Paul-Antoine MARTIN est ingénieur Centrale Supélec, il a évolué dans un environnement industriel, et a mené une carrière riche d’une large expérience, allant de la multinationale anglo-saxonne à l’établissement public français. Il a occupé des postes de cadre dirigeant, côtoyant capitaines d’industrie, politiques et hauts fonctionnaires. Dans cette interview par Olivier Berruyer pour Élucid, il livre son témoignage sur la responsabilité de la haute fonction publique dans la déliquescence de la France. Véritable lanceur d’alerte, il dénonce la trahison des élites, qui détruisent le contrat social, et donc, la démocratie.
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Commentaire recommandé
Il ne faudrait quand même pas croire que ce « phénomène de caste corporatiste » est singulier, nouveau et ne concernerait que les gens issus des grandes écoles.
Comme il est rappelé dans l’interview, Jean Zay (et d’autres avec lui) a bien relevé l’énorme problème (jamais résolu) qu’a posé la collaboration des élites avec l’ennemi… qui pour la plupart sont restées en place après la guerre, soi-disant pour ne pas déstructurer l’État. Donc, cela fait longtemps que l’on sait que ce sont des gens formatés pour obéir et préserver leur place (au meilleur niveau), pas pour innover et œuvrer pour le bien commun et l’intérêt général. À partir du gouvernement Pompidou, l’énorme erreur et catastrophe a été de leur donner de plus en plus de pouvoir politique, et depuis la France va très mal.
Cependant, ce serait une grave méprise de penser que le corporatisme et les problèmes qu’il génère seraient propres et spécifiques à ces « élites ». Absolument tous les groupes sociaux – partis politiques, syndicats, organisations professionnelles, entreprises, et cetera – sont traversés et subissent les mêmes « dérives » et « déviances ».
Tous les travaux de l’approche systémique analysent très bien comment les groupes « s’organisent » pour perpétuer leur existence et leur place, même et surtout s’ils sont devenus complètement inadaptés à leurs buts et au contexte.
Malheureusement, plus je vieillis et plus je trouve que le vrai drame de l’humanité, qui stagne ou régresse, est cette énorme et permanente propension des humains à réinventer sans cesse l’eau chaude, et surtout à ne pas vouloir savoir ni tirer aucune conséquence de ce que l’on sait pourtant depuis longtemps.
Dès les années 60, Paul Watzlawick et tant d’autres de l’école de Palo Alto (et leurs successeurs) ont parfaitement identifié les mécanismes à l’œuvre dans les phénomènes de répétition inadaptés aux buts des organisations ; et ils proposent également tout un tas d’outils pour y remédier. Mais tout se passe comme si ce savoir n’existait pas, comme si cette connaissance opérationnelle (qui a pourtant largement fait ses preuves) n’arrivait jamais à atteindre ceux qui veulent changer les choses.
Alors, c’est toujours plus de la même chose (y compris dans les constats) et clairement l’homéostasie est en train de gagner… jusqu’à la prochaine implosion du système généralement accompagnée de violences, qui se proposera de tout changer pour au final ne rien changer aux fondamentaux… Vraiment, je fatigue.
24 réactions et commentaires
La solution est simple et connue depuis longtemps : interdire à tout fonctionnaire de briguer des mandats électifs (ce qui induit qu’ils démissionnent de la fonction publique s’ils veulent se présenter à une élection, bien entendu). Les énarques ont capturé toutes les institutions, et les contre pouvoirs n’existent plus : ils ont kidnappé la République qu’ils devaient servir. Et bien entendu, comme à chaque fois dans l’histoire que des eunuques évincent le dirigeant qu’ils devaient conseiller, tout pourrit et s’effondre.
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Alerterinterdiction de tout oral dans les concours de recrutement de la haute fonction publique (pour empecher la cooptation) voir de la fonction publique tout court et anonymisation des copies ecrites. interdiction des allers retours public-prive.
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AlerterJe pense plus critique d’interdire la pratique des portes tournantes: les aller-retours entre la haute fonction publique et le privé où l’on intègre ce que l’on surveillait (mal) et vice-versa avec la creation automatique de complicité et de confusion d’intérêts qui en découle
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AlerterPour être un corrompu il faut un corrupteur, donc dire que la corruption est le fait des corrompus c’est prendre le problème à l’envers. Le problème est bien la concentration de pouvoir financier chez quelques uns. Cette concentration produit la corruption. Ce n’est pas un problème de morale ou d’organisation administrative, mais de concentration de pouvoir. Les entités, que ce soit des milliardaires ou des multinationales qui concentrent un pouvoir sans limite font la même chose que tout pouvoir sans limite a toujours fait dans l’histoire de l’humanité, ils privilégies leurs intérêts au détriment du plus grand nombre. La corruption n’étant qu’une facette de cet exercice du pouvoir. Ils construisent des armées privées, font élire leurs candidats etc. Ils corrompent toute société de A à Z. Cette histoire des fonctionnaires qui porteraient la responsabilité de cette corruption, c’est vraiment de la poudre aux yeux, le mécanisme est le même ici comme ailleurs, sur les fonctionnaires ou les acteurs privés,
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AlerterDire que la corruption est le fait des seuls corrompus n’est pas prendre le problème à l’envers, mais en laisser la moitié de côté.
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AlerterDans le sens où on l’entend dans ce sujet, un système « corrompu » (c’est-à-dire détourné de ses objectifs premiers) n’est pas forcément le résultat de faits de corruption. En l’occurrence, ce dont il est question concerne plutôt une altération du fonctionnement de l’État qui, pour l’essentiel, a des causes internes.
Quand bien même on ne parlerait que d’actes de corruption, si le pouvoir des hauts fonctionnaires présente un intérêt pour de potentiels corrupteurs, il offre également la liberté, le devoir et les moyens de ne pas succomber aux avances et de faire punir les tentateurs. En d’autres termes, ce pouvoir leur donne aussi la capacité d’être incorruptibles. Il paraît donc assez déplacé de suggérer que la corruption serait naturelle face à un pouvoir financier.
Le corruption n’existe qu’à partir du moment où la personne sollicitée *choisit* de trahir ses engagements et obligations. Le corrompu apparaît donc bien comme son élément central, parce que c’est lui qui décide et qui agit, parce que sa volonté en est la clé.
Le corrupteur, quant à lui, se contente de faire une *tentative* de corruption dont le succès ne lui est pas acquis a priori, de sorte que le problème qu’il pose est d’une nature différente.
Peut-être est-ce parce que les hauts fonctionnaires sont généralement des gens privilégiés et bien payés, mais la plupart des cas de corruption que j’ai connus durant ma carrière avaient d’autres motivations que l’argent qu’on aurait pu leur offrir (convictions politiques, idéologiques ou religieuses, intérêts de classe, intérêts personnels, népotisme, etc.).
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AlerterIl ne faudrait quand même pas croire que ce « phénomène de caste corporatiste » est singulier, nouveau et ne concernerait que les gens issus des grandes écoles.
Comme il est rappelé dans l’interview, Jean Zay (et d’autres avec lui) a bien relevé l’énorme problème (jamais résolu) qu’a posé la collaboration des élites avec l’ennemi… qui pour la plupart sont restées en place après la guerre, soi-disant pour ne pas déstructurer l’État. Donc, cela fait longtemps que l’on sait que ce sont des gens formatés pour obéir et préserver leur place (au meilleur niveau), pas pour innover et œuvrer pour le bien commun et l’intérêt général. À partir du gouvernement Pompidou, l’énorme erreur et catastrophe a été de leur donner de plus en plus de pouvoir politique, et depuis la France va très mal.
Cependant, ce serait une grave méprise de penser que le corporatisme et les problèmes qu’il génère seraient propres et spécifiques à ces « élites ». Absolument tous les groupes sociaux – partis politiques, syndicats, organisations professionnelles, entreprises, et cetera – sont traversés et subissent les mêmes « dérives » et « déviances ».
Tous les travaux de l’approche systémique analysent très bien comment les groupes « s’organisent » pour perpétuer leur existence et leur place, même et surtout s’ils sont devenus complètement inadaptés à leurs buts et au contexte.
Malheureusement, plus je vieillis et plus je trouve que le vrai drame de l’humanité, qui stagne ou régresse, est cette énorme et permanente propension des humains à réinventer sans cesse l’eau chaude, et surtout à ne pas vouloir savoir ni tirer aucune conséquence de ce que l’on sait pourtant depuis longtemps.
Dès les années 60, Paul Watzlawick et tant d’autres de l’école de Palo Alto (et leurs successeurs) ont parfaitement identifié les mécanismes à l’œuvre dans les phénomènes de répétition inadaptés aux buts des organisations ; et ils proposent également tout un tas d’outils pour y remédier. Mais tout se passe comme si ce savoir n’existait pas, comme si cette connaissance opérationnelle (qui a pourtant largement fait ses preuves) n’arrivait jamais à atteindre ceux qui veulent changer les choses.
Alors, c’est toujours plus de la même chose (y compris dans les constats) et clairement l’homéostasie est en train de gagner… jusqu’à la prochaine implosion du système généralement accompagnée de violences, qui se proposera de tout changer pour au final ne rien changer aux fondamentaux… Vraiment, je fatigue.
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AlerterPourquoi à partir de Pompidou ? J’ai travaillé avec des énarques dans les années 80, compétents, bosseurs et modestes, serviteurs de l’État. Il y a une contradiction dans votre raisonnement, puisque vous estimez que les hauts fonctionnaires qui ont contribué à relever la France était en partie issus de « la collaboration des élites avec l’ennemi… (et) pour la plupart sont restées en place après la guerre, soi-disant pour ne pas déstructurer l’État. »
Comme le dit Paul-Henri Martin, les énarques de l’après guerre avaient souvent eu une expérience vécue pendant la guerre, le sens de l’État, se sentaient responsables et la France de de Gaulle-Pompidou était à son apogée.
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AlerterC’est simple, référez-vous à l’histoire et aux faits. Après guerre, cherchez dans les gouvernements quels sont les ministres issus des hautes écoles. Très peu et toujours à des postes où ils obéissaient à des politiques issus de la société civile, qui non accessoirement avaient tous dans leur CV combattu les nazis.
Dans le gouvernement Pompidou, 3 ministres (j’ai compté rapidement) sont issus des grandes écoles, dont VGE (ministre des Finances) qui porta notamment la réforme de la Banque de France pour interdire à l’État de s’endetter auprès de celle-ci. Un premier pas d’abandon de souveraineté et de privatisation financière qui nous ont coûté très très cher, et qui est à l’évidence en totale rupture avec la politique d’indépendance gaullienne. En outre, parmi les secrétaires d’État, ceux issus des grandes écoles sont majoritaires.
Puis avec VGE, c’est toujours plus de la même chose pour aboutir au tandem infernal VGE-Barre qui a vendu 1/3 de nos industries à la découpe.
La France ne s’est jamais remise de ce saccage économique et de cette allégeance aux banques qui, pour ce dernier point, l’a privé de toute maîtrise de sa monnaie.
Malheureusement depuis, y compris dans les gouvernements socialistes, les personnels politiques issus des grandes écoles sont toujours majoritaires.
Qu’il puisse y avoir des gens « honnêtes » parmi les hauts fonctionnaires n’est pas la question (moi aussi j’en ai connus), seuls les résultats comptent. Et si hautes écoles = vendus aux lobbys (dont les banques) n’est pas une corrélation directe, ça y ressemble quand même bougrement au vu des faits rien que des faits.
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AlerterCe témoignage en dit long sur le fonctionnent de l’État. Le rêve d’un intérêt général a été bravement défendu par le CNR depuis 1945. Maintenant qu’il n’y en a plus, les travers du carriérisme, de la cooptation, du pantouflage refont surface sans aucune vergogne.
Vue sous cet angle, la privatisation des services publics prend tout son sens. Ces mêmes hauts fonctionnaires deviendraient dirigeants, et auraient des comptes à rendre aux actionnaires. On peut comprendre certains blocages et réticences.
Les omissions de l’entretien n’en sont que plus criantes.
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AlerterIls ont aujourd’hui des comptes à rendre aux actionnaires, ce sont eux qui les corrompent. C’est le pouvoir non contrôlé actuel des actionnaires qui produit cette corruption, pas la façon dont les hauts fonctionnaire s’inventent des solutions adaptées à cet environnement de corruption.
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AlerterEn fait, on peut toujours essayer de corrompre, comme on peut accepter ou refuser de se faire corrompre. Mais c’est vrai, refuser d’être corrompu est plus difficile que de l’accepter dans ce monde actuel. Heureusement, ou malheureusement, c’est la pérennité d’un système…
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AlerterCe que je vois, ce n’est pas tant une corruption des hauts fonctionnaires par les actionnaires, que des hauts fonctionnaires cherchant de leur plein gré à augmenter les pouvoirs et les bénéfices à ces actionnaires. Certainement parce que les uns et les autres partagent une idéologie commune, ou des intérêts communs, ou appartiennent à la même classe sociale, voire aux mêmes familles.
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Alerter« Ces mêmes hauts fonctionnaires deviendraient dirigeants »
il leur faudrait pourtant vite comprendre que ces places de dirigeants sont reservees a des americains…de plus dans une dictature,meme les plus hauts serviteurs sont soumis aux caprices du dictateur…
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AlerterCela me fait beaucoup penser à un autre « corps »qui est celui de la culture et particulièrement celui des arts plastiques (écoles des beaux-arts etc. musées/galeries, institutions prestigieuses, fondations etc.) les pratiques et les mentalités y sont identique (je dirais même que c’est pire).
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AlerterA l’écoute de P-A Martin, je n’ai entendu que des « banalités » sur le carriérisme, le cynisme, et au fond la nullité de nos soit-disants élites de la fonction publique. Tout cela nous le savons d’expérience, nous qui avons vu s’effondrer un à un nos service publics et observé récemment l’incohérence criminelle des actions contre la covid 19. Quand ces gens font de la Politique, c’est encore pire comme on le voit avec le paysage gouvernemental que nous subissons.
Pour paraphraser Arendt que cite l’auteur, en somme, c’est l’incroyable « banalité de la bêtise ».
Associée à « l’horreur économique » du capitalisme, c’est implosif…l’effondrement est en cours.
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Alerter**** et observé récemment l’incohérence criminelle des actions contre la covid 19. ****
sur ce point pas d’accord : ce n’est pas de l’incohérence mais bien une volonté de faire. VIRER les responsables expérimentés n’est pas de l’incohérence mais volonté de faire le jeu des milliardaires aux dépends des gueux.
Pas de circonstances atténuantes.
Arendt met de la bêtise où l’on voit de l’escroquerie.
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AlerterQue les élites forment des castes, c’est vieux comme le monde. N’est-ce pas plutôt un problème de gouvernance politique? Le problème français est que le régime présidentiel permet de former un gouvernement en dehors du parlement. Les ministres ne sont donc pas des vrais politiques mais des hauts fonctionnaires, parfois parachutés dans une circonscription pour faire semblant.
Il me semble que si les ministres étaient des députés, élus du peuple, cela serait différent. Je ne dis pas que ce serait parfait mais il y aurait un certain contrôle démocratique.
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AlerterL’ENA était une belle idée et une belle école. Mais on sait ce qu’elle est devenue. Ne faudrait-il pas la supprimer et, comme en 46, à nouveau tout remettre à plat, imaginer un tout autre moyen de recruter et former les hauts fonctionnaires ?
Cela suppose une condition, comme le dit si bien Paul-Antoine Martin : la foi en la France. Or l’article devient de plus en plus introuvable…
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AlerterUne idée serait d’exiger un âge minimum pour accéder à la haute fonction publique, que ces gens travaillent comme cadres dans l’administration sans la diriger jusqu’à 35 ou 40 ans, avant d’intégrer la classe dirigeante ! j’ai la même pour les juges, avocats ou flics jusqu’à 35 ou 40 ans avant de devenir juges…
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AlerterLa racine du mal ne vient-elle pas surtout du mode de sélection des ces élites ?
Les épreuves de concours avec dissertations et notes de synthèses manuscrites permettent-elles vraiment de recruter les managers publics les plus compétents ou ceux qui ont préféré bachoté plutôt que faire leur boulot ? Et si c’est le cas, pourquoi aucune administration publique dans le monde utilise ces épreuves ? Pourquoi les entreprises privées préfèrent les CV, les entretiens et les tests de personnalité pour recruter ?
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AlerterIl faut parcourir les publications d’Yvan Stéphanovitch qui est aux autorités se que Charles Prats est à la gabegie des politiques redistributives.. Rien ne se fera si on conserve ces Sciences PoPo autant toxiques qu’inutiles ensuite supprimer les pantouflages, il ne suffit pas d’avoir jouer au train dans son enfance pour être apte à diriger la RATP..
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AlerterCet homme qui parait tout à fait honnête et qui semble défendre les vertus de l’intelligence, propose une « solution » (qu’il n’a d’ailleurs pas à donner, il témoigne et c’est déjà beaucoup !) qui « règlerait » l’influence néfaste de ce monde perverse et destructeur, à savoir : le politique !
Il parle notamment d’une proposition de macron de « renverser » la haute fonction publique.
S’agirait-il d’un reste d’illusion, dont laquelle il dit avoir été pris au début de sa carrière ?
Le politique, notamment en ce moment sous le règne actuel se comporte tout à fait à l’image de la haute fonction publique. On pourrait même poser l’hypothèse que si ces « hauts » fonctionnaires se permettent avec tant d’aisance et de dextérité d’être comme ils sont, corrompus et mafieux, c’est que l’état le permet et donc l’est aussi.
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AlerterIl est évident qu’aucun système politique ne peut exister sans la corruption ! La corruption, devenue systémique par la force de sa propension à se reproduire, est un vecteur qui régente les relations entre les sphères de pouvoirs (économiques et ensuite politiques) et ceux enrôlés pour les pérenniser. Un système ne peut exister sans avoir balisé sa destinée en mettant en place fortifications et autodéfense portées souvent par ces fameuses mains invisibles, les fonctionnaires, devenus sentinelles de la perpétuation. Etant garants de la pérennisation, il est tout à fait normal, suivant leur logique de construction, qu’ils soient rétribués, d’une manière ou d’une autre, en contrepartie de leur loyalisme. Le loyalisme n’étant pas une valeur travail, il ne peut être rétribué qu’au moyen d’une voie de contournement, la corruption dont le coût se chiffre annuellement à 5% du PIB mondial sans parler des surcoûts collatéraux de production qu’elle génére au passage.
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