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8.février.20198.2.2019 // Les Crises

La résistance est l’Acte suprême de la foi. Par Chris Hedges

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Source : Truthdig, Chris Hedges, 31-12-2018

Mr. Fish / Truthdig

Par Chris Hedges

31 décembre 2018

Becket : Ce n’est pas à moi de te convaincre. Je n’ai qu’à te dire non.

Le Roi : Mais tu dois être logique, Becket !

Becket : Non. Ce n’est pas nécessaire, mon seigneur. Nous ne devons mener – de façon absurde – ce qu’on nous a donné de faire – que des combats jusqu’à la fin.

– Extrait de la pièce « Becket », de Jean Anouilh

La lutte contre le mal radical et monstrueux qui domine nos vies – un mal qui détruit rapidement la terre et pousse l’espèce humaine vers l’extinction, nous dépouille de nos libertés et droits civils fondamentaux, mène une guerre sans fin et renforce la richesse obscène d’une élite oligarchique à nos dépens – ne sera menée que si la résistance, quelque inutile, sans importance et même auto-destructrice qu’elle puisse paraître, peut mettre en marche des forces morales et spirituelles qui irradient vers l’extérieur pour inspirer les autres, même ceux qui viennent après nous. C’est, par essence, un acte de foi. Rien moins que cette foi ne nous soutiendra. Nous résistons non pas parce que nous réussirons, mais parce que c’est juste. La résistance est l’acte de foi suprême.

Pendant la guerre du Vietnam, l’après-midi du 17 mai 1968, neuf catholiques, dont deux frères, les prêtres activistes Phil et Dan Berrigan, ont pénétré dans le bureau de conscription de Catonsville, dans le Maryland, et ont saisi les archives du Service militaire sélectif [service consistant en travaux d’intérêt général [NdT] Ils les ont transportées dans des poubelles métalliques jusqu’au parking puis les ont fait brûler avec du napalm de fabrication artisanale – recette qu’ils avaient trouvée dans le Manuel des Forces Spéciales de l’armée américaine. Les participants, hommes et femmes, dont beaucoup étaient ou avaient été membres de congrégations catholiques, restèrent debout en cercle autour du feu, en prières, jusqu’à leur arrestation. Ils protestaient, comme l’écrivit Dan Berrigan, non seulement contre la guerre, mais aussi « contre toutes les postulats sous-jacents concernant la façon de vivre américaine ». Ils ont agi, et ont finalement été emprisonnés, poursuivit Berrigan, « pour mettre en mouvement un courant spirituel dont l’influence sur le monde extérieur fut, dans la nature des choses, d’une importance incommensurable. »

Voici la déclaration d’intention du groupe :

« Toutes nos excuses, chers amis,

d’avoir semé le désordre en brûlant des documents

plutôt que des enfants, pour avoir provoqué la colère des officiers

dans l’antichambre du charnier

Nous n’avons pas pu – Dieu nous aide – faire autrement,

Car nos cœurs souffrent

Nos cœurs ne nous laissent pas en repos à la pensée du Pays où brûlent les enfants

Nous disons : tuer, ce n’est pas dans l’ordre des choses

la vie, la douceur, la communauté des hommes et l’absence d’égoïsme,

voilà l’unique ordre que nous reconnaissions…

Combien de temps les ressources du monde devront-elles

être violées au service du massacre légal ?

Quand, à quel moment allez-vous dire non à cette guerre ?

Nous avons choisi de dire,

par le don de notre liberté,

de notre vie, si nécessaire :

la mort s’arrête ici et maintenant,

le mensonge s’arrête ici,

cette guerre s’arrête ici … »

La manifestation de Catonsville a déclenché une vague d’entrées par effraction dans les bureaux de conscription, dans lesquels des dossiers furent brûlés, amputés, volés ou détruits. Le service sélectif a enregistré, rien que dans les huit premiers mois de 1970, 271 « événements anti-conscription » à travers le pays.

La nature, la puissance et le coût humain de la désobéissance civique, ainsi que la conviction que se confronter au mal est la plus haute forme de spiritualité: voici le sujet de la pièce Le Procès des neuf de Catonsville, écrite par Dan Berrigan. La compagnie Transport Group présentera la pièce au centre Abrons Arts à New York, du 16 janvier au 23 février. Elle sera jouée par trois acteurs, dont ma femme, Eunice Wong. Notre fille fut baptisée par Dan Berrigan (1921-2016.)

Les hommes et les femmes qui furent bientôt connus sous le nom des Neuf de Catonsville plaidèrent coupable face aux accusations portées contre eux – à savoir vol et destruction de biens appartenant au gouvernement des États-Unis, et « perturbation des activités officielles de l’organisme de sélection ». Les Neuf de Catonsville utilisèrent le tribunal pour mettre en accusation la désormais toute-puissante machine de guerre, qui, comme l’écrivait Berrigan, « en [était] arrivée à englober le processus judiciaire qui la servait ». Les tribunaux, la présidence et le Congrès se sont fossilisés, transformés en pierre. « La séparation des pouvoirs se révèle être une fiction; articulations à rotule, les fonctions du pouvoir s’imbriquent, comme les os dans un corps vieillissant », écrivait-il.

« Car on ne peut établir un tribunal au Royaume des aveugles, pour condamner ceux qui voient ; une cour présidée par ceux qui veulent arracher les yeux des hommes et appeler cela réhabilitation », poursuivait Berrigan.

Les accusés du procès des Neuf de Catonsville refusèrent de questionner ou de mettre en doute les jurés potentiels lors de la sélection de ceux-ci. Ils utilisèrent ensuite leurs dépositions non pour tenter de prouver leur innocence – ils admettaient volontiers qu’ils étaient coupables des accusations très précises du ministère public – mais pour mettre la nation au banc des accusés. Leur argument était que pour obéir à une loi supérieure ils devaient se confronter à la loi du pays. Enfreindre la loi était un devoir de conscience.

« La loi, telle qu’elle est actuellement vénérée, enseignée et appliquée devient un encouragement à la désobéissance », écrivait Dan Berrigan dans son recueil d’essais Pas de prison pour l’humanité. « Les hommes de loi, les lois, les tribunaux et les systèmes judiciaires ne bougent presque pas face aux bouleversements d’une société, ce qui fait de la désobéissance civique un devoir civique, et, j’ose le dire, religieux. La loi s’aligne de plus en plus sur des formes de pouvoir dont l’existence est de plus en plus remise en question. Donc s’ils veulent obéir à la loi, [les hommes] sont forcés, dans l’exemple crucial qui nous préoccupe, de désobéir soit à Dieu soit aux lois humaines. »

« Les tribunaux, et jusqu’à la Cour suprême elle-même, ne sont guère disposés, tout particulièrement en temps de guerre, à envisager sérieusement les questions morales et légales posées par la guerre elle-même », écrivait Berrigan. « Nous avons donc pensé que des [gens] civilisés devaient chercher à utiliser la salle d’audience pour nous faire connaître, nous et notre combat. Les questions soulevées par la guerre – questions morales et constitutionnelles, de liberté d’expression et de manifestation – pouvaient par là-même être traitées séparément de notre sort à chacun ou de celui du groupe. »

La loi, selon Berrigan, est utilisée pour renforcer « un système d’entreprise orienté vers toujours plus d’hégémonie américaine à l’étranger, de pauvreté et de racisme de plus en plus profondément enraciné dans notre pays ». Cette machine capitaliste, dit-il, doit être « démontée puis entièrement reconstruite ». Les Neuf comprirent qu’il était « spirituellement absurde et suicidaire de prétendre aider les pauvres chez nous tout en les bombardant à l’étranger ». Emprisonnement de masse et pauvreté généralisée étaient le résultat inévitable d’une guerre sans fin et d’un militarisme sans contrôle. Si des limites n’étaient pas mises à ce militarisme – et elles ne le sont toujours pas – les Neuf prédirent que cela exacerberait le racisme chez les blancs pauvres, ferait croître une police militaire ultra-dangereuse, et transformerait le Congrès, le pouvoir judiciaire, la présidence et la presse en laquais du système. Cette trajectoire, dit Berrigan, conduirait à « une danse de mort inéluctable, une apocalypse de l’horreur. »

Les Neuf de Catonsville ne se souciaient pas de leur sort. « Nous étions en réalité obligés d’atteindre une sorte de liberté intérieure avant toute forme d’action », écrivait Berrigan, « un certain détachement spirituel des réalités de la détention ». Ils ne s’attendaient pas à un miracle. Ils n’étaient pas dupes du tourbillon d’émotions – de l’euphorie à la déception – qui caractérisent la société de consommation. La patience, comme les vietnamiens de Hanoi dirent à Berrigan, « est une vertu révolutionnaire ». C’est la vérité qui était au banc des accusés. Le but de la désobéissance civique, dit Berrigan, n’est pas de savoir si les gens seront d’accord ou même s’y rallieront. Son but est que de telles actions font naître au sein du plus grand nombre « une prise de conscience approfondie ».

« Néanmoins », écrit Berrigan dans son autobiographie, « tel ou tel tribunal, quels que soient ses crimes contre la justice, ses dés pipés, son aveuglement vindicatif, n’arrivera jamais à clore le dossier concernant la conscience. Et c’est là, très précisément, que résidait notre espoir. Le temps travaillerait de façon imperceptible, mystérieux, invisible ; d’autres vies seraient touchées par le récit des actes courageux des militants non-violents, souvent par le bouche à oreille. Le temps qui prendrait son temps, si l’on peut dire, mouvement et motivation d’une entité spirituelle qui nous dépasse. »

Les Berrigan, qui se définissaient comme des extrémistes religieux, n’avaient que faire des militants de gauche. La gauche, disaient-ils, n’aborde que des questions morales limitées, et se battent pour leurs causes préférées, dans la plupart des cas non pour changer le système en profondeur, mais par narcissisme.

« Mais la conscience d’un militant fait partie d’un tout », écrivait Dan Berrigan dans Pas de prison pour l’humanité. « Il sait que tout conduit à tout. Ainsi, tandis qu’il lutte pour la fin de la guerre, la fin de la pauvreté, ou la fin du racisme en Amérique, il sait que toute guerre porte en elle les symptômes de toutes les autres guerres. Du Vietnam au Laos, puis en Thaïlande, et à l’autre bout du monde au Guatemala, et au bout de toutes les guerres, à son propre cœur. »

« Notre action visait tous les postulats majeurs qui sous-tendent aujourd’hui la vie américaine, comme il est expliqué dans notre déclaration », a-t-il écrit. « Notre action était une conspiration, au sens le plus strict du terme, c’est-à-dire que nous nous étions mis d’accord pour attaquer les bases même de la vie américaine. Notre action était un refus de l’idée que les institutions fonctionnaient à l’époque de façon telle que des hommes [et femmes] de bien puissent les trouver justes et acceptables. Nous rejetions l’idée que la justice, la médecine, l’éducation et les systèmes de protection sociale (et surtout, la logique militaire et paramilitaire qui gouverne, annihile et contrôle tous les domaines précités) servaient le peuple, y compris les plus démunis, ou qu’ils puissent s’adapter à l’évolution des besoins, puissent mobiliser ou incarner les ressources d’hommes [et femmes] de bien – imagination, souplesse morale, pragmatisme ou compassion. »

Phil Berrigan (1923-2002), officier d’infanterie hautement décoré qui a combattu en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, a été la force motrice derrière les Neuf de Catonsville. Il s’était déjà introduit par effraction dans le bureau de conscription de la Douane de Baltimore en octobre 1967 avec trois autres manifestants – ils seraient connus par la suite sous le nom des « Quatre de Baltimore » – et éclaboussèrent de sang les dossiers de conscription. L’événement fit l’objet d’une bonne couverture médiatique. L’artiste Thomas P. Lewis et Phil Berrigan, deux des Quatre de Baltimore, attendaient leur jugement pour l’action de Baltimore lorsqu’ils participèrent à celle de Catonsville. Phil Berrigan et Lewis savaient que leur action à Catonsville signifierait que la peine pour la manifestation de Baltimore seraient d’autant plus lourde. Mais ils avaient compris que la résistance est un mode d’action qui ne peut être réactif, mais doit être proactif. Phil Berrigan a convaincu son frère Dan de se joindre à la manifestation de Catonsville à un moment où Dan croyait que son travail était « de soutenir les étudiants [protestataires] dans leurs épreuves ; rien de plus ». « Comparé à lui », écrit Dan à propos de Phil, « j’étais vraiment un enfant dorloté ». Mais Dan Berrigan savait que « si [il] hésitait trop longtemps, [il] n’aurait jamais le courage de dire non » à la guerre.

Il était clair, écrit Dan Berrigan, que le gouvernement « permettrait à des hommes comme moi de faire ce que nous faisions presque indéfiniment ; signer des déclarations, faire le piquet de grève, soutenir les résistants devant les tribunaux. Même s’ils nous ont arrêtés, à chaque fois c’était le gouvernement qui choisissait la victime, le moment et le lieu des poursuites. L’initiative était entièrement entre leurs mains. Mais dans le projet dont nous parlons, la situation était complètement inversée. Quelques hommes [et femmes] étaient en train de déclarer que l’initiative des actions et la passion étaient du côté des pacifistes et des résistants. »

Les Berrigans dénoncèrent la hiérarchie ecclésiastique responsable de la sacralisation de la nation, du gouvernement, du capitalisme, de l’armée et de la guerre. Ils firent valoir que la fusion de l’autorité séculière et de l’autorité religieuse serait la fin de l’Église en tant qu’institution religieuse. L’archevêque de New York de l’époque, le cardinal Francis J. Spellman, aspergea d’eau bénite les bombardiers B-52 et bénit les avions de guerre avant leurs missions au Vietnam. Il décrivait le conflit comme étant une « guerre pour la civilisation » et « la guerre du Christ contre le Vietcong et le peuple du Nord Vietnam ».

Phil Berrigan, le premier prêtre à faire de la prison pour avoir protesté contre la guerre, célébrait la messe pour ses compagnons de détention. Pour la première fois, les messes étaient très fréquentées. En réaction, le cardinal de Baltimore retira ses fonctions sacerdotales à Phil Berrigan. Les messes célébrées ensuite par un prêtre missionné spécifiquement pour remplacer Phil Berrigan furent boycottées par les détenus. « Il semblait y avoir un lien, trop subtil pour être compris par les personnes au pouvoir, mais évident pour les prisonniers, entre l’eucharistie et un prêtre qui était leur compagnon de cellule », écrit Dan Berrigan.

« En résumé, en cette période de crise, l’Église avait servi la culture » [dominante]. Dans son ouvrage Pas de prison pour l’humanité, Dan Berrigan écrit : « Lorsque la société guerrière en eut terminé avec le procès d’un prêtre non-violent qui se révoltait, l’Église s’est à son tour attaquée à lui, la double peine religieuse s’ajoutant au châtiment laïque. En effet dans ce cas, le Christ a bien fait cause commune avec César ; la religion a prêché une nouvelle croisade, une guerre douteuse et cruelle. L’Église s’est pratiquement confondue avec les légions ». Les croyants, écrit Berrigan, devraient être heureux de « vivre et de mourir hors les murs ; ce sont des hommes [et des femmes] sans pays ni église. Ils peuvent fuir la nation ou dépérir en prison ; la malédiction de l’inquisiteur pénétrera dans les prisons pour les frapper. »

50 ans se sont écoulés depuis Catonsville, et pourtant, le plus souvent inaudible, sans prévenir,, le battement sourd et incessant des manifestations religieuses non-violentes contre la machine de guerre continue. Elizabeth McAlister, membre de Jonah House [La maison de Jonas, NdT] à Baltimore, veuve de Phil Berrigan, ainsi que le prêtre jésuite Steve Kelly et les membres du Catholic Worker Movement Carmen Trotta, Clare Grady, Martha Hennessy (la petite-fille de Dorothy Day, cofondatrice du Catholic Worker Movement), Mark Colville et Patrick O’Neill seront jugés au printemps prochain pour intrusion dans la base sous-marine navale de Kings Bay à Sainte-Marie, en Géorgie,pour avoir manifesté contre notre arsenal nucléaire.

Les militants ont pénétré dans la base le 4 avril 2018, jour du 50ème anniversaire de l’assassinat du Dr Martin Luther King Jr., lui qui tonnait contre la « trinité maléfique du militarisme, du racisme et du matérialisme ». Ils portaient des marteaux et des biberons de leur propre sang en vue de souiller les bunkers où étaient stockés les armes nucléaires. L’installation navale de Kings Bay est la plus grande base de sous-marins nucléaires au monde. Quatre d’entre eux ont été libérés sous caution et sont obligés de porter des bracelets. Kelly, Colville et McAlister, qui ont fêté leurs 79 ans le mois dernier en prison, sont toujours incarcérés au centre de détention du comté de Glynn.

Dan Berrigan est revenu sur l’incendie des archives de la conscription de Catonsville dans son ouvrage To Dwell in Peace: an Autobiography [Vivre en paix : Une autobiographie] :

Cet acte était pitoyable, une toute petite fusée éclairante au milieu des feux dévorants de la guerre. Mais Catonsville fut comme un contre-feu, une flamme,pour contenir et venir à bout d’un plus grand incendie…

Pour le reste de notre vie, les feux ne s’éteindraient jamais, dans les cœurs et les esprits, dans les bureaux de conscription, dans les prisons et les tribunaux. Une flamme nouvelle, comme celle de la Pentecôte, s’est allumée dans les regards morts et vides d’ espoir…

« Il n’y a rien à faire ! » Combien de fois avons-nous entendu ce cri, le cri ultime de l’homme, de son âme, de la liberté. Mais en vérité, on pouvait faire quelque chose, cela l’a été. Et cela le serait.

Nous avions retiré une abomination de la terre. C’était comme si, d’un bout à l’autre du pays, une série de foyers avaient été allumés. Le premier n’était pas plus grand qu’une lueur de bougie. Mais de colline en colline, lentement au début, puis tel un feu de forêt, franchissant failles et vallées, le feu se répandit…

Au cours des années qui ont suivi, à peu près soixante-dix bureaux de conscription furent forcés dans tout le pays. Leur contenu fut déchiqueté, saccagé, caché, brûlé, dispersé aux quatres vents. Dans un des cas, les dossiers furent renvoyés par voie postale à leurs expéditeurs, accompagnés d’une note exhortant le candidat sélectionné à refuser de servir.

Ce matin-là, nous nous sommes trouvés au point de bascule. Nous ne savions rien de ce qui suivrait, nos actions en inspireraient-elles d’autres à reprendre le flambeau, réveilleraient-elles leur détermination ? Nous n’avions qu’une vague idée des conséquences…

L’action était terminée. Nous étions en garde à vue dans l’arrière-salle de la poste de Catonsville, sous le choc et soulagés à la fois, avec le sourire vertueux et béat des gargouilles. Trois ou quatre responsables du FBI sont entrés en roulant des mécaniques. Leur chef, le modèle mâchoire carrée , nous examina depuis le seuil de la porte. Son regard d’aigle s’éclaira dès qu’il aperçut Philip, et il se mit à rugir : « Encore lui ! Bon Dieu, je change de religion ! »

Je n’aurais pu imaginer un plus bel hommage à mon frère.

Source : Truthdig, Chris Hedges, 31-12-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

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obermeyer // 08.02.2019 à 09h53

Kokoba : « L’amérique reste une démocratie . si la guerre est injuste , le peuple ne l’acceptera que jusqu’à une certaine limite » . Ha bon , l’Amérique est une démocratie ? ( pouvoir du peuple , pour le peuple , par le peuple ) . Le peuple anti guerre injuste ? Mais où avez vous vu les USA participer à une guerre juste , allez pour être sympa je dirais depuis la seconde guerre mondiale ? Vous ne lisez pas « les crises » ? En ce cas je vous conseille également investig action , le blog de Michel Collon, ou chroniques du grand jeu sur la géopolitique . Il n’y a plus de conscription car ça coûte cher et c’est inutile aujourd’hui , les grandes puissances ayant de grands arsenaux bondés d’armes de destruction massive. Le problème est justement que la propagande n’a plus aucune limite !

14 réactions et commentaires

  • Louis Robert // 08.02.2019 à 06h38

    « La lutte contre le mal radical et monstrueux qui domine nos vies – un mal qui détruit rapidement la terre et pousse l’espèce humaine vers l’extinction, nous dépouille de nos libertés et droits civils fondamentaux, mène une guerre sans fin et renforce la richesse obscène d’une élite oligarchique à nos dépens – ne sera menée que si la résistance, quelque inutile, sans importance et même auto-destructrice qu’elle puisse paraître, peut mettre en marche des forces morales et spirituelles qui irradient vers l’extérieur pour inspirer les autres, même ceux qui viennent après nous. C’est, par essence, un acte de foi. Rien moins que cette foi ne nous soutiendra. Nous résistons non pas parce que nous réussirons, mais parce que c’est juste. La résistance est l’acte de foi suprême. »

    « GILETS JAUNES, VICTIMES D’UNE JUSTICE D’EXCEPTION – DAVID LIBESKIND »

    https://www.lemediatv.fr/lentretien-libre/gilets-jaunes-justice-dexception/

    « Gilets Jaunes, Robe Noire et citoyens même combat »

    https://m.youtube.com/watch?v=Fr108ZbCr1g

    « Gilets Jaunes et Robes Noires »

    https://m.youtube.com/watch?v=bzOVK4wLUHE

    « Robes Noires et Gilets Jaunes— Officiel»

    https://m.facebook.com/groups/979317812455821/

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  • astap66 // 08.02.2019 à 08h11

    Bernard Friot dit sensiblement la même chose dans sa conférence à Nantes, le 21 janvier dernier (Voir plus précisément à 2:51:10) : https://www.youtube.com/watch?v=okt5FOPoqsA
    A un moment de son histoire, le christianisme a été révolutionnaire.
    Comme Friot le dit très bien: quand on a renoncé à s’opposer aux puissants, on devient solidaire de victimes. Quand on a renoncé à être révolutionnaire, on devient dénonciateur du capital…

      +6

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  • Narm // 08.02.2019 à 08h26

    oui Louis Robert, leur déclaration, si on changeait un peu les mots (je n’ai pas osé le faire) s’appliquerait totalement aujourd’hui pour l’interieur, comme pour l’extérieur du pays.
    rappel d’une promesse intenable d’EM en 2017 : plus un SDF dehors avant la fin de l’année !

    « Toutes nos excuses, chers amis,

    d’avoir semé le désordre en brûlant des documents

    plutôt que des enfants, pour avoir provoqué la colère des officiers

    dans l’antichambre du charnier

    Nous n’avons pas pu – Dieu nous aide – faire autrement,

    Car nos cœurs souffrent

    Nos cœurs ne nous laissent pas en repos à la pensée du Pays où brûlent les enfants

    Nous disons : tuer, ce n’est pas dans l’ordre des choses

    la vie, la douceur, la communauté des hommes et l’absence d’égoïsme,

    voilà l’unique ordre que nous reconnaissions…

    Combien de temps les ressources du monde devront-elles

    être violées au service du massacre légal ?

    Quand, à quel moment allez-vous dire non à cette guerre ?

    Nous avons choisi de dire,

    par le don de notre liberté,

    de notre vie, si nécessaire :

    la mort s’arrête ici et maintenant,

    le mensonge s’arrête ici,

    cette guerre s’arrête ici … »

      +6

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  • Kokoba // 08.02.2019 à 08h29

    Des opposants qui s’introduisent dans un bureau et brulent des papiers ?
    Imaginez si des gilets jaunes faisaient un truc comme çà la réaction du gouvernement et des médias.
    Cà hurlerait au terroriste, factieux, ultra-violent…

    Plus sérieusement, l’histoire du Vietnam est toujours intéressante à rappeler.
    Les Américains n’ont pas perdu la guerre sur le terrain mais ils ont été obligé d’arreter parce qu’ils étaient quasiment en guerre civile.

    Malgré tout ce qu’on dit, l’Amérique reste une démocratie. Et une démocratie n’est pas faible contrairement à ce qu’en dit généralement l’élite. Si une guerre éclate, une démocratie sait mobiliser ses forces et être efficace et coriace.
    Mais çà, c’est uniquement à la condition que la guerre soit juste.

    Si la guerre est injuste, le peuple ne l’acceptera que jusqu’à une certaine limite. Si ses enfants doivent aller mourir à l’autre bout du monde pour le plaisir de l’oligarchie, il va rapidement y avoir des problèmes.
    La propagande a ses limites (encore une fois, dans une démocratie).

    D’ailleurs, l’oligarchie a bien compris le problème et il n’y a plus de guerre de conscription aujourd’hui (pour les pays occidentaux).

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    • obermeyer // 08.02.2019 à 09h53

      Kokoba : « L’amérique reste une démocratie . si la guerre est injuste , le peuple ne l’acceptera que jusqu’à une certaine limite » . Ha bon , l’Amérique est une démocratie ? ( pouvoir du peuple , pour le peuple , par le peuple ) . Le peuple anti guerre injuste ? Mais où avez vous vu les USA participer à une guerre juste , allez pour être sympa je dirais depuis la seconde guerre mondiale ? Vous ne lisez pas « les crises » ? En ce cas je vous conseille également investig action , le blog de Michel Collon, ou chroniques du grand jeu sur la géopolitique . Il n’y a plus de conscription car ça coûte cher et c’est inutile aujourd’hui , les grandes puissances ayant de grands arsenaux bondés d’armes de destruction massive. Le problème est justement que la propagande n’a plus aucune limite !

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      • Kokoba // 08.02.2019 à 14h24

        Ho, je comprends ce que vous dites.
        Je suis le 1er critique des USA et de toutes le saloperies qu’ils ont fait depuis la 2nd guerre mondiale (ou même avant).

        J’essaye juste de mettre une nuance sur ce qu’il est possible d’obtenir d’un peuple contre son consentement.
        Le Vietnam a prouvé qu’il y avait des limites.

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        • rolland // 10.02.2019 à 19h40

          Autre époque, autres guerre(s)…
          Il semble que celles qui nous préoccupent aujourd’hui sont autant militaires qu’économiques qu’informatives et pour ce qui est des libertés, je vous laisse voir le contexte Français.
          La plupart des gens ont compris ou alors ressentent assez fortement la guerre principale qui est en cours seulement cette guerre des 1 % contre les 99 %, qui n’avoue pas son nom, est donc à mille lieux au bout du compte de dévoiler son projet et ses objectifs, ce qui vous en conviendrez dès lors que l’on évalue la situation et l’état du vivant de nos jours, ne laisse que peu d’espoir quant au fait que ces gens travailleraient dans le bien et l’intérêt de l’humanité.
          J’ajoute ce lien qui pourrait en intéresser plus d’un je pense……et j’espère. https://www.youtube.com/watch?v=XnoTNKVwmy4
          B à V

            +1

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    • Graindesel // 08.02.2019 à 12h56

      « l’Amérique reste une démocratie. »

      Ça, c’est une nouvelle vraiment nouvelle.

      Voyons… 1963, coup d’État, 1968, coup d’État, 2000 coup d’État, 2016 coup d’État suivi d’un conte-coup d’État.

      Coups d’Etat… démocratiques…

      « Les Américains n’ont pas perdu la guerre sur le terrain  »

      Voyons… prise de Saïgon, fuite précipitée en hélicos… tout était donc planifié!

      « Si une guerre éclate, une démocratie sait mobiliser ses forces et être efficace et coriace. »

      Oui, comme la France au Sahel, embourbée pour dix ans… ou plus… selon les militaires.
      J’oubliais la France n’est pas une démocratie, mais une monarchie-dictature élective.
      Ceci expliquant cela.

      « Mais çà, c’est uniquement à la condition que la guerre soit juste. »

      Exemple(s)?

        +5

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      • Kokoba // 08.02.2019 à 14h30

        Comme exemple de démocratie engagée dans une guerre que leur peuple considère comme juste je peux vous citer :
        – la France de 1914
        – les USA de 1941

          +1

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    • Louis Robert // 08.02.2019 à 13h13

      Kokoba,

      N’idéalisons surtout pas l’Empire prédateur et totalitaire…

      La guerre trompeuse, mensongère, barbare et en tous points criminelle du Vietnam fut celle de ma génération. Elle ensanglanta, blessa, mutila, tua, détruisit notre jeunesse. L’Empire se déchaîna contre nous, dissidents, opposants et résistants, civils et militaires. Seul l’héroïsme de ces braves très minoritaires permit alors d’échapper au carnage. Des dizaines de milliers de fiers patriotes, civils et militaires aussi, durent fuir, s’exiler, abandonner leur patrie, leur nationalité, famille et amis.

      Au Vietnam, l’Empire fut non seulement vaincu moralement et militairement, déshonoré, mais son plan de renouveau social fut ruiné, le plan de « Great Society» sous Johnson abandonné. À ce jour, tentant de réduire ses pertes, notamment en retirant ses troupes, l’Empire ne peut plus que rêver en vain de retrouver sa grandeur d’antan sous un Trump…

      Leçons amères.

      Vous avez raison, dans l’Empire, ce pourquoi on est maintenant prêt à mourir se fait de plus en plus rare.

        +4

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  • gotoul // 08.02.2019 à 10h30

    Chris Hedges dans un documentaire sur Arte en ce moment : » Trump et le coup d’État des multinationales ».
    Il y est entre autre dit que les multinationales ont commencé à prendre le pays depuis les années70. De Reagan à Trump, tous les présidents dans le même panier.

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  • Consolo // 10.02.2019 à 12h05

    Merci pour ce texte et cette histoire.
    A mes yeux l’un et l’autre des plus révolutionnaires qui soient.
    S’opposer à son échelle à un mal collectif donné en pariant de manière stratégique que les conséquences seront porteuses pour tous et à long terme, voilà en effet, une résistance de choix dans un monde court termiste ayant perdu le sens du bien commun, du lendemain et du bonheur.

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  • gotharte // 11.02.2019 à 11h02

    Et j’espère qu’ils croient encore que les millions d’asiatiques massacrés par les Communistes leur disent merci de l’autre bord pour le désengagement des USA, les laissant aux mains de ces hordes de fanatiques. Parce que sinon, ça en fait des remords…

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