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14.septembre.202114.9.2021 // Les Crises

Nakhitchevan : le corridor du prochain round au Haut-Karabakh

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Depuis la « fin » de l’épisode le plus récent de la guerre de quarante-quatre jours entre l’Azerbaïdjan soutenu par la Turquie et Israël – et facilitée par les États-Unis – et l’Arménie (au mieux vaguement) alignée sur la Russie, on assiste à un florilège de lamentations politiquement correctes sur la « paix illibérale » qui en résulte.

C’est principalement dû à l’hystérie à l’égard de la Russie et de la Chine qui, dans la Cité Émeraude sur le Potomac, passe pour un jugement stratégique avisé [Des spécialistes du roman de L. Frank Baum estiment que la Cité d’Émeraude est une métaphore pour Washington et son papier-monnaie vert. La splendeur illusoire de la capitale est comparée à la valeur fiduciaire du papier monnaie, dont la valeur ne tient qu’à une illusion partagée ou à une convention, NdT] et aussi à l’amertume de Washington quant au fait que le (demi-) cessez-le-feu a été négocié par Moscou.

Source : antiwar.com, Danny Sjursen
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

En laissant de côté pour un moment l’hypocrisie flagrante – il est inutile de se demander si les États-Unis auraient insisté pour servir de médiateur si un combat faisait rage à 180 km de leur frontière (c.-à-d. au Québec, Canada ou à Monterey, Mexique) – la vérité est que le non-règlement de cette récente guerre du Haut-Karabakh n’a pas apporté et n’apportera pas la paix. Aucune des parties n’est satisfaite. Les tirs n’ont jamais cessé – ils se poursuivent toujours et risquent seulement de s’intensifier.

C’est une trêve, (pas encore tout à fait) une accalmie, avant le prochain round du combat. Seulement, si j’étais parieur, je dirais que les vainqueurs azéris du dernier round – bien plus riches et puissants, et avec bien plus d’amis – vont tenter le KO au prochain coup de cloche. Lorsque les coups de poing commenceront à pleuvoir, il faut s’attendre à une répétition des réactions de la foule lors du dernier combat : Washington et l’Europe regarderont depuis les sièges bon marché, l’arbitre russe peinera pour séparer les pugilistes qui tombent à terre à cause des coups bas, et les alliés ostensibles de l’Amérique – la Turquie et Israël – joueront le rôle de porte voix des azéris tout en lestant les gants de Bakou dans le coin des tricheurs. Puis, lorsque Erevan sera à nouveau terrassé, les groupes de réflexion et les têtes parlantes américains jugeront à nouveau les tentatives futiles de Moscou pour repousser l’Azerbaïdjan dans son coin tout en offrant à l’Arménie un compte à rebours bien nécessaire.

Les analystes américains bien-pensants peuvent appeler cela une paix illibérale dans un monde de plus en plus multipolaire (soupir) – mais c’est en réalité un reflet du monde tel qu’il est depuis longtemps, et d’une situation que Washington a en partie provoquée.

Les Azéris ont d’énormes gisements de gaz naturel – les Arméniens aucun. Bakou a fait semblant de jouer le jeu dans la guerre mondiale contre le terrorisme – ce qui fait que Washington a ignoré son terrorisme d’État totalitaire sur son territoire. L’Azerbaïdjan est géographiquement proche de l’Iran, mais curieusement (puisque des Azéris vivent dans les deux pays qui sont tous deux des États à majorité chiite) n’en est diplomatiquement pas proche – l’Amérique a donc laissé libre cours à un état d’Israël déchaîné pour armer, approvisionner et soutenir des Azéris belliqueux. En grande partie par désespoir, l’Arménie est techniquement alliée à la Russie – Washington a donc détourné le regard tandis que la Turquie, complètement déchaînée, encourageait et favorisait tout ce satané bain de sang. Erdogan, ce cinglé, a non seulement envoyé à Bakou les drones qui ont été déterminants sur le champ de bataille, mais il a aussi envoyé dans la mêlée des palanquées de mercenaires rebelles islamistes syriens pour servir de chair à canon pour l’invasion azérie. Et l’Amérique a l’audace de jouer les innocents ? Si vous croyez ça, alors j’ai une offre exceptionnelle à vous proposer pour le pont de Brooklyn.

Marquer des points au prochain round

Ce qui est inquiétant, c’est que l’effusion de sang risque de faire oublier la rivalité qui dure depuis des décennies autour de la région du Haut-Karabakh à majorité arménienne – mais appartenant « officiellement » à l’Azerbaïdjan. Elle sera alimentée par le nationalisme ethnique azéri, renforcée par le sectarisme, et deviendra une lutte irrédentiste et revancharde pour des voies de passage et une extension des corridors – comme le Zangezur (qui pourrait relier Bakou à l’enclave azérie isolée du Nakhitchevan) et Lachin (qui relie de façon ténue l’Arménie proprement dite au Haut-Karabakh).

Le problème est le suivant : bien que l’accord de cessez-le-feu conclu sous l’égide de Moscou prévoie le déblocage de voies de communication et d’échanges commerciaux depuis longtemps bloquées entre les pays et les enclaves clés – en théorie garanti par les forces de maintien de la paix russes – l’autocrate azéri n’a pas l’air très satisfait. Loin s’en faut. Ilham Aliyev est le genre de « mini-Staline » qui aime voir son visage placardé sur les grands panneaux d’affichage de Bakou, et il faut s’attendre à ce qu’il fasse empirer les choses plutôt que rentrer à la maison. Alors que les négociations sur l’ouverture de la route vers le Nakhitchevan s’enlisent, il a déclaré sur les ondes de la télévision publique azerbaïdjanaise : « Si l’Arménie l’accepte, nous résoudrons cette question beaucoup plus aisément, sinon, alors nous la résoudrons par la force. » Cela peut sembler être une simple menace sans lendemain ou vide de sens, sauf que ce cinglé n’a cessé de jacasser en faveur d’une reconquête et de réécrire l’histoire depuis la fin (ou presque) de l’épisode le plus récent de la guerre.

Il y a eu, en fait, toute une série de signaux nationalistes inquiétants émanant de Bakou et de bébé-Aliyev – qui n’est autre que le fils dictatorial de son père. Tant ses paroles que ses actes sont plus dangereux que jamais, et laissent présager peut-être six (ou soixante) années supplémentaires de conflit. Aliyev revendique carrément des « droits historiques » sur le territoire Arménien, non seulement dans le Haut-Karabakh, mais aussi autour de la capitale Erevan ainsi que – et c’est là la clé– sur toute la partie sud-est de l’Arménie qui sépare l’Azerbaïdjan proprement dit de son enclave du Nakhitchevan. Sur le plan symbolique mais c’est révélateur, selon ses médias pro-gouvernementaux, Bakou a commencé à utiliser des noms azerbaïdjanais pour les villes et les monuments situés en Arménie.

En outre, quelques mois à peine après l’armistice, le président Aliyev a inauguré un parc des trophées de la victoire, où sont exposés les casques des soldats arméniens morts, ainsi que leurs mannequins de cire grandeur nature présentant (berk) des traits racialisés exagérés : « nez crochus, sourcils effrayants et dents en mauvais état », comme l’indique un rapport détaillé du New York Times. Certains commentateurs ont noté les parallèles troublants entre l’exposition de ces trophées et les casques iraniens exposés par Saddam Hussein après la violente guerre Iran-Irak des années 1980.

Concrètement – en quelque sorte dans les tranchées (parfois au sens propre) – depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu, les Azéris ont capturé quelque 200 soldats et civils arméniens. Pas plus tard que la semaine dernière, Bakou a condamné 13 militaires arméniens à six ans de prison pour « franchissement illégal de la frontière, possession d’armes » (les soldats ne sont-ils pas enclins à en porter ?) et – voici le terme qui fait mouche, qu’ils ont sans doute retenu du meilleur de l’Amérique : « délit de terrorisme ». En outre, un rapport de Human Rights Watch arrive à la conclusion que les prisonniers de guerre arméniens ont été maltraités durant leur détention.

Pas plus tard qu’au mois de mai, les forces azéries ont de nouveau attaqué et avancé de quelque 3,5 kilomètres en territoire arménien. Ce qui est unique cette fois-ci, c’est que les combats se sont déplacés vers le sud et l’ouest du cœur traditionnel du Haut-Karabakh, certains des combats les plus sérieux se déroulant à quelque 80 km de là, le long de la frontière nord de l’enclave azérie du Nakhitchevan. Puis, hier encore, il semble que les forces azéries ont tenté un nouvel assaut, tuant trois soldats arméniens et en blessant quatre, dans le combat le plus meurtrier depuis le cessez-le-feu de novembre.

L’Amérique illibérale

Le fait est qu’Aliyev – comme la plupart des hommes forts – a besoin que le conflit se poursuive, qu’il mette au premier plan la fièvre guerrière pour mieux asseoir son autoritarisme archaïque. D’un autre côté, l’humiliation d’Erevan lors du dernier round de combat nuit à ses récentes perspectives réelles de démocratie après la « révolution de velours » de 2018. Ironie du sort, ce soulèvement populaire, et les résultats électoraux quelque peu libéraux qui en ont découlé, ont en fait éloigné l’Arménie de ses protecteurs russes historiques. La récente défaite d’Erevan, en revanche – malgré la remarquable retenue de la Russie, qui n’a pas soutenu son allié (technique) du traité – ne peut que ramener l’Arménie dans le giron (pourtant peu fiable) de Moscou. En d’autres termes, voici encore un exemple où les États-Unis soutiennent tacitement ou ouvertement le camp le moins démocratique d’un conflit.

Et, lorsque le combat reprendra de plus belle au-dessus du Nakhitchevan – ne vous attendez pas à de grands changements dans la complaisance de Washington. Au lieu de cela, branchez-vous sur les propos « illibéraux » d’une Amérique qui se contente de jouer la ritournelle du libéralisme uniquement à la télévision.

Danny Sjursen est officier de l’armée américaine en retraite, directeur du Eisenhower Media Network (EMN), chargé de recherche au Center for International Policy (CIP), collaborateur d’Antiwar.com et co-animateur du podcast « Fortress on a Hill ». Ses travaux sont parus dans le NY Times, le LA Times, ScheerPost, The Nation, HuffPost, The Hill, Salon, Popular Resistance, Tom Dispatch, The American Conservative et Mother Jones, entre autres publications. Il a effectué des missions de combat avec des unités de reconnaissance en Irak et en Afghanistan et a enseigné l’histoire à West Point, son alma mater (université où il a étudié). Il est l’auteur de mémoires et d’une analyse critique de la guerre d’Irak, Ghostriders of Baghdad : Soldiers, Civilians, and the Myth of the Surge, Patriotic Dissent : America in the Age of Endless War, et plus récemment A True History of the United States. Sjursen a récemment été sélectionné comme lauréat 2019-20 de la Fondation Lannan pour la liberté culturelle. Vous pouvez le suivre sur Twitter @SkepticalVet. Vous trouverez sur son site Web professionnel des informations pour le contacter, pour programmer des exposés ou des apparitions dans les médias, ainsi que pour accéder à ses travaux antérieurs.

Source : antiwar.com, Danny Sjursen, 29-07-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

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RGT // 15.09.2021 à 14h13

Les russes ne se sont pas bougés avec une grande motivation pour une raison très simple : Lors de l’ avant-dernière guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan les russes avaient permis de conclure un accord de paix équitable dans lequel l’Arménie s’engageait à restituer à l’Azerbaïdjan des territoires qui avaient été conquis lors de ce conflit.
Cette clause devait faire baisser les tensions et permettait d’éviter un conflit ultérieur.

Les arméniens n’ont pas respecté cet engagement malgré l’insistance des russes et ce qui devait arriver arriva.

Les territoires que les russes ont « permis » à l’Azerbaïdjan de conquérir et de conserver correspondent d’ailleurs à ceux qui auraient dû être restitués lors de la guerre précédente. En fait, les russes se sont contentés de laisser faire (en partie) pour que les clauses du plan de paix précédent soient enfin respectées.

Et comme ils ont de nouveau participé aux négociations de paix ils ont sans doute du insister très fortement sur la fait que ces négociations permettaient enfin de mettre en œuvre le plan de paix précédent, en faisant comprendre clairement aux belligérants qu’ils avaient sifflé la « fin de la récré » et que tout le monde devait désormais rentrer chez soi sous peine de risquer « d’aller au piquet »…

Et si le satrape Aliyev dépasse les bornes en allant plus loin que la simple harangue des foules il sait désormais que la réponse de Moscou risque d’être assez « vénère » et qu’il y a des bornes à ne pas dépasser.

De même, les arméniens doivent avoir compris la leçon et ne se lanceront plus dans des aventures « hasardeuses » car ils ont compris que s’ils n’écoutaient pas les conseils de l’ours ils se retrouveraient à poil.

Il ne reste donc plus que les turcs et les israéliens mais je pense que Moscou leur a aussi fait comprendre qu’il était préférable de ne plus venir foutre le bordel aux frontières de la Russie.

Quant à ceux qu’on oublie de nommer, les iraniens, bien que chiites (comme les azéris) ils voyaient d’un très mauvais œil le bordel s’installer à proximité de chez eux et ont pris la défense des arméniens en menaçant de rétorsions les azéris s’ils ne se calmaient pas immédiatement.

D’où la raison du qualificatif « d’illégitimité » du plan de paix russe de la part des USA…

Que leurs ennemis viscéraux soient intervenus et aient réussi à calmer ce conflit sans qu’ils n’aient pu intervenir comme « sauveurs » doit leur rester en travers de la gorge.

16 réactions et commentaires

  • Hamourabi // 14.09.2021 à 08h44

    Bonjour, les Arméniens doivent aujourd’hui regretter amèrement d’avoir reƒusé d’examiner le plan Danois de redécoupage de ce puzzle inƒernal de territoires imbriqués, ƒragmentés, dissociés, encerclés, où cohabitent pourtant et quand même des populations qui n’envisagent AUCUN avenir commun. Et qui rejettent viscéralement, de part et d’autre, toutes les réalisations culturelles et religieuses des « autres ». Considérés comme inƒréquentables.
    N’est-ce pas criminel, pour un gouvernement, d’envoyer en « mission de sacriƒice » des soldats qu n’ont aucune chance d’échapper à une sévère raclée ? (en plus, en insultant copieusement son seul et unique déƒenseur, qui, en effet, n’était pas très-motivé pour s’engager davantage………).

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    • christian gedeon // 14.09.2021 à 10h39

      Reponse amusante…à transposer au conflit israélo palestinien. les palestiniens doivent regretter amèrement de ne pas avoir accepté le plan de 1946/48. Qui leur attribuait la moitié de la palestine mandataire…à rapprocher également l’attitude israélienne en l’occurence. D’aucuns se sont étonnés de l’appui massif israélien aux Azéris. Moi pas du tout. ;Ca fait un bail que ces deux là sont ncopains comme cochons. sans compter la TUrquie et Israël qui font (très bien) semblant d’être en bisbille depuis l’affaire des bateaux « humanitaires ». Quand je vous dis que le PO et lr MO sont impénétrables aux esprits « cartésiens  » et droitsdel’hommistes occidentaux…je rappelle aussi que le blocus de Gaza est egypto israélien. Pauvres arméniens…ils portent un péché indélebile:Ils sont chrétiens.

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      • Hamourabi // 14.09.2021 à 18h30

        Bonsoir, pour vous « amuser » encore plus, ne vous arrêtez pas au « péché indélébile » d’être chrétiens. Mais observez peut-être encore qu’ils n’ont toujours pas réussi à se remettre de QUARANTE ANNÉES DE CARNAGES par les Ottomans de la Sublime porte : 107 ans après, ils ne dénoncent toujours QUE le SUBLIME « bouquet ƒinal », 1500000 morts de l’année 1915… alors que les archives de la Marine ƒrançaise (une escadre a longtemps patrouillé dans la région) dénoncent TROIS FOIS PLUS DE VICTIMES assassinées depuis le règne du Sultan Abdul Hamid : resté dans l’Histoire comme « Abdul le Rouge », tant le sang semblait ne jamais jamais s’arrêter de couler dans les rues de ses villes. Dans l’indifférence générale du Concert des Nations. A part le Boston Globe qui inventa ce surnom limpide.

        40 ans, c’est long.

        Encore plus amusant, ce glorieux monarque était lui-même (en partie) du même sang que ses victimes, puisque ƒils d’une prisonnière du Harem, une ƒemme Arménienne du nom de Vergina. Un autre dictateur génocidaire avait lui aussi une part de sang de la race honnie ; et tout le monde sait que l’exemple turc l’a ouvertement encouRagé.

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      • ALTAB // 15.09.2021 à 20h19

        Je dirais que le PO et le MO sont un peu comme une pièce montée, il y aurait d’abort des états aux frontières coloniales surmontant d’autres états plus informel ou diffus (transfrontalier) surmontant eux-mêmes d’autres états religieux eux. L’imbroglio général viendrait donc de selon qui de ces états informel, diffus ou religieux arriverait à la tete des états aux frontières coloniales.

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  • Koui // 14.09.2021 à 09h33

    Une fois de plus, l’ONU ne joue pas son rôle qui est celui d’arbitre et d’organisateur du droit des peuples à l’autodétermination. l’Arménie aurait dû négocier quand elle était encore en position de force. Maintenant, il faudrait un groupe de parrains étrangers pour imposer une paix juste. L’alliance UE Russie Iran pourrait le faire. Mais UE n’est pas capable de s’y engager car vendue aux USA, terrifiée par Israël et par la Turquie, Indifférente a la justice, bloquée sur l’intangibilité des frontières.

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    • Alain // 14.09.2021 à 17h01

      Désolé mais l’ONU n’a pas mandat d’organiser le droit des peuples à l’autodétermination, droit qui n’est d’ailleurs reconnu qu’aux peuples colonisés et non aux minorités de tout pays. Son mandat est la défense des frontières que l’on veut, contrairement à des siècles d’histoire, intangibles. L’Arménie occupait un territoire officiellement azéris, et en occupe toujours une partie, donc pour l’ONU le fauteur de troubles est l’Arménie.

      De même l’accord avec la Russie concerne le territoire internationalement reconnu de l’Arménie, d’où sa non-intervention, le prétexte étant bienvenu pour punir un pays qui crache dans la soupe en adoptant une politique pro-occidentale.

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      • Multiset // 15.09.2021 à 03h01

        La charte de l’ONU dit pas la même chose : https://www.un.org/fr/about-us/un-charter/full-text

        Article 1
        Les buts des Nations Unies sont les suivants :
        1. Maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin […]
        2. Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde;
        3. […]

        L’Arménie n’a jamais été considérée comme puissance occupante (le conseil de sécurité parle de « forces arméniennes locales » https://digitallibrary.un.org/record/165604?ln=fr et ce, uniquement pour les raïons hors de l’oblast autonome).

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      • RGT // 15.09.2021 à 14h13

        Les russes ne se sont pas bougés avec une grande motivation pour une raison très simple : Lors de l’ avant-dernière guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan les russes avaient permis de conclure un accord de paix équitable dans lequel l’Arménie s’engageait à restituer à l’Azerbaïdjan des territoires qui avaient été conquis lors de ce conflit.
        Cette clause devait faire baisser les tensions et permettait d’éviter un conflit ultérieur.

        Les arméniens n’ont pas respecté cet engagement malgré l’insistance des russes et ce qui devait arriver arriva.

        Les territoires que les russes ont « permis » à l’Azerbaïdjan de conquérir et de conserver correspondent d’ailleurs à ceux qui auraient dû être restitués lors de la guerre précédente. En fait, les russes se sont contentés de laisser faire (en partie) pour que les clauses du plan de paix précédent soient enfin respectées.

        Et comme ils ont de nouveau participé aux négociations de paix ils ont sans doute du insister très fortement sur la fait que ces négociations permettaient enfin de mettre en œuvre le plan de paix précédent, en faisant comprendre clairement aux belligérants qu’ils avaient sifflé la « fin de la récré » et que tout le monde devait désormais rentrer chez soi sous peine de risquer « d’aller au piquet »…

        Et si le satrape Aliyev dépasse les bornes en allant plus loin que la simple harangue des foules il sait désormais que la réponse de Moscou risque d’être assez « vénère » et qu’il y a des bornes à ne pas dépasser.

        De même, les arméniens doivent avoir compris la leçon et ne se lanceront plus dans des aventures « hasardeuses » car ils ont compris que s’ils n’écoutaient pas les conseils de l’ours ils se retrouveraient à poil.

        Il ne reste donc plus que les turcs et les israéliens mais je pense que Moscou leur a aussi fait comprendre qu’il était préférable de ne plus venir foutre le bordel aux frontières de la Russie.

        Quant à ceux qu’on oublie de nommer, les iraniens, bien que chiites (comme les azéris) ils voyaient d’un très mauvais œil le bordel s’installer à proximité de chez eux et ont pris la défense des arméniens en menaçant de rétorsions les azéris s’ils ne se calmaient pas immédiatement.

        D’où la raison du qualificatif « d’illégitimité » du plan de paix russe de la part des USA…

        Que leurs ennemis viscéraux soient intervenus et aient réussi à calmer ce conflit sans qu’ils n’aient pu intervenir comme « sauveurs » doit leur rester en travers de la gorge.

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      • moshedayan // 16.09.2021 à 17h29

        Les Occidentaux oublient facilement qu’au départ les Arméniens ont violé la stabilité des frontières soviétiques qui plaçaient le Karabakh en Azerbaïdjan, sous la poussée notamment de l’immigration arménienne en Occident… Il aurait fallu un échange de territoires ? Evidemment on a bien affirmé facilement que ces frontières venaient de la turpitude de Staline. Belle affaire pour raconter l’histoire des vallées du Caucase, avec leurs cols et leurs bassins versants, leurs terres agricoles pauvres ou riches qui favorisaient aussi les migrations de populations, sans parler des guerres de religion sous l’égide ottomaine…. Bref… un article qui a un but -entretenir le conflit…..

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  • Jaicruvoir // 14.09.2021 à 19h08

    Erdogan a envoyé sa « légion syrienne » en Azerbaïdjan
    D’un point de vu stratégique vaut mieux qu’ils soient en Azerbaïdjan qu’en Libye

    Plus il y a de distance entre les fous de dieux et nous mieux c’est pour nous

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  • anatole27 // 15.09.2021 à 08h53

    Principaux exportateurs d’armes vers Azerbaidjan 2015-2020 en millions TIVs source SIPRI

    1) Israel 811
    2) Russie 379
    3) bielorussie 48
    4) turquie 47

    Principaux exportateurs d’armes vers Azerbaidjan 2015-2020 en millions TIVs source SIPRI

    1) russie 356
    2) jordanie 21

    source SIPRI :
    https://armstrade.sipri.org/armstrade/page/values.php

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    • Hamourabi // 15.09.2021 à 15h42

      Bonjour, ça se contredit un peu, non ? il doit s’agir d’un lapsus linguæ par écrit… Après un détour par le site mentionné, ça « colle » parƒaitement pour attribuer à l’Arménie les chiffres du 2° paragraphe — et c’est en effet très-révélateur des moyens dont chacun dispose pour cet affrontement non terminé.

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      • anatole27 // 15.09.2021 à 17h13

        Oui autant pour moi @Hamourabi
        les premiers chiffres c’est les exportations vers Azerbaidjan
        les seconds chiffres vers l’Arménie

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        • Hamourabi // 16.09.2021 à 19h44

          Bonsoir, et donc, ça laisse peu de doute pour la suite…………

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  • Grd-mère Michelle // 15.09.2021 à 15h50

    La guerre pour favoriser et protéger le libre-échange commercial international.
    Selon mes informations, glanées sur la radio publique roumaine, un consortium américain a acquis des concessions de gaz au Kazakstan et envisage de le transporter jusqu’en Europe (par un « conduit » débouchant sur la côte roumaine) en traversant la mer Caspienne, les régions sus-mentionnées et la mer Noire, pour nous le vendre(ainsi qu’à l’Ukraine), rivalisant ainsi avec le gaz russe.
    La possession et l’exploitation des sources d’énergie sont les principales garantes de « puissance » dans notre monde qui va bientôt en manquer cruellement (s’il continue à avancer dans le sens du productivisme délirant).
    J’ai tenté, mais pas encore réussi, à alerter l’un-e ou l’autre journaliste sur ce sujet à investiguer…

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    • Hamourabi // 15.09.2021 à 16h00

      Bonjour Madame, encore une preuve supplémentaire de l’imbécilité de prétendre DEVOIR nous sauver du ƒutur étranglement diabolique par GazProm, en « sanctionnant » à tout va… spécialement les constructeurs de Nord Stream bis.

      Et preuve, en même temps, de la crédulité béate ou diabolique ((en tous cas, servile)), de ceux qui approuvent cette ingérence contre tous efforts de recoller notre Continent européen : Qu’ils relisent un peu la Déclaration de Monroe, et surtout le « Monroe Corollary » de Theorore Roosevelt. Certains savent se « déƒendre » sans vergogne, et les autres se résignent benoitement.

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