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6.février.20156.2.2015 // Les Crises

L’inégalité et l’islamophobie créent les conditions du djihadisme, par Said Bouamama

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L’occultation politique et médiatique des causes, des conséquences et des enjeux

11 janvier 2015 par Said Bouamama

L’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo marquera notre histoire contemporaine. Il reste à savoir dans quel sens et avec quelles conséquences. Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » (guerre extérieure) et de racisme et d’islamophobie d’Etat, les artisans de cet acte ont, consciemment ou non [1] accéléré un processus de stigmatisation et d’isolement de la composante musulmane, réelle ou supposée, des classes populaires.

Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. »

L’occultation totale des causes

Ne pas prendre en compte les causalités profondes et immédiates, isoler les conséquences du contexte qui les fait émerger et ne pas inscrire un événement aussi violent dans la généalogie des facteurs qui l’ont rendu possible condamne, au mieux, à la tétanie, au pire, à une logique de guerre civile. Aujourd’hui, personne dans les médias n’aborde les causes réelles ou potentielles. Pourquoi est-il possible qu’un tel attentat se produise à Paris aujourd’hui ? Comme le souligne Sophie Wahnich, il existe « un usage fasciste des émotions politiques de la foule » dont le seul antidote est le « nouage possible des émotions et de la raison » [2]. Ce que nous vivons aujourd’hui est ce cantonnement des discours médiatiques et politiques dominants à la seule émotion, en occultant totalement l’analyse réelle et concrète. Toute tentative d’analyse réelle de la situation, telle qu’elle est, ou toute analyse tentant de proposer une autre explication que celle fournie par les médias et la classe politique, devient une apologie de l’attentat.

Regard sur le ventre fécond de la bête immonde

Regardons donc du côté des causes et d’abord de celles qui relèvent désormais de la longue durée et de la dimension internationale. La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux quatre coins de la planète.

La fin des équilibres mondiaux issus de la seconde guerre mondiale avec la disparition de l’URSS, couplée à une mondialisation capitaliste centrée sur la baisse des coûts pour maximiser les profits et à la nouvelle concurrence des pays émergents, font de la maîtrise des matières premières la cause principale des ingérences, interventions et guerres contemporaines. Voici comment le sociologue Thierry Brugvin résume la place des guerres dans le monde contemporain :

« La conclusion de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Entre 1990 et 2001 le nombre de conflits interétatiques a explosé : 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts. […] Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux : défense de la liberté, démocratie, justice… Dans les faits, les guerres permettent de contrôler économiquement un pays, mais aussi de faire en sorte que les entrepreneurs privés d’une nation puissent accaparer les matières premières (pétrole, uranium, minerais, etc.) ou les ressources humaines d’un pays. » [3]

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le discours de légitimation des guerres s’est construit essentiellement sur le « danger islamiste » contribuant au développement d’une islamophobie à grande échelle au sein des principales puissances occidentales, que les rapports officiels eux-mêmes sont contraints de constater. [4] Dans le même temps, ces guerres produisent une solide « haine de l’occident » dans les peuples victimes de ces agressions militaires. [5] Les guerres menées par l’occident sont une des principales matrices de la bête immonde.

Dans la volonté de contrôle des richesses pétro-gazières, le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu géostratégique central. Les stratégies des puissances occidentales en général et françaises en particulier, se déploient sur deux axes : le renforcement d’Israël comme base et pivot du contrôle de la région, et le soutien aux pétromonarchies réactionnaires du golfe.

Le soutien indéfectible à l’Etat d’Israël est ainsi une constante de la politique française ne connaissant pas d’alternance, de Sarkozy à Hollande. Cet État peut assassiner en toute impunité sur une grande échelle. Quels que soient l’ampleur et les moyens des massacres, le gérant local des intérêts occidentaux n’est jamais véritablement et durablement inquiété. François Hollande déclare ainsi lors de son voyage officiel en Israël en 2013 : « je resterai toujours un ami d’Israël ». [6]

Et, là aussi, le discours médiatique et politique de légitimation d’un tel soutien se construit sur la base d’une présentation du Hamas palestinien mais également (à travers des imprécisions verbales récurrentes) de la résistance palestinienne dans son ensemble, de la population palestinienne dans son ensemble et de ses soutiens politiques internationaux, comme porteurs d’un danger « islamiste ». La logique « du deux poids, deux mesures » s’impose une nouvelle fois à partir d’une approche islamophobe portée par les plus hauts sommets de l’État et relayée par la grande majorité des médias et des acteurs politiques. Tel est le second profil du ventre de la bête immonde.

Ces facteurs internationaux se conjuguent à des facteurs internes à la société française. Nous avons déjà souligné, plus haut, l’islamophobie d’État, propulsée par la loi sur le foulard en 2004 et entretenue depuis régulièrement (discours sur les révoltes des quartiers populaires en 2005, loi sur le niqab, « débat » sur l’identité nationale, circulaire Chatel et exclusion des mères voilées des sorties scolaires, harcèlement des lycéennes en jupes longues, interdiction des manifestations de soutien au peuple palestinien, etc.).

Il faut maintenant souligner que ce climat islamophobe n’a été confronté à aucune réponse par les forces politiques se réclamant des classes populaires. Plus grave, un consensus très large s’est fait jour à plusieurs reprises, au prétexte de défendre la « laïcité » ou de ne pas frayer avec « ceux qui défendent le Hamas ». De l’extrême-droite à une partie importante de l’extrême gauche, les mêmes arguments ont été avancés, les mêmes clivages ont été construits, les mêmes conséquences ont été produites.

Le résultat n’est rien d’autre que l’enracinement encore plus profond des islamalgames, l’approfondissement d’un clivage au sein des classes populaires, la fragilisation encore plus grande des digues antiracistes déjà fragilisées, et des violences concrètes ou symboliques exercées contre les musulmans et les musulmanes. Ce résultat peut se décrire, comme le propose Raphaël Liogier, comme la diffusion, dans une partie importante de la société, du « mythe de l’islamisation » débouchant sur la tendance à constituer une « obsession collective ». [7]

La tendance à la production d’une « obsession collective » s’est de surcroît encore approfondie avec le traitement médiatique récent des cas Zemmour et Houellebecq. Après lui avoir offert de multiples tribunes, Eric Zemmour est renvoyé d’I-télé pour avoir proposé la « déportation des musulmans français ». Dans le contexte d’obsession collective que nous avons évoquée, cela lui permet de se poser en victime. Quant à l’écrivain, il est défendu par de nombreux journalistes au prétexte de ne pas confondre fiction et réalité. Dans les deux cas cependant, il reste un approfondissement de « l’obsession collective » d’une part, et le sentiment d’être insulté en permanence une nouvelle fois, d’autre part. Tel est le troisième profil du ventre de la bête immonde.

Ce facteur interne d’une islamophobie banalisée a des effets décuplés dans le contexte de fragilisation économique, sociale et politique générale des classes populaires aujourd’hui. La paupérisation et la précarisation massive sont devenues insoutenables dans les quartiers populaires. Il en découle des rapports sociaux marqués par une violence grandissante contre soi et contre les proches. A cela, se combinent le déclassement d’une part importante des classes moyennes, ainsi que la peur du déclassement pour ceux chez qui tout va encore bien mais qui ne sont pas « bien nés ». Ceux-là, se sentant en danger, disposent alors d’une cible consensuelle déjà toute désignée médiatiquement et politiquement comme légitime : le musulman ou la musulmane.

La fragilisation touche encore plus fortement la composante issue de l’immigration des classes populaires, qui est confrontée aux discriminations racistes systémiques (angle absolument mort des discours des organisations politiques se réclamant des classes populaires), celles-ci produisant des trajectoires de marginalisation (dans la formation, dans l’emploi, dans la recherche du logement, dans le rapport à la police et aux contrôles au faciès, etc.). [8]

L’approfondissement du clivage entre deux composantes des classes populaires dans une logique de « diviser ceux qui devraient être unis (les différentes composantes des classes populaires) et d’unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) » est le quatrième profil du ventre de la bête immonde.

De quoi accouche un tel ventre ?

Une telle matrice est à l’évidence propice à l’émergence de trajectoires nihilistes se traduisant par la tuerie à Charlie Hebdo. Extrêmement minoritaires, ces trajectoires sont une production de notre système social et des inégalités et discriminations massives qui le caractérisent.

Mais ce qu’ont révélé les réactions à l’attentat est tout autant important et, quantitativement, bien plus répandu que l’option nihiliste (pour le moment ?). Sans pouvoir être exhaustifs, rappelons quelques éléments de ces derniers jours. Du côté des discours, nous avons eu Marine Le Pen exigeant un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclarant la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme », le journaliste Yvan Rioufol du Figaro sommant Rokhaya Diallo de se désolidariser sur RTL, Jeannette Bougrab accusant « ceux qui ont traité Charlie Hebdo d’islamophobe » d’être les coupables de l’attentat, sans compter toutes les déclarations parlant « de guerre déclarée ». A ces propos, se joignent des passages à l’acte de ces derniers jours : une Femen se filme en train de brûler et de piétiner le Coran, des coups de feu sont tirés contre la mosquée d’Albi, des tags racistes sont peints sur les mosquée de Bayonne et Poitiers, des grenades sont lancées contre une autre au Mans, des coups de feu sont tirés contre une salle de prière à Port la Nouvelle, une autre salle de prière est incendiée à Aix les Bains, une tête de sanglier et des viscères sont accrochés devant une salle de prière à Corte en Corse, un restaurant-snack-kebab est l’objet d’une explosion à Villefranche sur Saône, un automobiliste est la cible de coups de feu dans le Vaucluse, un lycéen d’origine maghrébine de 17 ans est molesté lors d’une minute de silence à Bourgoin-Jallieu en Isère, etc. Ces propos et actes montrent l’ampleur des dégâts d’ores et déjà causés par les dernières décennies de banalisation islamophobe. Ils font aussi partie de la bête immonde.

La bête immonde se trouve également dans l’absence criante d’indignation face aux victimes innombrables des guerres impérialistes de ces dernières décennies. Réagissant à propos du 11 septembre, la philosophe Judith Butler s’interroge sur l’indignation inégale. Elle souligne que l’indignation justifiée pour les victimes du 11 septembre s’accompagne d’une indifférence pour les victimes des guerres menées par les USA : « Comment se fait-il qu’on ne nous donne pas les noms des morts de cette guerre, y compris ceux que les USA ont tués, ceux dont on n’aura jamais une image, un nom, une histoire, jamais le moindre fragment de témoignage sur leur vie, quelque chose à voir, à toucher, à savoir ? ». [9]

Cette indignation inégale est à la base du processus de production d’un clivage bien réel au sein des classes populaires. Et c’est ce clivage qui est porteur de tous les dangers, notamment en période de construction de « l’union nationale », comme aujourd’hui.

L’union nationale qu’ils rêvent de construire, c’est « toutes et tous ensemble contre ceux qui ne sont pas des nôtres, contre celles et ceux qui ne montrent pas patte blanche ».

Une formidable instrumentalisation politique

Mais le scandale que nous vivons aujourd’hui ne s’arrête pas là. C’est avec un cynisme consommé que des instrumentalisations de la situation, et de la panique qu’elle suscite, se déploient à longueur de journée.

* Renforcement sécuritaire et atteintes aux libertés démocratiques

Certains, comme Dupont Aignan, réclament « plus de souplesse aux forces de l’ordre » alors qu’une nouvelle « loi antiterroriste » a déjà été votée l’automne dernier. Et, en écho, Thierry Mariani fait référence au Patriot Act états-unien (dont la conséquence a été de graves atteintes aux libertés individuelles sous prétexte de lutte contre le terrorisme) : « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre. On a dénoncé le Patriot Act, mais, depuis, ils n’ont pas eu d’attentat à part Boston ». [10]

Instrumentaliser la peur et l’émotion pour renforcer des lois et mesures liberticides, telle est la première manipulation qui est aujourd’hui testée pour mesurer le champ des possibles en matière de régression démocratique. D’ores et déjà, certaines revendications légitimes et urgentes sont rendues inaudibles par la surenchère sécuritaire qui tente de profiter de la situation : il sera par exemple beaucoup plus difficile de mener le combat contre le contrôle au faciès, et les humiliations quotidiennes qu’il produit continueront à s’exercer dans l’indifférence générale.

* L’unité nationale

La construction active et déterminée de l’unité nationale est la seconde instrumentalisation majeure en cours. Elle permet de mettre en sourdine l’ensemble des revendications qui entravent le processus de dérégulation généralisé. La ficelle a beau être grosse, elle est efficace dans un climat de peur généralisé, que l’ensemble des médias produisent quotidiennement. Dans certaines villes, l’unité nationale est déjà étendue au Front National qui a participé aux rassemblements de soutien à Charlie Hebdo. Dati et Fillon s’indignent déjà de « l’exclusion » de Marine Le Pen de l’unité nationale. C’est cette « unité nationale » qui fait le plus de dégâts politiquement aussi, car elle détruit les rares repères positifs qui pouvaient exister auparavant en termes d’alliances possibles et d’identités politiques.

* L’injonction à se justifier

Une autre instrumentalisation se trouve dans l’injonction permanente des musulmans réels ou supposés à se justifier pour des actes qu’ils n’ont pas commis, et/ou à se démarquer des auteurs de l’attentat.

Cette mise en accusation permanente est humiliante. Il n’est venu à l’idée de personne d’exiger de tous les chrétiens réels ou supposés une condamnation lorsque le Norvégien Anders Behring Breivik a assassiné 77 personnes en juillet 2011 en se revendiquant de l’islamophobie et du nationalisme blanc.

Derrière cette injonction, se trouve la logique posant l’islam comme étant par essence incompatible avec la République. De cette logique découle l’idée de mettre les musulmans, réels ou supposés, sous surveillance non seulement des policiers, mais également des médias, des profs, des voisins, etc.

* Être Charlie ? Qui peut être Charlie ? Qui veut être Charlie ?

Le slogan « nous sommes tous Charlie » est enfin la dernière instrumentalisation en déploiement ces jours-ci. Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, il est hors de question cependant d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui.

Il est également hors de question d’oublier les odes à Bush que ses pages accueillaient alors que celui-ci impulsait cette fameuse « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. […]

Nous ne sommes PAS PLUS Charlie hier qu’aujourd’hui.

Les temps qui s’annoncent vont être difficiles et coûteux. Pour stopper l’escalade, nous devons mettre fin à la violence des dominants : nous devons nous battre pour stopper les guerres impérialistes en cours et abroger les lois racistes. Pour stopper l’escalade, nous devons développer tous les cadres et événements de solidarité destinés à empêcher la déferlante des propos ou actes racistes et notamment islamophobes. Pour stopper l’escalade, nous devons construire tous les espaces de solidarité économique et sociale possibles dans nos quartiers populaires, en toute autonomie vis-à-vis de tous ceux qui prônent l’union nationale comme perspective.

Plus que jamais, nous avons besoin de nous organiser, de serrer les rangs, de refuser la logique « divisant ceux qui devraient être unis et unissant ceux qui devraient être divisés ». Plus que jamais, nous devons désigner l’ennemi pour nous construire ensemble : l’ennemi, c’est tout ce qui nous divise.

Said Bouamama

Notes :

[1] Il est d’une part trop tôt pour le dire et, d’autre part, le résultat est le même.
[2] Sophie Wahnich, La révolution française, un événement de la raison sensible 1787-1799, Hachette, Paris, 2012, p. 19.
[3] Thierry Brugvin, Le pouvoir illégal des élites, Max Milo, Paris, 2014.
[4] Djacoba Liva Tehindrazanarivelo, Le racisme à l’égard des migrants en Europe, éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2009, p. 171.
[5] Jean Ziegler, La haine de l’Occident, Albin Michel, Paris, 2008.
[6] Le Monde, Hollande « ami d’Israël » reste ferme face à l’Iran, 17-11-2013.
[7] Raphaël Liogier, Le mythe de l’islamisation, essai sur une obsession collective, Le Seuil, Paris, 2012.
[8] Voir sur cet aspect mon dernier article sur mon blog, Les dégâts invisibilisés des discriminations inégalité sociales et des discriminations racistes et sexistes, https://bouamamas.wordpress.com/
[9] Judith Butler, cité dans, Mathias Delori, Ces morts que nous n’allons pas pleurer, http://blogs.mediapart.fr/blog/math…, consulté le 9 janvier 2015 à 18 h.
[10] Le Parisien du 8-01-2015
Source : Investig’Action

Said Bouamama est l’auteur de nombreux ouvrages dont »Figures de la libération africaine. De Kenyatta à Sankara », 2014 ; Femmes des quartiers populaires, en résistance contre les discriminations, des femmes de Blanc-Mesnil, Le Temps des Cerises, 2013 ; Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe, Édition Syllepse, 2012 ; Les discriminations racistes : une arme de division massive,L’Harmattan, 2010 ; Les classes et quartiers populaires. Paupérisation, ethnicisation et discrimination, Éditions du Cygne, 2009 ; L’affaire du foulard islamique : production d’un racisme respectable, Le Geai bleu, 2004 ; Dix ans de marche des beurs, chronique d’un mouvement avorté, Desclée de Brouwer, 1994.

L’inégalité et l’islamophobie créent les conditions du djihadisme

Saïd Bouamama. Sociologue et docteur en socioéconomie

le 15.01.15 | 10h00 5

Saïd Bouamama

Saïd Bouamama est un sociologue algérien établi depuis plusieurs années en France. Il est docteur en socioéconomie. Il développe une sociologie des dominations prenant pour objets les questions liées à l’immigration, comme la place des personnes issues de l’immigration dans la société française. Il est, par ailleurs, militant politique et associatif dans les luttes de l’immigration pour l’égalité réelle des droits en France. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Les Discriminations racistes, une arme de division massive (2011), La Manipulation de l’identité nationale : Du bouc émissaire à l’ennemi de l’intérieur (2011) ou encore Femmes des quartiers populaires en résistance contre les discriminations (2013).

– Que pensez-vous du débat politique en France qui pointe du doigt la banlieue et l’immigration suite aux attentats de Paris ?

Le débat actuel est incompréhensible si on ne le restitue pas dans un contexte plus global. Le premier élément de ce contexte est une paupérisation et une précarisation massive des classes et quartiers populaires depuis quatre décennies. Les politiques ultralibérales ont fragilisé, de manière inédite jusqu’à aujourd’hui, ces classes et espaces de vie où les populations issues de l’immigration sont concentrées. Des taux de chômage atteignant, selon les chiffres officiels, plus de 40%, c’est-à-dire quatre fois plus que la moyenne nationale, caractérisent ces quartiers.

De surcroît, ces jeunes Français issus de l’immigration sont confrontés à des discriminations massives et systémiques. En 2008, selon une étude du Bureau international du travail (BIT), quatre sur cinq employeurs discriminent à l’embauche les candidats issus de groupes minoritaires, noirs ou d’origine maghrébine. Toute une partie de notre jeunesse est, de ce fait, dans une situation de désespérance sociale.

De plus, s’ajoute à cela des contrôles au faciès qui sont vécus comme de l’humiliation et de la hogra. Enfin, depuis les attentats du 11 Septembre, puis après la loi interdisant le port du foulard à l’école, les débats médiatiques et politiques se sont succédé pour stigmatiser les musulmans en les amalgamant fréquemment à l’intégrisme, au terrorisme, au djihadisme, etc. C’est ce que nous avons appelé les «islamalgames».

– En tant que sociologue, comment expliquez-vous le phénomène de radicalisation dans les quartiers populaires ?

C’est le contexte global, dont je viens de parler, qui débouche pour de nombreux jeunes sur une absence de projection dans l’avenir, sur un rapport sceptique au monde et sur une colère sourde. Cette colère explose parfois suite à des contrôles aux faciès, par exemple. Cette discrimination a provoqué plus d’une dizaine de morts en dix ans. Une extrême minorité de ces jeunes est tombée en proie à des prédicateurs de la haine, financés par l’Arabie Saoudite ou le Qatar, par ailleurs grands amis de l’Etat français.

Le phénomène de radicalisation, il faut le dire aussi, est renforcé par la participation de la France à toutes les guerres pour le pétrole et son soutien à l’Etat d’Israël, y compris lors des périodes de massacres de masses. L’interdiction, cet été, de plusieurs manifestations publiques de soutien à la Palestine a été vécue comme une injustice. D’ailleurs, la présence des assassins israéliens à la manifestation de dimanche dernier est également perçue par certains comme une provocation.

– Une semaine après les attaques contre Charlie Hebdo, quelle est votre évaluation des réactions politiques et médiatiques envers la communauté musulmane ?

Je disais souvent que la stigmatisation, sur une longue durée, des musulmans, réelle ou supposée, a produit une islamophobie. Elle est entretenue sur le plan médiatique par des propos polémiques de la part même de membres du gouvernement. Parler des conséquences de ce qui s’est passé, comme on le constate depuis une semaine, sans aborder les causes est une autre injustice qui se paye cher. A cause des discours médiatiques qui ont suivi les attentats, les actes islamophobes se sont multipliés.

On en compte une cinquantaine, qui vont de grenades lancées dans une mosquée à une tête de porc déposée devant une autre, à un jeune molesté lors d’une minute de silence, en passant par des graffitis injurieux et des insultes racistes. En réalité, c’est l’inégalité et l’islamophobie qui créent les conditions du djihadisme d’une minorité de jeunes. Le nier et ne pas prendre des mesures claires contre l’islamophobie alimentent ce processus.

– Pourquoi avez-vous déclaré que vous n’êtes pas Charlie ?

J’ai préféré dire «Je ne suis pas Charlie» pour dénoncer trois sortes d’instrumentalisation de cette affaire. D’abord, deux instrumentalisations du gouvernement français. Ce dernier a fait des choix économiques qui conduiront inévitablement les quartiers populaires à des explosions. Il profite de l’émotion liée aux assassinats atroces des journalistes de Charlie Hebdo pour justifier un futur Patriot Act, à la française, donnant de nouveaux droits aux policiers.

Ainsi, on peut craindre le pire quand on sait que le deuxième syndicat de policiers est ouvertement d’extrême droite. La lutte contre le terrorisme est prise comme prétexte pour introduire une restriction des libertés et des droits démocratiques pour tous, mais nous savons très bien qui sera pénalisé en premier lieu.

La seconde instrumentalisation de la part du gouvernement est celle du discours sur l’unité nationale. Cette unité n’est pas possible si les questions de la justice sociale, de la lutte contre les discriminations et du combat contre l’islamophobie ne sont pas posées. Le discours sur l’unité nationale vise à masquer et à rendre inaudibles ces questions. Au nom de cette unité nationale, il a été demandé de défiler avec Netanyahu et ceux qui ont refusé, ont été présentés comme idiots utiles ou complices des assassins.

La troisième instrumentalisation est médiatique et sociétale. Elle se trouve dans le slogan «Nous sommes Charlie». Cet hebdomadaire satirique développe depuis de nombreuses années des caricatures islamophobes et insultantes. C’est son droit inaliénable et il n’est pas question de le remettre en cause.

En revanche, il est impossible de demander à ceux qui se sont sentis insultés pendant de nombreuses années de se revendiquer de leur insulteur. La réaction spontanée — que les médias ont massivement occultée — a été la mise en circulation de multiples affichettes, pancartes et tags : «Je suis Ahmed», «Je suis contre l’islamophobie», «Je suis contre le sionisme», «Je suis musulman et contre les attentats», «Je suis contre le djihadisme», etc.

– Que devront faire les jeunes des quartiers populaires pour se défendre et se démarquer du terrorisme, tout en restant dignes ?

Il est urgent de donner un canal d’expression organisé aux jeunes des quartiers populaires. Faute de cela, ils deviendront les otages de la fausse alternative entre injonction à la soumission — se taire sur leurs revendications sociales, sur leur opposition aux guerres pour le pétrole, sur leur soutien à la cause palestinienne, etc., pour ne pas être amalgamés aux djihadistes — et se taire sur les djihadistes pour ne pas renforcer les stigmatisations des musulmans.

Tel est le piège qui est aujourd’hui tendu. Refuser cette alternative c’est s’auto-organiser, c’est s’allier avec les forces de la société française qui refusent la situation. C’est se donner les moyens d’une expression autonome pour dévoiler la réalité sociale et économique des quartiers populaires.

En réalité, il ne s’agit que d’une partie d’un combat mondial contre une mondialisation impérialiste et néocolonialiste provoquant guerres et misère ici et là. Nous ne voulons pas que nos enfants détruisent leur vie en allant faire des guerres injustes. Nous ne voulons pas qu’ils écoutent les sirènes de voyous inspirés de Doha ou de Riad. Nous ne voulons pas non plus qu’ils deviennent des indigènes de second collège dans leur propre pays.

Samir Ghezlaoui

Source : https://histoireetsociete.wordpress.com

Commentaire recommandé

champignon98 // 06.02.2015 à 07h23

Ben moi je ne vois rien à redire à ce que dit Bouamama et Bleitrach. Mettre en avant les guerres de l’occident dans l’analyse est à la fois évident et pourtant rarement fait dans le commentaire habituel. Enfin quelqu’un qui remet tout ça dans le débat. Il est difficile d’imaginer qu’il puisse y avoir plus de 200 000 morts civils en Irak sur des justifications fallacieuses sans aucune conséquence.

27 réactions et commentaires

  • François // 06.02.2015 à 01h59

    Le ventre est fécond: encore 1100 milliards de vent nauséabond qui aggravent la socialisation des pertes. Si le peuple doit porter le risque, il doit aussi toucher les profits, en bonne logique capitaliste. Nous ne sommes donc pas en régime capitaliste, nous sommes en plein stalinisme monétaire.

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  • georges dubuis // 06.02.2015 à 02h50

    Et puis,mais c’est bien sûr, tout çà, c’est la faute de l’extrême droite, depuis….toujours et surtout et principalement pendant l’occupation. La question reste entière, serions nous à nouveau occupés, par qui et par quoi, qui sèmerait la division dans la nation, cette «  » » »horreur » » potentiellement féconde ?

      +4

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  • Serge // 06.02.2015 à 05h27

    Oui la France est tellement un enfer pour eux ,qu’ils font tout pour y venir ,et par tous les moyens ,sans demander l’avis des autochtones .
    Imagine-t-on tous les israélites du monde,demander des visas pour l’Allemagne nazie des années 40 ?
    Curieux n’est-ce pas ?
    Comme ce monsieur qui nous donne des leçons .Que ne va -t-il pas dans son pays ,l’Algérie professer ses « belles idées » ? Elle en aurait bien besoin aussi,non ?
    Quoi qu’il se passe ,la culpabilité est toujours de notre côté .
    Se positionner dans le camp des « victimes » par une inversion que seule la rhétorique permet , légitime à tous les coups la posture du créancier .
    La réalité est toute autre .
    Le capitalisme à travers tous ses relais : pouvoir politique,médias ,reportages,productions cinématographiques ,spectacles ,publicités,banques etc …fait la promotion de la nouvelle société ,diverse et métissée .
    J’ai regardé la télé durant ces évènements et après ,.Ils étaient tous mobilisés par la trouille que le français moyen de souche ne réagisse à l’envers de leur long travail de formatage des cerveaux .
    Sur la une,la deux ,la trois BFM ,I-Télé etc …Deux mots d’ordres étaient diffusés en boucle pour que ça pénêtre bien les têtes : « pas d’amalgame » , »pour le vivre ensemble » .

      +17

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    • valles // 06.02.2015 à 10h26

      Encore un peus de patience, quand la France sera devenue une coquille vide a force instrumentalisations exterieures, vous comprendrai peut être enfin pourquoi des gens cherchent la sécurité ailleurs que dans leur pays.

        +1

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  • balt // 06.02.2015 à 06h18

     » quatre sur cinq employeurs discriminent à l’embauche les candidats issus de groupes minoritaires, noirs ou d’origine maghrébine. »Faut etre plus précis.Les employeurs discriminent a l’embauche les gens qui s’expriment mal,qui présentent mal,qui ont un mauvais CV etc…en bref ceux qui ne font pas d’efforts de s’insérer,de travailler.les employeurs s’arrachent les autres et le fait qu’ils soient issus de l’immigration ne pose plus aucun problème.Les employeurs ne sont ni stupides ni racistes,ils veulent les meilleurs.

      +13

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    • Wilmotte Karim // 06.02.2015 à 08h38

      Et les enquêtes d’envois de CV IDENTIQUE (à part le nom), montrent…
      le contraire.

      Et alors, si vous êtes une femme, d’origine étrangère, grosse, résidant dans un quartier réputé pourri… courage!

        +7

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      • balt // 06.02.2015 à 13h08

        Un employeur normal accorde un entretien d’embauche et juge sur pièces.Si vous avez un bon CV,les trois critères importent peu.Les employeurs ne sont pas stupides meme s’il en existe des racistes ou des demeurés.Si le CV est vide,alors oui,il y a de grandes chances que les trois critères soient pénalisants

          +1

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    • Judabrutus // 06.02.2015 à 10h23

      Cf. Piketty,  » L’économie des inégalités « , la discrimination sur le marché du travail : p.79,80
      la plupart des sociologues tiennent à peu près le même propos. Le discours de ségrégation façonne le profil social de celui qu’il décrit et, insidieusement, l’entraîne dans un processus d’auto réalisation . Des études difficilement contestables l’ont établi à propos de la communauté afro-américaine, elles sont parfaitement transposables sur toutes les minorités dès lors qu’elles sont « visibles ».

        +5

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  • champignon98 // 06.02.2015 à 07h23

    Ben moi je ne vois rien à redire à ce que dit Bouamama et Bleitrach. Mettre en avant les guerres de l’occident dans l’analyse est à la fois évident et pourtant rarement fait dans le commentaire habituel. Enfin quelqu’un qui remet tout ça dans le débat. Il est difficile d’imaginer qu’il puisse y avoir plus de 200 000 morts civils en Irak sur des justifications fallacieuses sans aucune conséquence.

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  • Beaugrand // 06.02.2015 à 07h42

    Le propos excessif du 1er couplet sur les « soldats français qui partout sèment la mort » discrédite le discours. Il suffirait de pointer la stupidité et parfois la cruauté des guerres néo coloniales de notre Flan 1er le grand soumis. L’exagération (confer aussi la tribune de l’artiste Joëlle Ursul) ne fait que rajouter de l’huile sur le feu et renforcer la division du peuple. Précisément ce que recherchent les psychopathes au pouvoir.

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  • ISTINA // 06.02.2015 à 07h44

    Ce Monsieur semble être raciste sans DOUTE L’IGNORERAIT-IL ,?
    Pas un mot sur les églises saccagées ?
    Pas un mot sur les victimes de désormais, à ce qui semblerait quasi officiellement,
    sur l’identité des tueurs, violeurs, voleurs, incendiaires ? {{ SECRET DEFENSE }} , OU FRANCOPHOBIE ??
    Les seules victimes seraient donc ces Musulmans à qui
    octroyer le Droit de nous assimiler ?

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  • Perret // 06.02.2015 à 08h34

    La volonté américaine de substituer à la lutte Est-Ouest une guerre des Civilisations Occident contre Islam, exprimée dans les réunions d’un des principaux think-tank néoconservateur, la Fondation Héritage dès 1991, a développé dans le monde entier, avec le soutien financier des pétromonarchies , un islam radical wahhabite (mais aussi celui des Frères Musulmans). Il y a donc bien réellement des extrémistes musulmans dans toutes les banlieues françaises dont les principales victimes sont les vrais musulmans des quartiers, mais pas qu’eux. Il est très difficile pour quelqu’un qui n’est pas musulman de faire le tri.. On ne peut reprocher aux victimes d’aggressions d’extrémistes de ne pas être capables de distinguer entre bon et méchants. C’est toute la force de cette gigantesque manipulation à l’échelle mondiale.

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  • willybear // 06.02.2015 à 09h03

    Dommage, c´eut pu être un discours constructif et libre, ce sont des propos larmoyant et auto justificateurs d´un terrorisme islamiste potentiel et en germe par, selon ce monsieur, notre faute.

    Combien d´autres peuples européens et d´autres origines nous ont ils rejoints depuis un ou deux siècles et plus sans pour autant être le terreau d´une violence déstructurante de la société d´accueil qui se justifie, au mieux, avec des sempiternelles références aux conflits américains dans le monde.

    Tant que les musulmans ne décideront pas de s´intégrer en acceptant une adaptation a des valeurs humanistes qui ne sont pas encore, de beaucoup, les leurs ( égalité des sexes, limitation de la religion a la sphère privée, refus du prosélytisme religieux violent, respect des valeurs séculaires du pays d´accueil, etc.), ce type de discours sera sans objet, sauf pour les politiques et leur bienpensance manipulatrice.

    Idem d´ailleurs pour l´article sur les frères Kouachi un peu plus haut, si tous les déshérités devenaient terroristes (manipulés très certainement ), nous serions deja tous morts ou sous une dictature bien plus grave que la ploutocratie actuelle dont je ne nie pas le caractère totalitaire.

    Bon weekend a tous et bravo Olivier pour ce site et son ouverture d´esprit.

      +10

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    • Rose du sud // 06.02.2015 à 09h51

      Peut-être, mais nous y allons car si la désespérance s’accentue, les jeunes diront nous n’avons plus rien à perdre!

      Dans une guerre, n’importe laquelle, il y toujours 2 victimes les gagnants d’un jour qui n’ont gagné que par la force matérielle des armes et les perdants qui prendront leur revanche.

      Il vaut mieux se parler et expliquer à l’autre que certains aspects de ses arguments sont peut-être ridicules c’est tout mais toujours interdire ceci, cela, ne mène qu’au ressentiment.

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  • jjmomo1 // 06.02.2015 à 09h32

    Même si le sujet n’est pas absolument de même nature, le processus psychologique et émotionnel du film « L’ennemi intime » avec Dupontel sur la guerre d’Algérie nous amène à réfléchir sur cette antagonisme social qui se créé, cette haine qui s’alimente d’elle même et le spectacle monstrueux médiatisé.

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  • Tapia // 06.02.2015 à 10h15

    Pour ceux qui pensent que les vagues migrantes précédentes n’ont eu aucun problème c’est qu’ils font preuve d’amnésie ou de jeunesse.

    Ma famille d’origine Espagnole, « la sale race » qui venait « manger le pain des Français » (ils sont arrivés en 1917 pour travailler le terres de Français occupés à la guerre) mais bien sûr, en 1939, ils étaient de trop. Une paroisse Espagnole leur servait de centre social.

    Les réfugiés républicains Espagnols: dans les camps! Les ex combattants: livrés aux allemands!
    Malgré cela ils se sont battus pour la libération car ils n’ont pas oublié que leur vrai ennemi est resté le fascisme.

    Par contre après la seconde guerre mondiale, avec l’amélioration des conditions économiques tout a été possible et ils ont pu s’intégrer car leurs enfants ont étudié et trouvé du boulot. Ils ont même eu la « chance » de combattre en Algérie.

    Aujourd’hui la paroisse Espagnole dont j’ai parlé a été rétrocédée a l’église de France.

    Il y a une crise de partage des richesses aujourd’hui et il est facile de dire aux classes populaires pauvres de dire que c’est la fautes aux immigrés.

    Il n’y a pas de statistiques mais il y a des « échantillonages » représentatifs. Que ce passe-t-il quand Merah décide d’assassiner des parachutistes: il en tue d’origine magrhébine. Quand les Kouachi tuent des policiers (encore issus de l’immigration!) et le correcteur de Charlie…(mince encore d’origine étrangère!) et lorsque Coulibaly prends les otages dans la superette casher: mince encore un immigré musulman…et en plus il sauve des victimes!

    Donc oui quelqu’un qui a un boulot et gagne sa vie a moins tendance à la haine et au désespoir.
    Comme mes ancêtres, les immigrés viennent pour améliorer les conditions de vie de leur famille et ensuite si la haine les en empêche pas ils pourrons aimer leur pays d’accueil.

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    • ploi // 06.02.2015 à 16h22

      Et moi je peux donner l’exemple de mon arrière grand-père polonais, mineur, qui a refusé de faire grève en 1936 parce qu’il était étranger.

      Voilà une autre réalité qui montre comment le patronat se sert de la main d’œuvre immigrée pour faire pression à la baisse sur les conditions des travailleurs.

      Aujourd’hui, vous ajoutez au patronat la puissance des classes moyennes qui ont un intérêt matériel à profiter des services à bas prix fournis par les classes inférieures et vous comprenez pourquoi on continue à faire venir des milliers d’immigrés alors que le chômage bat des records. Immigrés qui ont d’ailleurs tendance à entrer en concurrence directe avec les populations les moins qualifiées (ce qui semble être le cas des Kouachi)…

      Et donc si je suis d’accord qu’ « Il y a une crise de partage des richesses aujourd’hui », il est important de comprendre quelles conditions rendent ça possible.
      Et clairement la globalisation (mise en concurrence des ouvriers du monde entier) et l’immigration (augmentation de la concurrence des employés d’un même territoire) en font partie.

      Donc s' »il est facile de dire aux classes populaires pauvres de dire que c’est la fautes aux immigrés. », ça l’est d’autant plus que c’est pas faux…

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      • Tapia // 06.02.2015 à 20h30

        Je ne vois pas en quoi les immigrés bouffent notre richesse quand la richesse est concentrée entre les mains de quelques uns (c’est de ce partage dont je parle). Premièrement.

        Deuxièmement l’immigration est et a toujours été régulée. Donc celui qui est rentré et à plus forte raison dont les parents ou grand parents sont rentrés, je ne vois pas où le renvoyer.
        Sans parler les terroristes Français de souche! (ex: gang de Roubaix et autres).

        Je pense que les gens d’origine étrangère tués par les terroristes ne nous ont rien volé.

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    • georges dubuis // 06.02.2015 à 22h29

      Mon beauf et son père italien, les macaronis comme on disait alors, on en faisait même des plats, se sont bien installés. Le père,paysan devenu mécanicien, s’est fait arnaquer plusieurs fois en tant qu’illégal, avant et après guerre, MAIS il ne s’est jamais plaint de la France, au contraire, pourtant Napoléon était passé par chez eux.
      Quand Merah à tué, c’était aussi la fête de l’indépendance algérienne, donc il tuait aussi des « traîtres ».
      Le pb et la solution avec la colonisation et l’immigration, ce sont des savoirs et des ignorances qui se rencontrent et cela crée des complexes que les humanistes nomment racisme, un concept qui fout bien le bordel, comme SOSR qu’il faut sauver à tout prix et c’est kiki qu’a créé çà ?

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  • téléphobe // 06.02.2015 à 15h06

    Allocs ou Akhbar ?

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  • Docteur SCHWEITZER // 07.02.2015 à 07h04

    Je pense qu’après avoir « fait le boulot » sur l’Ukraine, la liberté d’expression etc…, et d’avoir démontré que vous êtes un phare de la pensée; il serait souhaitable d’avoir un avis un peu plus équilibré sur Israël. Les propos récurrents anti israéliens tenus sur ce blog me font penser exactement aux propos anti russes des médias mainstream…

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  • anne jordan // 07.02.2015 à 21h34

    équilibré ?Mon cher Docteur ( qui usurpez le nom d’un homme remarquable que j’ai connu à la fin de sa vie )
    équilibré ?
    1 mort israelien = 100 morts palestiniens , avec votre bénédiction .

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    • Docteur SCHWEITZER // 08.02.2015 à 14h20

      Chère Madame,
      Désolé de vous avoir choqué en utilisant ce pseudonyme qui pourtant me convient et qui remplit son rôle.
      Vous avez raison, les gazaouis payent un tribut exorbitant à la pulsion de mort de leurs dirigeants.
      Il n’en demeure pas moins qu’Israel est une des rares démocraties qui subsistent aujourd’hui et que relayer ici la vision manichéenne des médias français, c’est un peu dommage.
      Respectueusement

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      • georges dubuis // 09.02.2015 à 01h14

        Cher Dr Schweitzer, répondez plutôt à l’analyste Berruyer, c’est çà la vraie politesse !

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  • Safran // 08.02.2015 à 15h01

    Merci d’avoir publié un article de Saïd Bouamama, sociologue et militant que l’on n’entend peu dans les médias, évidemment.
    Bon dimanche

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  • Patrick Luder // 19.02.2015 à 21h22

    Une citation de Didier Burkhalter, conseiller fédéral (Suisse), le 19.02.2015:

    « La réponse militaire n’a jamais réglé la problématique du désarroi des jeunes qui se font attirer par ces extrémismes … « 

    source : http://www.rts.ch/info/suisse/6556959-il-n-y-a-pas-de-neutralite-a-l-egard-du-terrorisme-selon-didier-burkhalter.html

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