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26.juin.201626.6.2016 // Les Crises

« Médias ou élus, nous n’arrivons pas à faire passer l’idée que l’Europe apporte quelque chose »

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Comme en 2005, les médias ont joué à fond leur rôle : assurer la propagande de l’Union européenne.

Un moment mythique donc hier : sur BFM TV, la journaliste Roselyne Dubois, dépitée, lâche le morceau face à Nadine Morano ; elle reconnaît que sa fonction est d’influencer l’opinion – et non pas de l’informer :

« Nous, médias, comme vous, élus, n’arrivons pas à faire passer l’idée que l’Europe apporte quelque chose. Que faut-il changer ? Il y a un vrai mea culpa à avoir ! »

L’aveu est fascinant dans sa naïveté même : la journaliste ne trouve rien d’anormal à déclarer qu’elle se charge de la communication de l’UE, cela va de soi pour elle, elle y croit totalement, et à complètement oublié la Charte de Munich régissant (si peu…) les devoirs de sa profession, dont :

2. Défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique.

9. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste

Évidemment, jamais elle n’arrivera à faire le lien avec ses anciens confrères de la télé soviétique dans les années 1980…

Autre florilège de la fin de semaine :

Marie Drucker : « Comment peut-on avoir 25 ans et rejeter l’Union européenne ? »

Sa consoeur Marie Drucker n’a pas hésité, quant à elle, ce 24 juin historique sur France 2, à mettre en cause la réelle signification du vote des Britanniques :

« Tous ceux qui ont voté pour le Brexit, pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, le voulaient-ils vraiment ? (…) De nombreux observateurs estiment qu’il s’agit moins d’un vote de rejet de l’Europe et l’Union européenne qu’un vote contre les élites, contre l’establishment, contre la politique intérieure, bref, comme le sont souvent les référendums, un vote de colère. »

Autrement dit, selon notre grande interprète, les électeurs auraient pu voter contre leur souhait véritable, non pas guidés par leur raison (que seuls les eurobéats possèdent à coup sûr), mais aveuglés par une passion, la colère. On imagine mal Marie Drucker faire le même genre d’analyse si le Brexin l’avait emporté :

« Tous ceux qui ont voté pour le Brexin, pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, le voulaient-ils vraiment ? De nombreux observateurs estiment qu’il s’agit moins d’un vote d’adhésion à l’Europe et à l’Union européenne qu’un vote en faveur des élites médiatiques, qui manipulent avec opiniâtreté l’opinion, et pour la politique intérieure, survendue par d’habiles communicants, bref, comme le sont souvent les référendums, un vote de crédulité.« 

Même type de réaction partisane, qu’on n’imagine pas en sens inverse, de la part de François Jost, chroniqueur du Nouvel Obs et professeur à l’université Paris III. Il estime que ce référendum est un « un semblant de démocratie » :

« S’il y a une leçon à tirer de cet événement historique, c’est bien en effet le paradoxe suivant : le référendum, brandi par tous les populistes comme outil démocratique par lequel le peuple va s’exprimer, produit l’effet contraire de ce pour quoi il est soi-disant fait.

Car, au-delà de ces slogans qui font du pays l’acteur de cette rupture avec l’Europe, que disent les chiffres ?

D’abord que 51,9% des votants ont été favorables au Brexit. On se réjouit du taux de participation de 72,2%. Il signifie pourtant que c’est seulement un peu plus de 36% des Britanniques qui ont décidé de la sortie. (…)

Pour qu’un référendum portant sur une décision à portée historique soit juste, il faudrait au moins exiger une majorité qualifiée, par exemple que trois-quarts des votants soient pour ou contre la question posée. »

Si le Brexit l’avait emporté, François Jost se serait-il insurgé contre ce « semblant de démocratie« , sur le fait que seuls 36% des Britanniques auraient pu décider du maintien du Royaume-Uni dans l’UE ? Et l’a-t-on entendu exiger que trois-quarts des votants se prononcent pour l’entrée de nouveaux pays dans l’UE ?

Par exemple, le 13 novembre 1994, la Suède s’est prononcée par référendum sur son adhésion à l’UE. Celle-ci fut acceptée à seulement 52,8 % des suffrages exprimés. Faut-il donc exiger que la Suède sorte de l’UE et organise un nouveau vote où les trois-quarts des votants (75%) devraient se prononcer pour l’adhésion afin que celle-ci soit validée ?

Mais revenons à nos journalistes, en pleine gueule de bois ce 24 juin. Audrey Pulvar, sur Europe 1, a ainsi osé déclarer que les gens qui ont voté contre le Brexit sont « des gens qui vivent dans la modernité, qui savent à quel point il est important de maintenir des échanges commerciaux, des échanges de populations, etc. » Comprenez : les gens qui ont voté pour le Brexit sont des ploucs arriérés qui ne savent pas ce qui est bon pour eux. On entendait exactement la même chose en 2005.

Elle a même osé ajouter : « La presse anglaise a une énorme responsabilité dans ce résultat. » Il est vrai que le Sun, plus gros tirage d’Angleterre, a pris parti pour le Brexit. En revanche, cela ne la gêne pas le moins du monde que près de 100 % de la presse française se soit prononcée contre le Brexit.

bfm

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