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11.novembre.201711.11.2017 // Les Crises

Le « Nobel », l’économie et les neurosciences, par Frédéric Lordon

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Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 3-10-2017

En plus d’être celle des marrons, l’automne serait-il également la saison des petits pâtés éradicateurs-scientistes ? 2016 nous avait gratifiés du « négationnisme économique » de Cahuc et Zylberberg qui entrait incontestablement dans la catégorie, avec même, disons-le, une légère tendance à la déjection. Sans aller jusque-là, 2017 sera-t-elle, avec Bronner et Géhin (1), l’année de la sociologie — ou disons de la sociologie du Point ?

Économistes nettoyeurs ou sociologues de régime, dans les deux cas les épistémologues du dimanche sont lâchés. Pour l’économie, ça n’avait rien d’une nouvelle. Nous savons maintenant que ça « gagne ». En réalité c’est moins une affaire de disciplines différentes que d’inclinations communes à déclarer, au nom de la science, toute contestation de l’ordre social égarée, et ce dernier, partant, irréprochable. Avec bien sûr tout ce que cette folle prise de risque emporte de justes rétributions matérielles et symboliques — jusqu’à toucher la main du roi.

On voit sur Internet des montages mettant en vis-à-vis des portraits de Bourdieu et de Gérald Bronner, énorme blague suggérant qu’il pourrait y avoir le moindre plain-pied, même polémique, entre celui qui fut peut-être le plus grand sociologue du XXe siècle et l’ambianceur sociologique du macronisme et de la presse de droite. Car c’est là toute l’ironie d’une opération qui, finalement semblable à celle des économistes de 2016, et identiquement compromise avec tous les pouvoirs temporels, n’hésite pourtant pas à donner des leçons de « neutralité axiologique », ce lieu commun épistémologique dont la date de péremption ne peut normalement pas excéder la fin d’un L2, et qui veut faire croire que les sciences sociales ont pour règle quasiment morale de demeurer dans une parfaite virginité politique. Cette façon particulièrement indigente de poser le problème — lui réel et profond — des rapports de la science sociale et de la politique n’a en réalité pour fonction que d’orchestrer la dénonciation du « biais » des autres — « idéologique » bien sûr. Quant à la neutralité, de Cahuc-Zylberberg à Bronner, qui pourrait avoir à l’idée de poser la moindre question ? : toute leur trajectoire parle pour eux…

On notera au passage, et peut-être sans surprise, la remarquable convergence en cette matière de la sociologie médiatique et du discours médiatique lui-même, l’antinomie des « sociologues scientifiques » et des « sociologues militants » faisant parfaitement écho à celle, signée du chef Décodeur, des « journalistes neutres » et des journalistes… « militants » (2). Quand un sociologue se met à avoir l’épistémologie spontanée du Decodex, il est normalement temps de commencer à se poser quelques questions.

On aurait beaucoup voulu faire l’économie d’avoir à seulement mentionner l’ouvrage de Bronner et Géhin, mais voilà que le prix Nobel d’économie est attribué à Richard Thaler, figure de la Behavioral Economics (économie « comportementale ») et promoteur de ce mouvement qui voit la convergence de l’économie et des neurosciences— mirifique idée qui fait battre des mains les deux sociologues scientifiques : car, les agents passés au scanner pour avoir le fin mot de leurs actes, qui pourra objecter à la scientificité de la science, à part les derniers « sociologues militants » ? Que les auteurs ne s’avisent pas du caractère légèrement contradictoire de leur entreprise qui consiste — « contre Bourdieu »… — à restaurer une sociologie du libre-arbitre avec les moyens des neurosciences, où s’affirme pourtant le déterminisme le plus intransigeant, n’est que la plus anecdotique de leurs bévues intellectuelles (même The Economist, peu suspect de « structuralisme », s’était aperçu du problème il y a plus de dix ans…) — sans doute escomptent-ils, armés maintenant des grands pouvoirs de l’IRM, trouver enfin dans les replis du striatum ou du lobe pariétal la vraie glande de l’autonomie individuelle, là où la science phrénologique, bien intentionnée mais un peu nigaude, aurait cherché la bosse du libre-arbitre. Mais en réalité ils le disent déjà presque…

Lire aussi Pierre Bourdieu, « Pour un savoir engagé », Le Monde diplomatique, février 2002.Si vraiment la chose était nécessaire, la fortuite conjonction Thaler-Bronner-Géhin nous rappelle combien il y a lieu de s’inquiéter du fléau des neurosciences s’emparant des sciences sociales, avec la complicité active des convertis de fraîche date, et la complicité passive des journalistes pour qui rien de ce qui est « moderne » ne saurait décevoir. Le texte qui suit date de 2010. On se doute qu’il est loin d’épuiser le problème des « neurosciences du social », qu’il n’aborde d’ailleurs que du point de vue de l’économie, et sans rien dire de leurs apports réels — en fait des plus faibles — à l’intelligibilité des faits sociaux. Mais il est peut-être déjà suffisant pour rappeler au moins qu’il ne suffit pas de passer des cobayes à la tomographie à émission de positrons pour faire de la bonne science sociale en général, ni comme le croit Libération, de remettre de la « psychologie » dans la discipline économique pour la rendre plus « humaine » (3).

Avertissement

Ce texte est celui d’une intervention faite au congrès de l’Association française d’économie politique de 2010. Il a donc été écrit pour une circonstance universitaire et adressé à des universitaires. Ceci pour que le lecteur non-universitaire ne soit pas surpris de ne pas y trouver son compte (voire de l’y trouver encore moins que d’habitude !)

***

Dans un article écrit au début des années 90, Edmond Malinvaud redoutait que les économistes finissent par être pris comme objets par des sociologues (4). Il semblerait que nous y sommes… Car la crise crée les conditions d’une expérience de socio-épistémologie en vraie grandeur à l’échelle du champ tout entier, en posant implicitement la question : combien de temps la théorie néoclassique peut-elle résister à ça ?

L’hétérodoxie pour sa part se tromperait lourdement en imaginant que cette faillite générale va la couronner par le fait — comme souvent les cartes se rebattent entre dominants. Si l’hétérodoxie cependant veut savoir contre quoi elle va avoir à lutter, ce qui va changer et ce qui va rester, et quel parti tirer de cette conjoncture inédite, il est utile d’anticiper la direction des remaniements en cours, de se munir de quelques concepts, et puis aussi de repartir du début. De ce point de vue on ne se lasse pas de cette phrase de Michael Jensen qui offre un point de départ toujours aussi robuste — et toujours aussi drôle : « Il n’est pas de proposition en économie plus solidement confirmée que l’hypothèse d’efficience des marchés financiers » (5). Pour comprendre comment on a pu en arriver à pareil désastre intellectuel, il faut sans doute repartir de cette phrase célèbre de Kant selon laquelle « Dans toute théorie particulière de la nature, il n’y a de scientifique au sens propre du mot que la quantité de mathématique qu’elle contient », phrase aux effets assez paradoxaux puisque, si fort peu d’économistes orthodoxes sans doute la connaissent, tout se passe comme si la plupart en avaient été marqués de manière indélébile, au point qu’on peut probablement la tenir pour l’énoncé numéro un de la philosophie spontanée des savants en usage chez les économistes — énoncé que l’on pourrait d’ailleurs reformuler en paraphrasant Marx : nous connaissons maintenant la substance de la scientificité, c’est la mathématique, nous connaissons la mesure de son intensité, c’est la quantité de mathématique.

Tombant sur des esprits si favorablement disposés que ceux des économistes, cette vision de la scientificité ne pouvait faire que des ravages. Il en est résulté peut-être la plus formidable erreur de métonymie de toute l’histoire de la science, les économistes prenant au pied de la lettre que la condition nécessaire (et surtout suffisante) pour faire science consistait en la seule mathématisation — mais alors à outrance. Prévenir cette tragique erreur qui aura consisté à prendre les attributs pour la substance, ou les signes extérieurs pour la consistance intérieure, aurait par exemple requis de méditer l’introduction que Georges Canguilhem rédige pour un ouvrage opportunément consacré à La mathématisation des doctrines informes, question qui semblait posée tout exprès à la « science économique ». Canguilhem y écrit notamment ceci : « Sa forme de doctrine n’empêche nullement une doctrine d’être in-forme au regard de l’information mathématique qu’une exigence de rigueur et d’extension réglée lui applique, non comme un revêtement qui la tolère intacte en la recouvrant, mais comme un réactif qui la juge en découvrant la pauvreté ou la richesse de sa problématique, la débilité ou le ressort latent de ses moyens de solution » (6). On pourrait croire ces lignes écrites à l’intention spéciale des économistes tant elles disent la situation épistémologique réelle de la discipline où le caparaçon de la forme travaille presque exclusivement à faire oublier l’indigence des contenus.

Le mirage de la « vraie science », dont la puissance fantasmatique est immense chez les économistes, met sur la voie d’une autre catégorie canguilhemienne, qui permet peut-être de donner sa qualification la plus précise à la situation épistémologique de l’économie : il s’agit de la catégorie « d’idéologie scientifique ». Il ne faut pas s’y tromper : Canguilhem n’a aucunement en vue l’envahissement du discours scientifique par des idéologies politiques ou le travestissement des idéologies en discours de science, et il ne s’agira pas ici de dénoncer une fois de plus les rapports de la théorie néoclassique et des politiques libérales. La catégorie d’idéologie scientifique est d’abord purement interne au registre de l’histoire et de la philosophie des sciences, et désigne « l’ambition explicite d’être science à l’imitation de quelque modèle de science déjà constituée (…) L’idéologie scientifique (…) est une croyance qui louche du côté d’une science déjà instituée, dont elle reconnaît le prestige et dont elle cherche à imiter le style » (7).

Cette formidable intuition conceptuelle est d’ailleurs presque en dessous de la vérité s’agissant des économistes standard, dont bon nombre ne se contentent pas de se croire des physiciens de l’économie, mais croient bien sincèrement y voir plus droit que la science sur laquelle ils louchent – après tout, la théorie économique n’est-elle pas parfaitement unifiée et ne saisit-elle pas dans son modèle unique aussi bien les marchés de produits dérivés de Chicago, les comportements productifs des agriculteurs subsahariens ou bien l’économie des comportements criminels et addictifs, là où la physique, la pauvrette, peine encore à unifier mécanique quantique et relativité générale.

Au-delà même de ce que Georges Canguilhem avait imaginé, l’économie ne fait donc pas que bigler : elle y ajoute le délire. Or, sans vouloir trop jouer de la paronymie, c’est dans le désir, ou dans un certain désordre du désir, qu’il faut chercher l’origine du délire — en l’occurrence dans le désir caractéristique d’une idéologie scientifique : le désir de faire science. On comprend dans le cas de l’économie qu’il ait mal tourné — en fait à proportion de ce qu’il a été excité. Car l’économie a été soumise comme aucune autre science sociale au démon de la tentation galiléenne : n’est-elle pas par excellence science social du quantitatif et science des rapports sociaux nombrés ? C’est du fait d’être fondamentalement monétaire que l’économie tient d’avoir un substrat immédiatement quantifiable. Aussi s’est-elle laissé aller à croire que la quantité épuisait l’être économique pour en conclure plus vite que son domaine de faits était légalisable en principe, c’est-à-dire que les nombres de l’économie pouvaient être saisis dans la structure universelle de leurs rapports fonctionnels — alias les « lois de l’économie » : s’il y a du quantifiable, il y a du mathématisable, et s’il y a du mathématisable, il y a du légalisable, tel a été le fantasme galiléen de la science économique.

S’il y a du quantifiable, il y a du mathématisable, et s’il y a du mathématisable, il y a du légalisable, tel a été le fantasme galiléen de la science économique

Mais voici qu’une gigantesque crise de l’objet, dégénérant en crise du discours sur l’objet, déstabilise par là-même son régime de désir épistémologique et semble en imposer un profond remaniement. Jusqu’où ce remaniement peut-il aller ? La réponse positive à cette question suppose d’identifier préalablement le nouvel hegemon en puissance, le candidat le plus probable à l’orthodoxie post-crise financière. Il est bien certain que la temporalité des renversements d’hégémonie dans les champs intellectuels est plus de l’ordre de grandeur de la décennie que du trimestre, aussi le résultat des courses ne sera-t-il pas connu avec certitude avant un moment. Il y a cependant d’assez bonnes raisons de parier qu’on peut d’ores et déjà répondre à cette question préalable : les nouveaux maîtres ce sera la Behavioral Economics (BE) — plus encore sous sa forme « neuro ». Si l’on admet cette hypothèse, on peut alors répondre à la question de savoir jusqu’où le « remaniement » peut aller, et la réponse est : pas loin. Il est à craindre en effet que la déposition de la théorie néoclassique par la BE laisse parfaitement intacte la forme même du désir de faire science pour n’en modifier que les contenus. Le changement de propriétaire sur le point de survenir dans le champ de la science économique n’aura vraisemblablement aucun pouvoir de guérir la discipline de son strabisme, simplement aura-t-il l’effet de la faire loucher dans une autre direction. Et, pour mêler les mots de Canguilhem à ceux de Kuhn, on ne pourra en aucun cas tenir pour une révolution scientifique au sens propre du mot un putsch interne voué à maintenir entièrement dans le régime général de l’idéologie scientifique — et à ne rien faire d’autre que troquer une idéologie pour une autre.

Mais laquelle ? Non plus la physique mathématique en ses structures axiomatiques, mais les neurosciences et leurs protocoles expérimentaux. La neurobiologie, voilà donc le nouvel horizon fantasmatique de l’économie qui, à forme invariante, continue de poursuivre le même désir de faire science mais par d’autres moyens… là où précisément il s’agirait de penser dans leur particularité les modalités de scientificité adéquates à des objets du monde social-historique. Or il ne faut pas s’y tromper : pour toutes ses profondes illusions épistémologiques, la nouvelle science économique dominante s’annonce déjà comme une hégémonie dont la puissance nous fera presque regretter le despotisme néoclassique. Et il est vrai que, sur le papier, cette nouvelle configuration de la science économique a tout pour elle, c’est-à-dire tout pour faire oublier sa véritable nature d’idéologie scientifique, peut-être même pour en réserver l’accusation rétrospective à la théorie néoclassique dont elle prétendra corriger toutes les erreurs historiques :

1) « Nous revenons enfin à l’esprit des Pères fondateurs ! » Car la BE revendique explicitement de refaire l’alliance de l’économie et de la psychologie de la première économie politique. « L’apport réel d’Adam Smith a été tragiquement escamoté par la théorie néoclassique, nous allons réparer cet oubli ». Solidaire de La richesse des nations, prise à tort pour une simple matière à formalisations walrassiennes, il y avait la Théorie des sentiments moraux et l’idée que des forces passionnelles, celles notamment de la quête de reconnaissance, donnent aux comportements économiques leur force motrice de dernière instance.

2) Et voilà qu’un si bel élan permet d’embrasser toutes les étapes marquantes de l’histoire de la pensée et d’en redécouvrir les joyaux injustement méconnus : Keynes, par exemple, n’a-t-il pas dit lui aussi des choses très profondes en cette matière ? Comme on sait, les « esprits animaux » sont devenus l’un des points de ralliement de la BE (8). Conceptuellement on n’a toujours pas la moindre idée de ce que c’est, mais on pressent que c’est très intéressant — et c’est vrai, ça l’est ! Le geste d’ensemble ne manque donc pas d’ampleur qui permet de se réapproprier toute l’histoire de la pensée en vérité dans une relecture qui exhume la vraie tradition injustement oubliée — opération en général promise à de très hauts rendements intellectuels par revendication du retour aux sources et aux origines.

3) Tradition et modernité : « nous relisons les Pères fondateurs mais nous passons aussi les cobayes au scanner ou à la tomographie à émission de positrons ». Le grand déplacement épistémologique de la BE est donc celui qui, abandonnant l’apriorisme axiomatique, engage l’économie dans un devenir science expérimentale — et là aussi les bénéfices intellectuello-institutionnels de la manœuvre s’annoncent immenses. Finies les invraisemblables contorsions de l’instrumentalisme méthodologique à la Friedman. La BE revendique ostensiblement la posture du réalisme.

C’est probablement là son arme la plus puissante contre la théorie néoclassique à propos de laquelle naît parfois la tentation d’une expérience de réalité qui aurait pour lieu par exemple l’EHESS et où l’on sommerait les économistes de raconter à leurs autres collègues de la maison, mais en langue naturelle, ce que leurs modèlent transfigurent si bien en langue mathématique, occasion rêvée de mesurer, selon le vœu de Canguilhem, qu’il vaut de citer à nouveau, « la pauvreté ou la richesse des problématiques [de l’économie], la débilité ou le ressort latent de ses moyens de solution ». En tout cas c’est un déplacement stratégique qu’effectue là la neuro-BE avec pour premier effet de désingulariser la science économique et de dissiper l’étrangeté qu’elle faisait naître immanquablement dans le regard des autres disciplines, toujours légèrement perplexes de découvrir la teneur de ses axiomes et leur rapport extrêmement bizarre avec les comportements économiques réels. Or, « la réalité des comportements », c’est précisément ce que la BE revendique par son appellation même et dont elle dit faire son absolu point de départ. Vu de loin, il s’opère donc une sorte de normalisation épistémologique qui semble ramener l’économie au canon raisonnable de la scientificité dans lequel la formulation des hypothèses ne peut pas mépriser au-delà d’un certain point l’observation élémentaire. Mais vu de loin seulement : car la violence du swing entraîne la BE dans un empirisme pur où tout pouvoir est rendu à l’induction et à elle seule, sorte de régression pré-poppérienne, et il faudrait même dire pré-kantienne. Comme on sait, il n’y a pas pire régime de l’apriorisme que la dénégation de l’apriorisme, porte ouverte à tous les apriori mais implicites, inconscients et soustraits à tout contrôle intellectuel.

Lire aussi Cécile Marin, « Économie : un foisonnement d’écoles de pensée », Le Monde diplomatique, septembre 2016.Il est peu probable que ce genre d’objections empêche la BE de tirer tous les profits de sa renormalisation scientifique, et ceci d’autant moins que la voilà solidement adossée à tout l’édifice des neurosciences dont non seulement la scientificité est « hors de toute question », mais qui est évidemment le plus formidable partenaire d’alliance qu’on pouvait rêver, et dont l’avenir institutionnel s’annonce des plus prometteurs. Voilà donc que se profile quelque chose comme une « science intégrée du vivant en société », continuum disciplinaire qui englobera en les fondant dans une unique matrice la neurobiologie, la psychologie, l’économie et toutes les autres sciences sociales praxéologiques — seule l’histoire pouvant éventuellement espérer rester à l’écart, et encore : pourquoi pas d’audacieuses recherches sur le cortex orbito-frontal de Hitler ou le striatum de Staline ?

Dans cette affaire, c’est une fois de plus le mot « sociales » dans « sciences sociales » qui tombe à l’eau, pour le coup sur le même mode que dans la théorie néoclassique à laquelle la BE emprunte bon nombre de ses situations, notamment celles de la théorie des jeux. Un ouvrage de synthèse récent pose dans l’un de ses chapitres la question de savoir si la neuroscience est sociale, et montre qu’on peut absolument répondre oui après avoir fait jouer les agents à shi-fu-mi ou bien au jeu de l’ultimatum. Voici par exemple l’un de ses commentaires qui ne laisse pas d’étonner : « ce sont dans des groupes de population très pauvres à niveau d’éducation faible, comme les paysans du Machiguenga au Pérou, que le comportement des individus se rapproche le plus de celui de la rationalité individualiste de la théorie des jeux. Ce fait n’est paradoxal qu’en apparence. Il est clair que la théorie des jeux s’est d’abord construite sur la base du schéma logique le plus élémentaire, qui correspond précisément à un degré de socialisation moins avancé ». Il faut bien reconnaître qu’on est un peu submergé par tout ce qui se dit en si peu de lignes, où l’on apprend : i) que les paysans pauvres du Pérou relèvent « du degré de socialisation le moins avancé », énoncé où le contresens anthropologique le dispute au racisme social, peut-être même au racisme tout court ; ii) que ce sont les populations les plus frustes qui réalisent la meilleure approximation du modèle comportemental de la théorie des jeux — et pour le coup voilà un vrai paradoxe ! ; iii) et où l’on découvre enfin jusqu’où peut aller l’ignorance des normes sociales et même de ce qu’est le social tout court, comme l’atteste cette autre perle : « les récents acquis de la neurobiologie font progresser dans la voie d’une meilleurs intégration de cette sociabilité intersubjective », où « sociabilité intersubjective » est l’oxymore parfait (et parfaitement inaperçu) : car le social, ça n’est pas la présence d’autres individus ; le social c’est la présence de la société – présence de la société en les individus et entre eux.

Dans cette affaire, c’est une fois de plus le mot « sociales » dans « sciences sociales » qui tombe à l’eau

Pour finir, et comme ce colloque se situe à l’intersection du scientifique et du politico-institutionnel (évidemment réputée vide par les dénégations de la théorie standard), il est utile d’ajouter un mot d’une autre nature. Il n’est pas de réflexion d’ensemble sur la théorie économique qui ne pose le problème de ses rapports avec les pouvoirs, économiques ou politiques. De ce point de vue, on sait très bien quels ont été ces rapports dans le cas de la théorie néoclassique, et quelle place elle a prise dans le bloc hégémonique du capitalisme néolibéral. N’allez surtout pas imaginer que, revenant au laboratoire de tomographie, la BE ferait ipso facto retour à la science tour d’ivoire, éloignée de tout. À ceux qui avaient déjà trouvé hideuse la commission de la théorie néoclassique aux politiques néolibérales, il faut malheureusement annoncer qu’ils n’ont probablement encore rien vu. Car là où la théorie néoclassique ne s’amusait qu’avec les politiques macroéconomiques, la neuro-BE, science de l’homme unique et définitive, aura nécessairement pour destination de s’en prendre à l’homme. Conformément au projet néolibéral de refabrication des subjectivités, la BE servira de corpus scientifique à toutes les entreprises de manipulation des émotions et de conditionnement psychique subordonnées à la valorisation du capital. Pour ceux qui seraient tentés de croire qu’il n’y a là que vaticination plus ou moins fumeuse, je signale que le programme est déjà à l’œuvre : la neuroéconomie envahit les salles de marché, façonne les nouveaux procédés du marketing, des grandes entreprises telles que BT et Rolls&Royce ont déjà introduit des « programmes de santé mentale ». Des cabinets de conseil apparaissent qui répondent aux noms évocateurs de Corporate Psychology and Mental Fitness ou bien Neuroleadership Institute, dont voici en passant les domaines d’excellence tirés de son prospectus même :
Decision making and problem solving,
Collaborating with others,
Facilitating change,
Et le meilleur pour la fin : staying cool under pressure — on ne pourra donc pas dire qu’on ne savait pas.

Voilà donc qu’armés de neuroscience, les psychologues se reconvertissent à grande vitesse en gourous du management, mouvement qui, comme on sait, ne date pas d’aujourd’hui mais s’effectue désormais avec de nouveaux moyens. Et les Behavioral Economists promettent de les suivre de près, eux qui revendiquent haut et fort l’alliance Neuro-Psycho-Éco : la théorie Kahneman-Tversky du framing n’est-elle pas déjà l’œuvre pour agencer des schémas d’anticipation bien faits pour empapaouter les salariés.

Avec un demi-siècle d’avance, Canguilhem, avec une rosserie peut-être excessive mais dont le fond de pertinence est inaltérable, posait déjà à la psychologie la question qui tue, question de son immanquable destin de science dévoyée, précisément en tant qu’elle est une science des conduites et de la modification des conduites, par là offerte à tous les projets de gouvernementalité en tant qu’eux-mêmes sont des entreprises de conduite des conduites (Foucault) : « Qu’est-ce qui pousse, demande Canguilhem, qu’est-ce qui pousse ou incline les psychologues à se faire, parmi les hommes, les instruments d’une ambition de traiter l’homme comme un instrument ? » (9) C’est à la philosophie, poursuit Canguilhem en substance, que revient de questionner la psychologie, discours sur l’homme revendiquant de s’être affranchi comme une science indépendante, séparée de toute philosophie, alors qu’elle est vouée à être une philosophie qui s’ignore, c’est-à-dire une mauvaise philosophie. Il est impossible ici de restituer l’argument dans son détail mais on peut au moins donner le coup de pied de l’âne, celui qu’appelle déjà la Neuro-psycho-économie comportementale telle qu’on la voit se mettre au service de tous les projets de manipulation, de normalisation et d’instrumentalisation : « C’est donc très vulgairement que la philosophie pose à la psychologie la question : dites moi à quoi vous tendez pour que je sache ce que vous êtes (…) Mais le philosophe peut aussi s’adresser au psychologue sous la forme — une fois n’est pas coutume — d’un conseil d’orientation et dire : quand on sort de la Sorbonne par la rue Saint-Jacques, on peut monter ou descendre ; si l’on va en montant, on se rapproche du Panthéon qui est le conservatoire de quelques grands hommes, mais si l’on va en descendant, on se dirige sûrement vers la Préfecture de police ».

Frédéric Lordon

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 3-10-2017

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Commentaire recommandé

TEROUINARD // 11.11.2017 à 08h51

Bonjour,
Je n’ai pas inventé l’eau chaude.
Carrière d’ouvrier métallurgiste n’y étant pas propice.
Cependant …
Peut être, juste une intuition, précoce.
F. Lordon confirme, brillamment, ma formule :
P+P+P = 3P :
Psychologie + Psychiatrie + Psychanalyse =
Police Patentée de la Pensée.
Tout ceci repris par l’Economie, ce qui fait que E = 3P.
Un peu de philosophie socratique aide à décortiquer la complexité et l’esbroufe, voire la perversion des « tenants » des sciences humaines.

90 réactions et commentaires

  • Valmeysien de Bouvines // 11.11.2017 à 06h47

    Je ne comprends pas comment Lordon peut voir dans la « neuro-BE » un mirage scientiste tout en lui attribuant des capacités « de manipulation des émotions et de conditionnement psychique ».
    Est-ce à dire qu’une science pourtant si ridicule serait capable de telles prouesses ?

    Que l’on craigne son application c’est une chose, mais est-ce que ce papier s’attaque a la validité de la discipline ou seulement à ses conséquences sociales et politiques ? Est-ce que distinguer les deux c’est déjà faire de « l’idéologie scientifique » ?

    Je ne connais pas la « neuro-BE » donc ne saurait me prononcer sur le fait de savoir si cette discipline réussit effectivement à prévoir les comportements.

    Si tel n’est pas le cas, l’auteur aurait mieux fait de mentionner ces échecs. Au lieu de ça on a ici une critique qui consiste à appeler à la vigilance du fait des conséquences sociales de la neuro-BE. Vigilance sans doute salutaire, mais qui ne permet pas de savoir si la discipline est valide en tant que telle.

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    • Loxosceles // 11.11.2017 à 09h10

      On trouve pas mal d’éléments critiques et sourcés, ici :

      http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/les-neurosciences-la-grande-171495

      Effectivement, les neurosciences se présentent comme la marotte scientiste de notre temps, et le simple fait qu’on les invoque à tout bout de champ pour parler de la résolution des problèmes humains devrait attirer l’attention et attiser la méfiance.

        +9

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    • Rémi // 11.11.2017 à 09h36

      La critique est d’autant plus étonnante que l’on peut considérer que l’intégration des neurosciences à la discipline permet d’ouvrir l’économie sur d’autres champs disciplinaires des sciences sociales. Or, les hétérodoxes font souvent la critique aux orthodoxes(les néoclassiques tenant de la pensée libérale) de faire de l’économisme, en ne s’ouvrant pas aux autres disciplines qui remettent en cause certaines de leurs hypothèses.
      Le nouveau prix Nobel Richard Thaler s’inscrit dans le cadre d’une certaine ouverture salutaire, d’autant qu’il est récompensé pour ses travaux sur l’irrationalité des agents économiques. Ce qui n’est pas sans importance, puisque au plan théorique une économie de marché ne peut fonctionner que si un des postulats de base de l’économie néoclassique est respecté: la rationalité des agents. Si les agents sont irrationnels, comme l’avait montré Keynes par exemple, en évoquant les comportements mimétiques, les esprits animaux, alors les marchés ne sont plus efficients. Ce qui ouvre la voie, et légitime, un retour de l’Etat, pour encadre fortement l’économie de marché. Il faut, dès lors, savoir sortir de la critique systématique, et souligner l’apport positif des neurosciences à la discipline et à la collectivité.

        +9

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    • Kesse // 11.11.2017 à 11h42

      Il faut transférer le problème à un autre contexte pour comprendre sa complexité. Remplacons les neurosciences, par les mathématiques.

      Vous appelez alors à critiquer les maths, ce qui est peine perdue … les mathématiques marchent. Le problème est plutôt dans l’application systématique des maths en économie.

      La science est humaine, et donc politique. Les structures de pression politique les plus fameuses sont: la revue des articles par les pairs (j’accepte que tu sois publié ou non, et il est de notoriété publique qu’un article original qui invalide les travaux dominants est bcp plus dur à publier), le recrutement par les pairs et la précarité des chercheurs.

      Maintenant, si vous ajouté à cela l’injonction d’utiliser un corpus théorique spécifique pour appartenir au sérail, vous donner une arme puissante pour le statut quo en faveur des chercheurs les moins innovants … Le type n’a aucune idée originale, il publie en égrenant son système d’équation, son modèle bayésien ou sa structure neuro-linguistique … recrutons-le … il continuera à publier régulièrement vu qu’il ne dérange rien ni personne.

      Enfin, la concentration des pouvoirs par une école de pensée néo-lib font de l’économie une pseudo-sciences sans débat. Le problème n’ést pas l’Économie est elle valide intrinséquement, mais l’économie telle qu’elle se pratique aujourd’hui est-elle encore une science?

        +9

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      • Valmeysien de Bouvines // 11.11.2017 à 23h45

        Kesse,

        « La science est humaine donc politique » et vous en inférer quoi exactement de ce constat ?

        J’entends que le reste de votre commentaire consiste, au fond, à détailler comment cette affirmation initiale s’illustre dans le monde de la recherche : difficulté de publier, domination d’une école de pensée etc…

        Mais alors que faudrait-il faire ?
        Quel doit être le critère qui nous permettrait de distinguer une proposition digne de recevoir l’autorité scientifique (publication dans une revue, octroi du titre de docteur etc…) d’une proposition qui n’en serait pas digne ?

        Est-ce à dire que, puisqu’une convention méthodologique serait impossible à formuler (car tout serait politique), il nous faudrait nous baser sur des critères politiques, éthiques et moraux ?

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        • kess // 12.11.2017 à 03h54

          Tout n’est pas noir ou blanc. Mais je sais que cela choque les gens, quand on commence à dire cela … « La science est humaine » (l’erreur aussi 😉 … car c’est la vérité la mieux partagée, mais c’est génant quand on en parle … en particulier en France ou les corporations scientifiques n’aiment pas descendre de leur pied d’estale pour débattre d’humain à humain. Ce non-dit participe à l’état des lieux déplorables de la recherche académique française … ne citons pas les têtes d’affiches. L’exception ne fait pas loi.

          La recherche prend la même voie que la sphère médiatique (hormis pour les sciences dont l’application est technologique) celle de la décrédibilisation … il serait intéressant d’étudier l’opinion des citoyens à ce sujet … Avez-vous confiance dans la science économique? dans la science politique? … par capillarité, même la biologie en prendrait pour son grade.

          Voilà ou j’en viens, la communauté scientifique devrait revendiquer le caractére humain de la science… Les sciences sociales n’existent pas si elles sont soumises à la productivité … Cela améne nécessairement à l’uniformisation et l’arret du débat … Il y aurait bien des systèmes qui permettraient de meilleurs choix, plutôt que les revues cotées … ms c’est un sujet complexe … pas assez de place

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          • Valmeysien de Bouvines // 12.11.2017 à 23h20

            Kesse,

            Vous n’avez pas répondu à la question que je me permets de reformuler : quel doit être le critère qui permettrait de distinguer un « bon » modèle d’un « mauvais » modèle ?

            J’ai compris que selon vous aujourd’hui le critère consiste à savoir si le modèle justifie l’ordre socio-politique dominant.
            J’ai compris que vous vous y opposiez. C’est très bien mais ça ne répond pas à ma question : comment vous faites pour valider ou non un énoncé, modèle, hypothèse etc.. si ce n’est sur des critères de méthode convenues entre les scientifiques ?

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            • kess // 13.11.2017 à 01h10

              Non, désolé Valmeysien, vous avez mal compris … Vous vous échigniez à réduire ce que je dis à vos catégories. Vous êtes un peu scientiste, et qui pourrait vous le reprocher quand toute la société vous pousse à l’être … c’est même valoriser dans la plupart des milieux.

              Bien sûr, dans le cadre d’une revue, je suis humain, j’utiliserai en premier lieu les critéres communs, partagés par mon milieu, et que je connais comme étant efficaces. Mais, si je m’arrêtes à ceux-là, c’est quelque fois par paresse (je fais la revue de un ou deux articles chaque mois), et le plus souvent parce que je trouve que l’article manque d’originalité et que les auteurs ont échoué à m’étonner (pourquoi y passer plus de temps).

              Dans les autres cas, les plus intéressants et les plus rares, hélas, j’abandonnerai volontiers les critères méthodologiques usuels pour essayer de comprendre ce que les auteurs disent, en tant qu’être humain et faiseur de science. Parce que la science ne peut pas être réduite à une méthodologie …

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            • kess // 13.11.2017 à 01h54

              Lisez Feyerabend, un auteur d’epistémologie très critiqué, et je vous avoue qu’il n’y a pas été avec le dos de la cuillère. Cependant, il a clos le débat et la tentative prométhéenne du cercle de Vienne de réduire la science à une méthodologie basée sur la falsifiabilité … tentative qui a conduit au scientisme séculaire dont vous êtes un peu victime. Tous les épistémologues ont critiqué (forcément, il tuait le boulot), mais il n’y a plus eu de travail epistémologique qui se voulait avoir une portée générale après lui … Les épistémologues sont revenus à la rationnalité en basant leur travail sur la description de cas particuliers en lien avec l’analyse historique (L’humain encore).

              La dernière critique fameuse vient de Nola et Sankey. Ils commencent par dire dans leur ouvrages: ‘pour quelques-uns, le débat sur la méthode scientifique est un débat du passé’ et ils enchainent sur le sujet de leurs livres: A selective survey of theories of scientific methods … A lire

              Je sais bien que c’est inquiétant de voir la science telle qu’elle est (ou devrait être) … libre, soumise aux croyances … mais si l’on veut réduire le poid des croyances, le seul moyen est d’admettre qu’elles existent … toujours et quoique l’on fasse pour les éviter. C’est ça qui fait que la science est passionnante, et non pas le fantasme de pouvoir de la pure rationnalité que projette le scientisme.

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            • kess // 13.11.2017 à 02h08

              Ma réponse est donc la suivante: il n’ y a pas à convenir de critéres définitifs d’évaluation de la science … Je n’ai pas de recettes à appliquer pour distinguer à coup sûr une bonne idée d’une mauvaise en science… J’ai mon savoir-faire et mon expérience d’humain.

              Le débat scientifique et le temps feront ou déferont les validations et critiques données en premiére instance … si les conditions s’y prêtent … si des apprentis savant fous n’ont pas réduit la science à une méthodologie …et cette réduction de la science n’aura jamais d’autres but que de servir des intérêts particuliers.

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            • Valmeysien de Bouvines // 13.11.2017 à 03h26

              Kesse,

              Il faut bien convenir de critère entre scientifiques pour évaluer ou non la validité d’un énoncé, sinon je ne vois pas très bien comment la délibération peut avoir lieu sans finir par un « vous avez vos critères, j’ai les miens, à chacun sa vérité. »

              Si les deux scientifiques (et au-delà en vérité) constatent que leur désaccord porte sur des questions de méthode alors que le débat porte là-dessus.

              Mais in fine ils doivent tout de même poursuivre le but de parvenir à une convention de méthode de sorte à pouvoir ensuite comparer leurs résultats en ayant suivi une méthode commune.

              Il ne s’agit pas pour moi de poser des critères définitifs, il s’agit simplement de réfuter l’idée que ces critères devraient se baser sur les conséquences sociales, morales politiques etc… du modèle que l’on jugerait.

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            • PierreH // 13.11.2017 à 11h23

              Mouais… Je suis un peu comme vous Valmeysien, quand ça part dans le « à chacun sa vérité » à propos de la science, je reste un peu sceptique… On dirait que le propos se concentre ici plutôt sur les sciences sociales, pour ce qui est de la physique la falsifiabilité est un critère plutôt sain sans lequel on fait autre chose que de la physique… Et ça n’est pas forcément mal, il faut juste être clair !
              Pour tenter de vous répondre, un article scientifique n’est pas (et ne sera jamais) bon parce qu’il est publié dans une revue prestigieuse. Il est bon « si il est bon »… Ce qui vous avance peu, certes… L’important c’est qu’il soit déjà reproductible, sinon on raconte ce qu’on veut (et croyez-le ou pas, les articles ne sont pas toujours 100% reproductibles !!). Ensuite c’est que les raisonnements proposés soient justes (là aussi on retrouve régulièrement des erreurs, non relevées par le comité de lecture). Au-delà de ça, ça devient plus flou: un article présentant une théorie qui se révélera fausse peut être plus intéressant que des articles explorant les conséquences peu excitantes d’une théorie juste, de par l’ébullition intellectuelle qu’il suscitera. L’intérêt de l’article peut même mettre 20 ans ou plus à sauter aux yeux de la communauté !

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            • PierreH // 13.11.2017 à 11h33

              En fait, pour compléter un peu, j’ajouterai que ce qui me semble important c’est de toujours garder conscience de la complexité du phénomène qu’on essaie de comprendre et de maintenir une certaine humilité quant à cette même complexité. Il est fréquent de voir une phénomène psychologique qui pousse les gens à se persuader qu’ils ont compris le phénomène « dans sa globalité » alors qu’ils n’en ont qu’un modèle, plus ou moins imparfait (parfois très imparfait…). « La carte n’est pas le territoire » comme dirait l’autre…
              Pour les phénomènes sociaux c’est particulièrement le cas, les briques élémentaires sont elles-mêmes des êtres humains, donc particulièrement complexes en eux-mêmes, et ils interagissent à des échelles immenses (millions de personnes) à travers des systèmes socio-politiques compliqués… Etudier ça c’est se condamner à galérer longtemps, c’est moi qui vous le dis -_- Mais même pour la médecine et la biologie en général c’est difficile et on voit passer pas mal de papiers avec des erreurs d’interprétations statistiques des résultats, des effets secondaires non anticipés à chaque fois, et j’en passe…

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      • Milsabord // 12.11.2017 à 11h02

        @ Kesse
        Remplaçons, dans votre texte, les mathématiques par la psychiatrie.
        La psychiatrie marche. Le problème est plutôt l’application systématique des neurosciences en psychiatrie (neurobiologie et psychologie cognitive), oubliant le versant psychopathologique.
        Il n’y a qu’à voir la propagande médiatique pour certaines pathologies à la mode : la dépression, l’autisme, qui constitue une véritable publicité paradoxale. Sous couvert de sensibiliser la population à ces pathologies, on offre un modèle socialement valorisé d’expression du mal de vivre de nos contemporains qui s’y reconnaissent comme dans un miroir. La médicalisation intensive de la souffrance morale occulte le déterminisme social de cette souffrance. Par exemple pour la dépression : la hantise de l’échec consubstantielle de la religion de la réussite propre à l’idéologie néolibérale.
        La psychiatrie est humaine, donc politique. Ce que vous dites des structures politiques de contrôle de la science est parfaitement valide pour la psychiatrie.
        La concentration des pouvoirs par une école de pensée néo-lib fait de la psychiatrie une pseudo-science sans débat. Le problème n’est pas : la psychiatrie est-elle valide intrinsèquement ?, mais : la psychiatrie telle qu’elle se pratique aujourd’hui est-elle encore une science ?

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        • Kesse // 12.11.2017 à 11h36

          Oui, je suis d’accord … tout cela n’est pas vrai que pour les maths et l’éco … la différence en médecine est la capacité de mesurer l’efficience … ms la psychiatrie est par excellence le domaine médicale qui échappe le plus à ce contrôle … car elle catégorise et d’une certaine manière « invente » la maladie (inventorie les symptômes).

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    • TuYolPol // 11.11.2017 à 17h13

      Pour faire court, je dirais que la question n’est absolument pas la réalité, la validité épistémologique du modèle neuroBE ou quel qu’il soit, mais tout simplement, tout bêtement, son potentiel de justification d’un ordre dominant gérable par ceux que l’on sait. Ça peut aider le business, c’est tout ce qui compte, et si ça plait aux médiocres c’est parfait. La vérité ? Seule la partie qui nous convient. On changera de chanson un jour ou l’autre mais on ne lâchera pas le morceau, tant qu’on aura la sono c’est notre musique.
      Mais j’adore le vitriol de Lordon même s’il se perd dans les sables.

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      • Valmeysien de Bouvines // 11.11.2017 à 23h35

        Tuyolpol,

        Si vous attaquez une discipline sur la base de l’ordre dominant qu’elle justifierait, vos coups risquent de ne pas porter du tout.

        Proposer un modèle (hypothèse, théorie, discipline etc…) qui permet d’expliquer des phénomènes et, mieux, de prévoir le comportement de l’objet étudié, et vous avez là un modèle qui sera reconnu et qui ne pourra être abattu que si l’on propose un autre modèle plus efficace en terme d’explication et de prédiction de l’objet étudié.

        Par contre, si vous n’avez pas de modèle plus efficace pour expliquer et prévoir, vous pouvez arguer du fait que le modèle dominant est « immoral » ou « injuste » cela n’attaque pas le modèle en son coeur mais ne fait que souligner qu’il faudrait limiter son application. Ce que je peux tout à fait accepter par ailleurs.

        Si on devait juger des travaux de scientifiques à l’aune de leur moralité, nous obtiendrions une science incapable d’innover du fait du contrôle social excessif qui s’exercerait sur elle.

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        • Sam // 12.11.2017 à 11h18

          Le modèle actuel, héritier de 200 ans de fumisterie économiste, a prouvé maintes fois qu’il était profondément inefficace, en plus d’être immoral ou injuste (Inefficace pour expliquer et prévoir, pas pour remplir les poches de quelques uns).

          Sinon que le modèle dominant est couvert par les dominants, leurs armées de clercs et autres experts, lémédia, …
          Même si demain vous arriviez avec le graal de la sociologie ou de l’économie, tout ce petit monde vous rirait au nez.

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          • Valmeysien de Bouvines // 12.11.2017 à 22h40

            Sam,

            Il va falloir que m’expliquiez ce que vous appelez « inefficace », « immoral » et « injuste ».

            Les deux derniers siècles sont, globalement, une réussite sans appel par rapport à ce qui a précédé : espérance de vie, explosion des connaissances, alphabétisation etc…

            Alors bien évidemment si on compare les deux derniers siècles par rapport à ce que l’on souhaite voir advenir mais qui n’existe pas encore, effectivement nous pouvons parler d’un modèle « inefficace », « injuste » etc…

            Mais si on observe un phénomène historique afin d’en juger la « moralité » ou « l’efficacité » alors il faut le comparer à ce qui précède afin de voir s’il s’agissait bel et bien d’un progrès.

            Or sur des domaines clés, le modèle de production capitaliste est supérieur à celui qui précède que nous appellerons « féodalisme » pour faire simple et pour utiliser la terminologie marxiste.

            Si vous estimez « qu’on peut faire mieux » je peux très bien être d’accord et vous écoute.

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            • Sam // 14.11.2017 à 00h10

              Valmeysien,
              Vous sembliez dire que ce système est en place parce que personne n’en a proposé de plus efficace pour expliquer et prévoir.

              Ce système n’a jamais rien expliqué ni prévu. Il est en place non pas parce qu’il est le meilleur mais parce qu’il est soutenu contre toutes évidences par les dominants dont il justifie fort bien les rapines.

              Quant à ces deux derniers siècles, c’est en exportant la misère et la guerre partout sur terre que nous avons pu bénéficier d’un peu d’air chez nous, mais c’est déjà fini : l’espérance de vie, l’alphabétisation, …, tout ca recule.

              Et le prix a payer : une planète hypothéquée et en liquidation, des guerres partout et la moitié de l’humanité qui ne mange pas à sa faim.
              Une super réussite, oui.

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            • Valmeysien de Bouvines // 14.11.2017 à 00h45

              Sam,

              Sur le sujet de la guerre, la période 1789-1945 a peut-être été pire que ce qui a précédé. Je ne sais pas. Sur les autres points, je maintiens que « les deux derniers siècles » ont été globalement très positifs.

              Quelques objections :

              – si ce « nous » désigne bien les Européens ou les Français je ferais remarquer que la guerre et la misère existaient déjà dans les contrées extra-européennes avant la colonisation. Les empires et royaumes perse, arabe, ottoman, chinois, zoulou, aztèque etc… se sont bâtis par la force militaire et n’étaient pas particulièrement égalitaires.

              – depuis notre entrée dans l’ère des armes nucléaires, le nombre de morts dans la guerre n’a jamais été aussi bas sur une période aussi longue et ce à l’échelle de la planète.

              – là où la prospérité recule ce sont dans les pays développés (et c’est un sérieux problème), ailleurs elle a augmenté.

              Pour le reste je peux vous suivre et écoute vos propositions pour améliorer la situation.

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            • Sam // 14.11.2017 à 08h50

              J’entends bien ce que vous dites, d’ailleurs je l’entends partout.

              – Bien évidemment, nous n’avons pas inventé la guerre.
              – L’age atomique a commencé avec le sacrifice de 250000 femmes et enfants (les hommes faisaient la guerre). Si l’on ne compte que les morts combattants, c’est sur qu’il n’y en a plus. Mais avec les civils, ce sont bien des millions qui disparaissent à chaque fois, sans compter cette façon de propager le chaos un peu partout : et hop des millions en plus. Du coup, en nombre de morts, on est plutôt bon je crois (c’est facile, il n’y a qu’à suivre les interventions américaines depuis 1945).
              Sans compter la prochaine qui, dit on déjà, sera la dernière…

              – La prospérité n’augmente que chez les richissimes aujourd’hui. Partout ailleurs, elle recule. Sous les coups du système, mais aussi de toutes les crises qu’il a engendré.

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            • Sam // 14.11.2017 à 09h01

              Quant à proposer une alternative, je ne suis pas fou, ceux qui ont essayé ont été assassinés ou réduis au silence.

              Renoncer au dollar, redistribuer la rente pétrolière, sortir du cycle de la dette : coups d’état, assassinats, destruction de pays entiers, embargo, menaces et intimidations… (au nom de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté, …).

              (Pour ma part, je désacraliserais la propriété privée, et la soumettrais à l’usage qu’on en a. Tradition oblige, pour nos élites, je parlerai bien de guillotine, mais je serais probablement modéré…)

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        • Kesse // 12.11.2017 à 11h27

          Mais Valmeysien, vous pensez tout de travers ..
          le contrôle de la science qui conduit au ralentissement de l’innovation est déjà en place. Il a pour fondement la morale qui ne s’avoue pas et prétexte la méthodologie pour disqualifier les « immoraux »: pas assez de maths ou de neuroBE pour être publié … même si le sujet traité ne bénéficierait pas de ces techniques

          Cette delisquescence frappe les meilleurs chercheurs … les autres sont recrutés pour ou à cause de leur médiocrité. Connaissez vous l’histoire du type qui essaie de publier pendant deux ans un modèles prédictifs à trois paramètres très simple et très performant. Son article est rejeté 5 fois … Le chercheur accepte la défaite, il réecrit l’article en ajoutant 20 paramètres de nuisance, cela rend le modèle un peu moins performant est bcp plus tordu … il est publié en 2 mois.

          Ds un de mes domaines précis, j’ai démontré que tout ce qui avait été fait depuis dix ans était de changé la valeur d’un paramètre dans une métode publié il y a 30 ans et de donner à cette occasion un nouveau nom à la méthode. Aucun changements, hormis une calibration différente, et aucune n’améliore la méthode d’origine. Des dizaines d’articles publiés …

          L’éditeur du journal le plus fameux en bioméd:
          « 50% au minimum de nos articles sont faux ou sans intérêt. »

          Oui, l’immoralité, le manque d’éthique, le scientisme tuent l’innovation.

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          • Valmeysien de Bouvines // 12.11.2017 à 22h51

            Kesse,

            Nous sommes absolument d’accord. Je ne vois pas quel argument de mon propos vous infirmez.

            Je dis que la ligne de raisonnement de Tuyopol qui consiste à dire que la question n’est pas la validité du modèle mais bien de savoir si oui ou non le modèle justifie un « ordre dominant » est une ligne de raisonnement qui conduit immanquablement à établir des critères éthiques pour juger d’un modèle scientifique : dis-moi quelles conséquences sociales ton modèle implique et je te dirais si ton modèle est valide.

            Votre propos est simplement de dénoncer qu’actuellement c’est déjà le cas. Alors dans ce cas dénoncez-le et je vous suivrais, mais si vous justifiez l’idée qu’il faille établir des critères idéologiques et non méthodologiques pour valider un modèle alors vous avalisez le postulat que vous dénoncez par ailleurs lorsque c’est « l’autre camp » qui le formule.

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            • kess // 13.11.2017 à 02h19

              Ok, j’ai compris ce que vous dîtes … j’ai douté un peu vite de vous et vous avez fait de même, je crois. Je suis d’ accord avec votre post ci-dessus. Et j’espère que personne sur ce forum ne pense sérieusement à juger de la qualité sientifique en fonction d’une lecture ouvertement basée sur les conséquences politiques. La plupart des gens qui le font, le font de manière inconsciente et c’est bien de rappeler ce phénomène.
              Bon Lundi à vous.

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            • Valmeysien de Bouvines // 13.11.2017 à 03h36

              Kesse,

              Je ne comprends pas très bien ce que vous dites par « douter de vous ». Quoi qu’il en soit je n’ai pas mal pris vos commentaires si c’est cela qui vous tracasse, comme je ne crois pas vous avoir suspecté de quoi que ce soit, ou alors ce fut pure maladresse.

              Oui effectivement les gens le font de manière inconsciente.
              Ce « réflexe » n’est pas idiot car il faut rester vigilant sur les applications possibles.

              Mais on peut très bien dire qu’un modèle est valide scientifiquement et refuser ses applications du fait de considérations éthiques. Or là, le papier de Lordon ne fait qu’attaquer la discipline neuro-BE sous le prisme de la critique de ses applications possibles. Ce n’est pas ça qui va abattre le modèle puisque la question de la validité scientifique n’est pas abordée.

              Bon lundi à vous aussi

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        • olivier // 12.11.2017 à 14h33

          «  Si on devait juger des travaux de scientifiques à l’aune de leur moralité, nous obtiendrions une science incapable d’innover du fait du contrôle social excessif qui s’exercerait sur elle. »

          Notre, leur, ou celle de la société ? et en êtes vous si sur ? L’histoire indique autre chose pourtant. Est-ce à dire que la morale n’a pas son mot a dire dans le domaine scientifique et que la science serait en dehors du champs social et moral dans le seul but de ne pas entraver l’innovation ? L’innovation ne serait donc que le seul bien supérieur moralement acceptable ?

          N’est ce pas justement notre probleme au bout du compte ? Nous avons posé le pied sur la lune, mais à quel prix historique ? Qui prime : la morale ou la science, le bien ou l’innovation ?

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          • Valmeysien de Bouvines // 12.11.2017 à 22h59

            Olivier,

            Non la morale n’a rien à faire dans la recherche scientifique.
            Par contre elle a toute sa place dans les applications.

            Nous savons par exemple que les handicapés sont… handicapés (truisme). Est-ce à dire qu’il faille les exterminer ? Non.

            Et si vous me dites « afin d’éviter que la société n’ait l’idée d’exterminer les handicapés, il faut limiter la recherche dans ce domaine de sorte à montrer que quelqu’un avec un handicap peut faire tout comme quelqu’un qui n’en a pas », alors là vous tombez dans l’intrusion indue de la morale dans la science avec cette ligne de raisonnement : regardons les conséquences morales potentielles d’un modèle et nous pourrons savoir si le modèle est valide.

            Rien n’empêche un modèle d’être validé par la science et en même temps voir la société en refuser les applications sociales, politiques etc… sur la base de considérations éthiques.

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            • PierreH // 13.11.2017 à 11h42

              J’ai même envie de dire que c’est pire: les découvertes scientifiques se produisent parce qu’elles sont « dans l’air du temps », en général plusieurs équipes de différents sont dessus en même temps au moment où elles émergent. Vouloir interdire leur découverte ou contrôler la production scientifique en général n’est réalisable que dans une dictature mondiale unifiée, et encore… Les idées sont dures à tuer, les regarder en face permet sûrement de mieux maîtriser leurs conséquences. Vouloir interdire l’émergence d’idées « subversives » n’a en fait jamais fonctionné et mené souvent à des répressions et censures sans pitié…
              Ceci dit il me semble que le message d’olivier confondait science et innovation technologique, il n’y a donc a priori peut-être pas contradiction…

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            • nie // 14.11.2017 à 01h09

              Le distinguo entre recherche et application est un peu simple.

              La morale a tout sa place dans la recherche, la autant qu’ailleurs (manipulation du génome, des embryons, eugénisme…).

              Si la recherche s’applique à des êtres humains, vivants, sans considération de leur humanité, de leur souffrance ou de leur volonté (CF Josef M) vous placez une limite, un code de déontologie.

              Peut-être qu’une recherche visant a trouver une méthode d’éradication des handicapés (ou des noirs) n’est pas une recherche souhaitable ni convenable, même en l’absence d’application. Des scientifiques ont déjà jugé valide et nécessaire l’éradication des handicapés. Est-ce un model ’valide’ ? Pourquoi votre non alors ? L’intrusion n’est qu’une juste orientation.

              J’ai compris que vous faite le distinguo entre validation scientifique et morale. La morale n’invalide pas un résultat, mais dis ce qui est bon ou mauvais. Le scientifique est un être moral qui a besoin de limites, comme chacun.

              A la source de la morale vous avez L’objet, l’intention et les circonstances. La question de l’extension – supposée infinie – des connaissances ne s’exonère pas d’un examen de l’objet, de la méthode, de l’intention, ni des conséquences. La science n’est pas hors de l’homme, la fin ne justifie pas les moyens.

              Personne n’échappe a ce qu’il convient de faire. Ca ne date pas d’hier : Ponce Pilate, Pandore, Hermes, Promethé, Icare, la pomme du jardin d’éden…

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  • Brigitte // 11.11.2017 à 08h35

    Quand Lordon parle du désir scientiste de l’économie, j’entends que l’économie en tant que discipline scientifique, a besoin d’un emballage pour exister, un peu comme le « bernard l’hermite » a besoin d’une coquille. Les mathématiques, sciences dures par excellence, ont joué et joueront encore le rôle de coquille. La « numérisation » du monde ne va pas les mettre de côté, bien au contraire. Mais, comme les sciences se fécondent entre elles, nous voici arrivés à la croisée des chemins entre sciences « dures » et molles »: les neurosciences et l’intelligence artificielle se sont unies pour le meilleur et pour le pire. La BE est le fruit de cette union entre les algorithmes et les neurones, entre la carpe et le lapin? pas si sur car anticiper les comportements humains est le saint graal du capitalisme. La pub à la papa, avec sa danse du ventre, peut aller se rhabiller…Humaniser les robots et robotiser les humains, voici ce qui se joue. Les neurosciences procurent un outil de choix pour construire cet homme nouveau, augmenté ou diminué, c’est selon, mais prévisible, c’est sur.

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    • Charles Michael // 11.11.2017 à 09h51

      Brigitte,

      L’économie est une science molle, mais qui en se modélisant prétend à la certitude mathématique.
      La neuro-science et les lecteurs de Henry Laborit le perçoivent nous explique un déterminisme encore plus fondamental que ceux explorés par Schopenhauer, Freud, Marx et Bourdieu et E.Todd, etc..

      Lordon a bien raison, non pas de mettre en garde l’accouplage étant en cours, mais de dénoncer cette fraude intellectuelle très Macron compatible.
      Le projet ên marche (sic) pourrait plus être la scientifisation des manupulation consumméristes par l’adjonction de substances altérant le système endocrinien, notament dans les aliments.

      Zut ça a l’air bien commencé, mais le Soma drogue Meilleur des Mondes de Aldous Huxley devrait suivre…
      et il manquait la justification psycho-économique de l’homme fondamentalement universel aux désirs universels quasiment intemporels, hors classes sociales.

        +8

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      • Brigitte // 12.11.2017 à 09h36

        une discipline est dite « scientifique » si elle est capable d’expliquer, de prévoir et de reproduire des phénomènes « naturels « ou « universels ». La modélisation mathématique permet de prévoir mais pas souvent d’expliquer ni de reproduire. Pour cela, il faut de l’expérimental et l’économie en manque cruellement, sans s’en référer une fois de plus aux mathématiques probabilistes. Les neurosciences pourraient jouer ce rôle expérimental.
        Déterminisme et manipulations sont en effet des enjeux clés. D’abord génétique puis maintenant neuronal, l’idée étant d’associer les deux pour anticiper les « besoins » des consommateurs.

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        • Karim Wilmotte // 13.11.2017 à 01h52

          Comment fait-on de la macro en neuroscience?
          Y-a-t-il des seuils entre la micro et la macro, où les phénomènes changent de nature?

          Comment avoir un modèle général prédictif solide sans faire de macro?

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        • PierreH // 13.11.2017 à 11h47

          Bonne chance pour faire de l’expérimental en macro économie sur des sociétés entières (rappelez-vous que pour avoir un résultat fiable au sens statistique il vous faudra créer et détruire de l’ordre de la centaine de civilisations… Du boulot en perspective ! ;-P). Sans même parler de la micro: recréer des dizaines de fois le même cas d’évolution d’entreprises en changeant des paramètres, des conditions… o_O
          Je n’ai jamais compris comment on pouvait sérieusement penser introduire la méthode expérimentale en économie (tout comme en histoire par exemple)…

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  • TEROUINARD // 11.11.2017 à 08h51

    Bonjour,
    Je n’ai pas inventé l’eau chaude.
    Carrière d’ouvrier métallurgiste n’y étant pas propice.
    Cependant …
    Peut être, juste une intuition, précoce.
    F. Lordon confirme, brillamment, ma formule :
    P+P+P = 3P :
    Psychologie + Psychiatrie + Psychanalyse =
    Police Patentée de la Pensée.
    Tout ceci repris par l’Economie, ce qui fait que E = 3P.
    Un peu de philosophie socratique aide à décortiquer la complexité et l’esbroufe, voire la perversion des « tenants » des sciences humaines.

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    • Charles Michael // 11.11.2017 à 10h13

      Terouinard,
      Belle formule et rigoureusement a-scientifique
      tant mieux.

      Je dois confesser que vers les années 75 je participait aux recherches de L’institut des Recherches et Etudes pour la Publicité. Ou comment mieux et plus profondément manipuler les consommateurs
      évidement c’est pareil en plus sophistiqué aujourd’hui pour les électeurs.

      En 80 je me suis reconverti en menuisier, là je savais ce que je produisais sans en avoir honte.

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  • Michel Bergès // 11.11.2017 à 09h00

    La contribution épistémologique de Frédéric Lordon apparaît tout à fait remarquable. Elle démontre que l’économie politique, comme la sociologie, sont aussi dépendantes d’idéologies scientistes renouvelées (mathématisation des comportements, appel aux « neurosciences » du cerveau, modélisation…).
    D’où leur critique inconsistante d’un sociologue immense comme Pierre Bourdieu.
    Ce dernier, sans négliger les statistiques (celles de consommation par exemple), s’est tournée vers deux disciplines incontournables en matière de vie sociale : l’ethnographie et l’anthropologie, mais aussi l’histoire. Comment éviter ce « dialogue » (parfois contrasté) ?
    Dans son réductionnisme, le scientisme idéologique d’aujourd’hui confond les objets et les genres, comme les méthodes.
    Pr. MB / Université de Bordeaux, Science politique.

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    • Valmeysien de Bouvines // 11.11.2017 à 23h57

      Professeur,

      Auriez-vous l’amabilité de m’indiquer s’il existe une réfutation de ce papier (doc PDF !) : http://www.persee.fr/docAsPDF/rfsp_0035-2950_1996_num_46_1_395042.pdf

      Il s’agit d’une critique de la méthodologie de Bourdieu. Etant vous-même un spécialiste, j’aurais aimé connaître votre avis sur ce sujet. Je vous cite quelques passages.

      La but que se sont fixé les auteurs :
      « tenter de mettre au jour et de discuter les principes, pas toujours immédiatement explicites, caractéristiques de la démarche scientifique préconisée ici par P. Bourdieu. » (p. 3 doc pdf)

      Thèse centrale :
      « L’épistémologie de P. Bourdieu refuse fondamentalement de se plier à des règles de méthode. Elle refuse l’élaboration de procédures de recherche formalisées et transmissibles, c’est-à-dire la construction d’instruments d’observation du social. […] Elle prône un primat de la théorie sur les faits, qui offre à ces derniers la possibilité de confirmer la théorie mais pas de l’invalider. » (p. 14)

      Cordialement.

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      • Kesse // 12.11.2017 à 12h00

        Ahahah … ça, c’est comique … Bourdieu, c’est mal parce qu’on a pas la capacité d’invalider ses théories … les faits peuvent juste les confirmer …
        Ça s’applique à beaucoup de chose en science: Oh, mon dieu, on peut que confirmer la théorie de Higgs en trouvant son boson …

        Vous n’entendez pas le cri de la médiocrité Valmeysien. « Je suis pas d’accord, ms je n’ai aucun argument solide alors je vais attaquer la méthodologie et réduire le champs de ce qu’il est possible de faire en science, seule ma méthodologie est la bonne … »

        Vous semblez être le support de ce que vous vous efforcez de dénoncer: « l’impossibilité de l’innovation lorsque la morale contrôle la science » et vous nous proposez un article de morale scientifique … Valmeysien, vous n’avez pas écrit cet article au moins?

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        • Valmeysien de Bouvines // 12.11.2017 à 23h09

          Kesse,

          Non je n’ai pas écrit cet article.
          L’article en question fait référence au principe de réfutation ou de falsification, à savoir qu’un énoncé scientifique, pour mériter ce qualificatif, doit rendre possible la réfutation.

          Si je dis par exemple que demain il fera beau ou moche, ce n’est pas un énoncé scientifique.
          Par contre si je dis que demain il fera beau, alors c’est déjà mieux car on peut VERIFIER tout simplement en observant le temps qu’il fait.

          Un énoncé scientifique doit INTERDIRE des comportements.

          Je ne comprends pas bien votre commentaire : est-ce que vous rejetez ce critère de démarcation entre un énoncé scientifique et un énoncé qui n’en serait pas un ? Ou bien est-ce que vous dites que la méthodologie de Bourdieu respecte ce critère ? (ce que je ne sais pas de façon certaine, mais c’est ce que l’article suggère, d’où mon commentaire).

          Aussi il va falloir m’expliquer en quoi mon commentaire fait appel à la morale. Là je n’ai pas du tout compris votre propos.

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  • Dids // 11.11.2017 à 09h08

    Beaucoup de belles phrases mais ça tourne en rond ! Distinguer science économique et sociologie est déjà un sacré exercice de style. Mais craindre une pseudo science qui aiderait le capitalisme à prévoir les comportements humains quand celui les forge avec Marx y compris et depuis belle lurette, c’est une imposture ou plus probablement une blague avec l’humour qu’on connaît à F. Lordon 🙂

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    • Rémi // 11.11.2017 à 09h22

      Exactement, sur la première phrase de votre commentaire: tout à fait d’accord. Sans méchanceté, les écrits de Lordon, en dehors de certains livres de qualité type « Capitalisme, désir, et servitude », font davantage penser à des dissertations d’un jeune de 18-20 ans qui découvrirait la pensée, et s’auto-satisferait de produire des écrits jugés brillants façon Bernard Henry Levy, mais très artificiels, masquant difficilement la faiblesse du contenu. Cela relève davantage de la dissertation pour briller à un concours de Science Po, que du travail sérieux de chercheurs ou d’analystes politiques.Cela apporte donc souvent peu à la collectivité et cela est dommage. Le propos est un peu sévère, je le reconnais, tant F.Lordon peut fournir, en certains cas, une analyse utile. Toutefois ceci est bel et bien la tendance de ses écrits, sur les dernières années: peu de fond masqué par des envolées lyriques un peu juvéniles, à force usantes et lassantes, dont la première phrase de son texte, sur les marrons en est la parfaite illustration.

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      • Chris // 11.11.2017 à 13h49

        « à force usantes et lassantes »
        Un adjectif manque : j’ajouterai « lustrants »… fond comme envolées !

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  • Rémi // 11.11.2017 à 09h11

    Beaucoup de blabla, un style lyrique qui cache mal, chez Monsieur Lordon, un certains vide de la pensée. La majeure partie des textes de Lordon se limitent à un alignement d’envolées lyriques, cachant un très faible contenu intellectuel, au final.
    Je dis cela objectivement, car étant sur le fond plutôt proche de ses idées. Mais il y a bien longtemps, et cela même dans des publications universitaires, que F.Lordon ne fait plus de science au sens académique du terme, mais plutôt des articles de journalistes ou autres éditorialistes, destinés à satisfaire son public.Bref, hormis une critique stérile, sans aucune autre proposition que la révolution, Lordon n’apporte rien aux sciences économiques, au système économique, et probablement plus grave: à ceux qu’il prétend défendre.
    Il devrait, dès lors:
    – se recentrer sur du travail sérieux, permettant de dénoncer le fonctionnement du système type Piketty, qu’il méprise avec probablement un fond de jalousie, sans raison valable.Cela d’autant que Piketty est véritablement un type bien et que son travail sert les moins aisés de la population.
    -travailler sur des solutions alternatives, comme le fait par exemple Bernard Friot.

    Pour conclure, les idées non dominantes, subversives ont besoin de l’apparence du sérieux, et non pas d’un folklore dans l’expression et l’attitude, pour etre crédible. Le but n’est pas de se faire plaisir soi, mais d’etre réellement utile aux autres.

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    • Sylphe // 11.11.2017 à 10h18

      Au contraire, Rémi, l’ironie et la satire, et aussi le rire, sont souvent la meilleure des armes.
      F.Lordon n’est pas là pour construire un nouveau système, que chacun peut entrevoir avec d’autres lectures, mais pour détruire la prison de mots des économistes orthodoxes.

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      • Rémi // 11.11.2017 à 11h06

        Peut-etre Sylphe, avez-vous raison, d’autant qu’il est vrai que la version académique est plus sérieuse, dans le style et le contenu, et que Lordon prévient lui-meme ses lecteurs qu’il y a deux styles distincts, en s’excusant. Toutefois, il me semble qu’une critique du système sérieuse, précise, sourcées, sans fioritures façon Adrien Quatennes, par exemple, a plus d’impact sur la société que le style fait d’envolées lyriques, de rire et de satire.Car:
        1. Elle plus productive, augmente le niveau général, sans s’en ternir à des généralités ou à l’adulation infantile d’un orateur. Ce qui n’apporte jamais de changement mais substitution, au mieux, d’une classe dominante(celle des leaders des dominés)à une autre.
        2. Elle parle à toutes les catégories sociales, sur le mode de la raison. Elle est donc plus inclusive et ainsi probablement davantage vecteur potentiel de changement futur.

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  • Evariste // 11.11.2017 à 09h13

    L’article de Lordon fustige à juste titre à mon avis le déguisement de l’économie en science « dure » pour faire « sérieux » et incontournable. Mais il a tort de penser que le champ des neurosciences et celui des math, ne sont d’aucun intérêt pour l’économie et les sciences sociales en général.
    Cela revient (paradoxalement?) à donner raison à Descartes qui voyait dans le monde un grand mécanisme admirable, mais pas dans l’homme fait d’une essence supérieure, divine, irréductible aux lois de la Nature…
    Il faut remarquer que de nombreux biologistes rejetaient eux aussi l’introduction des math dans leur discipline, mais que depuis une 30aine d’années celles-ci font faire d’immenses progrès aux sciences de la vie (et notamment du cerveau).

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    • Thanos // 11.11.2017 à 16h01

      Evariste, connaissez-vous l’animal qui inventa le calcul intégrale ? Désolé pour ceux qui ne comprendrons pas ce commentaire ! Cela dit, oui l aspect quasi théologique des ces chapelles sociologiques de type néo marxiste et/ou bourdieusien (dominants désormais en occident) est inquiétant. L’homme est un animal social mais ces chapelles refusent notre ancrage au règne animal, à la nature et à ses lois. Cette forme d’hémiplégie mentale conduit à penser l’homme comme un pur produit « socio-culturel » désenchassé, découplé, de son « animalité/naturalité » renvoyant aux pensées magiques ayant justifié que l’on condamne à être brulé vif ce salaud « d’athée héliocentriste » Giordano Bruno au 16eme siècle…

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  • Martin Holzwege // 11.11.2017 à 09h15

    « D’un style ampoulé ne jaillit pas la lumière ».

    Merci pour cette magnifique démonstration de ce que l’on nommera désormais « théorème de Lordon ».

      +6

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  • L’Éco-fascisme est un Humanisme // 11.11.2017 à 09h30

    La vermine ultra-libérale dont les eurolâtres sont l’une des innombrables sous-pustules peuvent d’autant mieux prétendre dire la Réalité qu’ils la construisent sous nos yeux avec l’assentiment évident de tous les complices avérés des bureaucraties de ministères jusqu’aux plus minuscules mairies de nos campagnes, mais aussi de l’ignorance coupable de tous les autres qui ne sont pas des nôtres ! Les Charlie, en somme.

    Le Système se sert de sa mainmise absolue sur l’argent pour rendre son pouvoir à terme infaillible. Son but de moins en moins caché visant à sa domination sur les corps, les esprits et les âmes.

    Les journalopes, les managers, les neuros scientifiques (lire et considérer de fait qu’il s’agit ni plus ni moins que de transhumanistes) et les universitaires en cours, étant tous chargés de dispenser la bonne nouvelle à la populace victime consentante de son propre anéantissement…

    Deux belles interventions qui font échos aux propos de Lordon. La première de Roland Gori, la seconde de Jean-Michel Besnier :

    https://m.youtube.com/watch?v=DI7qF6u-R2Y

    https://m.youtube.com/watch?v=PHNVgByvlY0

    Il faut sortir de l’enfermement de la réalité virtuelle pour coloniser le réel !

      +6

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    • Rémi // 11.11.2017 à 11h44

      Est-ce que l’emploi de termes de type vermines, journalopes et consorts est utile au débat? Est-ce que ce n’est pas une façon de se faire plaisir, de faire lyriques, de faire « biens », « sachants »?
      Est-ce que, en pratiquant l’invective, vous ne faites pas le mal, comme ceux que vous dénoncez?
      Cette manière de lire et présenter les choses créent des polarités, de la dualité, etc, qui ne font pas avancer la société. C’est stérile, caricatural et cela manque de nuance. Les concepts binaires, blanc et noir, totalisants sont un premier pas dans la pensée. A un moment, il faut cependant monter en gamme, prendre la marche suivante, en introduisant de la nuance, de la complexité, ce qui amène à une meilleure description de la réalité sociale.
      De surcroit, pour paraphraser La Boétie, l’Etat, le mal, la société c’est tout le monde qui y contribue.Il n’y a pas les bons(soi) d’un coté et les mauvais.
      Vous donnez certainement votre part.
      Il faut donc avoir une approche davantage humaine, pondérée, compréhensive des autres, et de la complexité des attitudes, relations, etc

        +5

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      • L’Éco-fascisme est un Humanisme ! // 11.11.2017 à 14h12

        Vous (sur-)interprétez cher monsieur. Certes, je vous rejoins en partie, d’autant que mon cher père, ce sage, me le reproche souvent. Je pourrais très bien m’abstenir de stigmatiser de la sorte. Mais la guerre en cours est avant tout une guerre des mots qui passe d’abord par une maîtrise de leurs sens. L’euphémisation en usage partout dès qu’il s’agit d’évoquer la problématique du combat qui s’impose à ceux qui ont suffisamment les yeux ouverts, en reflétant ainsi systématiquement le parti de la moraline ne sert finalement que les intérêts des mêmes; ceux-là qui sont nos ennemis et que certains prétendent combattre… Nos ennemis à morts. Eux le savent. Nous, dans notre immense majorité, nous l’ignorons !

        Après, libre à chacun de faire usage des mots qui lui conviennent, mais l’efficace d’un discours ne passe pas forcément par une compréhension immediate du sens. Ne jamais négliger la force du performatif !

        Sur le plan de la nuance et de la complexité, je vous suis d’une manière qui vous étonnerait sans doute. La binarité dans cet ordre d’idée est mauvaises conseillère. Cependant qu’il faut désigner l’ennemi par son nom, le circonscrire ensuite et selon l’expression en usage, trancher dans le vif, fermement et sans hésitation, soit sans trembler et sans éprouver le moindre remord !

        La vraie Justice est à ce prix ! (Le reste n’est que littérature. Après, il faut choisir entre continuer à se plaindre ou décider à agir !)

          +5

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        • olivier // 12.11.2017 à 11h18

          Tout a fait ! voila qui est rafraichissant à lire. merci.
          Pour aller dans votre sens :
          «  Polemos est le père de toutes choses, de toutes le roi … » Heraclite

          On ne gagne pas une guerre à sucer des glaçons en mal nommant les choses. La dévirilisation verbale et sociétale émascule la pensée qui s’empêtre alors dans une moraline alambiquée et tétanisante. Si la dissertation sur les 50 nuances de gris n’amène qu’a perdre de vue l’essentiel, alors la Mètis (la ruse en Grec) l’emporte. Aristote souligne que l’éthique n’a d’autre but que l’agir, ce n’est pas un savoir spéculatif. La tiédeur est condamnable car elle est le signe d’un manque de courage.

          “J’aime les paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers. » Montesquieu. Ce qu’Audiar avais résumé à sa manière dans “un taxi pout Tobrouk » avec ceux qui marchent et ceux qui pensent. Dans le doute : agir.

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  • BA // 11.11.2017 à 10h23

    Plus les années passent, plus nous devenons crétins.

    C’est la Grande Crétinisation.

    Demain, tous crétins ? La chaîne Arte diffusera, samedi 11 novembre à 22h35, en partenariat avec Le Monde, un documentaire au titre en apparence potache, mais dont le sujet est d’une singulière gravité.

    Le film expose les travaux de chercheurs français et américains montrant que l’érosion récente des capacités cognitives des populations occidentales est, en partie au moins, liée à l’exposition à certains perturbateurs endocriniens.

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/11/07/le-film-demain-tous-cretins-diffuse-sur-le-site-du-monde_5211264_1650684.html

      +9

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    • Chris // 11.11.2017 à 13h52

      « crétinisation liée à l’exposition à certains perturbateurs endocriniens »
      Ne serait-ce pas plutôt lié à l’ingénierie social du parfait CONsommateur mouton ?

        +3

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    • Raphaël // 11.11.2017 à 15h16

      L’exposition à ARTE fait partie intégrante de la crétinisation. Éteignez la télévision et ouvrez un livre, un bon.

        +5

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    • Thanos // 11.11.2017 à 15h30

      Il est amusant de constater que ces médias (arte, le monde) de type centre gauche socio demo évacuent les explications sociologiques au profit de facteurs chimiques. Rien sur l école passée d’une mission et d’un programme d’instruction à celui d’éducation. Rien sur l « l’idéologie multiculturaliste » et son relativisme généralisé ou n’importe quel schème explicatif de type magico-traditionaliste vaut n’importe quel schème de type rationaliste scientifique. Ainsi le big bang, Hawking, Darwin, sont des théories autoritaires brimant les explications cosmogoniques de type genèse biblique (communes aux 3 monothéismes) : par exemple je connais des salles de classe d’école primaire d’où ont été décrochées des murs les fresques darwiniennes de l’évolution des espèces afin de ne pas froisser les « identités religieuses ». Darwin étant intolérable pour ceux pensant que l’homme vient du jardin d’eden après fabrication divine a base de poussière sur une terre faite en 6 jours. Le plus inquiétant étant la réaction de l’institution qui se plie à ce type d’injonction. Le refus du travail et de l exercice aboutissant à la réduction drastique de la capacité de concentration, l absence de maitrise d’un langage codifié (« littéraire » ou « mathématique »), les 5h quotidiennes passées devant la TV etc… Les perturbateurs endocriniens ont bons dos

        +4

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      • Raphaël // 11.11.2017 à 15h38

        Lisez les enquêtes PISA, vous allez vite comprendre que vous avez raison.

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  • BA // 11.11.2017 à 10h25

    à peu près toutes les informations qui sont à notre disposition suggèrent que le QI, après avoir augmenté pendant des décennies, est désormais en baisse. Et ce, depuis la dernière décennie du XXe ou le début du XXIe siècle.

    Les informations les plus solides viennent de la Finlande, où des générations de conscrits sont testées, chaque année au même âge, depuis 1988. Une analyse de ces données publiée en 2013 montre une baisse des capacités cognitives de 2 à 5 points entre 1996 et 2009, selon le type de test. En France, une étude conduite sur une petite cohorte d’adultes suggère une baisse de 3,8 points de QI au cours de la dernière décennie, assez cohérente avec ces chiffres… D’autres travaux, dans d’autres pays, vont dans le même sens.

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/11/06/barbara-demeneix-il-n-est-plus-possible-de-nier-l-effet-de-l-environnement-sur-le-cerveau_5210963_1650684.html

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    • Jeanne L // 11.11.2017 à 11h12

      En Finlande? Ce pays proposé comme modèle extraordinaire de la pédagogie moderne ?
      Ceci dit le QI est une mesure qui peut être mise en question…

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      • olivier // 11.11.2017 à 11h38

        «  Ceci dit le QI est une mesure qui peut être mise en question… »

        De quelle façon ? Il n’y aurais pas de différences intellectuelles entre les individus comme certains on de grandes jambes ou un centre de gravité plus haut ?

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        • Rémi // 11.11.2017 à 11h47

          @Olivier. Le QI n’est qu’une mesure de l’intelligence, qui est multiple: exemple: QE

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        • L’Éco-fascisme est un Humanisme ! // 11.11.2017 à 12h51

          Le QI n’est qu’un indicateur, mais un indicateur ne préjuge nullement des capacités du détenteur d’un QI moyen à élevé. Les QI faibles sont plus prévisibles. Seulement voilà, dans une société où le Principe de Peter est devenu le mode opérateur de la « gouvernance » mondialisée, alors que le QI PARTOUT baisse, il y a comme une logique perverse à l’œuvre. Par ailleurs, il y a un monde entre un Binet, un Wechsler et un Catell (le test phare des « stars hollywoodiennes »…)

          http://www.douance.org/qi/tabqi.html

          http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2012/07/30/distinction-importante-entre-echelle-de-wechsler-echelle-de-cattell/

          Les médiocres et les c.rétins sont au pouvoir, PARTOUT. Et quand il sont en sus, malveillants ?… Le plus inquiétant et pathétique dans l’histoire est de s’apercevoir à quel point les médiocres d’administrés considèrent ceux-là (leurs « maîtres ») comme légitimes ! Des idiots malveillants « au service » d’idiots naïfs. Voilà la réalité de nos sociétés hypermodernes !

          Une société pourrit toujours par la tête et pour une société qui a la tête à l’envers, c’est également le cas, a fortiori quand des électeurs votent avec leurs pieds…

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        • Fritz // 11.11.2017 à 13h36

          Comme dirait mon collègue, professeur d’anglais : « il y en a qui sont plus près du Q que du I ».

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        • stanlolo // 11.11.2017 à 14h43

          Le pb c’est l’instrument de mesure. Le Qi ne mesure que ce qu’il comprend ! Ce qui est conforme, rationnel. D’ailleurs les crétins éduqués ont généralement d’excellentes notes. les autres, les créatifs par ex sont plutôt moyens et souvent hors sujet mais se sont eux les moteurs du progrès.

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          • Raphaël // 11.11.2017 à 15h41

            D’autant plus que les tests de QI sont incroyablement ennuyeux par rapport à une activité intellectuelle standard, ce qui m’a toujours fait me demander qui pouvait bien y exceller. Je pense qu’ils ne mesurent que l’intérêt qu’on leur porte…

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            • L’Éco-fascisme est un Humanisme ! // 11.11.2017 à 19h52

              Vous vous trompez, hélas comme la plupart des personnes qui ne savent pas de quoi elles parlent… Ceci-dit sans vous offenser.

              La majorité croit que nos hommes politiques et nos hauts fonctionnaires, sans parler de nos magistrats, avocats ou médecins ont un QI très supérieurs à la moyenne. Ce n’est hélas pas vrai, loin de là, pour des raisons qui ressortent essentiellement de l’esprit grégaire dominant dans la société (cf. Une fois encore le Principe de Peter) et d’une moralité afférente douteuse, la plupart du temps (la guéguerre des places). Statistiquement, c’est parmi les juges et les universitaires que l’on retrouve les personnes les plus intelligentes. Dans les deux cas, la moyenne se situe à… 125 (échelle de Wechsler). Nous sommes donc très très loin du surdoué (QI > 130, soit 2,3 % de la population globale…). Imaginez-vous la solitude de ceux qui avoisinent ou dépassent les 140, la pointe de la limite supérieure étant 160…

              L’intelligence est avant tout une question de rapport au temps et de capacité d’effectuation d’une tâche. Quelle que soit cette tâche, mais réalisée dans un contexte donné relativement complexe. Pour schématiser, disons que n’importe qui peut « poétiser », mais vivre jusqu’a 300 ans ne ferait pas de lui un Baudelaire ou un Yeats.

              Rien à voir non plus avec la capacité de réaliser des calculs ou des discours fleuves à la minute. L’intelligence n’est pas la fonction. C’est ce qui excède les particularismes et élève l’âme. Rien à voir avec le commun et la médiocrité générale.

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            • L’Éco-fascisme est un Humanisme ! // 11.11.2017 à 20h05

              Celui qui considère le test de QI pour ce qu’il est, à savoir un jeu, se situe d’emblée dans la catégorie supérieure. Celui-là aura, pour ainsi dire d’instinct, su sublimer le sentiment de défiance qui sinon, l’en aurait exclu de fait. Le temps de l’ennui est celui de la distance qui a plus à voir avec une vague tentative inavouée d’auto-protection face à la forme d’agression constituée par l’exercice (dans le meilleur des cas ?)

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            • L’Éco-fascisme est un Humanisme ! // 11.11.2017 à 20h10

              Sortez-vous aussi de l’esprit que surdoué rime systématiquement avec modestie, douceur et bla et bla et bla. Un surdoué aussi peut être parfaitement imbuvable et même très con, par ailleurs, des fois. J’en connais… Ceux-là, malgré leurs défauts d’asocial, se départissent rarement d’une salutaire auto-dérision et d’une second degré à couper au couteau.

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        • olivier // 11.11.2017 à 20h48

          Les tests de QI sont utiles et reconnu internationalement (contrairement au QE) pour mesurer des habiletés cognitives importantes : Verbal, spatiale, logique, numérique, mémoire… Avec succès quoi qu’on en pense. Il n’y a pas d’intelligences multiples. Il y a des aptitudes, des qualités et une nature humaine.

          Qu’on se serve mal du thermomètre n’est pas une raison pour le casser. D’ou ma question : de quelle façon peut-on contester raisonnablement le QI ? Discuter de la définition de l’intelligence ne discrédite pas les tests ni les résultats. Est-ce bien intelligent de les nier et de balancer d’une erreur à l’autre ?

          C’est une question importante. Aujourd’hui, la chine et les USA sont engagés dans une course à l’intelligence, que ce soit artificielle ou par manipulation génétique dans une dérive transhumaniste et techniciste. Je rappel le titre : les neurosciences existent, et ils s’en servent.

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        • olivier // 11.11.2017 à 20h49

          Avoir des capacités cognitives n’est pas une assurance de savoir les utiliser, ni de faire le bien (Il est difficile de mesurer une vertu cardinale, pourtant primordiale), mais c’est surement plus utile que le cré/tinisme pour se sortir de la situation actuelle car un QI minium (autour de 120) est requis pour faire preuve de créativité – Dean Keith Simonton et Anna Song – Pour les curieux, voir Bach.

          Qu’on en face mauvais usage pour réduire l’intelligence est condamnable. Non-égalitariste, il est donc facile de se rassurer en le dénigrant, attitude typiquement Française surtout dans le monde de l’éducation. C’est pourtant une invention Française faite pour dépister les élèves en difficultés. Quand on vois ou en est l’école aujourd’hui, on constate que l’idéologie contre le réel à encore de beau jours. Les idiots ne sont pas toujours ceux qu’on crois.

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          • Raphaël // 11.11.2017 à 21h51

            Il suffirait de comparer les résultats de gens naïfs aux tests de QI a des gens aguerris à ces tests, même moyens. Ça me rappelle le TOEIC, test qui montre surtout le niveau de bachotage des étudiants plus que le niveau d’anglais (pour la partie écrite au moins).

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            • olivier // 12.11.2017 à 11h14

              Et vous êtes le premier à penser tricher à un test de QI…

              Sortez de l’imaginaire, ces tests permet aussi de détecter les profils dysharmoniques en souffrance et de les révéler a eux même en leur évitant ainsi des camisoles chimique ou les dépressions (voir le suicide). Ceux que l’on qualifie aisement d’andouille ou d’inadaptés alors qu’ils sont en réalité littéralement « hors-norme » .

              Je confirme, vous ne connaissez pas le sujet (sans vous offenser), mais en plus vous n’avez même pas fait l’effort de chercher (c’est offensant pour notre discussion).

              Ceci dis, je ne vois aucun mal à tenter de muscler ses capacités cognitives. Faite donc.

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    • Raphaël // 11.11.2017 à 15h26

      A la lecture des études PISA, il apparaît qu’en France, la baisse des aptitudes scolaires est majoritairement portée par un pool de 15% de la population, qui cumule illettrisme et problèmes en mathématiques, avec une aggravation générationnelle, les 85% restant étant indemne. La théorie des perturbateurs endocriniens ne tient donc pas, sauf à considérer qu’une seule partie de la population y est sensible ou exposée.

      Je vous conseille donc la lecture de ces études, dont les chiffres sont beaucoup plus parlants que l’interprétation qui en est faite, politiquement correct oblige. L’intelligence ne baisse donc pas de manière égale chez tout le monde, il y a un groupe particulier qui fait baisser la moyenne.

      Quant au QI, un bon formatage des élèves permet d’en gonfler la mesure, c’est donc une mesure tout à fait biaisée.

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    • Raphaël // 11.11.2017 à 15h32

      Quant à l’enquête sur une petite cohorte d’adultes, comment dire…

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  • marc // 11.11.2017 à 10h54

    « S’il y a du quantifiable, il y a du mathématisable, et s’il y a du mathématisable, il y a du légalisable, tel a été le fantasme galiléen de la science économique »

    en bref, ce poète est toujours aussi illisible…

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  • Paola44 // 11.11.2017 à 11h07

    Je l’avoue, je n’ai rien compris, j’ai lâché l’affaire au bout de trois paragraphes, puis j’ai trouvé l’avertissement comme quoi l’article s’adressait à des universitaires, mais loin de me rassurer, cela m’a fait mesurer le degré d’éloignitude (non je ne suis pas Ségolène sous un pseudo) entre leurs cerveaux et le mien. Y’a des gens qui comprennent ça? Pôvre de moi…

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    • Rémi // 11.11.2017 à 11h50

      Ce n’est pas que vous n’etes pas capable de comprendre, c’est que comme en tout domaine, il faut des points d’entrées pour lire certains articles.
      Que cela soit en économie, en chirurgie cardiaque, ou en football, par exemple.
      Si vous aviez suivi la formation universitaire de base dans le domaine, vous comprendriez.
      De la meme manière, les universitaires en question ne comprendrait rien à l’un de vos articles, synthèses, résumés, liés à votre travail, faute de concepts suffisants connus, en la matière.

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    • Raphaël // 11.11.2017 à 15h30

      L’article s’adresse à Lordon lui même, rassurez vous. Les autres font semblant de comprendre ou au contraire voient bien l’arnaque intellectuelle.

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  • olivier // 11.11.2017 à 11h50

    1)
    A propos de la gueguerre des sociologues. Entre engagement et neutralité. Belle concordance des temps 🙂
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/11/10/la-gueguerre-des-sociologues_5213173_3232.html

    « Gérald Bronner et Etienne Géhin viennent de signer » Le Danger sociologique » Ces auteurs s’inquiètent du poids pris par la sociologie engagée à l’université ou ailleurs, notamment chez les jeunes chercheurs. Ils sont effarés par la façon dont sont menées les enquêtes, la façon dont « les combattants » font parler les statistiques, manient le sophisme, font l’impasse sur les questions qui dérangent leurs convictions, oublient de citer des publications qui les contredisent. »

    2)
    « S’il y a du quantifiable, il y a du mathématisable, et s’il y a du mathématisable, il y a du légalisable, tel a été le fantasme galiléen de la science économique »
    Tres juste, mais pas que. A lire d’urgence Olivier Donatien Rey – CNRS – est un mathématicien, philosophe et écrivain , dont on pourrais tres pertinemment retrouver ici les écris ici (Une question de taille, Quand le monde s’est fait nombre). Vital pour comprendre l’emergence des statistiques, et notre rapport aux nombres, a la technique et ce que cela induit.

    3)
    Lordon devrais avoir la pédale douce sur la philosophie et faire un peu plus de métaphysique. On sent qu’il tourne en rond dans une impasse. Dommage.

      +8

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  • Jacques // 11.11.2017 à 15h45

    Il semble que la vraie faiblesse de l’argumentaire des pour et des contres se trouve dans l’ignorance que les neuro-sciences sont avant tout des techno-sciences, ce qui, en soi, justifie son rapprochement avec l’économie politique. Elles ont permis de développer des outils de mesures et d’analyses, mais ne permettent pas de répondre aux question fonda-mentales.
    Comment les souvenirs sont stockés ou, même pire, de déterminer si le cerveau est réellement le siège de la conscience ou s’il n’est qu’un outil élaboré de son expression. Comme le dit Lordon cette discipline est profondément déterministe et mécanistique. Or le champs de la physique informationnelle commence à s’ouvrir qui, seule, peut rendre compte du fonctionnement de l’immatériel, dont la matière est, semble-t-il, la propriété émergente selon des lois d’associativitées, telles que décrites par Jen-Marie Pelt. Redécouvrir les fondements de Lagrange et de Souriau sera une étape probablement essentielle.
    Ce genre d’avancées permettront de remettre la science économique à sa juste place, qui, de mon point de vue, n’est qu’un champs tactique de la stratégie de domination (c’est ma vision personnelle, toute limitée bien évidement).
    Jean-Marie Souriau disait : « La physique mathématique est une physique sans expériences et une mathématique sans rigueur », que ne pourrait-on pas dire sur la Science Économique…

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    • PierreH // 14.11.2017 à 13h04

      La physique mathématique à la base ce sont des gus qui s’intéressent aux structures mathématiques des théories physiques, ça n’a rien d’infamant ni de paradoxal… Mais bon comment lutter conter le pouvoir des petites phrases en mode citation. Tiens un autre exemple pour vous repaître: « Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent on en cherche ! ». C’est toujours ce genre de réduction à la mords-moi le noeud qui l’emporte dans la plupart des discussions… *soupir*

        +0

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  • Raphaël // 11.11.2017 à 15h55

    Je trouve que l’absence des sources en bas de page affaiblissent l’article et peuvent le rendre abscons. Les allers retours vers la source ne facilitent pas la lecture.

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  • Galvan // 12.11.2017 à 09h42

    Ah, l’économie ! Cette discipline non scientifique par excellence qui tient absolument à se draper d’attributs scientifiques pour imposer ses vues à une population ignare et ainsi mieux justifier l’injustifiable d’un point de vue moral ou philosophique.
    Les économistes actuels, et surtout les néolibéraux, me font penser à ces « médecins » du moyen âge qui faisaient des études de barbier pour exercer et passaient leur temps à préconiser la saignée comme mode unique de guérison : « Le marché ! La main invisible ! La dette !! ». Une belle bande de bouffons qu’Alfred Nobel avait bien pris soin d’ecarter de son prix avant que quelques manipulateurs ne créent un prix de la banque de Suède en l’honneur de son nom.
    Mon maçon va être content d’apprendre que c’est un grand scientifique car il utilise des maths pour calculer le nombre de sacs de ciment nécessaires pour couler une dalle. (Ne vous méprenez pas, j’ai un grand respect pour mon maçon, parce que lui, il fait un travail utile…)

      +2

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  • Dany // 12.11.2017 à 11h34

    Mille ans de guerre consolidèrent l’Occident ; un siècle de « psychologie » l’a réduit aux abois.
    ( Emil Cioran)

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  • Sam // 12.11.2017 à 11h40

    L’affaire n’est pas nouvelle. Déjà après l’attaque rigoureuse de Marx le capitalisme s’est scientisé avec les néo classiques, et nous sommes à la fin du 19e siècle. Et une scientisation d’époque : noyer le poisson sous une couche épaisse de formules alambiquées que personne ne peut comprendre pour attester le caractère éminemment technique de la matière, et de fait sa confiscation par des experts vulgarisateurs pour nous expliquer qu’il vaut mieux laisser ca aux spécialistes.

    Le but n’étant pas d’être scientifique, mais d’avoir l’air scientifique.

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  • Amoureux de la langue // 12.11.2017 à 15h50

    On peut ne pas apprécier la personnalité de Frédéric Lordon, sa manière, son style … lui reprocher de parler latin avec les clercs et vernaculaire avec les laïcs (sans prendre garde au passage qu’il s’en amuse) … faire « sauvagement » son analyse : narcissique, infatué, juvénile attardé …

    … et escamoter l’essentiel : le débat sur la « scientificité » des sciences humaines (en grec, et non plus en latin, on parlera d’un débat épistémologique). Débat qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui se trouve éminemment relancé par les publications et prix Nobel dénoncés par Lordon. On voit bien qu’il y a deux écoles : celle qui prend l’ordre social pour donné naturellement et se contente d’en rechercher les lois sur le modèle des sciences dures ; et l’autre qui considère que, comme pour les individus, ce pour quoi la société se donne n’est pas ce qu’elle est réellement ; ou dit autrement : la société n’est pas vécue, ni pensée, ni énoncée, de la même façon par les dominés et les dominants. La deuxième école fait des sciences sociales avant tout un outil de dévoilement de cet écart … Des deux écoles, laquelle est la plus proche de la réalité ?

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  • loki // 13.11.2017 à 21h27

    Les travaux de Kahnemann et Tversky restent largement ouverts sur les sciences sociales et ne les renient en rien puisqu’ils valident les démarches parallèles d’autres chercheurs conduisant à remettre en cause des modèles pour faire avancer la réflexion.

    Le contenu actuel des recherches en neuroscience offre du spectaculaire à l’instar des travaux sur l’intelligence artificielle mais rien de consistant. On est à un niveau ridiculement bas et les robots humanisés qu’on trouve chez Asimov ne sont pas pour demain ! Alors pour trouver des économistes intelligents il faudra attendre encore quelques centaines d’années.
    J’ai bien peur qu’en attendant on ait déshumanisés les humains en les transformant mentalement et physiquement pour en faire des robots crétins prostrés devant leur base de données ou aiguillonnés par leur implant cervical, donc des homo economicus idéaux qui permettront enfin aux économistes en conflit d’intérêt de se rapprocher de la réalité empirique !

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