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9.décembre.20189.12.2018 // Les Crises

L’insurrection, et après ? Par Michel Onfray

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Nous vous proposons aujourd’hui la vision de Michel Onfray sur les Gilets Jaunes (bien que n’en partageant pas certains points…).

Source : Michel Onfray, 06-12-2018

Pour l’heure, ce qui advient avec les gilets-jaunes ressemble à s’y méprendre aux prémices d’une révolution. L’histoire de la Révolution française, mais aussi celle des autres révolutions, intéresse le libertaire que je suis parce qu’on peut y pointer le moment où la générosité qui préside à un mouvement pour plus de dignité et d’humanité se trouve récupéré par quelques autoritaires qui détournent l’impulsion originelle afin d’assurer leur pouvoir personnel. Ils évincent alors les auteurs ayant initié la dynamique: les gens modestes, les pauvres, les petits, les sans-grade, les « sans-dents », comme il fut dit un temps par un qui se disait « socialiste » et -hélas!- suivant la jurisprudence 1983, l’était bel et bien!

Prenons 1789. La Révolution française ne s’effectue pas tout de suite, contrairement aux résumés distribués par le catéchisme laïc, avec une revendication républicaine d’abolition de la monarchie dans l’objectif avoué de réaliser la Liberté, l’Égalité et la Fraternité! Pour la vulgate, il y aurait eu un « avant 14 juillet », avec les ténèbres, un roi faible, une reine frivole et vendue à l’étranger, un régime esclavagiste, puis, après la Révolution, un moment de lumière avec des dirigeants républicains ayant offert la dignité à tous! Lors de la prise de la Bastille, rappelons-le, Robespierre, Marat et Danton sont monarchistes et ils vont le rester deux bonnes années! L’insurrection de 1789 ne s’effectue pas pour les idées de Liberté, d’Égalité et de Fraternité, mais pour des revendications concrètes portées par ceux qu’on appelle « les Enragés » -les gilets-jaunes de l’époque… Ils veulent du pain pour leur famille, du lait pour leurs enfants et du savon pour se laver. Les prix sont trop élevés, les accapareurs et les agioteurs profitent du désordre pour les augmenter, les Enragés veulent les plafonner. Ils n’ont aucun souci de faire chuter la monarchie ou d’en penser les modalités constitutionnelles, ni même de proposer un changement de régime! La démocratie directe avec le contrôle des représentants proposés par les Enragés ne datent pas de juillet 1789.

A cette époque, les sans-culottes, une autre modalité de la revendication populaire, évoluent eux-aussi sur des terrains très concrets et nullement idéologiques. Ils n’ont que faire des débats intellectuels et de savoir s’il faut préférer le Contrat social de Rousseau à L’Esprit des lois de Montesquieu: ils veulent améliorer leur vie quotidienne qui est faite de misère et de pauvreté, de faim et de froid, de chômage et de précarité.

Il n’est d’ailleurs pas sans raison que ce petit peuple révolté soit lui aussi qualifié avec un attribut vestimentaire: ils ne portent pas la culotte et les bas des bourgeois (ou de l’aristocrate Robespierre qui est le grand homme de la bourgeoisie et n’oublie jamais de porter la perruque poudrée de sa caste…), mais le pantalon à rayures bleues et blanches. Les gilets-jaunes eux-aussi arborent un attribut vestimentaire qui, certes, est celui des automobilistes en détresse, mais aussi, on a tendance à l’oublier, celui des travailleurs de l’extérieur qui ont besoin de signaler leur présence sur les chantiers ou dans les rues afin de ne pas se faire tuer par des engins de travail ou des automobilistes. Le gilet jaune, c’est le costume du travailleur qui ne porte pas de cravate: le maçon et le balayeur, le menuisier et l’employé de la voirie…

Au commencement, toute révolution est insurrection. La prise de la Bastille est emblématique de cette vitalité révolutionnaire: on attaque le symbole du pouvoir. Qui niera que les Champs-Élysées, lieu de parades des puissants, soit un lieu éminemment symbolique pour ceux qui regardent à la télévision le pouvoir y passer, s’y montrer, s’y exhiber et qui le subissent sans jamais l’exercer? On y voit en effet, au choix, les défilés militaires lors de la parade anniversaire de ce fameux 14 juillet; la tribune des chefs d’État invités par la France -jadis Kadhafi ou Bachar el Assad, et récemment, pour le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale: Trump, Erdogan, Merkel ou Poutine et un paquet d’autres huiles; les bus de l’équipe de football quand elle décroche la coupe du Monde ; le convoi funéraire de Johnny Hallyday, fiscalement domicilié aux États-Unis ou en Suisse, mais néanmoins salué par les trois derniers présidents de la République, le quatrième n’étant plus en état de le faire mais qui, sinon, y serait également allé. C’est aussi l’artère qui conduit le chef d’État nouvellement élu de la place de la Concorde, où ont été décapités le roi et la reine, ce qui marque la fin de la monarchie, à l’Arc de triomphe, un bâtiment qui est d’abord là pour signifier les victoires de Napoléon, certes, mais aussi et surtout, la fin de la Révolution française sifflée par ce jacobin corse avec son coup d’État du 18 Brumaire. Avec ce putsch, Napoléon assure aux bourgeois que la Révolution est finie et qu’ils peuvent désormais jouir tranquillement des biens confisqués au clergé, devenus biens nationaux, et achetés par eux parce qu’ils avaient de quoi les acquérir -au contraire des pauvres… Les Champs-Élysées racontent en raccourci comment naît, vit et meurt une Révolution: de la guillotine robespierriste, en bas, où le sang a été versé par les jacobins de 1792 et 1793 pour abolir la royauté, à l’Arc de l’empereur, en haut, qui a mis fin à la Révolution et renvoyé les petites gens à leurs conditions de misérables (quand ils ne mourraient pas sur les champs de bataille de ses guerres de conquête par centaine de milliers…). C’est un résumé de ce qui ne doit pas arriver mais qui menace si d’aventure les gilets-jaunes ne se structurent pas.

Car, s’ils ne s’organisent pas, d’autres organiseront pour eux et, c’est certain, les gilets-jaunes deviendront les Plaideurs de la fable de La Fontaine, ils n’auront plus que leurs yeux pour pleurer: l’insurrection aura fait le jeu de Mélenchon ou de Le Pen, autrement dit de ces gens du système, car, même s’ils font carrière dans la critique du système, ils en font partie -le très longtemps sénateur socialiste Mélenchon ayant voté « oui  » à Maastricht, qui est le péché originel expié ces temps-ci dans les rues; et Marine Le Pen ayant hérité de la boutique paternelle qu’elle fait fructifier de façon familiale entre Montretout et bamboula. L’un et l’autre avec leurs troupes dirigeantes sont gens à cravate, même et surtout quand ils affectent de n’en pas porter!

Comment s’organiser? Il faut éviter la solution jacobine car, pour cette engeance centralisatrice et parisienne qu’est le jacobin, tout pouvoir procède d’une figure unique qui elle-même s’inspire du roi. Précisons que, lors des dernières présidentielles, tous les candidats étaient jacobins! Ceux qui parlaient de girondinisme le faisaient pour rire -Raffarin ou Juppé par exemple…- dans la perspective que, dans leurs régions gouvernées comme des fiefs féodaux, ils pourraient continuer à disposer d’un pouvoir semblable à celui des monarques. Or, la Gironde n’est pas multiplication des rois en région ou dans les départements, voire dans les communes, ce serait pure sottise, mais réellement pouvoir régional en région, départemental dans les départements, communal dans les communes. En revanche, c’est le pouvoir exercé par ceux sur lesquels il s’exerce avec révocabilité des élus. En effet, ces derniers ne devraient pas être des titulaires du pouvoir de droit divin mais des mandataires auxquels l’électeur peut reprendre sa délégation à tout moment dans le cas où la parole et peu, pas ou mal portée. Le pouvoir ne doit plus être une sinécure personnelle et doit redevenir une obligation contractuelle. L’élu est l’obligé de qui le mandate et non son parasite.

Le marxisme-léninisme est la forme aboutie du jacobinisme. N’oublions pas que cette idéologie reste l’horizon intellectuel de Mélenchon et de sa garde rapprochée. La dictature du prolétariat, préconisée par Marx dans le texte, a été réalisée par Lénine, puis Trotski, puis Staline. Je ne fais pas de distinctions entre ces trois modalités d’une même dictature. Elle a été dictature sur le prolétariat plutôt que dictature du prolétariat. Le nier c’est prendre le parti du Goulag.

Dans l’aventure des gilets-jaunes, les néo-marxistes-léninistes sont embusqués: ils sont passés à côté des débuts de l’insurrection qu’ils ont même, pour tel ou tel, je songe à Clémentine Autain, regardé avec un certain mépris. Depuis qu’ils sont arrivés quatrièmes aux présidentielles et très mauvais perdants, ils ont raté la convergence des luttes; ils n’ont pas réussi à fédérer lors de manifestations qu’ils voulaient grandioses; ils perdent des points dans les sondage ; ils accumulent les scandales d’argent et d’affaires, de népotisme et de passe-droits, qui touchent tel ou tel ou tel dans leur camp.

Or, ce grand petit peuple a réalisé tout seul ce que ces politiciens professionnels ne sont pas parvenus à faire avec beaucoup d’argent, des communicants, des experts, des salariés, et même des autoentrepreneurs… Aujourd’hui, disons-le de façon métaphorique, les néo-robespierristes remontent la foule en direction des premières places du cortège…

A droite, Marine Le Pen offre une version de ce même jacobinisme. Elle croit au chef charismatique, certes, elle sollicite le référendum sur les questions sociétales mais, sans la pédagogie qui le prépare, le référendum, auquel je tiens comme exercice de démocratie directe, est un plébiscite du chef plus qu’une expression démocratique. En nos temps d’inculture politique et civique généralisée, la démocratie plébiscitaire s’avère l’une des modalités de la tyrannie -celle de l’opinion que ne construit plus l’École qui fut jadis républicaine, mais que fabriquent aujourd’hui les médias dominants et les contre-médias tout aussi insoucieux de vérité, de réalité, de justice et de justesse les uns que les autres. Condorcet a déjà expliqué en son temps combien la démocratie sans éducation rendait toute élection problématique.

Ces deux modalités du jacobinisme que sont Mélenchon et Le Pen n’ont pas été plus clairs l’un que l’autre sur la question de la souveraineté nationale: on les comprend car ces professionnels de la politique sont obsédés par leur boutique et il s’agit toujours pour eux de ne pas effrayer les électeurs potentiels. Or, les choses sont simples: faut-il oui ou non rester dans la configuration de l’Europe libérale qui empêche les décisions nationales en faveur des citoyens les plus pauvres? Doit-on garder l’euro, monnaie unique, en sachant qu’il ne permet pas de mener une politique économique autonome, ce qu’en revanche permettrait une monnaie commune? En fait, si l’on y regarde de plus près, l’un et l’autre ont déjà tranché à leur manière: Mélenchon en évinçant il y a peu de son staff Djordje Kuzmanovic et François Coq qui défendaient une ligne clairement souverainiste; et Marine Le Pen en agissant de la même manière avec Florian Philippot qui campait sur des positions semblables.

Dès lors, faute de recouvrer notre souveraineté politique, on ne peut pas dire qu’on soutient les revendications des gilets-jaunes puisque celles-ci ne pourraient être satisfaites tant que la France resterait dans la configuration de l’État maastrichtien.

La souffrance de ce peuple en jaune explose après un quart de siècle de privations imposées à ces laborieux qui n’en peuvent plus de la misère et de la pauvreté qu’on leur inflige au nom des critères de l’Europe, qu’ils soient économiques, fiscaux, monétaires ou écologiques.

Car, dans cette aventure, Macron mène la politique de l’Europe et non celle de la France, ce qui, de facto, lui interdit toute marche de manœuvre politique nationale. Il y a peu, dans Les Terriens du dimanche (2 decembre 2018), Aurélien Taché, député La République en Marche, a dit tout haut ce que Macron pense tout bas: « Le fait de transférer une grande partie de la souveraineté nationale au niveau européen, c’est le cœur de ce qu’on proposera aux élections européennes, ça c’est très clair » -c’est très clair en effet…

Macron prend prétexte de sauver la planète pour serrer la ceinture des pauvres (tout en desserrant celle des riches dispensés d’impôts sur la fortune) afin de les soumettre à la règle maastrichtienne des 3%. Mais il s’agit moins pour lui de sauver la planète que de sauvegarder l’Europe libérale, une espèce en péril -sinon, pourquoi ne pas taxer les supertankers, les avions de ligne, les aéronefs commerciaux, les paquebots de croisière, les entreprises qui polluent, les constructeurs automobiles ayant fraudé sur leurs émissions de carbone, plutôt que l’infirmière qui effectue ses visites en campagne?

Dès lors, quiconque croit pouvoir répondre favorablement aux demandes des gilets-jaunes sans envisager une sortie de l’Europe maastrichtienne ment éhontément: Les Républicains et le Parti Socialiste, La France insoumise et le Rassemblement national, le Modem et le Parti communiste français sont à mettre dans le même sac. Il n’y a donc aucune raison de faire confiance à cette classe politique jacobine, parisienne, mondaine, partidaire qui se trouve à l’origine du malaise qu’elle prétend désormais vouloir combattre… si on l’installe à nouveau au pouvoir! On ne peut créer les conditions du chaos depuis des décennies puis vouloir y mettre fin avec la politique qui a causé ces dégâts!

Par ailleurs, je comprends que les gilets-jaunes aient des réactions épidermiques avec les porte-paroles autoproclamés, qu’ils évincent tel ou tel parce qu’il est journaliste ou bien parce qu’il est encarté dans un parti ou un syndicat, qu’ils réprimandent celui ou celle qui ne s’autorise que de lui-même pour parler au nom des autres: ceux qui ont fait profession de justifier le système depuis un quart de siècle ne sont pas crédibles pour guérir la maladie qu’ils ont consciencieusement inoculée. Qu’ils laissent la place! Qu’un authentique dégagisme voie le jour qui renvoie à la retraite les professionnels de l’État maastrichtien -partis politiques et syndicats, journalistes et intellectuels du système, ainsi que tous les voyageurs de commerce de cet idéal populicide qui a mis tous ces gens dans la rue quand l’épuisement s’est pour eux trouvé maximal.

Que faire? S’il faut éviter la solution jacobine il faut également éviter la solution spontanéiste: du chaos il ne sort que plus de chaos encore, mais jamais un ordre nouveau. Ceux que l’on nomme les « casseurs » et qui signent leurs forfaits avec des slogans sans ambiguïtés, notamment avec des sigles comme celui du « A » dans un cercle qui est clairement la signature anarchiste, ne partagent pas les intérêts de ce petit peuple malheureux. Leur sociologie est celle des urbains cultivés et sur-diplômés, politisés et organisés. La source de leur révolte est bien plutôt dans le gauchisme culturel de Giorgio Agamben ou de Toni Negri (un fervent partisan du « oui » au Traité constitutionnel européen d’ailleurs…), que dans l’impossibilité d’acheter des jouets à leurs enfants ou à leurs petits-enfants au prochain Noël…

J’ouvre une parenthèse pour signaler que j’ai entendu une journaliste commenter le « A dans son cercle » de l’anarchie, tagué sur l’Arc de Triomphe, en disait qu’il était la signature des « antifas ». Parfait! Tout va bien, car ce sont donc des amis politiques des médias du système, puisqu’ils sont censés lutter contre le fascisme casqué, armé, botté, militarisé -celui de Marine Le Pen bien sûr! Or, pour l’heure, s’il est bien des gens armés, casqués, bottés, militarisés, ils semblent bien plutôt se trouver chez ces prétendus antifascistes que du côté des gilets-jaunes dont il est facile de revêtir le vêtement pour commettre des forfaits, d’autant plus que le pouvoir et les médias de l’État maastrichtien n’attendent que cela pour stigmatiser le mouvement.

Cette « anarchie » là n’est pas la mienne. C’est celle de l’idéaliste hégélien Bakounine qui croyait (comme un libéral dans sa candeur…) que la liberté de la révolte accoucherait naturellement de la révolution comme en sortant de la cuisse de Jupiter! Laissez faire les repris de justice et les artistes, les poètes et les fous, les chômeurs et les clochards écrit-il dans L’Empire knouto-germanique, et de leur colère naîtra comme par enchantement un nouvel ordre révolutionnaire! Il faut sacrément ignorer la nature humaine pour penser l’anarchie d’une façon aussi simple, sinon simpliste, pour tout dire infantile ou adolescente… La violence n’est pas accoucheuse de l’Histoire: elle l’est surtout de la violence! L’Histoire est ensuite construction, et l’on peut construire ailleurs sans avoir besoin de détruire ici.

Comment faut-il s’y prendre pour construire ailleurs sans avoir besoin de détruire? En tournant le dos à l’idéalisme allemand du russe Bakounine et de ses émules qui croient aujourd’hui que le pavé lancé sur les forces de l’ordre et l’incendie des voitures, le cocktail Molotov balancé sur les CRS et la fronde pour leur envoyer des boulons, le taguage des bâtiments historiques et le pillage des boutiques de souvenirs, la destruction des vitrines des magasins de luxe ou le ravage des terrasses de café, la barre de fer et la batte de base-ball, tout cela sert à accélérer l’instauration de la justice sociale! C’est une pensée courte, simpliste et simplette, car cette violence ne contribue pas à l’avènement du Grand Soir, mais juste à la riposte violente du pouvoir qui s’en trouve d’autant légitimé qu’il invoque la protection des citoyens, sans parler de ses grandes invocations médiatiques de la République, de la démocratie et de la liberté en danger…

Pour trouver une issue politique à cette insurrection inédite, il faut réactiver quelques propositions du socialisme libertaire de Proudhon: il estimait que la Révolution française avait accouché de beaux principes, certes, bien sûr, évidemment, mais de rien qui soit utile à ceux qui voulaient du pain pour leur famille; il détestait le sang et la Terreur, le Tribunal révolutionnaire et Robespierre, la guillotine et le gouvernement révolutionnaire; il n’aimait pas Marx et avait prévu que son système déboucherait sur un régime autoritaire -ce qui fut le cas quelques décennies plus tard; il n’était pas communiste et refusait d’ailleurs cette idée avec vigueur, car il souhaitait étendre la petite propriété privée au plus grand nombre; il ne se gargarisait pas de grands mots et de belles idées, car ce fils de tonnelier qui fut bouvier savait ce qu’était le peuple, il en venait, au contraire de Marx dont le père était avocat; il a construit son socialisme libertaire de façon pratique et concrète, antiautoritaire et non-violente.

Nulle cité radieuse ou nul lendemain paradisiaque chez lui: il souhaite réaliser un ordre libertaire et, pour ce faire, il invite à une organisation rigoureuse: son anarchie est le contraire du désordre! C’est un autre ordre: celui de la justice. Dans Théorie de la propriété, un ouvrage de sa fin de vie qui fut courte, il théorise cette organisation libertaire et pense la nécessité d’un État libertaire. Pour éviter le double écueil du capitalisme sauvage qui crée les inégalités et l’exploitation, et du socialisme autoritaire qui produit l’oppression et la misère (n’est-ce pas notre actualité?), il propose l’autogestion, le mutualisme, la fédération, la coopération le tout dans l’organisation et sans violence.

L’organisation non-violente : voilà c’est ce que les gilets-jaunes devraient faire pour éviter les écueils qui se profilent: à savoir la récupération par les jacobins et les professionnels de la politique, ou bien le basculement dans le chaos spontanéiste, le tout signifiant à coup sûr la mort de cette énergie insurrectionnelle.

Proudhon ne donne pas les clés du pouvoir aux intellectuels -il ne le faut jamais! Robespierre en était un, Lénine, Staline et Trotski aussi, Mao et Pol-Pot également -il avait étudié à la Sorbonne, aimait Rousseau et Sartre… Il les donne à ceux sur lesquels il doit s’exercer: la démocratie représentative française, chacun l’a constaté depuis des années, ne représente plus que les intérêts d’une bourgeoisie qui a détourné la lettre de la Cinquième République au profit de l’esprit maastrichtien -quinquennat, cohabitation, usage du 49.3, refus de la proportionnelle… Le verrouillage idéologique et politique fait désormais de l’Assemblée nationale et du Sénat deux chambres d’enregistrement de la volonté du chef de l’État. Si ce dernier est au service du peuple, c’est la meilleure des choses; s’il veut le peuple à son service, c’est la pire! Ces deux instances extrêmement coûteuses en impôts perdent leur temps dans d’infinis amendements qui dénaturent les projets afin de parvenir à un statu quo: droite ou gauche, peu importe, il faut que les libéraux de droite et de gauche gouvernent chacun leur tour -Mitterrand & Chirac, Sarkozy & Hollande, puis Macron, qui, peu ou prou, question de style, ont mené la même politique… Pendant ce temps, la droite et la gauche non libérales font de la figuration, ils protestent, ils se font voir et entendre, ils existent médiatiquement, ils tombent la cravate et la veste en estimant qu’ils ont ainsi tout dit, puis roulent carrosse et mènent la belle vie aux frais du contribuable!

Les gilets-jaunes gagneraient à réactiver cette démocratie directe à laquelle Proudhon aspirait: c’est une question de vie ou de mort pour eux car ils sont nombreux, pas forcément là où on le croit, les charognards qui attendent le pourrissement, la décomposition, la fin, la disparition, la mort de ce mouvement sur lequel ils ne peuvent rien. Il n’est qu’à regarder les commentaires de la classe politique, médiatique et intellectuelle…

Concrètement: le principe susceptible d’être activé est celui de la coordination et de la coopération. A l’ère d’internet et des réseaux sociaux, le dispositif est facile à mettre en place. Il permet à la base, sur le lieu de chaque présence des gilets-jaunes, rond-point et route, bretelles d’accès ou parking de supermarché, dépôts ou entrée de magasins, lycées ou usines, villages et communes, de constituer un collectif qui s’exprime là où il est. Ces collectifs doivent se fédérer et ces fédérations doivent se fédérer elles-aussi afin d’élire des représentants. Chaque délégué est un élu soumis au mandat impératif: il porte le message d’un groupe et ne parle pas pour lui; il donne voix au collectif dont il formule la parole: il est le ventriloque du groupe. Là où il est, quand il parle, il doit être vu et entendu par ceux qui, en regard de sa faculté à représenter véritablement, ou pas, lui conserveront ou lui retireront son mandat.

Le principe est simple, la mise en œuvre plus difficile: il ne faut pas sous-estimer les effets pervers de ces logiques -l’activation de la testostérone de quelques-uns qui accèdent à la lumière médiatique et les risques de dérapages; le rabattage du problème politique général sur une histoire particulière, fut-elle émouvante et touchante, concrète et pourtant pédagogique; la stratégie médiatique qui consiste à choisir le moins déluré des gilets-jaunes pour en faire une figure emblématique du mouvement et le mettre en lumière pour générer du discrédit ou de la pitié; le mandat donné à qui n’est pas capable de porter la parole collective intellectuellement ou verbalement, psychologiquement ou humainement; le danger du noyautage par tel ou tel beau parleur qui roulerait en sous-main pour des syndicats ou des partis politiques, sinon pour le pouvoir qui a intérêt à installer le ver dans le fruit -il existe des gens dont c’est d’ailleurs le métier et qui sont depuis toujours payés par l’État pour effectuer ce genre de travail…

Voici donc un dispositif, une machine: elle ne peut fonctionner sans se mettre au service de revendications dignes de ce nom -il faut viser plus de justice sociale. Toutes sont légitimes pourvu qu’elles visent à rendre leur dignité aux victimes de l’État maastrichtien.

Le principe du cahier de doléances est une bonne chose: il faut élire des rédacteurs capables de mettre en mots les revendications esquissées et remontées en réseau sur l’intranet des gilets-jaunes. On néglige trop les leçons données par les cahiers de doléance de la Révolution française: mieux que les États généraux, ils parlaient de choses très concrètes, ce qui est le fond de toute politique digne de ce nom -et comme c’est le cas avec les gilets-jaunes…

Enfin, il ne faut pas se tromper d’adversaires: les blocages qui mettent en péril d’autres travailleurs pour lesquels la vie n’est pas facile non plus, je songe aux petits patrons, aux artisans, aux commerçants, aux employés, aux personnels de santé, et tant d’autres qui relèvent eux aussi d’un genre de condition néo-prolétarienne, ne doivent pas payer une dette qui n’est pas la leur. La faillite des gens modestes, la fermeture de petites unités industrielles ou commerciales, de production ou d’artisanat ne sont pas souhaitables. C’est se tromper d’adversaires.

Il faut au contraire s’appuyer sur le savoir-faire technique ou fiscal, commercial ou juridique, intellectuel ou informatique de ces catégories socio-professionnelles afin d’augmenter la puissance du mouvement par l’effet dynamique de son organisation. Des coordinations sont nécessaires afin d’éviter que des travailleurs modestes occasionnent la chute et la mort de travailleurs un tout petit peu moins modestes qu’eux. Dans la logique de la lutte des classe, l’ennemi n’est pas dans le camp des plus ou moins modestes que soi, mais dans celui d’en face où se trouvent les véritables puissants dont la peur et la haine sont palpables. Il y a peu, Emmanuel Macron travaillait dans une banque d’affaires qui est la leur.

A défaut d’organisation, les gilets-jaunes auront été un feu de paille. L’histoire des révolutions l’enseigne -il n’est qu’à lire ou relire La Ferme des animaux d’Orwell: l’énergie rebelle des premiers temps insurrectionnels risque de se faire capter, détourner et renverser par les professionnels de la politique et du pouvoir.

On peut ainsi se référer aux révolutions du Printemps arabe qui, faute d’organisation, de coordination, de programme commun, mais surtout d’unité et, pour tout dire, de fraternité, ont bien mis à bas des régimes tyranniques, mais pour laisser la place à des régimes autoritaires d’un autre style.

Macron en appelle aux corps intermédiaires afin qu’ils invitent les gilets-jaunes au calme -les syndicats, les partis politiques et le patronat. Le masque tombe. Le chef de l’État qui est de moins en moins chef d’un État de plus en plus résiduel, prouve ainsi deux choses: le pouvoir lui échappe et le Président se retourne vers ses alliés naturels que sont les officiels de la représentation du système -les ficelles de la très vieille politique politicienne… Le pouvoir qu’il a perdu se trouve désormais dans la rue. Ce président de la République ne peut plus sortir, il est hué dans la rue, son convoi officiel est bloqué au Puy-en-Velay où il est pourtant venu incognito. Sa légitimité est contestée. Peut-être sont-ils désormais plus nombreux les citoyens qui auraient enfin compris l’utilité d’instrumentaliser la famille Le Pen pendant des années afin de la faire parvenir au second tour tout en la criminalisant, de sorte que l’élection du second tour soit jouée le soir du premier et que, comme par hasard, l’électeur berné ait le choix entre le diable prétendument fasciste et le bon dieu libéral réellement maastrichtien! Ces derniers temps ce genre de bon dieu est subclaquant.

Le roi est nu. La chose est désormais vue et sue. Elle l’est même, sue et vue, de façon planétaire grâce aux télévisions du monde entier. Jupiter a vécu. Qu’on se souvienne de ce que j’ai jadis nommé dans un livre « le principe de Gulliver »: Gulliver peut être terrassée et anéanti par les Lilliputiens. Autrement dit: les nains peuvent avoir raison d’un géant. Disons-le d’une autre façon encore: les gilets-jaunes ont potentiellement les moyens d’abolir « Macron » qui n’est que le faux-nez du système: il suffit pour ce faire d’un programme commun, d’une fraternité d’action, d’une méthode avec une stratégie (que veut-on?) et une tactique (comment s’y prend-t-on pour y parvenir?), enfin d’une volonté.

Le programme commun s’élabore avec les comités fédérés; la fraternité d’action surgit à l’occasion de la mise en place de ces comités; la méthode est celle de la coopération libertaire qui suppose le mandat impératif afin de désigner des représentants, puis une fédération de ces représentants avec une fédération de fédérations afin de disposer d’un comité directeur révocable lui-aussi; la stratégie vise l’alternative à la démocratie représentative par l’instauration d’une démocratie directe; la tactique pour y parvenir consiste à ne rien lâcher dans l’action revendicative, puis à multiplier les actions de façon ciblée, tout en se désolidarisant des violences et en les empêchant. La volonté est là: elle est jaune vif.

Macron qui, non sans arrogance juvénile, voulait tous les dégager et a cru y parvenir semble lui aussi prendre la vague qu’il a initiée. C’est la jurisprudence du boomerang… Ironie du sort, il voulait faire de la politique autrement: ce pourrait bien être le programme de ceux qui ne veulent plus de lui et de ses semblables. Ce si jeune Jupiter nous apparaît dès lors vraiment pour ce qu’il est : vieux, terriblement vieux…

Michel Onfray

Source : Michel Onfray, 06-12-2018

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Commentaire recommandé

Astetrique // 09.12.2018 à 08h07

Bonjour,
Je serais curieux de connaitre les points divergence des « crises ». Pour moi, l’ essentiel est dit.
Je trouve que la  » proposition  » de CHOUARD plane autour de ce mouvement et ça n’est que tant mieux.
Une petite parenthèse pour dire : hier, j’ ai un peu zappé sur différentes chaines d’infos. ça m’ a vraiment sauté aux yeux :
– Sur BFM, CNews, Finfos et cie : presque que des infos anxiogènes et des témoignages plus nuls les uns que les autres , réclamant des miettes de pouvoir d’ achat !
– Sur RT / Des témoignages pacifistes, concis et intéressants réclamant de changer le système , du RIC etc …
La pravda a changée de camps…

357 réactions et commentaires - Page 2

  • Louis Robert // 09.12.2018 à 12h28

    Je fus un témoin privilégié de « Mai ‘68 » — avant, pendant et après. Un demi-siècle plus tard, je constate que les bêtes féroces ont proliféré, qui traitent aujourd’hui encore le peuple français avec le même mépris, la même barbarie.

    De ce pas déambule le progrès en marche: même espèce, même régime.

    La France ne revivra qu’après un arrêt forcé complet, qui durera le temps qu’il faudra pour renaître.

      +6

    Alerter
  • Will // 09.12.2018 à 12h30

    Ainsi donc il y aurait plusieurs anarchismes….Je crois que cela est vrai. Je ne pense pas que les casseurs aient lu May Picqueray qui de mémoire disait que « l’anarchisme est la liberté dans l’ordre et l’harmonie ». Mais que faisons-nous ? Moi suis là peinard devant ma cheminée, à la fois inquiet de l’explosion des inégalités et des dégradations environnementales, dépité par le crétinisme qui semble se généraliser (mais est-ce là une attitude hautaine et élitiste ?) Mais, être inquiet d’être gouverné par Twitter, par les rumeurs, par des castes financières ne fait pas ou ne donne pas une alternative. De même que les slogans « Plus de banquise moins de banquier » ou  » le capitalisme c’est le bordel ; le socialisme libertaire c’est le bol d’air » peuvent gentiment sonner aux oreilles…. mais une inquiétude ne créee pas une alternative…..
    Oui nous avons besoin de débats d’écoute, de partage des responsabilités, d’ordre, d’équité, de décence commune (surpris que M.Onfray parle peu de Orwell et Michéa), oui le chaos profite aux « forts »…
    On fait comment ?
    Salutations cordiales.
    Will

      +1

    Alerter
  • Polo // 09.12.2018 à 12h30

    Essai clair bien structuré convainquant mais malheureusement sa solution est fictive actuellement le bonheur pour chacun est synonyme d’argent et de pouvoir notre société est trop matérialiste la jalousie l’envie ont détruit notre humanité gilets jaunes et classe politiques sont dans un même sac ,un gilet jaune qui veut prendre la parole est menacé pourquoi lui?
    Les politiques sont coincés il ne peuvent pas forcer les entreprises à desserrer le cordons
    Il vont satisfaire le peuple par des mesurettes et remaniement ministerie
    Enfin un dernier mot nous ne sommes plus en 1789 les mangent a leur faim et peuvent facilement acheter du savon les

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    • François Lacoste // 10.12.2018 à 09h13

      Clair?, Michel Onfray!
      On peut aussi voir chez cet homme un esprit catégorique qui ne supporte pas la critique quand elle s’oppose à ses sophismes taillés à la hache de citations tout azimute et de régurgitations hypermnésiques de références accumulées façon bouillabaisse.
      Peut être, une exposition trop prolongée aux “radiations” des micros et des caméras l’aura irrémédiablement atteint dans son ego passablement sensible.
      Michel Onfray serait-il un philosophie “IKEA”, où l’on trouve tout, sauf la différence, c’est IKEA ou rien. Michel Onfray, c’est Michel Onfray ou rien. Pour la différence, le doute, la discussion, et surtout la nuance, toutes choses qu’il semble tant chérir en apparence, on devra aller voir ailleurs.
      Ne doit-ont pas précisément et selon l’enseignement fondamentale de la philosophie, le doute, être particulièrement critique à sa lecture ou à son écoute.
      Ceci dit, Michel Onfray est certainement un brave homme qui souhaite un monde meilleur à l’égard de “ceux qui ne sont rien”. Ces riens macroniens auxquels Michel Onfray est parfaitement étranger au sens bourdieusien, ce qu’évidement on ne lui reprochera certainement pas, mais c’est ainsi.

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  • Florent // 09.12.2018 à 12h32

    La lecture d’Onfray es toujours pénible mais en plus c’est long, et il faut trouver le dernier quart du texte pour trouver un début de réponse à la question initiale posée dans le titre. Et le début de réponse c’est

    « la méthode est celle de la coopération libertaire qui suppose le mandat impératif afin de désigner des représentants, puis une fédération de ces représentants avec une fédération de fédérations afin de disposer d’un comité directeur révocable lui-aussi »

    Je schématise en partant de la base:

    1/ Citoyen
    2/ Groupe de citoyens qui coopèrent de façon libertaire (sur quelle base: territoriale ? Barricade, rond-point ?)
    3/ Représentant du groupe de citoyen élu sur mandat impératif
    4/ Fédération de ces représentants (sur quelle base encore: territoriale, etc)
    5/ Fédération des fédérations des représentants
    6/ Comité directeur

    Et il enchaîne : « la stratégie vise l’alternative à la démocratie représentative par l’instauration d’une démocratie directe; »

    Cf mon schéma ci-dessus.

    Et le meilleur pour la fin:
    « la tactique pour y parvenir consiste à ne rien lâcher dans l’action revendicative, puis à multiplier les actions de façon ciblée, tout en se désolidarisant des violences et en les empêchant. »
    En gros, faites des marches Nation-République pour le climat, si possible festive, et vous verrez par enchantement que les banquises arrêtent de fondre. Ou, à la façon d’Attac, faite un sit-in devant un Apple Store, et les paradis fiscaux fermeront boutique.

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    • lemoine001 // 09.12.2018 à 20h02

      C’est juste le mouvementisme propre aux étudiants qu’il s’agit de transposer au niveau national. J’ai dit plus haut ce qu’il en était de ce type d’organisation qui permet toutes mes manipulations.

      Pour les reste M. Onfray ne se distingue pas des autres anarchistes, il croit parler politique en fait il est dans la morale. C’est l’esthétique du geste qui le justifie, on se garde du pêché de « bureaucratisme » et on ne se souille pas avec « la forme parti ». On échoue mais qu’est-ce qu’on a été bien !!

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  • Suzanne // 09.12.2018 à 12h42

    Magnifique texte, merci Michel Onfray.

    Bon, je me demande quoi faire individuellement à court terme. Quand je dis individuellement, ça ne veut pas dire rester seule dans son coin, au contraire c’est une de mes premières décisions:
    – J’ai besoin de tout le monde, de parler et d’organiser avec tout le monde. Pas s’isoler.
    – Peut-être fondée l’obsession d’Onfray sur Mélenchon, mais je m’en fous : Méluche/Ruffin/Quatennens/Bernalicis/ etc. sont les seuls appuis à peu près corrects dans les structures existantes. J’aime bien aussi Philippot (ouais, ben ouais…). Me fiche qu’ils ne soient pas parfaits.
    – Au niveau au-dessus, je choisis mes lumières : Monique Pinçon-Charlot, Aude Lancelin, Frédéric Lordon, Emmanuel Todd, Etienne Chouard, Bernard Friot…. Je lis leurs bouquins, j’écoute leurs interventions.
    – Je remets en cause l’atroce, l’horrible, l’inimaginable manipulation des fêtes de fin d’année. Z-auront plus un centime, sauf s’ils peuvent me prouver que l’objet est fait par quelqu’un qui 1) touche dans son pays l’équivalent du SMIC. Et même pas. Un français, voilà je l’ai dit. 2) a entre 18 et 60 ans 3) travaille environ 8h par jour, pas quinze. Y en a pas beaucoup, d’objets de ce type. S’il faut, je jeûnerai le jour de noël pour embêter le monde. Et je continuerai le refus de l’hyper-consumérisme en janvier.
    – Si appel à la grève dans ma branche, même reconductible, j’y vais. J’ai très peu de réserve d’argent (et encore j’en ai, je suis privilégiée), mais tfaçon on va nous les piquer un jour ou l’autre avec un bail in.
    – Et je remercie très fort les garagistes qui râlent parce que le nouveau contrôle technique qui faisait que ma voiture ne passerait plus, va être reporté. Bon, là aussi, va falloir que je vire la voiture.Cela fera des économies, tiens.

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    • Suzanne // 09.12.2018 à 15h38

      J’y crois pas, la SEULE chose que j’entends de partout aujourd’hui, c’est que c’est la catastrophe parce qu’il y a un manque à gagner des commerçants (je me rappelle encore le fou rire des « petits commerçants » bien à plaindre des Champs-Elysées,selon je sais plus quelle chaîne), que les gens achètent moins.
      Incroyable. Il n’y a vraiment que ça qui compte !! Achetez, achetez, achetez.

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    • Ando // 09.12.2018 à 15h49

      Cela me fait penser au tableau de Delacroix ‘la Liberté guidant le Peuple’. Celle d’alleger le contrôle technique automobile.

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      • Suzanne // 09.12.2018 à 15h58

        Spliquez-moi pourquoi une voiture à moteur increvable, et qui, parce qu’elle est très peu utilisée, pollue trois mille fois moins que ces messieurs-dames qui sont tout le temps dans l’avion, doive disparaître.
        Bon, je réponds à votre place : ah, eh bien, parce que des lobbyistes chuchotent à l’oreille aux constructeurs qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup, d’argent à se faire à nos dépens par la promotion de la voiture électrique. Par contre, qu’elle soit au moins aussi polluante que les autres, pas de problème. Et hop, des milliers de crédits supplémentaires sur le dos des automobilistes.

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  • Dissident // 09.12.2018 à 13h12

    Belle analyse, par contre je ne suis pas d’accord avec la solution proposée.
    Désigner des portes parole, voilà exactement ce qu’il faut éviter de faire.
    Les 1% ne dirigent le monde que parce que les miséreux sont divisés.
    Choisir des représentants parmi les Gilets Jaunes mènerait forcément à la division en tendances. Sans compter tous les dangers de la représentation-récupération, bienmis en lumière par MO.
    Au contraire, ce qu’il faudrait, c’est fédérer, mais sur quelques idées essentielles (5 maximum mais qui pourraient faire l’unanimité).
    Ensuite, désigner lequel des candidats aux élections s’engage le plus sur ces points. Un vote massif des laissés pour compte envers un seul candidat et sur un programme très limité, mais essentiel et très clair. Pas de possibilité de manipuler un quelconque porte parole ou représentant, lui-même chargé de faire passer des compromis. La force du mouvement est précisément qu’il n’y ait pas de négociation possible !

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    • RV // 09.12.2018 à 21h39

      Lors de cette rencontre/meeting/débat,
      ce ne sont pas cinq idées mais deux
      qui ont été proposées à la réflexion de la « base ».
      Une pour l’immédiat : augmentation des salaire retraites etc.
      Une beaucoup plus fondamentale qui doit permettre de construire une Démocratie.
      C’est long, mais instructif.
      D’après cette conférence/rencontre/débat https://www.youtube.com/watch?v=rPKZKvQzhik une partie des GJ a complètement dépassé la goutte de gasoil qui a mis le feu au lac et se pose des questions non plus législatives mais constituantes en mettant à l’ordre du jour le RIC Référendum d’initiative citoyenne (ou le RIP Référendum d’initiative populaire). Il ont donc pris conscience de l’enjeu politique de revenir à une Démocratie digne de ce nom.

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    • NICOLE DE NICOMAQUE // 11.12.2018 à 05h57

       » Au contraire, ce qu’il faudrait, c’est fédérer, mais sur quelques idées essentielles (5 maximum mais qui pourraient faire l’unanimité)  »

      Bien dit. Bien vu.

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  • calal // 09.12.2018 à 13h27

    il utiliserait des fermes a click?

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  • candale // 09.12.2018 à 13h43

    Comme toujours, Onfrey ne survole jamais une question ou un problème et ne fait jamais dans les poncifs ou les sentiers battus. Bravo!

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  • monique // 09.12.2018 à 13h57

    michel onfray semble voir dans la » france insoumise »la même structure pyramidale que dans LREM.
    c’est faux et injuste.
    dans la FI,il n’y a pas que jl mélenchon…
    il y a aussi françois ruffin ,juan branco ..et bien d’autres qui n’attendent pas d’ordres d’un chef.

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  • TC // 09.12.2018 à 13h58

    Beaucoup d’utopie dans le texte d’Onfray, comme la plupart des intellectuels de gauche, hélas !

    De très bonnes choses mais qui ne verront jamais le jour parce que les grands possédants s’y opposeront et qu’ils ont tous, je dis bien tous les moyens, pour le faire. D’ailleurs Onfray le reconnait lui-même à demi-mots dans son texte.

    Je crois plutôt qu’il faut dans un premier temps et c’est la base de la base, rétablir la démocratie et la souveraineté de notre pays. C’est à dire sortir du triple piège de notre appartenance à l’UE, à l’Euro et à l’Otan. Une fois que nous aurons fait cela (et ce sera vraiment énorme) alors nous pourrons envisager de réviser la constitution et de rendre définitivement impossible qu’elle soit modifiable sans la consultation préalable des Français par voie référendaire avec un seuil minimum de participation.
    Si nous pouvons arriver à ces deux objectifs alors nous aurons fait l’essentiel pour rendre ses lettres de noblesse à la politique.

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  • Dbon // 09.12.2018 à 14h12

    Onfray est obsédé par Mélenchon et Robespierre, quel que soit le sujet , c’est leur faute.
    Si il rate un jour sa crème chantilly ça va être la faute aux jacobins!!
    Blague mise à part, Onfray n’a pas compris encore que bien des amis les Girondins libéraux, qui ont gagné, ils utilisent le mode de gouvernement jacobin pour s’accaparer et garder le pouvoir.
    La liberté prônée par les Girondins n’existe pas sans l’égalité des jacobins.
    Les libertariens comme Onfray ne se rendent même pas compte que ce qu’ils proposent aboutira a la loi du plus fort , c’est à dire la Jungle.
    Même si le centralisme peut aboutir et il l’a déjà prouvé à une dictature.

      +8

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  • des pas perdus // 09.12.2018 à 14h24

    Onfray écrit comme il respire.
    Il écrit trop et ça se ressent.
    Il enfile les perles, les banalités, les idées stéréotypées.
    Il veut passer pour subversif mais c’est le contraire, la preuve par Robespierre où il reprend in extenso, sans la moindre distance ni remise en cause, les accusations mensongères dont il a été accusé lors de son procès.

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  • PhB // 09.12.2018 à 14h35

    Merci monsieur Onfray
    Bon moi je suis pour que les décisions
    Administratives communales,super communales
    Départementales ,régionales et nationales ,
    Soient soumises à l’avis et au vote de chaque citoyen
    Avec l’informatique ça devrait pouvoir se faire!
    On va bien poser une sonde sur Mars !!!!

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  • moshedayan // 09.12.2018 à 14h45

    @Astetrique et Michel Onfray, vous vous donnez beaucoup de mal, avec raison dans vos analyses.
    MAIS vos médias eux ont trouvé l’origine du mal.
    Il y a 5 jours dans ma tête, je me disais « ben, ils vont dire que c’est un coup de Moscou ! ».
    Eh vlan ! vlà t’y pas que ce matin Europe1 puis RTL devant votre cher ministre Le Drian ont repris l’information d’un organisme de Londres de « cyber-surveillance » « la Russie a créé des centaines de compte sociaux-web avec des photos montage pour hâtiser le divorce entre vos élites et les gilets jaunes ».
    Donc les Gilets jaunes sont des « agents de Moscou ».
    RAS – leee – BOL !
    de vos médias pourris jusqu’à la moelle ! (des malades mentaux ou quoi ???)
    Rien que pour ça, j’espère que le [bip bip attention surveillance Dgsi] avec ses chiens de garde s’effondrera complètement.
    « qui sème le vent, récolte la tempête »
    Quant à l’analyse d’Onfray sur votre Révolution française, sur vos Européistes jusqu’à Mélenchon, elle est juste et précise.
    Pour ce qui du reste, sur le passé, Proudhon, etc… il est libre de penser ce qu’il veut ,
    … dommage, triste qu’il ne prenne pas en compte qu’en URSS et dans le  » bloc socialiste » 1945-1989, il y avait quand même des communistes sincères (et une échelle des salaires bien moindre). Autre temps , autre moeurs !
    En Slovaquie ou pas loin en Pologne, une certaine nostalgie, visible parfois avec des amateurs qui achètent pour restaurer des FSO Polonez (période de la Kryzys !), skodas 1100 ou 120 ou des ladas… autre temps autre moeurs (parce que dans les rues il n’y a plus de voitures nationales quasiment, en Pologne et Skoda est un porte-nom allemand au fond !)

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  • Renard // 09.12.2018 à 14h48

    Moi je trouve que c’est le grand texte que j’attendais et qui colle parfaitement à l’idéologie gilets jaunes.

    Et ce grand texte n’est venu ni de Michéa, par manque de travail – un acte manqué – et ni de Lordon qui est fanatisé par le moment.

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  • Ando // 09.12.2018 à 15h22

    Onfray serait plutôt un intellectuel qu’un philosophe comme il se plaît à le revendiquer. L’application au moment présent de schémas historiques ne donne pas grand chose en général, même pas une grille de lecture opérationnelle. Il n’y a que la pensée de système pour croire que les choses se reproduisent a l’infini. C’est précisément cette absence de pensée de système qui a fait la spontanéité et la force du mouvement des GJ. Le besoin de justice et de renouvellement finit toujours par trouver son chemin quand il parvient à rester authentique. Enfin, je trouve cocasse que désormais tous les regards convergent vers E. Macron, comme s’il pouvait être l’homme providentiel capable de résoudre la crise sociale qu’il a très fortement contribué à aggraver.

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    • RV // 09.12.2018 à 21h47

      un clin d’œil en réaction à votre :
      « L’application au moment présent de schémas historiques
      ne donne pas grand chose en général,
      même pas une grille de lecture opérationnelle. »
      Une émission avec trois historiens sur Le Media
      https://www.lemediatv.fr/la-grande-h/lhistoire-des-revoltes-populaires-des-sans-culottes-aux-gilets-jaunes/
      …/… Pour mieux comprendre le mouvement des gilets jaunes,
      Julien Théry a demandé à trois spécialistes
      de porter sur la mobilisation actuelle leurs regards d’historiens
      des soulèvements populaires et des révolutions.
      Il a donc reçu Alain Hugon, historien de l’Ancien Régime,
      Marc Belissa, historien de la Révolution française,
      et Michèle Riot-Sarcey, historienne du XIXe siècle…./…

        +0

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  • Michel // 09.12.2018 à 15h49

    Monsieur Onfray,
    Cette analyse est très pertinente mais la solution que vous proposez (s’organiser/coordonner) est justement l’antithèse de ce mouvement qui ne reconnait ni leader, ni représentants, ni programme et où chacun dénie à chacun le droit de parler au nom des autres. Il n’est malheureusement qu’une explosion d’une colère qui ne saurait par nature être organisée.

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  • Macarel // 09.12.2018 à 16h47

    L’obsession des zélites françaises : faire le poids face à la Chine, aux USA, au Japon.

    Pour cela,vu que le peuple est rétif, un seul moyen : la trique !

    Il est vrai que Maastricht sonne comme trique !

    https://twitter.com/CRE_SciencesPo/status/1071777070567567360

    C’est pour cela que nous n’avons pas fini de « rire jaune »…

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  • Patuber // 09.12.2018 à 17h11

    Oui M. Onfray, 2 choses essentielles pour ne pas laisser passer cette occasion unique q’une vie peut parfois apporter: s’organiser pour ne pas se laisser récupérer et démarrer l’aventure en quittant Maastricht. Nous gilets jaunes devons passer maintenant à cette etape du « comment poursuivre le mouvement ? « . Il faut reprendre et marteler les 2 axes primordiaux, s’organiser et quitter Maastricht. Et là alors la révolution va franchement décoller. Relayons tous cette stratégie qui trouvera sa dynamique dans la fraternité entre tous.

      +2

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  • Betty // 09.12.2018 à 18h23

    Je ne ferai pas de longs discours, simplement je noterai que sous les témoignages des gilets jaunes de ce 9 décembre: 22 réactions et commentaires et au sujet de celui-ci: 207 réactions et commentaires…qu’en pensent les pythagoriciens?…

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  • PERO // 09.12.2018 à 19h59

    ce texte de Onfray est l’occasion pour lui de rêgler ses comptes une fois de plus avec la FI, Mélenchon et d’une manière générale avec toute la pensée politique qui vient du marxisme. Mais pour s’y retrouver dans la situation actuelle les textes et les interventions de Mélenchon et des insoumis sont plus éclairants que les analyses fumeuses sur la démocratie directe et le fédéralisme (le groupe parlementaire de la FI a été le seul à ne pas se lever pour applaudir les forces de l’ordre, montrant ainsi non seulement du courage politique mais de la lucidité. Ce n’est pas un hasard si la majorité des revendications des »cahiers de doléances » des GJ se trouvait déjà dans le programme de la FI). Car même dans les situations confuses et contradictoires que nous vivons actuellement, que sont les situations pré-révolutionnaires, la question politique et institutionnelle se pose toujours. C’est la leçon de la révolution française et de la révolution russe. Il faut donc combiner des formes démocratiques d’organisation par en bas, avec mandat impératif et possibilité de révocation des représentants, avec des stratégies politiques portées par des individus autonomes, des associations et des partis politiques.

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  • Schwartz // 09.12.2018 à 20h54

    Monsieur Olivier Berruyer, est-il possible de dire ou de faire dire à Michel Onfray qu’il doit expliquer tout ça clairement aux gens ?
    Qu’il organise un tour de France des ronds points – comme le fit il y a quelques années Jean Lassale quand il traversa la France à pieds pour aller parler directement aux gens – afin d’aller à la rencontre des Gilets Jaunes et leur expliquer COMMENT ils doivent procéder. Car ils ne le savent pas.
    Quand on est au bord de son rond-point, on ne connait pas Proudhon parce que l’école ne l’enseigne pas ! On nous gave l’esprit avec des théories économiques libérales, on nous raconte l’Histoire à travers le prisme déformant de l’Occident, on nous perd. Mais jamais on ne nous dit l’essentiel : à savoir que l’Humanité s’est construite sur l’ENTRAIDE et pas la COMPÉTITION
    Qu’Onfray prenne son bâton de pèlerin et parte expliquer au Peuple des ronds-points COMMENT se fédérer. Pitié, dites-le lui. Merci.

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    • Renard // 09.12.2018 à 21h13

      Ils me semblent que l’idée de démocratie directe est en train de circuler à toute vitesse à travers les ronds points de France sans qu’Onfray n’ait besoin de prendre son bâton de pèlerin : voir le texte de Onfray d’hier https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/grandeur-du-petit-peuple?mode=text

      L’idée du référendum d’initiative populaire est également en plein boom en ce moment dans tous les ronds points.

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  • Pastounak // 09.12.2018 à 20h55

    Il faut expliquer également aux Français ce qui fait la légitimité de l’emprunt est la capacité de l’emprunteur à concrétiser l’emprunt en valeur ajoutée.
    L’État doit récupérer sa valeur d’autorité en guise d’attribution des prêts, et ainsi en récupérer les fruits, pour les redistribuer.
    Le coût des intérêts pour les Français est trop lourd.

    Cet enseignement n’est valable que si les processus électoraux et de concertations sont revus.

    La dette est basé sur la confiance et la concrétisation d’un projet futur, créateur de valeur ajoutée.
    Au moment où la somme est créée elle est basée sur du vent, sur rien d’autre qu’une création future. C’est une anticipation.

    Cela est simplement rendu possible par la mise en compétition sur un lieu donné qu’est le marché.
    En fait, vous volez en quelque sorte tout un chacun qui ne serait pas actif économiquement et en bas de l’échelle, susceptible d’être touché directement ou indirectement par la compétitivité, pour peu qu’il soit à un endroit où le « marché » a prise.

    L’activité économique sur emprunts vise à la transformation. Le seuil critique démographique étant atteint (même dépassé), et les technologies acquises, développées et distribuées, notre ère devrait être celle d’une stabilisation, et non d’une croissance. Ère faite d’une
    grosse partie d’échanges locaux et d’apprentissage généralisé des techniques.

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    • RV // 09.12.2018 à 21h54

      Il faut interdire la spéculation (le pari sur les prix) et l’emprunt à intérêt
      qui sont les outils de l’accumulation du capital.
      Par exemple socialiser plus fortement la valeur produite par le plus grand nombre
      par une cotisation sociale sur les robots qui remplirait une caisse d’investissement gérée par les citoyens.
      Ne pas confondre marché et capitalisme.
      Le marché comme son nom l’indique est le lieu des échanges.
      Il est et restera nécessaire quelque soit l’organisation économique de la société

        +0

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      • Pastounak // 09.12.2018 à 23h24

        C’est bien sur les échanges qu’il faut faire la loi, pas sur les capitaux. Il ne faut pas agir sur le résultat d’une dérive mais bien édifier des règles, autres que la loi du marché. Le capitalisme est une dérive du marché.
        Le marché n’est pas un lieu a proprement parlé. C’est un lien, une relation, une rencontre d’échanges.
        L’État agit sur ses concitoyens, sur les règles de travail, pas sur leurs capitaux.
        Parler de capitalisme au lieu de marché, c’est nier la responsabilité individuelle.
        Dans ce cas, parlez de mondialisme..

        Augustin Cournot écrit « On sait que les économistes entendent par marché, non pas un lieu déterminé où se consomment les achats et les ventes, mais tout un territoire dont les parties sont unies par des rapports de libre commerce, en sorte que les prix s’y nivellent avec facilité et promptitude ».

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      • NICOLE DE NICOMAQUE // 11.12.2018 à 07h15

        @ RV.

        Paul Jorion, je vous ai reconnu !

        Merci.

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  • Krystyna Hawrot // 09.12.2018 à 21h14

    Onfray va faire des Gilets Jaunes des parlottes de Nuit Debout… Ca participe à la désinformation, ce truc. Les seuls acquis conquis par le peuple dans ce pays comme ailleurs ont été par les forces de Robespierre- Lénine- Staline versus Maurice Thorez. Les Girondins et libertaires ne nous ont amené qu’à la réaction et à l’écrasement. Mais c’est pas lui qui risque d »aller au bagne de Cayenne, versus perdre son boulot et devenir SDF! C’est nuisible à la révolte en cours que de faire la promo de Onfray…

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    • Renard // 10.12.2018 à 00h44

      Attention a ne pas trop historiciser les événements du moment, ce qui est aussi l’erreur de Onfray (en ce qui me concerne je n’aime ni les girondins ni les girondins).

      Le mouvement des gilets jaunes est un événement inédit qui ne ressemble à rien d’avant dans le sens que la violence politique a connu une baisse sans précédent historique depuis la seconde guerre mondiale.

      Elle est loin l’époque où les pauvres se balladaient avec une tête de flic planté sur une pique dans les rues de Paris. Aujourd’hui tout le monde est choqué par des lycéens agenouillés ; en 1871 on leur aurait mis une balle dans la nuque.

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  • Gilles Roudy // 09.12.2018 à 21h37

    Bien Suu j’adhère totalement à ce grand Michel Onfray. Le Peuple EST tout simplement. Vous l’avez dit, de gueux , de sans dent , d’opprimés tous dans l’horreur de l’injustice.
    Comment peut il s’ organiser seul sans l’aide des philosophes , d’hommes justes?
    Le pouvoir omnipotent doit disparaître tout simplement. Seul le Porte parole à tout niveau n’a de raison d’être. Choisi de façon légitime et représentative . La majorité dite absolue doit disparaître pour laisser place à la majorité des 2/3.
    Comme vous dites, prenons garde aux loups embusqués, en meute organisée. Vous les philosophes, vous êtes libres .Nous avons besoin de vous.

      +3

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  • Opp’s // 09.12.2018 à 22h04

    Sacré Onfray
    Nous faire croire que, parce que des révolutions commencent toujours par des insurrections aux revendications très pragmatiques et peu idéologiques, les gilets-jaunes préfigurent une grosse secousse de type révolutionnaire, relève bien de sa naïveté!

    La réalité est que la France entière soutient ce mouvement , mais confortablement assis devant le spectacle non-stop déversé par les écrans. Oui, on s’indigne, on a une compassion sincère quoiqu’ un peu mécanique pour le gilet-jaune, mais pas question de le rejoindre dans la rue car le plaisir est avant tout d’exprimer sa profonde détestation de celui qu’ils croient responsable d’avoir fait disparaître une belle partie de « l’ancien monde »

    Le gilets-jaunes ne sont , pour une grande part des soutiens assis, que l’instrument improvisé et de rattrapage , d’une vengeance.

    D’ailleurs on peut dire qu’en gros les institutions de gauches -ou d’ oppositions- , malgré le déroulement d’un discours sans concession, n’ont pas voulu organiser de vraies convergences avec un mouvement qui ne leur ressemble pas et qu’elles ne savent pas vraiment penser.

    – Les militants politiques ou syndicaux classiques de gauche , oui … bien sûr , mais là mes amis ne manquent pas , vexés de n’avoir rien vu venir et bien incapables de susciter un pareil élan , de souligner le manque de savoir faire des G-J ainsi que le fumet très ‘droite radicale’ …

    – Côté droite radicale, bien plus en phase avec ce mouvement, il s’agit surtout de ne pas effaroucher ni réveiller l’anti-lepénisme primaire de l’ensemble des médias, et donc là aussi on n’est pas du tout prêt à encourager ouvertement une convergence (puisqu’on est déjà dans ce mouvement, et qu’on en engrangera le plus, les marrons du feu).
    – Côté France insoumise, Mélanchon est hors-jeu , trop occupé à en profiter pour rectifier son image dégradée en surveillant du coin de l’oeil Autin et Ruffin.

    – Coté écolo ou déconstructeur intello-bobo , là aussi on mesure bien -dans un silence inconsciemment – la distance qui les sépare de G-J. : et à aucun moment il ne sera question concrètement de les renforcer ou de se joindre à eux lors des manifestations.

    Et chacun de faire , avec la plus extrême sévérité, la leçon au gouvernement (n’avoir rien vu venir, rien prévu, ni anticipé etc) , alors que rigoureusement personne n’avait anticipé la forme et la spécificité très particulière de ce mouvement sauf quelques chercheurs du type Guilluy que l’intellectuel parisien en place n’aime guère.
    Et chacun , au passage, d’essayer maladroitement , après coup, d’inscrire ce mouvement, irrécupérable en fait, dans le bricolage de son idéologie.

    J’aurais envie de rajouter qu’il n’y aura aucune révolution car in fine le France est un des pays les plus redistributeurs, les plus ‘social’ et les moins inégalitaires et … avec une fonction publique les plus importantes au monde.
    Ceci ne signifiant pas qu’on ne puisse pas viser une ‘égalité’ et une justice encore plus forte , mais que les 8 français sur 10 qui soutiennent les G-J. ne sont pas prêts à une révolution.

    Bref, Onfray , agréable à lire , est dans un très doux rêve en décalage complet avec le réel , lorsque, par de lourds raisonnements philosophico-historiques , il nous fait sa gentille publicité pour Proudhon et l’organisation d’une démocratie directe participative (réglant au passage ses comptes avec ses petits ennemis idéologiques, ce dont on se tape complètement …) …
    … en nous faisant partager ce petit plaisir onaniste de la transformation de la personne même de Macron en victime expiatoire du Grand Vilain Tout.

    Ceci dit, le mouvement des gilets-jaunes a une pureté, et presque une beauté, assez extraordinaires.
    A la fois signe et annonciateur de changements importants

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  • Denis // 09.12.2018 à 22h05

    Méfions nous de ceux qui lavent plus blanc!
    À la fin, à force de frotter, ça saigne…d’un sang
    qui n’est pas le leur.

    À part ça, temps doux pour la saison. 🙂

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  • Tinou // 09.12.2018 à 22h34

    Bravo Michel Onfray pour cette analyse tellement juste.
    Mais à quel « monarque » doit-on se vouer ?
    La droite, la gauche et autres recherchent chacun le pouvoir et leurs propres intérêts pour enfin bénéficier d’une confortable retraite de Président à vie !!!!!!!
    Alors, où allons-nous ? Obligatoirement dans le mur. C’est la fin d’une civilisation qui s’annonce comme l’a précisé très clairement ce Philosophe……

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  • Lucrece Borgia // 09.12.2018 à 23h08

    Juste une remarque. Si lenine et trotski étaient effectivement des intellectuels ayant beaucoup lu et beaucoup réfléchi, en revanche Staline n en était absolument pas un
    Je ne suis pas en tous points d accord avec monsieur Onfray mais au moins son point de vue est intéressant et cela change de la médiocrité intellectuelle de ceux qui analysent dans les médias de masse le mouvement des gilets jaunes. ….Le plus souvent avec le regard méprisant de ceux qui ne souffrent pas en Macronie ?

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  • Chantal S. // 10.12.2018 à 00h02

    Bien poser le problème, c’est déjà presque le résoudre. Je retiens ceci du texte d’Onfray: « les choses sont simples: faut-il oui ou non rester dans la configuration de l’Europe libérale qui empêche les décisions nationales en faveur des citoyens les plus pauvres? Doit-on garder l’euro, monnaie unique, en sachant qu’il ne permet pas de mener une politique économique autonome, ce qu’en revanche permettrait une monnaie commune ? »

    L’Europe libérale doit se métamorphoser en une Europe qui ose mettre en première ligne non pas le libre marché, qui ne fait en fait que créer de la concurrence et donc de la division (la loi du plus fort), mais bien la solidarité au sein des peuples et entre les peuples avec la nécessité de protéger les citoyens pauvres. L’euro doit devenir une monnaie commune (une monnaie unique n’est pas supportable politiquement) impliquant un budget commun et une fiscalité commune. L’Europe doit cesser d’être allemande dans toute la mesure du possible, sous peine de disparaître.

    Les élites ont l’obligation de veiller au bien-être du peuple dont elles sont issues. A force de parler des droits, on oublie de parler des obligations et des responsabilités de l’individu au sein de la société.

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    • NICOLE DE NICOMAQUE // 16.12.2018 à 04h28

      @ Chantal S

      Où avez-vous lu que « Les élites ont l’obligation de veiller au bien-être du peuple dont elles sont issues » ?

      Tant de candeur laisse pantois.

      Deux guerres mondiales n’auront pas suffit à vous déciller.

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  • Myrkur34 // 10.12.2018 à 07h27

    Pour la petite histoire, j’ai eu une question sur Proudhon lors d’un oral dans les années 90, compliqué au début et comme c’est dommage à la fin. :o)
    En fait le gars veut remettre au goût du jour les petites structures en mode participatif.
    Donc si vous faîtes un boulot idiot même bien payé, démissionnez pour vous redonner du vrai temps libre.
    Moi par exemple, je vais faire un bon pot au feu pour déjeuner.
    Et j’écoute ceci en ce moment,https://www.youtube.com/watch?v=vLf295GamA8
    Toujours terre à terre….

      +0

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  • Bachaud // 10.12.2018 à 08h37

    60% des inscrits ont refusé de choisir un prétendu représentant qu’il ne pourront pas CONTRÔLER ne disposant pas du référendum d’initiative citoyenne en toutes matières .Il faut donner le  » droit réel » d’ EXERCER la souveraineté nationale 83% des Français y sont favorables Le peuple n’est pas souverain. Il a le pouvoir tous les 5 ANS, 60% des inscrits refusent de cautionner

      +1

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  • François Lacoste // 10.12.2018 à 09h09

    Clair?, Michel Onfray!
    On peut aussi voir chez cet homme un esprit catégorique qui ne supporte pas la critique quand elle s’oppose à ses sophismes taillés à la hache de citations tout azimute et de régurgitations hypermnésiques de références accumulées façon bouillabaisse.
    Peut être, une exposition trop prolongée aux « radiations » des micros et des caméras l’aura irrémédiablement atteint dans son ego passablement sensible.
    Michel Onfray serait-il un philosophie « IKEA », où l’on trouve tout, sauf la différence, c’est IKEA ou rien. Michel Onfray, c’est Michel Onfray ou rien. Pour la différence, le doute, la discussion, et surtout la nuance, toutes choses qu’il semble tant chérir en apparence, on devra aller voir ailleurs.
    Ne doit-ont pas précisément et selon l’enseignement fondamentale de la philosophie, le doute, être particulièrement critique à sa lecture ou à son écoute.
    Ceci dit, Michel Onfray est certainement un brave homme qui souhaite un monde meilleur à l’égard de « ceux qui ne sont rien ». Ces riens macroniens auxquels Michel Onfray est parfaitement étranger au sens bourdieusien, ce qu’évidement on ne lui reprochera certainement pas, mais c’est ainsi.

      +1

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  • GéGé // 10.12.2018 à 09h55

    Cela ressemble beaucoup à un appel à des « états généraux « , mais comment les convoquer?

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  • Chantal S. // 10.12.2018 à 12h06

    L’insurrection des GJ force les détenteurs du capital sous toutes ses formes à revoir leur stratégie : ces derniers ne peuvent plus ignorer ou regarder avec mépris ceux d’en bas. Le régime politique doit changer pour que rien ne change en fait au niveau de l’exploitation de la classe moyenne : il suffira de mettre en place un autre mode d’exploitation, déplacer le curseur de l’intensité à un niveau moindre en apparence. Une nouvelle mue du capitalisme s’impose. Ne jamais oublier que le capitalisme, qu’il soit privé ou d’Etat, a pour fondement l’exploitation du plus faible et ce sera toujours ainsi éternellement. La démocratie qui habille le capitalisme, plus ou moins directe, n’est qu’un leurre, un de plus.

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  • Leon // 10.12.2018 à 12h36

    Mettre un trait égale entre Karl Marx Lenine Trotski et le dictateur Staline boucher de Trotski et des cadres du parti Bolchevique n est pas très honnête intellectuellement

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  • Stef // 10.12.2018 à 13h07

    La messe est dite !
    Il faudrait un sacré bonhomme pour organiser les gilets jaunes tel que le préconise Onfray.

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  • AerosolKid // 10.12.2018 à 13h39

    « Say est un génie »
    Proudhon.

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  • Jean Image // 10.12.2018 à 14h58

    Belle leçon ďhistoire politique. Synthétique et claire. Belle pensée aussi. Michel Onfray à bien mûri. Magnifique démonstration et mode ďemploi pour un projet idéal. Que ďembûches en outre ! Bien décrites elles aussi ainsi que les pièges et la façon ďy faire face. Confiance et fraternité des blocages et des barricades apporterons peut-être ľingrédient irrationnel de la bonne étoile et de ľétat de grâce pour franchir les étapes, destituer les imposteurs et instaurer une démocratie vivante, équitable et fraternelle.

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  • Patrick Granville // 10.12.2018 à 15h11

    Je pense et souhaite très fort que Michel Onfray prenne et devienne la tête (pensante) de ce mvt des GJ qui lui ressemble philosophiquement comme un frère jumeau. Michel de grâce, je t’en conjure ne laisse pas tomber le bas peuple de Caen et d’ailleurs, cette France profonde mal structurée proie de tous les rencupérateurs politiques de tous bords, devient STP son porte parole son phare et sa lumière. C’est la plus grande BA de ta vie de philosophe car ce que tu viens d’ecrire Et de penser nul autre que toi ne peut le réaliser avec tout le soutien des GJ. Entre dans l’histoire avec nous. Aides nous à faire du passé table rase. Aides nous à retrouver le bonheur de vivre.

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  • octave lebel // 10.12.2018 à 16h23

    Belle démonstration de faits bien choisis, d’interprétation de faits qui nous conduisent comme un seul homme à la solution authentiquement généreuse et enthousiasmante. Pourquoi pas ? Au niveau des objectifs et des valeurs, il n’y a rien à redire.
    Pourtant, il y a aussi, dans le cheminement d’une réflexion des ronds-points qui invitent à pratiquer des chemins de traverse et à varier ainsi de perspective.
    Beaucoup de politiques, intellectuels de tous horizons et formations (tout être humain est capable de réflexion intellectuelle même si le chemin d’accès aux savoirs qui la nourrissent est très inégalitaire, ce qui est la première injustice) et surtout citoyens qui ont voté oui à Maastrich ont continué de vivre et de réfléchir et ont changé d’avis. Bousculé par le réel, ils ont comme vous M Onfray appris à penser contre eux-mêmes. A penser le présent et l’avenir, en mettant la main à la pâte, en faisant des erreurs et disant à l’occasion des bêtises pour avoir parler trop vite, en se confrontant à la controverse, en écoutant et se corrigeant parce que c’est un des chemins d’apprentissage que nous empruntons tous. Certains comme Philippe Seguin ont su lucidement dire non à Maaastrich tout en étant de solides Jacobins pour faire simple.
    Alors que vient faire ici ? « Ces deux modalités du jacobinisme que sont Mélenchon et Le Pen n’ont pas été plus clairs l’un que l’autre sur la question de la souveraineté nationale: on les comprend car ces professionnels de la politique sont obsédés par leur boutique et il s’agit toujours pour eux de ne pas effrayer les électeurs potentiels ». Surprenant, cet amalgame. Ce sont peu ou prou des éléments de langage partagés par la plupart des médias, par LREM, par à l’occasion LR et au gré des circonstances les socialistes historiques et d’autres, qui mènent à ce que, à la fin de la partie de dupes, ce sont, sous des couleurs différentes les mêmes politiques qui perdurent. C’est dommage parce que concernant l’UE, il y a ici un vrai sujet de réflexion à approfondir et éclairer. Il est, vous le reconnaîtrez, bien miné par ceux qui passent leur temps à cacher leurs responsabilités. Ils recourent systématiquement à la diabolisation de toute réflexion sur la souveraineté des peuples (l’ensemble des citoyens d’une nation, d’un pays, d’un état) et les liens qu’elle entretient avec les fonctionnements actuels de l’UE en les prétendant indépassables comme une évidence. Cela va bien au-delà des personnes de Djordje Kuzmanovic, François Coq, Florian Philippot et des leaders des partis cités et leurs querelles et jeux de pouvoirs internes avec lesquels il faudra toujours faire. L’enjeu premier est, me semble-t-il l’appropriation critique des éléments de compréhension par les citoyens si l’on veut qu’ils puissent exercer leur part de souveraineté et imposer le renouvellement des institutions démocratiques et l’évolution des pratiques. Il y a des « élites » de toute nature et degré qui y contribuent parce qu’elles croient à ces valeurs et que c’est aussi leur intérêt bien compris. Elles sont une composante de ces peuples.
    Nous avons tous reçu une leçon en jaune. Oui, nous nous sommes laissés infantilisés et avons délégué nos droits et devoirs de citoyens à ceux qui nous ont expliqué qu’ils savaient mieux que nous. Nous avons été tentés aussi par la résignation. Un grand merci aux média tous subventionnés par nos impôts, médias, alors qu’ils ne sont pas directement rentables, sont possédés à 90% par 9 milliardaires. A la publicité qui nous accompagne du berceau au tombeau, qui est le moteur économique des médias et qui guide nos émotions et nos pensées bien plus que nous pouvons l’imaginer. Sans eux, aucun pouvoir n’aurait réussi à nous diviser ainsi et nous imposer cet arsenal juridique qui consacre à chaque fois le pouvoir du fort contre le faible. Une leçon : « Stop, cela suffit »
    Ce n’est pas pour autant que de l’intelligence collective, le courage et la détermination du mouvement des gilets jaunes, de leur habileté technique et leur énergie qui tiennent du cœur et de la réflexion sortiront immanquablement des changements durables et un renouvellement profond du fonctionnement démocratique de notre société. La force de ce mouvement, c’est avant tout son indépendance, qui passe devant toutes les affiliations ou sympathies qui préexistent et perdurent. Elle permet de mieux se comprendre et d’expérimenter la confrontation des points de vue, des analyses et des solutions, d’expérimenter aussi le processus de réflexions et de décisions démocratiques tant redoutés des élus qui servent des intérêts bien cachés à ceux qu’ils prétendent représenter en invoquant l’intérêt général et la légitimité de leur élection. Ils oublient d’évoquer le taux d’abstention et refusent obstinément de comptabiliser les votes blancs parmi les suffrages exprimés pour diffuser des statistiques plus favorables.
    Les divisions de la gauche, les trahisons de certaines de ses composantes, l’assoupissement d’autres, les surenchères des extrêmes gauches toujours médiatiquement valorisées aux moments opportuns, le double jeu avec l’extrême droite « je te pousse ou je te provoque pour finalement me poser en recours », ont contribué au développement du libéralisme économique et son idéologie au sein de l’UE pour mieux contourner les peuples .Au profit de certaines élites (et non pas toutes les élites) qui abusent de tous les avantages qui leur sont octroyés et qui visiblement n’en ont pas encore assez. Qui ont l’outrecuidance de nous interpeller au nom de l’intérêt général pour nous expliquer que c’est nous le problème, notre niveau de vie et nos droits. Une dette causée par d’autres qui s’en sont enrichie et que nous laisserions à nos enfants.
    Le mouvement des gilets jaunes n’est pas un mouvement hors-sol qui peut avoir un effet durable en se coupant des savoirs, compétences, contributions dont chacun de ses membres et sympathisants est porteur et qui ne sont pas apparus en enfilant un gilet. Et bien au-delà aussi étant donné l’ampleur du soutien. Même si chacun a pu les voir trop souvent bafoués, détournés, trahis dans le jeu syndical et politique. Savoir repérer et se préserver de ces détournements et abus de confiance, c’est un acquis qui nous rend plus fort et nous stimule. Contrairement à ce que disent les spécialistes de la désinformation et des manipulations, des sujets essentiels sont apparus : « Le partage équitable des richesses que nous produisons, c’est maintenant, pas d’abord pour vous puis on verra plus tard pour les autres. » « La justice fiscale et la fin de la complaisance avec la fraude fiscale, c’est tout de suite dans l’intérêt de tous » etc… Rien que ces deux points sont de nature à coordonner des mesures cohérentes et un projet viable contrairement à la caricature méprisante que font les « spécialistes en tous genres toujours en service commandé.
    Comment faire ? Désolé, je n’ai pas de solution toute prête. La défiance et la méfiance sont des antidotes efficaces et légitimes envers ceux qui hier et aujourd’hui combattaient et combattent avec talents ces propositions et se mettent en avant pour proposer des accommodements raisonnables. Mais ne nous aliénons pas à priori toutes les expressions politiques ou syndicales, ce qui nous conduirait tout droit dans les mains de ceux qui sont les maîtres du jeu depuis si longtemps, qui ont encore beaucoup de cartes à jouer et n’ont pas envie de se laisser sortir du jeu. Impitoyables entre eux pour la possession du leadership, ils savent toujours se rassembler pour préserver leurs positions sociales.

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  • thomich // 10.12.2018 à 17h52

    Entièrement d’accord avec cette analyse, je voudrais simplement souligner un aspect du macronisme qui explique peut-être la violence et l’ampleur du rejet dont il est l’objet. depuis la mise en place de la cinquième république les français s’étaient habitués à se satisfaire d’une apparence de démocratie participative, leurs députés se réclamant à peu près tous d’un parti aux directives duquel ils se conformaient, négligeant le plus souvent de rendre compte de leur mandat à leurs électeurs. Mais avec Macron cela s’est aggravé: les députés LREM ont tous fait allégeance non plus à une organisation politique mais à un homme, le Président, qui, de surcroît se comporte en monarque absolu, neutralise les corps intermédiaires et met la Justice sous le boisseau de procureurs aux ordres. La séparation des pouvoirs, condition essentielle d’une démocratie n’existe plus. La France est en manque de démocratie.

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  • Laurent // 10.12.2018 à 19h46

    Quoiqu’il en soit, au vu du nombre de « merci » ainsi que de commentaires, le site se porte de mieux en mieux, et on peut s’en féliciter et féliciter Olivier et son équipe pour ce travail.
    Merci.

      +1

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  • ab // 10.12.2018 à 20h28

    Si Onfray était capable de mettre sa haine de Mélenchon en sourdine dans son discours peut-être serait-il audible et lui éviterait de balancer quelques bêtises et rendrait son discours nettement plus débatable au lieu de se perdre dans les méandres de l’histoire de la révolution française et du napoléonisme
    quand à l’emergence spontanée de personnalité de premier plan dans le vivier des gilets jaunes cela arrivera ou pas

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  • Harpillon // 11.12.2018 à 00h12

    Oui Onfray, c’est mieux que BHL (qui n’a encore rien dit-ouf !).
    Mais ces philosophes restent des professionnels de l’en-haut.
    M. O. oublie dans ses listes d’innonbrables figures-rescousses-secousses d’avant/après la Révolution, deux belles figures à connaître : Babeuf (la lecture de sa lettre d’adieux est à effectuer : https://www.deslettres.fr/lettre-de-gracchus-babeuf-a-femme-a-enfants-suis-pret-a-menvelopper-nuit-eternelle/ ). La seconde est celle de Buonarotti : https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Buonarroti .)
    Salut et Fraternité

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  • NICOLE DE NICOMAQUE // 11.12.2018 à 05h33

    Michel Onfray dit :  » Le marxisme-léninisme est la forme aboutie du jacobinisme. N’oublions pas que cette idéologie reste l’horizon intellectuel de Mélenchon et de sa garde rapprochée.  »

    N’importe nawak…

    Encore du grand n’importe quoi sur le député Mélenchon et son supposé  » horizon intellectuel « . Au lieu de dire des bêtises, le suffisant et tristounet Michel Onfray – l’homme qui est passé de « l’art de jouir  » à « l’art de haïr  » – ferait mieux de lire les livres écrits par celui-ci pour s’apercevoir de sa stupidité de plus en plus avérée au fil du temps. On espérait à une époque beaucoup de Michel Onfray mais à force, il est devenu placidement ce  » BHL-de-province » et comme le faux-philosophe, Michel déroule les mêmes éléments de langage que son mentor parisien, à la va-comme-je-te-pousse et avec un même foncier mépris…Naufrage de celui qu’on a tant aimé, il y a bien longtemps, avant que le syndrome « goupilien » – du nom du faux-cinéaste – ne l’avale lui aussi tout entier. Tant pis !

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  • Tardieu // 11.12.2018 à 05h49

    Quelle illusion, aberration, ignorance ou naïveté de croire qu’on pourrait vaincre le régime ou nos ennemis de classe sans direction, sans orientation, sans stratégie, sans programme, sans théorie, sans drapeau, sans dirigeants, sans parti, à partir de bonnes intentions, c’est la négation des enseignements de deux siècles de lutte de classe, c’est la négation de toute conscience de classe, de toute conscience politique en réalité.

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    • JEAN DUCHENE // 11.12.2018 à 11h00

      Pas mieux!

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  • Miichel94 // 11.12.2018 à 06h58

    Vous avez beaucoup fait connaître la pensée libertaire, mais vous faites toujours référence exclusivement â Proud hon, ce qui parait réducteur.
    Car vous oubliez la démocratie directe dans l’entreprise, c’est à dite l’autogestion.
    Au vu de l’évolution des mutuelles qui étaient préconisées par Proudhon, il semble bien que ce soit la seule issue.
    Vous ne faites jamais référence aux collectivités auto organisées d ‘Aragon ou de Catalogne en 1937.
    Pourtant, Camus participait aux meetings de soutien â la CNT FAI.
    Quand vous animez l’université populaire, vous ne dites pas que vous vous inscrivez dans la tradition des bourses du travail d’ Emile Pouget.
    Est ce à cause de sa proximité avec la CGT anarcho syndicaliste?
    Mais vous ne semblez ne soutenir en aucune façon un quelconque mouvement d’essence libertaire organisé.
    Ainsi vous semblez ignorer les expériences actuelles kurdes ou du chiapas.
    Les libertaires ont le monde entier dressé contre eux à chaque fois qu’ils apparaissent, et leur pensée est ignorée ou vilipendée. Ils ont besoin d’intellectuels qui ont la voix qui porte, encore faut il que tous les aspects doient abordés.

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  • BMD // 11.12.2018 à 09h28

    Très beau discours d’un littéraire, où la dimension économique et physique n’apparaît pratiquement pas. Comment s’organisent d’un point de vue pratique ces communautés fraternelles, où chacun en fait déteste son voisin, pour se procurer le pétrole, les ordinateurs les télévisions et les smartphones dont elles sont si friandes

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  • Paul // 11.12.2018 à 13h53

    Commentaire politique.Il y a la version économique. L’économie vécue comme une religion. Qui suit le processus suivant: mise en place et maintien du chômage =>pression à la baisse sur les revenus (sauf plus riches et niches d’activité) +de-tricotage des conventions collectives=>déficit fiscal et social par manque de cotisation des 6 millions de chomeurs=> hausse des taux de prélèvement fiscaux et sociaux sauf pour les plus riches=>ras le bol et révolte (GJ) => baisse des recettes fiscales et sociales par exonération ou remboursements ou baisse de taux (discours de Macron) => privatisation progressive de plus de services publics et du système de santé et de protection sociale.. Ça ça va arriver…..

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