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3.mars.20173.3.2017 // Les Crises

« Post-vérité » et « fake news » : fausses clartés et points aveugles – par Acrimed

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Source : ACRIMED, Patrick Michel, 23-02-2017

Apparu dans les années 2000 et remis au goût du jour dans les suites du Brexit puis de l’élection de Donald Trump, le concept a fini par s’imposer : nous vivrions actuellement dans l’ère de la « post-vérité », dans laquelle la vérité a perdu sa valeur de référence dans le débat public, au profit des croyances et des émotions suscitées ou encouragées par les fausses nouvelles devenues virales grâce aux réseaux sociaux. Sans doute la diffusion de fausses nouvelles est-elle une réalité, mais la façon dont certains journalistes des grands médias, et en particulier les cadres des rédactions, posent le problème, ne nous en apprend pas tant sur l’idée bancale de « post-vérité » que sur les croyances de ces mêmes journalistes et les points aveugles de la conception du rôle qu’ils jouent dans les événements politiques en général, et dans la situation actuelle en particulier.

Concepts flous, utilisations orientées

L’expression « post-vérité » (post-truth politics en version originale), apparue dès les années 2000 [1] connaît actuellement une deuxième vie, tellement riche qu’elle a été désignée « mot de l’année 2016 » par le dictionnaire Oxford. C’est Katharine Viner, rédactrice en chef « Informations et Médias » du quotidien britannique The Guardian, qui l’a remis au goût du jour, en l’actualisant, dans un éditorial du 12 juillet 2016. Au lendemain du Brexit, cette journaliste spécialiste des questions médiatiques donne ainsi un nouveau cadre à l’expression : les électeurs, trompés par de fausses nouvelles (fake news), ont voté pour le Brexit alors même que les médias favorables au maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne leur exposaient à longueur de colonnes et d’émissions les faits qui auraient dû les convaincre de voter « remain ».

Avoir la vérité de son côté ne suffit plus, nous dit-on, à persuader les électeurs, davantage enclins à suivre celles et ceux qui font appel à leurs émotions et à leurs croyances personnelles [2].

Cette utilisation de l’expression est celle qu’on retrouve depuis dans la grande majorité des médias dominants, avec une fréquence accrue après les élections « surprises » de Donald Trump aux États-Unis, et de François Fillon puis Benoît Hamon aux primaires de leurs camps respectifs en France. Chaque défaite électorale de l’option préférentielle des médias dominants (Hillary Clinton, Alain Juppé [3], Manuel Valls [4]) semble alors confirmer le diagnostic.

Dans un dossier consacré au sujet, un article de Libération résume le lien présumé (auquel son auteure ne semble pas souscrire complètement) entre fausses informations, crédulité du public et résultats électoraux : « Les médias dits traditionnels vérifient, contredisent, rétablissent les faits. Pour quels effets ? Après le Brexit, Trump est élu… Un faux tweet fait-il une vraie élection ? Mal informés voire désinformés, les électeurs voteraient pour Donald Trump ou Marine Le Pen. »

L’auteure de cet article est l’une des rares à prendre la précaution du conditionnel pour exposer cette théorie. Or celle-ci, reprise au moins implicitement dans nombre de contributions médiatiques au sujet de la « post-vérité » [5], souffre d’un point aveugle important : la réalité d’un changement de la crédulité du public est pour le moins mal étayée. En effet, on ne peut qu’être curieux de savoir ce qui a bien pu modifier à ce point le rapport que le public entretient avec la vérité. Pour se limiter à la question des élections, on pourrait se demander lesquelles ont été remportées par des candidats faisant campagne autour de faits (forcément vrais), et lesquelles ont été remportées par ceux qui auraient fait appel à l’émotion et à la croyance (forcément irrationnelles). Mais ces questions ne sont jamais posées sérieusement. Tout au plus peut-on apprendre que l’émergence de nouveaux moyens de diffusion de l’information a augmenté le nombre de personnes exposées à des fausses nouvelles. Ce qui conduit logiquement à l’idée que les réseaux sociaux doivent être contrôlés, ou au moins régulés [6].

Fausses nouvelles, fabrications ou mauvais journalisme

Les esprits mal tournés, et ceux disposant d’un peu de mémoire et de quelques archives, feront également remarquer que la diffusion de fausses nouvelles n’est pas apparue avec la création des réseaux sociaux : si les médias dits traditionnels vérifient, contredisent et rétablissent les faits, il ne fait aucun doute qu’il leur arrive également de diffuser des mensonges, et plus fréquemment encore des informations biaisées ou tronquées. C’est ce que rappelle l’article du Monde Diplomatique dans lequel Pierre Rimbert liste les principales fabrications médiatiques sur les questions internationales des trente dernières années, des faux charniers de Timişoara aux preuves imaginaires de la présence d’armes de destruction massive en Irak. C’est ce que nous a rappelé récemment l’affaire de la fillette sauvée par des CRS dans une voiture en feu à Bobigny : une information diffusée par la préfecture et reprise sans vérification (et sans conditionnel) par, entre autres, Le Parisien, Le Journal du dimanche ou encore Valeurs actuelles, alors qu’il a rapidement été établi que c’était un jeune manifestant qui avait sorti la fillette de la voiture, et que cette dernière n’était pas encore en feu.

Pour reprendre le cas du Guardian, on aura noté que l’éditorial de Katharine Viner a suscité bien plus de reprise et de commentaires que l’article du journaliste Glenn Greenwald qui dénonçait la falsification d’une interview de Julian Assange par le quotidien britannique. Le même Greenwald, ancien journaliste du Guardian à l’origine des premières publications de « l’affaire » Edward Snowden et aujourd’hui directeur du site d’information The Intercept, exposait aussi récemment deux autres fabrications parues dans le quotidien américain The Washington Post, grand pourfendeur de la post-vérité et des « fake news », qui dispute la place de « quotidien de référence » outre-Atlantique au New York Times [7]. Greenwald relevait également que les articles dans lesquels apparaissent ces fabrications sont très profitables au journal qui les publie puisqu’ils génèrent beaucoup de trafic sur son site. Surprise : la course à l’audience et aux publications spectaculaires pourrait donc être à l’origine de la diffusion de fausses nouvelles, y compris au sein des médias traditionnels… Quant aux correctifs ajoutés après coup, qui reconnaissent la fausseté des informations centrales des articles originaux, ils n’ont pas été relayés par les journalistes du « Post » sur leur compte Twitter, pas plus que leurs tweets diffusant les articles originaux n’ont été supprimés.

En France aussi, il arrive que des journalistes professionnels diffusent de fausses informations : par exemple sur les circonstances de la mort d’Adama Traoré ou les prétendus mensonges d’une interne en médecinecritiquant la ministre de la Santé. Ou lorsque l’AFP reprend les fausses informations du Washington Post dans une dépêche qui donnera lieu à plusieurs articles, dont celui du Monde, qui lui-même sera par la suite corrigé discrètement [8].

Mais, comme le note Greenwald, ceux qui distinguent la catégorie de « fake news » de celle de « mauvais articles » le font à dessein. Dans le lexique de la rubrique « Les Décodeurs » du Monde, déjà cité plus haut, une « fake news » est ainsi un « faux prenant l’apparence d’un article de presse ». Cette distinction fondée sur l’intentionnalité, souvent difficile à déterminer, de la personne qui produit l’information, permet surtout d’immuniser par avance le journalisme professionnel qui pourrait ainsi être à l’origine de mauvais articles, mais jamais ou très rarement de « fake news ».

Quoi qu’il en soit, il incombe aux tenants de la notion de « post-vérité » de répondre aux questions suivantes : pourquoi les fabrications des médias traditionnels n’ont-elles pas présenté dans le passé, et ne présentent-elles pas aujourd’hui le même type de menace que les « fake news » dont on s’inquiète tant ? Et comment expliquer que le public, autrefois rationnel et raisonnable, soit devenu aussi hermétique aux faits, vérifications et explications fournis par les médias traditionnels ? L’explication qui prend uniquement en compte le rôle de diffusion des réseaux sociaux semble un peu courte, a fortiori si l’on s’intéresse aux audiences massives de certaines émissions d’information (environ 8 millions de téléspectateurs combinés chaque soir pour les journaux télévisés de 20 heures de TF1 et France 2), ou que l’on remarque le poids croissant des productions de médias mainstream dans les contenus partagés sur Facebook ou Twitter. Notons ici que, selon l’ACPM, les cinq sites d’information les plus consultés en France étaient, en mai 2016, LeMonde.fr, LeFigaro.fr, 20minutes.fr, LeParisien.fr et Bfmtv.com [9]. Soit une écrasante domination des médias « traditionnels »…

Derrière la « post-vérité » : une conception particulière du rôle du journaliste

À bien y regarder, l’ère de la « post-vérité » ne se singularise donc pas essentiellement par une attitude radicalement différente du public par rapport à la vérité (qui reste à démontrer), mais bien par la perception par les journalistes que l’opinion ne les suit plus. On pourrait même donner une assez bonne définition de l’ère de la « post-vérité » comme période au cours de laquelle les électeurs votent contre les options électorales soutenues par la majorité des grands médias. Et ce n’est pas un hasard si une grande partie des articles [10] traitant de « fake news » ou de « post-vérité » font un lien direct avec les événements électoraux récents, preuves douloureuses, administrées à plusieurs reprises en 2016, que les médias ne font pas l’élection, en tout cas certainement pas tout seuls [11].

Ce qui semble poindre derrière l’idée de la disparition de la vérité comme valeur référence du combat politique est une certaine angoisse devant l’impossibilité pour certains journalistes de remplir le rôle qu’ils semblent s’assigner : permettre aux électeurs de voter correctement. Il est donc naturel que Céline Pigale, directrice de la rédaction de BFM-TV, résume ainsi les enjeux [12] : « Il faut rétablir, il faut obtenir que les gens nous croient. » Ce que l’on peut traduire ainsi : « Lorsque les citoyens-électeurs ne nous écoutent pas, ils votent n’importe comment ; il est donc impératif qu’ils nous écoutent et nous croient à nouveau. »

Cette conception du rôle du journalisme comme responsable de la certification des faits pertinents, mais aussi de leurs interprétations acceptables, est celle qui fait tenir aux éditorialistes leurs sempiternels discours sur le « réalisme », « le pragmatisme », l’inquiétante « montée des populisme », etc. C’est cette conception qui était la cible de l’article de Frédéric Lordon que nous avions recensé : si les médias professionnels ont une responsabilité dans les évolutions politiques des dernières décennies, c’est bien celle d’avoir, au nom d’un rôle prescriptif rarement revendiqué mais néanmoins assumé, marginalisé avec beaucoup de constance et d’application un certain nombre d’options politiques qui sortent du « cercle de la raison », et d’avoir rendu une immense partie de l’espace médiatique impraticable pour les tenants de ces options [13].

Une crise de confiance : mais confiance en qui ?

Or les options admises semblent intéresser un public de moins en moins nombreux, mais pour des raisons qui ne sont pas fondamentalement liées à leur traitement médiatique ou à celui de leurs concurrentes exclues. Et l’on est frappé de voir la victoire de Donald Trump analysée principalement comme un échec des médias qui avaient pris parti pour son adversaire, et qui n’avaient pas su prédire le résultat de l’élection en raison d’une déconnexion d’avec une large part des électeurs américains : cette analyse, modèle d’auto-centrisme aveuglé, néglige à peu près tous les facteurs politiques, économiques et sociaux qui ont pu pousser les électeurs à voter pour le candidat républicain – aussi bien les aspects de son programme et de son positionnement politique qui ont pu trouver un écho auprès des électeurs, que ceux qui les ont rebutés dans le programme de son adversaire et dans le bilan de la présidence Obama qu’elle défendait. Autant d’éléments, régulièrement écartés des discussions « post-vérité » [14]. Mais il est vrai que la prise en compte de ces éléments pourraient amener à soulever des questions autrement plus fâcheuses : « Et si ces gens qui ne nous écoutent plus avaient en fait quelques bonnes raisons pour cela ? »

Et l’analyse autocentrée se poursuit par cette esquisse de solution : en reprenant contact avec les « vrais gens », avec la France (ou l’Amérique) « profonde », les médias restaureront leur crédibilité et la confiance que leur accorde le public. Malheureusement, il apparaît qu’un projet comme celui du Monde, qui annonce « une “task-force” de six à huit journalistes lancés à la rencontre de “la France de la colère et du rejet” » [15] a bien peu de chance d’atteindre cet objectif. La raison en est aussi simple que difficile à entendre de la part de journalistes qui, souvent généreux, prétendent « rétablir la confiance » à coup de faits et d’enquêtes : tant que la quasi-totalité des grands médias restera dans la sphère d’influence des pouvoirs politique et économique, les journalistes resteront souvent victimes, qu’ils le méritent ou non, du discrédit et de la contestation qui frappent les oligarchies économiques et le microcosme politique. Autrement dit : la défiance et la critique à l’égard des journalistes et des informations se nourrissent de raisons diverses et nombreuses qui sont également, voire essentiellement extra-médiatiques.

Sans doute notre association s’intéresse-t-elle surtout à la façon dont la discussion – thèmes possibles à aborder et opinions possibles à défendre – est fermement encadrée dans une grande partie de la production médiatique mainstream : « pragmatisme » et « réalisme » versus « populisme » et « utopie ». Mais nous tentons de ne pas nous laisser griser par notre enthousiasme : ce n’est pas l’efficacité grandissante de cette critique qui explique prioritairement la perte de crédit des médias dits professionnels. Il semble plutôt qu’après plusieurs décennies catastrophiques aux plans politique, social, économique et environnemental, les principaux pouvoirs suscitent de plus en plus de défiance, ce qui se répercute quasi mécaniquement sur les satellites médiatiques de ces pouvoirs.

Restaurer la confiance : l’énergie dispersée du désespoir

C’est assez dire que la capacité de restaurer leur crédit ne dépend pas des seuls médias. Sans doute, traquer les fausses informations, comme le font par exemple les « Décodeurs » du Monde, est-il utile, voire indispensable. Il ne s’agit alors que de rehausser le travail ordinaire des journalistes d’information : vérifier, recouper et, quand il le faut, corriger. Mais ce serait une illusion d’attribuer des vertus quasi miraculeuses à ces tentatives de reconquête.

Cela ne signifie pas que rien ne dépend du monde médiatique. Mais la capacité de faire revenir la confiance, et donc le public, en particulier pour la presse écrite qui continue de perdre des lecteurs à un rythme soutenu, repose notamment sur le développement de médias indépendants des pouvoirs économique et politique [16] et plus généralement d’une transformation démocratique de l’ensemble de l’espace médiatique : une transformation dont la nécessité est éludée par les journalistes et les chefferies éditoriales qui animent le débat médiatique sur la « post-vérité ».

Or, outre l’idée de la « reconnexion » au terrain, symbolisée par l’expérience militaro-journalistique de la « task-force » du Monde, on voit se diffuser la conviction que c’est en exposant les « fakes news » que les « fact-checkeurs » des médias dominants renverseront la vapeur. Là encore, et peut-être de façon encore plus visible, ces louables intentions révèlent le rôle que les chefs de rédaction assignent au journalisme : informer, certes, mais pour encadrer.

Tel est le rôle assigné au dispositif annoncé par Facebook en France, sur la base de ceux existant en Allemagne et aux USA, et rapporté dans un article des Échos : n’importe quel utilisateur du réseau social y trouvant un article relayant une information suspecte pourrait la signaler, et des journalistes soumettraient l’article à une vérification, puis y accoleraient si nécessaire un label « intox », qui diminuerait la visibilité de l’article sur le réseau social, ainsi qu’un article correctif. Les journalistes préposés à ce « fact-checking » ne seraient pas rémunérés par Facebook, mais par leur rédaction [17]. Aux États-Unis, les journaux auxquels Facebook a recours sont ceux ayant signé la « charte Poynter », du nom de l’institut de journalisme qui a créé l’International Fact-Checking Network (le réseau international de « fact-checking »). Parmi ces signataires, on trouve… le Washington Post, qui entretient parfois lui-même comme nous l’avons vu des rapports assez lâches avec la vérité.

Plus généralement, il s’agit d’aller chercher un public qui se défie des médias dominants là où on pense qu’il se trouve, c’est-à-dire sur les réseaux sociaux, pour que ces mêmes médias dominants puissent lui indiquer la confiance qu’il peut avoir dans les articles qu’il consulte. Est-ce beaucoup s’avancer que de penser que ces recommandations seront elles-mêmes considérées comme suspectes par un nombre important d’utilisateurs de Facebook ? C’est en tout cas l’avis d’un « spécialiste du numérique » cité par Les Échos : « Pour que ça marche vraiment, il faudrait que les Gafa [Google, Amazon, Facebook, Apple] bloquent totalement certains sites, ce qui pose plein de questions et va à l’encontre de leur business. » Ce « plein de questions » peut se résumer à une seule : celle de la censure. Voilà donc la chose dite clairement : pour que le public redonne sa confiance aux bonnes informations validées des médias traditionnels, la seule mesure efficace serait de censurer les autres médias que ce public est de plus en plus enclin à consulter.

En France, il n’est pas (encore ?) question de censurer, mais plutôt de certifier les bons sites, et avertir de la dangerosité des autres. C’est en tout cas le principe de « Decodex », moteur de recherche et extension pour navigateur Internet créés par les journalistes de la rubrique de « fact-checking » du Monde, « Les Décodeurs ».

Qu’un média parmi d’autres s’arroge le rôle de juge suprême de tous les médias et tente d’imposer une méthodologie largement arbitraire : voilà qui mériterait une critique plus détaillée que celle que nous proposons ici. On s’en tiendra donc à l’essentiel [18].

Le principe est de classer les quelques 600 sites référencés en quatre catégories :
– une étoile (bleu) : site parodique ou satirique
– deux étoiles (rouge) : site diffusant régulièrement de fausses informations ou des articles trompeurs
– trois étoiles (orange) : site régulièrement imprécis, ne précisant pas ses sources et reprenant des informations sans vérification
– quatre étoiles (vert) : site en principe plutôt fiable.

Contacté par le site « Arrêt sur images » [19], le responsable de cette rubrique, Samuel Laurent, précise : « On n’a pas vocation à devenir un office de certification. » Pourtant, le classement par note et le code couleur assorti du jugement porté sur chaque site donnent un résultat qui y ressemble à s’y méprendre. Pour les internautes disposant d’une extension de leur logiciel antivirus permettant de certifier la sécurité de la page qu’il visite, il est troublant de constater, en visitant par exemple le site lemonde.fr, deux icônes vertes côte à côte près de l’adresse de la page : votre ordinateur est en parfaite sécurité, votre cerveau aussi.

Dans le même article d’« Arrêt sur images », Samuel Laurent explique la démarche : « Notre outil a avant tout pour but de donner des clefs de compréhension aux lecteurs, de les aider à se poser des questions, à prendre du recul, à recouper leur recherche. » Outre l’infantilisation sous-jacente d’un lectorat qui serait perdu au point d’avoir besoin de Decodex pour savoir, à partir d’un jugement global sur chaque média, quels articles sont des blagues, quelles informations il peut croire, et lesquelles nécessitent davantage de recherche, on note encore une fois le paradoxe assez vertigineux d’une presse qui, sentant sa légitimité décroître auprès du public, juge qu’il est de son ressort d’avertir ce même public de la crédibilité qu’il peut accorder au reste (ou à une partie du reste) des médias en ligne. Les médias qui suscitent la défiance seraient ainsi ceux qui pourraient attribuer les certificats de confiance.

À l’exception de Valeurs actuelles, dont la note initialement « verte » a été dégradée en « orange », l’intégralité des sites de la presse traditionnelle sont notés « en principe plutôt fiable ». Et Samuel Laurent explique qu’un site plutôt fiable publie davantage des « présentations factuelles » que « du point de vue, de l’opinion, des tribunes » – ceci pour justifier le classement du site du journal Fakir en orange [20]. Questionné sur les causes de la perte de crédibilité et d’influence de la presse traditionnelle, le même Samuel Laurent estime, dans le « Téléphone sonne » du 2 février, que « l’époque est au radicalisme, et [que] les médias incarnent quelque chose de plus modéré ». Totalement aveugles aux coûts que payent les médias traditionnels pour la dépolitisation forcenée de l’information, autant qu’au contenu politique que charrie une information dépolitisée, « les Décodeurs » ne se lassent donc pas d’éclairer le lecteur sur le chemin (circulaire ?) de la raison factuelle et modérée.

Pour illustrer ce que l’on entend par « contenu politique charrié par une information dépolitisée », on pourra par exemple se référer à un article plutôt anodin des « Décodeurs » dans lequel les « fact-checkeurs » se proposent de vérifier une déclaration de Manuel Valls selon laquelle Benoît Hamon, en tant que député, n’aurait pas voté tous les textes sur la sécurité présentés au parlement. Pour cela, ils s’intéressent aux « différents votes [de Benoît Hamon] sur des textes liés de près ou de loin à la sécurité ». En procédant ainsi, ils concluent que Manuel Valls dit « plutôt vrai ». Mais ils entérinent au passage le point de vue tout à fait situé politiquement de l’ancien Premier ministre selon lequel tous ces textes auraient en effet pour objet la « sécurité » des Français. Il est sûrement permis de penser que des textes comme ceux instaurant la prolongation de l’état d’urgence ou la déchéance de nationalité ont davantage à voir avec une dégradation des libertés des personnes vivant en France qu’avec leur sécurité, mais pas dans un média professionnel, où l’on reste factuel et modéré au risque de reprendre à son compte un point de vue politique tranché bien qu’implicite, sans le discuter.

***

Pourquoi notre public est-il de moins en moins nombreux, et pourquoi semble-t-il nous faire de moins en moins confiance ? Pourquoi les électeurs ne suivent-ils plus nos recommandations de vote ? Pourquoi les vérités que publions massivement ne font-elles pas le poids face aux mensonges des autres ? Ces questions, bien faites pour mal poser le problème, sont celles qui rongent les adeptes du concept de « post-vérité ». Obnubilés par l’attitude incompréhensible d’électeurs refusant de croire la vérité nue qu’ils leur présentent, ils ne semblent pas percevoir le lien entre la diminution de la diffusion et de la crédibilité des grands médias et l’intrication profonde de ces médias avec une oligarchie économique et politique décrédibilisée. Confortablement installés à une place dominante du champ médiatique, ils négligent leurs propres errements, erreurs et mensonges. Avides d’un pouvoir d’influence qu’ils estiment être en train de perdre, ils paraissent considérer que pour récupérer une partie au moins de leur crédibilité, il faudrait chercher à l’imposer à celles et ceux qui la récusent, en délimitant d’autorité l’espace des médias crédibles. La situation ne manque pas de paradoxes, qui seraient propres à faire sourire si ces sujets n’étaient pas si sérieux.
Patrick Michel (d’après une observation collective)

Source : ACRIMED, Patrick Michel, 23-02-2017

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Commentaire recommandé

Fritz // 03.03.2017 à 06h59

Selon le dictionnaire média-bobo :
Thèse = vérité
Antithèse = complotisme
Synthèse = confusionnisme

On comprend mieux l’utilité du fact-checking et du Décodex : supprimer l’antithèse pour rétablir la thèse à sens unique.

Tu es journaliste ? Tu as la vérité pour toi.
Tu es le public ? Écoute et tais-toi.

80 réactions et commentaires

  • PatrickLuder // 03.03.2017 à 05h30

    C’est un peu vite oublier qu’il n’y a souvent pas qu’une seule vérité … mais plusieurs points de vue !

    Un bon journalisme devrait pouvoir présenter un problème sous ses différentes facettes et non pas résumer une vérité unique (qui se révèle souvent être incomplète ou tendancieuse).

    Comme si les lecteurs n’étaient pas capables de faire la part des choses, comme s’il était impératif de nous fournir une nourriture pré-mâchée !

      +43

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    • Fabrice // 03.03.2017 à 06h01

      Oui nous revenons à la base connu dès le collège « thèse, antithèse et synthèse  » mais que les journalistes semblent avoir tous oublié.

      Avec un once de contrôle des sources ainsi que de travail sur le terrain quand c’est nécessaire mais cela relèvera de l’utopie tant que certains médias seront aux mains de de certains groupes d’influence économique.

        +19

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      • basile // 03.03.2017 à 06h34

        « thèse, antithèse et synthèse ».

        n’est-ce pas là un des gros problèmes de la société, une déformation scolaire (un conditionnement), les plus touchés étant évidemment les journalistes, qui fait que tout problème se transforme en blablabla intellectuel de gens hors sol ? Ça occupe bien le gogo bobo lisant le Monde pendant que l’ouvrier va à l’usine. Curieusement, ils sont taxés de populistes car il exècrent ce verbiage.

          +15

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        • Fabrice // 03.03.2017 à 06h56

          Le problème c’est que désormais le langage bobo se contente de la thèse, leur thèse rejetant l’antithèse car nous sommes dans le monde de la simplification du bien pensant alors que le quidam lambda sait que rien n’est simple car il vit dans la réalité.

          C’est pourquoi les lecteurs désertent ces médias simplificateurs qui ne leur apportent plus une vision qui leur explique ce monde.

            +31

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          • Fritz // 03.03.2017 à 06h59

            Selon le dictionnaire média-bobo :
            Thèse = vérité
            Antithèse = complotisme
            Synthèse = confusionnisme

            On comprend mieux l’utilité du fact-checking et du Décodex : supprimer l’antithèse pour rétablir la thèse à sens unique.

            Tu es journaliste ? Tu as la vérité pour toi.
            Tu es le public ? Écoute et tais-toi.

              +95

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            • christian gedeon // 03.03.2017 à 08h26

              Ha…excellent çà.La propagandastaffel tourne en effet à plein régime en ce moment. Notez bien que personne ou presque ne parle de « mon ennemi la finance » dans cette campagne,à part,peut être,un peu Mélenchon.Les sociaux(un peu)-libéraux(beaucoup) sont en passe de réussir leur coup. Mais alors pourquoi tuer Fillon, me direz vous? Ben parce que Macron est un I Finance.4,un modèle beaucoup plus performant dans les performances mondialisatrices,pardi,Fillon,c’est le vieux Nokia,un vintage en quelque sorte,bon pour les collectionneurs,mais pas pour les mondialisateurs.

                +22

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            • basile // 03.03.2017 à 08h33

              je préfère les taiseux aux thésards. Je me souviens d’une réflexion de ma prof de français, « c’est un peu court jeune homme ». Et c’était alors un calvaire pour moi de trouver du baratin à ajouter pour faire du volume, façon le Monde. Ça m’a permis de sortir avec le premier prix de français, mais c’est un peu triste.

                +13

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            • RGT // 03.03.2017 à 09h53

              @basile :

              J’abonde dans votre sens.
              Au début de ma scolarité, je rédigeais des documents allant à l’essentiel et me retrouvais avec des notes plutôt basses.
              Non pas pour la pertinence de mes propos mais parce que c’était trop court.

              Une fois assimilé ce concept, je me suis mis à partir dans de longues tirades bien ciselées qui ne voulaient rien dire et, ô miracle, mes notes se sont mises à grimper en flèche pour un investissement intellectuel quasi-nul.

              Ensuite, dans ma vie professionnelle, rebelotte.
              « Rapport trop succinct », « dossier de conception insuffisant », etc..
              Je me suis alors mis à pondre des documents de plus de 200 pages, emplis de vide et que personne ne lisait jamais (trop longs) mais qui « prouvaient » le sérieux de mes affirmations.

              Désormais ce travers est si bien ancré qu’il m’est difficile de synthétiser en quelques mots un concept que je sais juste…

              Et je retrouve ce travers d’étalement dans de nombreux articles de journalistes et dans les « programmes » politiques qui en fait sont au final aussi creux que certains rapports barbants qu’il m’a fallu rédiger.

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            • moshedayan // 03.03.2017 à 21h09

              Comme l’onglet « Répondre » n’est pas sur RGT je le mets sur Fritz.
              Les deux ont d’ailleurs raison. Hors du champ politique : RGT, vous avez raison. En France, on aime parler beaucoup pour peu de choses !?/ Mais l’art d’enrober domine malheureusement et dans tous les domaines : pas plus tard qu’aujourd’hui, je discutais mécanique : les skodas Fabia phase 1 avaient encore un moteur essence issu de l’évolution Favorit -lui-même déjà dans la 120 LS tchécoslovaque, résultat : un exemplaire à 1 250 000 km ! Eh oui ! et des connaissances tchécoslovaques m’ont confirmé la solide réputation de ce moteur. Maintenant, c’est du « Volkswagen », certes très bon mais jamais il n’arrivera à ce km, c’est sûr. Dans le monde libéral : le clinquant, l’apparence comptent (bref de la m…) pas le fiable, le sûr, le durable. Macron et d’autres « libéraux » c’est la même chose… Et pas mal d’… de Français les suivent. ( et se feront avoir, en disant merci !)

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      • Steph // 03.03.2017 à 08h35

        Je m en tiendrais a l histoire, a la geographie (le dessous des cartes) et aux faits, rien qu aux faits, OK ce n est pas bien bandant mais au moins on n aurait plus tous ces conditionnels qui, le lendemain au detour d une conversation deviennent des indicatifs. Exemple ; le porte-parole de la Maison blanche affirme avoir les preuves que Al Assad a utilise des armes chimiques contre son propre peuple. Le lendemain au boulot ; He, t as vu Al Assad utilise des armes chimiques contre son peuple !

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    • Ovuef2r // 03.03.2017 à 07h28

      Oui, ce qui me frappe quand je me souviens du passé c’est la disparition des vrais débats. Il y a de cela 30 ans on pouvait entendre des opinions opposées s’affronter à la radio. Désormais, en général on a au mieux un opposant (ou zéro) contre 3 ou 4 thuriféraires de la doxa du jour.
      Par exemple sur l’Ukraine jamais le point de vue des « pro-russes » n’a pu être entendu, du mauvais côté ils n’ont pas le droit à la parole. C’est déjà le cas de la Syrie sans parler de la Libye…
      C’est peut être cette monotonie, cette tonalité uniforme qui fait qu’on se détourne des médias traditionnels…

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      • Philippe, le belge // 03.03.2017 à 11h11

        oui, même « Ce soir ou jamais » a fini par passer à la trappe.

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        • FindeCycle // 03.03.2017 à 11h49

          En effet car « Ce soir ou jamais » pour le Système « Même ça c’est trop »

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    • UnJournaliste // 03.03.2017 à 09h38

      Il faut arrêter de s’imaginer que le métier de journaliste aujourd’hui est celui d’un enquêteur ou d’un chercheur. Ayant bossé quelques années dans le métier, le quotidien de l’immense majorité des journalistes est celui-ci: ton chef sort de la conférence de rédaction, il te dicte le titre de ton article et le nombre de mots à respecter, et tu as 2h pour broder autour de ça à partir de ce que tu trouves sur internet et sur les fils d’agence (AFP/Reuters/AP/etc.). Ton chef te fera refaire ton article jusqu’à ce qu’il lui convienne ou le mettra à la poubelle. ni plus, ni moins, pas thèse/antithèse/synthèse, ce sont les chefs de rédaction qui décident de tout. Tu es un bon toutou ou tu te retrouves à l’horoscope ou à la météo.

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      • basile // 03.03.2017 à 10h19

        Un peu la même chose en entreprise. Convocation dans le bureau vitré du patron dominant l’atelier : « vous voyez celui là, je veux qu’il dégage, trouvez quelque chose, faites lui sa lettre ». J’ai refusé, je me suis retrouvé face à toute la famille qui travaille dans la même branche

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      • Crapaud Rouge // 03.03.2017 à 12h39

        @UnJournaliste : j’espère que tous les lecteurs de ce blog liront votre témoignage qui en dit plus long que tous les discours. Il montre que le journaliste n’est plus qu’un salarié devant être rentable, et, qu’à cette aune, aucune entreprise journalistique n’a les moyens de financer des enquêtes. Ne reste que le bénévolat, celui des sites alternatifs, parce que le financement par la pub n’est pas non plus une solution tant elle a besoin de gros volumes, donc du tout venant de bas étage.

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        • UnJournaliste // 03.03.2017 à 16h50

          Le fait qu’une entreprise privée doivent être rentable me semble une évidence; les subventions publiques ne sont à ce titre pour les actionnaires qu’un élément de revenu comme un autre; pas un engagement de service public. De la même façon, on a aussi le recours massif dans les rédactions à des stagiaires, à des pigistes (l’uberisation existe depuis 30 ans dans le journalisme) et la suppression des correspondants permanents à l’étranger (remplacés par un stagiaire à Paris qui reformule les dépêches AFP ou les post de l’OSDH).
          On en parle peu mais la robotisation est aussi un risque majeur pour les uns (les journalistes) ou une opportunité financière pour les autres (les actionnaires). On a déjà dans les rédactions pas mal de logiciels capables de générer des articles à partir de mots clés et de ce que le robot trouve sur internet.

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      • Schuss // 03.03.2017 à 14h03

        Bonjour, pour abonder sur le journalisme voici une de mes experiences avec ce monde hors sol. J’ai ete invite par une tele locale pour presenter ma pratique sportive. Pour preparer l’entretien en direct différé, j’ai du fournir photos, extrais videos, notes sur le sujet. Quand je suis arrive sur le plateau, le journaliste tenait en mains les doc mais n’avait pas eu le temps de lire ou visionner quoi que ce soit. L’entretien a donc vise a faire le buzz avec un gugus ( moi ) qui sert de faire valoir le journaliste….je suis reste Zen et j’ai essaye de placer une ou deux explications sensees qd je pouvais parler car le journaliste qui n’y connaissait rien monopolisait la parole pour dire des inepties….la réaction des auditeurs a ete unanime ils ont ete convaincus par ma posture stoique face a un drole de zebre qui finalement s’est attire les foudres de ses propres auditeurs ! A la teloche, rester zen plaide en votre faveur meme si le discours ( le sujet ) n’est pas audible. S’enerver ne sert a rien la plupart des auditeurs ne connaissent pas le sujet n’ont plus…

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        • georges glise // 04.03.2017 à 12h37

          moi j’adore quand l’interviewé (mélenchon par exemple) s’énerve, car ça correspond à mon propre énervement! je suis un insoumis énervé, malgré (ou à causede) mon grand âge!

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      • georges glise // 04.03.2017 à 12h51

        mais nous avons encore quelques journalistes qui font leur vrai boulot. je pense en particulier àux équipes d’élise lucet et d’arrêt sur image, et à médiapart.nous avons aussi ACRIMED qui décripte l’enfumage des médias main street.

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  • Fritz // 03.03.2017 à 06h07

    Le discours sur les « fake news » doit être rejeté comme une énième manipulation médiatique.

    1) Cette expression ne s’imposait pas, car en français nous ne manquons pas de vocables pour désigner une information fausse ou falsifiée : mensonge, bobard, info bidon, intox, ragot, etc. Méfions-nous des expressions dictées dans la langue de l’Empire.

    2) Les médias qui propagent cette expression se sont eux-mêmes rendus coupables de mensonges, de bobards, d’infos bidon, etc., et ce depuis plusieurs années : qu’il suffise de rappeler les médiamensonges de Roumanie (1989), du Golfe (1991), du Kosovo (1999), de Libye (2011) et de Syrie (depuis 2011).

    3) Les mesures répressives justifiées par cette expression reviennent à limiter la liberté d’expression et d’information, dans une tentative dérisoire de restaurer le magistère d’un clergé médiatique dépassé par la technologie et discrédité par ses mensonges.

    « Le monde va changer de base » : les citoyens ne doivent pas se laisser intimider par des médias infantilisants, mais assumer leur liberté en se battant par eux-mêmes pour la vérité.

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    • Sébastien // 03.03.2017 à 12h25

      Les médias pratiquent ce qu’on appelle l’inversion accusatoire systématique. Le terme « fake news » vient des internautes vis-à-vis des médias « mainstream ». Notez l’omniprésence du Globish pour parler et penser, ce n’est pas anodin.
      Les médias donc, reprennent un terme qui ne leur appartient pas, en inverse le sens pour accuser et réprimer toute critique. Plus malhonnête, tu meurs.
      Déformation, accusation, simplification. De belles méthodes « journalistiques ». Continuez de creuser les gars! Vous arrivez au centre de la Terre!

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    • bluetonga // 03.03.2017 à 20h56

      Bonjour Fritz. Nous avons déjà eu l’occasion d’échanger sur le sujet, et je pense effectivement que vous exprimez ici l’idée fondamentale : il ne faut pas prêter crédit au novoconcept de fake news. C’est juste un tour de passe-passe pour culpabiliser les gens qui veulent se risquer à réfléchir par eux-même, comme les termes complotiste ou conspirationniste, ou rouge-brun, et tutti quanti. C’est, purement et simplement, de l’esbroufe.

      Adopter la langue de l’envahisseur, c’est déjà se soumettre. Ces guignols ont trempé jusqu’au cou dans tous les enfumages des dernières décennies, et ils ont le culot de prétendre nous donner des leçons de jugeote et de probité. Et comme le souligne l’auteur de l’article, alors que tout le monde se détourne d’eux, partagés entre le mépris et l’incrédulité face à tant de bêtise ou de mauvaise foi, ils haussent le ton et envisagent de nous « éduquer » de force. Ils ne s’en rendent pas compte, mais ils galopent vers un Darwin award collectif.

        +10

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  • basile // 03.03.2017 à 06h26

    Nous avons dans la vie d’autres priorités que de comparer les vérités des uns et des autres, comme des spectateurs à Rolland Garros qui applaudissent les « beaux coups » de l’un ou de l’autre.

    Nous ne sommes pas au spectacle, et l’info n’est pas non plus une consommation, où l’on goûterait tantôt du Lustucru, tantôt du Panzani

    Je me moque donc du programme général des candidats, car je les ai tous connus depuis De Gaulle à Hollande. Avec tous, on a morflé, mais je me suis adapté. Je me base plutôt sur quelques mots de leur programme [modéré].

    Je me moque de la vérité du Monde, car il est grillé par un certain nombre de parti pris (Ukraine, Syrie) et le Monde peut toujours dire ce qu’il prétend être « la vérité » (la Russie a envahi la Crimée) je m’en moque, car je préfère voir les Russes en Crimée que l’Otan dans les pays de l’Est. C’est ma priorité. Tout le reste de la politique intérieure est du détail.

      +40

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  • georges glise // 03.03.2017 à 06h28

    merci pour cette analyse approfondie de la situation des médias par rapport à l’information fausse ou vraie, par rapport à leur rôle de faiseur d’opinion, et leur implication, au nom de leur vérité, dans la défense de leurs intérêts et des intérêts de l’oligarchie économique et politique, qu’ils soutiennent parce qu’elle les soutient, au nom d’un réalisme qui ne repose que sur leur propre fabrication d’une vérité qu’ils voudraient imposer à l’électorat

      +4

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    • basile // 03.03.2017 à 07h30

      dire une vérité, ou dénoncer un scandale, n’est-ce pas souvent une manière très habile de faire en sorte que rien ne change ? Car le lecteur pressé se dit que si le journal en parle, c’est que quelqu’un s’en occupe.

      je me souviens d’avoir vu cette analyse, concernant le pays le mieux informé du monde. Ça remonte à très longtemps, du temps de Ralf Nader, en 1966

        +6

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  • Dizalch // 03.03.2017 à 06h59

    Remarquable papier de Patrick Michel et de ses collègues, je l’avais lu sur leur cite, qui mérite vraiment d’être consulté régulièrement, tant ils aiment, tout comme ici, confronter ce qui est dit dans les MSM, et ce que l’on peut en dire en creusant plus avant…
    Certains journalistes, qui voudraient « comprendre ce qui leur arrive » devraient lire ce papier…

    Mais j’ai comme dans l’impression qu’ils vont en rester au stade de L. Joffrin répondant à H. Maller (Acrimed) sur France Culture le 16 février… http://www.acrimed.org/En-direct-sur-France-Culture-les-aboiements-de
    Atterrant de dédain et de non dialogue/écoute… en somme, ne rien changer, droit dans le mur… « eux font leur taf » (les journalistes MSM), c’est donc la faute aux autres… mais bien sûr…
    Bonne journée,

      +19

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  • J // 03.03.2017 à 07h17

    Bon article globalement, qui stimule la réflexion, mais « Il est sûrement permis de penser que des textes comme ceux instaurant la prolongation de l’état d’urgence ou la déchéance de nationalité ont davantage à voir avec une dégradation des libertés des personnes vivant en France qu’avec leur sécurité… » heu…

    Le moyen d’investigation qui détecte les gens malintentionnés et pas les bien-intentionnés, comme le fusil qui tue les méchants et pas les gentils, on risque de l’attendre longtemps.

      +3

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  • LBSSO // 03.03.2017 à 07h31

    Bad news,no news,intox,etc…nous glissons et restons encore dans l’univers des bad news,des mauvaises nouvelles qui concourent à nous asservir en nous conditionnant.
    Et si la presse évoquait plus souvent « les bonnes nouvelles » ?

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    • Gwen // 03.03.2017 à 15h23

      [Ironie] : Mais mon bon monsieur, à quelle époque vivez vous ? Parler de bonnes nouvelles ? Mais vous êtes fous ? Les bonnes nouvelles, ça n’est pas vendeur, les gens veulent du sang, des larmes et des morts. Quelques spectacles à la limite, un placement de produit et quelques compliments pour toucher les aides mais sans plus.

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      • LBSSO // 03.03.2017 à 20h54

        Une ironie bienvenue et salutaire !

        pour étayer mon propos: peut-être avez-vous lu C. Lasch?

        « Face au constat d’impuissance(*), autant se divertir : penser à soi et aux siens, se réconforter par la consommation de multiples gadgets ou de loisirs renouvelables à profusion. »
        http://www.les-crises.fr/la-culture-du-narcissisme-par-christopher-lasch/

        (*) entretenu par bad news et compagnie.

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  • kenetbarbie // 03.03.2017 à 07h55

    Voici une vraie news sourcée qui éclaire mieux la mentalité de Macron, lequel cette semaine se pose en candidat des sans dents avant de defendre Uber la semaine prochaine.
    Déclaration de François de Rugy, l’un de ses eminents soutiens :
    « François de Rugy invoque plutôt une posture générationnelle: «Chez les anciens membres de la gauche le mythe de l’ascenseur social est toujours très présent. Ils ont une vision de l’éducation finalement assez proche de la droite, et ils s’érigent en gardiens du temple dès qu’on veut toucher à l’école.»  »
    http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/decryptages/2015/05/13/25003-20150513ARTFIG00333-reforme-des-colleges-la-contre-attaque-tardive-de-la-gauche.php

    La critique de l’ascenseur social quand on a un nom à particule, ça se pose là!

    Rassurez-vous le Figaro est classé en vert. Et donc Macron veut défendre les réseaux d’éducation prioritaire, c’est en tous cas ce qu’il affirme en dodelinant de la tête encore plus que Sarkozy…Il prend les professeurs pour des cons ou des « immobiles » comme disait Hollande.

      +11

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    • georges glise // 03.03.2017 à 10h53

      peut-être que macron a donné pendant 3 ans un smic par jour à un réseau d’éducation prioritaire, on pourrait fabriquer une fausse nouvelle avec ça rt rencontrer 3 ou 4 journalistes qui goberaient ce bobard. qu’en pensez-vous?mais nous aurons plus de difficulté à trouver un vrai journaliste qui osera lui demander: macron, qu’avez-vous fait de vos millions! macron est évidemment le candidat de la finance, du medef, du cac 40, mais si vous le dites vous passerez pour un populiste complotiste!

        +8

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  • Ardéchoix // 03.03.2017 à 08h21

    Dire  » je suis la vérité  » est déjà un mensonge .

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  • Crapaud Rouge // 03.03.2017 à 09h19

    Je constate avec amusement que l’article n’aborde le concept de « post-vérité » que comme l’invention des médias mainstream pour dénoncer les « fake news » qui circulent sur Internet. (Ce n’est pas un reproche, un article ne peut jamais tout dire.) Dans mon esprit, l’ère de la « post-vérité » est plutôt le fait du système politico-médiatique qui ne laisse entendre que sa voix, tenant ainsi pour une réalité les armes de destruction massive en Irak et la menaçante dictature de Poutine. Vu comme ça, le concept de « post-vérité » découle en fait de la disparition de la gauche en tant que force politique audible, crédible et réellement opposée à la droite : il ne reste qu’un seul courant politique, (l’UMPS en France), qui se considère comme le seul crédible.

      +6

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  • Betty // 03.03.2017 à 09h40

    Ce qui est amusant c’est que si l’on tape ceci: « manifestation bobigny 11 février Le Monde » dans la barre de recherche de Google
    nous arrivons ici: https://www.google.fr/search?q=manifestation+bobigny+11+f%C3%A9vrier+Le+Monde&oq=man&aqs=chrome.0.69i59j69i57j69i59j69i60j69i59j69i60.2215j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8

    Il est intéressant de noter que la fonction « cache » ne peut pas être activée pour ce média mais est bien disponible pour L’Est Républicain, Le Dauphiné, La Croix, etc.
    Étonnant non?

      +2

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  • ricard’eau // 03.03.2017 à 09h50

    Pour faire bref:

    Tant qu’on croyait aux betises et aproximations des médias main stream… C’etait parfait pour eux
    Depuis que des gens lisent d’autres points de vues que ceux qui passent matin midi et soir a la tele radio = post-verité

    C’est bien connu: il est plus facile de tromper Quelqu’un que de le conveincre qu’il a été trompé… Finit le monopole pour les medias msm

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  • fanfan // 03.03.2017 à 09h57

    Hors sujet mais : RT reports from Palmyra, recaptured by Syrian Army from ISIS (EXCLUSIVE)
    Published time: 3 Mar, 2017, https://www.rt.com/news/379261-liberated-palmyra-exclusive-footage/

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  • Toff de Aix // 03.03.2017 à 10h22

    Une question que je me pose : les journalistes étant les idiots utiles du système, si leur utilité (= orienter les gens à penser « ce qu’il faut comme il faut ») n’est plus avérée (Brexit, Trump, etc.) du coup a quoi servent-ils ?

    Ils cherchent désespérément une explication au fait que les gens ne gobent plus leurs bobards et leur mauvaise foi, leur parti-pris idéologique déguisé sous le masque de l’intégrité et de la neutralité. Alors ils inventent des mots, des expressions et des plug-ins pour navigateur sensés démêler ce qui est vrai de ce qui est faux.

    Mais trop de mensonge tue le mensonge n’est-ce pas ?

      +14

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    • anomail // 03.03.2017 à 10h59

      Leur problème des chiens de garde et de leurs sondages c’est que leurs actions fonctionnaient plutôt bien jusqu’à… disons le referendum de 2005, mais depuis la plèbe semble prendre de plus en plus leur contrepied.

        +5

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      • Sébastien // 03.03.2017 à 12h37

        La césure d’avec les médias a débuté un certain 11 septembre….

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  • RGT // 03.03.2017 à 10h22

    Tous ces médias ont systématiquement une vision biaisée et favorable aux intérêts particuliers de leurs actionnaires et leur seule vocation est d’enfumer la majorité des gogos afin de leur dicter sournoisement un comportement souhaitable (toujours en fonction des mêmes intérêts).
    Sinon, pourquoi perdraient-ils du fric dans des publications en éternel déficit (mais renflouées par l’argent public).

    Toute version alternative des faits est systématiquement classifiée de « bidon », « complotiste » ou autre terme fleuri.

    Désormais, il viennent pleurer parce que tout le monde se méfie de leur propagande, tout comme au temps de l’URSS où les russes avaient l’habitude de dire « c’est vrai car c’est écrit dans la Pravda »…

    Les temps ont changé et pour être informé il faut désormais aller voir ailleurs (sur des sites aux visions opposées) pour être bien informés.

    Le top, c’est bien un site comme « les crises », mais ça ne plaît pas du tout aux ploutocrates car ils voient leurs investissements réduits à néant.

    Tout n’est qu’une simple affaire de fric et de manipulation.

      +6

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    • sibtigr // 03.03.2017 à 13h19

      erreur:
      « c’est forcément faux, car c’est écrit dans la Pravda »

        +1

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  • TuYolPol // 03.03.2017 à 10h35

    Pratiquons un peu de psychologie de comptoir.
    D’après ce que j’ai certainement mal compris, une personne, ou un couple, aux prises avec une spirale morbide ou d’échec, et tentant de la comprendre pour en sortir, perd l’essentiel de son énergie à en masquer les véritables raisons par des arguties vaguement appuyées sur la rationnalité. Voyez où je veux en venir : on nous parle de vérité, de post-vérité, pour mieux masquer autre chose, soigneusement maintenu hors-champ. Qu’est-ce que cet indicible ? Gagnons du temps et extirpons-le.
    Le public, cette bête, ne veut peut-être plus être gavé comme une oie, malgré la modernisation du procédé de gavage, sur laquelle il faut reconnaître que les progrès ont été admirables ?
    Gavé n’est pas le mot évidemment pour tous les déclassés qui n’ont même pas la parole (justement)
    Il y a un paquet de gens qui attendent en vain qu’on prenne au sérieux leur vérité à eux.

      +10

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  • anomail // 03.03.2017 à 10h56

    Ah ça y est je crois que j’ai compris.

    En fait les gens du decodex on subtitué le mot « fiable » au mot « mainstream ».

    Du coup si vous lisez « ce site est plutôt mainstream », ça prend tout son sens.

    Mais a-t’on vraiment besoin d’eux pour s’en rendre compte ?

      +8

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  • Louis Robert // 03.03.2017 à 11h14

    GHW Bush: « I don’t care what the facts are. »

    https://m.youtube.com/watch?v=10qatUWwIeg

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  • Louis Robert // 03.03.2017 à 11h24

    « Le mensonge passe aux archives, devient vérité permanente…

    De telles pratiques ne semblaient pas l’ horrifier. Elle ne sentait pas l’abîme s’ouvrir sous ses pieds à la pensée que des mensonges devenaient des vérités. »

    (George Orwell, « 1984 »)

      +3

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  • Louis Robert // 03.03.2017 à 11h46

    Karl Rove: « Nous sommes un empire… Agissant, c’est nous qui créons notre propre réalité et, ce faisant, l’histoire. Vous tous, vous vous contenterez désormais d’étudier ce que nous faisons… »

    (“We’re an empire now, and when we act, we create our own reality. And while you’re studying that reality — judiciously, as you will — we’ll act again, creating other new realities, which you can study too, and that’s how things will sort out. We’re history’s actors . . . and you, all of you, will be left to just study what we do.”)

      +5

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    • SGG // 03.03.2017 à 13h25

      « L’expression « post-vérité », apparue dès les années 2000 »
      …. apparue avec l’avènement d’internet, et en parallèle, avec la nécessitée d’un « énorme » mensonge au début des années 2000.
      Mais le mensonge lui même ou les arrangements avec la réalité existaient bien avant Internet ( « 1984 » George Orwell, publié en 1949 ), mais étaient alors contrôlés que ce soit via la presse papier, la télévision ou la radio ( « La fabrique du consentement » Noam Chomsky, publié en 1988 ).
      Au début du basculement stratégique mondial ( Chute de l’URSS en 1989 ) Internet était balbutiant, lorsque l’Empire ( USA ) a pris conscience du danger ( « Le Grand Echiquier » d’Andrew Brzezinski, publié en 1997 ) il a fallu réagir vite et fortement (« Rapport du PNAC » et réorganisation des troupes au moyen orient, en 2001) mais c’était sans compter Internet et la découverte par les citoyens de ces manipulations généralisées.
      En 2017, l’objet des ces gesticulations est donc bien de reprendre la main sur la communication entre les Humains.

        +6

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  • Louis Robert // 03.03.2017 à 11h58

    « Restaurer la confiance »? Mais de qui se moque-t-on, encore et encore?

    Il vous faudrait avoir appris à dire « NON! » au Pouvoir qui vous nourrit comme poupons en crèche, et à lui résister.

    Le fait demeure: les collabos ne sont PAS des résistants.

    « Je t’ordonne de me respecter! » n’a jamais restauré la confiance.

      +2

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  • philouie // 03.03.2017 à 12h31

    Moi j’aimais bien le terme de « média-mensonges » promu par Michel Collon (en rouge sur decodex).
    Sauf que le terme n’a pas fait florès. Ah oui, il s’agissait de dénoncer la propagande de guerre.
    Celle du Monde et d’autres journaux pour nous conduire à aller tuer nos frères dans d’autres contrées.
    Les gens n’en veulent plus de ces fabricants du crime.

      +16

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  • philouie // 03.03.2017 à 12h33

    « Vérifiez l’information, recoupez avec d’autres sources » qu’ils disent.
    Ben le problème, c’est que, justement, c’est ce que font les gens.
    Et c’est pour ça qu’ils ne sont plus crédibles.

      +10

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  • Crapaud Rouge // 03.03.2017 à 12h59

    « internet comme fait sociologique » : il y a effectivement, dans cette histoire de « post-vérité », la conséquence du fait qu’Internet est monté en puissance et apparaît maintenant comme une force d’opposition. Mais il y a aussi l’industrialisation des médias mainstream où les journalistes ne sont plus que des rédacteurs salariés tenus d’obéir à leur hiérarchie, (Cf. ci-dessus le post de UnJournaliste), ainsi que la disparition de la gauche en tant que force d’opposition, car elle a rejoint (et même dépassé) la droite pour être crédible au gouvernement.

      +6

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    • Crapaud Rouge // 03.03.2017 à 21h10

      Je ne le savais pas, en revanche il est connu que bien des crapauds sont venimeux, et que le crapaud rouge de Madagascar est une espèce menacée.

        +4

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  • Fougnard // 03.03.2017 à 13h07

    J’attends avec impatience les préconisations du Monde pour la prochaine élection présidentielle…afin de savoir pour qui ne pas voter.
    Le soutien déjà apporté par Le Monde au petit laquais venimeux de l’oligarchie financière me conforte grandement dans l’idée de ne pas voter pour Micron.
    Pour moi, Le Monde est un peu l’oracle de Delphes. J’attends que la Pythie parle. Il paraît que dans l’ancienne Grêce, le consultant de l’oracle devait acquitter d’une taxe. Je n’ai pas poussé la plaisanterie jusqu’à m’abonner au Monde. J’ai pensé que les articles importants – ceux où sont écrits noir sur blanc pour qui il faut voter – seraient en accès libre. Rien que l’année dernière, mon oracle a eu tout faux et donc moi, tout juste : Brexit, Trump. Il y a 12 ans déjà, j’avais su qu’il fallait voter NON au référendum sur le TCE. C’est un oracle très performant.

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    • bluetonga // 03.03.2017 à 21h11

      Le Monde – et ses décodeur – sont très occupés à servir la soupe au soldat Macron. Ici, ils confirment que les gens du Nord-Pas de Calais sont un ramassis d’alcooliques tabagiques :

      http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/01/16/tabagisme-et-alcoolisme-dans-le-nord-emmanuel-macron-dit-plutot-vrai_5063517_4355770.html

      Tout le monde sait que l’alcool et le tabac sont des vices qui accablent les esprits faibles et les âmes débiles, les untermenschen. Donc finalement, les nordistes n’ont un peu que ce qu’ils méritent. Toute corrélation entre alcoolisme, tabagisme, paupérisation et déglingue économique serait purement fortuite.

      Merci les décodeurs. Merci le Monde. Grâce à vous, nous ne somme pas en train de vivre un retour vers le futur mais plutôt grand bond vers le passé, le XIXème siècle de l’assommoir et de Zola.

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  • andrea naz // 03.03.2017 à 13h09

    Qu’est-ce qu’une nouvelle? Une nouvelle est un évènement, qui a eu lieu. Il est vrai ou faux, ou interprété, ou falsifié: servir une thèse. Bachar al Assad a envoyé des bombes chimiques sur son peuple.
    Qu’est-ce qui est faux: Poutine est un dictateur sanguinaire qui veut reconstruire l’URSS? Ou Poutine est un admirable homme d’État qui protège son pays et œuvre au pluralisme?
    Comment savoir quand la doxa nous demande de croire?
    Quelle liberté peut-on trouver dans la croyance? Et quels atouts nous sont donnés pour savoir?
    Le travail à faire est pour nous, par recoupements et, par bon sens!
    L’utilisation d’une photo, d’une vidéo… on va où le cœur nous mène!
    Retour à l’obscurantisme. J’ai idée tout de même, que les médias alternatives ne sont que réponses à la propagande, et c’est dans ces médias alternatifs qu’il nous faut naviguer.

      +3

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  • Fritz // 03.03.2017 à 13h50

    Merci, @jim. Concernant le sujet proposé, Ivan Erhel fait cette remarque (à partir de 3′) : « dans l’ensemble, je trouve qu’il y a dans la presse une unanimité qui est dangereuse, finalement, pour la vérité ».

      +6

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    • basile // 03.03.2017 à 14h44

      à 14 mn 36 : « quand on voit l’unanimité avec laquelle est traitée l’Ukraine ou la Syrie, on se dit qu’il y a un loup. Quand tout le monde est d’accord, c’est qu’il y a un problème »

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  • Ubu // 03.03.2017 à 14h14

    Nous nous sentons spoliés et trahis par une classe dominante, et cela touche notre affecte, ce qui est différent de la raison.
    Or, comme il est écrit la fin du premier paragraphe :

    « Pour se limiter à la question des élections, on pourrait se demander lesquelles ont été remportées par des candidats faisant campagne autour de faits (forcément vrais), et lesquelles ont été remportées par ceux qui auraient fait appel à l’émotion et à la croyance (forcément irrationnelles). Mais ces questions ne sont jamais posées sérieusement. »

    C’est à mon avis par là qu’il faut creuser, car j’ai comme l’impression que tout ceci n’est qu’un épiphénomène, symptôme d’une crise gémellaire du rationnel et de l’irrationnel, et ça tombe bien parce que c’est bientôt Carnaval. Cette année, de beaux nouveaux spectacles de rue d’après les œuvres de Guy Debord, Certaines compagnies défilent déjà mais de ma fenêtre je n’entends que le bruit des bottes.

      +5

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  • Louis Robert // 03.03.2017 à 14h36

    « Post-vérité », nouvelles truquées, images trafiquées… c’est bien la moindre des choses, s’en préoccuper ne servant que de manœuvre de diversion. Nous n’assistons pas à une crise essentiellement médiatique, encore moins à une crise réduite à ce qu’on a choisi d’appeler « les médias sociaux ».

    Il faudra bien que les citoyens admettent enfin ce que les gens du Pouvoir savent, nous faisons face à une crise aiguë du Pouvoir sous toutes ses formes (d’où la majuscule!), qui engage, au-delà de sa crédibilité, sa légitimité même. Cette crise ne cesse de s’envenimer depuis des décennies; elle mène à la débâcle, à la faillite puis à l’effondrement qui sont autodestruction.

    Et puisque nous devons en changer tout à fait, c’est d’abord du Pouvoir que défient les indomptables dont il doit être question. Oui, du Pouvoir terrifié qui terrifie tous les complaisants qui, obséquieux et mielleux, volontairement se soumettent.

      +3

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    • Crapaud Rouge // 03.03.2017 à 15h42

      « nous faisons face à une crise aiguë du Pouvoir » : oui, le pouvoir n’a jamais été aussi efficient et aussi peu légitime. Et tout laisse présager que cela ira s’aggravant.

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  • Ubu // 03.03.2017 à 15h00

    A propos de l’ectoplasme qui « marche et vole », n’en déplaise à certains concernant la source, mais cette petite vidéo est bien marrante :
    https://www.youtube.com/watch?v=V9LbK-QXdYA

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  • Vincent P. // 03.03.2017 à 15h06

    Océania VS Eurasia, Minitrue, Thinkpol, Populisme et Fake news, Ennemi du Peuple et Big Brother…
    Jamais nous n’aurons été aussi proches de vivre (à nouveau) en pleine allégorie.
    Les gouvernances sont certainement nostalgiques des guerres où elles écrivent leur gloire posthume: pour moi, une preuve évidente que la connerie des puissants s’explique d’abord par leur propre peur de mourir, qu’ils pensent conjurer par de si dangereuses et cupides tentatives de n’être pas, comme nous autres, d’insignifiants humains.

    Il ne restera à Macron qu’à accélérer l’électronisation plus complète des moyens de paiement-ce que j’imagine être l’une des « missions » qui lui serait confiée par ceux qui s’évertuent à le faire élire- et la boucle sera très proche d’être bouclée.
    Le citoyen numérisé 4.0 est En Marche: au pas de l’oie.
    J’ai hâte de voir combien de maquisards nous serons lorsque commenceront les prochains chapitres de l’histoire qu' »on » nous écrit.
    A bien y regarder, cette farce tragique a déjà été jouée.

      +6

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  • Ubu // 03.03.2017 à 15h54

    Ce qui est curieux tout de même, c’est cette tendance à vouloir réguler les réseaux sociaux, les médias, les migrants, et si on regarde finalement ça concerne tous les flux, excepté les flux ce capitaux ! Où alors là, on prêche la dérégulation. Quelle bizarrerie ?

      +12

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  • DidierF // 03.03.2017 à 16h46

    Je ne veux pas me la faire compliquée. La politique des 30 à 40 dernières années est un désastre de première grandeur. Elle a été basée sur ce que des humoristes au pouvoir nomment « cercle de la raison ». Nos grands esprits savent qu’ils ont raisons. Les péquins de mon genre voient tous les jours qu’ils ont tort même si je ne subis pas l’échec de leurs idées. La presse défend le « cercle de la raison ». Je suis donc une menace populiste à moi tout seul parce que je veux sortir de ce cercle vicieux. Je suis donc un nazi, un facho, un homophobe et un antisémite parce que je veux une alternative à ce « cercle de la raison ».
    PS : J’ai oublié europhobe, passéiste. Il y a sûrement d’autres noms d’oiseaux pour moi en stock. Chacun d’eux fait de moi un stigmatisé, un pestiféré dont la moindre parole est le mal absolu.

    Tout cela parce que je veux une vie normale, paisible et heureuse pour moi et les miens.

      +9

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    • Para // 03.03.2017 à 20h22

      Bonjour Didier

      Vous avez oublié conspirationniste !
      🙂

        +7

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    • Lucas // 04.03.2017 à 01h33

      Idem ! Je dois être un homophoconspironazi, un peu comme les maires de l’amrf : « Lyon, le 3 mars2017

      Pour une publication intégrale des « parrainages » pour l’élection présidentielle.
      L’association des maires ruraux de France demande au Conseil Constitutionnel la
      publication intégrale du nombre de formulaires envoyés par les élus.
      La rétention de noms de candidats n’est pas acceptable. Il n’appartient pas au Conseil
      Constitutionnel d’apprécier le bien-fondé ou non d’un parrainage, mais seulement sa validité
      formelle. Il y va du respect et de la considération élémentaire dusaux élus de la République
      .
      Dans ces périodes d’inquiétude politique et de crise de confiance que connaît le pays
      , il importe que les institutions assument pleinement et sans équivoque leur rôle. Il serait
      impensable que la forme de présentation des parrainages soit sujette à influence qui
      impacterait les élus et l’opinion publique.
      Vanik BERBERIAN
      Président
      Maires ruraux de France » http://www.amrf.fr/

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  • Un_passant // 03.03.2017 à 18h23

    Comment des journalistes peuvent prétendre qu’ils détiennent la vérité quand leur position relève de suppositions? Un exemple? Faute de précédent, on ne sait pas, il n’y a que des suppositions (de part et d’autre). Les effets du Brexit restaient inconnus jusqu’à ce que le Brexit soit pleinement effectif, sans compter le recul nécessaire qu’il faudra ajouter, on compte donc quelques années. Encore maintenant, les effets -complets- sont flous, incertains.

    Le plus grave, ce ne sont pas les fakes news, c’est cette manie des journalistes de prendre leurs suppositions pour la vérité. Les faits pour être authentiques, doivent être traités sans biais et dans leur totalité, on dirait bien que les journalistes se soient affranchis de ce qui est pourtant un devoir impératif à un traitement impartial de l’information. Quant aux tribunes, chroniques et autres… c’est de l’opinion, pas de l’information et doit être traitée à part, or ils ne se gênent pas pour mélanger infos et chroniques.

      +2

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  • RV // 03.03.2017 à 20h17

    à lire sur un site dont je ne connais pas le classement . . .
    https://www.legrandsoir.info/les-medias-font-l-impasse-sur-les-revelations-sur-la-guerre-en-syrie-the-antimedia.html
    …/…Quand un magicien vous montre un tour de magie avec sa main droite, il faut toujours observer ce que fait la main gauche…/…

      +3

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  • bluetonga // 03.03.2017 à 21h24

    Plutôt que de s’indigner des soubresauts orthonormants de la presse-système obsolète, je pense qu’il serait plus intéressant de rassembler une banque des bobard colportés par ces braves gens depuis des décennies, tant la manière dont ils ont rapporté une situation ou un événement que la manière dont ces mensonges, délibérés ou non, ont été contredits ensuite par les faits.

    Je pense qu’on devrait créer une espèce de banque de données, l’équivalent d’un document de débunking de la presse avec pignon sur rue, puis de le faire circuler et d’aller y puiser chaque fois que ce sera nécessaire, chaque fois qu’ils essayeront de prendre la parole pou distribuer les bons et les mauvais points. Ça permettra de leur rabattre le caquet et de leur plonger le bec dans le marigot de leurs élucubrations, intentionnelles ou non. Et ce n’est pas la matière qui manque.

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    • Fritz // 03.03.2017 à 22h35

      Bonsoir, bluetonga : votre proposition me semble être la meilleure riposte au faux concept de « fake news », au Décodex qui a visé le blog d’Olivier Berruyer, et aux autres tentatives des médias dominants pour étouffer la liberté d’expression et d’information.

      Les médiamensonges doivent être archivés avec rigueur et simplicité, sans discours inutile, pour être utilisés contre les médiamenteurs. Cette banque des bobards, comme vous l’appelez, regorgera de richesses et de perles en tout genre.

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  • Crapaud Rouge // 04.03.2017 à 00h03

    Analyse complémentaire du Decodex par Reflets qui prend les-crises comme exemple : https://reflets.info/samuel-laurent-et-son-decodex-une-hysterisation-ideologique-du-journalisme/ Sa conclusion : « On démonte des idées avec des idées, pas avec des notes en couleur dignes d’un cahier d’écolier, et surtout d’une phrase ou deux de sentence à l’emporte-pièce dans un moteur d’indexation [de sites en vrac] sur son propre journal en ligne [qui n’est pas lui-même indépendant]. Cette approche est puérile, paresseuse, binaire, anti-démocratique et dangereuse. Le danger est simple à comprendre : en se refusant à développer soi-même des idées mais en s’érigeant en juge de celles des autres, on renforce ceux qui les défendent, et surtout… on ne participe qu’à une seule chose : créer du clivage. Un clivage mécanique… et sans issue. »

      +5

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  • POL // 04.03.2017 à 08h02

    vous pensiez encore être en démocratie? quelle erreur !!!
    examinez bien ce lien vers la page du conseil constitutionnel et cherchez un peu par vous même
    https://presidentielle2017.conseil-constitutionnel.fr/les-parrainages/parrainages-par-candidat/
    Si vous ne comprenez pas, vous n’avez effectivement plus besoin de démocratie, c’est une perte de temps que de vous demander de vous exprimer par le suffrage universel.

      +6

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  • Alain // 04.03.2017 à 09h48

    « A l’été 2014, les obus étaient ukrainiens. Kiev tentait alors de reprendre les territoires occupés par les séparatistes de la « République populaire » de Donetsk. Sur cette portion du front, son offensive s’est arrêtée juste après la sortie d’Avdiivka, à moins de 10 km de Donetsk, stoppée par l’intervention directe de l’armée russe. Depuis, Avdiivka est située sur la ligne de front, et en constitue l’un des points de tension les plus sérieux. Les obus qui s’y abattent sont désormais tirés par les rebelles.  »

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/international/article/2017/03/03/sur-la-ligne-de-front-la-guerre-sans-fin-du-donbass_5088718_3210.html#2E1Uq2GF8ZIsy2PH.99

    Dans quelle mesure l’article ci dessus (assez verbeux) reflète vraiment la réalité ? Pour une guerre on aimerait aussi des articles très factuels, nombre de tirs de chasue côté, et d’après ce que je sais les tirs viennent plutôt de l’armée Ukrainnienne

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  • Lydia // 04.03.2017 à 10h15

    Dans le flot d’informations inflationnistes,entre
    fake news et nos news, »La vraie news  » a beaucoup de mal à émerger.La démocratie
    s’en trouve bien malmenée.

      +1

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    • georges glise // 04.03.2017 à 14h39

      l’article de monsieur michel développe une analyse qui explique comment les médias fabriquent l’information, qu’ils font passer pour leur vérité, et stigmatisent ensuite les autres médias, sites ou blogs qui ne suivent pas leur vérité. si vous le trouvez long, faites-vous un petit résumé!

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  • georges glise // 04.03.2017 à 14h25

    nous sommes apparemment tous d’accord ici pour rejeter les pseudo-vérités diffusées par les médias main stream qui ne reflètent que l’opinion du journaliste ou les orientations que lui donne sa hiérarchie, très loin d’un pluralisme salutaire. mais moi je rejette aussi les réseaux dits « sociaux comme fesse de bouc ou touille-terre, car ils sont en réalité anti-sociaux car leur seul but est d’enrichir leurs actionnaires, les zuckerberg et compagnie. j’ai pas envie de faire grossir la montagne de sucre! si vous connaissez un réseau vraiment social à but non lucratif, merci de me donner ses coordonnées!

      +1

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