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19.juin.201719.6.2017 // Les Crises

Note sur la suppression générale des partis politiques, par Simone Weil

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C’est le bon jour pour ressortir ce texte de 1940 de Simone Weil (à ne pas confondre avec Simone Veil…)

Simone Weil, 1940, Écrits de Londres, p. 126 et s.

Le mot parti est pris ici dans la signification qu’il a sur le continent européen. Le même mot dans les pays anglo-saxons désigne une réalité tout autre. Elle a sa racine dans la tradition anglaise et n’est pas transplantable. Un siècle et demi d’expérience le montre assez. Il y a dans les partis anglo-saxons un élément de jeu, de sport, qui ne peut exister que dans une institution d’origine aristocratique; tout est sérieux dans une institution qui, au départ, est plébéienne.

L’idée de parti n’entrait pas dans la conception politique française de 1789, sinon comme mal à éviter. Mais il y eut le club des Jacobins. C’était d’abord seulement un lieu de libre discussion. Ce ne fut aucune espèce de mécanisme fatal qui le transforma. C’est uniquement la pression de la guerre et de la guillotine qui en fit un parti totalitaire.

Les luttes des factions sous la Terreur furent gouvernées par la pensée si bien formulée par Tomski : « Un parti au pouvoir et tous les autres en prison. » Ainsi sur le continent d’Europe le totalitarisme est le péché originel des partis.

C’est d’une part l’héritage de la Terreur, d’autre part l’influence de l’exemple anglais, qui installa les partis dans la vie publique européenne. Le fait qu’ils existent n’est nullement un motif de les conserver. Seul le bien est un motif légitime de conservation. Le mal des partis politiques saute aux yeux. Le problème à examiner, c’est s’il y a en eux un bien qui l’emporte sur le mal et rende ainsi leur existence désirable.

Mais il est beaucoup plus à propos de demander : Y a-t-il en eux même une parcelle infinitésimale de bien ? Ne sont-ils pas du mal à l’état pur ou presque ?

S’ils sont du mal, il est certain qu’en fait et dans la pratique ils ne peuvent produire que du mal. C’est un article de foi. « Un bon arbre ne peut jamais porter de mauvais fruits, ni un arbre pourri de beaux fruits. »

Mais il faut d’abord reconnaître quel est le critère du bien.

Ce ne peut être que la vérité, la justice, et, en second lieu, l’utilité publique.

La démocratie, le pouvoir du plus grand nombre, ne sont pas des biens. Ce sont des moyens en vue du bien, estimés efficaces à tort ou à raison. Si la République de Weimar, au lieu de Hitler, avait décidé par les voies les plus rigoureusement parlementaires et légales de mettre les Juifs dans des camps de concentration et de les torturer avec raffinement jusqu’à la mort, les tortures n’auraient pas eu un atome de légitimité de plus qu’elles n’ont maintenant. Or pareille chose n’est nullement inconcevable.

Seul ce qui est juste est légitime. Le crime et le mensonge ne le sont en aucun cas.

Notre idéal républicain procède entièrement de la notion de volonté générale due à Rousseau, Mais le sens de la notion a été perdu presque tout de suite, parce qu’elle est complexe et demande un degré d’attention élevé.

Quelques chapitres mis à part, peu de livres sont beaux, forts, lucides et clairs comme Le Contrat Social. On dit que peu de livres ont eu autant d’influence. Mais en fait tout s’est passé et se passe encore comme s’il n’avait jamais été lu.

Rousseau partait de deux évidences. L’une, que la raison discerne et choisit la justice et l’utilité innocente, et que tout crime a pour mobile la passion. L’autre, que la raison est

identique chez tous les hommes, au lieu que les passions, le plus souvent, diffèrent. Par suite si, sur un problème général, chacun réfléchit tout seul et exprime une opinion, et si ensuite les opinions sont comparées entre elles, probablement elles coïncideront par la partie juste et raisonnable de chacune et différeront par les injustices et les erreurs.

C’est uniquement en vertu d’un raisonnement de ce genre qu’on admet que le consensus universel indique la vérité.

La vérité est une. La justice est une. Les erreurs, les injustices sont indéfiniment variables. Ainsi les hommes convergent dans le juste et le vrai, au lieu que le mensonge et le crime les font indéfiniment diverger. L’union étant une force matérielle, on peut espérer trouver là une ressource pour rendre ici-bas la vérité et la justice matériellement plus fortes que le crime et l’erreur.

Il y faut un mécanisme convenable. Si la démocratie constitue un tel mécanisme, elle est bonne. Autrement non.

Un vouloir injuste commun à toute la nation n’était aucunement supérieur aux yeux de Rousseau — et il était dans le vrai — au vouloir injuste d’un homme.

Rousseau pensait seulement que le plus souvent un vouloir commun à tout un peuple est en fait conforme à la justice, par la neutralisation mutuelle et la compensation des passions particulières. C’était là pour lui l’unique motif de préférer le vouloir du peuple à un vouloir particulier.

C’est ainsi qu’une certaine masse d’eau, quoique composée de particules qui se meuvent et se heurtent sans cesse, est dans un équilibre et un repos parfaits. Elle renvoie aux objets leurs images avec une vérité irréprochable. Elle indique parfaitement le plan horizontal. Elle dit sans erreur la densité des objets qu’on y plonge.

Si des individus passionnés, enclins par la passion au crime et au mensonge, se composent de la même manière en un peuple véridique et juste, alors il est bon que le peuple soit souverain. Une constitution démocratique est bonne si d’abord elle accomplit dans le peuple cet état d’équilibre, et si ensuite seulement elle fait en sorte que les vouloirs du peuple soient exécutés.

Le véritable esprit de 1789 consiste à penser, non pas qu’une chose est juste parce que le peuple la veut, mais qu’à certaines conditions le vouloir du peuple a plus de chances qu’aucun autre vouloir d’être conforme à la justice.

Il y a plusieurs conditions indispensables pour pouvoir appliquer la notion de volonté générale. Deux doivent particulièrement retenir l’attention.

L’une est qu’au moment où le peuple prend conscience d’un de ses vouloirs et l’exprime, il n’y ait aucune espèce de passion collective.

Il est tout à fait évident que le raisonnement de Rousseau tombe dès qu’il y a passion collective. Rousseau le savait bien. La passion collective est une impulsion de crime et de mensonge infiniment plus puissante qu’aucune passion individuelle. Les impulsions mauvaises, en ce cas, loin de se neutraliser, se portent mutuellement à la millième puissance. La pression est presque irrésistible, sinon pour les saints authentiques.

Une eau mise en mouvement par un courant violent, impétueux, ne reflète plus les objets, n’a plus une surface horizontale, n’indique plus les densités.

Et il importe très peu qu’elle soit mue par un seul courant ou par cinq ou six courants qui se heurtent et font des remous. Elle est également troublée dans les deux cas.

Si une seule passion collective saisit tout un pays, le pays entier est unanime dans le crime. Si deux ou quatre ou cinq ou dix passions collectives le partagent, il est divisé en plusieurs bandes de criminels. Les passions divergentes ne se neutralisent pas, comme c’est le cas pour une poussière de passions individuelles fondues dans une masse; le nombre est bien trop petit, la force de chacune est bien trop grande, pour qu’il puisse y avoir neutralisation. La lutte les exaspère. Elles se heurtent avec un bruit vraiment infernal, et qui rend impossible d’entendre même une seconde la voix de la justice et de la vérité, toujours presque imperceptible.

Quand il y a passion collective dans un pays, il y a probabilité pour que n’importe quelle volonté particulière soit plus proche de la justice et de la raison que la volonté générale, ou plutôt que ce qui en constitue la caricature.

La seconde condition est que le peuple ait à exprimer son vouloir à l’égard des problèmes de la vie publique, et non pas à faire seulement un choix de personnes. Encore moins un choix de collectivités irresponsables. Car la volonté générale est sans aucune relation avec un tel choix.

S’il y a eu en 1789 une certaine expression de la volonté générale, bien qu’on eût adopté le système représentatif faute de savoir en imaginer un autre, c’est qu’il y avait eu bien autre chose que des élections. Tout ce qu’il y avait de vivant à travers tout le pays — et le pays débordait alors de vie — avait cherché à exprimer une pensée par l’organe des cahiers de revendications. Les représentants s’étaient en grande partie fait connaître au cours de cette coopération dans la pensée; ils en gardaient l’a chaleur; ils sentaient le pays attentif à leurs paroles, jaloux de surveiller si elles traduisaient exactement ses aspirations. Pendant quelque temps — peu de temps — ils furent vraiment de simples organes d’expression pour la pensée publique.

Pareille chose ne se produisit jamais plus.

Le seul énoncé de ces deux conditions montre que nous n’avons jamais rien connu qui ressemble même de loin à une démocratie. Dans ce que nous nommons de ce nom, jamais le peuple n’a l’occasion ni le moyen d’exprimer un avis sur aucun problème de la vie publique; et tout ce qui échappe aux intérêts particuliers est livré aux passions collectives, lesquelles sont systématiquement, officiellement encouragées.

L’usage même des mots de démocratie et de république oblige à examiner avec une attention extrême les deux problèmes que voici :
Comment donner en fait aux hommes qui composent le peuple de France la possibilité d’exprimer parfois un jugement sur les grands problèmes de la vie publique ?

Comment empêcher, au moment où le peuple est interrogé, qu’il circule à travers lui aucune espèce de passion collective ?

Si on ne pense pas à ces deux points, il est inutile de parler de légitimité républicaine.

Des solutions ne sont pas faciles à concevoir. Mais il est évident, après examen attentif, que toute solution impliquerait d’abord la suppression des partis politiques.

Pour apprécier les partis politiques selon le critère de la vérité, de la justice, du. .bien public, il convient de commencer par en discerner les caractères essentiels.

On peut en énumérer trois :
Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective.

Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres.

La première fin, et, en dernière analyse, l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite.

Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S’il ne l’est pas en fait, c’est seulement parce que ceux qui l’entourent ne le sont pas moins que lui.

Ces trois caractères sont des vérités de fait évidentes à quiconque s’est approché de la vie des partis.

Le troisième est un cas particulier d’un phénomène qui se produit partout où le collectif domine les êtres pensants. C’est le retournement de la relation entre fin et moyen. Partout, sans exception, toutes les choses généralement considérées comme des fins sont par nature, par définition, par essence et de la manière la plus évidente uniquement des moyens. On pourrait en citer autant d’exemples qu’on voudrait dans tous les domaines. Argent, pouvoir, Etat, grandeur nationale, production économique, diplômes universitaires ; et beaucoup d’autres.

Le bien seul est une fin. Tout ce qui appartient au domaine des faits est de l’ordre des moyens. Mais la pensée collective est incapable de s’élever au-dessus du domaine des faits. C’est une pensée animale. Elle n’a la notion du bien que juste assez pour commettre l’erreur de prendre tel ou tel moyen pour un bien absolu.

Il en est ainsi des partis. Un parti est en principe un instrument pour servir une certaine conception du bien public.

Cela est vrai même de ceux qui sont liés aux intérêts d’une catégorie sociale, car il est toujours une certaine conception du bien public en vertu de laquelle il y aurait coïncidence entre le bien public et ces intérêts. Mais cette conception est extrêmement vague. Cela est vrai sans exception et presque sans différence de degrés. Les partis les plus inconsistants et les plus strictement organisés sont égaux par le vague de la doctrine. Aucun homme, si profondément qu’il ait étudié la politique, ne serait capable d’un exposé précis et clair relativement à la doctrine d’aucun parti, y compris, le cas échéant, le sien propre.

Les gens ne s’avouent guère cela à eux-mêmes. S’ils se l’avouaient, ils seraient naïvement tentés d’y voir une marque d’incapacité personnelle, faute d’avoir reconnu que l’expression : « Doctrine d’un parti politique » ne peut jamais, par la nature des choses, avoir aucune signification.

Un homme, passât-il sa vie à écrire et à examiner des problèmes d’idées, n’a que très rarement une doctrine. Une collectivité n’en a jamais. Ce n’est pas une marchandise collective.

On peut parler, il est vrai, de doctrine chrétienne, doctrine hindoue, doctrine pythagoricienne, et ainsi de suite. Ce qui est alors désigné par ce mot n’est ni individuel ni collectif; c’est une chose située infiniment au-dessus de l’un et l’autre domaine. C’est, purement et simplement, la vérité.

La fin d’un parti politique est chose vague et irréelle. Si elle était réelle, elle exigerait un très grand effort d’attention, car une conception du bien public n’est pas chose facile à penser. L’existence du parti est palpable, évidente, et n’exige aucun effort pour être reconnue. Il est ainsi inévitable qu’en fait le parti soit à lui-même sa propre fin.

Il y a dès lors idolâtrie, car Dieu seul est légitimement une fin pour soi-même.

La transition est facile. On pose en axiome que la condition nécessaire et suffisante pour que le parti serve efficacement la conception du bien public en vue duquel il existe est qu’il possède une large quantité de pouvoir.

Mais aucune quantité finie de pouvoir ne peut jamais être en fait regardée comme suffisante, surtout une fois obtenue. Le parti se trouve en fait, par l’effet de l’absence de pensée, dans un état continuel d’impuissance qu’il attribue toujours à l’insuffisance du pouvoir dont il dispose. Serait-il maître absolu du pays, les nécessités internationales imposent des limites étroites.

Ainsi la tendance essentielle des partis est totalitaire, non seulement relativement à une nation, mais relativement au globe terrestre. C’est précisément parce que la conception du bien public propre à tel ou tel parti est une fiction, une chose vide, sans réalité, qu’elle impose la recherche de la puissance totale. Toute réalité implique par elle-même une limite. Ce qui n’existe pas du tout n’est jamais limitable.

C’est pour cela qu’il y a affinité, alliance entre le totalitarisme et le mensonge.

Beaucoup de gens, il est vrai, ne songent jamais à une puissance totale; cette pensée leur ferait peur. Elle est vertigineuse, et il faut une espèce de grandeur pour la soutenir. Ces gens-là, quand ils s’intéressent à un parti, se contentent d’en désirer la croissance; mais comme une chose qui ne comporte aucune limite. S’il y a trois membres de plus cette année que l’an dernier, ou si la collecte a rapporté cent francs de plus, ils sont contents. Mais ils désirent que cela continue indéfiniment dans la même direction. Jamais ils ne concevraient que leur parti puisse avoir en aucun cas trop de membres, trop d’électeurs, trop d’argent.

Le tempérament révolutionnaire mène à concevoir la totalité. Le tempérament petit- bourgeois mène à s’installer dans l’image d’un progrès lent, continu et sans limite. Mais dans les deux cas la croissance matérielle du parti devient l’unique critère par, rapport auquel se définissent en toutes choses le bien et le mal. Exactement comme si le parti était un animal à l’engrais, et que l’univers eût été créé pour le faire engraisser.

On ne peut servir Dieu et Mammon. Si on a un critère du bien autre que le bien, on perd la notion du bien.

Dès lors que la croissance du parti constitue un critère du bien, il s’ensuit inévitablement une pression collective du parti sur les pensées des hommes. Cette pression s’exerce en fait. Elle s’étale publiquement. Elle est avouée, proclamée. Cela nous ferait horreur si l’accoutumance ne nous avait pas tellement endurcis.

Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice.

La pression collective est exercée sur le grand public par la propagande. Le but avoué de la propagande est de persuader et non pas de communiquer de la lumière. Hitler a très bien vu que la propagande est toujours une tentative d’asservissement des esprits. Tous les partis font de la propagande. Celui qui n’en ferait pas disparaîtrait du fait que les autres en font. Tous avouent qu’ils font de la propagande. Aucun n’est audacieux dans le mensonge au point d’affirmer qu’il entreprend l’éducation du public, qu’il forme le jugement du peuple.

Les partis parlent, il est vrai, d’éducation à l’égard de ceux qui sont venus à eux, sympathisants, jeunes, nouveaux adhérents. Ce mot est un mensonge. Il s’agit d’un dressage pour préparer l’emprise bien plus rigoureuse exercée par le parti sur la pensée de ses membres.

Supposons un membre d’un parti — député, candidat à la députation, ou simplement militant — qui prenne en public l’engagement que voici : « Toutes les fois que j’examinerai n’importe quel problème politique ou social, je m’engage à oublier absolument le fait que je suis membre de tel groupe, et à me préoccuper exclusivement de discerner le bien public et la justice. »

Ce langage serait très mal accueilli. Les siens et même beaucoup d’autres l’accuseraient de trahison. Les moins hostiles diraient : « Pourquoi alors a-t-il adhéré à un parti ?» — avouant ainsi naïvement qu’en entrant dans un parti on renonce à chercher uniquement le bien public et la justice. Cet homme serait exclu de son parti, ou au moins en perdrait l’investiture; il ne serait certainement pas élu.

Mais bien plus, il ne semble même pas possible qu’un tel langage soit tenir. En fait, sauf erreur, il ne l’a jamais été. Si des mots en apparence voisins de ceux-là ont été prononcés, c’était seulement par des hommes désireux de gouverner avec l’appui de partis autres que le leur. De telles paroles sonnaient alors comme une sorte de manquement à l’honneur.

En revanche on trouve tout à fait naturel, raisonnable et honorable que quelqu’un dise : « Comme conservateur — » ou : « Comme socialiste — je pense que… »

Cela, il est vrai, n’est pas propre aux partis. On ne rougit pas non plus de dire : « Comme Français, je pense que… » « Comme catholique, je pense que… »

Des petites filles, qui se disaient attachées au gaullisme comme à l’équivalent français de l’hitlérisme, ajoutaient : « La vérité est relative, même en géométrie. » Elles touchaient le point central.

S’il n’y a pas de vérité, il est légitime de penser de telle ou telle manière en tant qu’on se trouve être en fait telle ou telle chose. Comme on a des cheveux noirs, bruns, roux ou blonds, parce qu’on est comme cela, on émet aussi telles et telles pensées. La pensée, comme les cheveux, est alors le produit d’un processus physique d’élimination.

Si on reconnaît qu’il y a une vérité, il n’est permis de penser que ce qui est vrai. On pense alors telle chose, non parce qu’on se trouve être en fait Français, ou catholique, ou socialiste, mais parce que la lumière irrésistible de l’évidence oblige à penser ainsi et non autrement.

S’il n’y a pas évidence, s’il y a doute, il est alors évident que dans l’état de connaissances dont on dispose la question est douteuse. S’il y a une faible probabilité d’un côté, il est évident qu’il y a une faible probabilité; et ainsi de suite. Dans tous les cas, la lumière intérieure accorde toujours à quiconque la consulte une réponse manifeste. Le contenu de la réponse est plus ou moins affirmatif; peu importe. Il est toujours susceptible de révision ; mais aucune correction ne peut être apportée, sinon par davantage de lumière intérieure.

Si un homme, membre d’un parti, est absolument résolu à n’être fidèle en toutes ses pensées qu’à la lumière intérieure exclusivement et à rien d’autre, il ne peut pas faire connaître cette résolution à son parti, Il est alors vis-à-vis de lui en état de mensonge.

C’est une situation qui ne peut être acceptée qu’à cause de la nécessité qui contraint à se trouver dans un parti pour prendre part efficacement aux affaires publiques. Mais alors cette nécessité est un mal, et il faut y mettre fin en supprimant les partis.

Un homme qui n’a pas pris la résolution de fidélité exclusive à la lumière intérieure installe le mensonge au centre même de l’âme. Les ténèbres intérieures en sont la

punition.

On tenterait vainement de s’en tirer par la distinction entre la liberté intérieure et la discipline extérieure. Car il faut alors mentir au public, envers qui tout candidat, tout élu, a une obligation particulière de vérité.

Si je m’apprête à dire, au nom de mon parti, des choses que j’estime contraires à la vérité et à la justice, vais-je l’indiquer dans un avertissement préalable ? Si je ne le fais pas, je mens.

De ces trois formes de mensonge — au parti, au public, à soi-même — la première est de loin la moins mauvaise. Mais si l’appartenance à un parti contraint toujours, en tout cas, au mensonge, l’existence des partis est absolument, inconditionnellement un mal.

Il était fréquent de voir dans des annonces de réunion : M. X. exposera le point de vue communiste (sur le problème qui est l’objet de la réunion). M. Y. exposera le point de vue socialiste. M. Z. exposera le point de vue radical.-

Comment ces malheureux s’y prenaient-ils pour connaître le point de vue qu’ils devaient exposer ? Qui pouvaient-ils consulter ? Quel oracle ? Une collectivité n’a pas de langue ni de plume. Les organes d’expression sont tous individuels. La collectivité socialiste ne réside en aucun individu. La collectivité radicale non plus. La collectivité communiste réside en Staline, mais il est loin; on ne peut pas lui téléphoner avant de parler dans une réunion.

Non, MM. X., Y. et Z. se consultaient eux-mêmes. Mais comme ils étaient honnêtes, ils se mettaient d’abord dans un état mental spécial, un état semblable à celui où les avait mis si souvent l’atmosphère des milieux communiste, socialiste, radical.

Si, s’étant mis dans cet état, on se laisse aller à ses réactions, on produit naturellement un langage conforme aux « points de vue » communiste, socialiste, radical.

A condition, bien entendu, de s’interdire rigoureusement tout effort d’attention en vue de discerner la justice et la vérité. Si on accomplissait un tel effort, on risquerait — comble d’horreur — d’exprimer un « point de vue personnel ».

Car de nos jours la tension vers la justice et la vérité est regardée comme répondant à un point de vue personnel.

Quand Ponce Pilate a demandé au Christ: «Qu’est-ce que la vérité ? » le Christ n’a pas répondu. Il avait répondu d’avance en disant : « Je suis venu porter témoignage pour la vérité. »

Il n’y a qu’une réponse. La vérité, ce sont les pensées qui surgissent dans l’esprit d’une créature pensante uniquement, totalement, exclusivement désireuse de la vérité.

Le mensonge, l’erreur — mots synonymes — ce sont les pensées de ceux qui ne désirent pas la vérité, et de ceux qui désirent la vérité et autre chose en plus. Par exemple qui désirent la vérité et en plus la conformité avec telle ou telle pensée établie.

Mais comment « désirer la vérité sans rien savoir d’elle ? C’est là le mystère des mystères. Les mots qui expriment une perfection inconcevable à l’homme — Dieu, vérité, justice — prononcés intérieurement avec désir, sans être joints à aucune conception, ont le pouvoir d’élever l’âme et de l’inonder de lumière.

C’est en désirant la vérité à vide et sans tenter d’en deviner d’avance le contenu qu’on reçoit la lumière. C’est là tout le mécanisme de l’attention.

Il est impossible d’examiner les problèmes effroyablement complexes de la vie publique en étant attentif à la fois, d’une part à discerner la vérité, la justice, le bien public, d’autre part à conserver l’attitude qui convient à un membre de tel groupement. La faculté humaine d’attention n’est pas capable simultanément des deux soucis. En fait quiconque s’attache à l’un abandonne l’autre.

Mais aucune souffrance, n’attend celui qui abandonne la justice et la vérité. Au lieu que le système des partis comporte les pénalités les plus douloureuses pour l’indocilité. Des pénalités qui atteignent presque tout — la carrière, les sentiments, l’amitié, la réputation, la partie extérieure de l’honneur, parfois même la vie de famille. Le parti communiste a porté le système à sa perfection.

Même chez celui qui intérieurement ne cède pas, l’existence de pénalités fausse inévitablement le discernement. Car s’il veut réagir contre l’emprise du parti, cette volonté de réaction est elle-même un mobile étranger à la vérité et dont il faut se méfier. Mais cette méfiance aussi; et ainsi de suite. L’attention véritable est un état tellement difficile à l’homme, tellement violent, que tout trouble personnel de la sensibilité suffit à y faire obstacle. Il en résulte l’obligation impérieuse de protéger autant qu’on peut la faculté de discernement qu’on porte en soi-même contre le tumulte des espérances et des craintes personnelles.

Si un homme fait des calculs numériques très complexes en sachant qu’il sera fouetté toutes les fois qu’il obtiendra comme résultat un nombre pair, sa situation est très difficile. Quelque chose dans la partie charnelle de l’âme le poussera à donner un petit coup de pouce aux calculs pour obtenir toujours un nombre impair. En voulant réagir il risquera de trouver un nombre pair même là où il n’en faut pas. Prise dans cette oscillation, son attention n’est plus intacte. Si les calculs sont complexes au point d’exiger de sa part la plénitude de l’attention, il est inévitable qu’il se trompe très souvent. Il ne servira à rien qu’il soit très intelligent, très courageux, très soucieux de vérité.

Que doit-il faire ? C’est très simple. S’il peut échapper des mains de ces gens qui le menacent du fouet, il doit fuir. S’il a pu éviter de tomber entre leurs mains, il devait l’éviter.

Il en est exactement ainsi des partis politiques.

Quand il y a des partis dans un pays, il en résulte tôt ou tard un état de fait tel qu’il est impossible d’intervenir efficacement dans les affaires publiques sans entrer dans un parti et jouer le jeu. Quiconque s’intéresse à la chose publique désire s’y intéresser efficacement. Ainsi ceux qui inclinent au souci du bien public, ou renoncent à y penser et se tournent vers autre chose, ou passent par le laminoir des partis. En ce cas aussi il leur vient des soucis qui excluent celui du bien public.

Les partis sont un merveilleux mécanisme, par la vertu duquel, dans toute l’étendue d’un pays, pas un esprit ne donne son attention à l’effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité.

Il en résulte que — sauf un très petit nombre de coïncidences fortuites — il n’est décidé et exécuté que des mesures contraires au bien public, à la justice et à la vérité.

Si on confiait au diable l’organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux.

Si la réalité a été un peu moins sombre, c’est que les partis n’avaient pas encore tout dévoré. Mais en fait, a-t-elle été un peu moins sombre ? N’était-elle pas exactement aussi sombre que le tableau esquissé ici ? L’événement ne l’a-t-il pas montré ?

Il faut avouer que le mécanisme d’oppression spirituelle et mentale propre aux partis a été introduit dans l’histoire par l’Église catholique dans sa lutte contre l’hérésie.

Un converti qui entre dans l’Église — ou un fidèle qui délibère avec lui-même et résout d’y demeurer — a aperçu dans le dogme du vrai et du bien. Mais en franchissant le seuil il professe du même coup n’être pas frappé par les anathema sit, c’est-à-dire accepter en bloc tous les articles dits « de foi stricte ». Ces articles, il ne les a pas étudiés. Même avec un haut degré d’intelligence et de culture, une vie entière ne suffirait pas à cette étude, vu qu’elle implique celle des circonstances historiques de chaque condamnation.

Comment adhérer à des affirmations qu’on ne connaît pas? Il suffît de se soumettre inconditionnellement à l’autorité d’où elles émanent.

C’est pourquoi saint Thomas ne veut soutenir ses affirmations que par l’autorité de l’Église, à l’exclusion de tout autre argument. Car, dit-il, il n’en faut pas davantage pour ceux qui l’acceptent; et aucun argument ne persuaderait ceux qui la refusent.

Ainsi la lumière intérieure de l’évidence, cette faculté de discernement accordée d’en haut à l’âme humaine comme réponse au désir de vérité, est mise au rebut, condamnée aux tâches serviles, comme de faire des additions, exclue de toutes les recherches relatives à la destinée spirituelle de l’homme. Le mobile de la pensée n’est plus le désir inconditionné, non défini, de la vérité, mais le désir de la conformité avec un enseignement établi d’avance.

Que l’Église fondée par le Christ ait ainsi dans une si large mesure étouffé l’esprit de vérité — et si, malgré l’Inquisition, elle ne l’a pas fait totalement, c’est que la mystique offrait un refuge sûr — c’est une ironie tragique. On l’a souvent remarqué. Mais on a moins remarqué une autre ironie tragique. C’est que le mouvement de révolte contre l’étouffement des esprits sous le régime inquisitorial a pris une orientation telle qu’il a poursuivi l’œuvre d’étouffement des esprits.

La Réforme et l’humanisme de la Renaissance, double produit de cette révolte, ont largement contribué à susciter, après trois siècles de maturation, l’esprit de 1789. Il en est résulté après un certain délai notre démocratie fondée sur le jeu des partis, dont chacun est une petite Église profane armée de la menace d’excommunication. L’influence des partis a contaminé toute la vie mentale de notre époque.

Un homme qui adhère à un parti a vraisemblablement aperçu dans l’action et la propagande de ce parti des choses qui lui ont paru justes et bonnes. Mais il n’a jamais étudié la position du parti relativement à tous les problèmes de la vie publique. En entrant dans le parti, il accepte des positions qu’il ignore. Ainsi il soumet sa pensée à l’autorité du parti. Quand, peu à peu, il connaîtra ces positions, il les admettra sans examen.

C’est exactement la situation de celui qui adhère à l’orthodoxie catholique conçue comme fait saint Thomas.

Si un homme disait, en demandant sa carte de membre : « Je suis d’accord avec le parti sur tel, tel, tel point; je n’ai pas étudié ses autres positions et je réserve entièrement mon opinion tant que je n’en aurai pas fait l’étude », on le prierait sans doute de repasser plus tard.

Mais en fait, sauf exceptions très rares, un homme qui entre dans un parti adopte docilement l’attitude d’esprit qu’il exprimera plus tard par les mots : « Comme monarchiste, comme socialiste, je pense que… » C’est tellement confortable ! Car c’est ne pas penser. Il n’y a rien de plus confortable que de ne pas penser.

Quant au troisième caractère des partis, à savoir qu’ils sont des machines à fabriquer de la passion collective, il est si visible qu’il n’a pas à être établi. La passion collective est l’unique énergie dont disposent les partis pour la propagande extérieure et pour la pression exercée sur l’âme de chaque membre.

On avoue que l’esprit de parti aveugle, rend sourd à la justice, pousse même d’honnêtes gens à l’acharnement le plus cruel contre des innocents. On l’avoue, mais on ne pense pas à supprimer les organismes qui fabriquent un tel esprit.

Cependant on interdit les stupéfiants.

Il y a quand même des gens adonnés aux stupéfiants.

Mais il y en aurait davantage si l’Etat organisait la vente de l’opium et de la cocaïne dans tous les bureaux de tabac, avec affiches de publicité pour encourager les consommateurs.

La conclusion, c’est que l’institution des partis semble bien constituer du mal à peu près sans mélange. Ils sont mauvais dans leur principe, et pratiquement leurs effets sont mauvais.

La suppression des partis serait du bien presque pur. Elle est éminemment légitime en principe et ne paraît susceptible pratiquement que de bons effets.

Les candidats diront aux électeurs, non pas : « J’ai telle étiquette » — ce qui pratiquement n’apprend rigoureusement rien au public sur leur attitude concrète concernant les problèmes concrets — mais : « Je pense telle, telle et telle chose à l’égard de tel, tel, tel grand problème. »

Les élus s’associeront et se dissocieront selon le jeu naturel et mouvant des affinités. Je peux très bien être en accord avec M. A. sur la colonisation et en désaccord avec lui sur la propriété paysanne; et inversement pour M. B. Si on parle de colonisation, j’irai, avant la séance, causer un peu avec M. A.; si on parle de propriété paysanne, avec M. B.

La cristallisation artificielle en partis coïncidait si peu avec les affinités réelles qu’un député pouvait être en désaccord, pour toutes les attitudes concrètes, avec un collègue de son parti, et en accord avec un homme d’un autre parti.

Combien de fois, en Allemagne, en 1932, un communiste et un nazi, discutant dans la rue, ont été frappés de vertige mental en constatant qu’ils étaient d’accord sur tous les points !

Hors du Parlement, comme il existerait des revues d’idées, il y aurait tout naturellement autour d’elles des milieux. Mais ces milieux devraient être maintenus à l’état de fluidité. C’est la fluidité qui distingue du parti un milieu d’affinité et l’empêche d’avoir une influence mauvaise. Quand on fréquente amicalement celui qui dirige telle revue, ceux qui y écrivent souvent, quand on y écrit soi-même, on sait qu’on est en contact avec le milieu de cette revue. Mais on ne sait pas soi-même si on en fait partie; il n’y a pas de distinction nette entre le dedans et le dehors. Plus loin, il y a ceux qui lisent la revue et connaissent un ou deux de ceux qui y écrivent. Plus loin, les lecteurs réguliers qui y puisent une inspiration. Plus loin, les lecteurs occasionnels. Mais personne ne songerait à penser ou à dire : « En tant que lié à telle revue, je pense que… »

Quand des collaborateurs à une revue se présentent aux élections, il doit leur être interdit de se réclamer de la revue. Il doit être interdit à la revue de leur donner une investiture, ou d’aider directement ou indirectement leur candidature, ou même d’en faire mention.

Tout groupe d’ « amis » de telle revue devrait être interdit.

Si une revue empêche ses collaborateurs, sous peine de rupture, de collaborer à d’autres publications quelles qu’elles soient, elle doit être supprimée dès que le fait est prouvé.

Ceci implique un régime de la presse rendant impossibles les publications auxquelles il est déshonorant de collaborer (genre Gringoire, Marie-Claire, etc.).

Toutes les fois qu’un milieu tentera de se cristalliser en donnant un caractère défini à la qualité de membre, il y aura répression pénale quand le fait semblera établi.

Bien entendu il y aura des partis clandestins. Mais leurs membres auront mauvaise conscience. Ils ne pourront plus faire profession publique de servilité d’esprit. Ils ne pourront faire aucune propagande au nom du parti. Le parti ne pourra plus les tenir dans un réseau sans issue d’intérêts, de sentiments et d’obligations.

Toutes les fois qu’une loi est impartiale, équitable, et fondée sur une vue du bien public facilement assimilable pour le peuple, elle affaiblit tout ce qu’elle interdit. Elle l’affaiblit du fait seul qu’elle existe, et indépendamment des mesures répressives qui cherchent à en assurer l’application.

Cette majesté intrinsèque de la loi est un facteur de la vie publique qui est oublié depuis longtemps et dont il faut faire usage.

Il semble n’y avoir dans l’existence de partis clandestins aucun inconvénient « qui ne se trouve à un degré bien plus élevé du fait des partis légaux.

D’une manière générale, un examen attentif ne semble laisser voir à aucun égard aucun inconvénient d’aucune espèce attaché à la suppression des partis.
Par un singulier paradoxe les mesures de ce genre, qui sont sans inconvénients, sont en fait celles qui ont le moins de chances d’être décidées. On se dit : si c’était si simple, pourquoi est-ce que cela n’aurait pas été fait depuis longtemps ?

Pourtant, généralement, les grandes choses sont faciles et simples.

Celle-ci étendrait sa vertu d’assainissement bien au-delà des affaires publiques. Car l’esprit de parti en était arrivé à tout contaminer.

Les institutions qui déterminent le jeu de la vie publique influencent toujours dans un pays la totalité de la pensée, à cause du prestige du pouvoir.

On en est arrivé à ne presque plus penser, dans aucun domaine, qu’en prenant position « pour » ou « contre » une opinion. Ensuite on cherche des arguments, selon le cas, soit pour, soit contre. C’est exactement la transposition de l’adhésion à un parti.

Comme, dans les partis politiques, il y a des démocrates qui admettent plusieurs partis, de même dans le domaine des opinions les gens larges reconnaissent une valeur aux opinions avec lesquelles ils se disent en désaccord.

C’est avoir complètement perdu le sens même du vrai et du faux.
D’autres, ayant pris position pour une opinion, ne consentent à examiner rien qui lui soit contraire. C’est la transposition de l’esprit totalitaire.
Quand Einstein vint en France, tous les gens des milieux plus ou moins intellectuels, y

compris les savants eux-mêmes, se divisèrent en deux camps, pour et contre. Toute pensée scientifique nouvelle a dans les milieux scientifiques ses partisans et ses adversaires animés les uns et les autres, à un degré regrettable, de l’esprit de parti. Il y a d’ailleurs dans ces milieux des tendances, des coteries, à l’état plus ou moins cristallisé.

Dans l’art et la littérature, c’est bien plus visible encore. Cubisme et surréalisme ont été des espèces de partis. On était « gidien » comme on était « maurrassien ». Pour avoir un nom, il est utile d’être entouré d’une bande d’admirateurs animés de l’esprit de parti.

De même il n’y avait pas grande différence entre l’attachement à un parti et l’attachement à une Église ou bien à l’attitude antireligieuse. On était pour ou contre la croyance en Dieu, pour ou contre le christianisme, et ainsi de suite. On en est arrivé, en matière de religion, à parler de militants.

Même dans les écoles on ne sait plus stimuler autrement la pensée des enfants qu’en les invitant à prendre parti pour ou contre. On leur cite une phrase de grand auteur et on leur dit : « Êtes-vous d’accord ou non ? Développez vos arguments. » A l’examen les malheureux, devant avoir fini leur dissertation au bout de trois heures, ne peuvent passer plus de cinq minutes à se demander s’ils sont d’accord. Et il serait si facile de leur dire : « Méditez ce texte et exprimez les réflexions qui vous viennent à l’esprit ».

Presque partout — et même souvent pour des problèmes purement techniques — l’opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s’est substituée à l’obligation de la pensée.

C’est là une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques, et s’est étendue, à travers tout le pays, presque à la totalité de la pensée.
Il est douteux qu’on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques.

Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques (1940), Écrits de Londres, p. 126 et s.

Voir aussi Deux minutes papillon par Géraldine Mosna-Savoye

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Commentaire recommandé

Subotai // 19.06.2017 à 06h35

Excellent! Je ne connaissais pas.
Merci madame Weil.

Voici pourquoi par deux fois j’ai refusé d’entrer dans un parti politique (différent).
Et pourquoi j’ai pris au sérieux le terme « insoumis » dans le projet « l’Avenir en Commun* » – l’un n’empêche pas l’autre, au contraire. 🙂
Et je compte bien sur l’insoumission des quelques Députés « insoumis » – en interne/individuel et en Groupe…
* le mot « Commun » n’est pas un hasard.

Très pertinent Olivier c’est temps ci – De Gaulle puis Weil… Excellent! Merci on en a besoin. 🙂

57 réactions et commentaires

  • Subotai // 19.06.2017 à 06h35

    Excellent! Je ne connaissais pas.
    Merci madame Weil.

    Voici pourquoi par deux fois j’ai refusé d’entrer dans un parti politique (différent).
    Et pourquoi j’ai pris au sérieux le terme « insoumis » dans le projet « l’Avenir en Commun* » – l’un n’empêche pas l’autre, au contraire. 🙂
    Et je compte bien sur l’insoumission des quelques Députés « insoumis » – en interne/individuel et en Groupe…
    * le mot « Commun » n’est pas un hasard.

    Très pertinent Olivier c’est temps ci – De Gaulle puis Weil… Excellent! Merci on en a besoin. 🙂

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  • Olivier // 19.06.2017 à 07h11

    Ah du Simone Weil ! enfin !
    Attention au raccourci : ne pas se meprendre sur ce texte, elle n’en rejetais pas pour autant la politique. Sa vie et ses engagements sont la pour le prouver.

    Petite histoire : De Gaulle avais demandé a Weil de rédiger les bases d’une nouvelle déclarations des droits de l’homme. Profondement religieuse et « catholique » elle avais compris et senti le besoin d’y adjoindre la notion d’obligation avant celle des devoirs en reconnaissant une part de sacré dans l’homme. Elle ne fut pas comprise par de Gaulle et son entourage et c’est bien dommage car nous en aurions bien besoin aujourd’hui.

    Livre : L’Enracinement, prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain

    HS : sur la note de bas de page.
    Vouloir transposer le modele grec est utopique pour une bonne raison: la taille. La taille change la donne. La démocratie ne fonctionne que sur une petite portions de territoire. CF : Olivier Rey, Une question de taille.

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    • Arturo // 19.06.2017 à 13h18

      Personne ne veut transposer le modèle grec. On veut juste s’inspirer de la reforme introduite par Clisthène sur la base du régime établi par Solon, appelé timocratie (du grec timé, honneur), qui avait ouvert l’assemblée (l’ecclésia) à tous les citoyens, en abolissant la restriction censitaire (basée sur la richesse) antérieure. Clisthène, à son tour, remplaça l’ancien conseil (la boulè) de quatre-cents membres élus par un nouveau conseil de cinq-cents membres tirés au sort, cinq par chacun des cent dèmes, les nouvelles divisions administratives qui organiseraient dorénavant les différents quartiers d’Athènes (la polis) et les nombreux villages et hameaux des alentours. Les adversaires de Clisthène voulurent le ridiculiser en disant que le pouvoir échouerait maintenant aux ploucs, aux culs-terreux, ce qui résulterait en une démocratie. La racine est la même que dans le mot démotique pour se référer au grec parlé par les classes populaires, par opposition au grec classique.

      Le tirage au sort peut, par construction, se reproduire à n’importe quelle échelle. Un citoyen entre dix-mille aura un dix-millième de la souveraineté populaire et partant, un dix-millième de chances pour chacun des postes pourvus par tirage au sort, tandis que dans un corps de cent-mille citoyens sa portion de souveraineté et ses chances ne seront que d’un cent-millième (cf. Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social).

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      • RGT // 19.06.2017 à 19h10

        Les « tirés au sort » étaient aussi surveillés (et informés de cette surveillance) afin d’éviter qu’ils ne soient corrompus.

        Si jamais il s’avérait qu’ils avaient été corrompus et/ou qu’ils avaient pris des décisions contraires à l’intérêt commun ils étaient immédiatement destitués et poursuivi pour trahison.

        De plus, ils devaient rendre des comptes à l’issue de leur « mandat » et si d’aventure ils avaient commis quelques « indélicatesses » ils étaient poursuivis et ça pouvait faire très mal.

        Comme la majorité étaient issus de classes « populaires » et qu’ils retournaient à leurs occupations à l’issue de leur « mandat » ils avaient tout intérêt à ne pas se tirer une balle dans le pied.

        Pour résumer, ils étaient à l’opposé des « élus » qui ne sont pas surveillés (on leur tapote juste légèrement sur les doigts quand ils font trop l’école buissonnière) et de plus ils jouissent d’une « immmunité parlementaire » qui leur permet de n’assumer aucune responsabilité en cas « d’indélicatesse ».

        Bravo…

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      • olivier // 19.06.2017 à 23h53

        Écrite tel qu’elle, elle prête à confusion. Je me contentais de souligner qu’il est dangereux d’idéaliser une vieille histoire limité dans le temps et l’espace. Notre système républicain, avec 150 ans, n’est pourtant pas parfais. Enfin, la lecture économique (pauvre contre riche) semble relever d’une lecture marxiste de l’histoire. Les femmes et les esclaves étaient exclu du pouvoir politique…

        Les grecs avais une conscience aiguë du chaos et de l’indéterminé. Ils ont donc opposé au chaos, le nomos. La loi. La démocratie n’est pas qu’un système de tirage au sors, mais un presque cosmos. Le demos plaçais au dessus de tout l’obéissance aux lois : aux grecs la loi, au barbare l’esclavage. Et le respect allais jusqu’à la mort, c’est Socrate se soumettant au jugement, buvant la ciguë plutôt que fuir. L’éducation et la justice contrecarre l’hybris (la démesure justement).

        Le triage au sort permettais une participation active de l’ensemble des citoyens à la vie de la cité, avec une rotation rapide. Sur 10 000 c’est une chose mais sur 60 millions s’en est une autre : dilution et passivité face à la chose publique. Nous pouvons déjà être tiré au sort, (juré d’assise) cela change quoi ? L’espace public n’a rien a voir avec l’ancienne agora. En changeant d’échelle vous changez de nature. Aujourd’hui, vous avez la culture de ‘masse’, allez produire des citoyens amoureux des lois avec…

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        • Arturo // 20.06.2017 à 11h56

          Permettez-mois de vous répéter, pour que ce soit plus clair, que personne ne veut idéaliser et encore moins reproduire tel quel le modèle athénien. Personne ne veut, à l’heure qu’il est, aller faire des esclaves ou exclure les femmes (que votre beau système républicain, soit dit en passant, a exclu jusqu’en 44). Et oui, ma conception de l’histoire est certainement matérialiste: pauvres contre riches. Comme celle de tous les historiens un peu sérieux.

          Dilution et passivité face à la chose publique sont le résultat de l’ignorance rationnelle: si ma voix compte si peu, à quoi bon m’investir? Le tirage au sort résout ce problème: un citoyen d’entre cent-mille n’aura d’autre chose à faire pendant cinq ans (on va le payer pour ça) que s’occuper de la chose publique. Les autres peuvent entretemps vaquer tranquillement à leurs affaires car il sont (vraiment) représentés.

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          • Olivier // 20.06.2017 à 22h46

            Je maintiens, vous idéalisez complètement car rien ne viens étayer ou prouver votre raisonement ou votre espérance. Vous êtes dans le domaine de la croyance, ou de l’idéologie. Mais c’est votre droit le plus strict. Il faut bien un peu d’esperance sinon c’est la déprime assurée.

            Je constate que vous ne repondez en rien à mon argument sur la quantité qui fait qualité. Je pense que vous devriez me relire (la république n’est pas mienne) j’ai déja répondu à ce que vous vous évertuez à répéter. Mais merci quand même.

            PS : il existe en effet des historiens marxiste qui se disent sérieux et que les marxisants prennent au sérieux. 😉

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      • Seraphim // 20.06.2017 à 05h38

        Quiconque à, par tirage au sort, été élu comme jurė de cour d’assises en retire un sentiment horrifié de la puissance des passions contre la raison. La conclusion de « Douze hommes en colère », heureuse -l’innocent est absous-, ne tient qu’a l’esthétique du scénario. Dans la réalité c’est la passion, quelquefois haineuse même, qui l’emporte (voir, pour les affaires publiques, l’affaire Ranucci ou Patrick Dils, réitérée 3 fois pour celui-ci, sans parler des innombrables affaires inconnues).
        On en sort vacciné contre le principe, apparemment si judicieux, du tirage au sort, de son égalitarisme, de sa pertinence.
        Tout est question de nombres: la démocratie en Islande (une grande plaine ou toute la population peut tenir) ne peut être transposée à la France. Les Grecs l’avaient fort bien compris ; Hérodote cite l’hérésie de la grande ville de Babylone « où des cavaliers peuvent entrer par la porte est et atteindre le centre avant que les gardes de la porte ouest n’en soient avisés »(c’est à dire au delà d’une portée de voix ou de signaux)

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  • J // 19.06.2017 à 07h55

    Un parti politique est fondamentalement une association de gens qui s’intéressent à la politique sur la base d’idées et valeurs communes. Comme toute institution humaine il a ses défauts et ses dérives.

    Cette pauvre Simone Weil, souvent très brillante, intelligente, généreuse, pertinente, n’a pas supporté de découvrir la Bible à l’âge adulte, sans le conditionnement et le recul habituels des croyants. Elle en est devenue limite antisémite http://bouquinsblog.blog4ever.com/la-pesanteur-et-la-grace-2-simone-weil-antisemite

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    • Mr K. // 19.06.2017 à 10h07

      Dans ce texte même, Simone Weil écrit : « Si la République de Weimar, au lieu de Hitler, avait décidé par les voies les plus rigoureusement parlementaires et légales de mettre les Juifs dans des camps de concentration et de les torturer avec raffinement jusqu’à la mort, les tortures n’auraient pas eu un atome de légitimité de plus qu’elles n’ont maintenant. »

      Je ne sais pas si dénoncer les crimes des nazis envers les juifs était si courant en 1940.

      Cela m’intéressais de voir une argumentation sur le lien que vous énoncez entre « découvrir la bible à l’âge adulte » et « devenue antisémite ».
      Mais le lien que vous donnez pour appuyer votre « critique » de Simone Weil est vide : « Aucun article trouvé ».

      Vide, un peu comme votre phrase première. Difficile de faire plus trivial, juste un lien facile entre le texte (l’avez vous lu?) et votre affirmation gratuite, pour l’instant.

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        • Mr K. // 20.06.2017 à 09h04

          Merci pour le lien.

          L’extrait donné pose effectivement question concernant l’anti-sémitisme.

          Je reste sur ma faim pour la relation “découvrir la bible à l’âge adulte” et “devenue antisémite”.

          Le sous-lien vers « Antisémitisme et bible » amène à « Bible, peste et anti-sémitisme » qui donne nombre d’exemples dont il ne s’agit pas de discuter ici. Sur cette page le lien « Retour Antisémitisme et bible » amène à une page « Désinformations », ce qui fait que l’on ne peut retrouver la partie principale qui m’aurait peut-être éclairé.

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      • J // 20.06.2017 à 09h24

        Je regrette, j’estime que les définitions les plus basiques sont parfois nécessaires, notamment pour qu’on cesse de confondre le principe et les dérives.

        Quant à l’article, il me semble que les citations et n’importe quelle bio de SW suffisent. A moins qu’on les conteste ? Ca fait partie d’une réflexion plus générale sur l’antisémitisme et la Bible. Voir par exemple http://pagesperso-orange.fr/daruc/divers/peste.htm

        Et désolé pour le lien bancal et merci pour la rectification.

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    • joe billy // 19.06.2017 à 10h42

      Cette pauvre Simone Weil ?

      Je nous souhaite à tous d’avoir la moitié de son intelligence.

      Et puis antistruc on l’est ou on ne l’est pas (avec le terme sans truc mon message ne passe pas, est-ce un mot interdit?). J’ai lu plusieurs fois « la pesanteur et la grâce » et je ne vois nulle trace d’antistruc !

      Quant au tirage au sort (sur un autre commentaire), impliquer la taille et en conclure qu’on ne peut l’appliquer car la France est plus grande qu’Athènes me fait penser à l’argument de la France trop petite pour sortir de l’€ (et de l’UE) alors que bien des pays plus grands ou plus petits que la France ont leur monnaie propre et leur complète autonomie et s’en tirent bien mieux. La taille est un prétexte, je le crains.

      (à ne pas confondre avec la taille du zboub qui elle contrairement à ce qu’on dit a son importance – joke)

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      • Olivier // 19.06.2017 à 13h10

        Vous craignez mal. Comparaison n’est pas raison. C’est dommage de s’enfermer dans une image encore et toujours économique. Le problème de la démocratie grecque était celui de la cité. Pensez donc à la question de démocratie et ce qu’elle exige comme peuple. À partir d’un seuil la quantité devient une qualité. On peut toujours instaurer un tirage au sort mais si vous pensez que cela peut fonctionner avec un égale bonheur à l’échelle d’une ville ou d’une planète, je vous trouve plus qu’optimiste. Ce sera toujours le hasard mais ce n’est plus la démocratie. C’est évidement lié à la capacité de socisalisation limité de l’être humain. C est en partie pour cela que des événements comme la commune sont porteur de réflexion intéressante mais que ça ne c’est pas devellopé à l’échelle de la nation. Penchez vous sincèrement sur le livre en citation. C est la juste mesure grecque. Nous avons aujourd’hui les vitesses et distances inhumaines (Sloterdjik)

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        • Arturo // 19.06.2017 à 13h57

          La démocratie est le tirage au sort, rien d’autre. L’élection, c’est l’aristocratie (cf. Aristote, Politique; cf. Montesquieu, L’esprit des lois).
          Ceci dit, Platon, dans La république, explique pourquoi l’aristocratie (l’élection) es préférable à la démocratie (le tirage au sort).

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          • RGT // 19.06.2017 à 19h28

            Platon…

            Il a raconté beaucoup de bêtises aussi.

            Et surtout il s’est positionné contre la démocratie car il pensait surtout à son propre intérêt.

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          • RGT // 19.06.2017 à 19h37

            La seule VRAIE démocratie ne peut exister qu’à l’échelon LOCAL car les intérêts de chaque « canton » sont différents.

            Le tirage au sort est un moindre mal »par rapport à l’élection aristocratique.

            Le meilleur système qui pourrait exister est une anarchie participative dans laquelle TOUS les membres sont ACTIFS et prennent des décisions issues de COMPROMIS acceptés par TOUS.

            Seul problème : Il faudrait répondre à DEUX pré-requis :

            – Que tous es citoyens soient éduqués et capables de discerner où se trouve leur intérêt.
            – Qu’ils soient TOUS disposés à passer du temps pour prendre en charge leur propre destin.

            S’ils étaient disposés à passer ne serait-ce que 1/4 du temps qu’ils passent devant la « boîte à cons » à prendre en main leur destin un grand pas serait fait par l’humanité.

            Ensuite, que les règles changent d’un « canton » à l’autre ne me gêne pas.
            Il suffit ensuite de prendre les règles acceptées par TOUS et de les déployer à l’échelon « national ».

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          • olivier // 19.06.2017 à 21h56

            Le tirage au sort n’est pas la démocratie. Quand à la question de la démocratie, encore faudrait-il en faire l’expérience pour savoir de quoi l’on parle. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Nous sommes en oligarchie, une oligarchie libérale. L’aristocratie n’est rien d’autre qu’une oligarchie, et les plus doué ne sont pas nécessairement les meilleurs.

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            • Arturo // 20.06.2017 à 12h01

              Platon, Aristote, Montesquieu et Rousseau nous dissent que la démocratie est le tirage au sort. Vous nous dites que le tirage au sort n’est pas la démocratie. Là, je dois vous avouer que j’hésite un peu… mais pas longtemps.

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              Alerter
            • Olivier // 20.06.2017 à 22h57

              Oui ! … mais non. C’est parce que vous ne lisez pas bien 😀

              Les deux phrases disent des chose différentes. Je comprend mieux votre acharnement à ne pas comprendre. Pensez-y : en inversant les facteurs je vous explique ( je pensais le faire pardonnez moi, j’ai été un peu vite) que le tirage au sort n’est qu’une technique. Et chez les grecs, la Technè est assujetie au poltique. On tire au sort tous les jours pour tout et n’importe quoi de nos jours. On est juré d’assise par tirage au sort. Vous commencez peut-etre à réaliser que la démocratie necessite peut-être eventuellement autre chose… la je vous renvois à mon post plus haut sur le cosmos grec et le nomos. La boucle est bouclée.

              Bonne soirée.

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            • doudoutes // 21.06.2017 à 22h53

              Très bons articles dans le CQFD du mois dernier sur le communalisme organisé en fédération dans l’expérience zapatiste mexicaine actuelle. Expérience en cours, avec toutes ses erreurs, défaites et victoires, ses morts et ses joies, qu’il serait bon d’étudier. Mais tout ce qui est ZAD et tout un tas de petites expérience locales aussi.
              La démocratie est une technique adaptée à une certaine géographie. Une fédération de communes, comme dit autrement juste au dessus, à une échelle nationale, ne pourrait techniquement commencer à se mettre en place qu’à partir d’une multitudes de base locales. Une technique qui commence tout juste à s’inventer, et qui est même plutôt internationale. Et c’est des prolos qui s’en occupent.

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    • Gollum // 19.06.2017 à 12h40

      J’avoue que dans ce commentaire l’alliance du mot « conditionnement » avec celui de « recul » a quelque chose de surréaliste.. On voit mal un croyant avoir du recul, par contre pour être conditionné là oui…

      Il n’empêche. Weil met le doigt là où ça fait mal. La chasse aux hérétiques imposée par l’Église dès l’époque de Constantin a habitué à avoir une pensée manichéenne avec des idées qui sont autorisées et d’autres non..

      Quand on pense que certains veulent ressusciter ce passé soi-disant chrétien (généralement ils sont relativement d’extrême droite, Soral étant assez symptomatique de ce point de vue) afin de luter contre les dérives modernes, le moins que l’on puisse dire est qu’ils font fausse route.

      Weil montre que le spirituel n’a encore jamais existé et que donc c’est de ce côté là qu’il faut creuser. Quant à moi je n’ai jamais pu faire partie d’une quelconque confession comme d’un parti politique, structures coercitives à des degrés divers…

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    • AUSSEUR Robert // 19.06.2017 à 23h54

      Oui : Je ne crois pas qu’elle ait su , un jour , que nos sociétés ont besoin de mise en commun des idées : De réaliser un travail commun de mise à niveau , pour connaître les mécanismes de défenses des intérêts d’un groupe ….
      Quand au monde ouvrier = Aucun n’est représenté à l’assemblée Nationale = Il y aurait bien besoin ,
      là , de mise en commun , pour obtenir la reconnaissance de leurs intérêts de classe et surtout la prise en charge ! Face aux autres catégories professionnelles si égoïstes ! Et nombrilistes !

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  • calal // 19.06.2017 à 08h41

    interessant.
    par contre par rapport au tirage au sort,je continue de croire aux merites de l’election. a condition que les citoyens recoivent une education ou plutot une instruction « honnete »,neutre et pertinente. quand je vois le contenu des programmesde l’ed nat,le nombre d’annees que les gosses sont obliges de passer a l’ecole alors que tant de connaissances pertinentes et liberatrices seraient a transmettre et a diffuser au plus grande nombre, j’y vois une volonte deliberee de limiter la concurrence que les masses pourraient faire a « l’ elite ». avec comme prix a payer,un manque de creativite et de productivite sur le long terme. quelles difference vraiment fondamentales entre la france de 2017 et celle de 2000? quelques gadgets et une bande passante plus rapide?

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    • Arturo // 19.06.2017 à 14h08

      Si les gens votent par qui on leur dit de voter (ça a été Macron comme ça aurait pu être n’importe quel blondinet bien propre sur lui), ce n’est pas la faute à l’éducation. Le mécanisme inconscient à l’ouvre s’appelle l’ignorance rationnelle: à quoi bon m’informer ou réfléchir sur mon vote si la probabilité qu’il change quoi que ce soit est computable en zéro. La seule solution à ce problème est le tirage au sort: si ma voix n’est pas une entre cent-mille mais une entre cinq-cents, alors la probabilité qu’elle arrive à être décisive n’est plus négligeable, et j’ai tout intérêt à faire attention.

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      • Libraire // 21.06.2017 à 21h14

        Un des rôles de l’éducation est d’aller à l’encontre de l’ignorance rationnelle entre autres ignorances.
        Bien que je soit tenté par le tirage au sort, je n’imagine pas une seconde que ce système puisse être efficace sans éducation politique….
        Du reste le tirage au sort n’est pas le propos de Weil…autant de commentaires hors sujets et partisans
        Le sujet étant une « démocratie sans partis politiques est souhaitable »

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        • Arturo // 22.06.2017 à 10h46

          L’ignorance rationenelle n’est pas une ignorance comme les autres. Elle est rationnelle, c’est à dire qu’elle est pleinement justifiée: les gens qui s’en fichent des élections font très bien, car l’espérance mathématique que mon vote soit précisement le vote décisif qui change quoi que ce soit est si faible qu’elle ne justifie pas le moindre éffort de mon côté.

          C’est en effet, comme il a été déjà dit, un problème lié à la taille. Heureusement pour nous, il y a une solution toute trouvée à ce problème, qui permet aux gens de ne pas faire aucun éffort tant qu’ils n’ont pas été désignés par le sort. À ce moment, par contre, ils doivent s’investir au cent pour cent, en délaissant leur profession ou leurs affaires (et en étant grassement payés pour ce faire). Cette dedication pleine ferme la porte aux raccourcis intélectuels, aux slogans et autres formes de démagogie et de pièges à dupes qui font le bonheur des beux-parleurs.

          Maintenant, quant au rôle des partis, je pense qu’il doit être celui d’écoles de pensée qui présentent les différents projets de société. On pourrait envisager un parlement tiré au sort désignant un gouvernement issu d’une des offres des partis politiques, à cette différence très important que le dit gouvernement et son président seraient des simples employés, des commis que le parlement pourrait demettre de ses fonctions du jour au lendemain.

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  • Ducdecoeur // 19.06.2017 à 09h23

    De Gaulle mettra fin à la dictature des partis avec le Ve République.Ce texte nous explique bien le problème majeur de la IIIe puis de la IVe République celui du pouvoir hégémonique des partis. Il serait dangereux et un peu niais à mon avis de vouloir théoriser une critique générale de la démocratie représentative à partir de ce tout petit opuscule ( une centaine de pages ) .

    Simone Weil est une des première gauchistes libertaires, en rupture radical avec le centralisme démocratique de Lénine et des partis communistes. A quel prix ? Sinon celui d’affaiblir la lutte des travailleurs au profit d’une critique narcissique de l’autorité. Cui bono ? Le capitalisme , la société de consommation, Macron ….

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  • Mr K. // 19.06.2017 à 09h31

    Accès direct à l’émission « Deux minutes papillon » consacrée à « Note sur la suppression générale des partis politiques » de Simone Weil :

    https://www.franceculture.fr/emissions/deux-minutes-papillon/note-sur-la-suppression-generale-des-partis-politiques-de-simone

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  • Librairie // 19.06.2017 à 10h03

    « Méditez ce texte et exprimez les réflexions qui vous viennent à l’esprit ».
    Merci Olivier de m’avoir donné de quoi occuper mon temps libre pour une semaine au moins! Dés que j’aurai fini les deux bouquins que j’ai en cours (Guillemin et Istrati) je m’y met. Rendez vous dans 8 jours pour une vraie réaction, méditée, réfléchie, et publiée ici si considérée comme aboutie.
    Mais sur les crises aussi, l’immédiateté permanente dans laquelle nous baignons malgré nous fait que dans 8 jours une réflexion, émanant de qui que ce soit d’ailleurs, sera perdue dans les limbes d’un passé déjà lointain…..

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  • Owen // 19.06.2017 à 10h58

    Beau texte.
    Pour sûr, Macron, avec ses tirs de mine dégageant sa carrière politique a déclenché le mouvement sismique qui a fait tomber la montagne. Les ressentiments trop longtemps accumulés contre les vieux partis ont dégagé un Grand Inconnu neuf, vide et dangereux.
    Mais les IIIème et IVme républiques étaient de véritables pépinières à partis politiques, alors que la Vème et son régime présidentiel de la Vème les a figés dans le bipartisme. (après, régime présidentiel, ou parlementaire, vieux débat qu’on sait).

    Demo-cratie ne s’exerce littéralement que par l’expérience humaine pour avancer des solutions à ses besoins avec l’aide de la communauté dans laquelle on vit. La Commune.
    C’est la vénérable et universelle Tenue du Conseil < consilium < concilier : dans le mir rus, sous l’arbre à palabre, avec le chamane asiatique ou améridien, dans le fief d’un seigneur à l’esprit civil, dans un caracol zapatiste, ou le canton d’Appenzell.

    La démocratie n’est possible qu'après un transfert massif des pouvoirs vers les communes, y compris le choix de sa constitution. L’intelligence commune suffit pour trouver les solutions, sans l’artifice de la sacralité d’une doctrine de parti. Société Civile. Il n’y a pas le Bien et le Mal, simplement l’expression égoïste (normal) de ses besoins et aspirations à réguler avec l’intelligence et les ressources de la commune et/ou inter-communes.

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    • Arturo // 19.06.2017 à 14h16

      Attention à ne pas confondre le gouvernement direct en assemblée avec la démocratie. La démocratie, tout comme l’aristocratie, est un gouvernement représentatif, avec cette différence que la représentativité démocratique est celle d’un échantillon, tandis la représentativité élective est celle d’un mandataire.

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      • Owen // 19.06.2017 à 16h27

        En fait, je ne confonds pas, je conteste. Vous parlez de souveraineté nationale, qui n’appartient pas au peuple, mais qui est représentée par des élus. Ces élus ont un mandat représentatif: c’est à dire que vous leur confiez le pouvoir pendant la durée définie par la constitution. L’élu est libre de voter ou non les lois, d’appliquer le programme comme il veut. Jusqu’à la fin du mandat. On est dans ce système. Il est représentatif, républicain, parlementaire, exécutif, comme on veut, mais je n’y vois pas de démocratie. C’est vertical.

        Quand c’est le peuple qui est souverain, il n’a pas d’autre souveraineté au dessus. Le mandat est impératif: l’élu ou le désigné doit accomplir la tâche qui lui est confiée. Le représentant peut faire des lois, mais est de toute façon sous l’autorité du peuple/de la communauté qui peut le révoquer. Ca, c’est démocratique et possible à l’échelle communale. C’est holistique.

        Mais au delà de la codification des processus de décisions (constitution), je rappelais que la démocratie (2ème partie du comm qui a sauté sous christian gedeon) est une disposition naturelle qui advient dans un groupe (concertations, décisions). Et que la multiplication des moyens de com + dématérialisation Internet nous redonnaient cette puissance démocratique. Dommage de passer à côté.

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        • RGT // 19.06.2017 à 19h56

          Surtout, dans notre système « représentatif », les « élus » n’ont de comptes à rendre à personne, particulièrement aux c*** qui les ont élus et portés au pouvoir.

          Ils sont inamovibles pour 5 ans et peuvent commettre toutes les indélicatesses possibles et inimaginables sans risquer la moindre sanction.
          Surtoutt s’ils sont affiliés à un « parti » qui s’apparente plus à une organisation mafieuse qu’à une association caritative.

          De même, un « représentant » ne devrait être « élu » que s’il obtenait au moins 50%+1 suffrages des électeurs INSCRITS.
          Tant que ce résultat n’est pas obtenu, on recommence et on interdit à tous les « perdants » de se représenter.

          En dernier lieu, le postulant devrait rédiger un CONTRAT dans lequel il s’engage à respecter l’opinion des électeurs sous peine de « répudiation à vie », assortie de poursuites judiciaires pour « haute trahison ».
          Là ça ferait très mal.

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        • Arturo // 20.06.2017 à 11h34

          Je parlais à proprement dire de souveraineté populaire mais, en ce qui me concerne, nous pouvons très bien parler de souveraineté tout court.

          Pour définir le système en place, on peut reprendre la classification de Rousseau et parler d’aristocratie élective. Il distinguait encore l’aristocratie « naturelle » ou gérontocratie (le Conseil des Anciens des tribus « primitives ») et l’aristocratie héréditaire (le Sénat romain issu des familles patriciennes).

          Le peuple souverain peut faire ce qu’il veut de sa souveraineté. Il peut s’autogouverner directement en assemblée (ce qui vous semblez préférer, et c’est bien) ou il peut déléguer, en se donnant des représentants. La raison de vouloir déléguer est la division du travail: la chose publique requiert d’un engagement à temps plein; certains d’entre nous devront délaisser leurs obligations privées pendant une certaine période et il faudra les compenser. Ainsi, Aristote dit qu’il y a démocratie quand les charges sont non seulement tirées au sort mais aussi remboursées (sinon, il n’y a que les riches qui peuvent s’y mettre). La représentation permet de résoudre un problème fondamentale: l’ignorance rationnelle, qui s’applique par exemple aux référendums. Si ma voix pèse très peu ou presque rien sur le résultat final, je n’ai aucune incitation pour m’informer ou réfléchir, et je serai proie à la manipulation des beaux parleurs. Du moment que je sais que ma voix compte vraiment, je deviens un tout autre homme: je fais attention aux argumentations plus complexes, je ne me laisse pas embobiner, je cherche et je défends mon intérêt.

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  • christian gedeon // 19.06.2017 à 10h58

    Sacrée Simone Weil…une sophiste de première bourre,fine et intelligente comme peu le sont… elle oublie juste de dire que le tirage « au sort  » grec était fait à l’intérieur d’une minorité de citoyens,très limitée…et que Rousseau himself était des plus élitistes.mais ce morceau de bravoure est des plus sympathiques,frais(à part le sang de la guillotine et des guerres sur les quelles dame Weil passe avec cette retenue(lol) qui caractérise tous ceux qui mettent l’esprit révolutionnaire en suspension au dessus le la souffrance humaine et des morts).Mme Weil oublie ,ou ment,sur deux plans…celui de la définition de la « démocratie  » et celui,qu’elle élude par une pirouette de la violence dite politique. Une espèce de Sartre,et dans ma bouche,c’est tout sauf un compliment…

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    • RGT // 19.06.2017 à 20h09

      Parce que vous pensez sincèrement que le système « démocratique » actuel avec ses « partis » mafieux est un modèle de « perfectitude » indépassable ?

      De plus, Simone Weil ne parle pas du tirage au sort.
      Si vous lisez bien l’article il s’agit d’un encart à la fin qui décrit ce système qui était loin d’atteindre le niveau de corruptibilité de « notre » système représentatif « idéal ».

      Certes, seuls les « hommes libres » grecs (pas les femmes) étaient les seuls à pouvoir participer, mais c’était déjà largement mieux que les aristos-ploutocrates seuls.

      Quant à Rousseau, tout le monde lui a craché dessus pendant qu’on encensait Voltaire…
      Voltaire qui devait sa fortune au « commerce de l’ébène », je vous le rappelle, et qui trouvait normal que les riches ordonnent aux pauvres.
      Belle moralité, vous devriez un peu approfondir vos sources avant de critiquer.

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      • Christian gedeon // 19.06.2017 à 23h55

        Rassurez vous je connais bien mes sources et n’ignore pas les turpitudes voltairiennes, ni l’histoire de la Grèce ancienne. Il n’en demeure pas moins vrai que les références de Mme Weil prêtent à sourire. Quant à JJR,il aura passé sa vie à vivre à l’ombre des riches,se plaignant sans arret de ses infortunes d’argent dans ses inimitables épanchements littéraires.

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  • some // 19.06.2017 à 11h03

    /disgression/ Par rapport au texte d’hier, celui ci est bien plus intéressant et utile.

    > Comment donner en fait aux hommes qui composent le peuple de France la possibilité d’exprimer parfois un jugement sur les grands problèmes de la vie publique ?
    > Comment empêcher, au moment où le peuple est interrogé, qu’il circule à travers lui aucune espèce
    de passion collective ?
    > Si on ne pense pas à ces deux points, il est inutile de parler de légitimité républicaine.

    Ahhh charlie. Manifestants passionnés de la démocratie et de la protection « des valeurs », te rappelles tu de la passion qui t’animais lorsque tu appelais à les égorger ?

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    • some // 19.06.2017 à 11h03

      > Mais aucune quantité finie de pouvoir ne peut jamais être en fait regardée comme suffisante, surtout une fois obtenue. Le parti se trouve en fait, par l’effet de l’absence de pensée, dans un état continuel d’impuissance qu’il attribue toujours à l’insuffisance du pouvoir dont il dispose. Serait-il maître absolu du pays, les nécessités internationales imposent des limites étroites.

      EM et toute la propagande autour des élections autour de la soit disant nécessitée d’obtenir la majorité, la première marche vers une quête sans fin du pouvoir éternellement limité par l’étroitesse de l’allemagne et de l’ue ?

      > On ne peut servir Dieu et Mammon.

      uh ? On ne peut servir Dieu et Macron. (trop d’honneur dans cette erreur volontaire ; )

      > Quand des collaborateurs à une revue se présentent aux élections, il doit leur être interdit de se réclamer de la revue. Il doit être interdit à la revue de leur donner une investiture, ou d’aider directement ou indirectement leur candidature, ou même d’en faire mention.

      A mettre en relations avec les think tanks, les revues possédées par des milliardaires, des journalistes dont l’opinion est cristallisée par des appartenances de partis.

      > Les institutions qui déterminent le jeu de la vie publique influencent toujours dans un pays la totalité de la pensée, à cause du prestige du pouvoir.

      Ah, quand j’en écoutent certains, qu’il désirable EM car tellement prestigieux, car il a tellement réussit, si jeune…

        +0

      Alerter
      • some // 19.06.2017 à 11h05

        > On en est arrivé à ne presque plus penser, dans aucun domaine, qu’en prenant position « pour » ou « contre » une opinion. Ensuite on cherche des arguments, selon le cas, soit pour, soit contre. C’est exactement la transposition de l’adhésion à un parti.

        Fact checking, évolution naturelle de la prise de position binaire ?


        ce texte est vraiment intéressant, mais il pose un défi d’une grande importance, étant donné ce qu’il établit sur la vérité, dit il la vérité ? Je ne sais pas, je vais ouvrir mes chakras et tenter d’être illuminés moi aussi 😀

        désolé pour les 2 auto réponses 😮

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  • Pinouille // 19.06.2017 à 11h37

    Mon goût prononcé pour Nietzsche me rend imperméable à l’idée de l’existence d’un bien transcendantal qui serait la seule fin de toute chose, et d’une unique vérité univoque accessible à quiconque consulterait sa lumière intérieure.
    « La vérité, ce sont les pensées qui surgissent dans l’esprit d’une créature pensante uniquement, totalement, exclusivement désireuse de la vérité. »: amha, ce concept ouvre les portes à la dictature d’un individu à qui l’on aura reconnu ces qualités (un pape?).

    En revanche, ce texte vieux de 80 ans arrive à mettre en relief les travers dans lesquels nous nous sommes (tous) vautrés: oeuvrer dans l’esprit du bien commun est devenu la dernière priorité de chacun, et encore moins de nos élus qui s’acharnent à contenter la petite communauté susceptible de les réélire.

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    • Subotai // 19.06.2017 à 20h35

      En ne se tenant qu’à ce qui va suivre, on règle bien des contradictions.
      Est bien ce qui me fait du bien
      Est mal ce qui me fait du mal
      Prenant en compte que le type d’à coté en tant qu’humain doit ressentir la même chose que moi, j’évite d’abord de lui faire ce qui me fait du mal, et j’essaie autant que possible de lui faire ce qui me fait du bien.
      Pour les Chrétiens, on prétend qu’il y a un type qui avait résumé ça d’une manière magistrale.
      « Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrait pas qu’on te fasse. »
      C’est tout simple…

        +4

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      • Sam // 20.06.2017 à 20h36

        L’éthique de réciprocité, ou « ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse », est bien antérieur aux chrétiens, et assez répandu sur terre.
        La version chrétienne va même un peu plus loin « aime ton prochain comme toi même », ce qui est une assez belle idée.

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    • Ardechois // 20.06.2017 à 16h06

      Les Socialos Hollande et Valls se sont acharnés à contenter ceux qui ne les avaient pas élus!!!

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  • Toff de Aix // 19.06.2017 à 12h01

     » Si la République de Weimar, au lieu de Hitler, avait décidé par les voies les plus rigoureusement parlementaires et légales de mettre les Juifs dans des camps de concentration et de les torturer avec raffinement jusqu’à la mort, les tortures n’auraient pas eu un atome de légitimité de plus qu’elles n’ont maintenant. »

    Euhhhh… Écrit en 1940,vraiment ?

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    • Alfred // 19.06.2017 à 15h45

      Oui c’est 1942 pour elle à Londres et aussi pour la certitude que les camps de concentration existaient.
      Ça n’enlève rien à la justice du propos (et la pertinence du choix de l’auteur et du texte, amha).

        +1

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      • Toff de Aix // 19.06.2017 à 23h24

        Ben excusez moi mais pour le coup, ça fait une sacrée différence. En 1940 exactement, la solution finale n’était pas encore décidée ni mise en œuvre, en 42 oui.. L’exactitude est la première des vertus en histoire.

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  • Pinouille // 19.06.2017 à 13h31

    J’adhère complètement à la conclusion du texte:
    « Presque partout — et même souvent pour des problèmes purement techniques — l’opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s’est substituée à l’obligation de la pensée. »
    Nous subissons quotidiennement ce formatage intellectuel non seulement par facilité mais aussi par soucis (trompeur) d’efficacité. Et ne pas s’y conformer peut s’avérer néfaste pour ses relations sociales, ou sa carrière qui nécessite au quotidien des décisions tranchées et expéditives.
    Je décèle chez mes enfants ce besoin (naturel, donc) de certitude, quelle qu’elle soit, dans les réponses attendues à leurs questions. Un peu comme si chaque certitude était un pierre constitutive de notre personnalité. Et plus on a de certitudes, mieux on est armé pour affermir ses besoins propres, et arracher à cette terre, aux autres, des avantages « mérités ».

    La réponse générale à apporter à cet état de fait pour le moins problématique relève moins du mode de désignation de nos politiques ou du système économique, que de la réaffirmation, à différents niveaux (dont l’école), des principes fondamentaux de la vie en commun et des priorités à accorder dans notre quotidien.

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    • Etiocle // 20.06.2017 à 12h38

      Effectivement, prendre position sur un problème n’est pas la même chose que de prendre possession du problème.

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  • RGT // 19.06.2017 à 20h24

    En 1981, j’ai voté pour « le changement », contre mes convictions anarchistes personnelles en espérant réellement que la société pourrait changer pour un système plus équitable.

    En 1983, j’ai juré qu’on ne m’y prendrait plus et la conviction que j’avais sur le totalitarisme des partis (ainsi que leur côté mafieux) est devenu une certitude.

    Depuis je boycotte les urnes de manière militante car quelque soit « l’élu » il se retrouvera embrigadé dans une organisation ou des « coalitions » qui seront totalement contraires à l’intérêt de la majorité.

    Et à chaque élection je me retrouve de plus en plus désolé du comportement panurgien de mes cons-temporains qui me regardent de travers quand ils connaissent mes positions.

    La dernière « érection penstinentielle » pour citer Colluche est un exemple flagrant.
    J’ai (et suis encore partiellement) ostracisé car je n’allais pas « faire barrage » à l’étron national…

    Lamentable.

    Il y a encore des cerveaux disponibles pour ceux qui en sont dépourvus ?

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    • Bonsensiste // 22.06.2017 à 10h58

      Rassurez vous vous n etes pas seul et malheuresement le militantisme a encore de beaux jours devant lui !
      La mafia politicarde a commence tres tot et on l a bien vu en 67 68 avec les con bandit et autres affreux !

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  • Bonsensiste // 22.06.2017 à 10h54

    Enfin le sujet sort,

    c est un constat que je tente de promouvoir depuis la prise de pouvoir de Sarkozy et que j ai pu verifier au Vietnam ou les citoyens n ont pratiquement aucune raison de chippotter sur tel ou tel detail ? De plus quand un elu est pris la main dans le pot de confiture, c est au mieux la prison, au pire ……. et cela dans le mois, pas sur 20 ans !
    si on prend pour exemple le PG, le FN et DLF les programmes sont quasiment identiques sur les grandes lignes, mais ils sont sur de ne jamais avoir le pouvoir uniquement pour cause de division ?

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