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Manipulation d’une élection ? Les USA l’ont fait dans 45 pays

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Source : Vocativ, le 30/12/2016

Illustration: Diana Quach

Par Shane Dixon Kavanaugh

Le 30 décembre 2016

La tentative russe d’influer sur les élections de 2016 continue de consumer la politique américaine d’autant que l’administration Obama a contre-attaqué avec une série de punitions visant les agences d’espionnage et les diplomates russes. La Maison-Blanche ce jeudi (29 décembre 2016) a expulsé 35 russes suspectés d’être des agents de renseignement, et imposé des sanctions contre les deux principales agences de renseignement du Kremlin en réponse à ce que les USA considèrent comme des cyberattaques conduites par les Russes pendant la campagne électorale. Pour le moment, le Président russe Vladimir Poutine a indiqué qu’il n’entendait pas répliquer, mais que cela pourrait changer.

Ce bouillonnant « œil pour œil » a entretenu la question de l’ingérence électorale au niveau national, alimentée plus encore par la croyance, parmi les services de renseignement américains, que la Russie voulait aider Donald Trump à ravir la présidence. Cependant, aucun des deux pays n’est étranger à ce type de manœuvres électorales à l’encontre d’autres nations. En fait, de récentes recherches du politologue Dov Levin montrent que les USA ont une longue et stupéfiante expérience de tentatives d’influencer des présidentielles de pays étrangers.

Levin, un enseignant post-doctorat à l’Institut de Politique & Stratégie de l’Université Carnegie-Mellon, a trouvé que les USA ont tenté d’influencer au moins 81 élections étrangères entre 1946 et 2000. Bien souvent pratiquées dans l’ombre, ces tentatives incluent aussi bien la conduite réussie des présidentielles aux Philippines dans les années 50 par des agents de la CIA, que la divulgation préjudiciables d’informations sur les Sandinistes marxistes pour influencer les électeurs nicaraguayens en 1990. En tout, les USA auraient tenté d’influencer les élections de plus de 45 nations au niveau mondial pendant cette période, ce que démontre Levin. Dans le cas de pays comme l’Italie ou le Japon, les USA auraient tenté d’intervenir dans au moins 4 élections différentes.

Les chiffres avancés par Levin ne comprennent pas les tentatives de coups d’État militaires ou les renversements de régime suivant l’élection d’un candidat non agréé par les USA, comme par exemple quand la CIA a aidé à renverser le premier ministre iranien Mohammad Mossadegh, démocratiquement élu en 1953. Levin définit une « immixtion électorale » comme « une opération financière conçue afin de déterminer le résultat d’une élection en faveur d’un des deux camps. » Selon les recherches de Levin, cela inclut : divulgation de fausses informations ou de propagandes, création de matériau électoral pour le candidat ou le parti favori, la fourniture ou le retrait d’aides étrangères, diffusion publique de déclarations menaçant ou favorisant un candidat. Souvent, cela comprend aussi le transfert secret de larges sommes d’argent, comme par exemple lors d’élections au Japon, au Liban, en Italie, et dans d’autres pays.

Pour construire sa base de données, Levin a utilisé des documents déclassifiés des services secrets US ainsi que des rapports du Congrès sur l’activité de la CIA. Il a aussi creusé des histoires qu’il a considérées comme fiables provenant de la CIA et des activités secrètes américaines, ainsi que des recherches universitaires sur les services d’espionnages US, des histoires diplomatiques de la Guerre froide et des mémoires d’anciens fonctionnaires de la CIA. La plupart des interventions américaines dans des élections étrangères ont été bien documentées, le Chili dans les années 60 ou Haïti dans les années 90 notamment. Qu’en est-il de Malte en 1971 ? Selon Levin, les USA auraient tenté de « booster » l’économie de cette minuscule île méditerranéenne dans les mois précédant l’élection.

Les recherches montrent que la plupart des ingérences américaines eurent lieu pendant la Guerre froide et avaient pour but de contenir l’influence soviétique à travers des mouvements locaux gauchistes. Et pour être clair, les USA n’étaient pas les seuls à s’immiscer dans des élections étrangères. Selon Levin, la Russie a tenté près de 36 fois d’influencer des élections entre la fin de la seconde guerre mondiale et la fin du 20ème siècle, ce qui, combiné avec les tentatives américaines, constituent 117 ingérences pendant cette période.

Et même après la chute de l’Union soviétique en 1991, Levin a découvert que les USA continuèrent leurs opérations à l’étranger, notamment en Israël, dans l’ancienne Tchécoslovaquie et même en Russie en 1996. Depuis 2000, les USA se sont immiscés dans les élections en Ukraine, au Kenya, au Liban, et en Afghanistan, entre autres.

Source : Vocativ, le 30/12/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.


Une base de données retrace l’historique des ingérences américaines dans des élections étrangères

Source : NPR, le 22/12/2016

Le 22 décembre 2016

Ari Shapiro du NPR discute avec Dov Levin, le chercheur de l’Université Carnegie Mellon au sujet de la base de données historique qui révèle les ingérences américaines dans les élections étrangères au fil des années.

ARI SHAPIRO, HOST : Ce n’est pas la première fois qu’un pays a tenté d’influencer le résultat des élections d’un autre pays. Les USA l’ont fait, également, selon le décompte d’un expert, plus de 80 fois à travers le monde, entre 1946 et 2000. Cet expert est Dov Levin de l’Université Carnegie Mellon. Je lui ai demandé de nous raconter des élections où l’intervention américaine a probablement entraîné une différence dans les résultats du vote.

DOV LEVIN : Un exemple est notre intervention en Serbie, Yougoslavie, lors de l’élection de 2000. Slobodan Milosevic était candidat à sa réélection et nous ne voulions pas qu’il reste au pouvoir à la suite de sa tendance, vous savez, à perturber les Balkans et ses violations des droits de l’Homme.

Aussi, nous sommes intervenus de différentes manières au bénéfice du candidat de l’opposition, Vojislav Kostunica. Et nous avons financé l’opposition, nous l’avons aidée et participé à la campagne. Et selon mes calculs, cette aide a été cruciale pour permettre à l’opposition de l’emporter.

SHAPIRO : A quelle fréquence ces interventions sont-elles rendues publiques ou restées secrètes ?

LEVIN : C’est environ un tiers d’interventions publiques et deux-tiers qui sont secrètes. En d’autres mots, elles ne sont pas connues des électeurs visés avant l’élection.

SHAPIRO : Votre décompte ne comprend pas les coups d’État, les tentatives de changement de régime. Il semble que, selon les définitions prises en compte, le total pourrait être en fait bien plus important.

LEVIN : Vous avez raison. Je ne comptabilise pas les coups d’État secrets comme celui mené par les USA en Iran en 1953 ou au Guatemala en 1954. J’ai comptabilisé les cas uniquement quand les USA ont tenté directement d’influencer une élection au bénéfice d’un seul des candidats. Les autres cas d’interventions, je n’en discute pas. Mais si devions compter ces derniers, bien sûr le total serait plus élevé, oui.

SHAPIRO : Combien de fois d’autres pays, comme la Russie par exemple, ont tenté d’infléchir une élection par comparaison avec les États-Unis ?

LEVIN : Eh bien, d’après ma base de données, les USA sont le pays le plus adepte de cette technique. La Russie ou l’Union soviétique depuis 1945 l’a utilisé moitié moins. Mon estimation indique 36 cas entre 1946 et 2000. Nous savons que les Chinois ont également utilisé cette technique et les Vénézuéliens quand feu Hugo Chavez était encore au pouvoir et aussi d’autres pays.

SHAPIRO : Les USA sont probablement plus bruyant que tout autre pays pour tenter de promouvoir la démocratie et les valeurs démocratiques dans le monde Est-ce que cela ne vous frappe pas comme incohérence dans ce message ?

LEVIN : Cela dépend si vous souhaitez aider le côté pro-démocrate – ce qui pourrait être le cas pour l’exemple évoqué précédemment sur Slobodan Milosevic. Je pense que cela pouvait être positif pour la démocratie. Si cela aide des candidats ou partis moins « sympathiques », alors évidemment c’est moins bénéfique.

SHAPIRO : Évidemment, votre étude sur les tentatives réalisées au 20e siècle pour influencer des élections ne prend pas en compte les attaques informatiques car les ordinateurs n’étaient pas aussi nombreux auparavant.

LEVIN : Oui.

SHAPIRO : De votre point de vue, la technologie – comme nous l’avons vu lors de l’élection de novembre – change-t-elle spectaculairement les règles du jeu ? Ou est-ce juste la dernière évolution d’un effort qui utilise tous les outils mis à sa disposition ?

LEVIN : Je dirais que c’est plutôt ce dernier cas. Je pense que les Russes, ou les Soviétiques auparavant, faisaient rarement ce type d’intervention en l’absence des outils de piratage informatique – vous savez, les rencontres de personnes à la mode ancienne, dans un parc, en secret, donnant ou recevant des informations, dans ce style…

SHAPIRO : Dov Levin travaille au sein de l’Institute for Politics and Strategy de l’Université Carnegie Mellon. Merci de nous avoir rejoint.

LEVIN : Merci beaucoup.

Source : NPR, le 22/12/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Fritz // 23.02.2018 à 12h43

En 1996, le communiste Guennadi Ziouganov serait sans doute devenu le président russe…
Mais voilà, l’oncle Sam veillait sur la démocratie : il fallait réélire l’homme qui avait fait tirer sur le parlement russe en 1993, Boris Eltsine.

Même Time l’a reconnu !
http://content.time.com/time/covers/0,16641,19960715,00.html
« Les Yankees à la rescousse. L’histoire secrète des conseillers américains qui ont permis la victoire d’Eltsine »

Même le Guardian retrace la longue, longue histoire des manipulations d’élections par les Américains :
https://www.theguardian.com/commentisfree/2017/jan/05/americans-spot-election-meddling-doing-years-vladimir-putin-donald-trump

Alors, les vilains Russes qui faussent la démocratie américaine : la paille et la poutre ? La paille et le baobab ?

24 réactions et commentaires

  • Louis Robert // 23.02.2018 à 11h58

    Si seulement l’Empire voyou s’était limité à intervenir dans les élections!

    Ledit Empire criminel de guerre et contre l’humanité, ainsi que tous ses complices, ont renversé les gouvernements légitimes, assassiné les dirigeants, détruit les pays, torturé et tué des millions de leurs citoyens innocents, créé des millions de réfugiés, sans égards envers les femmes, les enfants et les vieillards (comme nous avons tous vu)… et bien davantage. La liste de ces crimes est sans fin.

    Voilà ce qu’il faut sans cesse dénoncer dans le détail et condamner sans équivoque, jusqu’à ce que cela cesse.

    Votre commentaire est en attente de modération.

      +35

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    • V_Parlier // 23.02.2018 à 15h09

      Tous les valets des USA qui mènent la politique étrangère de l’Europe au profit de cette puissance ont une réponse pour nous: C’est notre population qui va payer pour expier leurs crimes!

        +7

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    • SARTON Bernard // 23.02.2018 à 15h40

      [modéré] A mon avis toutes les élections sont manipulées par la grande bourgeoisie qui contrôle tous les grands médias , ce qui explique le fort taux d’abstention aux Etats-Unis et en Europe dont la France. L’élection essaye de justifier le pouvoir capitaliste jusqu’à quand? Beaucoup de peuples sont encore des « enfants influencés » en votant pour ceux qui les exploitent . Un peuple devient « révolutionnaires » lorsqu’il est mécontent de son niveau de vie face à une caste qui se gave de privilèges comme la noblesse avant la révolution de 1789 et quand la situation économique s’effondre avec un chômage massif . Nous sommes peut-être en train de vivre ce moment là historiquement .

        +18

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    • vinel // 23.02.2018 à 19h30

      Je pense qu’il faut retenir dans la situation actuelle les points suivants relatifs aux USA:
      -ils disposent de plus de 800 bases militaires hors de chez eux et couvrent la planéte(hormis la Russie,la chine,la France
      -ils contrôlent avec leur assistants grande Bretagne,France notamment la quasi totalité des réseaux numériques marins et aériens(face bock,tweeter….)
      -par les moyens de surveillance(NSA…) ,tout individu peut être l’objet d’actions spécifiques.
      -L’OTAN est une organisation militaire qu’il maitrisent totalement.
      De nombreuses multinationales mondiales sont des chevaux de Troie .
      -l’immense majorité des médias occidentaux enfoncent en permanence le clou de leur doctrine et manifestent l’allégeance.
      A cela se rajoute ,par exemple,le président Obama,se permet avec l’appui ouvert de tous les médias mainstrem d’appuyer le candidat Macron lors de son ultime tournée en Europe.
      Le doute n’est pas permis quant à la finalité de toute ces organisations et réseaux.
      Pour conclure 50 milliards de dollars sont affectés chaque année aux moyens de renseignements et interventions dites humanitaires.

        +16

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  • vert-de-taire // 23.02.2018 à 12h07

    Un grand merci OB et aux traducteurs ++.

     » plus de 80 fois à travers le monde, entre 1946 et 2000.  »

    non ?
    pas possible ?
    ils ont osé ?

    et ils sont surpris quand un ‘petit pays’ comme la Russie puisse trouver des moyens pour faire pareil (comme l’URSS en fait) ?
    Ah lala ces états-uniens de grands enfants.

      +17

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  • Le Rouméliote // 23.02.2018 à 12h42

    Ils ont oublié la Macédoine, il y a peu…

      +12

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    • Bobby // 23.02.2018 à 22h43

      Et la France en 68…

      De Gaulle avait annoncé la sortie de la France de l’OTAN en 69 !
      https://www.youtube.com/watch?v=oa3vkP412gA

        +7

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      • Le Rouméliote // 24.02.2018 à 22h56

        La sortie de la France du commandement intégré de l’OTAN a eu lieu en mars 1966.

          +1

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  • Fritz // 23.02.2018 à 12h43

    En 1996, le communiste Guennadi Ziouganov serait sans doute devenu le président russe…
    Mais voilà, l’oncle Sam veillait sur la démocratie : il fallait réélire l’homme qui avait fait tirer sur le parlement russe en 1993, Boris Eltsine.

    Même Time l’a reconnu !
    http://content.time.com/time/covers/0,16641,19960715,00.html
    « Les Yankees à la rescousse. L’histoire secrète des conseillers américains qui ont permis la victoire d’Eltsine »

    Même le Guardian retrace la longue, longue histoire des manipulations d’élections par les Américains :
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2017/jan/05/americans-spot-election-meddling-doing-years-vladimir-putin-donald-trump

    Alors, les vilains Russes qui faussent la démocratie américaine : la paille et la poutre ? La paille et le baobab ?

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    • JC // 23.02.2018 à 15h54

      Oui mais ils ne sont pas sensibles à ces comparaisons, car eux sont le camp du Bien, ils sont Exceptionnels, tout ce qu’ils font est approuvé par Dieu. C’est un devoir moral et une mission sacrée.

        +21

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    • Michel Ickx // 23.02.2018 à 17h20

      vous vouliez dire la paille et le Sequoia?

        +11

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  • Arcousan09 // 23.02.2018 à 13h21

    Cette manipulation n’est rien à coté des guerres ourdies par les mêmes quand le gouvernement d’un pays n’est pas conforme aux critères de ce qu’il est convenu d’appeler: « le bien » ….
    Ne serait-ce pas là la définition d’un « état voyou » ???? agresser tout ce qui n’est pas conforme à son idéologie ….

      +19

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    • vert-de-taire // 23.02.2018 à 15h03

      Euh oui
      dans ce domaine la France est aussi championne.

        +15

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  • Marie Colin // 23.02.2018 à 14h00

    dommage qu’il se soit arrêté à 2000… Pour ne parler que de l’Amérique latine (leur « arrière cour ») il y a les interventions multiples et bien documentées au Venezuela, au Honduras et bien sûr, en Colombie toujours. Celles dont j’ai pu prendre connaissance en tout cas, notamment via l’organisation DDH Equipo Nizkor.
    Quant à les « justifier » comme il le fait, il me semble que ça nuit à la pertinence de son étude, car RIEN ne peut excuser ces interventions toujours contre les peuples, sans parler des non interventions contre les pires abominables comme l’Ukraine actuelle ou l’Arabie S.

      +17

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  • olivier // 23.02.2018 à 14h19

    Pour qu’il y ai manipulation, il faut qu’il y ai des gens manipulables.
    Quand certains politiques vont mendier des aides à Londres ou au Etats Unis pour faire campagne (fund raising), la pratique de ce genre d’ingérences étrangères en est facilité.

      +7

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    • olivier // 23.02.2018 à 14h32

      Sans oublier le travail en amont, la subversion des think tank et la présélection de personnalité d’importance par des groupes comme la french american foundation (presse, politique, militaires…)… l’oncle Sam est prévoyant et soutenu par les Etats qu’il a déja dans sa poche ce qui lui permet de cracher sur le droit international.

        +17

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  • Ando // 23.02.2018 à 14h30

    A force d’être répétée n’importe quelle ineptie prend une allure de vérité incontestable. A ce jour le dossier d’accusation contre la Russie est toujours complètement vide. Aucune preuve n’a été apportée que l’Etat russe ait tenté de manipuler le résultat des élections présidentielle étasuniennes.

      +31

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    • Francil // 23.02.2018 à 17h01

      Tout à fait, Ando, et c’est très drôle d’observer ces théoriciens du complot prétendre que c’est un fait avéré.

        +5

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  • Noone // 23.02.2018 à 16h58

    Les Américains ont un avantage sur les Français, c’est que leurs gouvernements déclassifient régulièrement les documents de la CIA, en général au bout de soixante ans. Ceci étant dit, tous ceux qui dans les années cinquante ne croyaient pas pas à la version officielle du départ spontané de Mossadegh en Iran, étaient déjà taxés de complotisme aigu. Jusqu’au jour où les documents déclassifiés leur ont donné raison. D’ailleurs Obama n’a-t-il pas déclaré : « En pleine guerre froide, les États-Unis ont joué un rôle dans le renversement d’un gouvernement iranien démocratiquement élu. »

    – Iran 1953 : le gouvernement démocratiquement élu de Mossadegh a été renversé par l’opération AJAX. La CIA a reconnu avoir orchestré ce putsch dans des documents récemment déclassifiés. Une histoire de contrôle américain et britannique sur le pétrole iranien.

    – Renversement du pouvoir au Guatemala en 1954 : « la CIA fournit des armes à UFCO pour ensuite qu’elle les remette aux rebelles de Carlos Castillo Armas. Les troupes d’Armas étaient constituées d’exilés du Guatémaltèque, de mercenaires d’Amérique latine et soldats américains. »

    – Gladio et les Stay Behind en Italie et dans toute l’Europe de l’Ouest.

    – L’opération Northwoods à Cuba, etc…

    Il faudrait remplacer le mot « complotisme », trop démonétisé, par « scepticisme » à l’égard de la propagande quotidienne du pouvoir.

      +19

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  • Vladimir K // 23.02.2018 à 20h38

    Dans la liste, on peut ajouter la Suède (meurtre d’Olof Palme, notre grand ami Carl Bildt qui est à fond avec ses amis de Washington…), la Finlande (pressions sur les contrats militaires, premier ministre ultra atlantiste – Alexander Stubb), et surtout ne pas oublier les Pays Baltes (université de Georgetown pour la présidente de Lituanie, ancien président estonien qui a fait toutes ses études aux États-Unis)…

    et nous ferons abstractions des organismes genre French-American association (young leaders) pour des pays comme la France.

    Vraiment, la liste donnée est très exhaustive

      +11

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  • Catherine // 23.02.2018 à 23h31

    On ne reproche jamais aussi bien aux autres ce que l’on fait soi-même.

    On ne se déculpabilise jamais aussi bien que lorque l’on culpabilise les autres.

    Cette affaire est bien une sorte de schizophrénie et avec ce genre de maladie on ne sait jamais trop comment s’y prendre car la personne qui en souffre n’en a pas conscience.

    Et c’est un peu à celà que l’on assiste.

      +7

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  • tchoo // 24.02.2018 à 08h24

    Comme tout bon américain même si il dénonce les faits il les justifie aussi au nom d’une soi disante démocratie qui n’est que la vérité zunienne

      +4

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  • JustVNR // 24.02.2018 à 15h42

    « J’ai effectué 33 ans et 4 mois de service actif, et durant cette période, j’ai passé la plupart de mon temps en tant que gros bras pour le monde des affaires, pour Wall Street, et pour les banquiers. En bref, j’étais un racketteur, un gangster au service du capitalisme.

    • J’ai aidé à sécuriser le Mexique, plus particulièrement la ville de Tampico, au profit des groupes pétroliers américains en 1914.

    • J’ai aidé à faire de Haïti et de Cuba un endroit convenable pour que les hommes de la National City Bank puissent y faire des profits.

    • J’ai aidé au viol d’une demi-douzaine de républiques d’Amérique centrale au bénéfice de Wall Street.

    • J’ai aidé à purifier le Nicaragua au profit de la banque américaine Brown Brothers de 1902 à 1912.

    • J’ai apporté la lumière en République dominicaine au profit des entreprises sucrières américaines en 1916.

    • J’ai livré le Honduras aux entreprises fruitières américaines en 1903.

    • En Chine, en 1927, j’ai aidé à ce que l’entreprise Standard Oil fasse ses affaires en paix. »

    Quand je repense à tout ça, je pourrais donner à Al Capone quelques conseils. Le mieux qu’Al Capone pouvait faire, c’était de racketter trois quartiers. Moi, j’agissais sur trois continents. » « La Guerre est un racket » – Smedley Butler – Général dans le Corps des Marines des États-Unis.

      +11

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  • Nicolas // 24.02.2018 à 17h45

    Cf. un exemple récent d’ingérence américaine dans une élection en Europe https://russia-insider.com/en/us-doing-hungary-what-it-says-russia-did-america-and-media-completely-silent/ri21726

      +1

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