Les Crises Les Crises
14.janvier.202014.1.2020
Article LesCrises

Puissance et impasse de l’européisme en France – Par Éric Juillot

Source : Les Crises, Éric Juillot, 23-12-2019 Dans l’ordre idéologique, la situation actuelle de la France relève d’un paradoxe : l’européisme domine de manière hégémonique les mondes politique, médiatique et académique, il creuse depuis plus de trente ans un profond sillon dans la vie politique nationale — jusqu’à en déterminer au grand jour le cours […]
Merci 337
J'envoie

Source : Les Crises, Éric Juillot, 23-12-2019

Dans l’ordre idéologique, la situation actuelle de la France relève d’un paradoxe : l’européisme domine de manière hégémonique les mondes politique, médiatique et académique, il creuse depuis plus de trente ans un profond sillon dans la vie politique nationale — jusqu’à en déterminer au grand jour le cours et même la finalité —, alors même qu’il est minoritaire au sein du corps électoral et que les choix politiques auxquels il a conduit se sont tous révélés néfastes, sinon catastrophiques pour notre pays [1].

À quoi tient donc la force de l’européisme, pourquoi est-il encore l’idéologie dominante, largement imperméable à ses échecs ?

Un noyau dur : «L’Europe» salvatrice et rédemptrice

Comme toutes les idéologies, l’européisme repose sur un certain nombre de croyances, érigées en certitudes absolues et rationnellement étayées par des arguments supposément objectifs. L’ensemble ne produit pas vraiment un système, où chaque idée s’agencerait dans un tout cohérent et hiérarchisé, mais ce n’est pas là une exigence indispensable à la solidité de l’édifice idéologique. En fait, le flou des contours et l’incertitude quant aux tenants et aboutissants du discours idéologique contribuent à le renforcer ; il prospère bien plus sur des éléments de croyance que sur des arguments passés au feu de l’examen critique distancié.

La domination actuelle de l’européisme en constitue un exemple flagrant : depuis trente ans, la rhétorique pro-Union Européenne n’a jamais dépassé le stade du lieu commun généraliste ; les mêmes arguments tournent en boucle en dépit de leur indigence ; ils sont repris sans sourciller par chaque nouvelle génération de militants, convaincus — à raison apparemment — que l’exaltation et la ferveur rendent superflue l’épaisseur argumentaire [2].

Cela permet à ce discours de s’étendre à grande échelle plus efficacement que ne le ferait un système, dont la netteté rationnelle susciterait facilement des prises de position tranchées susceptibles d’alimenter un débat de fond forcément préjudiciable à la cause. Quiconque observe l’européisme de loin, sans en distinguer les contours, peut y adhérer mollement, sans trop y penser ; quiconque l’observe de près dans le cadre d’un examen critique est obligé de constater ses vices et ses failles.

À la racine de l’européisme, donc, une croyance, aussi diffuse qu’inébranlable : c’est de l’Union Européenne (UE), systématiquement dénommée « Europe » – selon une logique usurpatrice – que les Français et les autres peuples du continent obtiendront au cours de ce siècle la Rédemption et le Salut. La Rédemption pour nos crimes politiques du XXe siècle (guerres mondiales, guerres de décolonisation avec leurs lots de massacres et d’atrocités, etc.), et le Salut, car le Mal est encore en nous et ne demande qu’à renaître, à moins, précisément, que « l’Europe » nous en libère en le détruisant.

Une telle perspective pourrait aisément être qualifiée d’eschatologique — « L’Europe » ou la mort ! — si notre époque désenchantée n’empêchait pas l’expression de ce type d’absolu. Il faut plutôt parler, à son sujet, d’une eschatologie à la mode bourgeoise. La formule est vide de sens a priori, mais elle exprime l’idée d’un vague impératif catégorique, d’une exigence morale pour l’avenir conférant à l’européisme juste ce qu’il lui faut d’idéalisme pour que ses partisans s’accommodent sans effort des injustices et des crises que son déploiement provoque en cascade dans l’immédiat.

« L’Europe » est ainsi érigée, depuis la fin des années 1980, comme une fin en soi, quand la construction européenne n’était jusque-là qu’un moyen au service des États. C’est de ce renversement de perspective qu’est né l’européisme [3], dont la formalisation conceptuelle a été ensuite réalisée au cours des années 1990, selon les vues idéologiques alors à la mode [4] : fin du politique et même fin de l’Histoire par le dépassement de l’État, de la nation, de la souveraineté, du territoire… autant de piliers de l’univers politique moderne réduits à néant par le triomphe de l’individu, du droit et du marché, etc. « L’Europe » comme accomplissement final du genre humain, stade ultime de son évolution [5].

L’européisme doit donc en partie son succès à ce qu’il semble en mesure de concrétiser, à court ou moyen terme, les idées et les espoirs politiques brièvement portés au pinacle de la vie intellectuelle à la fin du XXe siècle. Il constitue un énième avatar du mythe du progrès, mythe en crise depuis plus d’un siècle, mais dont la version molle a trouvé dans l’UE un réceptacle commode.

Le paradoxe veut que sa mollesse lui confère une indéniable résistance : on y croit, mais pas trop (personne ne mourra pour lui) et cette croyance confère à ceux qui y adhèrent une assise temporelle agréable, du fait d’un ancrage léger dans un avenir radieux, ainsi que le confort d’appartenir, pour le présent, au camp du Bien. De la tribu gauloise à « l’Europe » incarnée, l’évidence d’une évolution linéaire et graduelle vers un degré de civilisation toujours plus élevé, la certitude d’une arrivée prochaine à cet aboutissement incite à se débarrasser au plus vite des derniers vestiges politiques du XXe siècle, à commencer par l’appartenance nationale.

L’européisme se déploie en effet, dans certains milieux, d’autant plus facilement qu’il n’y rencontre plus l’obstacle que l’idée nationale représentait historiquement face à lui. Des années 1950 aux années 1980, cette idée était encore assez forte pour résister avec succès à la montée en puissance du projet communautaire. Le grand basculement qui rend possible la naissance de l’UE a pour condition foncière le déclin de la nation dans son sens politique. Il est désormais possible de lui ôter sa substance — en l’espèce, sa souveraineté — dans l’espoir d’en habiller la déesse « Europe » nouvellement sortie des eaux.

Une telle opération n’a pu être concevable qu’à la faveur d’un changement profond de la culture politique de notre pays : l’étiolement, en quelques décennies, du sentiment d’appartenance à la nation. Ce sentiment a fait l’objet d’une désacralisation, de 1918 à la Seconde Guerre mondiale, puis d’une démythification de 1945 aux années 1970 pour atteindre enfin le stade du déni à partir des années 1980 [6]. C’est l’abaissement de la référence nationale, particulièrement net au sein des élites culturelles du pays, qui permet le passage à « l’Europe ». La nation n’est plus, au choix, qu’une forme ancienne et dangereuse, ou une forme vide, sans contenu autre qu’artificiel et superflu. Bref : une illusion trompeuse dont il est temps de se débarrasser.

La croyance en l’« Europe » salvatrice correspond donc à un moment très particulier de notre histoire nationale. On l’observe tout particulièrement dans les couches supérieures de la population, où elle fait office de marqueur identitaire et où elle détermine des convictions aussi vagues qu’inébranlables.

Caractéristiques sociologiques du bloc élitaire

« Bloc élitaire » [7] ou « bloc bourgeois » [8] : quelle que soit l’expression retenue, elle désigne cette fraction du peuple français qui regroupe l’immense majorité des personnes disposant d’un niveau d’instruction, de qualification et de revenus sensiblement supérieur à la moyenne. Si ces contours sont flous, les dernières élections permettent néanmoins d’estimer qu’il représente entre 20 et 30 % du corps électoral.

S’il présente évidemment une hétérogénéité politico-idéologique interne, l’européisme concourt puissamment à son homogénéité. Il en constitue le ciment et la force politique, puisqu’il explique presque à lui seul le succès du champion que le bloc s’est trouvé, à l’occasion des dernières élections présidentielles. « L’Europe » a constitué en effet le thème fédérateur de son programme, ainsi qu’un efficace paravent idéaliste, utile pour cacher l’entreprise néolibérale de régression sociale portée par le nouveau président.

Sociologiquement, le bloc est composé des groupes suivants : les « 1 % » les plus riches du pays en font intégralement partie. Leur soutien à l’UE va de soi puisqu’elle est l’un des garants les plus solides à l’échelle planétaire d’un capitalisme financier dont ils tirent leur immense fortune. Numériquement très faibles, ils disposent d’une force de frappe financière qui leur confère une réelle influence politique (notamment par leurs poids dans le monde de la presse écrite).

À ce petit groupe s’ajoute celui, beaucoup plus vaste, des cadres supérieures du secteur privé, résidents au cœur des grandes métropoles, maîtrisant l’anglais, appelés à se déplacer fréquemment à l’étranger dans le cadre de leur métier, mais aussi à l’occasion des vacances. Ce groupe constitue les gros bataillons des élites nomades, déterritorialisées, qui croient vivre « l’Europe » au quotidien par leur ouverture sur le monde, pour qui le patriotisme est une valeur désuète et le décentrement que procure l’expatriation une fin morale supérieure. « L’Europe » est dans ces milieux une évidence inquestionnée, d’autant plus aisément que leur retranchement au cœur des métropoles les dispense d’en constater les effets délétères ailleurs dans le pays.

Il faut ajouter à ce groupe la majorité des cadres supérieurs de la fonction publique. S’ils ne disposent pas d’un niveau de revenus comparables à leurs homologues du secteur privé, ils ont en revanche le sentiment de former une élite culturelle dont le principal marqueur réside dans un cosmopolitisme de bon aloi, un universalisme vide et, par conséquent, une adhésion profonde à un « idéal » européen permettant de surmonter l’étroitesse et l’égoïsme d’une appartenance nationale identitairement pesante.

Il faut par ailleurs souligner la dimension sacrificielle de leur européisme, dans la mesure où ce dernier induit une politique économique objectivement défavorable à leurs intérêts : tous, dans leur milieu professionnel respectif, constatent depuis des décennies la dégradation continue de leurs conditions de travail, ainsi que leur sous-rémunération, dans un contexte global de recul de l’État imposé par le néolibéralisme bruxellois. Leur attachement à la cause européiste n’en est que plus étonnant, même si la sécurité de l’emploi dont ils bénéficient contribue beaucoup à son maintien. Il s’agit, enfin, de la fraction du bloc élitaire la plus encline à développer un discours critique à l’égard de l’UE, limité toutefois à quelques imprécations générales sur la nécessité d’une autre « Europe ».

Au quotidien, la cohésion du bloc est assurée par les médias idéologiquement conformes. Les citoyens appartenant à ce bloc lisent les mêmes journaux, les mêmes magazines ; tous écoutent les mêmes radios et regardent les mêmes émissions politiques, dont le spectre idéologique s’est réduit comme une peau de chagrin au fil des décennies.

Si quelques nuances de détails permettent encore de les différencier, tous sont d’accord sur l’essentiel. Les rédactions de ces médias étant toutes peuplées de journalistes issus sociologiquement du bloc et acquis inconditionnellement à l’européisme, le maintien des croyances et des convictions qui lui sont propres relève de la pure routine intellectuelle, d’un conformisme de tous les instants, d’une hygiène mentale élémentaire au nom de laquelle toute critique un peu véhémente de l’UE est immédiatement balayée comme relevant d’un populisme grossier. L’européisme médiatique vaut donc validation institutionnelle et quotidienne de cette idéologie ; elle est une part essentielle de sa force de résistance au réel.

Ce bloc élitaire est aujourd’hui fort de sa cohésion idéologique, de sa position sociale et de son contrôle hégémonique de l’univers médiatique. S’il domine politiquement, bien qu’il soit minoritaire, c’est à sa position centrale sur l’échiquier politique qu’il le doit. En 2017, à l’occasion de l’élection présidentielle, les électeurs du bloc ont formé le carré autour de leur champion, pour assurer la victoire de leur cause. Mais l’échec catastrophique du projet européiste et les premières convulsions sociales et politiques qui en découlent en France constituent à court terme une menace mortelle pour le bastion « centriste » [9].

En attendant la prochaine vague

Le temps où l’on pouvait culpabiliser les masses rétives à coup d’arguments massue du type « L’Europe-c’est-la-paix » ou « L’union-fait-la-force », ce temps-là est révolu [10]. Il n’est plus possible aujourd’hui de frapper ainsi d’interdit toute critique de l’UE dans son principe même, au motif que ce serait là une manière stupide et dangereuse de concevoir les choses. Mais l’aveuglement règne en maître à l’intérieur du bloc élitaire, où personne ne comprend que la colère populaire s’enracine dans les échecs en cascade du projet européiste, tout à la fois porteur de dévitalisation démocratique, de régression sociale et de déclin économique pour notre pays.

À mesure qu’il s’accroche à son univers idéologique failli, le bloc élitaire cloue son cercueil électoral, aussi sûrement que l’a fait avant lui le défunt parti socialiste, dont l’européisme a été le tombeau. S’il ne tenait pas la position centrale — celle des partisans de l’immobilisme —, il n’aurait aucune chance de se maintenir au terme de l’actuel mandat présidentiel. Mais il ne peut rien espérer d’autre que de gagner du temps, au risque d’aggraver dans des proportions vertigineuses la crise politique qui secoue aujourd’hui la France, et en attendant d’être balayé lorsque son positionnement politique sera clairement perçu par tous pour ce qu’il est, à savoir un extrémisme d’un genre nouveau, d’autant plus dangereux qu’il est au pouvoir.

La fracture idéologique qui abîme aujourd’hui le pays doit être réduite au plus vite ; le bloc au pouvoir ne peut pas continuer à gouverner conformément à ses convictions idéologiques et à ses intérêts bien compris, car cela revient à une usurpation si grave de l’intérêt général qu’elle mine la démocratie dans ses fondements.

Pour l’avenir, la subversion de l’ordre idéologique en place peut suivre deux voies : celle du renouveau immédiat, ou celle du renouveau différé, précédé d’une phase de pourrissement et de convulsions. Le renouveau immédiat ne peut venir que du sommet du bloc élitaire lui-même. Après le raidissement dans la défense d’un régime de domination idéologique inique et à bout de souffle, devrait logiquement venir le temps du renoncement aux croyances qui le structurent ; un renoncement lié au constat de ses échecs, de son impasse et de son rejet par le plus grand nombre.

Le pouvoir en place est-il capable d’un tel aggiornamento idéologique ? Nul ne peut le prévoir, mais la claire conscience de son intérêt immédiat, couplée à la volonté de ses électeurs de maintenir leur position sociale dominante, pourrait agir dans ce sens — d’autant plus que même ceux qui ont historiquement bénéficié du système en place commencent à souffrir de ses contradictions terminales [11].

Autre hypothèse, celle du renouveau différé, autrement dit, dans l’immédiat, du pourrissement : il peut résulter de la fuite en avant et de l’autoritarisme accru du pouvoir en place ; il peut être prolongé par son éventuelle victoire en 2022 aussi bien que par la victoire de son principal adversaire, le RN, les deux partis rivaux communiant dans la même nullité idéologique. Tout au long de cette période de pourrissement, l’ordre idéologique en place pourrait être soudainement balayé par une émotion populaire d’une ampleur plus grande encore que celle des Gilets-Jaunes en 2018-2019.

Quoi qu’il en soit, à court ou à moyen terme, la destruction de l’européisme comme idéologie dominante est devant nous : elle ne pourra pas survivre éternellement à la faillite de toutes ses tentatives de concrétisation et à la colère montante du peuple. Seule la reconstruction d’un ordre économique souverain permettra de régénérer la vie politique et de restaurer la prospérité économique dans notre pays.

Éric Juillot

Sources :

[1] Est-il nécessaire de les rappeler ? Au plan économique, la construction européenne, qui devait nous rendre plus forts, n’a pas réduit (elle les a plutôt renforcés) ces maux que sont le chômage de masse, la désindustrialisation, le déficit commercial, la remise en cause de la protection sociale et du droit du travail… Au plan géopolitique, l’UE est restée un nain, mais l’espoir de la voir grandir a été un des ressorts du retour de la France dans l’OTAN en 2008, vingt ans après la fin de la Guerre froide (il fallait donner des gages d’atlantisme à nos partenaires européens pour en obtenir l’adhésion à l’idée d’une défense européenne) !

[2] Cela même si le cœur militant — en l’espèce, les intellectuels organiques qui dominent l’espace médiatique — aime à se persuader du contraire. Pour reprendre la formule d’Alain Besançon, si les fidèles d’une religion « savent qu’ils croient », les idéologues, eux, « croient qu’ils savent ».

[3] Consacré institutionnellement par le passage de la CEE à l’UE en 1992.

[4] Voir notamment les travaux de Fukuyama et Hobsbawm, emblématiques de cette période.

[5] Le recours massif au préfixe « post » traduit toutefois une incertitude et la difficulté à penser en dehors du cadre ancien : post-national, post-politique, post-démocratique etc.

[6] Pour un développement argumenté, voir E. JUILLOT, La déconstruction européenne, 2011, éditions Xénia.

[7] Expression employée par Jérôme Sainte-Marie, dont les lignes suivantes s’inspirent. Voir notamment : https://www.marianne.net/debattons/entretiens/jerome-sainte-marie-la-dynamique-elitaire-du-macronisme-prepare-l-ascension-du

[8] B. AMABLE et S. PALOMBARINI, L’illusion du bloc bourgeois, Raisons d’Agir, Paris, 2018.

[9] C’est d’ailleurs la cause foncière du raidissement autoritaire de l’appareil politico-médiatique dans le traitement de la révolte des Gilets-jaunes : chacun sent au sommet que la fin approche, sauf peut-être à recourir à la violence pour contenir les hordes barbares.

[10] Depuis une quinzaine d’années en fait. La faible portée concrète de ces arguments était déjà observable à l’occasion de la campagne référendaire de 2005 pour ou contre la « constitution » de l’UE.

[11] Notamment par la baisse du rendement du capital rentier de l’assurance-vie sous l’effet destructeur des taux négatifs des obligations d’État.

Source : Les Crises, Éric Juillot, 23-12-2019

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Fritz // 14.01.2020 à 07h39

« L’Europe » immaculée, ainsi que la condamnation du « nationalisme » et du « populisme » sont des croyances molles et pesantes à la fois, des arguments d’autorités aux fondements branlants. Pendant la campagne référendaire en 2005, le contraste était net entre les généralités assénées par les européistes, le camp du OUI ou « bloc élitaire », et les arguments précis des défenseurs du NON, car eux s’étaient donné la peine de lire le texte du Traité constitutionnel européen (TCE), et de le citer précisément, article par article.

Un jour, on se demandera comment on a pu accrocher des drapeaux européens aux bâtiments publics, et comment les Français ont pu laisser leurs présidents (à partir de Mitterrand et Chirac), puis leurs ministres (à partir de Sarkozy et Hollande) jacter devant les deux drapeaux, le drapeau mariolâtre européiste venant annuler le drapeau français du Peuple souverain.

43 réactions et commentaires

  • Fritz // 14.01.2020 à 07h39

    « L’Europe » immaculée, ainsi que la condamnation du « nationalisme » et du « populisme » sont des croyances molles et pesantes à la fois, des arguments d’autorités aux fondements branlants. Pendant la campagne référendaire en 2005, le contraste était net entre les généralités assénées par les européistes, le camp du OUI ou « bloc élitaire », et les arguments précis des défenseurs du NON, car eux s’étaient donné la peine de lire le texte du Traité constitutionnel européen (TCE), et de le citer précisément, article par article.

    Un jour, on se demandera comment on a pu accrocher des drapeaux européens aux bâtiments publics, et comment les Français ont pu laisser leurs présidents (à partir de Mitterrand et Chirac), puis leurs ministres (à partir de Sarkozy et Hollande) jacter devant les deux drapeaux, le drapeau mariolâtre européiste venant annuler le drapeau français du Peuple souverain.

      +69

    Alerter
    • D’Aubrac // 14.01.2020 à 13h18

      « L’Europe immaculée ». Votre formulation est pertinente. Elle met en lumière un élément psychologique enfoui, sinon refoulé : le drapeau sans tâche de « l’Europe immaculée » sert à contrebalancer les horreurs en tous genres dont on nous répètent, depuis 40 ans, et désormais l’histoire officielle, qu’elles souillent le drapeau national.
      D’où les exercices de jactance, devant les deux drapeaux, de nos souverains dépossédés, depuis Maastricht, de quasiment tous les pouvoirs.

      Drapeau national : celui de la flagellation. Drapeau marial de l’UE, (organisation se prétendant l’Europe) : celui de la rédemption.

        +16

      Alerter
    • dressstone // 15.01.2020 à 09h56

      Le drapeau de l’UE vient du Nouveau Testament, Apocalypse de saint Jean, 12 « Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et 12 étoiles couronnent sa tête : elle est enceinte et crie dans les douleurs de l’enfantement. »
      Tiré de « l’europe fantôme  » Régis Debray.

        +4

      Alerter
  • Kokoba // 14.01.2020 à 09h20

    J’ai toujours autant de mal à comprendre cet Européisme fanatique.

    Bien sur, je comprend parfaitement la logique décrite dans cet article, comment et pourquoi les classes supérieures en sont arrivé là.
    Mais Quid des gens normaux, dans la vie de tous les jours ?

    Quand je discute autour de moi, si j’essaye de mettre le sujet sur la table, les gens sont totalement paniqués à l’idée de quitter l’UE ou l’Euro.
    Impossible de seulement en discuter, c’est totalement irrationnel.

    Il y a un impensé que je n’arrive pas à comprendre.
    Il faudrait demander à un psy…

      +36

    Alerter
    • hictaib // 14.01.2020 à 09h45

      Je constate également la même chose autour de moi, aborder ne serait-ce l’idée que de quitter l’UE et un regard de doux dingue se pose sur vous. Pour moi cela repose sur quelques facteurs qui s’auto-combinent :

      – Le premier et plus elementaire d’entre eux, le fait que depuis l’école l’Europe nous est présenté comme positif absolue et vecteur de paix unique du monde post deuxième guerre mondiale. Ceci sans contrepoint aucun. Il m’a fallu atteindre 22-23 ans (j’en suis à la mi trentaine aujourd’hui) et internet pour avoir d’autres points de vue qui ont changés mon regard sur l’UE et l’Euro. Ceci m’amène à mon deuxième point.

      – On le dit et redit ici, la presse, en France en particulier, n’informe pas et ne présente aucun élément permettant au citoyen de se faire un réel avis sur l’UE. Les présentateurs, baisés, et les éditocrates vont tous dans le même sens. Si un pro UE est au micro, aucune question difficile, tout dans le sens de l’UE géniale. A l’inverse, si l’interviewé est contre l’UE alors, Ô miracle, soudain le journalisme sait creuser et en devient même hargneux.

      Il faut reposer tellement de base de comprehension pour changer l’avis de quelqu’un sur l’UE que c’est chose impossible dans une discussion de 15 ou même 30 minutes car « Oui mais sans l’Euro on ne pourrait plus voyager », « Oui mais avec l’UE on est fort », « Oui mais on aurait plus de protection » et surtout « Oui mais sans l’UE on aurait la guerre ».

        +33

      Alerter
      • Zeika // 14.01.2020 à 14h57

        Il y a des exemples clairs à donner face à ce genre de phrases creuses (modèle exemplaire de la loi de Brandolini « the amount of energy necessary to refute bullshit is an order of magnitude bigger than to produce it »):
        – « Oui mais sans l’euro on ne pourrait plus voyager »: l’angleterre n’a pas l’euro, ça vous empêche d’y aller ? Idem pour les USA, le Maroc, etc… à adapter en fonction de l’interlocuteur et de ses préférences touristiques 🙂
        – « Oui mais avec l’UE on est fort »:
        Pour faire le poids contre les GAFAM? On ne peut pas faire passer de législation sur des taxes sans accord unanime et l’Irlande s’est associée à Apple pour faire appel et ne pas toucher l’argent auquel elle avait droit …. C’est mal parti….
        Pour favoriser les entreprises européennes? La Croatie fait construire un pont de 2km avec de l’argent de l’UE par le géant du BTP Chinois, … On se marre quand????
        – « Oui mais on aurait plus de protection »: Comme le code du travail qui a été détruit sur demande de la commission européenne ? les droits sociaux (chômage, retraite) qui sont dans le viseur de cette même commission? la santé qui est en train d’être privatisée ? idem pour l’éducation ….. On peut continuer la liste très longtemps….
        – « Oui mais sans l’UE on aurait la guerre »:
        Sur le continent européen: Vous avez déjà entendu parlé d’un pays appelé Yougoslavie ??? Il a disparu quand déjà ???? Haaaa oui 1992, avant il regroupait les pays suivants: Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie, Macédoine du Nord

          +16

        Alerter
        • Zeika // 14.01.2020 à 15h04

          et pour plus de précisions:
          En dehors du continent depuis 1990 (guerres françaises uniquement): Irak entre 90 et 91, Guerre civile djiboutienne 1991 à 2001, Guerre de Bosnie-Herzégovine 92 à 95, Guerre du Kosovo entre 98 et 99, Guerre d’Afiganistan 2001 à 2014, Crise politico-militaire en Côte d’Ivoire de 2002 à 2011, Première guerre civile centrafricaine de 2004 à 2007, Première guerre civile libyenne mars/oct 2011, Guerre du Mali depuis 2013 (toujours en cours), Troisième guerre civile centrafricaine déc 2013 à oct 2016, Guerre contre l’Etat islamique depuis sept 2014 (toujours en cours).
          Mais « l »Europe c’est la paix » XD

            +12

          Alerter
      • Jean Aymard // 16.01.2020 à 20h44

        En effet, depuis l’école, on nous enseigne que l’europe, c’est le bien, qu’on a choisit de faire l’europe pour faire la paix avec nos voisin, qu’ensemble on est plus fort, etc. Tout cela est un dogme jamais remis en cause depuis l’école primaire ! Lutter contre ça revient à remettre en cause les fondements de nos repère sociaux culturels habituels, c’est très compliqué et angoissant. Alors, quand vous posez ensuite la question aux adultes « Faut-il sortir de l’UE ? » il y a comme un grand vide existentiel qui se dessine dans leur esprit. Cela revient à imaginer abandonner un carcan confortable et connu pour une plongée dans l’inconnue. Et c’est une pensée très angoissante, donc forcément combattue.
        Les européens d’aujourd’hui crèvent à petit feu pour la construction de cette UE. Mais ils préfèrent mourir (même au sens figuré) en s’accrochant à cette chimère empoisonnée mais CONNUE donc rassurante, plutôt que de faire le geste qui peut les sauver (se libérer) mais qui demande un saut dans l’inconnu.

          +1

        Alerter
        • Véro // 17.01.2020 à 09h36

          Je pense que pour beaucoup, l’idée d’abandonner l’UE est encore plus angoissante que ce que vous dites. Puisque l’ « Europe c’est la paix », « sortir de l’Europe » c’est la guerre. Carrément – ou bien une crise proche de la guerre – (et il est vrai que sur un plan objectif, on ne peut pas dire qu’à coup sûr ça n’arriverait pas).
          C’est cela qui explique l’angoisse perceptible dans les yeux de ceux à qui on dit qu’il faudrait un frexit.
          Et rien ne peut évidemment les rassurer et surtout pas les dirigeants qu’on se coltine depuis des décennies. Ils se disent sans doute « pourvu que l’UE ne s’écroule pas d’elle-même, parce qu’il n’y aurait personne en haut de l’Etat pour nous éviter de faire naufrage ».
          En plus les périodes de crise renforcent les peurs.
          Vouloir sortir de l’UE c’est donc accepter une vraie prise de risques, une possibilité qu’arrive une crise majeure voire une guerre, pas seulement un saut dans l’inconnu.

            +0

          Alerter
    • petitjean // 14.01.2020 à 16h02

      @Kokoba
      « c’est totalement irrationnel »
      non, c’est le fruit vénéneux de décennies de propagande ! Vous avez ainsi la preuve que la propagande ça marche formidablement bien. Et ce conditionnement des esprits commence dès l’enfance, à l’école !
      et vous avez ce même aveuglement, ce même irrationnel dans d’autres domaines……..

        +13

      Alerter
  • herve_02 // 14.01.2020 à 09h46

    Je ne sais pas si c’est si compliqué à comprendre.

    Il y a 2 choses qui se passent en même temps :
    – un libéralisme économique mortifère parce que l’état ne fait pas son travail.
    – un libéralisme sociétal qui nous protège un peu contre notre état facho.

    Le libéralisme économique permet à ceux qui ont les moyens de passer 2 jours dans un autre pays sans se payer x% de frais de change dans un sens et dans l’autre, de pouvoir ramener clope et alcool (légalement). Cela permet d’acheter des produits moins chers car fabriqués dans l’europe du 1./3 monde (celle qui continue à faire fermer nos usines). Et cette possibilité permet de survivre à la décroissance qui arrive.

    On peut chouiner mais il est impensable que la population dans sa majorité change de modèle de pensées tant que l’environnement economico-socio-culturel ne change également. Ainsi pouvoir changer de frigo sans y laisser 2 mois de salaire est important. Il sera temps d’apprendre à faire sans frigo, mais il faudra presque une génération.

    Et puis il y a le libéralisme sociétal, certaines choses bonnes, d’autres moins bonne, mais nous ne serions pas en europe, le gvt tirerait sur la foule à balle réelle. Pas 250 morts, mais peut être un ou deux et quelques blessés, pour faire peur. Il penserait que cela calmerait les gens et qu’il arriverait à maîtriser la colère-rebond qui en résulterait (ils sont un peu limité intellectuellement).

    Ainsi le libéralisme économique (qu’un état intelligent arriverait facilement à adoucir) à son pendant le libéralisme social qui nous protège du gvt.

      +4

    Alerter
    • Cornelius // 14.01.2020 à 12h41

      Je ne comprends pas ce que vous entendez par un libéralisme social qui nous protégerait des effets nuisibles du libéralisme économique. Le libéralisme est un bloc uni et cohérent, me semble-t-il. Cf Michea sur ce sujet.

      Le libéralisme social protège les gilets jaunes des tirs de lbd ?

        +15

      Alerter
      • gracques // 15.01.2020 à 07h16

        Pas des LBD , mais des balles …. le,Chili vous connaissez ?

          +1

        Alerter
        • Cornelius // 15.01.2020 à 09h27

          Le Chili, un pays en pointe dans l’application des dogmes libéraux….

          Pinochet, Chicago Boys, etc.

            +7

          Alerter
          • Larousse // 15.01.2020 à 16h08

            Cornelius . Je vous approuve : c’est effectivement marrant de voir des propos de Français qui, parfois, se rassurent eux-mêmes en disant « il y a pire ailleurs », tout en acceptant maintenant depuis 1983 la dégradation continuelle de leurs acquis sociaux (de 1945 à 1978 globalement…) Ben oui, « on est les deux pieds dans la merde… et on fait encore cocorico ») Ouvrez les yeux… la France décline par la volonté de la ploutocratie qui , elle, veut seulement s’adapter à la mondialisation, la population (ce n’est même plus sa population mais la) elle s’en fout royalement. Et le président Eborgneur ou qui fait des croche-pieds le prouve amplement…

              +7

            Alerter
  • Danjou // 14.01.2020 à 09h52

    Manque, et çà n’est pas rien, dans cette implacable critique de l’européisme, religion mortifère, l’évocation de la très sainte inquisition et la condamnation au silence absolu de courageux et rares hérétiques. Les opportunistes, faux résistants, ont intégré depuis bien longtemps la nécessité de se convertir pour continuer d’exister.

      +21

    Alerter
  • jean-pierre georges-pichot // 14.01.2020 à 11h07

    Il y a sur la toile une conférence sur les origines de la communauté européenne avec Annie Lacroix-Riz et un autre universitaire dont j’ai oublié le nom. Ils montrent que pour parler de l’idéologie européiste en France, comme d’ailleurs pour beaucoup d’autres choses, il faut remonter au minimum à la période de Vichy. C’est dans cet état de la gouvernance élitaire que les ressorts profonds de notre société se voient à l’état le plus pur et se comprennent le mieux. Mettons-nous cela bien dans la tête : le compromis gaullo-communiste de 1941-1945 est une parenthèse infime dans la continuité de la domination capitaliste, qui a toujours les mêmes formes et les mêmes discours, parce qu’il n’y a pas trente-six prétextes possibles. Nous vivons dans la queue de la comète résistancielle, mais sa densité est devenue infime et les bonnes vieilles habitudes ont repris toute leur vigueur. C’est cela qui arrive en particulier avec la police et la justice. On comprend mieux en regardant les années trente. Regardez Lallement et vous comprenez mieux Papon. Ou bien à l’inverse, renseignez-vous sur Pierre Pucheu, normalien, banquier puis ministre de l’Intérieur et fusilleur de syndicalistes et vous comprenez mieux Macron et consorts. Quant au prétexte européen pour réprimer et asservir sous couleur de fraternité, de solidarité et d’une civilisation à défendre, je renvoie au titre du ‘Matin’ du 22 juin 1941 annonçant l’entrée de la Wehrmacht en Union soviétique : « En avant, avec l’Allemagne, pour l’Europe ! ». Nous y re-sommes, avec cette fois les Etats-Unis en Hegemon.

      +32

    Alerter
    • Lilmoiss // 14.01.2020 à 22h54

      L’analyse d’Éric Juillot est largement insuffisante en ce qu’elle n’intègre aucune appréhension conséquente de la logique de lutte de classes … Des élites qui d’eux-mêmes “renonceraient aux croyances qui les structures”… ben voyons. Dans l’idéalisme on se place là

        +1

      Alerter
    • Dominique65 // 16.01.2020 à 23h51

      « renseignez-vous sur Pierre Pucheu, normalien, banquier puis ministre de l’Intérieur et fusilleur de syndicalistes et vous comprenez mieux Macron et consorts »
      A la différence de Pucheu, Macron a échoué deux fois à être normalien 😉

        +2

      Alerter
  • Rassemblement des Intellectuels et des Ouvriers (ROI) // 14.01.2020 à 14h31

    Bravo à l’auteur, qui décrit parfaitement un dogme dont j’ai réussi à me détacher lors de la campagne sur Maastricht, alors que j’étais sympathisant du Centre des démocrates sociaux (CDS), parti politique français classé au centre droit, de conviction démocrate-chrétienne. J’ai eu le malheur d’émettre des doutes sur le contenu du traité lors d’une réunion publique et ai fait l’objet immédiatement d’une telle réprobation que j’ai quitté ce milieu européiste que je considère désormais comme sectaire.
    Je distingue désormais mes convictions religieuses de mes options politiques (à César ce qui est à César, …).
    JP II avait pourtant prévenu : « Evitez les « Centres » de toutes sortes ».

      +10

    Alerter
  • Brigitte // 14.01.2020 à 17h56

    Il y aurait beaucoup à dire sur cet article.
    D’abord, je n’ai pas l’impression que l’auteur soit pour la sortie de l’UE et de l’euro sinon, il le dirait clairement…ou alors j’ai pas tout compris.
    Ensuite, quand il dit qu’une majorité de français est contre l’européisme, là aussi je ne comprends pas d’où il tire sa conclusion. Aucun sondage récent n’a été fait sur ce thème, bien trop risqué pour le gouvernement.
    Curieusement, l’UPR se maintient en dessous des 2% à chaque élection. Certes il n’est pas médiatisé et pas très populaire avec son ‘Frexit » sur les affiches électorales mais quand même faire moins que le parti animaliste, c’est très inquiétant. Ce parti n’est pas à la hauteur de l’enjeu et c’est bien dommage.
    Sur le fond, il y a aussi deux obstacles au souverainisme. La propagande européiste est bien rodée depuis l’après guerre. Le souverainisme est souvent assimilé au nationalisme et à l’extrême droite qui renvoie au fascisme et au nazisme, alors que ce dernier était un mouvement anti-étatique et pro-européen.
    Le souverainisme n’est donc pas en odeur de sainteté pour une large partie du spectre politique, de l’extrême gauche au centre droit, auréolée d’universalisme, cette spécialité française aussi prisée que le vin et le fromage…
    Donc universalisme et anti-fascisme font bloc surtout à gauche pour rejeter le souverainisme.
    Et si besoin, pour écarter toute velléité, le terme de populisme fait office de voiture-balais du cortège de l’argumentaire politiquement correct.

      +8

    Alerter
    • Fritz // 14.01.2020 à 22h02

      J’ai senti un frémissement en faveur de la liste UPR dans ma commune : 2,1 % aux dernières élections européennes, soit cinq fois plus qu’aux présidentielles du 23 avril 2017, et autant que la liste du PCF. A ma table de dépouillement, elle dépassait même les 5 %.

        +11

      Alerter
    • Lilmoiss // 14.01.2020 à 22h57

      Oui fin ya quand même une partie de la gauche radicale qui a depuis longtemps cessé de se faire des illusions au sujet de l’Europe hein… Lordon, Sapir …

        +8

      Alerter
    • Dominique65 // 16.01.2020 à 23h57

      « l’UPR se maintient en dessous des 2% à chaque élection »
      Il est difficile de déduire de ce résultat l’envie d’UE (D’Europe) des français.
      Longtemps les verts ont fait de faibles résultats alors que la grosse majorité des français étaient pour plus d’écologie.
      Il ne s’agit pas de ne pas aimer l’UE (Europe), il s’agit de savoir si sa détestation est le sujet plus important dans nos choix électoraux.

        +1

      Alerter
    • Véro // 17.01.2020 à 10h05

      Je pense pourtant qu’il a raison sur les français. Les français n’aiment pas l’UE. Mais, ils ne veulent pas en sortir parce qu’ils ont peur d’une guerre ou d’une crise majeure du même niveau. Ce que veulent les français c’est « changer d’Europe ».
      L’objectif de changement semble plus accessible, et à la fois moins risqué. Parce qu’ils n’ont pas compris que si on change l’Europe dans le sens qu’ils souhaitent (en admettant que ce soit faisable), ça revient au même que si on sort de l’UE. Dans les deux cas c’est abroger la loi qui instaure et impose la mondialisation. Donc c’est aussi difficile et risqué. En attendant, la perspective illusoire de pouvoir « changer l’Europe » fonctionne, d’où le paradoxe de ne pas aimer l’UE et de ne pourtant pas vouloir en sortir.

        +1

      Alerter
  • christian B. // 14.01.2020 à 18h03

    Superbe analyse : quant au fond, et quant à la ‘langue’, mais la conclusion me paraît très optimiste.

    La domination actuelle de l’européisme me paraît aussi résulter, au point où nous en sommes, du degré d’impuissance auquel les Etats-nations ont déjà été réduits : monétairement, fiscalement (la fuite des capitaux, avec appauvrissement des services publics), socio-culturellement ([modéré] le tout-à-l’anglais favorisé par Hollywood, Netflix et consorts) et juridiquement (la supériorité constitutionnelle du droit européen sur le droit national).

    Aussi, contrairement à l’auteur, je crains que la possibilité d’une marche arrière soit faible, comme lorsqu’un cancer ronge le corps au point de rendre une opération chirurgicale impossible….

      +7

    Alerter
  • Jérôme // 14.01.2020 à 21h09

    Très bon article avec lequel je suis presque entièrement d’accord.

    Il pêche selon moi sur 2 points.

    D’abord, il prête tous les maux économiques du pays à l’européisme. Or ce faisant il se trompe car les politiques économiques européennes ne font qu’aggraver un problème structurel et objectif : une concurrence internationale aujourd’hui beaucoup plus forte qu’auparavant. Lors des 30 glorieuses, on subissait une concurrence beaucoup moins vive. Désormais, avec les gigantesques pays émergents comme la Chine, l’Inde, … etc, il est beaucoup plus difficile de réaliser les grosses marges qui nous donnaient cet optimisme et cette impression de progrès matériel. Sortir de l’UE ou abandonner les politiques européistes ne fera pas disparaître cette réalité.

    Ensuite, sa conclusion porte en elle-même les causes de l’échec des objectifs poursuivis. Bon diagnostic de départ : les européistes sont minoritaires mais centraux.

    La conclusion logique aurait du être, comme le prône notamment Jacques Sapir, de dépasser le clivage gauche-droite pour former une grande coalition du même type de celle qui s’est formée dans la résistance à l’occupation allemande. La gauche radicale, la droite radicale, et des centristes hétéroclites se sont alors alliés dans l’intérêt national en repoussant à plus tard l’expression de leurs divisions.

    La gauche et la droite anti-européistes doivent renoncer qui à l’internationalisme, qui à l’individualisme ou à une rigidité identitaire. Sinon les européistes, bien que minoritaires et désastreux, vont gagner encore, et encore, et encore …

      +10

    Alerter
    • Dominique65 // 17.01.2020 à 00h00

      « les politiques économiques européennes ne font qu’aggraver un problème structurel et objectif : une concurrence internationale aujourd’hui beaucoup plus forte qu’auparavant »
      Les traités de l’UE ne se contentent pas de s’accommoder du néolibéralisme, il l’inscrit dans le marbre, au-dessus de tout le reste. Il n’y a donc aucun espoir d’en sortir. Une fois sortir de l’UE, rien n’est réglé, mais l’espoir PEUT renaître.

        +5

      Alerter
  • gelmad // 15.01.2020 à 09h00

    Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? On peut rester dans l’UE et dans l’€ à condition de renégocier pas mal de choses.
    Encore faut-il avoir aux manettes, en FRANCE, des politiques qui veuillent le faire ? Le problème étant que ces « politiques » défendent âprement les fameux 1% dont vous parlez !

    La France n’est pas le RU! Ce n’est pas non plus une île! La simple menace de quitter l’UE suffirait, à mon avis, à remettre certaines choses à plat.
    Imaginez la France quittant l’UE. Cela entraînerait, de facto, les départs, au moins, de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie !!!

    Que resterait-il de l’UE ???

    Pour cela une solution simple : QUE LES FRANCAIS CESSENT DE VOTER COMME S’ILS ÉTAIENT EUX MEMES MILLIARDAIRES !!!

      +3

    Alerter
    • Cornelius // 15.01.2020 à 09h25

      Vous croyez sérieusement à la possibilité de « réformer » l’UE de l’intérieur et de la réorienter ? Cela fait des années que j’entends ou lis ce genre de propos mais la réalité semble toute autre.

      Cette organisation artificielle appelée « Union européenne » est viciée et s’effondrera. La question est de savoir quel maillon sautera le premier.

        +12

      Alerter
    • Zeika // 15.01.2020 à 11h33

      Le fait que nos politiques actuels n’aient aucune envie de défendre les intérêts français (peuple et pays) est un fait, mais c’est cohérent d’un discours pro-UE. L’UE est une coopération économique avant tout, c’est l’intérêt des grosses entreprises et multi-nationales qui est pris en compte pas celui des habitants des pays….

      « La simple menace de quitter l’UE suffirait »: vous voulez établir de bonnes relations avec nos voisins en les menaçant ??? Je trouve le principe étrange… et on repassera pour la « concorde des nations » XD
      Je vois un petit problème de cohérence… certains se plaignent du comportement dominateur/tyrannique de l’Allemagne mais si c’est la France à la place ça va ?

      « La France n’est pas le RU! Ce n’est pas non plus une île! »: quel rapport avec le sujet? On a des transports maritimes et aériens efficaces. Et on a encore l’exemple de la Suisse… c’est un peu une île cernée par l’UE au lieu de l’eau, ça l’empêche pas d’avoir des bonnes relations avec les pays voisins…

      « Que resterait-il de l’UE? » : Probablement plus grand chose après le départ d’un pays comme la France ou l’Italie (implosion économique très probable). Mais la question est inversée, au lieu de se demander ce qu’il en resterait (sous-entendu: il serait dommage que l’UE n’existes pas mais sans le dire directement), ma question est toujours: « En tant que citoyens et en tant que pays, quels sont les avantages que l’on a en tant que membre de l’UE que l’on ne peut pas avoir en-dehors?  »
      Je n’ai jamais eu de réponse argumentée à ces questions…

        +7

      Alerter
      • gelmad // 15.01.2020 à 20h33

        la CH est dans Schengen !
        La comparaison est inopportune

          +0

        Alerter
        • Zeika // 16.01.2020 à 14h12

          Il y a confusion entre l’espace Schengen et l’Union Européenne. Il s’agit de deux accords/traités internationaux différents avec des membres différents. Quitter l’UE n’a aucun rapport avec notre présence ou non dans l’espace Schengen…
          L’Islande et la Norvège font partie de Schengen et ne sont pas dans l’UE.
          Jusqu’au 31 janvier le Royaume-Uni fait partie de l’UE et il n’a jamais fait partie de Schengen… Idem pour la Roumanie, la Bulgarie et Chypre: membres de l’UE mais pas dans l’espace Schengen.

          Un bel exemple de la loi de Brandolini:
          Deux phrases, un fait (la Suisse est bien dans l’espace Schengen) mais sans lien avec le sujet (l’UE) et un jugement de valeur.
          Et quelques vérifications et un paragraphe nécessaire pour une réponse argumentée et factuelle.

          Je n’ai toujours pas eu de réponse argumentée…
          “En tant que citoyens et en tant que pays, quels sont les avantages que l’on a en tant que membre de l’UE que l’on ne peut pas avoir en-dehors? ”

            +2

          Alerter
    • Thomas Savary // 15.01.2020 à 15h23

      Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ? « Mais ce n’est pas un bébé, c’est un monstre ! » (Fr. Ass.) À la limite, vouloir tout refonder sur de nouvelles bases, je pourrais comprendre, mais il n’y a rien à négocier avec cette machine antidémocratique conçue pour avancer comme un rouleau compresseur sans jamais revenir en arrière (article 48 du TFUE imposant une double unanimité pour modifier le moindre article des traités). Si le départ de la France conduisait à la dissolution de l’UE (ce dont je suis loin d’être sûr), eh bien tant mieux ! Quel démocrate la pleurerait ? Delenda est !

        +7

      Alerter
    • Véro // 15.01.2020 à 19h43

      Rester dans l’UE, ça signifie que nous ne pouvons rien modifier. Parce que tous les Etats doivent être d’accord et que tout est à modifier. Et une menace de sortie ne sert à rien. Les dirigeants français ne sont pas différents des dirigeants UE ou des autres dirigeants dans l’UE. Tous favorisent ce 1%. Tous sont européistes, donc se fichent des Etats, seules les régions sont importantes au sein de l’UE.

      On a conduit les français à fétichiser l’UE comme si elle était palpable concrètement, comme si elle était elle-même une nation, un ensemble d’Etats qui jour après jour décident de la politique à suivre, un contenant dont on décide du contenu. Mais l’UE ce ne sont que des traités, des règles de droit qui contiennent déjà les règles politiques à suivre., c’est le contenu lui-même. Le contenant n’existe pas, il n’y a pas de peuple UE, pas de culture UE etc. En plus elle est par essence anti-démocratique. Je me demande comment nous avons pu supporter ça, et comment nous pouvons encore le supporter. Supporter d’être dépossédé du pouvoir politique, du pouvoir économique. Si on fait disparaître l’UE, il restera le plus important, les nations elles-mêmes.

        +8

      Alerter
  • Bordron Georges // 15.01.2020 à 11h42

    L’analyse est juste mais partielle. Elle ne discute que sur les argumentations et les prétextes et néglige les causes principales: les jeux politiques nationaux et internationaux qui eux sont primordiaux et durent depuis des décennies. Du coup, la conclusion est tendancieuse, internationaliste et fausse, comme toujours.

      +3

    Alerter
    • Dominique65 // 17.01.2020 à 00h05

      «[L’analyse] néglige les causes principales »
      Les causes de quoi ? Merci.

        +1

      Alerter
  • florian lebaroudeur // 15.01.2020 à 13h30

    « Le renouveau immédiat ne peut venir que du sommet du bloc élitaire lui-même. Après le raidissement dans la défense d’un régime de domination idéologique inique et à bout de souffle, devrait logiquement venir le temps du renoncement aux croyances qui le structurent ; un renoncement lié au constat de ses échecs, de son impasse et de son rejet par le plus grand nombre. »

    C’est vraiment méconnaître le biotope dans laquelle vivent ses personnes.
    Pour savoir ce que pense un fou, il faut savoir penser comme un fou.
    Et quand on parvient à se mettre dans sa peau, on comprend que c’est peine perdu.

      +4

    Alerter
  • Macarel // 15.01.2020 à 15h51

    L’Europe (entendre UE) c’est la paix ! Voilà l’argument de vente des européistes.

    Mais s’il s’agit de troquer la paix entre nations (ce que tout les peuples souhaitent), pour la guerre civile
    à l’intérieur des nations, alors ce marché est un marché de dupes.

    Or aujourd’hui l’européisme incarné par Macron, crée une situation de chaos social dans le pays, qui, si
    l’on ne peut -encore- la qualifier de guerre civile, pourrait si ce pouvoir s’obstine dans sa brutalité à « avoir raison » contre tous, déboucher sur une vraie guerre civile. Ce qui n’est souhaitable pour personne.
    Soit, parce que réélu devant le RN en 2022, il finira ses basses oeuvres de démolition de nos systèmes sociaux et de nos services publics, tout en généralisant la précarité économique et sociale pour le grand nombre, tout en accroissant les inégalités et injustices. Soit, parce que un « tout sauf Macron » ferait gagner le RN en 2022, auquel cas la paix civile sera aussi en danger.

    Sortir de l’euro et des traités européens « par la gauche », devient dans ces conditions, une question de survie de notre démocratie (à régénérer dans la foulée par une Constituante).
    Au minimum il faut clairement revenir au plan A / plan B de l’AEC pour l’élection de 2022, si l’on veut barrer la route tant à l’extrême-centre au service des requins de la finance, qu’à l’extrême-droite ultra-libérale et dernier rempart des capitalistes contre « les rouges ».

      +5

    Alerter
  • Renaud // 17.01.2020 à 00h30

    Nul ne peut servir deux maîtres. C’est clair.
    L’Urss a tenu quelques 72 ans avant de disparaître.
    Souhaitons ne pas attendre autant de temps pour que l’ « Europe » disparaisse à son tour avec l’euro.
    Enfin nous pourrons avoir plus de liberté de respiration et de Justice.
    L’ignorance crasse entretenue par les médias répand la pire confusion.

      +3

    Alerter
  • Grd-mère Michelle // 19.01.2020 à 17h22

    Hélas, à lire la plupart des commentaires ci-dessus, il me semble que les français-e-s se fichent complètement du reste du monde, à partir du moment où « leurs » avantages et la puissance de « leur » pays seraient peut-être réduits…
    Ignorez-vous qu’une « union », c’est d’abord et avant tout un PARTAGE(des biens, des soucis, du pouvoir, des luttes, des revendications)?
    À « l’ère des communications » et sur un site qui nous informe pourtant largement de la commune OPPRESSION (du pouvoir de L’ARGENT renforcé par la force des ARMES et de la TECHNOLOGIE) que subissent tous les pauvres gens de partout, il est désolant de constater l’étroitesse d’esprit qui se manifeste ainsi.

      +0

    Alerter
    • Véro // 21.01.2020 à 16h06

      Et sur ce point il faut constater que l’UE ‘est pas faite du tout pour résister à l’oppression, bien au contraire.

        +0

      Alerter
      • Grd-mère Michelle // 21.01.2020 à 16h37

        L’Union européenne et ses institutions appartiennent à chacun-e des citoyen-ne-s qui y envoient leurs représentant-e-s et les payent de leur sueur pour qu’ils/elles exécutent les volontés de leur majorité. (Démocratie représentative)
        La démocratie défaillante que l’on y constate est directement liée à la désinformation pratiquée dans chacun des pays qui la constituent, principalement par des partis en perpétuelle compétition. (Particratie)
        Il est donc urgent que les citoyen-ne-s se rassemblent pour se mêler de ce qui les regarde (au lieu de grogner dans leurs petits groupes contestataires tout aussi compétitifs) et participent à une réforme indispensable des institutions de l’UE (voir le site Euractiv pour s’informer de ce qui se passe au sein des institutions).

          +0

        Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications