sans rien leur demander en échange… Et comme bien sûr elles ont profité « d’amnistie fiscale » en inscrivant leurs pertes au bilan, elles ont simplement remboursé le prêt de l’état en ne payant pas d’impôts, et sans bien sûr changer quoique ce soit dans leurs habitudes spéculatives nuisibles pour l’ensemble de la population.
Tout bénef.
Le système pré-mitterrandien et pré-UE/€uro avait certes des défauts, mais il était largement moins nuisible pour les populations et n’a permis qu’une seule chose : La croissance indécente des revenus pour les plus nantis et les plus cupides (et de leurs pantins à la tête de l’état) au détriment des « moins que rien ».
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AlerterCe qui m’ennuie beaucoup c’est que monsieur Farah nous explique très pédagogiquement : l’économie ce n’est pas si complexe que ça, la preuve: les recettes des années 60 n’ont pas marché dans les années 70, lesquelles des années 70 ne marchent pas dans les années 2000 lesquelles etc…
Bon, à chaque fois je comprends bien le mécanisme passé mais je m’attends à ce que ça foire pour les années suivantes. Et je ne sais pas quoi faire.
Qui a dit que Dieu avait créé les économistes pour que les prévisionnistes de la météo se sentent moins seuls ?
Ceci dit, cher Monsieur Farah, j’apprécie vos interventions. Cordialement.
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AlerterLes mécanismes foirent parce que les conditions changent.
Années 70, Nixon a supprimé la convertibilité du dollar , donc porte ouverte au crédit à outrance et à l’impression monétaire. Ce qui a amené les producteurs de pétrole à réagir.
Années 2000, passage à l’euro, ce qui fonctionnait tant bien que mal avec une monnaie devaluable à loisir n’est plus possible.
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AlerterCette chronique est parfaite pour apprendre ce que les économistes racontent et se racontent comme fables pour expliquer ce qu’ils ne maîtrisent plus depuis 50 ans.
Le problème est que toutes ces théories sont devenues totalement obsolètes depuis 1971, quand les pays ont perdu le contrôle de la valeur de leur monnaie, qui s’est surtout mise à fluctuer en fonction de la valeur du $, qui elle-même s’est mise à fluctuer en fonction de sa demande, donc du développement de la financiarisation et du commerce international, ainsi que de la politique de la seule Fed… sans oublier l’expansion monstrueuse du libre-échange qui a permis de trouver dans le monde des esclaves toujours prêts à produire moins cher…
Bref, étonnant que l’impact des diktats US de 71 ne soit toujours pas intégré comme ayant mis fin aux théories économiques classiques (TQM et autres) qui ne fonctionnent qu’en système fermé ou régulé par les pays eux-mêmes. À croire qu’Allais (entre autres) n’était pas au programme ou pire n’a toujours rien appris à tous ces « économistes »…
Quant à la désindexation des salaires (1982 en France sous un gouvernement dit de gauche), c’est tragique parce que c’était surtout une tentative désespérée de lutter contre la concurrence déloyale des pays à faibles coûts salariaux (et pas pour juguler l’inflation). Mais qui a décidé que nous devions nous mettre en concurrence avec eux ? Rebref, l’absence de vision politique de cette conférence est vraiment décevante.
Aussi je suis étonné que les Crises (et Elucid avec) diffuse encore ce genre de théories économiques qui ont juste démontré qu’elles ne fonctionnent plus en système ouvert de libre-tout (et n’importe quoi), quand les conditions de concurrence sont déloyales et quand ce sont « les marchés » qui décident de la valeur de toutes choses.
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AlerterBen oui, c’est exactement le sens de mon intervention précédente. Je crois que l’économie s’est financiarisée, dérégulée puis est devenue absolument criminogène. Tant que Suard, Proglio ou Tchuruk ou un PDG de grandes banques (BNP, par exemple) ne se retrouveront pas en prison je ne croirai pas beaucoup aux discours des prof d’économie qui nous décrivent un monde théorique.
C’est comme expliquer le prix des clebs de Jeff Koons par l’amour de l’art de Pinault ou Drahi en oubliant de mentionner que le-dit Pinault est propriétaire de Christie’s ou Drahi de Sotheby’s…
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AlerterOui, je l’avais noté… Bizarrement, nous sommes assez peu à constater que ce nouveau paradigme monétaire a totalement modifié tout ce que l’on savait et pouvait faire avant… et que les leviers pour agir ne se trouvent plus dans les vieilles solutions que l’on nous ressert pourtant régulièrement. D’ailleurs de 1971 à 1999 la France a à peu près tout essayé sur le plan monétaire sans jamais réussir à modifier quoi que ce soit à sa désindustrialisation, à l’augmentation du chômage et des dettes, à la paupérisation de l’État, et cetera…
Je ne sais pas à quoi ça tient : Impensé économique ? Refus d’intégrer les nouveaux contextes ? Déni ? Difficulté à comprendre les concepts d’Allais ?… Mais en tout état de cause, ce n’est pas en nous resservant la TQM qu’on va faire avancer le schmilblick…
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