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17.octobre.202017.10.2020 // Les Crises

Procès Assange Jour 16 : Des témoins anonymes détaillent le projet présumé de la CIA pour éliminer Assange

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Source : Consortium News, Joe Lauria
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Consortium News suit virtuellement le déroulé du procès de Julian Assange à Old Bailey à Londres. Chaque jour, il publie un compte rendu détaillé de l’audience. L’équipe Les-Crises vous en propose la traduction exclusive.

5h05 EDT : la cour est en session. Le premier témoin de la défense est Maureen Baird, ancienne directrice du Metropolitan Correctional Center (MCC) à Manhattan.

Lors de la séance du matin, Maureen Baird, ancienne directrice du Metropolitan Correctional Center (MCC) de Manhattan, a déclaré qu’elle pensait qu’Assange serait mis en isolement en vertu de mesures administratives spéciales (MAS), à la fois avant le procès au centre de détention Alexander et, si Assange est condamné, à ADX Florence, dans le Colorado.

Elle a déclaré qu’elle fondait cette croyance sur ce que l’assistant du procureur américain Gordon Kromberg avait écrit sur les MAS en rapport avec Assange. Baird, qui a supervisé l’isolement avec les MAS au MCC pour un maximum de 15 prisonniers, a déclaré que le gouvernement ne mentionne généralement pas les MAS s’il n’a pas l’intention de les utiliser.

D’après son expérience, les MAS signifient qu’un détenu sera dans sa cellule 23 à 24 heures par jour, qu’il sera relâché une fois par jour dans une pièce adjacente où il pourra, selon les mots de Kromberg, « se recréer » et qu’il n’aura droit qu’à un appel téléphonique de 30 minutes ou deux appels de 15 minutes par mois avec les membres de sa famille autorisés.

Ces appels devaient être organisés deux semaines à l’avance pour qu’un agent du FBI et, si nécessaire, un interprète, soient en place pour surveiller les appels. Elle a contesté l’affirmation de Kromberg selon laquelle il existait un service de courrier « fluide », affirmant que chaque courrier était filtré, ce qui signifie qu’un courrier pouvait prendre des mois à être distribué.

Elle a déclaré que le contact avec d’autres prisonniers était strictement interdit. Baird a déclaré que le nombre de prisonniers sous MAS dans l’établissement de Manhattan a augmenté après le 11 Septembre, « quand tout a changé » dans le système carcéral. Les MAS ont vu le jour après l’attentat d’Oklahoma City.

Elle a déclaré que les MAS étaient une directive du procureur général et que leur mise en œuvre ne pouvait donc pas être modifiée dans les différentes prisons. Les MAS étaient les mêmes partout où elles existaient aux Etats-Unis, a-t-elle dit. Elle a déclaré qu’elle avait entendu parler des MAS dans d’autres prisons lors de conférences nationales avec d’autres directeurs de prison.

« M. Kromberg a suggéré que lorsqu’un détenu a deux examens par an, il peut contester les MAS avec un gestionnaire de cas, mais en tant que gestionnaire de cas moi-même, j’ai vu que rien ne se passerait », a déclaré Mme Baird. « Un gestionnaire de cas n’a pas le pouvoir d’apporter des changements aux MAS. »

Baird a témoigné que si les MAS en isolement n’étaient pas supposées être punitives, mais seulement pour empêcher un prisonnier de communiquer avec le monde extérieur pour des raisons de « sécurité nationale » – que ce soit pour le terrorisme ou l’espionnage – le fait d’être détenu dans le cadre de MAS équivalait en fait à une punition.

Elle a déclaré que cela peut conduire à « une dépression sévère en isolement, de l’anxiété, de la paranoïa, une perte de poids », et est généralement préjudiciable à la santé mentale.

Fitzgerald lui a demandé si un prisonnier soumis à des MAS pouvait être hospitalisé si nécessaire. « Il faudrait être presque mourant pour aller au centre médical », a-t-elle répondu.

Baird a également contesté l’affirmation de Kromberg selon laquelle il existait des programmes de groupe pour les personnes soumises aux MAS. « Ils peuvent recevoir un appel téléphonique supplémentaire, » mais « je ne vois pas où ou comment cela se passe, car cela va à l’encontre de l’idée même des MAS.

8h10 EDT : Juste avant la pause déjeuner, la défense a déclaré vouloir appeler des témoins anonymes. La juge Vanessa Baraitser a déclaré qu’elle déterminerait si elle acceptait l’anonymat lorsque le tribunal reprendrait ses travaux.

La juge Vanessa Baraitser a accordé l’anonymat à deux témoins de la société de sécurité espagnole UC Global pour qu’ils puissent faire lire leur témoignage au tribunal ce jeudi concernant un présumé projet de la Central Intelligence Agency (CIA) visant à enlever ou à empoisonner Julian Assange.

Les deux témoins ont déjà témoigné sous protection dans une affaire judiciaire espagnole contre David Morales, fondateur et directeur d’UC Global. La société a été engagée par le gouvernement équatorien pour assurer la sécurité de son ambassade à Londres, où Assange a vécu pendant sept ans jusqu’à son arrestation l’année dernière.

Selon les articles de presse, les témoignages en Espagne ont détaillé la manière dont Morales travaillait avec des « amis américains », prétendument la CIA, pour diffuser en continu des images vidéo et audio de la chambre d’Assange aux États-Unis, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, y compris la surveillance des conversations privilégiées d’Assange avec ses avocats.

Cela signifierait que le gouvernement poursuivant Assange avait écouté les préparatifs de sa défense, un délit qui, en temps normal, entraînerait l’annulation de son procès.

Les témoins espagnols ont demandé la même protection au tribunal de Baraitser que celle dont ils bénéficient au tribunal espagnol par crainte de représailles de la part de Morales. La police espagnole a fait une descente à son domicile et a trouvé des armes chargées avec leur numéro de série effacé.

James Lewis QC, représentant du gouvernement américain, a déclaré à la cour qu’il ne pouvait pas obtenir d’instructions du ministère de la Justice sur l’opportunité de contester le témoignage de jeudi en raison d’une « muraille de Chine » qui est censée exister entre le ministère de la Justice et d’autres agences fédérales, telles que la CIA, pour empêcher que les poursuites soient motivées par des raisons politiques. (C’est un mur avec des trous. Nous avons entendu des témoignages à ce sujet dans cette affaire).

Il y a donc le spectre de témoignages accablants lus dans l’affaire d’extradition d’Assange sur le fait que la Central Intelligence Agency prévoit d’enlever ou d’empoisonner Assange, qui ne seront pas contestés par les États-Unis. L’accusation sera informée de l’identité des témoins et dispose de 24 heures pour les contrôler.

Ce jeudi devrait être le jour le plus explosif et peut-être le plus décisif de cette procédure.

Au cours de son réinterrogatoire du témoin Maureen Baird plus tôt dans la journée, l’avocat de la défense Edward Fitzgerald lui a demandé comment le gouvernement américain détermine quels prisonniers sont mis à l’isolement en vertu de mesures administratives spéciales (MAS). Elle a répondu que c’est le procureur général en concertation avec les services de renseignement américains.

Fitzgerald : « On vous a interrogé sur la procédure d’imposition et de retrait des MAS et sur le fait qu’elle pourrait inclure une agence de renseignement. Est-ce la CIA ? »

Baird : « Cela pourrait être la CIA, le FBI, le contrôle des frontières, ainsi que le procureur général des États-Unis et le procureur général ».

Fitzgerald : « Si la CIA était impliquée, serait-elle consultée ? »

Baird : « Oui, avec le bureau des opérations d’application de la loi du Ministère de la justice. »

Fitzgerald : « Donc ce que la CIA pense d’un détenu serait un facteur important ? »

Baird : « Oui. »

Il est clair que Fitzgerald préparait la bombe de l’après-midi sur les témoins anonymes et ce qu’ils pourraient dire sur le rôle de la CIA dans la tentative de nuire à Assange. Cette même agence pourrait avoir une grande influence sur le fait qu’Assange soit mis en isolement avec des mesures administratives spéciales.

Source : Consortium News, Joe Lauria, 29-09-2020
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

RGT // 17.10.2020 à 10h30

De toutes façons, à moins d’utiliser les mêmes techniques « bienveillantes » que les agences gouvernementales à l’égard des dirigeants de ces agences et des membres réellement influents de l’administration et des gouvernements, sans oublier bien sûr les membres influents des « médias objectifs (rapt, torture, calomnie jamais reconnue et autres bienfaits) puis un échange de prisonniers entre ces « grands serviteurs de l’état » et Julian (assorti bien sûr d’un contrat stipulant que Julian ne sera plus JAMAIS poursuivi sa vie durant), l’affaire est bouclée.

La seule manière efficace de faire plier ces « élites » autoproclamées consiste simplement à utiliser les mêmes armes qu’eux pour équilibrer les chances.

Seuls les anarchistes du début du XXè siècle l’avaient compris, ce qui avait réellement mis les « élites » en PLS.

Tout le reste n’est que foutaises et rien ne changera tant que la population n’aura pas pris conscience de ce simple fait. Quand votre adversaire fait preuve d’une violence infinie, le seul moyen de le combattre consiste simplement à se montrer au moins aussi violent que lui.

C’est vraiment désespérant, surtout pour un pacifiste convaincu, mais c’est comme ça.
Relisez Prodhon, « Être gouverné » comme petite piqûre de rappel des « bienfaits » d’être gouverné par des « élites » qui ne pensent qu’à leur propre intérêt.

3 réactions et commentaires

  • cover // 17.10.2020 à 07h44

    allez sur le site de Wikileaks pour faire un don, soutenir Assange :
    https://wikileaks.org/
    Cete année, les cadeaux de Noêl, ce sera à partir de leur boutique !
    https://wikileaks.org/

    c’est le minimum à faire…

      +4

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  • RGT // 17.10.2020 à 10h30

    De toutes façons, à moins d’utiliser les mêmes techniques « bienveillantes » que les agences gouvernementales à l’égard des dirigeants de ces agences et des membres réellement influents de l’administration et des gouvernements, sans oublier bien sûr les membres influents des « médias objectifs (rapt, torture, calomnie jamais reconnue et autres bienfaits) puis un échange de prisonniers entre ces « grands serviteurs de l’état » et Julian (assorti bien sûr d’un contrat stipulant que Julian ne sera plus JAMAIS poursuivi sa vie durant), l’affaire est bouclée.

    La seule manière efficace de faire plier ces « élites » autoproclamées consiste simplement à utiliser les mêmes armes qu’eux pour équilibrer les chances.

    Seuls les anarchistes du début du XXè siècle l’avaient compris, ce qui avait réellement mis les « élites » en PLS.

    Tout le reste n’est que foutaises et rien ne changera tant que la population n’aura pas pris conscience de ce simple fait. Quand votre adversaire fait preuve d’une violence infinie, le seul moyen de le combattre consiste simplement à se montrer au moins aussi violent que lui.

    C’est vraiment désespérant, surtout pour un pacifiste convaincu, mais c’est comme ça.
    Relisez Prodhon, « Être gouverné » comme petite piqûre de rappel des « bienfaits » d’être gouverné par des « élites » qui ne pensent qu’à leur propre intérêt.

      +13

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  • Tundra // 17.10.2020 à 18h25

    Bizarre vous avez dit bizarre?
    Qui pourrait en vouloir à ce brave Homme qui n’a fait que son travail comme tout journaliste devrait le faire ; bien au contraire il mérite tous les honneurs en espérant que cela ne soit pas posthume.
    Quelle est belle notre démocratie imposée à coups de bombes, armes chimiques, nucléaires sans bien entendu passer les innombrables cas de tortures et détentions illégales.
    Comment mieux s’y prendre pour museler la presse libre?

      +1

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