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9.février.20199.2.2019 // Les Crises

Le témoignage de Yanis Varoufakis : accablant pour lui-même Les négociations secrètes et les espoirs déçus de Varoufakis avec la Chine, Obama et le FMI. Par Eric Toussaint

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Source :CADTM, Eric Toussaint, 08-02-2019

Partie 8

8 février par Eric Toussaint

Accostage d’un porte container Cosco au port du Pirée à Athènes

Dans le chapitre 11 de son livre, Yanis Varoufakis explique qu’il est intervenu pour mener à bien la vente du troisième terminal du Port du Pirée à la société chinoise Cosco qui gérait depuis 2008 les terminaux 1 et 2. Comme le reconnaît Varoufakis, Syriza avait promis, avant les élections, de ne pas permettre la privatisation du reste du port du Pirée. Varoufakis ajoute : « Syriza menait campagne depuis 2008 non seulement pour empêcher ce nouvel accord, mais pour évincer complètement Cosco. » Il ajoute : « J’avais deux collègues ministres qui devaient leur élection à cette promesse ». Varoufakis s’empresse malgré tout d’essayer de parachever la vente à Cosco. Il s’y emploie avec l’aide d’un des principaux conseillers d’Alexis Tsipras, Spyros Sagias, qui jusqu’à l’année précédente avait été le conseiller juridique de Cosco. Il y avait donc un conflit d’intérêt manifeste dans le cas de Sagias, ce que reconnaît Varoufakis (p. 313). C’est d’ailleurs la firme de Sagias qui avait rédigé la première convention avec Cosco en 2008. Sagias avait également conseillé dans les années 1990 le premier ministre PASOK Konstantinos Simitis qui avait organisé la première grande vague de privatisations. En 2016, après avoir quitté ses fonctions de secrétaire du gouvernement Tsipras, Sagias s’est remis encore plus activement à son cabinet d’affaires, notamment en étant au service de Cosco [1]. Varoufakis n’est pas gêné d’expliquer qu’il a revu début mars 2015 l’appel d’offre pour qu’il corresponde à ce que Cosco voulait : « Sagias et moi avons briefé Alexis (Tsipras) avant de nous atteler aux préparatifs (de la finalisation de l’accord avec Cosco sur le Pirée). Le but était de reformuler l’appel d’offres pour le Pirée suivant les conditions que les Chinois avaient acceptées » (p. 316).

Varoufakis résume ainsi la proposition qu’il a faite à Pékin via l’ambassadeur chinois en poste à Athènes : « La Grèce possède une main-d’œuvre très qualifiée, dont les salaires ont diminué de 40%. Pourquoi ne pas demander à des entreprises comme Foxconn de construire ou de réunir des installations dans une technopole, en bénéficiant d’un régime d’impôts spécifique, non loin du Pirée ? » (p. 312). Dans cette proposition, on trouve la petite panoplie des arguments des gouvernements néolibéraux qui veulent attirer les investisseurs : une main d’œuvre qualifiée dont les salaires ont diminué et des cadeaux fiscaux aux patrons.

Varoufakis explique qu’il a proposé aux autorités chinoises de racheter les chemins de fer grecs afin que la Chine ait un accès plus facile au reste du marché européen par voie ferrée et d’en faire un chaînon supplémentaire de la Nouvelle route de la soie. Ce dernier projet n’a pas été concrétisé. [2]

Varoufakis a espéré en vain que Pékin achète en mars 2015 des bons grecs du Trésor (treasury bills) pour un montant de plusieurs milliards d’euros (il comptait sur un total de 10 milliards, p. 315), que le gouvernement aurait utilisés pour rembourser le FMI. Au grand désespoir de Varoufakis, les dirigeants chinois n’ont pas tenu leur promesse et se sont contentés de deux achats de 100 millions d’euros.

Les propositions que Varoufakis a faites aux autorités chinoises sont inadmissibles : emprunter à la Chine pour rembourser le FMI ; abandonner le contrôle de la Grèce sur ses chemins de fer ; procéder à d’autres privatisations !

Son projet a échoué parce que les autorités chinoises et allemandes se sont mises d’accord pour que la Chine n’offre pas un ballon d’oxygène au gouvernement de Tsipras. Varoufakis écrit : « Berlin avait appelé Pékin avec un message clair : évitez de commercer avec les Grecs avant que nous en ayons fini avec eux » (p. 317).

Les entreprises chinoises, allemandes, italiennes ou françaises faisant des acquisitions à prix bradés.

Finalement, la concrétisation de l’accord avec Cosco ne s’est pas faite pendant que Varoufakis était ministre. Elle a eu lieu au début 2016 et à des conditions qui, selon lui, étaient plus favorables à l’entreprise chinoise que le préaccord qu’il avait essayé de réaliser (chap. 11, note 8, p. 516). Cela montre que les autorités chinoises se sont entendues avec les autorités de Berlin : elles ont laissé asphyxier la Grèce et ensuite elles en ont profité pour se partager le gâteau avec les autres prédateurs des biens publics grecs. Les entreprises chinoises, allemandes, italiennes ou françaises faisant des acquisitions à prix bradés. Mais si les autorités chinoises avaient concrétisé en 2015 les espoirs de Varoufakis, cela n’aurait pas non plus bénéficié à la Grèce et à sa population.

De leur côté, les autorités russes, qui ont été contactées par Tsipras et Panagiotis Lafazanis, un peu après les contacts de Varoufakis avec Pékin, ont également refusé de venir en aide au gouvernement grec [3]. Vladimir Poutine a négocié avec Angela Merkel pour qu’elle adoucisse les sanctions de l’UE contre la Russie liées au conflit avec l’Ukraine en échange d’un refus de Moscou d’aider le gouvernement de Syriza.

Quant aux espoirs de Varoufakis et de Tsipras d’obtenir une aide de Barack Obama, ce fut là encore une nouvelle désillusion. Selon Varoufakis, l’administration de Barack Obama a fait savoir que la Grèce faisait partie de la sphère d’influence de Berlin et Obama lui-même a recommandé à Varoufakis de faire des concessions à la Troïka. [4]

« Laissez la Grèce respirer », lors d’une manifestation de solidarité à Londres, en février 2015

La poursuite de la diplomatie secrète et d’une communication mensongère dont étaient complices Tsipras et Varoufakis

Varoufakis rend compte de la réunion de l’Eurogroupe qui a suivi la capitulation du 20 février présentée à l’opinion grecque faussement comme un succès : la fin de la Troïka et la fin de la prison de la dette pour la Grèce. Lors de l’Eurogroupe qui s’est tenu le 9 mars à Bruxelles, Varoufakis ne réussit à obtenir aucun geste, aucune concession des dirigeants européens, de la BCE et du FMI. Malgré cela, Varoufakis et Tsipras n’ont cessé de dire que la réunion avait été un succès. Varoufakis rapporte que Tsipras lui aurait déclaré : « On va le présenter comme un succès : conformément à l’accord du 20 février, les négociations politiques vont bientôt commencer afin de sortir de l’impasse » (p. 330).

Ce qui est frappant, c’est le temps passé par Varoufakis et Tsipras dans des réunions interminables à l’étranger pour des négociations au cours desquelles ils font des concessions tandis que la Troïka poursuit méthodiquement son œuvre de démolition des espoirs du peuple grec. Il ne vient pas à l’esprit de Tsipras et Varoufakis de prendre du temps pour aller à la rencontre du peuple grec, de prendre la parole dans des meetings où la population grecque serait invitée. Ils ne se déplacent pas dans le pays pour aller à la rencontre des électeurs, pour les écouter et leur expliquer ce qui se passait au cours des négociations, présenter les mesures que voulait prendre le gouvernement pour lutter contre la crise humanitaire et relancer l’économie du pays.

Varoufakis et Tsipras n’ont pas cherché à se doter des moyens de communiquer avec l’opinion publique internationale et de mobiliser la solidarité internationale avec le peuple grec. Jamais ils n’ont profité de leurs passages à Bruxelles ou dans d’autres capitales pour parler directement aux nombreux activistes qui voulaient comprendre ce qui se passait réellement et qui voulaient exprimer leur solidarité avec le peuple grec.

Varoufakis et Tsipras portent une lourde responsabilité dans l’insuffisant développement d’une solidarité massive et active. Pour que de nombreux citoyens se mobilisent en faveur de la Grèce, il fallait s’adresser à eux, les informer pour contrer la campagne massive de dénigrement et de stigmatisation dont la population grecque faisait l’objet, pas seulement son gouvernement.

Varoufakis et le FMI

Il aurait fallu annoncer la suspension du paiement de la dette

Le 12 février 2015, la Grèce a remboursé 747,7 millions d’euros pour un des crédits octroyés par le FMI dans le cadre du premier mémorandum. C’était une grave erreur, il aurait fallu annoncer la suspension du paiement de cette dette en évoquant deux arguments : 1. l’état de nécessité [5] dans lequel le gouvernement grec se trouvait et l’urgence de donner la primauté à la lutte contre la crise humanitaire ; 2. le démarrage d’un processus d’audit de la dette à participation citoyenne pendant lequel il convenait de suspendre le paiement [6]. Il était possible de justifier cet audit par l’application du règlement 472 de l’Union européenne. Cet article énonce : « Un État membre faisant l’objet d’un programme d’ajustement macroéconomique réalise un audit complet de ses finances publiques afin, notamment, d’évaluer les raisons qui ont entraîné l’accumulation de niveaux d’endettement excessifs ainsi que de déceler toute éventuelle irrégularité ». [7] Ni Varoufakis ni Tsipras n’ont envisagé sérieusement la suspension de paiement combinée à un audit afin de déterminer si la dette réclamée était légitime ou non, odieuse ou non.

Il aurait été possible de commencer une campagne de communication de la part du gouvernement pour délégitimer les crédits du FMI octroyés à la Grèce à partir de 2010. Tsipras et Varoufakis avaient les documents secrets du FMI qui attestaient le caractère hautement illégitime et odieux des crédits en question. Le problème est que Varoufakis était persuadé que cela n’avait aucun sens de parler de l’illégitimité et du caractère odieux des dettes réclamées à la Grèce.

Le Wall Street Journal avait mis les documents secrets du FMI sur la place publique dès octobre 2012, comme je l’ai déjà mentionné dans un article. Quelques jours après leur publication, j’avais rencontré Tsipras pour parler d’une collaboration possible du CADTM à la réalisation de l’audit de la dette. J’ai dit à Tsipras et à son conseiller économique de l’époque, John Milios : « Vous avez là un argument en béton pour aller contre le FMI, parce que si on a la preuve que le FMI savait que son programme ne pouvait pas marcher et savait que la dette ne serait pas soutenable, on a le matériau permettant de porter le fer sur l’illégitimité et l’illégalité de la dette. » [8] Tsipras m’a répondu : « Mais écoute… le FMI prend ses distances par rapport à la Commission européenne. » J’ai bien vu qu’il avait en tête que le FMI pourrait être un allié de Syriza au cas où Syriza accéderait au gouvernement. Cela ne reposait sur aucun fondement sérieux.

En février 2015, Tsipras et Varoufakis en étaient encore là. Ils pensaient qu’ils arriveraient à amadouer le FMI notamment grâce au soutien de Barack Obama et grâce à l’influence des conseillers états-uniens que s’étaient choisis Varoufakis, à savoir Jeffrey Sachs et Larry Summers. Ils se trompaient totalement. Varoufakis en a été témoin lui-même une première fois de manière évidente le 20 février, et dans les jours qui ont suivi quand Christine Lagarde, directrice générale du FMI, a déclaré au sein de l’Eurogroupe qu’il n’était pas question de déroger au mémorandum en cours.

Malgré cette démonstration du comportement hostile du FMI, Varoufakis et Tsipras ont continué les remboursements au FMI tout au long du mois de mars 2015. Varoufakis explique que son ministère a versé au FMI 301,8 millions d’euros le 6 mars, 339,6 millions le 13 mars, 565,9 millions le 16 mars et 339,6 millions le 20 mars. En tout, plus de 1500 millions d’euros ont été payés au cours du mois de mars 2015, en utilisant toutes les liquidités disponibles et alors que les espoirs de Varoufakis de trouver de l’argent du côté de la Chine s’étaient évanouis, que la BCE avait confirmé qu’elle ne reverserait pas les intérêts dus à la Grèce sur les bons achetés entre 2010 et 2012, qu’elle ne rétablirait pas l’accès des banques grecques aux liquidités normales. Pourtant le gouvernement grec, pour lutter contre la crise humanitaire et relancer l’emploi, avait bien besoin de cet argent qui filait dans les caisses du FMI. Varoufakis déclare : « que mon ministère ait réussi à trouver 1,5 milliard pour payer le FMI tenait du miracle, surtout qu’il fallait continuer à payer les retraites et les fonctionnaires » (chap. 13, p. 348).

La décision de suspendre le paiement de la dette au FMI

Varoufakis rend compte d’une réunion surréaliste entre Tsipras et ses principaux ministres qui a eu lieu le vendredi 3 avril 2015. Il explique qu’avant la réunion, il a essayé de convaincre Tsipras de ne pas faire le prochain paiement au FMI prévu pour le 9 avril 2015 pour un montant de 462,5 millions d’euros. Son argument : il fallait mettre la pression sur les dirigeants européens et la BCE afin d’obtenir quelque chose (par exemple, la rétrocession à la Grèce des deux milliards d’euros de bénéfices de la BCE sur les titres grecs de 2010-2012) car rien n’avait été obtenu de leur part au cours du mois de mars. Varoufakis déclare qu’il a eu l’impression de ne pas avoir réussi à convaincre Tsipras. Il relate les propos et le comportement de Tsipras lors du « conseil des ministres informel » (sic ! p. 348) qui a suivi :

« Nous étions sur une voie qui ne menait nulle part, dit-il, mais plus il parlait, plus l’atmosphère devenait lugubre. Le temps qu’il finisse, une chape de résignation pesait dans la salle. Plusieurs ministres se sont exprimés, mais ils trahissaient une profonde mélancolie. Alexis a repris la parole pour conclure. Il a fini comme il avait commencé – lent, sombre, presque déprimé –, rappelant que la situation était critique et potentiellement dangereuse, mais petit à petit il a pris du rythme et gagné en énergie.

Avant que vous arriviez, je discutais avec Varoufakis. Il essayait de me convaincre que c’est le moment de faire défaut au FMI. Nos interlocuteurs ne montrent aucune volonté d’arriver à un accord honnête, économiquement viable et politiquement tenable, me disait-il. Je lui ai répondu que ce n’est pas le moment. (…) Mais vous savez, quoi, camarades ? Je pense qu’il a raison. Trop c’est trop. Nous avons scrupuleusement respecté leurs règles. Nous avons suivi leurs procédures. Nous avons reculé pour leur montrer que nous sommes prêts à accepter des compromis. Et que font-ils, eux ? Ils tardent pour mieux nous accuser de tarder. La Grèce est un pays souverain, et aujourd’hui il nous revient à nous, le cabinet ministériel, de déclarer « Assez ! » Il s’est levé de sa chaise et d’une voix de plus en plus forte, il a pointé le doigt vers moi en hurlant : Non seulement on va leur faire défaut, mais tu vas prendre l’avion, filer à Washington et l’annoncer personnellement à la grande dame du FMI !

Des cris de joie ont fusé dans la salle. Certains échangeaient des regards stupéfaits, conscients de vivre un moment historique. La tristesse et la noirceur avaient disparu, quelqu’un avait arraché le rideau pour laisser entrer la lumière. Comme tout le monde, peut-être même plus, je me suis laissé aller à l’exaltation. On aurait dit une révélation, une eucharistie, aussi étrange que cela puisse paraître pour une bande d’athées revendiqués. » (chap. 13. pp. 349-350).

Silence total de Varoufakis sur la Commission pour la vérité sur la dette

Varoufakis ignore totalement l’existence de la commission à laquelle il avait promis son concours

La suite de cette histoire tient à la fois de la farce et du scandale. Varoufakis part le lendemain pour Washington via Munich afin de rencontrer en urgence Christine Lagarde, directrice générale du FMI. Alors que celui-ci raconte dans le détail la réunion du 3 avril et sa rencontre avec la directrice du FMI à Washington le 5 avril, il passe totalement sous silence une réunion à laquelle il a participé le 4 avril. Cela n’est pas anodin car ce même jour a eu lieu au Parlement grec la séance publique inaugurale de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque en présence d’Alexis Tsipras, de Zoé Konstantopoulou, présidente du parlement, de Prokopis Pavlopoulos, président de la République et de dix ministres dont Yanis Varoufakis qui y a pris la parole. J’étais le coordinateur scientifique de cette commission et j’y ai donc pris la parole juste après les interventions du président de la République et de la présidente du Parlement grec et avant les interventions de trois de mes collègues de la commission ainsi que celle de Varoufakis.

En réalité, dans son volumineux livre, Varoufakis ignore totalement l’existence de la commission à laquelle il avait promis son concours. Il a beau prétendre sur son blog et dans des interviews postérieures à la publication de son livre qu’il a soutenu la Commission, c’est entièrement faux.

Alexis Tsipras, Eric Toussaint et Zoe Konstantopoulou le 17 juin 2015

Ce qui est aussi significatif à mes yeux, c’est que le 3 avril pendant qu’avait lieu cette importante réunion où a été décidé de suspendre le paiement de la dette due au FMI, George Katrougalos qui était membre du gouvernement n’en était même pas au courant. J’étais avec lui à son ministère pendant cette réunion. Dans la soirée du 3 avril, j’ai également vu longuement la présidente du Parlement afin de préparer les derniers détails de la séance inaugurale de la Commission et elle n’était pas au courant de l’existence de cette réunion et de la décision de suspension de la dette. Panagiotis Lafazanis, un des six « super » ministres (c’est l’expression qui était utilisée par Tsipras), n’avait pas été invité à cette réunion. Cela témoigne du type de fonctionnement de Tsipras et de son cercle : des décisions essentielles étaient prises en tout petit comité, en secret, sans consultation d’une grande partie des membres du gouvernement, sans consultation de la présidente du Parlement et sans consultation de la direction de Syriza.

Il faut également souligner que les travaux de la commission pour la vérité sur la dette ont eu un énorme écho dans la population grecque, j’en ai été personnellement le témoin. Très souvent, des personnes m’ont exprimé leur sympathie ou leur remerciement alors que je me déplaçais à pied dans la rue, dans les transports publics ou encore sur le marché hebdomadaire du quartier populaire d’Athènes où j’ai résidé entre avril et juillet 2015. Cela indique que de nombreuses personnes suivaient les travaux de la Commission et reconnaissaient ses principaux membres qui par ailleurs faisaient l’objet d’une campagne de dénigrement systématique de la part des médias de droite.

De la tragédie à la farce : il n’y a qu’un vol d’avion

Jamais je n’avais entendu un truc aussi absurde.

Reprenons la narration de Varoufakis. À son arrivée à Washington, le dimanche 5 avril, Tsipras lui communique un contre-ordre.

Voici le dialogue entre Tsipras et Varoufakis tel que présenté dans le livre de ce dernier :

« – Écoute, Yanis, on a décidé de ne pas aller au défaut tout de suite, c’est trop tôt.

– Comment ça « On » ? j’ai répondu, abasourdi. Qui a décidé qu’« on » ne ferait pas défaut ?

– Moi, Sagias, Dragasakis… on s’est dit que c’était une décision malvenue, juste avant Pâques.
– Je te remercie de me prévenir, dis-je, hors de moi. J’ai pris le ton le plus neutre et plus dégagé possible et je lui ai demandé : Qu’est-ce que je fais maintenant ? Je reprends l’avion et je rentre ? Je ne vois pas l’intérêt de voir Lagarde.

– Surtout pas, n’annule pas le rendez-vous. Tu te pointes comme convenu. Tu vas voir la grande dame et tu lui annonces qu’on lui fait défaut.

Jamais je n’avais entendu un truc aussi absurde.

– Qu’est-ce que tu veux dire exactement ? Je lui annonce qu’on va lui faire défaut tout en lui disant qu’on a décidé le contraire ?

– Parfaitement. Tu la menaces pour qu’elle soit assez angoissée et appelle Draghi en lui demandant de mettre fin à la contraction des liquidités. À ce moment-là, on la remercie et on annonce qu’on paie le FMI. »

Et Varoufakis accepte d’aller jouer une comédie grotesque au siège du FMI et déclare à Christine Lagarde : « je suis autorisé à vous informer que dans quatre jours nous serons en défaut de paiement par rapport à notre calendrier de remboursements au FMI, et ce tant que nos créanciers feront traîner les négociations et que la BCE limitera nos liquidités ».

Or, le départ de Varoufakis vers Washington avait été rendu public. Ce que ne dit pas Varoufakis dans son livre, c’est que Dimitris Mardas, vice-ministre des finances choisi par Varoufakis [9], avait déclaré à la presse internationale que la Grèce paierait ce qu’elle devait au FMI le 9 avril 2015. L’agence de presse allemande officielle, Deutsche Welle, écrit : « Le vice-ministre des finances Dimitris Mardas a assuré ce samedi que la Grèce disposait de l’argent suffisant. ’Le paiement dû au FMI sera effectué le 9 avril. Il y a l’argent nécessaire au paiement des salaires, des pensions et de toutes les dépenses qui devront être faites la semaine prochaine’, a déclaré Mardas. »

Christine Lagarde et Yanis Varoufakis




Notes

[1] Sagias est redevenu le conseil attitré de grands intérêts étrangers pour favoriser de nouvelles privatisations. Il a servi les intérêts de l’Émir du Qatar en 2016 qui souhaitait acquérir une île grecque, l’île d’Oxyas à Zakinthos, appartenant à une zone Natura. Sagias a également été le conseil de Cosco en 2016-2017 dans un litige avec les travailleurs du port du Pirée, quand il s’est agi de trouver une formule de départ anticipé (ou de licenciement déguisé) pour plus d’une centaine de travailleurs proches de l’âge de la retraite. Source : http://www.cadtm.org/Varoufakis-s-est-entoure-de-tenants-de-l-ordre-dominant-comme-conseillers

[2] L’entreprise privée italienne Ferovialia a racheté les chemins de fers publics grecs OSE pour 45 millions d’Euros en juin 2016 sous la conduite du ministre Stathakis, un des proches de Tsipras (https://tvxs.gr/news/ellada/giati-i-trainose-polithike-monon-enanti-45-ekatommyrion-eyro), avec la perspective d’une subvention de fonctionnement de 250 millions d’euros de l’État grec pendant 5 ans à venir (50 millions par an). Voir aussi : http://net.xekinima.org/trainose-to-xroniko-mias-idiotikopoi/

[3] Voir p. 342 et note 5, chap. 12, p. 518.

[4] Voir les propos d’Obama selon Varoufakis, chap. 14, pp. 368-369.

[5] L’état de nécessité est reconnu par le droit international comme une situation qui permet de suspendre le paiement de la dette.

[6] Rappelons que dans le programme de Syriza pour les élections de juin 2012 on pouvait lire parmi les 5 priorités : « la mise sur pied d’une commission internationale d’audit de la dette combinée à la suspension du paiement de la dette jusqu’à la fin des travaux de cette commission ».

[7] « Règlement (UE) N° 472/2013 du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2013 », art. 7 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32013R0472&from=FR

[8] En 2017, le CADTM a publié et commenté ces documents secrets qui étaient connus grâce aux révélations du Wall Street Journal dès 2012 : http://www.cadtm.org/Documents-secrets-du-FMI-sur-la

[9] Concernant D. Mardas, il faut savoir que le 17 janvier 2015, huit jours avant la victoire de Syriza, Mardas a publié un article particulièrement agressif contre la députée de Syriza Rachel Makri sous le titre « Rachel Makri vs Kim Jong Un et Amin Dada ». L’article se concluait par la très éloquente question (soulignée par lui-même) « Sont-ce ceux-là qui vont nous gouverner ? ». Dix jours plus tard, ce même Mardas devenait, grâce à Varoufakis, ministre suppléant des Finances. Varoufakis explique dans son livre qu’après un mois comme ministre il s’est rendu compte qu’il avait fait un mauvais choix. Signalons que Mardas, qui a soutenu la capitulation en juillet 2015, a été élu député Syriza aux élections de septembre 2015.

Source :CADTM, Eric Toussaint, 08-02-2019

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Commentaire recommandé

Fritz // 09.02.2019 à 07h47

« Il ne vient pas à l’esprit de Tsipras et Varoufakis de prendre du temps pour aller à la rencontre du peuple grec, de prendre la parole dans des meetings où la population grecque serait invitée. Ils ne se déplacent pas dans le pays pour aller à la rencontre des électeurs, pour les écouter et leur expliquer ce qui se passait au cours des négociations, présenter les mesures que voulait prendre le gouvernement » (Éric Toussaint).

Plutôt perdre du temps dans des « réunions interminables » avec la Troïka UE-BCE-FMI, où on jacte en anglais entre gens comme il faut.

Tsipras et Varoufakis avaient choisi leur camp, dès le début, en trompant sciemment le peuple grec. J’étais tenté de les traiter de Quisling ou de Laval, mais ce serait leur faire trop d’honneur. Depuis 2015, nous savons comment il faut appeler les collabos-menteurs qui détruisent leur pays : des Tsipras, des Varoufakis.

30 réactions et commentaires

  • MDacier // 09.02.2019 à 07h11

    Faut un sacré degré de malhonnêteté pour renier des « conviction » affichées avec un tel aplomb!

      +10

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    • lvzor // 12.02.2019 à 10h52

      Ben oui, la politique, c’est un métier… qui requiert précisément ce genre de « qualité »…

        +0

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  • Fritz // 09.02.2019 à 07h47

    « Il ne vient pas à l’esprit de Tsipras et Varoufakis de prendre du temps pour aller à la rencontre du peuple grec, de prendre la parole dans des meetings où la population grecque serait invitée. Ils ne se déplacent pas dans le pays pour aller à la rencontre des électeurs, pour les écouter et leur expliquer ce qui se passait au cours des négociations, présenter les mesures que voulait prendre le gouvernement » (Éric Toussaint).

    Plutôt perdre du temps dans des « réunions interminables » avec la Troïka UE-BCE-FMI, où on jacte en anglais entre gens comme il faut.

    Tsipras et Varoufakis avaient choisi leur camp, dès le début, en trompant sciemment le peuple grec. J’étais tenté de les traiter de Quisling ou de Laval, mais ce serait leur faire trop d’honneur. Depuis 2015, nous savons comment il faut appeler les collabos-menteurs qui détruisent leur pays : des Tsipras, des Varoufakis.

      +47

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    • Alexis // 12.02.2019 à 13h16

      Au lieu de citer M. Toussaint qui a très clairement une dent contre Varoufakis (cette citation n’a rien à voir avec l’ouvrage qu’il prétend « critiquer »), aller lire le récit de Varoufakis, récit que personne n’a osé remettre en cause vu qu’il s’appuie sur ses enregistrements des différentes réunions à huis clos auxquelles il a participé. Vous vous rendrez compte aussi de l’ânerie qu’est de mettre Tsipras et Varoufakis dans le même sac.

        +1

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  • Le kebabier // 09.02.2019 à 07h51

    Y’avait un article hier dans le Monde du style : « comment Varoufakis, ce grand homme, a reussi son pari et sauvé la Grèce »

    Mouai mouai…

      +12

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    • Alexis // 12.02.2019 à 13h07

      Faux, c’était sur Tsipras qui a justement « sauvé » la Grèce en prenant le contrepied de Varoufakis.

        +0

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  • Jessim // 09.02.2019 à 08h42

    Ce qui me sidère dans cet article, c’est que l’intérêt du peuple n’est jamais évoqué. On était plutôt dans des calculs technocratiques, on commence clairement à sentir que depuis la crise grecque que Merkel est poussée par une folie des grandeurs, elle n’a aucun scrupule à laisser un peuple et une économie s’effondrer… Pire encore, cette économie qui s’effondre offre des opportunités de business c’est juste profondément malsain.
    Je n’étais pas forcément d’accord avec Emmanuel Todd il y a quelques années pour dire que le problème est l’Allemagne mais je commence dorénavant à la croire.

    Et le problème du peuple grec vient bien évidemment de son élite religieusement tourné vers l’europe peu importe le prix de ce projet. On l’a vu en Grèce les manifestations n’y ont rien fait, les italiens ont votés pour l’instant pour des grandes gueules qui parlent plus qu’ils n’agissent car sur les sujets importants ils se sont couchés.

    Maintenant nous verrons si la France joue le rôle parfois noble qu’elle a eu dans l’histoire, à savoir offrir une autre voie, une autre vision. Gilets jaunes vous n’en êtes probablement pas conscient mais les peuples du monde entier vous regarde non sans espoir.

      +44

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    • Chris // 09.02.2019 à 11h58

      Une nation sciemment mise à mort pour la gloire et les intérêts de l’utopie Union Européenne.
      Si on ne sort pas de cette moulinette, les états-nations y passeront tous, saut le déclaré vainqueur, en l’occurence l’Allemagne.
      j’avoue ne pas comprendre l’attitude de la Chine : l’offre (les chemins de fer grecs) concordait pourtant avec son projet OBOR, les routes terrestres. Or, ils ont choisi les routes maritimes (Port du Pirée), concurrençant ainsi les Anglo-saxons.
      Ou y a-t-il des éléments géopolitiques qui m’échappent ?

        +11

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      • Louis Robert // 09.02.2019 à 23h04

        « Ou y a-t-il des éléments géopolitiques qui m’échappent ? »

        *

        Le jeu de GO.

          +0

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  • mbrouyaux // 09.02.2019 à 09h09

    Eric Toussaint avait déjà mis son immense expertise sur la dette publique au service, notamment, de l’Equateur de Rafael Correa (qui, lui, avait suivi ses conseils). Pour comprendre ce qu’il entend par dette odieuse, illégale, illégitime et insoutenable, (quatre concepts différents), il faut lire le livre « La vérité sur la dette grecque ». Et il est en effet ahurissant que Varoufakis ne parle pas de la Commission d’examen de la dette grecque, alors que son travail avait démarré à la demande de Syriza !
    Ceci dit, le livre de Varoufakis qu’il critique vivement, et à juste titre, mérité néanmoins d’être lu, et pas seulement pour les menaces de voyous des banquiers (page 62 !)

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    • mbrouyaux // 09.02.2019 à 09h31

      Page 460 : nous sommes le 5 juillet (2015). En résumé : le dépouillement des résultats du referendum sur le xième plan de la Troïka est en cours. Vers 22 h, Varoufakis comprend que le peuple grec vient, très majoritairement(61 %), de le rejeter. Il pense donc avoir gagné, et il se rend au bureau de Tsipras, croyant découvrir ses amis sabrant le champagne… et il découvre des mines consternées. C’est le moment où il comprend que Tsipras n’a initié ce referendum que dans le but de le perdre ! Ce qui sera confirmé officiellement une semaine plus tard.
      Une page d’anthologie de ce livre « Conversations entre adultes ».

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    • Alexis // 12.02.2019 à 13h41

      Toussaint, Konstantopoulou et leur Commission d’examen de la dette grecque sont hors sujet, et ce, peu importe les efforts de M. Toussaint qui utilisent ces « critiques » pour promouvoir ses travaux.

      Attaquer la dette grecque pour illégalité etc c’est attaquer les autres pays européens. On n’attaque pas les pays qui gèrent votre monnaie. Si on veut attaquer ces pays, alors on sort de l’Euro. Sauf que SYRIZA a été élu sur la promesse d’une renegotiation des memorandums sans jamais remettre en question l’appartenance de la Grèce à la zone Euro.

      M. Toussaint ferait donc mieux de s’attaquer aux promesses fallacieuses de SYRIZA. Mais il ne le fera pas, car ces promesses permettaient de satisfaire tous le monde, y compris sa copine Konstantopoulou qui pendant 6 mois servi d’alibi à Tsipras pour rassurer l’aile anti-UE de SYRIZA.

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  • Renaud // 09.02.2019 à 10h15

    J’ai sûrement dû déjà envoyer ici et là cette vidéo de Gérard Foucher.
    Ce sont 17 minutes parmi les plus élucidantes sur les tourments de la Grèce, mais avec une « portée européenne » (et au delà) des plus angoissantes ! Va-t-il y avoir un sort de l’Italie comparable à la Grèce? Il y eut un faux-nez de « gauche » en Grèce, il y aura un faux-nez de « droite » en Italie? La France est travaillée au corps, poussée dans la même direction…
    Jusqu’où laisserons-nous faire cette machine infernale à broyer les peuples ??
    Combien de temps encore nous faudra-t-il pour comprendre ??

    https://www.youtube.com/watch?v=Mt1Q90Wip3s

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    • Le Rouméliote // 09.02.2019 à 17h04

      Vous avez raison, les Italiens ont déjà commencé à se tsipraïser en amendant leur budget sur injonction de la commission européenne. Pour elle, les peuples c’est zéro et leurs gouvernements c’est en-dessous de zéro. On ne négocie pas avec la commission, l’eurogroupe et autres bidules du même genre : on se barre !

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  • moshedayan // 09.02.2019 à 12h35

    @Jessim, votre commentaire a du bon sens.
    J’ajouterai un avis sur l’attitude russe envers la Grèce à l’époque :
    Seules les archives du MID et du gouvernement russe peuvent nous éclairer, à défaut quelques questions. Tsipras se montrait-il sincère lorsqu’il envisageait une aide de la Russie ou jouait-il un coup de poker ? L’Allemagne a-t-elle fait des aménagements aux sanctions contre la Russie en échange de sa mainmise sur la Grèce ? Un pacte secret encore ! Sur cette dernière question, vu l’évolution en Ukraine à l’époque et le maintien des sanctions, ma réponse est : si oui, Poutine s’est bien fait berner par les Allemands ! (Tiens, tiens, vos médias n’ont jamais relevé cet échec hypothétique de Poutine en Grèce).
    Enfin, mon hypothèse, s’il fallait croire à une aide de la Russie en Grèce, ce ne sera en aucun cas aujourd’hui à l’égard du gouvernement Tsipras. Moscou attend peut-être que le fruit pourri tombe ou attend rien du tout d’ailleurs, tant la classe politique grecque est discréditée. Il mise plus d’espoir sur la Bulgarie, la Serbie et la Roumanie pour affaiblir l’agressivité de l’UE et des Américains dans les Balkans..

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    • Le Rouméliote // 09.02.2019 à 17h06

      C’est plus simple : la Russie n’a pas les moyens financiers de se substituer au MES qui étrangle la Grèce. C’est tout .

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  • Christian PIRE // 09.02.2019 à 12h37

    Bonjour,

    En dehors des propos consternants relatés, nous retrouvons – encore et toujours – les mêmes errements de l’allemagne.

    Et dire que l’Europe avait pour objectif initial de se protéger des conséquences des errements dogmatiques et répétitifs de l’allemagne….

    Comment ne pas croire que les Anglais ont raison de reprendre leur Liberté et quitter cette europe allemande.

    Je précise bien « cette europe allemande » car, en ayant fait quantité de conférences dans le monde professionnel financier sur l’Europe de la paix, je mesure combien rien n’a changé … alors que l’europe de la Paix aurait du mettre aux errements passés.

    Si je reste européen, je suis persuadé qu’il nous faut, pour réussir l’Europe de la paix, mettre fin à l’europe des lobbies et remettre l’allemagne à la place qu’elle doit avoir en fonction de son passé répétitif.

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  • amideg // 09.02.2019 à 12h45

    « L’entreprise privée italienne Ferovialia a racheté les chemins de fers publics grecs OSE pour 45 millions d’Euros,… avec la perspective d’une subvention de fonctionnement de 250 millions d’euros de l’État grec pendant 5 ans à venir (50 millions par an). »
    Enfin, un exemple concret – beaucoup de bavardage dans ces articles, mais pour trouver l’exemple vraiment parlant, il faut piocher dans les notes de bas de page.
    Ajoutons ceci: Ferovialia aura évidemment emprunté ces 45 millions à une banque, à un taux d’intérêt juteux (pour la banque), et le premier poste de dépense pour les 50 millions/an de subvention sera destiné au remboursement de cette dette à la banque. Ferovialia n’aura en fait rien payé du tout, et reçu 250 millions de subventions.

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  • Krystyna Hawrot // 09.02.2019 à 14h26

    Si mes souvenirs sont bons c’est Tsípras qui a refusé le soutien de la Russie à une nouvelle monnaie grecque. Il l’avait meme dit publiquement. Soit c’est Varoufakis soit c’est Toussaint qui affabule. De la part de Eric Toussaint, éminent membre de la 4 internationale et russophobe comme le reste de l’organisation, cela ne m’étonne pas. Du coup, je ne crois pas au reste de la fable avec les méchants Chinois.

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  • Albert Charles // 09.02.2019 à 14h53

    Je retiens une partie de l’article, totalement intéressant par ailleurs. Ceux qui croient encore qu’il faut arrêter de diaboliser l’Etat chinois actuel se mettent bel et bien le doigt dans l’oeil. D’autant que l’étatisation monopolistique de l’économie chinoise, dirigée par un Président élu à vie maintenant par le PCC, ne présage rien de bon en termes de contre pouvoirs potentiels en Chine. Après avoir absorbé militairement tout le Pacifique Sud, pour y installer des bases militaires, des polders tous azimuts reliés bientôt par des ponts gigantesques arrimés au continent chinois, l’impérialisme stalino-capitaliste de l’Empire du Milieu s’attaquera prochainement à l’Asie du Sud et à l’Afrique,sans faire de cadeaux aux pays européens les plus fragiles. Cette conquête se fera d’abord économiquement et financièrement: elle sera ensuite consolidée par des chantages au chômage dans pays investis par la Chine, et elle finira par des menaces militaires sur la sécurisation des populations et personnels chinois installés gratuitement par l’Etat chinois dans les pays étrangers. C’est ce qui est fait actuellement, par l’Etat chinois, dans le domaine du tourisme: il finance à 100% des hordes entières de touristes chinois habillés de TeeShirts qui revendiquent clairement des territoires en Asie. Que ferons nous quand nos vignobles du Sud seront chinois, occupés par des travailleurs chinois qui se plaindront à l’Etat chinois que leur situation en France est de la discrimination raciste à leur égard ? Yarouflakis connaît la réponse (au moins pour la Grèce)…

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    • weilan // 09.02.2019 à 16h57

      Pour la 3ème fois au moins, je vous fais remarquer que vos longues diatribes anti-chinoises pêchent par de grossières bêtises, tant sur le plan géographique que terminologique.
      Savez vous où se trouve le Pacifique Sud ? La Mer de Chine du sud n’en fait en tous cas pas partie.
      Savez vous ce qu’est un polder ? Si vous ne savez pas, un petit voyage aux Pays-Bas s’impose.
      Où allez vous chercher que « des hordes entières de touristes chinois sont financées par le gouvernement » ? Un lien serait bienvenu pour étayer vos élucubrations.
      Quant à nos vignobles, je vous rassure: aucun travailleur chinois à l’horizon !
      Même au terminal à conteneurs du Pirée ce sont des travailleurs grecs qui y travaillent

      Tout ce qui est excessif est insignifiant..

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  • Leterrible // 09.02.2019 à 15h41

    Comprends pas pourquoi l’article original du CADMT [ http://www.cadtm.org/Les-negociations-secretes-et-les-espoirs-decus-de-Varoufakis-avec-la-Chine ] est tronqué…Dans cet article original, dans le chapitre « De la tragédie à la farce : il n’y a qu’un vol d’avion », on peut lire:
    … »Il y a une différence entre se déclarer en défaut de paiement par manque de liquidités, ce que Varoufakis avançait comme possibilité, et suspendre le paiement de la dette en arguant que la poursuite du remboursement aurait été contraire aux intérêts de la population et aux obligations du gouvernement à l’égard de son peuple…(…)…Varoufakis, à chaque grande étape de la négociation, a fait preuve de faiblesse, il a montré que ces menaces de défaut ne risquaient pas d’être mises à exécution, ce qui a convaincu les dirigeants européens et du FMI de pousser plus loin l’asphyxie de la Grèce.Une preuve parmi d’autres de cette attitude inacceptable : alors que Varoufakis déclare le 5 avril à Christine Lagarde que la Grèce sera contrainte au défaut de paiement le 9 avril si la BCE ne met pas de liquidités à la disposition du gouvernement, SON MINISTERE EFFECTUE LE PAIEMENT A LA DATE PREVUE sans que la BCE rouvre l’accès normal aux liquidités … »
    Je me rappelle qu’à l’époque il était tactiquement admis qu’EN AUCUN CAS la Grèce ne devait SE DÉCLARER en défaut de remboursement…mais devait CONTRAINDRE(s’ils l’osaient..) les autres européens à l’ACCULER au non-paiement(à l’insu de son plein gré..) ! Quant à SON ministère, qui paye..QUI?? paie (=donne l’ordre..).

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  • Subotai // 09.02.2019 à 21h49

    En lisant ça, je comprends combien j’ai eu raison de toujours refuser d’entrer en Politique.
    Ensuite, je sais aussi pourquoi, ils se sont comportés de la sorte. On peut en penser ce qu’on veut, mais autrement on aurait un Tsipras et un Varoufakis mort. N’en doutez pas.
    Observez ce qui s’est passé et se passe en ce moment en Amérique Latine. Tout le monde ne pas être « Jésus-Christ », surtout quand on a femme et enfants. Pas moi en tout cas…
    Merci à tous les gens qui œuvrent en politique pour essayer à faire du mieux pour les autres. Ils y en a.

      +3

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    • Louis Robert // 09.02.2019 à 23h38

      George Carlin: « j’ai abandonné mon espèce » (I gave up on my species).

      https://www.youtube.com/watch?v=fsFpm4yAoMQ

      Suivant de près la crise des gilets jaunes et ne voyant toujours pas le peuple français se mobiliser et envahir massivement tout le territoire national au nom du droit de vivre, je constate que j’ai eu raison de le faire.

        +2

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  • clauzip 12 // 10.02.2019 à 00h13

    Ainsi nous pouvons anticiper sur ce qui arrivera à tout État dans l’Union Européenne!.
    Cette organisation non démocratique qui nous expose ,qui nous désigne à tous les crocodiles et hyènes privées.
    Tout est maintenant rodé,toutes les saloperies sont éprouvées,qui sera la prochaine proie?
    En tous cas nous connaissons déjà les acteurs extérieurs prêts à fondre sur le prochain pays affaibli pour acquérir à vil prix tout les services publics,les espaces publics et tous les joyaux que le peuple a crée.
    Pourtant,nous devons croire qu’un autre scénario est possible…si nous décidons en commun de le réaliser!

      +3

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  • Toutatis // 10.02.2019 à 08h18

    Dans le blog de Panagiotis Grigoriou (http://www.greekcrisis.fr/) Varoufakis est présenté comme un « homme de Soros ». L’action de ce dernier en Grèce semble très puissante (et pas dans l’intérèt des Grecs), à coup souvent de corruption quand il s’agit des politiciens grecs, ou d’ONG étrangères.

      +5

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    • Alexis // 12.02.2019 à 13h58

      Faux.

      Grigoriou rapporte les propos de Kammenos, ministre de la Défense jusqu’à peu, prêt à inventer tout et n’importe quoi pour rester au pouvoir.

        +0

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  • Emmanuel // 10.02.2019 à 09h02

    Pot de terre contre pot de fer. Quatre ans après, où en sommes nous ? L’heure est au Brexit (sec ?), des pays de plus en plus divisés, un « projet » européen en mort clinique. Faisant l’avocat du diable, et partageant tout à fait la colère de Toussaint, je signale que Varoufakis est un des rares à avoir, après avoir démissionné et reconnu son échec, mené un travail sérieux pour un contre-projet européen. Les errements du Brexit (quelque soit le parti pris) montre à quel point un nouveau modèle doit être urgemment recherché.

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  • J’écris ton nom // 10.02.2019 à 12h02

    Vae Victis
    Malheur aux vaincus.
    Personne ne reçoit les leçons de l’histoire.

    Les vilains de l’histoire sont tous les politiques grecs, avant, pendant, et peut-être après la crise.
    Qu’avait à faire la Grèce de chars d’assaut, d’une marine de guerre et d’une aviation de combat moderne ? Pour se battre contre l’armée turque ? Et tenir 3 jours et demi, si les dieux sont favorables ? Qu’avait à faire la Grèce de Jeux Olympiques à ce prix-là ? Qui a touché quels pots-de-vin sur ces marchés ?

    Les serviteurs de l’état joignables entre 10h et 12h les bons jours, et vaquant à leurs propres affaires le reste du temps, cela passait; petit clientélisme local. Mais les gros contrats exports pour des choses parfaitement inutiles, c’était une tentation irrésistible. Et la suite a suivi.

    Sic Transit Gloria Mundi

    P.S.
    La seule chose courageuse et honorable à faire était, dans un seul élan, de dénoncer la dette et sortir de l’Euro, voire de l’UE. Et assumer les conséquences, pénibles certes, mais incomparablement moins et moins durables que ce qui se passe actuellement.

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  • Astroboy // 10.02.2019 à 12h32

    Il manque la fin de l’article !! Merci de corriger l’erreur

      +1

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